jeudi 31 mars 2022

Impitoyable /Unforgiven. Oscar du Meilleur Film, 93.

                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemachoc.canalblog.com

de Clint Eastwood. 1992. U.S.A. 2h11. Avec Clint Eastwood, Gene Hackman, Morgan Freeman, Richard Harris, Jaimz Woolvett, Frances Fisher, Saul Rubinek, Anna Thomso.

Sortie salles France: 9 Septembre 1992. U.S: 7 Août 1992. 

FILMOGRAPHIE: Clint Eastwood est un acteur, réalisateur, compositeur et producteur américain, né le 31 Mai 1930 à San Francisco, dans l'Etat de Californie. 1971: Un Frisson dans la Nuit. 1973: L'Homme des Hautes Plaines. 1973: Breezy. 1975: La Sanction. 1976: Josey Wales, Hors la Loi. 1977: L'Epreuve de Force. 1980: Bronco Billy. 1982: Firefox, l'arme absolue. 1982: Honkytonk Man. 1983: Sudden Impact. 1985: Pale Rider. 1986: Le Maître de Guerre. 1988: Bird. 1990: Chasseur Blanc, Coeur Noir. 1990: Le Relève. 1992: Impitoyable. 1993: Un Monde Parfait. 1995: Sur la route de Madison. 1997: Les Pleins Pouvoirs. 1997: Minuit dans le jardin du bien et du mal. 1999: Jugé Coupable. 2000: Space Cowboys. 2002: Créance de sang. 2003: Mystic River. 2004: Million Dollar Baby. 2006: Mémoires de nos pères. 2006: Lettres d'Iwo Jima. 2008: L'Echange. 2008: Gran Torino. 2009: Invictus. 2010: Au-delà. 2011: J. Edgar. 2014: Jersey Boys. 2015: American  Sniper.  2016: Sully. 2018 Le 15 h 17 pour Paris. 2018: La Mule. 2019: Le Cas Richard Jewell Richard Jewell. 2021: Cry Macho. 


"Quelques années après, Mme Ansonia Feathers fit le voyage à Hodgeman county pour voir l'endroit où reposait sa fille. William Munny avait disparu avec les enfants... Peut-être à San Francisco om disait-on il avait prospéré dans les étoffes. Rien dans l'inscription ne permit à Mme Feathers de comprendre pourquoi sa fille avait épousé un voleur et un tueur. Un homme connu pour sa nature vicieuse et intempérante."

“La violence est une forme de faiblesse.”
Dur dur d'imprimer ses propres mots à l'écrit sitôt le générique clos bien que j'y replonge ce soir pour la 3è fois. Sans doute faute de ma maturité et de ma sensibilité aujourd'hui plus exacerbées, Impitoyable  (quel titre idoine !) m'a littéralement traumatisé d'émotions rigoureuses (je l'avoue sans racolage aucun) à travers son douloureux traitement de la violence que Clint Eastwood impose avec une vérité aussi crue que mise à nu. Comme s'il était parvenu à filmer la mort en direct. Les scènes de violence infiniment réalistes demeurant à la limite du soutenable de par son intensité dramatique à fleur de peau que l'on subit à l'instar de moult coups de fouet dans l'impuissance. L'intrigue retraçant posément le terrible destin d'un ancien tueur notoire ayant appris grâce à l'amour de son épouse les valeurs de sagesse, de paix avec soi, de tendresse et de plénitude en dépit de ses anciens démons planant discrètement sur ses épaules (comme nous le révélera son évolution morale à nouveau en perdition). Or, depuis le décès soudain de celle-ci, William Munny finit quelques années plus tard par accepter de renouer avec son passé vicié afin de sustenter à la survie de ses 2 enfants (il est au bord de la ruine). A savoir, retrouver la trace de 2 cowboys dont l'un taillada au visage une prostituée, et les tuer afin d'empocher la somme de 1000 dollars. 

Pour ce faire, il décide de renouer avec son meilleur ami afro Little Bill Daggett après avoir accepté sa transaction avec un jeune étranger zélé, le Kid. Mais faute de leur résurgence criminelle de dernier ressort, le trio infortuné entamera un voyage au bout de l'enfer lors d'un concours de circonstances à la fois morbides et tragiques. D'une intensité dramatique que l'on ne voit pas venir, tant Eastwood, réalisateur, maîtrise à la perfection sa mise en scène studieuse réfractaire à la vulgarisation d'une violence aussi sournoise que bestiale, Impitoyable se vit et se subit tel un uppercut dans l'estomac sous l'impulsion d'une fragilité humaine névralgique. La grande qualité du film découlant de la fine caractérisation de ses personnages en proie à des accès de violence préjudiciables. Tant auprès du Kid endossant le cowboy affirmé avec une maladresse pathétique, de Little Bill fatigué par cette violence contagieuse que son acolyte réanime soudainement, que de William Munny constamment hanté par la mort de son épouse mais aujourd'hui contraint de renouer avec ses vices (l'alcool, la violence) en guise de gain mais aussi de vendetta. Clint Eastwood nous relatant au gré d'une dimension humaine aussi fouillée que chirurgicale l'une des plus rudes réflexions sur le poison de la violence (les conséquences irréversibles qu'elle finit par entrainer en contaminant celui qui l'emploie ainsi que ses proches pour des enjeux d'ego, pécuniaires ou de vengeance). Et ce traité ici sans complaisance et avec une lucidité exemplaire. Tant et si bien que celui qui ose ôter la vie d'un être humain au cours de sa vie demeure à jamais avili par son acte impitoyable sans jamais pouvoir se le pardonner. Eastwood recourant notamment en filigrane durant tout le récit au manifeste contre la maltraitance des femmes exploitées ici à la prostitution mais en proie au désir d'émancipation à travers leur cri d'alarme d'y subir le machisme le plus brutal et couard. 


L'ange de la mort.
Voilà de quoi traite durant tout son cheminement moral Impitoyable sous l'impulsion d'acteurs au diapason. Gene Hackman n'ayant point usurpé son oscar tant il demeure terrifiant de cynisme en shérif castrateur sado-maso, Morgan Freeman nous arrachant les larmes de sa condition démunie d'observer son meilleur ami céder à nouveau à ses pulsions primitives, Jaimz Woolvett inspirant sans fard la pitié en meurtrier néophyte finalement en proie au dégout de son éthique galvaudée, et enfin Clint Eastwood écrasant d'ambiguïté versatile à travers sa fêlure morale tantôt fragile, tantôt inquiétante, tantôt spectrale si je me réfère à l'éprouvant règlement de compte apocalyptique d'une vigueur émotionnelle toute à la fois terrifiante et bouleversante. Le spectateur assistant impuissant à cette déchéance criminelle en roue libre avec une amertume en berne. Si pour ma part Impitoyable est l'un des 3 westerns de ma vie (avec Il était une fois dans l'Ouest et La Horde Sauvage), il faut aussi savoir qu'en juin 2008, il est classé comme le quatrième meilleur film américain du genre western de la liste AFI's 10 Top 10 de l'American Film Institute. Derniers mots subsidiaires: photo sépia, décors naturels et mélodie élégiaque d'une beauté sensitive à damner un saint (à l'instar du sort infortuné de Will Munny...)

*Bruno Matéï
3èx

Box Office France: 793 304 entrées

Récompenses
Oscars 1993 :
meilleur film 
meilleur réalisateur : Clint Eastwood 
meilleur second rôle masculin : Gene Hackman 
meilleur montage : Joel Cox.
British Academy Film Award du meilleur acteur dans un second rôle pour Gene Hackman
Golden Globes 1993 de la meilleure réalisation et du meilleur acteur dans un second rôle pour Gene Hackman
LAFCA du meilleur film 1992
Prix Sant Jordi du cinéma du meilleur film étranger 1993
Fotogramas de Plata du meilleur film étranger 1993
National Film Preservation Board en 2004

mercredi 30 mars 2022

Massacre at central High

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de René Daalder. 1976. U.S.A. 1h27. Avec Derrel Maury, Andrew Stevens, Robert Carradine, Kimberly Beck, Ray Underwood, Steve Bond, Steve Sikes.

Sortie salles France: 11 Janvier 1978 (int - 18 ans). 

FILMOGRAPHIE: René Daalder est un réalisateur, producteur, éditeur, responsable d'effets visuels, compositeur de musique et scénariste américain né le 3 Mars 1944 à Texel, Noord-Holland, Netherlands, décédé le 31 Décembre 2019 en Californie. 1997: Hysteria. 1997 Habitat. 1985 Supertramp: Brother Where You Bound (Music Video). 1976 Les baskets se déchaînent. 1969 De blanke slavin.

Human Bomb.
Ovni improbable surgit de nulle part, véritable précurseur de Class 84 de Mark Lester, Massacre at central High est sorti en salles chez nous sous le titre aussi ubuesque que ridicule: Les Baskets se déchainent. Un titre honteusement fallacieux si bien qu'il ne s'agit nullement d'une comédie potache pour ados mais plutôt d'un film de bande accouplé au psycho-killer et au vigilante movie dans un esprit sarcastique insidieusement délectable. Rien que ça ! L'intrigue retraçant de manière aussi inattendue que décomplexée (et parfois elliptique) l'équipée sauvage d'un quatuor de lycéens semant la terreur au sein de leur lycée. Or, depuis l'arrivée de l'étudiant David, ceux-ci vont sérieusement déchanter lorsqu'un mystérieux assassin s'en prendra à eux lors d'un décompte chronologique. Tout du moins c'est ce que la première partie nous amorce à renfort de séquences tantôt incongrues, tantôt vrillées. Tant auprès des brimades que les lycéens sont contraints de supporter dans leur fonction soumise que des violences plus corsées à l'instar de viols perpétrés dans une classe sur 2 gamines par la bande de Bruce. Tout un programme débridé donc (si j'ose dire) que le cinéaste souligne au gré d'un vent de liberté anticonformiste qui ravira les amateurs de cinéma d'exploitation des Seventies. Cette manière bisseuse à la fois sincère et perfectible de filmer les lâches agissements de ses cancres de bas étage voués à une violence triviale distillant un climat désinhibé sous l'impulsion d'acteurs méconnus prenant leur rôle  primaire au sérieux. 

On s'immerge donc dans l'action bas de plafond avec une curiosité amusée permanente mêlée de fascination macabre. Le réalisateur recourant par ailleurs à une certaine inventivité dans les stratégies criminelles confectionnées à l'artisanale par un amateur éclairé. Bougrement ludique donc, en zieutant en intermittence les poitrines dénudées de quelques actrices de seconde zone se prélassant avec leurs amants sur la plage ou sous une tente, Massacre at central high est quasi indescriptible dans son savant dosage d'humour très noir, de romance volage, de suspense oppressant (son final explosif durant le bal de promotion !) et de règlements de compte décérébrés tous azimuts. Sans compter l'ambiguïté de certains personnages, à l'instar de la petite amie de Marc lui avouant qu'elle faillit copuler quelques heures plus tôt avec l'étranger David que le spectateur reluqua en mode voyeuriste dans la séquence antécédente ! (Nos 2 amants s'élançant spontanément sur la plage dans leur plus simple appareil). Mais alors que la vengeance méthodique se clôture à mi-parcours de l'intrigue à travers des séquences-chocs plutôt malsaines car dénuées de concession, v'la ti pas que le cinéaste relance l'action improbable lorsque le vengeur décide ensuite de s'en prendre aux copycat du lycée depuis la disparition morbide du quatuor d'harceleurs. Dès lors, une foule d'étudiants subitement zélés s'empressent de se la jouer violemment rebelle afin d'y diriger tout le lycée. S'ensuit une multitude de séquences semi-cocasses, semi-inquiétantes, semi-cintrées alors que les exactions meurtrières s'avèrent toujours plus nombreuses, impromptues (effets de surprise assurés) et sans pitié. 


Atomic College
B movie déjanté sans nous avertir de son contenu hybride à la croisée des sous-genres, Massacre at central High est une merveille d'insolence, d'audace, de provocations et de savoureuses incohérences (pas un flic à l'horizon malgré le carnage ostensiblement déployé, en dépit de l'ultime minute du métrage !) sous l'impulsion de trognes cartoonesques ou autrement saillantes, comme le soulignent modestement Robert CarradineKimberly BeckAndrew Stevens (Furie de De Palma), Ray Underwood (quasi sosie de Timothy Van Patten célébré dans Class 84 !) ou encore l'inquiétant Derrel Maury  dangereusement discret en justicier psychopathe en roue libre. A ne pas rater, notamment du fait de sa rareté infondée car on peut sans rougir prétendre à l'oeuvre culte en bonne et due forme du moule underground.  

*Bruno Matéï
05.03.11.
04.03.21.
30.03.22. 3èx

mardi 29 mars 2022

La Rage du Tigre / Xin du bi dao

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Chang Cheh. 1971. Hong-Kong. 1h38. Avec David Chiang, Ti Lung, Ku Feng, Wong Chung, Li Ching

Sortie salles France: 28 Juin 1973.U.S: 7 Février 1971

FILMOGRAPHIE: Chang Cheh (張徹 en chinois, Zhāng Chè en hànyǔ pīnyīn) est un réalisateur chinois hongkongais, né en 1923 à Hangzhou en Chine et mort le 22 juin 2002 à Hong Kong. 1966 : Le Trio magnifique. 1967 : Un seul bras les tua tous. 1968 : Le Retour de l'hirondelle d'or. 1969 : The Singing Thief. 1969 : Le Bras de la Vengeance. 1969 : The Flying Dagger. 1969 : Le Sabreur solitaire. 1970 : Vengeance. 1970 : Les Treize Fils du Dragon d’Or. 1971 : La Rage du tigre. 1971 : Duel aux poings. 1971 : Duo Mortel. 1972 : Le Justicier de Shanghaï. 1972 : La Légende du lac. 1972 : Le Nouveau justicier de Shanghaï. 1973 : Frères de sang. 1974 : Ceinture noire contre kung-fu. 1974 : Les Cinq Maîtres de Shaolin. 1978: 5 Venins Mortels. 1982 : The Brave Archer and His Mate. 1984 : Shanghai 13. 1993 : Ninja in Ancient China.

Film mythique s'il en est que les vidéophiles des années 80 s'empressèrent de louer sous la bannière de René Chateau, La Rage du tigre est le 3è opus de la trilogie du sabreur manchot interprété en l'occurrence par David Chiang. Ou plus exactement le remake officieux de son 1er opus Un seul bras les tuas tous réalisé en 1967 du même signataire Chang Cheh comme le fut également sa séquelle réalisée 2 ans plus tard, Le bras de la vengeance. Ayant inspiré divers cinéastes parmi lesquels Tarantino pour Kill Bill et Georges Lucas pour sa trilogie Star Wars, La Rage du Tigre est un superbe film d'action célébré pour sa bataille dantesque érigée sur un pont. Et ce en plein décor naturel pour tenir lieu de souci de réalisme historique. Chang Cheh multipliant les affrontements barbares entre le sabreur et ses rivaux avec un art consommé de la chorégraphie épique. Proprement jubilatoire jusqu'au tournis ! 

Et ce tout en délocalisant en intermittence l'action au sein du manoir de Long depuis que Lei Li est affublé du sentiment de vengeance, Spoil ! faute de la mort de son ami Feng Chun-Chieh Fin du Spoil. L'intrigue étant bâtie sur l'abnégation de Lei Li à employer les arts martiaux depuis sa défaite avec le traitre du manoir, maître Long qui l'incita à se couper le bras pour mieux l'humilier. Or, accablé de honte et de déception, notamment pour la tare de son orgueil, Lei Li s'est réfugié dans une taverne en tant que serveur domestique incapable de se rebeller auprès de la provocation de chevaliers sans vergogne. Ainsi donc, en abordant les thématiques de l'amitié, de l'honneur, de l'humilité et de la vengeance, Chang Cheh compte sur la dramaturgie de ses profils héroïques vaincus (Lei Li et son comparse Feng Chun-Chieh) pour substantialiser l'intrigue plutôt prévisible il faut avouer. La justification de la vengeance (bicéphale) lui permettant de reprendre les armes et combattre au front, Spoil ! tant pour honorer la mort de son meilleur ami que pour punir le responsable de l'amputation de son bras. Fin du Spoil.  

Très spectaculaire parmi la juste mesure de soumettre l'action à sa narration latente, La Rage du Tigre brille de 1000 feux sous l'impulsion de ses affrontements barbares perpétrés au sabre avec une intensité exponentielle. A l'instar de son ultime demi-heure jubilatoire s'autorisant tous les excès à l'aide d'une précision chirurgicale. On peut d'ailleurs relever en guise d'audace (nous sommes en 1971) et de trouvaille gorasse une hallucinante séquence morbide lorsqu'un corps en lévitation attaché par des cordes aux extrémités des poignées et des pieds se retrouve sectionné au sabre en deux parties. Outre l'impact de son action dévastatrice magnifiquement improbable comme seuls les hong-kongais ont le secret, il faut enfin louer la prestance sentencieuse de l'acteur David Chiang suscitant un humanisme à la fois accablé, noble et torturé en sabreur maudit peu à peu motivé par le désir de rébellion. Incontournable. 

*Bruno Matéï 
2èx

lundi 28 mars 2022

Le Rideau Déchiré / Torn Curtain

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Alfred Hitchcock. 1966. U.S.A. 2h08. Avec Paul Newman, Julie Andrews, Lila Kedrova, Hansjörg Felmy, Tamara Toumanova, Wolfgang Kieling, Ludwig Donath.

Sortie salles France: 16 Novembre 1966. U.S: 14 Juillet 1966

FILMOGRAPHIE: Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur et scénariste anglo américain, né le 13 Août 1899, décédé le 29 Avril 1980. 1935: Les 39 Marches. 1936: Quatre de l'Espionnage. Agent Secret. 1937: Jeune et Innocent. 1938: Une Femme Disparait. 1939: La Taverne de la Jamaique. 1940: Rebecca. Correspondant 17. 1941: Soupçons. 1942: La 5è Colonne. 1943: l'Ombre d'un Doute. 1944: Lifeboat. 1945: La Maison du Dr Edward. 1946: Les Enchainés. 1947: Le Procès Paradine. 1948: La Corde. 1949: Les Amants du Capricorne. 1950: Le Grand Alibi. 1951: L'Inconnu du Nord-Express. 1953: La Loi du Silence. 1954: Le Crime était presque parfait. Fenêtre sur cour. 1955: La Main au Collet. Mais qui a tué Harry ? 1956: l'Homme qui en savait trop. Le Faux Coupable. 1958: Sueurs Froides. 1959: La Mort aux Trousses. 1960: Psychose. 1963: Les Oiseaux. 1964: Pas de Printemps pour Marnie. 1966: Le Rideau Déchiré. 1969: l'Etau. 1972: Frenzy. 1976: Complot de Famille.


N'ayant pas bien pigé l'intrigue plutôt confuse selon moi tout en précisant que je considère malgré tout Le Rideau Déchiré comme un excellent thriller d'espionnage impeccablement joué (Paul Newman / Julie Andrews sont divins en amants) et assorti d'une incroyable scène de meurtre anthologique ("tuez quelqu'un est très dur, très douloureux et très, très long..."), je laisse la parole à Ugly

Voici un film d'Hitchcock très sous-estimé, voire même mésestimé, je trouve ça totalement injuste vu que le monde de l'espionnage avait déjà inspiré le Maître dans le passé, souvenons-nous de les 39 marches, Correspondant 17, Cinquième colonne, les Enchaînés et bien sûr le chef d'oeuvre qu'est la Mort aux trousses... bref Hitchcock a toujours su jouer avec le milieu de l'espionnage, et de mon côté j'aime particulièrement les ambiances de guerre froide, l'action qui se déroule en Allemagne de l'Est, dans une atmosphère grisaille et avec des personnages troubles, où la peur et l'angoisse sont liées.

On a tout ça dans le Rideau déchiré qui souffre depuis sa sortie d'une réputation moyenne on va dire, alimentée par la critique américaine qui trouvait le film banal et sans grand intérêt, il n'a d'ailleurs pas tellement marché au box-office, en dépit d'un duo de vedettes sur lequel Hitchcock comptait se garantir un succès ; en fait, il a déchanté de son choix et fut gêné par Paul Newman qui nullement impressionné par Hitchcock, a servi son jeu Actor's Studio dans une action et une intrigue qui n'en avait pas besoin. Malgré cette déconvenue et quelques autres menus désagréments, on ne peut pas dire que ce film est raté, faut arrêter de taper gratuitement sur un film parce que tout le monde le fait, moi je le trouve très correct, certes c'est bien moins achevé que la Mort aux trousses ou Psychose, mais le film témoigne une fois de plus du brio hitchcockien et de ses touches personnelles qui caractérisent tous ses films.

La perfection de son style et son habileté à mener un récit triomphent d'un scénario pas très fiable et assez embrouillé, Hitchcock est très inspiré avec les pays étrangers et les atmosphères troubles, et le plus drôle c'est que l'action est censée se passer à Berlin, alors que tout a été tourné sur les plateaux de Universal et en extérieurs dans une ferme californienne pour la scène du meurtre, dans un campus et un aéroport à Long Beach en Californie, un véritable exploit donc, seule la scène de l'autocar nécessita des transparences qui sont d'ailleurs trop visibles ; Hitchcock a révélé à Truffaut dans leurs entretiens qu'il était insatisfait de ce travail mais que le studio rognait sur le budget et que ses 2 vedettes lui avaient coûté si cher qu'il ne put faire retourner en Allemagne ces scènes de background par une équipe compétente.

Au final, Hitchcock plonge encore le spectateur dans une aventure dramatique pleine de suspense, d'humour noir, d'espionnage loin des clichés bondiens, et même d'horreur, avec l'une des 2 scènes les plus réussies : la mort de Gromek, qui trouve une mort terrible et dérisoire, et encore une fois, Hitchcock a confié à Truffaut qu'il a voulu montrer par cette scène de meurtre très longue combien il était difficile et pénible de tuer un homme, prenant ainsi le contrepied du cliché qui veut que dans ce type de films, un meurtre va très vite.

L'autre scène très hitchcockienne est celle de l'autocar qui est un magnifique modèle de suspense. D'autre part, le Maître toujours soucieux de la technique, a utilisé ici une photographie spéciale combinant lumière naturelle et filtres gris pour donner un ton plus "guerre froide" et plus austère. Malgré les caprices de Newman, on peut dire quand même que lui et Julie Andrews sont bien dirigés, et bien entourés par un casting homogène où se distinguent Lila Kedrova et David Opatoshu, tous deux habitués des films d'espionnage troubles. Pour moi, c'est donc un bon Hitchcock, efficace et rigoureux qu'il faut réhabiliter.

Ugly  7/10 

jeudi 24 mars 2022

From Hell

                                          
                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Albert et Allen Hughes. 2001. U.S.A. 2h02. Avec Johnny Depp, Heather Graham, Ian Holm, Robbie Coltrane, Ian Richardson, Jason Flemyng, Sophia Myles.

Sortie salles France: 30 Janvier 2002. U.S: 19 Octobre 2001

FILMOGRAPHIEAlbert et Allen Hughes sont des frères jumeaux producteurs, scénaristes et réalisateurs américains, né le 1er Avril 1972 à Détroit (Michigan). 1993: Menace II Society. 1995: Génération Sacrifiée. 1999: American Pimp (doc). 2001: From Hell. 2009: New-York, I love you (un segment d'Allen Hughes). 2009: Le Livre d'Eli. 2013: Broken City (d'Allen Hughes). 2016 : The Solutrean d'Albert Hughes.


Superbe variation de Jack l'éventreur érigée par les frères HughesFrom Hell déborde de qualités esthétiques, techniques et narratives afin d'y dépoussiérer le célèbre assassin de Whitechapel dans une scénographie aussi moderne qu'archaïque. Une conjugaison idoine donc afin de réconcilier ancienne et nouvelle génération contemplant cette mise en scène horrifique avec une fascination morbide. Car régal formel à la croisée de The Crow et d'un Hammer film de par sa rutilante photo picturale résolument atmosphérique, From Hell baigne dans un climat crépusculaire délectable sous l'impulsion d'un Johnny Depp étonnamment sobre en opiomane de l'ordre chargé d'une houleuse enquête. Son investigation l'incitant inévitablement à plonger dans les bas-fonds londoniens que les Frères Hughes filment dans un  parti-pris réaliste eu égard de l'environnement éminemment malsain, crasseux, brutal, dépravé que les péripatéticiennes côtoient avec une maladroite vigilance. Si bien que la plupart d'entre elles tombent comme des mouches parmi les subterfuges de jack et de son cochet appâtant celles-ci à l'aide d'une grappe de raisin et d'un verre d'absinthe teinté d'opium. Car à cette époque le fruit extrêmement rare n'était à la portée que des rupins comme le souligne lors d'une réplique l'un des protagonistes.


Ainsi donc, en alignant efficacement lors de sa première partie des séquences de meurtres étonnamment stylisées (qu'Argento n'aurait surement pas renié !), les frères Hughes ne se complaisent ni dans le racolage ni la facilité en accordant plus d'attention à dépeindre leurs univers mortifère et ses personnages qui y évoluent dans une moralité toute à la fois sournoise et viciée. Tant auprès des prostituées en manque pécuniaire que de leur clientèle masculine résolument machiste et brutale pour les maltraiter sans une once de pitié, d'amicalité ou d'empathie. C'est donc un univers dur et cruel que nous dépeignent scrupuleusement les cinéastes jusqu'à sa seconde partie cédant place à un suspense davantage captivant lorsque l'Inspecteur Fred Abberline (Johnny Depp donc) cumule les indices afin d'y démasquer la mystérieux éventreur issu de la classe des nobles. Et c'est là qu'intervient l'originalité des compères transis d'amour pour leur énigme horrifique en empiétant sur les platebandes de la Franc-maçonnerie. L'intrigue devenant toujours plus obscure, inquiétante, fétide, perfide et déconcertante à travers la théorie d'une complicité politique et policière que les franc-maçons suborneraient par leur suprématie monarque. Tout un programme sordide donc à travers cette sombre communauté sectaire que les seconds-rôles incarnent dans un charisme machiavélique somme toute distingué. Baroque et emphatique à travers sa sombre liturgie magnifiquement composée, nous sommes peu à peu en perte de repères. Les cinéastes recourant qui plus est en intermittence à des séquences surréalistes expérimentales issues d'esprit dérangé alors que l'inspecteur Abberline s'alloue de clairvoyance lors de ses hallucinations toxicomanes afin d'y parfaire son enquête sur le point de converger. 

 
Formidable spectacle horrifique d'une classe folle à travers sa texture flamboyante, From Hell revisite le mythique profil de Jack l'Eventreur avec originalité, audace et intelligence dans leur ambition d'y parfaire un fulgurant jeu du chat et de la souris dénué de happy-end. Ou tout du moins mi-figue, mi-raisin quant à sa conclusion bipolaire à tiroirs risquant même de déconcerter une frange de spectateurs. Brillamment interprété par un Johnny Depp étonnamment flegme et contenu en inspecteur émérite peu à peu épris de sentiments pour Mary Kelly (élégamment endossée par Heather Graham même si son jeu perfectible fut à mon goût trop injustement critiqué auprès de critiques autrement drastiques), From Hell brille autant par la présence charismatique de ces interprètes masculins s'adonnant aux règlements de compte couards et impitoyables pour y discréditer la femme soumise molestée, objet sexuel aviné rejeté par la haute société que les comédiennes endossent avec un naturel strié.  

*Bruno Matéï
05.04.17
24.03.22. 4èx

Box-Office France: 824 189 entrées

Il était une fois en Amérique / Once Upon a Time in America

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sergio Leone. 1984. U.S.A/Italie. 4h11 (version Extended Director's Cut de 2012). Avec Robert De Niro, James Woods, Elizabeth McGovern, James Woods, Joe Pesci, Burt Young, Tuesday Weld, Treat Williams, Danny Aiello, William Forsythe, James Hayden, James Russo.  

Sortie salles France: 23 Mai 1984 (Int - 13 ans)

FILMOGRAPHIE: Sergio Leone est un réalisateur, scénariste et producteur italien, né le 3 Janvier 1929 à Rome, décédé le 30 Avril 1989. 1959: Les Derniers Jours de Pompéi, 1960: Sodome et Gomorrhe, 1961: Le Colosse de Rhodes, 1964: Pour une poignée de Dollars, 1965: Et pour quelques Dollars de plus, 1966: Le Bon, la Brute et le Truand, 1968: Il Etait une fois dans l'Ouest, 1971: Il était une fois la Révolution, 1973: Mon Nom est Personne (co-réalisé avec Tonino Valerii), 1975: Un Génie, deux Associés, une Cloche (co-réalisé avec Damiano Damiani), 1984: Il Etait une fois en Amérique, 1989: Les 900 jours de Leningrad (inachevé).

Les fantômes du passé et du présent.
Mastodonte de la fresque historique décortiquée en long et en large par les critiques internationales, Il était une fois en Amérique repose énormément sur la puissance de son histoire écorchée vive, l'incroyable brio de sa mise en scène léonienne (les 40 premières minutes contemplatives libèrent une émotion vertigineuse où la féerie y côtoie une cruelle amertume dans ses reflets nostalgiques) et la présence iconique de ses acteurs communément inoubliables dans leur posture nécrosée du Mal et de l'infortune. Sergio Leone traitant sans fard (et donc avec parfois même une certaine crudité) des thèmes de la violence, du sexe, de l'amour, de l'amitié, des souvenirs et de la vieillesse sous l'impulsion d'une mélancolie terriblement cafardeuse eu égard de la mine déconfite du spectateur quittant le générique de fin la gorge nouée, les yeux embués de larmes face à un De Niro (faussement) béat. Le récit retraçant l'odyssée meurtrière sur plusieurs décennies d'un quatuor de Gangsters, principalement du point de vue de leur leader Noodles, féru d'amour depuis son adolescence de l'ambitieuse Deborah désireuse de devenir actrice à Hollywood, mais aussi attaché à l'amitié de son mentor, Max. Ainsi donc, sous le regard plein de nostalgie, de honte et de remords du monstre sacré Robert De Niro, Sergio Leone nous impulse un déluge d'émotions aussi brutales que cruelles eu égard de sa prise de conscience de son anti-héros d'avoir brisé sa vie ainsi que celle des autres faute de sa condition corruptrice et de son ego. 

Son profil véreux à la fois vicié et paumé mais retors et débrouillard (notamment auprès de la contrebande d'alcool et de son ingénieux système de sel de mer) extériorisant chez lui des actes de pillage, duperie, viol et lâches assassinats parmi le témoignage de son meilleur ami Max (incarné par James Woods dans une humeur borderline) et surtout de celle qu'il adule, la douceur fragile de Deborah  Spoil ! qu'il n'hésitera pas à violer en guise d'égoïsme punitif Fin du Spoil. Il s'agit donc autant d'un grand mélo à la dramaturgie infiniment escarpée qu'une histoire d'amitié impossible que se livrent Loodness, Max et Deborah, mutuellement compromis par les conséquences de la félonie et d'une influence criminelle inévitablement préjudiciable auprès de leurs âmes galvaudées. Magnifié du score élégiaque d'Ennio Morricone, Il était une fois en Amérique émaille par intermittence son récit lyique de séquences d'anthologie confinant au chef-d'oeuvre sensoriel. A l'instar de la 1ère apparition de Deborah lors de son adolescence puis de sa danse de ballet improvisée face à Noodles en ado médusé par sa suave beauté. Ou encore d'un des garçonnets de la bande savourant goulûment derrière une porte de palier une charlotte russe après avoir fréquemment hésité l'ingérer au grand dam d'une relation sexuelle promise (la séquence musicalement intense en devient même bouleversante). Une pléthore d'autres séquences mémorables sont évidemment à l'avenant durant ces 4h11 de romance criminelle (on peut toutefois déplorer certaines scènes inédites dispensables selon moi) sous l'impulsion d'une mélancolie viscérale donnant le tournis au spectateur, car observant avec autant d'amertume que d'empathie (un tantinet gênée) le déclin de cette famille de fortune littéralement brisée, absorbée par les stigmates de leurs souvenirs qu'ils subissent, tels des fantômes sans âme comme le rappelle le temps présent de leur commun isolement existentiel. 


4 de l'apocalypse
Conte humaniste (audacieusement) bâti sur l'équipée sauvage d'un quatuor de gangsters victimes de leur souillure morale, Il était une fois en Amérique épouse le cheminement désespéré d'une tragédie existentielle où l'amour, la confiance et l'amitié demeurent réfractaires à toute forme de rédemption. Et ce de la manière la plus cruelle qui soit quant aux retrouvailles séculaires en berne. Il y émane un grand moment de cinéma d'une acuité émotionnelle rarement égalée parmi ses regards meurtris, striés et tourmentés, laminés par les rouages du temps et cette vieillesse acrimonieuse irréfragable. Ames sensibles et dépressifs, armez-vous d'attention et de courage (notamment pour son exceptionnelle durée) car le voyage initiatique (celle de la sagesse d'une remise en question) est à marquer d'une pierre blanche sinistrosée. 

*Bruno Matéï

lundi 21 mars 2022

Et le ciel s'assombrit / Skyggen i mit øje (L'ombre dans mes yeux)

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Ole Bornedal. 2021. Danemark. 1h41. Avec Bertram Bisgaard, Ester Birch, Ella Nilsson, Fanny Bornedal, Alex Høgh Andersen, Danica Curcic

Sortie salles Danemark: 28 Octobre 2021. Diffusé sur Netflix le 9 Mars 2022

FILMOGRAPHIEOle Bornedal est un réalisateur danois né le 26 mai 1959. 1994 : Le Veilleur de nuit (Nattevagten). 1997 : Le Veilleur de nuit (Nightwatch). 2003 : Dina (I Am Dina). 2007 : The Substitute (Vikaren). 2009 : Deliver us from the evil (Fri os fra det onde). 2010 : Just Another Love Story. 2012 : Possédée (The Possession). 20173 : Small Town Killers (Dræberne fra Nibe). 2022 : Et le ciel s'assombrit. 

Oeuvre coup de poing relatant l'histoire vraie d'une école catholique bombardée par inadvertance par la Royal air force à la fin de la seconde guerre mondiale, ce qui causa la perte de 86 enfants et 16 adultes sacrifiés au nom d'une bavure guerrière, Et le ciel s'assombrit est une production danoise d'une intensité dramatique en crescendo. Le réalisateur nous attachant dans un premier temps à nous décrire la relation sentimentalement improbable entre une jeune carmélite doutant de sa foi et un jeune milicien peu à peu envoûté par l'audace de cette dernière lui renvoyant un miroir déformant de par ses états d'âme gagnés de honte et de remords à perpétrer une violence aussi aveugle qu'animale. Tous deux étant hantés par leurs démons à travers leurs pensées subjectives compromises par la dichotomie du Bien et du Mal. Quand bien même on nous présente également en parallèle l'unité amicale d'un trio d'enfants, 2 fillettes et un ado traumatisé par la mort (là encore accidentelle) de jeunes mariées bombardées dans un taxi. Et ce au point de souffrir d'aphasie. 

Ainsi, après nous avoir attaché à ses personnages superbement campés par des acteurs d'une sobre expressivité, la trajectoire narrative opte pour le fameux bombardement de l'école catholique qui causa la perte de tant d'innocents. La dernière partie s'intéressant enfin au sort des survivants lors d'une tentative houleuse de sauvetage parmi l'aide des pompiers, de bénévoles (dont l'enfant ne sachant plus s'exprimer) et du fameux milicien très inquiet pour le sort de son amie. Magnifiquement mis en scène auprès d'un montage fluide et narré avec un sens du rythme sans faille, Et le ciel s'assombrit nous laisse en état de choc émotionnel sitôt le générique défilé. Et ce tant auprès de son vérisme (parfois baroque, surtout la 1ère partie où plane l'ombre spirituelle) criant de vérité historique que de la présence de ses personnages susnommés, communément torturés par les valeurs du Bien et du Mal en plein contexte belliqueux. L'intérêt de l'intrigue terriblement dure et dramatique résidant dans la quête de rédemption que ces protagonistes se partagent mutuellement lors de cette période trouble de l'histoire à observer dans l'impuissance des exactions morbides dénuées d'éthique. D'où leur grande souffrance morale à accepter ou à renier le soutien de Dieu dans leur quête initiatique d'y cueillir une main secourable. 

Bouleversant requiem contre la guerre à travers une erreur humaine aux conséquences infiniment tragiques, Et le ciel s'assombrit évacue intelligemment tous pathos ou complaisance pour mettre en exergue un cauchemar baroque d'une intensité émotionnelle dignement traduite sans fards. Son casting, très solide (le jeune Bertram Bisgaard est absolument époustouflant de naturel dans ses expressions désarmées, son impuissance morale de ne pouvoir s'exprimer face une autorité adulte castratrice) parvenant à nous immerger dans leur descente aux enfers au gré d'une déchirante solidarité fraternelle ou sentimentale. Assurément l'un des meilleurs films de 2022 où le degré d'immersion est à son apogée (notamment grâce à des effets numériques plus vrais que nature). 

*Bruno Matéï

Récompenses
Robert prisen 2022:
Meilleurs maquillages pour Elisabeth Bukkehave
Meilleurs effets visuels pour Mikael Windelin, Nikolas d'Andrade et Seb Caudron
Meilleur film
Meilleur scénario original pour Ole Bornedal
Meilleurs décors pour Sabine Hviid

jeudi 17 mars 2022

The Slayer. Uncut version (10' en sus)

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Lupanarsvisions

de Joseph S. Cardone. 1982. U.S.A. 1h30. Avec Sarah Kendall, Frederick Flynn, Carol Kottenbrook, Alan McRae, Michael Holmes, Paul Gandolfo, Newell Alexander, Ivy Jones 

Sortie salles U.S: 1er Octobre 1982

FILMOGRAPHIEJoseph S. Cardone est un réalisateur, producteur et écrivain américain, né le 19 octobre 1946 à Pasadena, Californie. 2006: Zombies . 2005: 8MM 2: Perversions fatales (Video). 2004: Mummy an' the Armadillo. 2001 True Blue. 2001 Les vampires du désert. 1998 Outside Ozona. 1995 Black Day Blue Night. 1993 Shadowhunter. 1991 Extrême poursuite.  1990: Shadowzone. 1985 Thunder Alley. 1982 The Slayer. 

Inédit en France si je ne m'abuse, probablement faute de son inexistante renommée, The Slayer est une sympathique curiosité aussi étique soit son contenu il faut avouer. La faute incombant surtout à un scénario linéaire aussi capillotracté qu'incohérent quant aux rêves prémonitoires que l'héroïne subit durant son cheminement moral au point d'y confondre réalité et fiction. L'intrigue misant surtout sur la gestion fructueuse d'une atmosphère à la fois inquiétante, malsaine et envoûtante que le spectateur participe aimablement avec une certaine fascination assez soutenue. Et ce en dépit d'une conclusion à nouveau improbable quant à l'identité nébuleuse du meurtrier apparenté à un monstre (???) et d'un nouveau songe à double interprétation selon la théorie personnelle du spectateur. 

Ainsi, hormis un rythme laborieux laissant peu de place à l'action, The Slayer mérite tout de même le coup d'oeil auprès des amateurs d'ambiance horrifique palpable, d'autant plus que les décors insulaires demeurent ici superbement photographiés. Avec, en intermittence, quelques meurtres gores plutôt réussis, voirs même impressionnants (notamment une décapitation originale), sans compter la morphologie épeurante de la superbe créature si je me réfère uniquement à son faciès décharné. Mais une séquence m'a surtout interpellée par son aspect à la fois dérangeant, trouble et flippant, lorsque l'amant de l'héroïne Spoil !!! se met soudainement à verser des larmes de sang au moment de l'embrasser, alors que ses lèvres ensanglantées lui suscitera finalement un effet de surprise peu ragoutant Fin du Spoil.

Probablement ennuyeux auprès d'une frange de spectateurs peu sensibles aux atmosphères tangibles d'une ambiance horrifique savamment entretenue, The Slayer ne contentera que l'amateur éclairé à la fois curieux et attentionné aux moindres qualités d'une série B indépendante aussi modeste que soignée. Tout du moins auprès de sa facture formelle et de ses trucages artisanaux étonnamment réalistes même si assez concis. Quand bien même son casting méconnu fait ce qu'il peut pour nous attacher modestement à leur sort précaire. 

*Bruno Matéï

mercredi 16 mars 2022

Le Crime était presque parfait / Dial M for Murder

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

d'Alfred Hithcock. 1954. U.S.A. 1h45. Avec Ray Milland, Grace Kelly, Robert Cummings, John Williams, Anthony Dawson. 

Sortie salles France: 2 Février 1955. U.S: 29 Mai 1954

FILMOGRAPHIE: Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur et scénariste anglo américain, né le 13 Août 1899, décédé le 29 Avril 1980. 1935: Les 39 Marches. 1936: Quatre de l'Espionnage. Agent Secret. 1937: Jeune et Innocent. 1938: Une Femme Disparait. 1939: La Taverne de la Jamaique. 1940: Rebecca. Correspondant 17. 1941: Soupçons. 1942: La 5è Colonne. 1943: l'Ombre d'un Doute. 1944: Lifeboat. 1945: La Maison du Dr Edward. 1946: Les Enchainés. 1947: Le Procès Paradine. 1948: La Corde. 1949: Les Amants du Capricorne. 1950: Le Grand Alibi. 1951: L'Inconnu du Nord-Express. 1953: La Loi du Silence. 1954: Le Crime était presque parfait. Fenêtre sur cour. 1955: La Main au Collet. Mais qui a tué Harry ? 1956: l'Homme qui en savait trop. Le Faux Coupable. 1958: Sueurs Froides. 1959: La Mort aux Trousses. 1960: Psychose. 1963: Les Oiseaux. 1964: Pas de Printemps pour Marnie. 1966: Le Rideau Déchiré. 1969: l'Etau. 1972: Frenzy. 1976: Complot de Famille.

(Enième) Grand classique du maître du suspense adapté d'une pièce de théâtre de Frederick Knott, Le crime était presque parfait est un jubilatoire jeu de dupe entre l'époux commanditaire du meurtre, l'amant revanchard et l'inspecteur chargé de l'enquête. Ainsi, en élaborant un crime potentiellement parfait avec moult détails infaillibles entre le commanditaire et son meurtrier en herbe victime de chantage, le Crime était presque parfait vaut quasi essentiellement pour ses affrontements psychologiques entre victimes, complices et force de l'ordre. Tant et si bien qu'à la suite d'un crime raté, l'époux responsable tentera in fine d'y faire accuser son épouse infidèle aux yeux de la police à l'affût du maigre indice. 

Car passé les préparatifs et l'anthologie criminelle savamment oppressante à travers sa mécanique de suspense huilé qu'Hitchcock maîtrise avec brio délétère, l'intérêt narratif émane ensuite de l'opposition morale entre l'époux, l'amant et l'inspecteur s'efforçant de reconstituer l'agression criminelle puis d'y  rassembler d'éventuelles preuves face à une Grace Kelly aussi désemparée que désorientée. Ray Milland usant d'influence autoritaire en époux cupide déloyal manipulant à sa guise machiste son épouse sévèrement traumatisée par une tentative de strangulation. Le génie jubilatoire de l'énigme en suspens découlant d'une simple clef (de porte d'entrée) que chacun exploitera à sa manière personnelle, entre ruse, sincérité ou maladresse. Ainsi donc, entièrement bâti sur l'unité de lieu et de temps d'une journée quelque peu harassante éclairée d'une photo flamboyante, le Crime était presque parfait n'accuse aucune forme théâtrale pour nous séduire et nous captiver auprès de son intrigue houleuse que n'aurait renié un certain Columbo (auquel la série empruntera à plusieurs reprises certaines influences dans quelques épisodes) passé maître dans l'art d'y reconstituer le puzzle meurtrier. 

Thriller à suspense de grande classe à travers son cast distingué et son intrigue ciselée tributaire d'un détail factuel (la fameuse double clef que se partagent et se disputent les protagonistes), le Crime était presque parfait vaut également pour son climat sensiblement horrifique quant à l'appréhension du meurtre perpétré ensuite avec lâcheté imparable. Et ce avant que la victime ne riposte miraculeusement à son agresseur à travers un corps à corps anthologique aussi réaliste que violent et tendu (ah cette paire de ciseaux pénétrant une seconde fois dans le dos du tueur trébuchant sur l'objet par inadvertance !). Un régal inaltérable à chaque révision. 

*Bruno Matéï.
4èx

jeudi 10 mars 2022

I... comme Icare

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Henry Verneuil. 1979. France. 2h08. Avec Yves Montand, Michel Albertini, Roland Amstutz, Jean-Pierre Bagot, Georges Beller, Maurice Bénichou, Edmond Bernard, Françoise Bette, Roland Blanche. 

Sortie salle France: 19 Décembre 1979    

FILMOGRAPHIE: Henry Verneuil (de son vrai nom Achod Malakian) est un réalisateur et scénariste  français d'origine arménienne, né le 15 Octobre 1920 à Rodosto, décédé le 11 Janvier 2002 à Bagnolet. 1951: La Table aux crevés. 1952: Le Fruit Défendu. 1952: Brelan d'As. 1953: Le Boulanger de Valorgue. 1953: Carnaval. 1953: l'Ennemi public numéro 1. 1954: Le Mouton a 5 pattes. 1955: Les Amants du Tage. 1955: Des Gens sans importance. 1956: Paris, palace Hôtel. 1957: Une Manche et la belle. 1958: Maxime. 1959: Le Grand Chef. 1959: La Vache et le Prisonnier. 1960: l'Affaire d'une Nuit. 1961: Le Président. 1961: Les Lions sont lâchés. 1962: Un Singe en Hiver. 1963: Mélodie en sous-sol. 1963: 100 000 Dollars au Soleil. 1964: Week-end à Zuydcoote. 1966: La 25è Heure. 1967: La Bataille de San Sebastian. 1969: Le Clan des Siciliens. 1971: Le Casse. 1972: Le Serpent. 1975: Peur sur la ville. 1976: Le Corps de mon ennemi. 1979: I comme Icare. 1982: Mille Milliards de Dollars. 1984: Les Morfalous. 1991: Mayrig. 1992: 588, rue du Paradis.

Largement inspiré de l'assassinat de Kennedy et sa théorie du complot démultiplié, Henry Verneuil réalise avec I... comme Icare un solide thriller politique rehaussé de la présence affirmée d'Yves Montand en procureur au sens d'observation avisé à démanteler un complot de grande ampleur suite à l'assassinat du président Marc Jary. L'intérêt "ludique" de l'intrigue résidant dans l'investigation scrupuleuse de ce procureur rassemblant moult détails incohérents avec l'appui de ses acolytes afin de prouver que l'assassin (retrouvé suicidé) n'était finalement qu'un leurre, une mise en scène afin d'éclipser les vrais responsables d'un complot international (services secrets, mafia sont mis en cause). Par cette sombre machination savamment charpentée mais truffée de maladresses, Henry Verneuil souhaite notamment dénoncer en filigrane la facilité à laquelle certains complices acceptent de se soumettre à une haute autorité pour se charger d'une mission (ici) criminelle. 

Si bien que lors d'une longue séquence aussi curieuse que passionnante, celui-ci s'inspire de "l'expérience de Milgram" afin d'y radiographier les réactions morales du moniteur s'efforçant de torturer un sujet à divers degrés pour le compte d'une autorité supérieure. Quant au final que l'on redoute tragique à un moment clef (la lumière d'un ascenseur entrevue en face d'une tour d'immeuble), Verneuil fait monter très habilement la tension lorsque le procureur est sur le point de déjouer le complot avec en guise d'ultime rébus, le nom de code: I comme Icare. Ennio Morricone se chargeant d'amplifier l'émotion du suspense oppressant auprès d'une superbe mélodie hybride aux tonalités subtilement ombrageuses. Quand bien même la présence auditive de l'épouse du procureur planquée derrière son combiné du téléphone nous suscite une forme d'appréhension intuitive mêlée d'empathie face au potentiel danger invisible qui s'interpose peu à peu entre eux. Un final marquant d'une belle intensité dramatique à travers sa mise en scène studieuse. 


Rondement mené donc en prime d'être inquiétant, captivant et d'actualité.

Récompense: Grand prix du cinéma français en 1980.

*Bruno Matéï
3èx

mercredi 9 mars 2022

Fresh

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Mimi Cave. 2022. U.S.A. 1h55. Avec Daisy Edgar-Jones, Sebastian Stan, Jonica T.Gibbs, Charlotte Le Bon, Dayo Okeniyi, Andrea Bang

Diffusé sur Disney + le 4 Mars 2022

FILMOGRAPHIEMimi Cave est une réalisatrice et scénariste américaine. 2022: Fresh. 


Que voici une formidable surprise distribuée par Disney + que l'on attendait au tournant d'oser se prêter au jeu horrifique sous la bannière d'une comédie acide très noire ! Satire caustique sur l'inanité des sites de rencontres dans l'air du temps, dans la majorité des plateformes bancables si j'ose dire, Fresh séduit et inquiète avec une efficacité modestement soutenue. Ainsi, en abordant le tabou singulier du cannibalisme sous couvert de romance culinaire esthétisante (les décors high-tech du repère du prédateur sont fastueux, jusqu'à la geôle d'un design classieux que Noa endure dans sa condition recluse, Fresh conjugue avec audace décomplexée, ironie mordante, horreur peu ragoutante et érotisme badin une confrontation au sommet entre la victime et le praticien abordé sur le net. Notamment si je me réfère à son final infernal, sorte de cartoon férocement méchant et trépidant entre victimes et tueur se combattant mutuellement l'adrénaline au ventre. Un point d'orgue terrifiant remarquablement tendu quant à notre appréhension d'y redouter les rebondissements dramatiques eu égard de son ultra violence en roue libre où tous les coups demeurent permis. 


Par conséquent, à travers son climat stylisé étrangement trouble et séduisant, Fresh parvient à instaurer un vénéneux climat de séduction et d'appréhension quant aux stratégies vicieuses de l'héroïne séquestrée, peu à peu motivée par une vendetta murement réfléchie. Et c'est autant à travers ses personnages d'amants maudits que Fresh tire son épingle du jeu eu égard de la présence naturelle de  Daisy Edgar-Jones (étoile montante, sosie d'Asia Argento !) parfaitement convaincante et brillamment dirigée dans sa fonction de victime servile à nouveau motivée par le désir de séduction en guise d'échappatoire. Et ce en dansant timidement à deux reprises une Fièvre du Samedi soir chorégraphiée dans l'attrait innocent. Jouant de son charme lestement diabolique le séducteur à qui on donnerait le bon Dieu sans confession, Sebastian Stan lui partage spontanément la vedette en cuisto cannibale à la fois serein et affirmé dans sa force d'aplomb dénuée d'inhibition. Un couple insidieux inscrit dans la contradiction donc pour des rapports de force morale que la réalisatrice dépeint efficacement en jouant de leur charme sensuel et de leur répliques sarcastiques à disserter sur les bienfaits de la chair humaine cuisinée aux p'tits oignons. 


Mené sans temps morts avec une volonté stylisée de nous envouter (sobrement) au coeur d'une comédie horrifique douteuse où pointe le bon mauvais goût, Fresh détonne agréablement sous l'impulsion d'un jeu d'acteurs résolument impliqués dans leur fonction marginale en perdition. Il y émane une savoureuse satire romantique pleine de charme, de fantaisie, d'angoisse morale et de violence épeurante que la réalisatrice s'empresse de parachever lors d'une confrontation finale dantesque (dans la mesure où nos nerfs sont mis à rude épreuve). Excellent car modestement traité avec une originalité quelque peu décapante. 

*Bruno Matéï

mardi 8 mars 2022

Le Géant de la Steppe / Илья Муромец. 1958 : Diplôme d'honneur au Festival international du film d'Édimbourg

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Alexandre Ptouchko. 1956. Union Soviétique. 1h32. Avec Andreï Abrikossov, An-Son-Hi, Boris Andreïev, Iya Arepina, Choukour Bourkhanov.

Sortie salles France: 22 Mai 1959. Union Soviétique: 16 Septembre 1956.

FILMOGRAPHIEAlexandre Loukitch Ptouchko (en russe : Александр Лукич Птушко) est un réalisateur de fictions et de films d'animation russe né le 6 avril 1900 à Lougansk dans l'Empire russe et décédé le 6 mars 1973 à Moscou dans la RSFS de Russie en URSS. Il est surnommé le « Walt Disney russe ».1935 : Le Nouveau Gulliver. 1939 : La Petite Clef en or. 1942 : Secrétaire du Parti. 1942 : Tête brûlée. 1944 : Zoïa. 1946 : La Fleur de pierre. 1948 : Trois Rencontres. 1953 : Le Tour du monde de Sadko. 1956 : Le Géant de la steppe. 1959 : Sampo d'après Sampo. 1961 : Les Voiles écarlates. 1964 : Le Conte du temps perdu. 1966 : Le Conte du tsar Saltan. 1972 : Rouslan et Ludmila. 

Réputé comme le film comportant le plus de figurants de l'histoire du cinéma (106 000 soldats vs 11 000 chevaux) si bien qu'il est répertorié dans The New Guinness Book of Movie Records de Patrick Robertson, publié en 1993, le géant de la Steppe est une fabuleuse curiosité en dépit d'une trame hélas assez peu captivante (une rivalité incessante entre bons et méchants jusqu'à ce que le Bien reprenne ses droits) que l'on suit toutefois avec attention eu égard des moyens déployés et de son éblouissante facture formelle, véritable rêve éveillé. Car il faut bien reconnaître que d'un niveau purement esthétique, le Géant de la Steppe est un chef-d'oeuvre enchanteur d'une beauté onirique incandescente. A l'instar de sa première demi-heure où le réalisateur (surnommé dans son pays le Walt Disney russe !) ne cesse d'y sublimer la nature (tantôt crépusculaire) et ses vastes panoramas parfois entourés d'animaux candides ou autrement étranges (les corbeaux) que les personnages psalmodient avec tendresse, alégresse et chaleur humaine. 

Et si ce pouvoir de fascinant prégnant perd toutefois de sa patine ensorceleuse au fil d'une narration épique chargée de batailles, trahisons, romance et pugilats, on reste toujours curieux d'assister à ce spectacle d'un autre âge, véritable hymne à l'amour de la patrie russe (au mépris de la fortune, de la célébrité et de la violence) que le réalisateur ukrainien ne cesse d'y glorifier à renfort de répliques et préceptes emplies de loyauté, de sens du courage dans leurs valeurs de noblesse humaine. Et si les personnages peu familiers au public occidental ont un peu de mal à nous immerger de plein fouet dans leur conflit politique, les acteurs saisissants de droiture héroïque prennent très au sérieux leur rôle iconique, en ce en dépit de plages d'humour disséminées ici et là afin d'y détendre l'atmosphère. On peut d'ailleurs sourire de certains effets spéciaux artisanaux en carton pate (certains paysages en filigrane, le dragon a 3 têtes articulé sans agilité), alors qu'à d'autres moments on reste impressionnés par des séquences singulières plus crédibles et autrement inquiétantes par leur réalisme tantôt obscur (le rossignol brigand au souffre apocalyptique), tantôt ambitieux (les scènes de foules, les champs de batailles à perte de vue à la figuration disproportionnée - bien que perfectible par certains effets translucides-, la montagne humaine que les antagonistes façonnent afin que leur leader puisse accéder du haut du sommet à une vue panoramique pour observer l'ennemi). 

Bien connue de la génération 80 avec sa Vhs locative chez l'étendard Hollywood Video ainsi que sa diffusion au cinéma de quartier de Jean-Pierre Dionnet, le Géant de la Steppe renait de ses cendres sous l'égide d'Artus Films nous ayant concocté un sublime coffret avec livret dans une copie HD resplendissante. A redécouvrir, et à apprivoiser davantage à chaque révision car le Géant de la Steppe ne manque ni d'attrait, ni d'émotions ni de sens féerique en dépit de ses ellipses et de sa structure narrative à la fois redondante et prévisible.

*Bruno Matéï
2èx