de Mario Bava. 1964. Italie. 1h29. Avec Cameron Mitchell, Eva Bartok, Tomas Reiner, Ariana Gorini, Dante Di Paolo, Mary Arden, Franco Ressel, Luciano Pigozzi, Massimo Righi, Lea Lander, Francesca Ungaro.
Sortie salles France: 30 Décembre 1964
FILMOGRAPHIE: Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).
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Un an après La fille qui en savait trop, thriller néophyte posant les fondations du Giallo, Mario Bava récidive avec Six Femmes pour l’Assassin, en esthète novateur, à travers une palette de couleurs rutilantes. À rebours de la photo monochrome de son premier essai, il emploie ici le rouge sang pour exalter une facture visuelle à la fois baroque et surréaliste. Ce joyau gothique s’impose alors dans une épure somptueuse, révélant au public un nouveau genre fétichiste, à la croisée du polar criminel et du fantastique.
Le pitch : À Rome, dans les ateliers feutrés d’une célèbre maison de couture, un mystérieux assassin décime une à une les employées vulnérables. Depuis que le journal intime de la première victime a dévoilé des révélations compromettantes, les jeunes mannequins deviennent des proies désignées. La police piétine, désarmée, tandis que le meurtrier poursuit son œuvre, impuni, implacable.
Dès le préambule — un plan rapproché sur une fontaine de jouvence sertie de sculptures — le climat d’étrangeté onirique est posé. L’œuvre, somptueuse, oscille sans cesse entre la rêverie et la fantasmagorie baroque. Cinq minutes plus tard, un meurtre brutal est perpétré dans une forêt crépusculaire échappée d’un conte de fées. Le crime, sauvage, est exécuté par un tueur ganté, masqué, d’une violence inouïe, encore aujourd’hui stupéfiante dans son absence totale de concession.
Dans cette scénographie criminelle et fantasque, un massif de fleurs caressé par le vent nocturne veille le cadavre encore chaud. Six Femmes pour l’Assassin regorge ainsi de visions lumineuses et funestes, d’un florilège de détails insolites au pouvoir pictural foudroyant. Les demoiselles tourmentées y errent entre des demeures gothiques hérissées de sculptures ornementales. Rien n’est laissé au hasard chez Bava : chaque meurtre, chaque ombre, chaque éclat de lumière, participe à l’édification d’un théâtre macabre d’un réalisme frontal. Atmosphère opaque, éclats criards, angoisse flottante, meurtres sadiques d’un sadisme inouï (et hardi pour l’époque) : tout converge vers un suspense cauchemardesque.
Et pourtant, on se laisse happer, envoûter, par la richesse narrative, cynique, retorse, hérissée de fausses pistes qui nous étourdissent jusqu’au vertige.
Au-delà de la sobriété glaçante des comédiens (Cameron Mitchell, formidable de rigidité austère, Eva Bartok, ténébreuse et troublante dans son mutisme), un cortège galant d’actrices italiennes magnifie l’écran avant d’être happé par le tueur, toujours aux aguets. Le criminel, spectre sans nom, silhouette en pardessus noir corbeau, dissimule son visage sous un bas blanc — comme une créature de cauchemar jouant au fantôme dans le réel.
Et la mort apporta la douleur.
Deux monuments inoxydables, d’une puissance esthétique et cérébrale exclusivement italienne. Inégalés, selon mon propre jugement viscéral.
* Bruno31.01.20. 5èx
14.12.10. 505 v
NOTE: Six Femmes pour l'assassin a été monté avec l'aide de compagnies française et surtout allemandes puisqu'il s'agit d'une coproduction avec l'Allemagne de l'Ouest.
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