vendredi 31 janvier 2020

6 Femmes pour l'Assassin

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Sei Donne per l'Assassino / Blood and Black Lace" de Mario Bava. 1964. Italie. 1h29. Avec Cameron Mitchell, Eva Bartok, Tomas Reiner, Ariana Gorini, Dante Di Paolo, Mary Arden, Franco Ressel, Luciano Pigozzi, Massimo Righi, Lea Lander, Francesca Ungaro.

Sortie salles France: 30 Décembre 1964

FILMOGRAPHIE:  Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).
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Un an après La fille qui en savait trop, thriller néophyte ayant fondé les bases du GialloMario Bava récidive avec 6 Femmes pour l'Assassin pour renchérir en novateur esthéticien à travers une incroyable palette de couleur rutilantes. Si bien qu'à contrario de la photo monochrome de son 1er essai susnommé, il emploie ici la couleur rouge sang afin d'exacerber une facture visuelle à la fois baroque et surréaliste. Ce joyau gothique allait dès lors s'imposer de manière plus épurée pour révéler au public un nouveau genre fétichiste à mi-chemin du fantastique. Le pitchA Rome, dans les ateliers d'une célèbre maison de couture, un mystérieux assassin décime une à une leurs employées vulnérables. De gentes demoiselles y sont donc la cible depuis que le journal intime de la première victime dévoila des révélations compromettantes contre celles-ci. La police, impuissante, patine, alors que dehors le meurtrier continue d'appliquer ses horribles méfaits dans l'impunité. Dès le préambule, plan rapproché vers une fontaine de jouvence ornée de sculptures, le climat d'étrangeté onirique est donné. Si bien que cette oeuvre fastueuse affichera constamment une nuance irréelle chargée de fantasmagorie baroque. Cinq minutes plus tard, un meurtre brutal vient d'avoir lieu dans la cavité d'une forêt crépusculaire échappée d'un conte de fée. Un crime odieux d'une rare violence est perpétré par un tueur ganté et masqué. Tant et si bien que l'on s'étonne encore aujourd'hui de la brutalité de son exaction dénuée de concession.


Ainsi, à travers cette scénographie à la fois criminelle et fantasque on peut distinguer à proximité du cadavre un massif de fleurs caressées par la fraîcheur du vent nocturne. Des scènes aussi lumineuses et funestes, Six Femmes pour l'assassin en regorge un florilège parmi l'éventail de détails insolites d'une fulgurance picturale. De par les déambulations de demoiselles tourmentées parties se réfugier dans des demeures gothiques truffées de sculptures ornementales. Car ici, rien n'est laissé au hasard chez le formaliste Mario Bava avisé à y transfigurer son atmosphère opaque auprès d'une série d'homicides d'un réalisme couillu. L'atmosphère macabre aux lisières du fantastique, ses éclairages criards et le climat angoissant alternant inquiétude et stupeur autour de meurtres à la fois sadiques et sauvages (tant osés pour l'époque) convergent au suspense cauchemardesque. Qui plus est, et de manière hypnotique, on se passionne autant de sa richesse narrative assez cynique et entremêlée de fausses pistes afin de mieux nous étourdir. Outre la sobriété des comédiens (Cameron Mitchell,  formidable de présence austère, Eva Bartok, ténébreuse et envoûtante dans sa discrétion taiseuse), un défilé galant de comédiennes italiennes nous enivre la vue avant les effronteries du tueur aux aguets de leurs déplacements erratiques. On notera d'ailleurs par le biais de cet icône criminel son accoutrement spécialement funèbre (pardessus d'un noir corbeau) comme si ce dernier dénué d'identité jouait au "fantôme" à l'aide d'un bas blanc lui recouvrant le visage !


Et la mort apporta la douleur.
Bercé d'une musique Jazzy de Carlo Rustichelli plutôt inattendue pour le genre (bien qu'étonnamment idoine !), Six Femmes pour l'Assassin demeure l'archétype du Giallo expressionniste par le biais d'une fulgurance baroque d'une inventivité métronome. Outre l'attrait magnétique de sa foisonnance irréelle et le charisme de son cast y opposant la virilité de machistes avec la chétive élégance des couturières, son ossature narrative génialement perfide nous captive avec un sens du suspense émoulu. Tant et si bien que la machination criminelle fera école chez Argento afin d'y parfaire son chef-d'oeuvre les Frissons de l'Angoissetout en y imprimant sa patte expérimentale fondée sur le faux-semblant ! 2 chefs-d'oeuvre inoxydables d'une puissance esthétique et cérébrale exclusivement italienne. 

NOTE:  Six Femmes pour l'assassin a été monté avec l'aide de compagnies française et surtout allemandes puisqu'il s'agit d'une coproduction avec l'Allemagne de l'Ouest.

* Bruno
31.01.20. 5èx
14.12.10. 505 v



jeudi 30 janvier 2020

Centre terre, septième continent

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com 

"At the Earth's Core" de Kevin Connor. 1976. Angleterre/U.S.A. 1h30. Avec Doug McClure, Peter Cushing, Caroline Munro, Cy Grant, Godfrey James, Keith Barron, Sean Lynch.

Sortie salles France:  ?  U.S: Juillet 1976.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Kevin Connor est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né en 1937 à Londres (Royaume-Uni). 1973: Frissons d'outre-tombe. 1975: Le 6è Continent. 1976: Trial by combat. 1976: Centre Terre, septième continent. 1977: Le Continent Oublié. 1978: Les 7 cités d'Atlantis. 1979: Le Trésor de la Montagne Sacrée. 1980: Nuits de Cauchemar. 1982: La Maison des Spectres.


Spécialiste du Fantastique mythologique (Le 6è Continent, Le Continent Oublié, Les 7 cités d'Atlantis, Le Trésor de la Montagne Sacrée) et de l'horreur (le génial Nuits de Cauchemar, l'excellent Frissons d'outre-tombe, la Maison des Spectres) sous une facture de série B low-cost, Kevin Connor a su séduire 2 générations de spectateurs à travers les années 70 et 80. Et ce en dépit d'une filmographie aussi pléthorique qu'inégale (notamment à travers des téléfilms et séries TV), comme le démontre ce faiblard Centre terre, 7è continent. La faute incombant à une intrigue ultra linéaire (un chercheur et son adjoint confinés sous la terre vont libérer de l'esclavage un peuple primitif des griffes des Mahars) palliant ses carences par une action échevelée quasi permanente.


Si bien que l'on finit hélas par se lasser de ces morceaux de bravoure redondants alternant confrontations musclées entre héros et monstres caoutchouteux avec les corps à corps contre leurs antagonistes primitifs affublés de peau de bêtes. Pour autant, avec indulgence, le spectacle ultra ringard fait parfois mouche à travers son intégrité de mettre en exergue un spectacle débridé haut en couleurs (criardes !) sous l'impulsion du trio facétieux Doug McClure, Peter Cushing, Caroline Munro très investis dans leur fonction héroïque à la fois badine et bon enfant. Qui plus est, à travers son génial prélude illustrant l'expédition du professeur Perry et de son assistant David creusant l'écorce terrestre avec leur foreuse pour y rejoindre le centre de la terre, on se surprend de s'évader dans leur improbable aventure de par son réalisme étonnamment probant (notamment grâce à l'habileté du montage souvent épileptique). Mais ce sera hélas l'unique moment fantastique véritablement immersif dans sa capacité à nous faire croire à pareille absurdité à l'aide d'effets-spéciaux artisanaux très efficaces.


Divertissement mineur (très) inégal faisant office de curiosité à redécouvrir d'un oeil distrait, Centre Terre, 7è continent nous livre le minimum syndical en terme d'intensité, de souffle épique, d'action inventive, faute d'enjeux étiques soumis à une surenchère infructueuse. Pour autant, avec indulgence, il saura probablement encore séduire une frange de spectateurs nostalgiques de cette époque révolue, notamment grâce aux postures parfois attachantes de Doug McClure, Peter Cushing et de la vertueuse Caroline Munro mutuellement complices afin de ne pas se prendre au sérieux. 

*Bruno
3èx

mardi 28 janvier 2020

Le Mans 66

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Ford v Ferrari" de James Mangold. 2019. U.S.A. 2h32. Avec Christian Bale, Matt Damon, Caitriona Balfe, Jon Bernthal, J. J. Feild, Noah Jupe, Josh Lucas.

Sortie salles France: 13 Novembre 2019

FILMOGRAPHIEJames Mangold est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain né le 16 décembre 1963 à New York, dans l'État de New York, aux États-Unis. 1995 : Heavy. 1997 : Copland. 1999 : Une vie volée. 2001 : Kate et Léopold. 2003 : Identity. 2005 : Walk the Line. 2007 : 3 h 10 pour Yuma. 2010 : Night and Day. 2013 : Wolverine : Le Combat de l'immortel. 2017 : Logan. 2019 : Le Mans 66.


Spectacle plus vrai que nature de courses automobiles pour l'enjeu d'une rivalité entre les entreprises Ford et Ferrarri (US vs Italia !), Le Mans 66 nous laisse groggy sitôt le générique de fin écoulé ! James Mangold s'épaulant du duo clinquant Christian Bale / Matt Damon au gré d'une intensité émotionnelle davantage éprouvée. Notamment eu égard de sa conclusion draconienne pour qui ignore l'improbable destinée du champion britannique Ken Miles réputé pour son franc parler et son caractère obtus. Transi de passion pour l'adrénaline de la vitesse et sa ferveur à relever les défis les plus burnés, Christian Bale crève l'écran de par sa force tranquille et de sûreté à défier ses adversaires autour de circuits à nous donner le tournis. Ainsi, doit-on souligner l'intensité des poursuites capiteuses s'enchaînant à un rythme effréné au point de nous plaquer au siège durant sa seconde partie ?! Mais à travers la rigueur du regard à la fois impassible et déterminé (en tous cas durant les courses de compétition filmées de manière lisible sur toutes les coutures et en dépit des aléas météorologiques !), Christian Bale nous interroge en filigrane sur la nécessité de se transcender pour l'enjeu d'une gageure professionnelle impartie à la passion. En somme, doit-on se sacrifier pour dépasser nos limites et ainsi laisser une trace identitaire dans l'histoire ? Et bien que son épilogue en demi-teinte nous laisse un goût inévitablement amer et mélancolique dans la bouche, on se rassure un peu des conséquences fructueuses des travaux de Ken Miles et de son acolyte Carroll Shelby communément victorieux d'avoir remportés les victoires à Daytona Beach et au Mans (même si Ken arriva second, faute d'un détail technique ubuesque).


Tant auprès de ce dernier intronisé au temple de la renommée américaine du sport automobile, que de Shelby devenant l'un des concepteurs automobiles les plus respectés et accomplis de l'histoire. Quand bien même la Ford GT 40 qu'ils eurent inventés gagna 4 victoires consécutives au Mans de 1966 à 1969. Et bien que le récit estampillé "fait divers" soit parfois romancé à des fins ludiques (notamment l'inimitié jubilatoire entre Ken et un des hauts dirigeants de Ford !), Le Mans 66 parvient à exister par lui même afin d'offrir au spectateur un moment de cinéma épique en apesanteur. Et ce sans se livrer à des démonstrations de force opportunistes quant à la sobriété de sa mise en scène éludée de fioriture car privilégiant l'ultra réalisme documenté. Qui plus est, James Mangold se permet d'étaler son intrigue sur une durée longiligne de 2h32 que le spectateur entérine sans jamais cligner de l'oeil sur sa montre. Car outre la digne complémentarité amicale de Ken / Shelby dénuée de bons sentiments (d'ailleurs sa conclusion concise - pour autant bouleversante - s'avère remarquable de pudeur humaine !), la réalisation virtuose de Mangold nous ensorcelle la vue (celle des courses à répétition) et la raison (ses réflexions sur l'élitisme, le profit des plus hauts commanditaires, l'ardeur de la passion et le dépassement de nos limites). Tant auprès de sa reconstitution historique issue des années 60, de ses seconds-rôles amiteux endossant sans complaisance une fraternité conjugale (les liens amoureux entre Ken et son épouse sont d'une vibrante sobriété, quand bien même leur fils s'écarquille des exploits de son père sans outrance expressive !) que de nos deux héros casse-cous communément en proie à la rage de vaincre les insultes italiennes à travers leur esprit d'émulation. 


Un grand moment de cinéma épuré, aussi tendre et poignant que furieusement tonique et palpitant, dépassant ainsi le cadre standard du divertissement grand public.

*Bruno

lundi 27 janvier 2020

New-York Blackout

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinebisart.blogspot.com

de Eddy Matalon. 1978. France/Québec. 1h32. Avec Jim Mitchum, Robert Carradine, Belinda Montgomery, Ray Milland, June Allyson, Jean-Pierre Aumont, Don Granberry.

Sortie salles France: 28 Juin 1978

FILMOGRAPHIE: Eddy Matalon est un producteur, réalisateur et scénariste français, né le 11 septembre 1934 à Marseille. 1954 : À propos d'une star. 1966 : Le Chien fou. 1968 : Quand la liberté venait du ciel. 1968 : Spécial Bardot. 1970 : L'Île aux coquelicots. 1970 : Trop petit mon ami. 1975 : La Bête à Plaisir. 1977 : Une si gentille petite fille. 1978 : Teenage Teasers. 1978 : New York blackout. 1979 : Brigade mondaine: La secte de Marrakech. 1980 : T'inquiète pas, ça se soigne. 1983 : Prends ton passe-montagne, on va à la plage. 1993 : Deux doigts de meurtre. 1994 : De Serge Gainsbourg à Gainsbarre de 1958 - 1991.


"Toutes les lumières s'éteignent... Et la terreur commence !"
Bien connu de la génération 80 grâce à sa sortie VHS éditée par VIP, New-york Blackout fit son petit effet de fascination de par l'originalité de son pitch tiré d'un fait divers survenu 1 an avant sa sortie salles. La ville de New-york ayant plongée dans l'obscurité le 13 et 14 juillet 1977 à la suite d'un violent orage. Ce qui engendra un millier d'incendies, des pillages et émeutes tous azimuts (coût estimé des pertes à 150 millions de dollars) si bien que 4000 personnes furent arrêtées pour ces méfaits. Co-produit entre la France et le Québec, New-York Blackout ne possède pas le budget adéquat pour concourir à la vérité historique d'une moisson d'incidents épiques rendus ingérables.  Eddy Matalon (Une si gentille petite fille était d'ailleurs sa 1ère expérience horrifique !) mise donc simplement sur le divertissement du samedi soir à travers un cheminement narratif fertile en incidents qu'une poignée de criminels opèrent dans l'impunité au sein d'un immeuble. Car évadés de leur fourgon à la suite d'une gigantesque panne d'électricité, ces derniers s'autoriseront toutes les exactions en s'en prenant aux résidents confinés dans l'obscurité.


Mais un flic débonnaire aux aguets compte bien les appréhender tout en s'efforçant d'y secourir chaque locataire. Baignant dans un climat nocturne sensiblement envoûtant sous l'impulsion d'un cast cabotin plaisamment attachant (Jim Mitchum menant la danse en preux flic) ou (autrement) grisant (mention spéciale à l'expression outrée de Don Granberry en truand décervelé), New-York Blackout parvient efficacement à nous immerger au coeur de ce chaos improbable eu égard des méfaits sans vergogne de 4 péquenots n'hésitant pas à saccager et tuer en toute gratuité. Ce qui nous vaut par l'occasion deux petites séquences chocs assez malsaines quant à l'agonie d'une victime ou à sa violence explicite. Or, si cette série B au montage approximatif ne nous délivre que le minimum syndical en matière de tension, suspense et rebondissements inventifs, elle ne manque ni de charme ni de dynamisme pour l'enjeu de survie de ces occupants sévèrement mis à mal avec ces délinquants sardoniques. Eddy Matalon n'hésitant par à recourir à un humour bête et méchant lorsque ces derniers se raillent de leurs victimes non sans perversité. Notamment auprès du leader jouant insidieusement avec la survie de ces otages avec provocation outrageante.


Série B agréablement troussée et parfaitement rythmée autour d'une unité de lieu et de temps en perdition, New-York Blackout possède ce charme bisseux propre aux années 70 et 80 dans sa modeste volonté d'évader le spectateur dans un cauchemar urbain aux frontières de l'horreur. Efficace. 

*Bruno
2èx

vendredi 24 janvier 2020

Les Rescapés du Futur. Prix de la meilleure actrice, Blythe Danner, 1977

                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site vignette.wikia.nocookie.net

"Futureworld" de Richard T. Heffron. 1976. U.S.A. 1h48. Avec Peter Fonda, Blythe Danner, Arthur Hill, Yul Brynner, John P. Ryan

Sortie salles France: 19 Janvier 1977. U.S: 13 Août 1976

FILMOGRAPHIE PARTIELLERichard T. Heffron est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain né le 6 octobre 1930 à Chicago, décédé le 27 août 2007 à Seattle. 1971 : Prenez mon nom, ma femme, mon héritage (TV). 1972 : Fillmore. 1972 : Banacek (série TV). 1973 : Toma (TV). 1976 : Les Rescapés du futur. 1977: Un couple en fuite. 1980 : Mister gaffes. 1981 : A Whale for the Killing (TV). 1982 : J'aurai ta peau. 1984 : V : La Bataille finale (Série TV). 1984 : Anatomy of an Illness (TV). 1984 : The Mystic Warrior (TV). 1985 : Nord et sud. 1989 : La Révolution française (seconde partie : Les Années terribles). 1991 : Tagget (en) (TV). 1995 : Une petite ville bien tranquille (TV). 1996 : Danielle Steel: Un si grand amour (No Greater Love) (TV). 1996 : Le Baron (Série TV).


Faisant suite à Mondwest, classique d'anticipation des Seventies, les Rescapés du Futur fut réalisé 3 ans plus tard sous la houlette d'un spécialiste de téléfilms et séries TV, Richard T. Heffron. Tant et si bien que cela se ressent à travers sa réalisation à la fois académique et maladroite parvenant difficilement à instaurer un suspense ciselé au fil d'une investigation poussive que Peter Fonda et Blythe Danner élaborent en s'égarant (beaucoup trop) dans les sous-sols industriels. Car à la suite de la mort d'un ouvrier, Chuck Browning, journaliste renommé, enquête sur son étrange disparition en embarquant dans le monde du futur créé par la compagnie Delos. Si bien que l'entreprise vient de rouvrir leur parc 2 ans après les tragiques évènements en ayant pour le coup perfectionné leurs humanoïdes. Or, les destinées de Chuck et de son adjointe Tracy finissent par se ternir à la suite d'une improbable découverte aux intentions machiavéliques. Séquelle ludique agréablement menée, de par la complémentarité amiteuse du couple Fonda / Danner plongés dans une sombre énigme aux situations (hélas) parfois ennuyeuses, les Rescapés du Futur ne manquait pas d'argument solide à travers son ingénieux concept d'y substituer les humains par des robots afin d'y régir un monde sans violence.


Tout du moins c'est ce que prétend le docteur Duffy aux 2 reporters si bien qu'en ayant remplacé de hauts dignitaires internationaux par leurs avatars, on peut très bien concevoir que les nouvelles ambitions de Delos étaient autrement délétères à travers leur asservissement planétaire. Mais pour en revenir à l'intrigue aussi inachevée que bâclée, Richard T. Heffron s'égare donc maladroitement à privilégier l'enquête policière que nos 2 journalistes s'efforcent de résoudre avec une motivation routinière. Et ce en dépit de l'amicale intrusion d'un ouvrier épaulé de son fidèle robot (auquel il voue une grande affection !) et d'un d'un final un peu plus dynamique car légèrement palpitant quant à l'enjeu de survie de nos héros poursuivis par leur duplicata. On peut également souligner l'efficacité de certaines idées à la fois finaudes et débridées. A l'instar de jeux futuristes, du combat de boxe télécommandé en passant par le jeu d'échec virtuel. Ou encore lors de la séquence insensée du rêve imprimé sur vidéo que Tracy s'accorde à expérimenter en fantasmant Yul Brynner ! Assurément le moment onirique le plus fascinant, notamment grâce à son efficacité visuelle particulièrement inventive et convaincante.


Frustré à l'idée d'avoir assisté à une séquelle dégingandée beaucoup trop inégale pour nous contenter, les Rescapés du Futur se suit toutefois d'un oeil aussi fureteur que clément eu égard des aimables présences de Peter Fonda (particulièrement convaincant lorsqu'il se confronte à son double !) et de Blythe Danner (toute à fait charmante en reporter spontanée parfois audacieuse) démantelant naïvement un réseau technologique sous l'impulsion d'une partition musicale étonnamment idoine afin d'y accentuer appréhension, fougue et mystère. 

Pour rappel, la chronique de Mondwesthttp://brunomatei.blogspot.fr/2012/…/mondwest-westworld.html

*Bruno
2èx 

Récompense:
Prix de la meilleure actrice pour Blythe Danner et nomination au prix du meilleur film de science-fiction, par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 1977.

jeudi 23 janvier 2020

Tropique du Cancer

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Al tropico del cancro" de Gian Paolo Lomi et Edoardo Mulargia. 1972. Italie. 1h34. Avec Anthony Steffen, Anita Strindberg, Gabriele Tinti, Umberto Raho, Alfio Nicolosi, Stelio Candelli.

Sortie salles Italie: 30 Septembre 1972

FILMOGRAPHIEEdoardo Mulargia, né le 10 décembre 1925 à Torpè en Sardaigne et mort le 7 septembre 2005 à Rome, est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma italien. Il utilise parfois les pseudonymes Tony Moore ou encore Edward G. Muller.1962 : Le due leggi. 1966 : Vaya con dios gringo. 1967 : Le Courageux, le traître et le sans-pitié. 1967 : Cjamango. 1967 : Non aspettare Django, spara. 1968 : Prie et creuse ta tombe. 1969 : Lesbos, l'amour au soleil. 1969 : El Puro, la rançon est pour toi. 1970 : Un amore oggi. 1970 : Shango, la pistola infallibile. 1971 : Creuse ta fosse, j'aurai ta peau. 1971 : W Django! 1972 : Tropique du Cancer. 1976 : La Figliastra. 1980 : Les Évadées du camp d'amour. 1980 : Hôtel du paradis. 


Giallo singulier exhumé de sa torpeur grâce à l'éditeur Le Chat qui Fume, Tropique du Cancer ne ressemble à nul autre métrage à travers son cocktail de suspense, d'érotisme torride, de meurtres cruels et de rites vaudous. Sur ce dernier point, on peut d'ailleurs souligner l'aspect documenté d'une authentique séance de transe prise sur le vif auprès d'une populace haïtienne extatique. Le Pitch: un couple de touristes passent leur villégiature à Haïti au moment d'y retrouver une connaissance amicale quant au profil du docteur Williams. Ce dernier exerçant un trafic de drogue hallucinogène, son entourage s'efforce de se l'approprier en dépit d'un mystérieux tueur sévissant aux alentours. Peu à peu, l'amie de Fred tombe sous le charme du docteur Williams grâce aux effets hallucinatoires de la drogue libérant nos fantasmes les plus inavouables. Bien que personnellement je préfère l'estampiller "thriller tropical" agréablement marginal, Tropique du Cancer ne passionne guère à travers son intrigue tortueuse desservie d'un montage elliptique et de la présence de quelques seconds-rôles peu convaincants. 


Pour autant, grâce à la caractérisation insidieuse de ces protagonistes peu recommandables et à sa forme flamboyante, ce p'tit métrage interlope séduit et intrigue constamment à travers leurs postures équivoques. Surtout si je me réfère au triangle amoureux en bien mauvaise posture de par leur destinée galvaudée, et à certains seconds-rôles au charisme extravagant. Qui plus est, scandé d'un climat solaire étouffant autour des va et vient d'une population endossant l'improvisation, Tropique du Cancer attise implacablement notre curiosité jusqu'au mot fin à travers sa moisson de séquences impromptues qu'il est impossible d'anticiper. Cependant, on peut également déplorer le caractère dérangeant des sacrifices animaliers. Ttant auprès de la séance vaudou, d'une injection sur une araignée que des labeurs quotidiennes commises dans un abattoir. Ce qui insuffle à l'ensemble un drôle sentiment de malaise et de futile fascination quant à la présence invisible du tueur décimant ses victimes de manière abrupte. Les décors insolites rehaussant l'attrait stylisée de la procession criminelle à défaut de nous délivrer des moments inoubliables (bien qu'une séquence gore s'avère plutôt probante quant à son effet de répulsion viscéral). 


Série B mineure au sein du Giallo hétérodoxe, Tropique du Cancer parvient sensiblement à nous évader dans l'état Haïtien chargé d'occultisme et d'homicides sauvages. Et ce en compagnie de la sublime Anita Strindberg déambulant dans les ruelles ensoleillées au rythme d'une influence concupiscente. A l'instar d'une rutilante fantasmagorie faisant presque écho au Venin de la peur de Fulci. Un sympathique thriller transalpin donc, à défaut de nous laisser une trace indélébile, même si on y préserve un étrange goût âcre dans la bouche. 

*Bruno

mercredi 22 janvier 2020

Resurrection. Prix Spécial du Jury, Avoriaz 81.

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site 

de Daniel Petrie. U.S.A. 1h43. Avec Ellen Burstyn, Sam Shepard, Richard Farnsworth, Roberts Blossom, Clifford David, Pamela Payton-Wright, Jeffrey DeMunn, Eva Le Gallienne, Lois Smith...

Sortie U.S.A: 26 Septembre 1980.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Daniel Petrie est un producteur, réalisateur et scénariste canadien, né le 26 novembre 1920 à Glace Bay (Canada), et décédé le 22 août 2004 à Los Angeles, en Californie (États-Unis). 1962: The Main Attraction. 1978: The Betsy. 1980: Resurrection. 1981: Le Policeman. 1988: Cocoon, le retour. 1997: The Assistant.


Couronné du Prix Spécial du Jury à Avoriaz un an après sa sortie, Résurrection est le prototype du film maudit oublié de tous alors qu'il s'agit d'une oeuvre lumineuse d'une profondeur humaine exaltante. Eu égard du jeu plein de fragilité d'Ellen Burstyn portant le film à bout de bras avec une intensité dramatique épineuse, et des seconds-rôles et figurants d'une vérité humaine plus vraie que nature. A ce titre, on peut autant vanter les mérites de la réalisation modeste de Daniel Petrie donnant chair à tous ces personnages avec un vérisme naturaliste. A l'instar de sa scénographie bucolique que n'aurait renié le tatillon Terrence Malik auprès de son souffle romanesque (en référence à la Balade Sauvage ou encore aux Moissons du ciel). Le pitch: Menant une existence paisible en compagnie de son époux, Edna voit sa vie ébranlée lorsqu'un accident de voiture les précipitent en bas d'une falaise (séquence choc très impressionnante de par son réalisme aussi abrupt qu'impromptu !). Miraculeusement réchappée de la mort au grand dam de son défunt mari, Edna possède depuis cette trouble expérience le don de guérison par le seul pouvoir de ses mains. Débordante de sagesse, d'amitié et d'amour auprès des souffreteux et des condamnés, elle se lance dans une mission de rémission en dépit de voix discordantes voyant en elle la nouvelle figure du "malin".


Drame intimiste transplanté dans le cadre d'un Fantastique placide, Résurrection honore le genre avec une dignité humaine imprégnée de chétive pudeur. Daniel Pétrie sublimant le portrait d'une guérisseuse aussi optimiste que raisonnée depuis son expérience d'avoir franchi le fameux tunnel incandescent d'où apparaissent nos chers disparus. On peut d'ailleurs prôner ses séquences crépusculaires d'un onirisme sensoriel si bien que Daniel Petrie parvient sans fard à nous communiquer ce côté si exaltant d'un au-delà rassurant, notamment auprès de l'accueil bienfaiteur de ces visages familiers. Mais sans se donner des allures de moralisateur catholique, celui-ci justifie les pouvoirs inexpliqués d'Edna au nom de l'Amour (avec un grand "A" !), non pas au nom d'un quelconque Dieu messianique. Quand bien même il ne se gêne pas d'y dénoncer le fanatisme, l'intolérance, voir même la folie meurtrière auprès de métayers rétrogrades ou intégristes aveuglés par l'incompréhension d'une cause surnaturelle et leur peur du trépas qu'il ne jure que par la volonté de Dieu. Ainsi, en structurant avec une scrupuleuse attention humaine le parcours moral d'Edna s'efforçant de prodiguer l'amour et la renaissance autour d'elle en dépit d'un paternel psycho-rigide et d'un amant davantage épeuré, Daniel Petrie nous conte le plus bouleversant des poèmes existentiels en y suggérant que la vie après la mort est probablement possible de par l'unique puissance d'un amour rédempteur.


Poignant et bouleversant (sa conclusion élégiaque risque de faire couler les larmes auprès des plus sensibles), beau, candide et intense à la fois, à l'instar des séances très impressionnantes de guérison perpétrées autour d'une foule contemplative, Resurrection traite de la vie après la mort parmi l'humilité candide d'Ellen Burstyn transie d'expressivité vertueuse à travers sa fonction plus maternelle que démiurge. Une référence du genre inextinguible, aussi méconnue qu'infortunée, gardant intact son pouvoir émotionnel philanthrope. 

*Bruno
3èx
22.01.20
28.03.11. 261 v

mardi 21 janvier 2020

Doctor Sleep

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Mike Flanagan. 2019. U.S.A. 2h32 (version longue: 3h00). Avec Ewan McGregor, Roger Dale Floyd, Rebecca Ferguson, Kyliegh Curran, Cliff Curtis, Bruce Greenwood.

Sortie salles France: 30 Octobre 2019. U.S: 8 Novembre 2019.

FILMOGRAPHIE: Mike Flanagan est un réalisateur, scénariste, producteur et monteur américain, né le 20 mai 1978 à Salem dans le Massachusetts. 2000 : Makebelieve. 2001 : Still Life. 2003 : Ghosts of Hamilton Street. 2011 : Absentia. 2013 : The Mirror. 2016 : Pas un bruit. 2016 : Ne t'endors pas. 2016 : Ouija : les origines. 2017 : Jessie. 2019 : Doctor Sleep.


"On est tous entrain de mourir. Le monde est un hospice à ciel ouvert."
Il fallait oser entreprendre la séquelle d'un des plus grands films d'horreur des années 80 pour la transposer sur pellicule 39 ans plus tard; et ce après que Stephen King se soit (à priori) planté sur le papier si je me réfère à la grande majorité des fans renfrognés. En ce qui me concerne, je n'établirai aucune comparaison entre l'oeuvre et le roman si bien que je me suis refusé à le lire par simple appréhension (intuitive) de la déception. Qu'en est-il donc de cette séquelle fleuve d'une durée longiligne de 2h32 ? Sans compter sa version longue de 3h00 que nous pourrons juger à point nommé par l'entremise de sa sortie Blu-ray. Après nous avoir étonnamment conquis (pour ne pas dire comblé) avec sa série TV; The Haunting (vibrant et subtil hommage à la Maison du Diable et autres références les plus notables) et agréablement surpris avec le thriller psychologique Jessie, produit par Netflix, Mike Flanagan ne prend pas le spectateur pour un imbécile avec Doctor Sleep. Tant et si bien que durant l'intimité de ma projo j'ai eu l'impression d'assister à un authentique film d'horreur à l'ancienne surgit des années 80 ! Dans la mesure où le cinéaste prend son sujet au sérieux tout en respectant au possible les fans de la première oeuvre de Kubrick à travers des références fructueuses et clins d'oeil ironiques (notamment auprès de l'inversion de rôles) eu égard de son intelligence à ne pas verser dans la gratuité, le racolage ou la fioriture. Et ce même si on est en droit de contester son (grandiose) final perfectible se déroulant dans les corridors de l'hôtel poussiéreux d'Overlook à travers une confrontation diabolique pas si intense et épique qu'escomptée (même si beaucoup de forces occultes s'agitent autour de nos héros). Pour autant, le soin circonspect de la sobriété de sa mise en scène (rien n'est laissé au hasard au fil d'une trajectoire narrative pleine de suspense et de subtile tension), son remarquable travail sur la bande-son (en écho à Shining !) et le talent (aussi mesuré) de son casting irréprochable (notamment les rapports solidaires entre Danny et Abra aux forces de caractères chevronnées, et la beauté azur de l'électrisante Rose) permettent d'y pallier ses menus défauts au gré d'une fluidité émotionnelle souvent payante.


Car si Doctor Sleep séduit et envoûte 2h32 durant sans jamais perdre de son intérêt narratif, c'est en parti grâce à ses rebondissements modérés, à son climat onirique de toute beauté et à la caractérisation de ses personnages (ceux atteints du pouvoir du Shining) en proie à une commune volonté de combattre des démons à visage humain étonnamment charismatiques, à défaut de nous effrayer (mention évidente à la matrone au chapeau noir, Rose, car plus le méchant est réussi, meilleur le film sera !). Car dans Doctor Sleep; l'intérêt n'est pas de nous foutre les pétoches comme à su le parfaire Stanley Kubrick (bien que personnellement je n'ai jamais vraiment été effrayé par les expressions psychotiques d'un Jack Nicholson trop sardonique pour me torturer les méninges lors de mes cauchemars nocturnes). Non, l'intérêt est de nous conter avec application et fulgurance visuelle un conte horrifique où le Bien et le Mal s'y combattent sous l'impulsion à la fois fragile et tourmentée de personnages convaincus d'une vie après la mort. Car comme le suggérait Kubrick pour justifier la présence surnaturelle des fantômes au sein de l'hôtel Overlook, Shining était un film optimiste sur l'existence de la vie après la mort. Ainsi, Flanagan poursuit intelligemment cette thématique spirituelle à travers les thèmes de la peur de souffrir et de mourir (je songe aux malades alités en fin de vie) et de la perte de l'être cher (les victimes des êtres disparus tentant difficilement de tourner la page dans leur questionnement spirituel). Quand bien même Danny Torrance, aujourd'hui alcoolique invétéré, tente de combattre ses démons internes en y repoussant de nouvelles forces maléfiques. Doctor Sleep n'étant au final qu'une passionnante métaphore sur notre dualité intrinsèque du Bien contre le Mal, avec au sein de cette confrontation "fantastique" des "méchants" hyper crédibles dans leur intensité d'expression aussi bien sournoise que subtilement vénéneuse à y absorber les fluides énergétiques des victimes du "Shining" ! Sur ce dernier point, et j'insiste à nouveau, Rebecca Ferguson transperce l'écran en reine maléfique au pouvoir d'envoûtement sépulcral ! Tant auprès de sa beauté indicible à la fois lascive et charnue que de ses exactions couardes à sacrifier l'innocence la plus démunie en guise de longévité. Et ce en compagnie de sa troupe noctambule aussi viciée.


Rose red.
Film d'horreur à suspense remarquablement structuré sur une durée substantielle jamais laborieuse (on prend le temps qu'il faut à développer l'intrigue et ses personnages en initiation sereine !), Doctor Sleep créé l'inespérée surprise dans sa capacité d'y créer (ou tout du moins d'y remodeler) un univers délétère aussi capiteux que fascinant à travers la clairvoyance du Shining. Les acteurs et comédiennes se fondant dans la fiction avec aplomb ou spontanéité dépouillés, de manière à ce que le spectateur parvienne à s'immerger dans leurs épreuves morales avec une fascination lestement vertigineuse. Quand bien même Docteur Sleep relativise, dédramatise, apaise et nous réconforte autour de la peur de l'inconnu: celui du trépas.  

*Bruno

lundi 20 janvier 2020

Cut Throats Nine

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site wipfilms.net

"Condenados a vivir" de Joaquín Luis Romero Marchent. 1972. Espagne. 1h30. Avec Robert Hundar, Emma Cohen, Alberto Dalbés, Antonio Iranzo

Sortie salles U.S: 5 Octobre 1973. Espagne: 10 Juillet 1972

FILMOGRAPHIEJoaquín Luis Romero Marchent est un réalisateur et scénariste espagnol, né le 26 Août 1921 à Madrid, décédé le 16 Août 2012. 1984: Las fantasías de Cuny. 1980 Despido improcedente. 1975: El clan de los Nazarenos. 1973 El juego del adulterio. 1972 Condenados a vivir (as Joaquin Romero Marchent). 1968 Pas de pardon, je tue. 1966 Gringo jette ton fusil. 1966 Cent mille dollars pour Lassiter. 1965 Sept heures de feu. 1964 Sept du Texas. 1964 Les trois implacables. 1963 Trois cavaliers noirs. 1962 L'ombre de Zorro. 1962 Zorro le vengeur. 1958 El hombre del paraguas blanco. 1957 Fulano y Mengano. 1957 El hombre que viajaba despacito. 1956 La justicia del Coyote. 1955 El coyote. 1954 Soeur Angelica. 1953 Juzgado permanente.


Réputé pour être le western le plus extrême du cinéma, Cut Throats Nine demeure une intéressante curiosité pour qui apprécie les bisseries ibériques aussi bien insalubres que mal élevées. Car en conjuguant le western (paella) avec l'horreur crapoteuse (gros plans sur les chairs entaillées façon Fulci), Cut Thorats Nine dégage un charme vénéneux probant auprès de son sentiment de déréliction qu'une poignée de bagnards nous communique à l'aide de leur charisme patibulaire. L'intrigue se focalisant essentiellement sur leur épreuve de survie qu'un sergent s'efforce de diriger en compagnie de sa soeur en pleine nature enneigée. Ses derniers ayant été libérés de leur chaîne à la suite d'un braquage. Ainsi, à travers son climat montagneux réfrigérant, Cut Throats Nine dépayse avec un certain réalisme fétide sous l'impulsion d'une poignée d'antagonistes tous plus couards et cyniques les uns les autres. Car il faut bien avouer qu'ici le spectateur a bien du mal à s'identifier aux personnages mesquins, à moins d'éprouver une certaine empathie pour la jeune fille timorée que le sergent trimbale avec une certaine ambiguïté.


Mais nous n'en saurons pas plus quant à leurs rapports familiaux parfois tendus, quand bien même le réalisateur s'attache en intermittence à nous décrire le passé morbide de chacun d'eux à l'aide de flash-back concis communément filmés au ralentis. Quant à son extrême violence tant décriée lors de sa sortie, elle s'avère surtout bien sanglante, notamment lorsque Joaquín Luis Romero Marchent ne s'embarrasse d'aucun complexe pour la filmer avec complaisance comme seuls les italiens osaient s'y adonner lors des décennies 70/80. Certaines séquences couillues (les tripes à l'air de certaines victimes) provoquant un réel dégoût viscéral quant à leur réalisme cracra. Bien que sans surprise, dénué d'intensité et réalisé sans génie particulier (une plus-value quant à l'attrait de son charme désuet); Cut Throats Nine parvient pour autant modestement à nous immerger dans ce périple macabre semé de rencontres impromptues auprès d'étrangers aussi primitifs. Quand bien même on appréciera également en guise de cerise sur le gâteau nécrosé son final nihiliste dénué de clarté et de rédemption.


Tableau peu reluisant de la nature humaine victime de son ego et de sa cupidité, Cut Throats Nine est à découvrir pour qui apprécie les raretés hybrides aussi marginales qu'hétérodoxes. 

*Bruno

vendredi 17 janvier 2020

Balada Triste. Lion d'Argent, Venise 2010.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Alex De La Iglesia. 2010. Espagne/France. 1h47. Avec Antonio de la Torre, Carlos Areces, Carolina Bang, Enrique Villen, Gracia Olayo, Juan Luis Galiardo, Manuel Tallafé, Manuel Téjada, Sancho Gracia, Santiago Segura.

Sortie en salles en France le 22 Juin 2011

FILMOGRAPHIE: Álex de la Iglesia, de son vrai nom Alejandro de la Iglesia Mendoza, est un réalisateur, scénariste et producteur de film espagnol né le 4 Décembre 1965 à Bilbao (Espagne).
1992: Action mutante, 1996: Le Jour de la bête, 1997: Perdita Durango, 1999: Mort de rire, 2000: Mes Chers Voisins, 2002: 800 Balles, 2004: Le Crime Farpait, 2006: La Chambre du Fils (segment), 2008: Crimes à Oxford, 2010: Balada Triste.

                                      

"Habités par la folie, la haine, la colère, la révolte, la démence de ne pouvoir aimer l'être aimé, faute d'une enfance galvaudée."
Deux ans après son thriller convenu Crimes à Oxford, le trublion hispanique Alex De la Iglesia  nous revient plus revigoré que jamais avec son oeuvre la plus dure, la plus âpre et la plus noire de toute sa carrière. Un odieux poème d'amour fou, l'idylle impossible de deux amants épris de passion pour une jeune funambule lors d'un contexte politique fasciste. Le pitch1937, Madrid. En pleine guerre civile espagnole, un clown est enrôlé de force par les soldats républicains, déployés en force en pleine retransmission d'un spectacle pour enfants. Fou de rage et de haine en interne des combats belliqueux, il décime plusieurs ennemis nationalistes. Arrêté et emprisonné, il consigne à son jeune fils Javier de devenir pour sa postérité un clown triste engagé dans la vengeance. Quelques décennies plus tard, Javier est embauché dans un cirque régi par Sergio, un clown alcoolique et violent, fou amoureux de sa dulcinée acrobate, Natalia. A feu et à sang, pourrait-on évoquer à la vue de ce spectacle flamboyant, hystérique, déjanté, barbare, insolent, irritant, frénétique, d'après les ambitions personnelles du diablotin Alex de la Iglesia plus que jamais engagé à hurler sa haine contre la folie belliqueuse engendrant de graves traumas auprès d'une génération destituée de leur innocence. Une fois encore, l'hystérie collective qui lui est si cher, l'esthétisme visuel à la fois funèbre et pictural, sa structure narrative aussi anarchique qu'éclatée et surtout le portrait baroque imparti aux 2 rivaux délurés convergent au règlement de compte cauchemardesque d'une violence cartoonesque. Sorte de Tex Avery nécrosé de déraison jusqu'à la nausée. Si bien qu'en dépeignant leur lente déprise vers la folie meurtrière à se disputer l'enjeu d'une beauté sensuelle, le réalisateur se mue en pourfendeur à travers une période politique despotique.

                                      

Le préambule ouvrant le rideau sur un spectacle de clowns gesticulant des grimaces pour enjailler les bambins va brusquement varier de ton avec l'écho de mortiers résonnant sous la toile du chapiteau. Si bien qu'une guerre civile dépliée dans les rues adjacentes vient d'interrompre le spectacle pour y affoler les enfants et recruter un clown irascible auprès des champs de ruine. La rupture de ton demeure particulièrement brutale et abrupte puisque nous pénétreront au coeur des combats  chaotiques sous un déchaînement de violences incongrues. A l'instar d'un film de guerre dégénéré, les séquences virtuoses spectaculaires impressionnent par leur réalisme cinglant pour y préfigurer le parti-pris stoïque du réalisateur lourdement accablé par la vulgarité guerrière. Ainsi, ce sentiment d'injustice amère d'une guerre intolérable se répercutera quelques décennies plus tard sur les consciences torturées de deux clowns autrefois privés de leur enfance et d'amour parental, faute des horreurs de cette dictature. Ce qui engendrera un lourd préjudice auprès du personnage si fragile et contrarié de Javier, témoin juvénile des massacres perpétrés en 37 durant la guerre civile, auquel son paternel emprisonné lui aura recommandé d'adopter une mine éplorée pour sa carrière de clown afin de ne jamais oublier ses souvenirs d'une guerre avilissante auprès de la condition précaire des enfants. Désespéré à l'idée de conquérir le coeur de Natalia vulgairement molesté, châtiée et violée par son compagnon, Javier finira donc par se tailler une carrure risible d'ange exterminateur lors d'une idéologie vengeresse que son père lui conseilla lors de leurs séparations. Chaotique, dégénéré, sanglant, mais d'une tendresse désespérée, les images apocalyptiques de fureur commune se succèdent sans répit au rythme d'une danse macabre difficilement supportable, émotionnellement parlant.

                               
Les Clowns tueurs venus de Madrid.
De par sa photo désaturée d'une beauté funeste élégiaque et son score échevelé, Balada Triste nous transfigure un conte vitriolé sur la rage d'aimer d'après deux révoltes identitaires finalement similaires entre elles. Leur fuite chaotique vers une insoluble rédemption amoureuse nous entraînant au sein d'un spectacle surréaliste (sons et lumières désincarnés !) où les expressions écorchées vives se combattent l'autorité avec une déchéance primitive dérisoire. Truffé de références aux classiques du Fantastique, de l'ombre de Batman de Burton (le pingouin est un cousin de Javier), de Santa Sangre, en passant par l'Inconnu de Browning, Balada Triste nous laisse KO d'émotion déchue sous couvert d'un (très) sombre pamphlet contre le franquisme. On en sort donc groggy, choqué, blasé, lessivé, pour ne pas dire déprimé d'avoir observé 1h45 durant (et de manière hypnotique quant à l'attrait attachant des comédiens habités par la démence - les yeux écarquillés -) la plus impitoyable des romances d'une beauté lacrymale inconsolable. 

P.S: âmes sensibles, soyez avertis.

*Bruno
17.01.20
17.07.11. 208 v          

Récompenses2010 : Lion d'argent du meilleur réalisateur et Osella d'argent du meilleur scénario à la Mostra de Venise 2010.
2011 : Prix Goya des meilleurs effets spéciaux ;
2011 : Méliès d'or au festival international du film de Catalogne ;
2011 : grand prix long métrage au festival Hallucinations collectives.

HISTOIREFrancisco Franco.
Francisco Paulino Hermenegildo Teódulo Franco y Bahamonde, né le 4 décembre 1892, à El Ferrol (Galice) et mort le 20 Novembre 1975 à Madrid, est un militaire et chef de l'Etat espagnol. De 1939 à 1975 il présida un gouvernement autoritaire et dictatorial avec le titre de Caudillo (guide) : « Generalísimo Francisco Franco, Caudillo de España por la Gracia de Dios ».

jeudi 16 janvier 2020

Midnight Run

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Martin Brest. 1988. U.S.A. 2h06. Avec Robert De Niro, Charles Grodin, Yaphet Kotto, John Ashton, Dennis Farina, Joe Pantoliano.

Sortie salles France: 28 Septembre 1988

FILMOGRAPHIE: Martin Brest est un réalisateur, producteur, acteur, monteur et scénariste américain, né le 8 Août 1951 dans le Bronx de New-York. 1972: Hot Dogs for Gaugin. 1977: Hot Tomorrows. 1979: Going in Style. 1984: Le Flic de Beverly Hills. 1988: Midnight Run. 1992: Le Temps d'un Week-end. 1998: Rencontre avec Joe Black. 2003: Amours Troubles.


On ne va pas y aller par quatre chemins, Midnight Run fait clairement parti des meilleurs Buddy Movies jamais réalisés, tout du moins un parangon d'une inépuisable fringance quant à sa disparité des genres d'une impressionnante fluidité. Car si Martin Brest fut reconnu avec l'énorme succès (mérité) du Flic de Beverly Hills, en prime de nous avoir révélé l'acteur Eddy Murphy, il se surpasse 4 ans plus tard avec cette comédie policière au succès contrairement modeste mais pour autant beaucoup plus fine, inventive et structurée à travers une intrigue charpentée décuplant quiproquos, gags et règlements de compte à rythme effréné. Car chassé croisé entre des membres du FBI, deux chasseurs de prime et une bande de mafieux à retrouver la trace du duc, un comptable ayant grugé 15 millions dollars au gangster Jimmy Serrano, Midnight Run exploite le road movie avec un art consommé de l'efficacité.


Tant auprès du duo impayable Robert De Niro (incroyablement à l'aise dans son rôle à contre-emploi !) / Charles Grondin, communément irrésistible en rivaux au grand coeur, que des rebondissements en pagaille que Martin Brest cultive sans une once de fioriture eu égard du brio du récit soigneusement écrit. Tant et si bien que l'on reste rivé au canapé à savourer les pérégrinations du chasseur de prime Jack Walsh flanqué de son otage loquace, ballotté tous azimuts entre les mains de ses ennemis pour un enjeu communément pécuniaire. Clairement moins tape à l'oeil que le génial Le Flic de Berverly Hills, Martin Brest mise donc ici pour un divertissement autrement posé, plus réaliste et mesuré, en prenant son temps à nous familiariser avec les prises de becs perpétuelles de nos héros aux caractères évidemment contradictoires. Car si Midnight Run parvient tant à nous séduire et à nous enjailler à travers sa conjugaison de comédie, de tendresse (la surprenante retrouvaille entre Walsh et sa fille aînée chez son ex épouse provoque une émotion lestement émouvante !) et de policier, il le doit  avant tout à la complémentarité humaniste de nos 2 têtes à claque en proie à un vibrant sens de l'amitié au fil de leurs rapports discordants. Chacun s'efforçant de dominer l'autre pour des enjeux de  liberté et de cupidité avec un sens de la duperie jubilatoire.


Comédie policière constamment inventive et fortuite, drôle ou cocasse (notamment auprès de la caricature de ses seconds-rôles empotés auquel j'aurai pu argumenter sans modération) à travers sa moisson de rebondissements et bravoures explosives, Midnight Run n'a point usurpé sa réputation de chef-d'oeuvre du Buddy Movie sous l'impulsion d'un duo téméraire apprenant à se connaître avec, au bout de leur initiation identitaire, le gain d'une dignité amicale. 

*Bruno
3èx

mercredi 15 janvier 2020

Nous sommes la Nuit

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Wir sind die Nacht" de Dennis Gansel. 2010. Allemagne. 1h45. Avec Anna Fischer, Karoline Herfurth, Nina Hoss, Max Riemelt, Jennifer Ulrich.

Sortie en salles en France le 29 Décembre 2010.

FILMOGRAPHIEDennis Gansel est un réalisateur allemand né 1973.
2000: Das Phantom (télé-film), 2001: The Dawn, Madchen madchen, 2004: Napola, 2008: La Vague, 2010: Nous sommes la nuit.

                                     

Après le controversé La Vague qui permit d'illustrer la précarité de nos régimes politiques bafoués par une idéologie fasciste, le réalisateur allemand Dennis Gansel change complètement de registre pour y exploiter le vampirisme high-tech, tendance Twilight. Mais dans une facture plus insolente, saphique et brutale ! Le PitchLena, marginale juvénile rebelle, se retrouve par inadvertance dans un club branché entretenu par un trio de goules dont la troublante Louise y endosse la matriarche. Sous le charme de cette invitée impromptue, Louise s'empresse de la mordre pour la vampiriser. Une nouvelle vie pour Lena s'apprivoise donc avec comme prix à payer, la quête du sang humain en guise d'éternelle jeunesse. Mais notre trio chevronné n'eut pu prévoir que leur nouvelle acolyte allait sérieusement remettre en cause leur immuable longévité. A travers une facture simpliste de série B ludique du samedi soir menée à rythme métronome, Nous Sommes la nuit n'a surement pas pour prétention de révolutionner le genre pour y laisser une empreinte pour le genre. Loin de là.

                                    

Si bien que cette équipée de jeunes effrontées vautrées dans la luxure et la défonce au sein de night-club branchés se savoure tel le plaisir coupable à la fois stylisé et vénéneux. Tant auprès de l'attachant quatuor de comédiennes germaniques au visage méconnu (tout du moins pour le spectateur français), de ses décors de luxe efficacement exploités que de sa trajectoire narrative désinhibée auprès de leurs virées nocturnes non exemptes d'exactions gorasses (à l'instar de son superbe prologue situé en haute altitude ou de la festivité gorasse au beau milieu d'une piscine !). Ainsi, cette illustration fantaisiste de l'univers branché de la nuit s'incarne également comme le reflet d'une jeunesse déboussolée s'épanouissant dans l'instant présent à travers leur requête d'excès en tous genres, et ce sans se soucier du lendemain inévitablement dépressif. Car ses vampires modernes tributaires de leur jouissance éphémère se décline en allégorie existentielle sur le malaise d'une génération solitaire réfutant la romance de par le simulacre de la coke, du sexe consommable et des ecstas. Mais grâce à la fragilité de leur nouvelle hôte Lena, subitement éprise d'idylle pour un jeune flic, son influence aboutira à la remise en question de nos libertines vampires quant aux cynisme de leurs états d'âme sans vergogne.

                                         

Traversé de séquences d'action trépidantes plutôt bien menées, la mise en scène clippesque et speedée de Denis Gansel ne nous laisse point de répit en dépit d'un manque flagrant d'originalité narrative. Pour autant, cette série B d'exploitation ne manque ni de charme, ni d'onirisme (les séquences crépusculaires et les suicides intermittents qui s'ensuivent) ni de sympathie auprès de ses marginales ivres d'insouciance et d'indépendance féministe. On peut d'ailleurs songer à quelques occasions au magnifique Near Dark pour ces images lascives d'une nature en clair obscur, ou aux Prédateurs pour le look distingué de nos hipsters se déhanchant au rythme d'une techno entêtante ! Une série B plutôt attachante donc, charnelle et parfois même émotive (notamment grâce à l'intensité du regard fébrile d'Anna Fischer en remise en question morale), aussi dispensable soit-elle. 

*Bruno
15.01.20
02.05.11. 397 v