Sortie en salles en France le 4 Mars 1964. U.S: 18 Septembre 1963.
FILMOGRAPHIE: Robert Wise est un réalisateur, scénariste, producteur, monteur né le 10 Septembre 1914, décédé le 14 Septembre 2005 à Winchester (Indiana). 1944: La Malédiction des Hommes Chats, 1945: Le Récupérateur de cadavres, 1948: Ciel Rouge. Né pour Tuer. 1949: Nous avons gagné ce soir. 1952: La Ville Captive. 1952: Le Jour où la terre s'arrêta. 1954: Les Rats du Désert. 1957: Marqué par la Haine. 1958: l'Odyssée du sous-marin Nerka. 1962: West Side Story. 1963: La Maison du Diable. 1966: La Mélodie du Bonheur. 1967: La Canonnière du Yang-Tsé. 1972: Le Mystère Andromède. 1975: L'Odyssée du Hindenburg. 1977: Audrey Rose. 1980: Star Trek. 1989: Les Toits. 2000: Une Tempête en été (télé-film)
Le pitch : un professeur en parapsychologie réunit trois auxiliaires autour d’un cas de maison hantée dans la célèbre Hill House. Eleanor, la plus fragile, semble à la fois attirée et terrifiée par la présence diffuse qui hante la demeure. Peu à peu, sa vie bascule dans la paranoïa et la névrose, submergée par le deuil récent de sa mère et par cette bâtisse aux charmes ténébreux qui exerce sur elle une emprise occulte.
Modèle de suggestion d’une richesse vertigineuse, La Maison du Diable est une expérience ultime de la peur subtile, insidieuse, celle du désagrément. Robert Wise y trace avec une émotion feutrée le portrait introspectif d’une femme esseulée, accablée par une existence marquée du sceau de la déréliction. Incapable de supporter sa cohabitation avec une sœur autoritaire, Eleanor vit rongée par la culpabilité du décès de sa mère impotente. Un soir, alors que celle-ci l’implorait de lui apporter ses médicaments, Eleanor, épuisée ou distraite, omet de répondre à l’appel.
En conteur circonspect, Wise ausculte les tourments mentaux d’une célibataire aguerrie, hypersensible aux mesquineries d’une compagne de chambre qui la provoque, miroir cruel de sa paranoïa naissante. Dans cet environnement trop vaste, baroque et menaçant (l’immense escalier en colimaçon, le jardin de statues figées), Eleanor perçoit une aura maléfique qui la consume. Les premiers phénomènes inexpliqués — un tambourinement assourdissant derrière une porte, des voix enfantines ou caverneuses, des bruits de pas, une porte respirante — viennent aggraver la terreur. Est-ce la maison qui agit ? Ou l’esprit d’Eleanor qui implose ? La mise en scène nerveuse, les cadrages alambiqués, l’hystérie contenue des témoins : tout nous plonge dans une angoisse troublante, où la psychose devient soupçon, et l’architecture même du lieu une incarnation de la peur intérieure.
La force du film émerge du psychisme vulnérable d’Eleanor, témoin d’évènements peut-être paranormaux, ou simple victime de son propre effondrement. La maison pourrait n’être que le catalyseur fantasmatique des angoisses réprimées par les esprits les plus introvertis, les plus brisés. Quand l’autonomie échoue, que l’ego se dissout, que le passé revient hanter — la peur du noir, de la mort, de l’inconnu — il ne reste qu’un gouffre béant. Celui d’une culpabilité inguérissable, née d’une mère mourante que l’on n’a pas su sauver.
"Le Vertige du doute".
Sommet d’angoisse latente, de tension diffuse et de mystère insondable, La Maison du Diable s’impose comme la clef de voûte du gothique psychologique. À travers la hantise d’un manoir sublimement éclairé de contrastes monochromes, Robert Wise transcende la psychanalyse d’une patiente déchue, emportée — malgré elle ou avec un consentement trouble — par une délivrance morbide pour échapper à une solitude invivable. Le doute plane, toujours : hallucination ou réalité ? La maison respire-t-elle ? Ou est-ce Eleanor qui se désintègre ? Le film joue avec brio sur cette ambiguïté, distille une suggestion vénéneuse, jusqu’à devenir une énigme impénétrable, hantée par une entité peut-être fictive, peut-être malveillante. Pour parachever l’expérience, la force expressive du quatuor d’interprètes (à graver dans le marbre) porte le récit à incandescence. Depuis, aucun cinéaste n’a su dépasser ce chef-d’œuvre incorruptible — et c’est un euphémisme.
* Bruno
24.08.18. 5èx
27.09.11. 337 vues
7 commentaires:
RépondreSupprimerlirandel28 septembre 2011 à 00:00
Très bonne critique du film , encore que le besoin de Freud ne sois pas nécessaire pour appréhender cette histoire.
la seule histoire d' Eleanore est suffisante à elle même
et le réalisateur nous fait la démonstration hypnotique
d'un parcours en accentuant des contours très inconscients il est vrai.
Il est possible de voir ce film sans faire allégeance à Sigmund. il faut se rassurer de temps en temps.
Merci de mettre Robert Wise au gout du jour mon cher Bruno.
j'ai vu beaucoup de ces films , mais dont j'attends la plupart d'entre eux en raie bleue..
Ce film est une perle d'élaboration cinématographique
non seulement dans les plans , mais dans la direction d'acteurs…
la scène de l'escalier en colimaçon est tout juste extraordinaire.
Ce type connaissais le montage et cela ce voit d'entrée
dans sa conception initiale.
Inutile de nier plus loin l'influence exercée par ce film pour l'élaboration d'Amytiville ….un monument.
J'ai l'odyssée du sous marin Nerka sous les yeux , dont il me tarde de regarder.
Un incontournable dont tu as cité l'essence justement .
" Ces séquences percutantes sont admirablement rendues par un montage nerveux plutipliant les angles de vue alambiqué et s'accaparant d'un climat oppressant scandé par le témoignage terrifié de nos protagonistes déconcertés."
avec dr jekyll et Mr Hyde 1941 avec Spencer Tracy , il s'agit là d'un film d'épouvante au premier degré dont il est très rare de trouver des acteurs
si investis...
Très étrange , et dont on aimerai écouter des bonus qui n'existe pas .
MOTEURRRRRR......
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Bruno Matéï (Dussart)28 septembre 2011 à 08:38
Merci Lirandel. J'ai oblitéré le terme freudien.
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Anonyme28 septembre 2011 à 15:25
Wise est un immense cinéaste. Il avait cette qualité rare de faire des grands films avec des scripts qui, entre deux yeux moins experts, n'auraient pas donné le même résultat. La force du montage qui fut la première arme de Wise (Cirizen Kane, The Magnificent Ambersons) se mesure dans chaque séquence. "The Haunting" est une véritable réussite du genre sur tous les plans. Le mélange des acteurs très cadrés dans leurs personnalités respectives fonctionne admirablement et la photo de Boulton sait susciter le doute et l'angoisse.
Le futur "La Maison des Damnés" de John Hough d'après un scénario et un roman de Matheson doit beaucoup à ce film, je pense. Il faut oublier le titre français qui est totalement idiot. Tout est dit avec "The Haunting".
Tout les stylistes aiment Robert Wise (Scorsese, De Palma, Spielberg). Son nom lui allait plutôt bien ! Il fut un maître discret. La suite de "Cat People", The Body Snatcher, The Day the Earth Stood Still, Odds Against Tomorrow, Somebody up there likes me, West Side Story, sans oublier son chef-d'oeuvre : The Set-Up. Peut-être le plus grand des films noirs. ... Du coup, on lui pardonne "The Sound of Music" et quelques autres productions ! Tant de films importants et si peu de reconnaissance pour ce cinéaste first class. Merci Bruno pour cet hommage bien mérité.
En 99, Jan De Bont réalisa un remake "Hantise", flingué par la critique. Très inférieur à l'original, il est pourtant plaisant et peut se regarder à la suite du film de Wise, ne serait-ce que pour s'amuser au jeu des analogies.
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merci
RépondreSupprimerde rien ^^
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