samedi 30 mars 2024

Haute Tension. Grand Prix du Film Fantastique, Catalogne 2003.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site allocine.fr

d'Alexandre Aja. 2003. France. 1h30. Avec Cécile de France, Maïwenn, Philippe Nahon, Franck Khalfoun, Andreï Finti, Oana Pellea.

Sortie salles France: 18 Juin 2003 (Int - 16 ans)

FILMOGRAPHIE: Alexandre Aja (Alexandre Jouan-Arcady) est un réalisateur, producteur, scénariste, dialoguiste et acteur, né le 7 Août 1978 à Paris. 1999: Furia. 2003: Haute Tension. 2006: La Colline a des yeux. 2008: Mirrors. 2010: Piranha 3D. 2013: Horns. 2016: La Neuvième Vie de Louis Drax. 2019: Crawl.

Un sommet du gore frenchie profondément malsain, infernal, redoutable. 

Considéré comme une bombe lors de sa sortie, tant auprès de la critique que du public, et ce en dépit de son échec commercial, Haute Tension n'a strictement rien perdu de sa vigueur horrifique quelques décennies plus tard. Au point même de reconsidérer son final révélateur tant décrié (si bien que j'en fis parti à 3 reprises) alors qu'aujourd'hui à la revoyure d'une 4è projo je fus littéralement traumatisé par ce rebondissement finalement cohérent Spoil ! quant à l'homosexualité refoulée d'un personnage aussi désarmé que profondément esseulé de ne pouvoir être aimé par l'être cher Fin du spoil. Mais alors pourquoi Haute Tension reste une référence du genre avec cette fameuse réputation d'avoir su rivaliser avec les prods ricaines les plus notoires ? Parce que Alexandre Aja traite son sujet très au sérieux, réinvente les codes avec cette volonté farouche d'y terroriser le spectateur auprès d'un parti-pris jusqu'au boutiste pour son ultra violence gorasse déployée à gros bouillon. Qui plus est, bénéficiant d'une direction artistique irréprochable, Aja soigne son ambiance à la fois insécure et si fétide auprès d'un environnement nocturne aussi étouffant que malaisant. Immersion assurée en y redoutant incessamment la prochaine séquence impitoyable que l'on nous illustre sans fard et encore moins de fioriture. 

Les victimes démunies, paralysés de frayeur tentant désespérément d'échapper au tueur fou (qu'endosse avec une aura aussi viciée que débauchée l'impressionnant Philippe Nahon humecté de sueur chaude sur son visage adipeux) avec une impuissance humaniste à la limite du tolérable. Aja parvenant constamment à entretenir une tension permanente auprès de ses victimes lâchement persécutées, en utilisant notamment des jumps-cares ultra efficaces afin de nous terroriser comme si nous étions à l'intérieur de la demeure champêtre, théâtre d'abominations crapuleuses. Si bien que l'ultra brutalité qui découle des exactions putassières a de quoi franchement choquer, même auprès des spectateurs les plus blasés, en dépit des provocateurs machistes n'ayant peur de rien se vanteront-ils. Quant au tendre duo formé par Cécile de France et Maïwenn, celles-ci parviennent naturellement à donner corps à leur personnage torturé avec une finesse de jeu expressif, entre névralgie apeurée et crises de larmes aux confins de la folie dépressive. Portant le récit sur leurs épaules autour du monstre Nahon, nos deux jouvencelles contournent facilement les clichés de la potiche écervelée avec une fragilité humaniste pour autant débrouillarde et finalement combattive auprès de leur initiation à la survie. 


Schizophrenia
De par son ambiance morbide indécrottable épaulé d'un score funeste aussi monocorde que lancinant qui imprègne chaque image crépusculaire, Haute Tension fascine et dérange au possible à travers son concentré d'horreur licencieuse et d'âpre terreur que le spectateur perçoit entre fascination morbide et malaise viscéral d'une rigueur morale proche du traumatisme. Comme le souligne d'autant mieux son impensable final incongru d'une dramaturgie cérébrale aussi rude qu'accablée. 

*Bruno
4èx

Babysitter Wanted

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de  Jonas Barnes et Michael Manasseri. 2008. U.S.A. 1h26. Avec Sarah Thompson, Matt Dallas, Bruce Thomas, Kristen Dalton, Bill Moseley, Nana Visitor.

DTV

FILMOGRAPHIE: Michael Manasseri (né le 28 février 1974 à Poughkeepsie, New York) est un acteur et réalisateur américain. 2008: Babysitter Wanted. 


Oubliée aujourd'hui, cette sympathique série B demeure si charmante et attachante qu'on jurerait qu'elle fut réalisé fin 80 / début 90 si j'ose dire. D'ailleurs on pense évidemment au chef-d'oeuvre de Fred Walton "Terreur sur la Ligne" mais aussi à "House of the devil", tant pour l'ambiance obscure impartie au psycho-killer "harceleur téléphonique", que de la dérive démoniale du second acte faisant intervenir un rebondissement aussi couillu qu'improbable. Et si à cause d'un certain personnage peu expressif (pour ne pas spoiler) surfe un peu vers le ridicule, il faut reconnaître l'audace du réalisateur de s'écarter des sentiers balisés alors que vers le dernier acte nombre de clichés viennent toutefois contredire ses intentions premières plutôt louables. Ainsi, afin d'apprécier à sa juste valeur ce divertissement bonnard souvent atmosphérique (et sur ce point c'est parfaitement réussi, on est immergé dans l'action bucolique !) il faut savoir le savourer au second degré comme le souligne d'ailleurs les comédiens cabotins se fondant dans le corps de leur personnage avec un plaisir émotif palpable à l'écran. 


On peut aussi en dire autant de l'héroïne principale (catholique dans l'âme auprès d'une mère bigote qui servira par ailleurs de vecteur héroïque quant à l'habileté d'une conclusion assez fun, pour ne pas dire prometteuse), jouant les victimes démunies avec assez d'expression (sciemment) timorée pour s'inquiéter constamment de son sort incertain. Et ce même si plusieurs agressions physiques finissent hélas (et c'est bien dommage) par tomber à plat tant celle-ci demeure stupide à se défendre contre son adversaire en adoptant le moins de détermination et de violence possible (le frapper une seule et unique fois à chaque estocade). Quand aux scènes gores qui irriguent ce survival davantage haletant elle surfe sur la mode du Tortur'porn avec un goût viscéral étonnamment putassier afin de combler nos attentes gentiment perverses. Là aussi c'est particulièrement réussi si bien que les trucages artisanaux font plaisir à voir de par leur charnalité mécanique ici assez dégueulbif (j'ai même songé à D'Amato à un moment propice, toutes proportions gardées). 


Franchement bonnard donc, tout du moins pour les inconditionnels de bisserie sans prétention, Babysitter Wanted mérite à être revu tant le métrage dégage aujourd'hui un charme rétro au point d'établir un trait d'union avec nos divertissements d'exploitation Eighties. Or il est évident que les auteurs y soient férus du genre.

*Bruno
2èx. Vo

mardi 26 mars 2024

La Mort aux Trousses / North by Northwest. Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario, 1960

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site posterlounge.fr

d'Alfred Hitchcock. 1959. Angleterre. 2h16. Avec Cary Grant, Eva Marie Saint, James Mason, Jessie Royce Landis, Leo G. Carroll, Josephine Hutchinson, Philip Ober, Martin Landau 

Sortie salles France: 21 Octobre 1959. U.S: 17 Juillet 1959

FILMOGRAPHIE: Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur et scénariste anglo américain, né le 13 Août 1899, décédé le 29 Avril 1980. 1935: Les 39 Marches. 1936: Quatre de l'Espionnage. Agent Secret. 1937: Jeune et Innocent. 1938: Une Femme Disparait. 1939: La Taverne de la Jamaique. 1940: Rebecca. Correspondant 17. 1941: Soupçons. 1942: La 5è Colonne. 1943: l'Ombre d'un Doute. 1944: Lifeboat. 1945: La Maison du Dr Edward. 1946: Les Enchainés. 1947: Le Procès Paradine. 1948: La Corde. 1949: Les Amants du Capricorne. 1950: Le Grand Alibi. 1951: L'Inconnu du Nord-Express. 1953: La Loi du Silence. 1954: Le Crime était presque parfait. Fenêtre sur cour. 1955: La Main au Collet. Mais qui a tué Harry ? 1956: l'Homme qui en savait trop. Le Faux Coupable. 1958: Sueurs Froides. 1959: La Mort aux Trousses. 1960: Psychose. 1963: Les Oiseaux. 1964: Pas de Printemps pour Marnie. 1966: Le Rideau Déchiré. 1969: l'Etau. 1972: Frenzy. 1976: Complot de Famille.


Un grand classique des années 50 qu'on ne présente plus lorsqu'il porte la signature du grand Hitch. Bien que l'on peut toutefois rappeler que si la mise en place de l'intrigue n'accorde que peu de place à l'action 1h28 durant (en dépit de cette fameuse poursuite en avion à proximité d'un champs), les 45 ultimes minutes demeurent un grand moment de cinéma auprès de ses rebondissements, ses cascades vertigineuses sur le mont Rushmore et son intensité plus décomplexée de par la progression du suspense savamment charpenté en dévoilant des indices éloquents sans pouvoir l'anticiper. Et puis quel plaisir distingué de retrouver le duo glamour Gary Grant / Eva Marie Saint à travers leur liaison houleuse si bien qu'Hitchcock se permet notamment d'y parfaire une étreinte érotique d'une élégance ténue auprès des corps tendrement enlacés, et ce sur une durée inhabituellement conséquente d'insister autant auprès de leur commune alchimie sensuelle (ah ces yeux qui se ferment d'émotions épanouies !). 


Des images subtilement concupiscentes plus fondantes les unes que les autres qu'on ne retrouve hélas dans aucun métrage contemporain. Et si on a peut-être connu le maître du suspense un peu plus inspiré auprès d'autres références plus immersives, hypnotiques et affolantes, La Mort aux Trousses n'en demeure pas moins un palpitant suspense d'espionnage truffé de séquences jouissives en insistant à nouveau sur l'élégance d'un final étourdissant, avec, cerise sur la gâteau, des trucages (d'incrustation) encore aujourd'hui bluffant de réalisme. Suffit de poser la question aux spectateurs souffrant véritablement de vertigo pour s'apercevoir du talent perfectionniste d'Hitchcock jamais à court d'idées cruelles afin d'amplifier l'intensité d'affrontements à la fois insidieux et escarpés tout en malmenant sévèrement la femme (éventuellement) fatale. Enfin, il n'y a plus qu'à compter sur  l'orchestration exhaustive de Bernard Herrmann irriguant tout le périple pour renforcer son émotion à la fois exaltante (les séquences intimes entre le couple), inquiétante (notamment auprès de ses moult jeux de regards menaçants) et épique.


*Bruno
3èx

Récompenses:
1959 : coquille d'argent pour Alfred Hitchcock au Festival international du film de Saint-Sébastien
1960 : prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario pour Ernest Lehman

Mama

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de  Andrés Muschietti. 2013. U.S.A. 1h40. Avec Jessica Chastain, Nikolaj Coster-Waldau, Megan Charpentier, Isabelle Nélisse, Daniel Kash. 

Sortie salles France: 15 Mai 2013

FILMOGRAPHIEAndrés Muschietti est un scénariste et réalisateur argentin, né le 26 août 1973 à Buenos Aires. 2013 : Mama (Mamá). 2017 : Ça (It). 2019 : Ça : Chapitre 2 (It: Chapter Two). 2023 : The Flash. 

Auréolé de 3 prix à Fantasporto et à Gérardmer dont le fameux Grand Prix que l'on peut toutefois trouver discutable, Mama est un charmant divertissement horrifique intelligemment conçu dans son refus de surenchère, de facilité (même si 2 jumpscares inutiles tombent à l'eau), de trivialité. Dans la mesure où Andrés Muschietti exploite son argument fantastique sous l'impulsion de la suggestion d'y retarder au possible la créature qui importune sournoisement les personnages, alors qu'à d'autres moments furtifs nous ne la percevions que dans l'ombre ou à moitié ébruitée par d'astucieux effets de caméra. Et si le scénario plutôt prévisible, voir déjà vu (une vengeance maternelle spectrale) n'a point l'intention de renouveller le genre, le réalisateur table sur l'efficacité et la conduite du récit en accordant nottamment pas mal d'attouts aux traitements moraux des persos. Le genre horrifique n'étant finalement qu'un prétexte ludique pour nous questionner sur l'ambition de la maternité, la maltraitance et la responsabilité parentale par le truchement d'une initiation à la communication, à la confiance et à l'amour. 

En évitant toutefois d'opérer un favoritisme infantile si je me réfère à la rancune de la créature souvent impressionnante, fascinante, voir même quelque peu flippante à travers son apparence décharnée numériquement imposée mais assez réaliste et expressive pour croire en sa furibonde animosité. Outre son efficacité narrative soumise à la parole (timorée) des enfants et à celle des parents adoptifs en questionnemment surnaturel, on peut également compter sur la présence si naturelle des fillettes étonnamment justes, impeccablement dirigées pour s'extirper du stéréotype, comme le souligne par ailleur son final émouvant faisant intervenir une imagerie onirique à la mélancolie tangible sans forcer le trait de sentiments bipolaires. Mama se déclinant en conte horrifique où émotions et frissons finissent pas ne faire plus qu'un dans un vertige de sens émotifs aussi cruels que rédempteurs. Et c'est ce qui rend si attachante (et qui a sans doute tant séduit le public de Gérardmer) cette modeste série B fantastique que d'avoir su conjuguer avec une sensibilité somme toute fragile suspense, frissons, tendresse auprès d'une valeur maternelle souffreteuse. 


*Bruno
3èx

Récompenses:

Festival international du film fantastique de Gérardmer 2013 : Grand prix, prix du public et prix du jury jeunes

Fantasporto 2013 : meilleur film, meilleure actrice pour Jessica Chastain et meilleur réalisateur

jeudi 21 mars 2024

Road House

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Doug Liman. 2024. U.S.A. 2h04. Avec Jake Gyllenhaal, Daniela Melchior, Billy Magnussen, Jessica Williams, Darren Barnet, Conor McGregor, J. D. Pardo.

Diffusion Prime Video: 21 Mars 2024.

FILMOGRAPHIE: Doug Liman est un producteur, réalisateur et directeur de la photographie américain, né le 24 juillet 1965 à New York (États-Unis). 1994 : Getting In. 1996 : Swingers. 1999 : Go. 2002 : La Mémoire dans la peau. 2005 : Mr. et Mrs. Smith. 2006 : Heist (série télévisée). 2007 : Mr. et Mrs. Smith (pilote série télévisée). 2008 : Jumper. 2010 : Fair Game. 2014 : Edge of Tomorrow. 2017 : The Wall. 2017 : Barry Seal: American Traffic. 2021 : Locked Down. 2021 : Chaos Walking. 2023 : Justice (Documentaire). 2024 : Road House. prochainement : The Instigators. 


L'impensable pochette-surprise.
Remake d'un actionner des années 80 considéré comme culte auprès des afficionados de divertissement bourrin alors que personnellement je ne fus jamais un fervent admirateur (même si à la revoyure, et avec le recul, je l'apprécie beaucoup mieux aujourd'hui), Road House, nouvelle mouture, est à mon sens "subjectif" une formidable surprise au point d'y transcender son modèle (quitte à faire grincer les dents des fans indéfectibles). Si bien qu'en l'occurrence, tout est (à nouveau) réuni pour nous séduire avec cette similaire motivation musicale aussi sincère que décomplexée eu égard de l'ambiance folingue, pétulante, déjantée qui s'y dégage avec un charme exotique luminescent. Doug Liman exploitant à merveille son cadre floridien auprès de cette station balnéaire fréquentée par de gros bras du samedi soir férus d'insolence afin de s'approprier l'enceinte du Road House. Et si le scénario inévitablement minimaliste avait de quoi inquiéter à répéter le même schéma que son modèle, Doug Liman parvient pour autant à le rendre enthousiasmant, sémillant même, jamais ennuyeux, efficace, un tantinet substantiel (pour le profil tourmenté de Dalton que l'on apprend à connaître au fil de son évolution morale suicidaire et criminelle); plutôt bien structuré sous l'impulsion d'une foule de grandes gueules sciemment lunaires, borderline, voir carrément demeurés (le fameux méchant herculéen incarné par Conor McGregor crève littéralement l'écran à travers son show hystérisé jusqu'au point d'orgue d'une sauvagerie inouïe !). 

Quand bien même Jake Gyllenhaal surprend à point nommé en justicier redresseur de tort d'une force tranquille et de sureté aussi bonnard qu'amiteuse. L'acteur dégageant un charme serein, une sympathie résolument attachante, une cool-attitude dépouillée, sans compter les seconds-rôles bon enfant qu'il côtoie afin de les préserver de l'intimidation et d'un danger toujours plus envahissant. Quant aux scènes d'action qui empiètent le récit à juste dose et en crescendo, elles demeurent davantage funs et jouissives, monstrueuses et décadentes auprès d'FX en CGI parfois perfectibles mais d'un réalisme pour autant ébouriffant, notamment de par l'ultra agressivité du montage et de mouvements de caméra ultra fluides (euphémisme) que Doug Liman exploite à la perfection afin de mieux nous impliquer dans une action aussi inventive que virevoltante. Certaines cascades techniques (voiture, hors-bord) s'avérant d'autre part aussi épiques que disproportionnées au point de nous scotcher à notre fauteuil, à l'instar d'un blockbuster régressif symptomatique des plus belles réussites des années 80. D'où le charme exaltant, attentionné, désinhibé qui se dégage de chaque séquence à travers son esprit bon enfant autant cocasse que cartoonesque. Car si Road House demeure tant réussi, immersif, fun, parfois même jubilatoire, il le doit autant à sa dérision assumée en dépit d'une ultra violence terriblement impressionnante auprès des coups échangés avec une hargne infiniment primitive. Un excellent spectacle donc où tous les ingrédients savamment concoctés bout à bout confinent à la réussite, tant technique que formelle, sous l'impulsion d'une foule de personnages disjonctés se prêtant à la déconnade musclée (quelle pagaille métronome !) avec une foi plutôt impayable. 

*Bruno

Ce qu'en a pensé Gilles Rolland[CRITIQUE] ROAD HOUSE (2024) - On rembobine

Ci-joint chronique de son modèle: http://brunomatei.blogspot.fr/2018/04/roadhouse.html

mercredi 20 mars 2024

Crimes au musée des Horreurs / Horrors of the Black Museum

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Arthur Crabtree. 1959. Angleterre. 1h22. Avec Michael Gough, June Cunningham, Graham Curnow, Shirley Anne Field, Geoffrey Keen, Gerald Anderson 

Sortie salles France: 2 Décembre 1959. U.S: 29 Avril 1959 (Int - 16 ans)

FILMOGRAPHIEArthur Crabtree est un directeur de la photographie et réalisateur britannique, né le 29 octobre 1900 à Shipley et mort le 15 mars 1975 à Worthing (Royaume-Uni). 1945 : La Madone aux deux visages. 1945 : Elles étaient sœurs. 1946 : Caravane. 1947 : Dear Murderer. 1948 : The Calendar. 1948 : Quartet. 1949 : Don't Ever Leave Me. 1950 : Lilli Marlene. 1952 : Hindle Wakes. 1953 : The Wedding of Lilli Marlene. 1953 : Stryker of the Yard. 1956 : Les Aventures du colonel March (série TV). 1957 : Morning Call. 1958 : Death Over My Shoulder. 1958 : Ivanhoé (série TV). 1958 : Monstres invisibles. 1959 : Crimes au musée des horreurs.

Production british qui fit scandale à l'époque pour sa violence sanguine et l'audace de son climat malsain, Crimes au musée des horreurs est une formidable série B que domine (amplement) l'illustre Michael Gough en demeuré misogyne à la fois écrivain criminologue et propriétaire d'un musée, épaulé qui plus est d'un étrange assistant (notamment auprès de sa petite posture physiquement "carrée") à qui il perpétue sur lui d'étranges expériences inspirées du cas du Dr Jekyll et My Hyde. Ce qui donne lieu à un alliage assez délirant d'y conjuguer au sein de la même intrigue ce mythe schizo ainsi que l'homme au masque de cire pour le repère d'un musée d'horreurs autrement plus sordides tout en surfant sur les succès néophytes de la Hammer à travers son dosage de sexe et violence au sein d'un scope rutilant. Bien entendu, si les meurtres paraissent aujourd'hui timorés ils n'en demeurent pas moins assez violents et percutants, tant pour l'originalité de l'ustensile utilisé (à l'instar de cette paire de jumelles au pointes acérées ayant réellement existé lors d'un assassinat survenu dans les années 30) que des effets de surprise parfois saisissants lorsque apparait brièvement à 2 reprises (précisément !) le tueur que nous n'attendions pas surgir à un moment aussi furtif qu'inventif. 

D'où l'effet épeurant procuré encore aujourd'hui amplifié d'une violence aussi sadique que brutale, même si souvent hors-champs. D'autant plus jamais ennuyeux de par l'efficacité de la réalisation, si bien que l'on surprend de l'arrivée précipitée du dénouement au bout d'1h22, Crimes au musée des Horreurs fleure bon l'épouvante vintage hélas aujourd'hui révolue. Tant auprès de la stature lunaire des personnages (tant antagonistes que victimes), du récit à suspense (même si étroit et plutôt saugrenu) que du cadre photogénique comme l'illustre, esthétiquement parlant, l'exploitation d'une fête foraine nocturne, le fameux musée expérimental aux mannequins franchement morbides, la boutique de l'antiquaire ou encore l'appartement tamisé d'une jeune blonde cagole au bagout décomplexé. Quant au rappel de ses séquences chocs aussi funs que débridées qui firent tant jaser en 59 (mention "interdit aux - de 16 ans" aux 4 coins du monde) on les savoure aujourd'hui avec autant de curiosité perverse que de fascination malsaine tout en frissonnant de plaisir ludique en dépit de son étonnante brutalité, tout du moins lors de 2 moments assez marquants.    

*Bruno
2èx. vf. 

Remerciement à Warning Zone pour sa copie 1080P de toute beauté. 

mardi 19 mars 2024

Grand Canyon. 1992 : Ours d'or du meilleur film au Berlinale

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Lawrence Kasdan. 1991. U.S.A. 2h14. Avec Danny Glover, Kevin Kline, Steve Martin, Mary McDonnell, Mary-Louise Parker, Alfre Woodard, Jack Kehler, Jeremy Sisto.

Sortie salles France: 26 Février 1992. U.S: 25 Décembre 1991

FILMOGRAPHIE: Lawrence Kasdan est un producteur, scénariste, réalisateur et acteur américain né le 14 janvier 1949 à Miami Beach, Floride (États-Unis). 1981 : La Fièvre au corps. 1983 : Les Copains d'abord. 1985 : Silverado. 1988 : Voyageur malgré lui. 1990 : Je t'aime à te tuer. 1991 : Grand Canyon. 1994 : Wyatt Earp .1995 : French Kiss. 1999 : Mumford. 2003 : Dreamcatcher. 2012 : Freeway et nous.


L'Océan de la Colère.
Totalement oublié depuis sa sortie alors qu'il fut un échec commercial, Grand Canyon est un poignant drame choral s'épanchant sur la destinée d'une poignée de résidants issus de quartiers (huppés et malfamés) de Los Angeles. Traitant des thématiques on ne peut plus actuelles du racisme, de la violence, de la haine et de la délinquance au sein d'une ville chaotique surveillée par un hélico durant chaque nuit, Grand Canyon dégage un climat anxiogène de nonchalance, d'amertume mélancolique auprès de la contrariété existentielle de ces américains s'efforçant de trouver une issue de secours par le pilier de l'amour, de l'amitié, de l'unité familiale. Tous les acteurs excellents de sobriété demeurant suffisamment attachants, voirs parfois même émouvants à travers leurs failles, leurs faiblesses, leurs indécisions, leurs hésitations, leur appréhension pour nous harponner à leur malaise existentielle avec épaisseur cérébrale. Ce qui converge à nous questionner sur nos propres motivations personnelles à concevoir notre existence par le truchement de l'espoir, mais surtout de la chance et de la coïncidence auquel nous nous changions les uns les autres d'après un concours de circonstances solaires, pour ne pas dire solidaires. 


Et même si le tableau imparti à cette insécurité grandissante fait froid dans le dos sans que n'y soit exploité une violence graphique cinématographique (en dépit d'un extrait de série Z sciemment caricatural afin de dénoncer la violence à l'écran et l'influence qu'elle pourrait exercer auprès des esprits fragiles ou ignorants), Grand Canyon dégage toutefois un sentiment positif quant à l'élan de fraternité qui se déploie lors de sa conclusion à la fois lyrique et métaphysique. Et même si on peut déplorer lors de sa première heure quelques bons sentiments un tantinet faciles (accentués d'un score parfois peu subtil alors qu'à d'autres moments l'émotion qui s'y dilue demeure autrement sincère par ses sonorités humbles), Grand Canyon séduit par sa franche loyauté auprès d'adultes fragiles d'un humanisme à la fois meurtri et contrarié mais néanmoins d'une résilience payante pour s'extirper d'une sinistrose (davantage) envahissante. Reflet inquiétant d'une société en déliquescence morale auprès de nos pertes de repères gagnés de solitude, de peur de l'autre, d'appréhension du trépas de la façon la plus inéquitable. Une oeuvre perfectible certes, avec un rythme parfois en dent de scie, mais qui émeut et laisse toutefois des traces par son intensité dramatique à la fois contenue, exaltée et sensiblement élégiaque. 


*Bruno
2èx. Vostfr

lundi 18 mars 2024

Les Pleins pouvoirs / Absolute Power

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Clint Eastwood. 1997. U.S.A. 2h01. Avec Clint Eastwood, Gene Hackman, Ed Harris, Laura Linney, Scott Glenn, Dennis Haysbert, Judy Davis, E. G. Marshall.

Sortie salles France: 21 Mai 1997

FILMOGRAPHIE: Clint Eastwood est un acteur, réalisateur, compositeur et producteur américain, né le 31 Mai 1930 à San Francisco, dans l'Etat de Californie. 1971: Un Frisson dans la Nuit. 1973: L'Homme des Hautes Plaines. 1973: Breezy. 1975: La Sanction. 1976: Josey Wales, Hors la Loi. 1977: L'Epreuve de Force. 1980: Bronco Billy. 1982: Firefox, l'arme absolue. 1982: Honkytonk Man. 1983: Sudden Impact. 1985: Pale Rider. 1986: Le Maître de Guerre. 1988: Bird. 1990: Chasseur Blanc, Coeur Noir. 1990: Le Relève. 1992: Impitoyable. 1993: Un Monde Parfait. 1995: Sur la route de Madison. 1997: Les Pleins Pouvoirs. 1997: Minuit dans le jardin du bien et du mal. 1999: Jugé Coupable. 2000: Space Cowboys. 2002: Créance de sang. 2003: Mystic River. 2004: Million Dollar Baby. 2006: Mémoires de nos pères. 2006: Lettres d'Iwo Jima. 2008: L'Echange. 2008: Gran Torino. 2009: Invictus. 2010: Au-delà. 2011: J. Edgar. 2014: Jersey Boys. 2015: American Sniper. 2016: Sully. 2017: 2018: Le 15h17 pour Paris. 2018: La Mule. 2021: Cry Macho.

Un excellent thriller un peu occulté de nos jours et c'est bien dommage tant Clint Eastwood, réal et acteur, s'y entend pour nous captiver à travers son suspense (parfois) hitchockien (la séquence du bar filmée de l'extérieur d'une terrasse) au concept de base redoutablement alléchant, prometteur, percutant. Si bien qu'un gentleman cambrioleur est témoin d'un meurtre parmi la complicité du président des Etats-Unis. Or, égoïstement, ce premier ne porte pas assistance à la victime faute de sa posture illégale. Il décide toutefois d'y dérober une preuve éloquente avant de prendre la poudre d'escampette. Mais alors qu'il compte quitter le pays, un discours médiatique le ravise afin de réparer justice. Solidement mis en scène sans céder une seconde à l'ennui, les Pleins pouvoirs fait la part belle aux tourments psychologiques des personnages (tant antagonistes que protagonistes) impliqués dans la scénographie d'un meurtre, quand bien même notre anti-héros Luther (Eastwood donc) profite notamment de sa culpabilité (en demi-teinte) pour tenter de renouer avec sa fille depuis son absence parentale. Ce qui nous vaut d'ailleurs par petites touches émotionnelles des séquences intimistes subtilement poignantes tant le réalisateur attache du crédit humaniste aux rapports conflictuelles entre une fille et un père d'autant plus réunis dans un contexte de deuil familial. 

Quant au "méchant" du récit, Gene Hackman demeure une fois de plus parfait de lâcheté, de vilénie, d'hypocrisie dans sa fonction de président pédant usant de ses (pleins) pouvoirs pour masquer la vérité d'une tragédie meurtrière. Les seconds-rôles ne sont pas en reste non plus, principalement Scott Glenn à travers son charisme strié impassible en adjoint des services secrets, Ed Harris en flic loyal ne lâchant nullement d'un iota le fil de son enquête auprès d'un potentiel coupable redoutablement retors, mais aussi Laura Linney en fille esseulée plombée par l'absence d'un père peu recommandable en voleur professionnel au passé pour autant héroïque (ancien décoré de guerre de Corée). Outre son discours sulfureux sur la corruption des hommes de pouvoir victimes de leur condition fortunée, Clint Eastwood aborde en filigrane une réflexion sur la vengeance auprès de 2 points de vue dont leur point commun s'érige sur les valeurs familiales. Un excellent suspense donc qui ne perd jamais le spectateur en cours de route de par l'adresse et la maîtrise d'une réalisation robuste dont le moteur essentiel réside dans les profils bien dessinés de ses personnages s'affrontant entre perspicacité, ruse et maladresse. 

*Bruno

samedi 16 mars 2024

Stopmotion. Prix Spécial du Jury, Sitges 2023.

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Robert Morgan. 2023. Angleterre.1h33. Avec Aisling Franciosi, Stella Gonet, Tom York, Caoilinn Springall, James Swanton, Joshua J. Parker 

Sortie salles France: 8 Décembre 2023 (Festival du Rex de Paris)

FILMOGRAPHIERobert Morgan (né en 1974) est un réalisateur, réalisateur et scénariste britannique. 2014: ABC of Death: « D is for Deloused » 2023: Stopmotion. 

                                       Du ciné indé qui ne demande jamais à se faire aimer.

Attention, OFNI british à aborder avec des pincettes tant l'expérience horrifique demeure difficilement digérable sitôt le générique clôt. Si bien qu'à l'instar des chefs-d'oeuvre schizo Répulsions et Eraserhead, Stopmotion est à réserver à un public préparé pour qui sait apprécier les oeuvres d'auteur s'efforçant de rajeunir le genre avec une personnalité marginale eu égard de l'ambiance dissonante qui se dégage de chaque pore du métrage, de son indicible climat malsain et de sa violence sanguine intervenant prioritairement lors du dernier acte révélateur (encore que nombre de questions restent délibérément en suspens). Malaisant, trouble et inquiétant à la fois dans une posture aussi feutrée qu'étouffante, étrange, interlope, équivoque, ombrageux pour mieux nous perdre dans le dédale de la psyché torturée d'une jeune femme victime malgré elle d'une maman bigote, Stopmotion demeure finalement un drame psychologique singulier auprès de sa mise en scène expérimentale conjuguant assez efficacement prises de vue réelles et animation lorsque Ella s'efforce d'orchestrer un récit fantastique en compagnie de ses figures de cire qu'elle a bien du mal à conclure. 

Notamment faute de l'intervention de sa voisine de palier, une fillette influente bizarroïde de lui suggérer des idées morbides pour mettre à terme son ambitieux projet de cinéma en stopmotion. Nanti d'un rythme constamment languissant (qui ne plaira assurément pas à tous), composé de personnages de chair physiquement inquiétants (des visages quelque peu décharnés aux yeux plutôt exorbités) et de créatures de cire terriblement malaisantes au sein d'un cinémascope auteurisant, Stopmotion ne cesse de titiller angoisse, inquiétude, curiosité à part égale au sein d'une structure narrative éclatée afin de mieux perdre nos repères. Une leçon de cinéma en herbe pour nous engloutir dans un cauchemar cérébral redoutablement franc-tireur à travers son refus de concession, de fioriture, de quiétude, de main secourable. Une expérience assez extrême donc probablement vouée à devenir culte qu'il vaut mieux revoir plusieurs fois pour en saisir toute son essence psychologique, notamment auprès de sa thématique de la création à donner chair à des personnages inertes au péril de la raison.  

A ne pas mettre entre toutes les mains.

*Bruno

Distinctions: Prix du meilleur réalisateur, Fantastic Fest 2023

Prix spécial du jury, Sitges

vendredi 15 mars 2024

The Bone Collector

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Philip Noyce. 1999. U.S.A. 1h58. Avec Denzel Washington, Angelina Jolie, Ed O'Neill, Michael Rooker, Queen Latifah, Luis Guzmán, Richard Zeman, Leland Orser.

Sortie salles France: 26 Janvier 2000. U.S: 5 Novembre 1999

FILMOGRAPHIE: Phillip Noyce est un réalisateur australien, né le 29 avril 1950 à Griffith (Australie). 1977 : Backroads. 1978 : Newsfront. 1982 : Heatwave. 1987 : Echoes of Paradise. 1989 : Calme blanc. 1989 : Vengeance aveugle. 1992 : Jeux de guerre. 1993 : Sliver. 1994 : Danger immédiat. 1997 : Le Saint. 1999 : Bone Collector. 2002 : Le Chemin de la liberté. 2002 : Un Américain bien tranquille. 2004 : Welcome to São Paulo - segment Marca Zero. 2006 : Au nom de la liberté. 2010 : Salt. 2014 : The Giver. 2019 : Above Suspicion. 2021 : The Desperate Hour. 2023 : Fast Charlie. 

Encore un thriller des années 90 hélas oublié, faute d'avoir été sans doute occulté, voir peut-être aussi mésestimé depuis la bombe Seven sorti quelques années au préalable auquel la trame s'inspire ouvertement (jeu de piste infernal entre une flic en herbe et un tueur à la fois pervers et machiavélique). Sans compter également une influence évidente au Silence des Agneaux pour le soutien didactique "à distance" perpétré entre un expert en criminologie alité et cette même policière investiguant les recoins new-yorkais les plus sombres afin de venir à bout des exactions sordides du tueur jamais à bout de course pour achever son dessein meurtrier. Et si le final peut plausiblement décevoir une frange de spectateurs (ce qui ne fut pas mon cas alors que je redoutais un rebondissement archi prévisible lors d'une fausse alerte), il demeure pour autant bien amené, justifié et assez crédible pour adouber les mobiles du serial-killer d'une ténacité intraitable sans trop en dévoiler. 


Et même si l'intrigue avait gagné à être plus intense, structurée, passionnante et palpitante, on reste toutefois captivé, attentif, quelque peu fasciné autant qu'inquiet par l'évolution narrative faisant la part belle à la psychologie à la fois torturée, fragile et pugnace du duo Denzel Washington / Angelina Jolie indiscutablement convaincant (même si préférence pour Washington) dans leur mutuelle empathie (sobrement exposée) à se soutenir, leurs motivations acharnées à recoller les pièces du puzzle que le tueur dissémine sur ses chemins criminels avec une arrogance cynique. On peut également saluer l'intelligence de Philip Noyce (déjà auteur de l'excellent Calme Blanc) à se libérer de toute forme de complaisance, à l'instar de Seven, lors des crimes perpétrés avec une perversité insoutenable en se focalisant essentiellement sur leurs résultantes que le spectateur imagine en reconstituant le crime avec un dégoût aussi asphyxiant qu'horrifiant (surtout la séquence pestilentielle avec les rats). Solidement mis en scène en dépit de ses défauts précités, joliment photographié dans ces mêmes teintes sépias (remember Seven) et superbement filmé à travers l'urbanisation tentaculaire d'un New-York crépusculaire souvent fascinant, Bone Collector honore sobrement le psycho-killer en peaufinant par ailleurs lors du dernier acte libérateur une poignante romance renforcée de la sublime mélodie de Peter Gabriel / Kate Buch que le générique imprime avec mélancolie apaisante. Le tout sans jamais verser dans une sensiblerie aussi mal placée que programmée.

*Bruno
2èx

jeudi 14 mars 2024

Dobermann

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinematerial.com

de Jan Kounen. 1997. France. 1h43. Avec Vincent Cassel, Tchéky Karyo, Monica Bellucci, Antoine Basler, Dominique Bettenfeld, Pascal Demolon, Marc Duret, Romain Duris, François Levantal.
 
Sortie salles France: 18 Juin 1997 (int - 16 ans)

FILMOGRAPHIE: Jan Kounen (de son vrai nom Jan Coenen) est un réalisateur, producteur de cinéma et scénariste français d'origine néerlandaise, né le 2 mai 1964 à Utrecht (Pays-Bas). 1997 : Dobermann. 2004 : Blueberry, l'expérience secrète. 2007 : 99 francs. 2009 : Coco Chanel et Igor Stravinsky. 2013 : Le Vol des cigognes. 2020 : Mon cousin. 

                                                       Affreux, sales, (bêtes) et méchants.

Revoyure d'un actionner bourrin (franchouillard) qui fit grand bruit lors de sa sortie, faute de sa violence ultra gratuite dénuée de moralité (si bien qu'il fut interdit aux moins de 16 ans et reste banni de nos écrans TV), Dobermann est un délire de sale gosse assumant jusqu'au bout des ongles son irresponsabilité, son mauvais goût, sa subversion auprès d'anti-héros aussi détestables que grotesques (certaines séquences ridicules soufflant le chaud et le froid à savoir s'il faut en rire ou sourire ou s'en détourner). Tant auprès de la police en roue libre, faute des exactions autoritaires de leur leader nazillon assoiffé de vengeance bestiale, que des malfrats marginaux issus de la communauté gitane pour qui la vie d'autrui n'accorde aucun crédit. Ainsi donc, avec sa mise en scène à la fois clippesque et épileptique qui, aujourd'hui, accuse un peu des effets de style obsolètes et des maladresses pour autant attachantes (notamment auprès du jeu approximatif de certains seconds-rôles ou figurants), Dobermann dégage un charme bisseux aussi fascinant que jouissif pour qui parvient à tolérer spectacle aussi décérébré dénué de logique, de raison, de points de vue. 

Jan Kounen se vautrant à corps perdu dans la trivialité, tel un marmot dégénéré, auprès d'un déchaînement de violence hystérisée aussi libérateur et décomplexé qu'inquiétant, pour ne pas dire irréfléchi. Par conséquent, pour apprécier cette bande dessinée constamment irrévérencieuse, scato et impétueuse il vaut mieux laisser son cerveau au vestiaire pour s'adonner à cette débauche criminelle où flics et voyous s'affrontent sans répit dans un bain de sang aussi démonial que débridé. Certaines fusillades dantesques (le carnage dans la boite de nuit) et courses-poursuites automobiles demeurant extrêmement épiques auprès de sa réalisation primitive n'épargnant aucun antagoniste pour notre plaisir voyeuriste ranimant nos bas instincts de fantasmes inavoués. A revoir donc impérativement au second degré pour s'esbaudir de ce grand (fist) fuck(ing) sur pellicule se tortillant les nerfs dans une idéologie immorale aussi douteuse que sarcastique. 

Pour public averti évidemment.

*Bruno
3èx

Box Office France: 800 000 entrées

La 9è Configuration / The Ninth Configuration / Twinkle, Twinkle, "Killer" Kane

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de William Peter Blatty. 1980. U.S.A. 1h58. Avec Stacy Keach, Scott Wilson, Jason Miller, Ed Flanders, Neville Brand, George DiCenzo, Moses Gunn, Robert Loggia.

Inédit en salles en France: U.S: 29 Février 1980.

FILMOGRAPHIE: William Peter Blatty est un écrivain, scénariste et réalisateur américain d'origine libanaise, né à New York le 7 janvier 1928. On lui doit deux uniques réalisations: la Neuvième configuration (1980) et L'Exorciste, la suite (1990).

Mea culpa. 

C'est au bout du 3è visionnage que j'ai enfin pu l'apprécier à sa juste valeur. 

Et pourtant, je ne sais toujours pas quoi vraiment en penser.

Stacy Keach est exceptionnel en psychiatre prévenant parfois contrebalancé de sautes d'humeur d'une terrifiante intensité à travers son regard demeuré. 

Mais derrière son digne discours sur les traumas de la guerre du vietnam et la folie (contagieuse) qu'elle pu générer chez les plus fragiles, je retiens surtout son message spirituel finalement positif si on se réfère à son magnifique épilogue révélateur quand à notre raison existentielle impartie à la nécessité de souffrir et au courage de s'y sacrifier afin de réparer les fêlures morales. 

La narration imprévisible est sciemment éclatée, les ambiances hybrides s'entrechoquent, quelques séquences grotesques se succèdent à travers des tirades qui peuvent parfois lasser (essentiellement durant la 1ère heure). Mais la 9è configuration parvient toutefois à séduire, interpeller, inquiéter, troubler auprès de sa fragilité humaine, sa sensibilité névralgique à nous interroger sur notre dualité du Bien et du Mal au sein d'un monde impitoyable où les plus susceptibles peuvent basculer dans une solitude aliénante. 

On sort donc de la projo à la fois blessé, perplexe, ému et apaisé pour le profil équivoque de ce personnage martyr prouvant par son instinct meurtrier qu'un agneau sommeillait en lui. 

Une oeuvre maudite en somme habitée par une entité mystique nous donnant envie de croire en l'autre.

*Bruno

mercredi 13 mars 2024

La Cité des Enfants perdus

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet. 1995. France/Allemagne/Espagne/Belgique/U.S. 1h52. Avec  Ron Perlman, Daniel Emilfork, Judith Vittet, Dominique Pinon, Jean-Claude Dreyfus, Geneviève Brunet, Odile Mallet, Mireille Mossé, Rufus, Jean-Louis Trintignant, Ticky Holgado, François Hadji-Lazaro, Serge Merlin. 

Sortie salles France: 17 Mai 1995. U.S: 15 Décembre 1995 (Int - 17 ans)

FILMOGRAPHIE: Jean Pierre Jeunet est un réalisateur et scénariste français né le 3 Septembre 1953 à Roanne, Loire. 1978: l'Evasion (court), 1980: Le Manège (animation de marionnettes), 1981: Le Bunker de la dernière rafalle (court 26 mns coréalisé avec Marc Caro), 1984: Pas de repos pour Billy Brakko (court), 1989: Foutaises, 1991: Delicatessen (coréalisé avec Marc Caro), 1995: La Cité des Enfants perdues (coréalisé avec Marc Caro), 1997: Alien, la Résurrection, 2001: Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain, 2004: Un Long Dimanche de Fiançailles, 2009: Micmacs à Tire-larigot. 2013: L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spive. 2022 : Big Bug (Netflix)

Spectacle hallucinant de virtuosité formelle comme on n'en compte sur les doigts d'une main dans le paysage (fréquemment trop imberbe) du cinéma français, la Cité des Enfants perdus est un chef-d'oeuvre du fantastique auteurisant doublé d'une expérience sensorielle capiteuse. Le genre d'écrin indémodable à trôner auprès des référentiels La Belle et la Bête, les Yeux sans visage, les Visiteurs du Soir, la Beauté du Diable, les Doigts du Diable ou encore Orphée. L'un des films Fantastiques les plus génialement décorés qui plus est, à l'instar de Blade Runner, The Crow ou encore Brazil de Terry Gilliam. Si bien qu'à la revoyure, outre sa facture esthétique aqueuse à damner un saint (on reste indubitablement hanté passé le générique de fin), on est stupéfiait par la synergie des genres que le duo alchimiste (euphémisme) Jeunet / Carot juxtapose à la perfection avec une audace inconcevable de nos jours. Or, que l'on ne s'y trompe pas, La Cité des Enfants perdus n'est absolument pas un spectacle "tous publics" comme osa se le permettre inexplicablement sa sortie salles française alors qu'Outre Atlantique il fut interdit aux moins de 17 ans et Outre-manche - 13 ans. Tant la cruauté de certaines séquences faisant intervenir des enfants terrorisés aux larmes a de quoi franchement heurter de par son réalisme horrifiant (il faut le revoir pour le croire si bien qu'on en omet l'outil cinématographique). 

Nos cinéastes, en pleines possession de leurs moyens démesurés, nous brodant un conte cauchemardesque d'une sidérante fulgurance formelle (j'insiste encore), technique et narrative au point qu'il est impossible d'ingurgiter et digérer cette aventure indicible au bout d'un seul et unique visionnage. L'ambiance irréelle à la fois candide, féérique, malsaine, dérangeante, asphyxiante, déstabilisante nous hypnotisant les sens tant les idées les plus ubuesques et folingues fusionnent sans répit sous l'impulsion de personnages lunaires surgis d'une 4è Dimension en connectivité avec les rêves. Thématique majeure du récit métaphorique (irracontable !), véritable déclaration d'amour à la chimère, à ce besoin irrépressible de pouvoir rêver afin de s'évader et rester en vie, doublé d'un hymne au Fantastique que les auteurs impriment de leur talent inusité avec audace souvent saugrenue. D'où l'étrange sensation, autant que fascinant sentiment d'avoir participé à une expérience émotionnelle assez rigoureuse pour dépasser le cadre illusoire du cinéma avec une intensité transie d'émoi. Si bien qu'à travers ce maelstrom d'images aussi ubuesques que dantesques (où s'entrecroisent par ailleurs Tod Browning, Cocteau, Prévert, Gilliam, Lynch), on reste hanté, martelé, commotionné par cette dépaysante odyssée fantasmagorique dépassant les limites de l'imagination la plus insolente. 


Dinguerie à part entière dont il est impossible de sortir indemne.
A revoir de toute urgence donc, notamment pour se rendre compte à quel point certains métrages inqualifiables parviennent à transcender les modes et les épreuves du temps pour se bonifier avec une dignité candide aussi trouble que poignante. 

*Bruno
2èx

Récompenses:

César 1996 : César des meilleurs décors pour Jean Rabasse.

Éditeurs de sons de films 1996 :

Prix de la bobine d'or du meilleur montage sonore dans un film en langue étrangère pour Vincent Arnardi, Pierre Excoffier et Laurent Kossayan.

Prix 20/20 (20/20 Awards) 2016 :

Felix du meilleur film en langue étrangère

Felix de la meilleure photographie pour Darius Khondji,

Felix des meilleurs costumes pour Jean-Paul Gaultier.