mardi 31 mai 2022

The Gate / La Fissure

                                       
                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site lovingmoviesfr.file

de Tibor Takács. 1987. U.S.A. 1h24. Avec Stephen Dorff, Christa Denton, Louis Tripp, Kelly Rowan, Jennifer Irwin.

Sortie salles France: 28 Mai 1987. U.S: 15 Mai 1987

FILMOGRAPHIE SELECTIVETibor Takacs est un réalisateur hongrois né le 11 Septembre 1954 à Budapest (Hongrie). 1978: Metal Messiah. 1982: 984: Prisoners of the Future (télé-film). 1987: The Gate. 1989: Lectures Diaboliques. 1992: The Gate 2. 1996: Sabotage. 1997: Sanctuary. 2001: La Fille du Père-Noel (télé-film). 2003: Rats. 2007: Ice Spiders (télé-film). 2007: Mega Snake (télé-film). 2010: Tempête de météorites (télé-film). 2013: Spiders 3D.


Si j'avais quelque peu omis cette modeste série B que j'avais trouvé à l'époque bonnard et attachante (notamment grâce à l'originalité de ses effets-spéciaux particulièrement réussis et oh combien réjouissants), quelle fut ma surprise de le redécouvrir aujourd'hui sous un angle autrement gratifiant si bien que j'ai redécouvert (en format HD qui plus est) un formidable divertissement qu'on ne retrouve plus (ou si peu, à l'instar de la géniale série Stranger Things) de nos jours. Car aussi imbitable que cela puisse paraître, The Gate est un VRAI film d'horreur (point que j'avais bizarrement complètement omis de ma mémoire) joué par des bambins que Tibor Takacs ose combiner au travers de leur esprit de cohésion et de leur amitié indéfectible. Son climat étonnement angoissant distillant une lourde atmosphère d'étrangeté et d'insécurité en la présence d'ados farouches (mais en voie de rébellion) à tenter de venir à bout de la menace monstrueuse au sein de leur cocon domestique. L'intrigue simpliste traitant de ce trio (un frère, une soeur et leur acolyte) à déjouer les forces maléfiques d'un dessein morbide planétaire à la suite du déracinement de l'arbre de leur jardin. 


Ainsi, redécouvrir aujourd'hui ce B movie dénué de prétention prouve à quelque point les années 80 fut une véritable aubaine pour imprimer sur écran de petits métrages ludiques bourrés de sincérité, de générosité et de bons sentiments (dans le bon sens du terme) dans leur plaisir commun de bien faire à nous faire croire à l'improbable. En l'occurrence, on se retrouve à reluquer entre passion et fascination de petits monstres diablotins terriblement réalistes dans leur petit corps véloce que Tibor Takacs exploite lestement à l'aide d'FX toujours bluffants. Tant et si bien qu'aujourd'hui on reste aussi impressionné par leur apparence démoniale à travers un charisme quelque peu singulier. Quant au monstre final de taille autrement disproportionnée et filmé en stop motion, là encore on reste enchanté par cette vision de cauchemar dantesque en dépit de son aspect rétro génialement attachant. Et si la première partie laisse beaucoup de place à la suggestion, la mise en attente et à certaines dérives hallucinatoires plutôt insécures, le second acte autrement épique et horrifique embraye sur des confrontations à la fois haletantes et terrifiantes (l'apparition du mort-vivant s'extirpant du mur de la chambre fait froid dans le dos par son apparence spectrale !) que nos héros en herbe amorcent avec une foi déterminée (nous n'avons jamais le désagréable sentiment de supporter des ados turbulents et décervelés comme on est parfois contraint de se coltiner au travers de prods triviales plutôt arrivistes). 


Si bien que dans The Gate tout est relativement soigné, tant au niveau de sa réalisation soignée, de ses trucages artisanaux, de son score lugubre, de son atmosphère réellement anxiogène que des comédiens juvéniles (Stephen Dorff en tête en noble leader à la capacité de réflexion) réellement investis dans leur fonction à la fois épeurée et dévouée à combattre les forces du Mal lors d'une une directive solidaire (avec en prime un joli discours sur la fidélité amicale comme le prouve justement son épilogue salvateur). A redécouvrir donc avec un réel plaisir assumé, The Gate paraissant aujourd'hui plus couillu, plus charmant, plus réjouissant dans son concentré d'horreur, de fantastique mais aussi d'humour et de tendresse étonnamment premier degré ! 

*Bruno Matéï
3èx

lundi 30 mai 2022

Mise à Prix / Smokin' Aces

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Joe Carnahan. 2006. U.S.A/France/Angleterre. 1h49. Avec Ryan Reynolds, Jeremy Piven, Ray Liotta, Andy García, Alicia Keys, Common, Jason Bateman, Ben Affleck, Curtis Armstrong, Chris Pine, Joel Edgerton.

Sortie salles France: 1er Août 2007 (Int - 12 ans). U.S: 9 Décembre 2006. Angleterre: 12 Janvier 2007

FILMOGRAPHIE: Joe Carnahan est un réalisateur, scénariste, monteur et producteur américain, né le 9 mai 1969 à Sacramento. 1998 : Blood and Bullets. 2002 : Narc. 2002 : The Hire: Ticker (spot de la série The Hire pour BMW). 2006 : Faceless (TV). 2007 : Mise à prix. 2010 : L'Agence tous risques. 2012 : Le Territoire des loups. 2013-2015 : Blacklist (série télévisée) (3 épisodes). 2014 : Stretch. 2014-2015 : State of Affairs (série télévisée) (4 épisodes, également créateur). 2021 : Boss Level. 2021 : Copshop. 


Synopsis
(issu de Wikipedia): Le boss de la pègre Primo Sparazza a lancé un contrat juteux sur la tête de Robert « Buddy Aces » Israel, un magicien louche qui a décidé de dévoiler au grand jour ce qui se passe dans le milieu de la pègre de Las Vegas. Le FBI, pressentant sa chance d'utiliser cet escroc à la petite semaine pour faire tomber le gros morceau que représente Sparazza, place Aces en détention provisoire, sous le contrôle de deux agents envoyés à la planque de Aces au lac Tahoe. Lorsque le montant de la rançon pour la tête de Aces se diffuse dans la communauté, des escrocs et escrocs en devenir, chasseurs de primes, gangsters, vieilles camées et traîtres du milieu se lancent également à sa poursuite. 


Mon avis: Démentiel !
Formidable polar d'action mené à un rythme intrépide en dépit de ces premières 40 minutes laissant trop de place aux palabres selon moi (il m'a fallut un petit temps d'adaptation pour entrer dans l'univers et la mise en place des personnages), Mise à prix est un régal jubilatoire sous l'impulsion d'un scénario constamment imprévisible et débridé. Tant et si bien que l'on reste bouche bée par ses twists à répétition afin de parachever un épilogue aussi ironique que dramatique. D'ailleurs, sur ce point de divergence des genres, Joe Carnahan (Narc, c'était lui !), manie admirablement nos émotions si bien que le spectateur est soit partagé par la drôlerie (parfois hilarante, à l'instar de la présence iconique du petit karatéka surnommé "Boogie" nous offrant une posture pédante à mourir de rire !), soit par une émotion parfois poignante que l'on ne parvient pas à préméditer tant le réalisateur maîtrise son sujet et sa mise en scène à à couper au rasoir. Car truffé de trouvailles, de personnages décalés (comme sortis d'une bande-dessinée mal élevée), de quiproquos et incidents ultra violents rigoureusement spectaculaires (et tout cela monte en crescendo dès que les gangsters, déployés en masse, s'approchent toujours plus près du repère de Israel), Mise à prix ne laisse nulle place à la routine dès que l'intrigue est plantée en dépit de la complexité de certains enjeux policiers (telle cette réminiscence en rapport à l'espionnage). 


C'est donc un fabuleux divertissement retors que nous cultive Joe Carnahan, épaulé il faut avouer par un casting incandescent (Ryan Reynolds, Jeremy Piven, Ray Liotta, Andy García, Alicia Keys, Common, Jason Bateman, Ben Affleck, Curtis Armstrong, Chris Pine s'amusent comme des gosses dissipés tout en prenant leur rôle au sérieux), d'une BO survoltée et surtout d'un script à la fois très efficace et original en dépit des apparences trompeuses. Et si on sent clairement une influence Tarantinesque, notamment auprès de la fringance de ses dialogues décomplexés et de son humour méchant, le cinéaste parvient pour autant à imposer son style et affirmer son intégrité (énergie à revendre en sus) afin de ne pas sombrer dans l'hommage trivial qu'on aurait tort de sermonner. Tout à la fois endiablé, déjanté, hilarant, impondérable (impossible de prédire qui trépassera dans la séquence suivante) et brutalement épique, Mise à Prix se permet en outre au sein de ce bain de sang sarcastique à instaurer une véritable émotion autour de ces personnages (méchants ou gentils) se combattant séparément avec une bravoure aussi burnée que méthodique. 

*Bruno Matéï 
2èx

jeudi 26 mai 2022

Abuela. Prix du Jury, Gérardmer, 2022.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Paco Plaza. 2021. Espagne/France. 1h40. Avec Almudena Amor, Vera Valdez, Karina Kolokolchykova, Alba Bonnin, Chacha Huang, Pablo Guisa Koestinger.

Sortie salles France: 6 avril 2022. Espagne: 22 Octobre 2021

FILMOGRAPHIE: Francisco Plaza Trinidad dit Paco Plaza est un réalisateur et scénariste espagnol, né le 8 février 1973 à Valence (Valence).2002 : OT: la película (documentaire). 2002 : Les Enfants d'Abraham. 2004 : L'Enfer des loups. 2007 : [REC] (co-réalisé avec Jaume Balagueró). 2008 : [REC]² (co-réalisé avec Jaume Balagueró). 2012 : [REC]3 Génesis. 2017 : Verónica. 2019 : Eye for an Eye. 2021 : Abuela. Prochainement: Hermana muerte. 


"À la fin d'une vie, la vieillesse revient en nausées. Tout aboutit à ne plus être écouté."
Proposition horrifique aussi originale qu'universelle à travers sa thématique houleuse de la peur de la vieillesse, Abuela est le nouveau projet de Paco Plaza, réalisateur inégal néanmoins attachant et intègre à travers son amour du genre qu'il voue sans se lasser. Car élevant le style au 1er degré (il s'agit bien d'une horreur adulte, posée, réfléchie et filandreuse), celui-ci soigne son cadre intimiste d'un huis-clos domestique entre une grand-mère sclérosée et sa petite fille s'efforçant de la soigner à la suite d'une hémorragie cérébrale. Superbement éclairé et photographié à travers ses décors domestiques vétustes où rien n'est laissé au hasard, Abuela dégage dans un premier temps une attirante atmosphère d'étrangeté placide lorsque la fille de 25 ans, mannequin de mode, est témoin d'inquiétants phénomènes inexpliqués sous la mainmise de sa grand-mère aussi mutique qu'insidieuse auprès de ses non-dits et de ses postures à la fois rigides et glaçantes. Ainsi, durant une bonne heure de métrage, on reste attentif au saisissant portrait imparti au 3è âge dans un vérisme documenté tantôt touchant, tantôt répulsif et si attentionné. Paco Plaza accordant autant d'attachement à la condition corporelle de cette dame décharnée impotente que la jeune mannequin (saisissant contraste entre beauté et laideur !) s'efforce de préserver en dépit de ses affres grandissantes pour sa folie mentale qu'elle redoute dans le plus grand désarroi (moment de solitude si poignant dans le resto chinois). 


Mais là ou le bas blesse émane qu'au fil de leurs rapports équivoques toujours plus tendus, ambigus et irraisonnés, le cinéaste emprunte certaines ficelles préjudiciables quant aux réactions morales de la jeune fille finissant toujours par céder à l'amour pour sa grand-mère alors que sa vie est sur le point de basculer dans la déprime et la démence. Tant et si bien que si nous étions à sa place, il me semble que nous aurions probablement (pour la plupart d'entre nous) pris la poudre d'escampette d'assister à tel cauchemar irrationnel en la présence de notre grand-mère potentiellement douée de télékinésie et autre sorcellerie. Et Plaza de poursuivre dans les clichés du genre avec 2 gros évènements meurtriers aussi effroyables qu'imbitables face au témoignage davantage démunie de la jeune fille en quête désespérée d'une main secourable. Quand bien même son final autrement plus intelligent, suggestif et terriblement sournois renoue avec les qualités de la première heure de par son art consommé d'une horreur feutrée diffuse aussi malsaine que dérangeante. 


C'est la perspective de la vieillesse qui nous donne l'envie de vivre.
Clairement non conçu à tous les spectateurs, Abuela demeure perfectible, inabouti, dégingandé, mais pour autant angoissant, malaisant, parfois effrayant et toujours troublant. A l'image de cette dame décatie à 2 doigts de trépasser que campe admirablement Vera Valdez (audacieusement mise à nu dans son corps exsangue, elle est habitée par ses fonctions occultes à travers son regard tantôt neutre, tantôt lestement expressif). On peut autant applaudir la force d'expression névralgique de Almudena Amor en mannequin juvénile l'accompagnant jusqu'à la mort en témoignant de sa vieillesse putrescente avec une appréhension (trop) contradictoire et perplexe. Remarquablement interprété donc (le gros point qualitatif du métrage avant sa mise en scène épurée), Abuela ne laisse pas indifférent si bien que l'on peut également répertorier nombre de qualités substantielles à travers sa réflexion sur la peur de la vieillesse et de la mort autant qu'à celle de la laideur corporelle.  

*Bruno Matéï

Récompenses: Festival international du film fantastique de Gérardmer 2022 : Prix du jury (exæquo avec Samhain de Kate Dolan). 
Prix Feroz 2022 : meilleure bande annonce pour Miguel Ángel Trudu

lundi 23 mai 2022

Solitaire / En Eaux troubles / Rogue.

                                             
                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Rogue" de Greg McLean. 2007. U.S.A/Australie. 1h39. Avec Radha Mitchell, Michael Vartan, Sam Worthington, Caroline Brazier, Stephen Curry.

Sortie salles France: 13 Août 2008.

FILMOGRAPHIEGreg McLean est un réalisateur, scénariste et producteur australien.
2005: Wolf Creek. 2007: Solitaire. 2014: Wolf Creek 2. 2016 : The Darkness. 2016 : The Belko. Experiment. 2017 : Jungle.


Révélé par le traumatisant Wolf Creek, Greg McLean exploite 2 ans plus tard le film de monstre marin avec Solitaire, une série B rondement menée à travers son inévitable concentré d'agressions animales, de suspense oppressant et de stratégies de survie plutôt bien pensées. Qui plus est, de nous surprendre constamment quant au sort aléatoire des potentielles futures victimes, on reste également fasciné et impressionné par son final dantesque quant à la confrontation épique entre le monstre et l'un des protagonistes sévèrement tourmenté par la bête carnivore. Ainsi, en exploitant l'unité de lieu lors de sa première heure (un groupe de touriste est contraint de s'abriter sur un ilot après le naufrage de leur bateau en essayant de théoriser une issue de secours), Greg McLean ne s'embarrasse nullement de racolage et de situations éculées grâce à l'intelligence de son histoire (tirée d'une histoire vraie) attachant autant d'importance à l'intensité dramatique de ses personnages aliénés (car en instance de survie précipitée) que des agressions animales jamais outrancières auprès des rares apparitions du monstre à écailles. D'ailleurs il faut patienter une bonne trentaine de minutes pour voir débarquer la première séquence morbide, tant et si bien que McLean nous expose d'abord la présentation de ses touristes hétéroclites lors d'une visite touristique à couper le souffle de par l'ampleur de ses paysages naturels d'une beauté édénique à couper le souffle. Le tout sous l'impulsion d'un envoûtant score mélodique aussi planant que dépouillé quant au sentiment de sérénité que l'on ressent à travers cette scénographie exotique résolument dépaysante. 


Ainsi donc, Solitaire ne cherche nullement à révolutionner le sous-genre si bien que l'action s'avère peu présente 1h39 durant. Pour autant, on reste constamment captivé et fasciné par ce huis-clos maritime de par l'attachement éprouvé pour ses protagonistes en proie à la peur, à la panique, à l'espoir et parfois à un héroïsme de dernier ressort aussi couillu que suicidaire, et par la présence disproportionnée du croco insidieux que McLean suggère lestement, notamment grâce au réalisme des situations à la fois censées, effrénées et désespérées. Or, pour relancer l'action dans une direction plus végétative et rocailleuse et ainsi satisfaire l'amateur de sensations fortes, le réalisateur nous comble avec enfin la présence démonstrative du monstre en proie à une rivalité humaine que l'on ne pouvait préméditer. L'attachant Michael Vartan demeurant sobrement convaincant en journaliste à la fois discret et pugnace lorsqu'il tente ensuite de secourir l'ultime victime en instance de survie précaire. Radha Mitchell incarnant avec un naturel sans fard une guide touristique s'évertuant à protéger son groupe aux caractères parfois bien trempés avec une forme d'autorité sciemment mesurée pour éviter d'accentuer la panique. Le reste du casting étant à l'avenant à travers leurs expressions humaines tantôt dépressives, apeurées, tantôt acharnées, sachant aussi qu'il s'agit d'acteurs méconnus auprès du public français (ce qui renforce donc le réalisme de ces profils lambdas en dépit de quelques persos secondaires un tantinet caricaturaux). 


Héros malgré lui
Voici donc une excellente série B aussi intelligente dans son refus de surenchère (et les FX numériques, récompensés en Australie, sont par ailleurs très réalistes) qu'attachante auprès de son suspense retors culminant vers un long final (une bonne vingtaine de minutes) autrement homérique et éprouvant (avec ce même degré de scrupuleux vérisme, aussi saugrenue soit cette confrontation inattendue). 

*Bruno Matéï
3èx

Récompense: Prix des meilleurs effets spéciaux pour Andrew Hellen, Dave Morley, Jason Bath et John Cox, lors des Australian Film Institute Awards en 2007.

jeudi 19 mai 2022

Le Bossu

                                       
                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de André Hunebelle. 1959. France/Italie. 1h45. Avec Jean Marais, Bourvil, Sabina Selman, Jean Le Poulain, Hubert Noël, Paulette Dubost, Alexandre Rignault.

Sortie salles France: 13 Janvier 1960

FILMOGRAPHIEAndré Hunebelle est un maître verrier et réalisateur français, né le 1er Septembre 1896 à Meudon (Hauts-de-Seine), décédé le 27 Novembre 1985 à Nice. 1948: Métier de fous. 1949: Millionnaires d'un Jour. 1949: Mission à Tanger. 1950: Méfiez vous des Blondes. 1951: Ma Femme est formidable. 1952: Massacre en dentelles. 1952: Monsieur Taxi. 1953: Les Trois Mousquetaires. 1953: Mon Mari est merveilleux. 1954: Cadet Rousselle. 1955: Treize à table. 1955: l'Impossible Monsieur Pipelet. 1956: Casino de Paris. 1956: Mannequins de Paris. 1956: Les Collégiennes. 1957: Les Femmes sont marrantes. 1958: Taxi, roulotte et Corrida. 1959: Le Bossu. 1959: Arrêtez le massacre. 1960: Le Capitan. 1961: Le Miracle des Loups. 1962: Les Mystères de Paris. 1963: Oss 117 se déchaîne. 1963: Méfiez vous Mesdames. 1964: Banco à Bangkok pour Oss 117. 1964: Fantômas. 1965: Furia à Bahia pour Oss 117. 1965: Fantômas se déchaîne. 1967:   Fantômas contre Scotland Yard. 1968: Pas de roses pour Oss 117. 1968: Sous le signe de Monte-Cristo. 1971: Joseph Balsamo. 1974: Les Quatre Charlots Mousquetaires. 1974: Les Charlots en Folie: A nous quatre Cardinal ! 1978: Ca va faire tilt.


Le pitchA la suite de l'assassinat du duc Philippe de Nevers par son cousin Philippe de Gonzague, un chevalier, Henri de Lagardère, lui promet lors de son dernier souffle de prendre sous son aile sa fille Aurore qu'il eut secrètement avec Isabelle de Caylus. Epaulé de son nouveau comparse Passe-poil, ils s'exilent quelques années en Espagne avant d'élaborer une retorse vengeance.

Ovationné par le public avec 5 846 808 entrées, Le Bossu a rapidement gagné son galon de classique du genre (notamment grâce ces multi rediffusions tv) alors que je reste profondément marqué par sa diffusion télévisuelle un mardi soir chez ma grand-mère sur Antenne 2. Revoir ce soir pour la 3è fois ce chef-d'oeuvre d'aventures et de cape et d'épée puis redorer ses émotions adolescentes comme s'il s'agissait de la première fois tient d'une aubaine miraculeuse. Pour autant, il n'y a à proprement parler rien de miraculeux à travers cette histoire de vengeance de longue haleine (étalée sur plusieurs années !) que Jean Marais et Bourvil complotent avec une fougue commune somme toute fringante. L'un endossant le rôle intrépide d'un chevalier au grand coeur à la fois rigoureusement loyal, malicieux et véloce dans sa capacité bondissante à venir à bout de ses rivaux. L'autre incarnant avec son charisme débonnaire un faire-valoir empoté s'efforçant timidement d'y protéger Aurore, fille de la princesse d'Isabelle de Caylus, avec une maladresse facétieuse. Celle-ci, radieuse et ingénue, étant peu à peu motivée par ses sentiments qu'elle éprouve auprès de son maître protecteur, j'ai nommé Henri de Lagardère interprété par Jean Marais dans un double rôle plein de ruses et d'ironie. 


Tant et si bien que l'on reste constamment enchanté par la virtuosité de la réalisation d'André Hunebelle  extrêmement formaliste, pointilleux, tatillon à parfaire son entreprise d'aventures remarquablement menées et charpentées (narrativement parlant) en y chorégraphiant des séquences de combats et poursuites aussi vigoureuses que percutantes. Aussi parce que tout sonne vrai et que les cascades sont exécutées avec un professionnalisme parfois détonnant (notamment auprès de la complicité héroïque des chevaux, telle cette situation en catimini où l'un d'eux est contraint de se coucher sur le sol par l'autorité du cavalier). Le Bossu étant tout simplement la réunion prodigieuse de talents hétéroclites à l'unisson pour le plaisir du grand public renouant à ses premiers émois d'une aventure en costumes séculaire. Formaliste également pour le soin imparti à ces décors naturels tout droit sortis d'un jardin d'Eden (les vastes plaines provinciales ensoleillées nous dépaysent dans une aura féerique palpable) que des sculptures et monuments d'un authentique château renfermant des trésors de richesses architecturales. Alors qu'en interne, les figurants, princes, ducs et gentes dames affublés de flamboyants costumes nous irradient la vue, à l'instar de la luminescente Sabina Selman dans un double rôle candide touché par la grâce de sa mansuétude sensuelle. Une actrice (méconnue à mes yeux) absolument convaincante, physiquement splendide à en pleurer de ses doux yeux de saphir, à travers ses  expressions timorées de tendresse, de détresse, de désir, d'espoir et d'apaisement lors de son houleux parcours de quête de vérité et de retrouvailles inespérées. 


Pur plaisir de cinéma épuré qu'on ne retrouve plus depuis des siècles à l'ère du tout numérique et de l'envahissement des super-héros bourrins, Le Bossu reste d'une modernité et d'une fraîcheur sans égales à travers son cocktail idoine de tendre romance, de fantaisie, d'action et d'aventures sous l'impulsion d'un chevalier vaillant parfois inquiétant dans son rôle bicéphale de bossu à la morphologie quelque peu malaisante. Une trouvaille narrative à la fois originale et judicieuse que Jean-Marais endosse avec un naturel sarcastique délicatement chafouin en redresseur de tort burné. 

*Bruno
11.06.2019
19.05.2022. 3èx

Ci-joint la chronique de DVDFR.COM:
Le Bossu est le film qui lia André Hunebelle à Jean Marais pour une série de classiques indémodables comme Le Capitan, Le Miracle des loups, Les Mystères de Paris et bien sûr, la trilogie Fantômas. Film d’aventure, comédie d’action familiale, Le Bossu demeure l’un des films les plus emblématiques de la filmographie de Jean Marais, marquant une rupture définitive avec le cinéma de Jean Cocteau qui l’avait connaître. Totalement investit dans ses cascades, bondissant, souriant l’épée à la main, le comédien se donne à fond dans ce magnifique long-métrage dépaysant, plein de couleurs et de joie de vivre. Soutenu par l’humour et la tendresse de Bourvil, le comédien trouve ici un second souffle et peut démarrer une longue carrière marquée par de grands succès populaires. Adapté du roman de cape et d’épée écrit par Paul Féval en 1857, Le Bossu avait certes déjà connu quelques adaptations, dont une mise en scène par Jean Delannoy en 1944 avec Pierre Blanchar dans le rôle de Lagardère, mais malgré les transpositions ultérieures, dont celle excellente réalisée par Philippe de Broca en 1997 avec Daniel Auteuil dans le rôle titre, celle d’André Hunebelle reste celle qui nous vient immédiatement à l’esprit. Réalisé avec une fougue et un panache contagieux par André Hunebelle, magistralement interprété, Le Bossu est un chef d’oeuvre du genre.

mercredi 18 mai 2022

Réaction en chaîne / The Chain Reaction

                                         
                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Chain Reaction" de Ian Barry. 1980. Australie. 1h32. Avec Steve Bisley, Arna-Maria Winchester, Ross Thompson, Ralph Cotterill, Hugh Keays-Byrne, Lorna Lesley.

Sortie salles France: 4 Février 1981. Australie: 25 Septembre 1980.

FILMOGRAPHIEIan Barry est un réalisateur, scénariste et producteur australien. 2003: Un père Noël au grand coeur (TV Movie). 2003 Sirènes (TV Movie). 2002 Miss Lettie and Me (TV Movie). 2001: A la poursuite du diamant de Jeru (TV Movie). 2000: Le village du père Noël (TV Movie) 2000: Le choix du retour (TV Movie). 1999 Pollution mortelle (TV Movie). 1998 Un secret bien gardé (TV Movie). 1997: Joey. 1996 Robo Warriors. 1995: Blackwater Trail. 1994: The Seventh Floor. 1991: Vengeances de femmes (TV Movie). 1989 Minnamurra.


Réaction en chaine (nucléaire), définition:
En physique nucléaire, une réaction en chaîne se produit lorsqu'un neutron cause la fission d'un noyau atomique fissile produisant un plus grand nombre de neutrons, qui à leur tour causent d'autres fissions, permettant de poursuivre cette réaction. 
Une réaction en chaîne non contrôlée se produisant avec une quantité suffisamment importante de combustible fissile (masse critique) peut mener à une explosion : c'est le principe d'une bombe atomique. La réaction en chaîne peut aussi être contrôlée et utilisée dans un réacteur nucléaire pour produire de l'énergie thermique, elle même susceptible d'être utilisée pour produire de l'électricité : c'est le principe de fonctionnement des centrales nucléaires.


Découvert une première fois sur Canal + à l'orée des années 80 un mercredi soir, Réaction en chaîne est une fort sympathique bande d'exploitation sous couvert de série B alarmiste quant au péril nucléaire qu'un couple et une victime (allègrement) contaminée s'efforcent d'alerter auprès de la populace et des autorités locales lors d'une traque de longue haleine. Production australienne co-produite par Mister  Georges Miller (auquel il aurait potentiellement réalisé les 2 courses-poursuites vertigineuses d'une intensité - déjà - effrénée !), Réaction en chaine fleure bon le divertissement musclé de par son rythme rapide émanant d'une efficacité soutenue en se focalisant sur les agissements d'un couple de vacanciers ayant hébergé un étranger grièvement blessé. On reconnaîtra d'ailleurs en 1er rôle réactionnaire, irascible et inconséquent, l'illustre présence (étonnamment irritable donc) de Steve Bisley (coéquipier et acolyte de Mad-Max tourné 1 an au préalable). Celui-ci endossant un pilote chevronné au caractère bien trempé lorsqu'il s'agit de s'opposer à l'étranger toujours plus moribond, aux force de l'ordre et aux hommes en combinaison blanche s'efforçant d'alpaguer leur fugitif afin d'étouffer l'affaire. 


Alors que sa compagne autrement plus douce et prévenante s'appliquera à protéger le contaminé dans une posture maternelle autrement plus lucide, posée et réfléchie. Un saisissant contraste donc qu'Arna-Maria Winchester incarne auprès de son physique saillant assez particulier si bien qu'elle dégage une aura sensuelle assez singulière, notamment d'après son bronzage bistré et ses manières un tantinet masculines. Mais au-delà de son suspense soutenu (le sort incertain de nos héros potentiellement contaminés par l'étranger) agrémenté de scènes d'action plutôt bien torchées (surtout les 2 poursuites en bagnoles froissées jamais gratuites), Réaction en chaine cultive une ambiance d'étrangeté sensiblement malsaine à travers une scénographie naturelle de toute beauté que le réalisateur exploite autour du bercail des vacanciers isolés en pleine forêt australienne. Quand bien même l'apparition toujours plus prononcée des hommes en blouse blanche affublés de masque à gaz renforce son climat malsain à la frontière de la science-fiction et de l'horreur (à l'instar de cette main agrippant soudainement lors d'une poursuite auto la passagère en proie à un irrésistible affolement). 


Ajoutez à cela l'invention de cadrages stylisés parfois baroques, un décorum industriel suintant l'hostilité et des protagonistes décomplexés aux gueules burinées que l'on a peu coutume de voir et vous obtenez une petite perle du thriller catastrophiste sous l'impulsion du score envoûtant de Andrew Thomas Wilson (à l'instar de son magnifique générique liminaire longeant une colline sur une route crépusculaire pour aboutir à la centrale nucléaire) que n'aurait renié Tangerine Dream (au gré de ses accents cosmiques). 

*Bruno Matéï
08.11.18
18.05.22. 3èx

jeudi 12 mai 2022

The Northman

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Robert Eggers. 2022. U.S.A/Angleterre. 2h17. Avec Alexander Skarsgård, Nicole Kidman, Anya Taylor-Joy, Willem Dafoe, Ethan Hawke, Björk, Claes Bang, Kate Dickie.

Sortie salles France: 11 Mai 2022 (Interdit - 12 ans avec avertissement). U.S: 22 Avril 2022

FILMOGRAPHIE: Robert Eggers est un réalisateur américain né le 7 juillet 1983 à Lee (New Hampshire). 2015: The Witch. 2019: The Lighthouse. 2022: The Northman.


"La meilleure façon de se venger d'un ennemi est de ne pas lui ressembler"
Impossible pour moi d'émettre un avis objectif car je sors juste de la projo et je reste fichtrement partagé entre gros plaisir de cinéma (vu nul part ailleurs !), fascination, perplexité mais aussi frustration et déception (aussi parce que j'en attendais trop d'après ces échos conférés au chef-d'oeuvre inégalé Conan le Barbare auquel il prête quelques références et allusions). Alors oui, d'un niveau formel, indiscutablement on en prend plein la vue pour être même par moments littéralement envoûté par nombre de séquences onirico-cauchemardesques d'une vénéneuse beauté funeste. Quant à l'histoire classique de vengeance, Robert Eggers s'efforce de la renouveler en s'écartant des codes usuels dans un parti-pris à la fois auteurisant et expérimental. Mais d'une durée non négligeable de 2h17, The Northman contient hélas plusieurs longueurs, de sautes de rythme qui m'ont fait sortir du film à 3, 4 reprises. Quand bien même d'autres fulgurances autrement homériques m'ont littéralement cloué au siège par leur intensité barbare d'une sauvagerie escarpée et au montage absolument maîtrisé (tout est parfaitement lisible jusqu'à l'hallucinant combat final - bien que concis - exécuté dans un enfer de laves). 


Mais fort d'un climat froid, austère et hermétique laissant peu de place à la passion des sentiments et à la chaleur humaine (même si la romance du couple ne nous laisse pas indifférent), The Northman manque bougrement d'émotion lyrique à travers les profils antipathiques de vikings ne vivants que pour la guerre, le sang, la violence et la vengeance. A mes yeux donc, et pour un premier visionnage, The Northman est difficile à suivre sachant que je ne m'attendais nullement à une aventure aussi déroutante qu'expérimentale (avec ce que cela sous entend de métaphores ésotériques et de visions surnaturelles à base de sorcellerie magnifiquement stylisées cela dit) soufflant sans cesse le chaud et le froid par son rythme en dent de scie. Alors que les comédiens, à la mine communément bourrue (ils tirent tous la gueule sans exception, même les femmes, dont Nicole Kidman dans un rôle d'autre part détestable) ne nous suscite qu'un maigre attachement dans leur fonction héroïco-vindicative à bâton rompu et à bout de souffle. 


Avec l'espoir d'y réviser mon jugement lors d'un second visionnage que j'aborderai avec plus de clémence et d'attention scrupuleuse puisque pleinement averti du contenu exigeant de l'aventure d'un autre temps. A découvrir quoiqu'il en soit. 

*Bruno Matéï

mardi 10 mai 2022

Black Water. Prix du meilleur réalisateur et de la meilleure photographie, Festival du film underground de Melbourne, 2007.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de David Nerlich et Andrew Traucki. 2007. Australie. 1h29. Avec Diana Glenn, Maeve Dermody, Andy Rodoreda, Ben Oxenbould, Fiona Press.

Sortie Video France: 3 Juin 2008

FILMOGRAPHIE: Andrew Traucki est un réalisateur, scénariste et producteur australien. 2013: The Jungle. 2012 The ABCs of Death (segment "G is for Gravity").  2012 Event Zero (TV Series) (1 episode). - Harriet (2012).  2010 The Reef .  2007 Black Water.


3 ans avant le tétanisant The Reef (le film de requin le plus flippant que j'ai pu voir avec Open Water) l'australien Andrew Traucki traita déjà du monstre aquatique avec le terrifiant Black Water lui aussi directement sorti en video dans nos contrées. Tiré d'une histoire vraie, l'intrigue s'inscrit en mode huis clos maritime lorsque 3 touristes se retrouvent perchés sur un arbre après l'attaque sanglante de leur guide par un crocodile dans le Nord de l'Australie. Attendant vainement d'éventuels secours, ils ne pourront compter que sur leur  autonomie, leur sang froid et leur bravoure de dernier ressort pour tenter de venir à bout des menaces du monstre carnassier. Eprouvant à plus d'un titre et franchement angoissant lorsqu'il ne s'agit pas de terreur viscérale de par son réalisme documenté, Black Water met mal à l'aise le spectateur assistant impuissant avec une appréhension à la fois anxiogène et déprimante aux tentatives désespérées du trio de protagonistes en perte de repère dans ce refuge naturel dénué de présence humaine. Il faut d'ailleurs préciser qu'à travers cette scénographie blafarde à la fois glauque et inquiétante, alourdi de la discrétion d'une partition cafardeuse, sa photo naturaliste et les profils dépouillés de ces comédiens méconnus (chez nous) concourent d'intensifier l'action imprévisible avec une efficacité gratifiante.


Notamment eu égard de la manière leste du réalisateur à renforcer la crédibilité de son contexte cauchemardesque (doux euphémisme !) par des situations de panique et d'offensive dénuées de surenchère. Si bien que l'on reluque les faits et gestes de nos survivants blottis dans cet unique décor inhospitalier (ils se cramponnent d'un arbre à un autre pour éviter de mettre les pieds dans l'eau et tenter de rejoindre un bateau) avec l'idée en tête d'y prédire qui pourrait sortir en vie de ce piège à touriste. Andrew Traucki adoptant un parti-pris aussi cruel qu'intolérable quant à la destinée précaire de ses personnages en proie à une épreuve morale et physique jusqu'au-boutiste. Autant avouer sans ambages que Black Water parvient sous le moule de la série B indépendante à susciter fréquemment angoisse, empathie, tension et effroi auprès des apparitions insidieuses (ou fulgurantes) du monstre que ceux-ci tentent de repousser à travers stratégies d'échappatoire redoutablement couillues (pour ne pas dire suicidaires en se posant la question de savoir que ferions-nous en pareille occasion ?). Ce qui nous mène vers un final d'une cruauté franchement poignante (pour ne pas dire bouleversante auprès des plus sensibles) qu'une des héroïnes instille avec un art consommé de la bravoure en désespoir de cause. Et ce même si on aurait parfois préféré un tantinet plus de substance au niveau des caractérisations humaines même si on reste infiniment attaché à leur sort précaire à faible lueur d'espoir (j'insiste à nouveau sur le caractère âpre de son ambiance malsaine d'un calme étouffé au sein de cette végétation étrangement sombre et hostile). 


Hymne à la bravoure solidaire au sein d'un contexte cauchemardesque faisant office de véritable descente aux enfers (humectée), Black Water détonne par sa dramaturgie éplorée eu égard de la terreur viscérale perçue par nos protagonistes et du réalisme escarpé de leurs situations oppressantes réalisées avec souci documenté. Si bien qu'avant l'estomaquant The Reef, Andrew Traucki (accompagné qui plus est de son acolyte David Nerlich) réalisa déjà l'exploit d'y parfaire le film de croco le plus flippant que l'on ai vu sur la toile (même si les références sont trop peu nombreuses, pour ne pas dire inexistantes). Une référence au demeurant donc à ne surtout pas rater si bien que la peur au cinéma s'y fait d'autant plus rare et clairsemée.

Ci-joint chronique de The Reef: https://brunomatei.blogspot.com/2019/08/the-reef.html

*Bruno Matéï
2èx

lundi 9 mai 2022

L'Armée des 12 Singes

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Terry Gilliam. 1995. U.S.A. 2h09. Avec Bruce Willis, Brad Pit, Madeleine Stowe, Christopher Plummer, David Morse, Jon Seda, Christopher Meloni.

Sortie salles France: 28 Février 1996. U.S: 5 Janvier 1996

FILMOGRAPHIE: Terry Gilliam est un réalisateur, acteur, dessinateur, scénariste américain, naturalisé britannique, né le 22 Novembre 1940 à Medicine Lake dans le Minnesota. 1975: Monty Python: Sacré Graal ! (co-réalisé avec Terry Jones). 1976: Jabberwocky. 1981: Bandits, bandits. 1985: Brazil. 1988: Les Aventures du Baron de Munchausen. 1991: The Fisher King. 1995: l'Armée des 12 Singes. 1998: Las Vegas Parano. 2005: Les Frères Grimm. 2006: Tideland. 2009: L'imaginarium du docteur Parnassus. 2013: Zero Theorem.

Il s'agit probablement du plus beau film de la carrière de Terry Gilliam avec l'inégalable Brazil si j'ose dire. Car en abordant la thématique de l'apocalypse à travers la menace d'un virus meurtrier à échelle planétaire, le réalisateur nous conçoit un grand film à suspense plein de rebondissements, de plages de tendresse et de poésie (écolo) sous l'impulsion d'un cast aux p'tits oignons. Tant auprès de Madeleine Stowe en psychiatre empathique prêtant finalement main forte à son patient persuadé de voyager le futur au fil de leur relation intime que Terry Gilliam transmet avec un humanisme à la fois fragile et fébrile. Bruce Willis endossant ce personnage aliéné dans la mesure où jouant sur le tableau de la rationalité puis celui de la déraison (lors de sa requête libertaire du second acte narratif à contre-emploi de ses intentions originelles), il dégage une prestance bipolaire terriblement persuasive (mais aussi ironique) à travers son espoir, sa rage et son désespoir de sauver l'humanité en remontant la filière d'une potentielle armée des singes. 

A eux deux 2, ils monopolisent brillamment l'écran au gré de leur investigation houleuse semée d'embuches et d'accalmie sentimentale que l'on observe scrupuleusement avec une attention inquiète. Quand à Brad Pit, là aussi le comédien offre l'une de ses interprétations les plus saillantes de sa carrière en rejeton erratique d'un éminent scientifique militant pour la cause animale au mépris des recherches extravagantes de celui-ci jouant dangereusement aux apprentis sorciers (avec en filigrane un message alarmiste sur l'expérimentation animale). Brad jouant notamment le demeuré en institut psychiatrique à l'aide de tics épileptiques génialement décalés/déjantés tant et si bien que l'on oublie très rapidement son illustre patronyme bankable. Finalement, l'Armée des 12 singes demeure donc autant un grand film d'anticipation d'une ampleur insoupçonnée à travers son hymne bouleversant pour la liberté la plus immaculée qu'un film d'acteurs au diapason de leur carrière tant on s'immerge dans leur résignation, leur ténacité et leur désarroi à modifier le temps comme s'il s'agissait de membres de notre famille nantis d'une mission humanitaire à l'intensité davantage galopante. 

Désormais un classique, l'Armée des 12 Singes palpite, amuse et bouleverse auprès de ses actions  (parfois un brin sciemment fantaisistes) à travers sa dimension humaniste désespérée (méritons nous de mourir par la faute de notre mégalomanie en roue libre méprisant l'homme, la nature et les espèces animales ? la question reste posée durant toute l'intrigue), véritable cri d'alarme écolo (l'industrie du "zoo" est d'ailleurs pointé du doigt) mais aussi sociétale. Quand bien même on reste ébahi par la disparité de ces vaste décors baroques surgis d'une époque indéterminée, ce qui nous permet de s'immerger dans l'action avec fascination et une appréhension réaliste plus vraie que nature. A revoir d'urgence si bien que ce poème naturaliste très amer (la fin équivoque possède 2 niveaux de lecture contradictoires) n'a pas pris une ride.

*Bruno Matéï
3è ou 4è

Box-Office France: 2 270 947 entrées en France

Récompenses: 1996 Golden Globes Meilleur acteur dans un second rôle: Brad Pitt

Saturn Awards Meilleur film de science-fiction

Meilleur acteur dans un second rôle: Brad Pitt

Meilleurs costumes: Julie Weiss

1997 Empire Awards Meilleur réalisateur: Terry Gilliam

jeudi 5 mai 2022

Bull

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Paul Andrew Williams. 2021. Angleterre. 1h28. Avec Neil Maskell, David Hayman, Tamzin Outhwaite, Lois Brabin-Platt 

Sortie salles Angleterre: 5 Novembre 2021

FILMOGRAPHIE: Paul Andrew Williams (né en 1973 à Portsmouth, Angleterre ) est un scénariste, producteur, acteur et réalisateur britannique. 2021: Bull. 2015: Eichmann Show (TV Movie). 2014: Murdered by My Boyfriend (TV Movie). 2012: Song for Marion. 2010 Cherry Tree Lane. 2008 Bienvenue au cottage. 2006 London to Brighton. 


A double tranchant. 
Par le réalisateur du sympathique Bienvenue au Cottage, Bull est une curiosité aussi étrange qu'ombrageuse eu égard de son ossature narrative simpliste misant sur les flash-back, sur la croisée des genres (polar, thriller, horreur) et surtout le déversement d'une violence à la fois âpre et grand-guignol pour maintenir l'intérêt d'un pitch oh combien éculé. Ce que le British Paul Andrew Williams parvient à gérer efficacement sous l'impulsion d'une galerie d'engeances aux gueules striées qu'on a plaisir à reluquer de par leur bassesse mutuelle à se débarrasser d'un des leurs depuis que ce dernier fut délassé par son épouse. 


Or, Bull est déterminé à récupérer son fils que celle-ci a kidnappé avec l'aide de sa famille mafieuse. D'ailleurs, dans sa gueule triviale de chieur malgré lui (voir la séquence irritante où il asperge abondamment son fils et les invités d'un barbecue à l'aide d'un tuyau d'arrosoir) Neil Maskell monopolise l'écran de son omniprésence spectrale en justicier crapoteux usant d'exactions à la fois sadiques et barbares pour parvenir à ses fins. Si bien qu'à travers sa présence vrillée quelque peu décalée dans une certaine mesure, Bull distille une ambiance à la fois baroque et putride en exploitant notamment la scénographie vertigineuse d'une fête foraine. Certaines situations débridées demeurant d'une intensité assez folingue lorsque celui-ci embarque une de ses proies dans un manège à sensation alors que l'instant d'après notre bourreau aura droit à son tour à un confinement sur la grande roue. 


Vigilante movie aussi bien putride que primitif de par son déchainement de violence en roue libre que Paul Andrew William exploite dans un réalisme mortifère, Bull finit par surprendre véritablement auprès de son épilogue horrifique à consonnance ésotérique. Une trouvaille originale qui sied plutôt bien à l'ambiance baroque qui irrigue toute l'intrigue à travers cette déchéance criminelle littéralement immorale. Tant et si bien que chaque antagoniste demeure délectable d'hypocrisie fétide et de lâcheté baveuse dans leur cynisme putassier. A découvrir.

P.S: à privilégier indubitablement la VO pour son réalisme hardcore. 

*Bruno Matéï

mercredi 4 mai 2022

Sierra Torride / Two Mules for Sister Sara

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Don Siegel. 1970. U.S.A./Mexique. 1h40. Avec Clint Eastwood, Shirley MacLaine, Manolo Fabregas 
Alberto Morin, David Estuardo, José Chavez.

Sortie salles France: 1er Juillet 1970. U.S: 24 Juin 1970

FILMOGRAPHIE: Don Siegel (Donald Siegel) est un réalisateur et producteur américain, né le 26 Octobre 1912 à Chicago en Illinois, décédé le 20 Avril 1991 à Nipoma, en Californie. 1956: l'Invasion des Profanateurs de Sépultures. 1962: l'Enfer est pour les Héros. 1964: A bout portant. 1968: Police sur la ville. 1968: Un Shérif à New-York. 1970: Sierra Torride. 1971: Les Proies. 1971: l'Inspecteur Harry. 1973: Tuez Charley Varrick ! 1974: Contre une poignée de diamants. 1976: Le Dernier des Géants. 1977: Un Espion de trop. 1979: l'Evadé d'Alcatraz. 1980: Le Lion sort ses griffes. 1982: Jinxed.

La classe impériale de voir réunir dans un seul et unique western (atypique) Clint Eastwood, Shirley Mc Cain, Ennio Morricone, Don Siegel. Que demandez de plus ? Un bon scénario scindé en 2 parties contradictoires à travers ses ruptures de ton et de rythme, la complémentarité cocasse d'un duo improbable, des dialogues ciselés, un contexte historique où les français ont le mauvais rôle de colonialistes à s'approprier les terres mexicaines, de l'humour pittoresque et de la violence étonnamment sanguine, notamment auprès de son final explosif que n'aurait renié Sam Peckinpah avec sa Horde Sauvage réalisé 1 an plus tôt. Tourné en scope au sein de magnifiques décors naturels, épaulé qui plus est d'une rutilante photo, Sierra Torride est un régal à tous les niveaux, techniques, formels, narratifs. Et ce de la première à la dernière minute sous l'impulsion du score entêtant d'Ennio Morricone jonglant à merveille avec les sonorités aussi légères que décomplexées. Ainsi donc, 1h42 durant, nous suivions d'un oeil à la fois amusé, attentif et passionné les pérégrinations d'Hogan, mercenaire en quête d'un trésor que des français colonialistes détiennent dans leur fort, et de Sara, carmélite sauvée in extremis par celui-ci d'un viol perpétré par 3 bandits. 

L'intérêt de l'intrigue émanant de leurs rapports gentiment contradictoires à se connaître et s'entraider mutuellement pour un enjeu humanitaire (sauver le peuple mexicain en endossant les fonctions de mercenaires révolutionnaires) en faisant part des valeurs du Bien et du Mal qu'inculque sans éloquence la religieuse auprès de l'étranger machiste. Toutes les séquences intimes que Don Siegel traite sobrement demeurant redoutablement efficaces (émaillé de dangers imprévus !) et si réalistes eu égard du refus de fioriture du cinéaste à dresser leurs rapports humains en voie solidaire et de reconnaissance. A l'instar de cette incroyable et long supplice de la flèche plantée dans l'épaule d'Hogan que soeur Sara aura pour gageure de délivrer de sa chair mutilée. Un moment éprouvant non dénué d'humour (en mode sarcasme), qui plus est rehaussé d'un montage très habile lorsque la fléchette s'extirpe subitement du corps après y avoir été cautérisée. Une séquence fulgurante d'un réalisme encore aujourd'hui percutant, et ce près d'un demi-siècle plus tard. Quant à sa seconde partie impartie à la stratégie belliqueuse, Don Siegel adopte un parti-pris autrement épique et quelque peu sauvage à la gestion millimétrée lorsque mercenaires et peuple mexicain s'unifient afin de donner l'assaut aux militaires français. De nombreuses séquences spectaculaires redoutablement charpentées alors qu'au préalable on se prenait de passion pour leur planification militaire studieusement pensée et départagée. 


Outre son intrigue superbement structurée (n'hésitant pas à dénoncer en filigrane lors d'une âpre exécution les châtiments expéditifs des militaires Français auprès du peuple mexicain), Sierra Torride pétille de charme, d'humour, de tendresse et de douce insolence (le métrage ne cède nullement aux chamailleries hystériques en règle, bien au contraire) sous l'impulsion de la délicieuse Shirley MacLaine en religieuse posée, audacieuse et réfléchie, et de Clint Eastwood en mercenaire solitaire apprenant peu à peu considérer la valeur de la femme lors de son initiation forcée auprès d'une idéologie religieuse. Ajoutez à la cerise sur le gâteau (sans édulcorant) un savoureux twist redoutablement espiègle que personne n'aura vu v'nir (en dépit de ses indices disséminés ici et là). Alors j'ose le dire sans ambages pour parfaire mon vif intérêt au travail de Siegel, Sierra Torride demeure un chef-d'oeuvre imputrescible par sa jeunesse singulière héritière des Seventies auprès de ce duo iconique rarement traité dans le paysage westernien.  

Dédicace à Thierry Savastano.

*Bruno Matéï
2èx

Récompense: Laurel Awards 1971 : Golden Laurel (3e place) du meilleur interprète d’un film d’action à Clint Eastwood