lundi 9 juillet 2018

Blue Holocaust / Buio omega / Beyond the Darkness / Folie Sanglante.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

 de Joe D'Amato. 1979. Italie. 1h34. Avec Kieran Canter, Cinzia Monreale, Franca Stoppi, Sam Modesto, Anna Cardini, Lucio D'Elia, Mario Pezzin.

Sortie Salles France: 30 Juin 1982 (Int - 18 ans). Italie: 15 Novembre 1979.

FILMOGRAPHIE SELECTIVEJoe d'Amato (né Aristide Massaccesi le 15 décembre 1936 à Rome, mort le 23 janvier 1999) est un réalisateur et scénariste italien. 1977 : Emanuelle in America, 1977 : Viol sous les tropiques, 1979: Buio Omega (Blue Holocaust), 1980:Anthropophagous, La Nuit Erotique des morts-vivants, Porno Holocaust, 1981: Horrible, 1982: 2020, Texas Gladiator, Caligula, la véritable histoire, Ator l'invincible, 1983: Le Gladiateur du futur.


"Amour en décomposition".
Un an avant son scandaleux Anthropophagous, Joe D’Amato nous avait déjà bien secoués avec Blue Holocaust, que beaucoup considèrent — à raison — comme sa pièce maîtresse. Tourné en quatre semaines avec un budget dérisoire, il s'agit d’un remake (au vitriol) du film Il Terzo Occhio de Mino Guerrini, avec Franco Nero en tête d'affiche. Le jour où Francesco apprend la mort de sa fiancée, il sombre dans une détresse inconsolable, au point d'exhumer son cadavre pour le ramener chez lui. Vivant reclus dans une vaste demeure avec sa gouvernante, il glisse peu à peu dans une folie meurtrière, accostant de jeunes filles innocentes pour mieux les sacrifier. En 1979, pour la première fois de sa carrière, l’inénarrable D’Amato s’essaie à un pur film d’horreur, repoussant les limites du montrable dans une romance macabre en décomposition morale. Grâce à son ambiance poisseuse indéfectible, renforcée par une photo blafarde, Blue Holocaust atteint un sommet d’horreur crapoteuse, notamment à travers la relation immorale entre un maître déchu et sa domestique empoisonnée d’amour.

Car sous cette trame sulfureuse, explorant la nécrophilie, la perversité, et plus marginalement le cannibalisme, D’Amato tire un conte malade, baigné dans une folie scabreuse. Par ses excès gore vomitifs, son atmosphère morbide saturée du thème hypnotique des Goblin, et les penchants licencieux de ses protagonistes, Blue Holocaust oscille entre fascination et répulsion. Francesco et sa majordome Iris forment un duo dysfonctionnel, dépravé, vidé de toute morale — et peut-être même de toute raison. On ne comprend pas vraiment ce qui pousse Francesco dans cette folie sadique, si ce n’est une douleur si vive qu’elle se mue en pulsion de mort. Multipliant les conquêtes pour mieux exécuter ses fantasmes nécrophiles, erratique, il arrache les ongles d'une auto-stoppeuse avec une haine aussi improbable que gratuite. Et pourtant, il parvient à nous toucher — malgré tout — par la mélancolie lancinante de son deuil. Iris, elle, manipulatrice sans vergogne, amoureuse jusqu’à la dévotion, orchestre la violence pour mieux s’approprier ce cœur inaccessible.

Cette complicité transgressive fascine irrémédiablement par son climat pestilentiel, suintant l’effluve mortuaire — un peu à la manière cynique du maladif Baiser Macabre de Lamberto Bava, dont D’Amato reprend d’ailleurs la même conclusion sardonique avec une froideur presque logique. Scandé du score atmosphérique des Goblin et relativement efficace malgré une narration pervertie, D’Amato, très inspiré par l’imagerie dégueulbif (zooms intrusifs à l’appui), nous entraîne dans leur dérive obscène, pour l’enjeu d’un amour perdu. L’ambiance morbide, tributaire d’excès gore insoutenables (l’éviscération de la défunte provoque la nausée avant que son cœur ne soit dévoré à pleines dents !), s’enracine dans le décor glacial du pavillon rural, parsemé de pièces lugubres, sous la garde funeste du cadavre enfermé dans la chambre — diffuseur d’une aura capiteuse, presque sacrée. 

Et si les seconds rôles s’avèrent stériles, comme souvent chez D’Amato, on peut se réconforter auprès de Franca Stoppi, incarnant avec un charisme démonial une gouvernante possessive, tour à tour jalouse, perverse, hystérique, au fil de sa déchéance criminelle. Peu loquace, mais d’une austérité sidérante dans sa morphologie famélique, l’actrice se fond avec un magnétisme patibulaire dans le rôle d’une mégère rongée par l’obsession. Quant à Kieran Canter, son physique bellâtre de veuf aux yeux verts, accablé par le chagrin, crée un contraste saisissant avec ses accès d’immoralité perverse, lorsqu’il se contraint à faire disparaître les témoins gênants.


"Bleu cadavre : la romance en putréfaction".
En dépit de dialogues prémâchés et d’une psychologie rudimentaire, Blue Holocaust érige les vertus d’une horreur déviante au réalisme troublant. L’audace putassière de ses dérives gores (l’éviscération, le cannibalisme de Francesco, le bain de soude de l’auto-stoppeuse) et l’ambiance de romantisme mortifère autour de ces amants en deuil laissent en mémoire une étreinte inusitée — poisseuse, purulente, décomplexée.

* Gaïus
26.03.12
09.07.18. 5èx

Définition de Buio Omega (anecdote reprise sur le site devildead): La lettre "Omega" (relevée sur le véhicule des pompes funèbres) symbolise la fin, d'après la parole de Dieu "Je suis l'Alpha et l'Omega", je suis le début et la fin de toutes choses. "Buio" signifiant les ténèbres...

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