mardi 31 août 2021

L'Oeil du Tueur

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"White of the Eye" de Donald Cammell. 1987. Angleterre. 1h52. Avec David Keith, Cathy Moriarty, Alan Rosenberg, Art Evans, Michael Greene, Danielle Smith

Sortie salles France: 9 Mai 1987 (marché du film de Cannes). Angleterre: 19 Juin 1987

FILMOGRAPHIE: Donald Cammell est un réalisateur, scénariste et acteur anglais né le 17 Janvier 1934 in Edinburgh, Scotland, UK, décédé 24 Avril 1996 à Hollywood, California, USA. 1999: The Argument (Short). 1999 U2: The Best of 1980-1990 (Video documentary) (video "Pride"). 1995 Wild Side (as Franklin Brauner). 1993 U2: Love Is Blindness (Video short). 1987 L'oeil du tueur. 1985 The Hooters: All You Zombies (Video short). 1984 U2: Unforgettable Fire (Documentary short) (video "Pride"). 1984 U2: Pride (In the Name of Love), Version 1 (Video short). 1977 Génération Proteus. 1970 Performance. 


"L'amour est un séducteur qui vous caresse, vous charme, vous aveugle en faisant briller à vos yeux une promesse de bonheur, et qui tout à coup vous perce le cœur et laisse le poignard dans la blessure, pour que la rouille du souvenir l'envenime et vous fasse périr d'une mort lente."
Exploité chez nous en Vhs sous la bannière de Warner Home Video, l'Oeil du Tueur est l'archétype idoine du prototype maudit de par son invisibilité et sa faible reconnaissance. Et ce bien qu'il me semble qu'à l'époque Mad Movies l'eut défendu dans sa rubrique video (à moins de vérifier dans les pages de son confrère l'Ecran Fantastique). Ayant eu l'opportunité de le louer à l'époque de mon adolescence, il me resta en mémoire surtout pour son ambiance hors-pair et ses séquences chocs (dont celle hallucinée où la victime est contrainte de se regarder agoniser face à un miroir !!!) en dépit de mes vagues réminiscences. Je me souviens également que l'animatrice Sangria en fit chaudement la promotion à travers son émission culte "Les Accords du Diables" en reprenant louablement son préambule meurtrier clippesque. Ainsi, à la revoyure ce soir, quelle ne fut pas ma stupeur de me confronter à un véritable "coup de coeur" si bien que ce psycho-killer omis de tous ne ressemble à rien de connu. On peut même d'ailleurs évoquer le terme "culte" tant le réalisateur british (créateur entre autre du fameux Generation Proteus !); s'efforce de rendre hétérodoxe son thriller horrifique à travers une réalisation à la fois alambiquée, autonome et stylisée. Car expérimental, bizzaroïde, envoûtant, créatif, équivoque et inquiétant, l'Oeil du Tueur s'extirpe de la convenance de son intrigue linéaire en privilégiant une atmosphère indicible littéralement magnétique. Et ce sous l'impulsion d'un score musical parfois planant esquissant une poignée de personnages contrariés confrontés à l'adultère. Ce qui m'a d'ailleurs évoqué à plusieurs reprises le 6è Sens de Michael Mann, tant pour son ambiance onirico-morbide, son thème sur la famille et l'amour du couple que pour sa photo esthétisante extrêmement chiadée si bien que selon une certaine source du net que j'ai pu entrevoir, la réalisateur aurait été autrefois peintre. 


Le récit somme toute simpliste décrivant avec force visuelle et détails ésotériques les exactions d'un mystérieux assassin s'en prenant à de jeunes femmes esseulées au sein de leur foyer en Arizona. La cadre naturel montagneux étant parfaitement exploité autour de villas huppées à l'architecture contemporaine. Donald Cammell usant et abusant de zooms agressifs, plans tarabiscotés et longs travellings afin d'enrichir sa mise en forme constamment inventive, de manière à rester sur le qui-vive de la future séquence impromptue à venir. On peut d'ailleurs penser au cinéma d'Argento bien que l'Oeil du Tueur parvient aisément à se dégager de l'ombre de l'épigone à travers sa personnalité de proposer au spectateur une sorte de voyage au bout de l'enfer mystique que l'on ne voit pas arriver. C'est d'ailleurs ce que nous confirme l'intrusion soudaine de sa seconde partie lorsque l'identité de l'assassin est subitement révélée (en me suscitant un profond malaise même si inévitablement on peut anticiper son véritable profil). Tant et si bien que l'aspect autrement jouissif du film marginal émane de son imprévisibilité à émailler le récit de séquences incongrues aussi stupéfiantes que déconcertantes. Comme le prouve à nouveau son final explosif confiné au coeur d'une carrière auquel les personnages lunaires révéleront un peu plus leur fêlure morale à travers leur frustration amoureuse et sexuelle. Et si l'Oeil du Tueur s'avère aussi captivant qu'étonnamment cosmique il le doit aussi largement à la qualité indiscutable de sa distribution (David Keith / Cathy Moriarty - sosie blonde de Karole Rocher - en tête !) communément impliquée dans leur fonction victimisée et/ou revancharde. Sur ce point essentiel les comédiens font le job sans jamais déborder si bien que l'on s'attache pleinement à eux, même auprès des plus névrosés, pour ne pas dire des plus psychotiques. Le cinéaste suscitant une réelle empathie auprès du thème du dépit sentimental tributaire d'un amour aveugle.


Bref, à travers son format de série B étonnamment maîtrisée (alors que le réal très discret est surtout connu d'avoir enfanté Generation Proteus !), l'Oeil du Tueur bouleverse les codes du psycho-killer avec autant d'intelligence que d'audaces en nous confrontant à une étrange confrontation cérébrale entre victime(s) et tueur (je ne peux pas en dire plus au risque d'ébruiter trop d'indices). Le tout baignant dans un esthétisme onirique franchement singulier de par la diversité harmonieuse des couleurs où rien n'est laissé au hasard du cadre (naturel ou domestique). A découvrir d'urgence alors qu'une multitude d'images iconiques et de visage marqués vous resteront imprimés dans l'encéphale.  

*Eric Binford
2èx 

vendredi 27 août 2021

Sweet Sixteen

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jim Sotos. 1983. U.S.A. 1h28. Avec Bo Hopkins, Susan Strasberg, Don Stroud, Dana Kimmel, Aleisa Shirley, Glenn Withrow

Sortie salles U.S: 16 Septembre 1983. Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: Jim Sotos est un réalisateur et producteur américain. 2011: Darla Z Live from Las Vegas (TV Special). 1991 Little Scams on Golf (Video short). 1989 L'Héritier de Beverly Hills. 1984 Hot Moves. 1983 Sweet Sixteen. 1976 Viol sans issue. 1976 The Super Weapon (Documentary) (co-director). 


En pleine vague du psycho-killer, l'inconnu Jim Sotos exploite le filon en 1983 avec Sweet Sixteen  scandé d'une resplendissante affiche promotionnelle ! Un thriller horrifique donc, aussi méconnu que peu renommé, eu égard de son intrigue linéaire mollement dépeinte, et ce en dépit de son attachant casting de seconde zone (Bo Hopkins, Susan Strasberg, Don Stroud, Dana Kimmel) que Jim Sotos dirige hélas maladroitement (même si on a connu bien pire auprès de séries Z standards). A l'instar du jeu tacitement complexé de l'illustre Patrick Macnee peu à l'aise dans celui du père gentiment autoritaire auprès des mâles en rut osant courtiser sa fille mythomane. Aleisa Shirley endossant sans trop d'ambiguïté (en dépit de son goût pour le baratin afin d'attirer l'attention de l'entourage machiste) le rôle de Melissa avec une sensualité résolument érotisante. Il faut dire que l'actrice juvénile dégage un charme naturel spécialement concupiscent dans son petit corps fluet aussi torride que décomplexé (d'où le présence de plusieurs scènes de nu que le spectateur reluque sans se culpabiliser d'un certain voyeurisme). Bref, sa ténébreuse présence charnelle, ses petits yeux lestement aguicheurs portent parfois leurs fruits à travers certaines séquences d'intimité esseulée ou amoureuse que l'on observe avec modeste fascination. 


D'autre part, Sweet Sixteen dégage parfois un certain charme à travers son ambiance horrifique feutrée (notamment auprès des séquences de nuit se déroulant dans la nature forestière) et auprès de son microcosme rural auquel une poignée de citadins y résident dans la bonne humeur, l'entraide et la cordialité de par leur commune nativité régionale. Or, le gros problème de cette série B jamais habile réside dans la structure approximative d'une intrigue guère passionnante en dépit de quelques éclairs de violence. Des meurtres filmées en mode "Psychose" lorsque l'assassin décime ses victimes d'un point de vue subjectif. L'enquête mollement dirigée par le shérif du coin (l'attachant Bo Hopkins fait ce qu'il peut à travers ses mimiques avenantes ou autrement castratrices) demeurant peu convaincante quant aux maigres indices instillés parmi l'assistanat de ses propres enfants jouant aux détectives en herbe. Quand bien même pour y semer doute et suspicion auprès du cadre criminel (un ancien cimetière indien), on utilise le cliché du racisme lorsque les ivrognes du coin (Don Stroud est à sa place en grande gueule triviale) stigmatise la communauté indienne auprès d'un père et de son fils qui n'avaient rien demandé. 


En dépit de la bonne volonté du réalisateur à tenter de façonner un honnête psycho-killer, Sweet Sixteen est quelque peu plombé par la langueur de son intrigué guère captivante en dépit de ces aimables trognes qui se succèdent au cours de l'action et d'un final gentiment surprenant pour autant alourdi d'un ultime rebondissement éculé. On se réconforte tout de même sur son ambiance horrifique parfois magnétique et sur le charme envoutant de l'actrice Aleisa Shirley (bien que mal dessiné quant à sa caractérisation morale prémâchée) en y retenant avec amère mélancolie (de ce qu'aurait pu être le film s'il avait pu bénéficier d'une structure narrative plus solide !) l'entêtante chanson "Melissa" interprétée par Frank Sparks
Fréquentable toutefois pour les afficionados cléments...

Remerciement à Contrebande Vhs.

*Eric Binford

jeudi 26 août 2021

L'Eté de la Peur

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com


"Stranger in Our House" de Wes Craven. 1978. U.S.A. 1h30. Avec Linda Blair, Lee Purcell, Jeremy Slate, Jeff McCracken, Jeff East, Carol Lawrence, Macdonald Carey.

Diffusion TV US: 31 Octobre 1978. Sortie salles France: 31 Décembre 1980

FILMOGRAPHIE: Wesley Earl "Wes" Craven est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur et monteur né le 2 Aout 1939 à Cleveland dans l'Ohio. 1972: La Dernière maison sur la gauche, 1977: La Colline a des yeux, 1978: The Evolution of Snuff (documentaire), 1981: La Ferme de la Terreur, 1982: La Créature du marais, 1984: Les Griffes de la nuit, 1985: La Colline a des yeux 2, 1986: l'Amie mortelle, 1988: l'Emprise des Ténèbres, 1989: Schocker, 1991: Le Sous-sol de la peur, 1994: Freddy sort de la nuit, 1995: Un Vampire à brooklyn, 1996: Scream, 1997: Scream 2, 1999: la Musique de mon coeur, 2000: Scream 3, 2005: Cursed, 2005: Red eye, 2006: Paris, je t'aime (segment), 2010: My soul to take, 2011: Scream 4.


Télé-film diffusé dans certaines salles françaises et américaines grâce à son succès sur les chaines NBC et CBS (si bien que j'ai eu l'aubaine de le découvrir dans un cinéma de quartier en Ardèche à l'aube de mon adolescence), L'Eté de la peur porte la signature du maître Wes Craven exploitant le filon de la sorcellerie avec une efficacité somme toute relative. Car nanar (ou navet) pour les uns, plaisir innocent pour d'autres, l'Eté de la peur se situe entre ses deux contradictions selon mon jugement de valeur. Wes Craven usant de facilités parfois trop triviales pour emporter l'adhésion à nous convaincre de l'hostilité de cette jeune cousine que la famille Bryant accueille à bras ouverts après que ses parents se soient tués lors d'un mystérieux accident de voiture. Dès lors, une inimitié va rapidement s'installer entre les cousines Julia et Rachel que Linda Blair endosse avec une expressivité aussi attachante que naïve. Cette dernière découvrant beaucoup trop facilement les preuves et indices que Julia dissémine distraitement dans les chambres du cocon familial, sans compter ses crises colériques ou éplorées un brin surjouées lors des moments les plus dramatiques. Quand bien même on peut également sourire de l'artifice grossier comme quoi une sorcière ne puisse apparaître sur un cliché après y avoir été photographiée, faute de son identité maléfique. La résultante de ce rebondissement prévisible provoquant un non effet de surprise par son absence de crédibilité, voir par le produit de son humour involontaire. 


Pour autant, et assez curieusement, l'Eté de la peur se suit sans trop d'ennui grâce aux caractères assez attachants des personnages inscrits dans l'unité familiale, à son cadre bucolique solaire que l'on aimerait fréquenter et à quelques séquences-chocs assez réussies. A l'instar de l'agression sauvage du cheval contre Julia recluse au bout du compte dans une voiture pour s'y protéger. Son intensité dramatique demeurant réaliste sous l'impulsion d'un habile montage assez dynamique. On peut à nouveau souligner une autre séquence autrement grave lorsque Rachel trébuchera de son cheval rendu erratique à la suite d'une course hippique. Enfin, son final inopinément spectaculaire s'alloue d'un parti-pris grand-guignol plutôt réjouissant lorsque Julia, les yeux azur fluos soudainement métamorphosés; déploie ses talents destructeurs contre Rachel à travers la chambre, la cuisine et la cave. Et ce avant d'amorcer une course-poursuite en voiture impeccablement menée pour tenter de sauver la mère de Rachel sillonnant une route nationale. On peut également souligner la présence assez crédible de Lee Purcell endossant la sorcière juvénile avec un charme insidieux sensiblement trouble et inquiétant. Ses crêpages de chignon compromis avec Rachel demeurant gentiment amusants et ludiques à travers leur permanent conflit d'autorité à couteau tiré. 


En dépit d'une intrigue prévisible ultra simpliste parfois rehaussée d'une touche provocatrice (le thème de l'inceste) et de scènes chocs susnommées, l'Eté de la Peur joue la carte de la série B télévisuelle avec une efficacité bonnard. Les interprétations enjouées de Linda Blair et de Lee Purcell permettant au fil du récit d'entretenir un certain magnétisme moral à travers leur confrontation pugnace faisant intervenir l'occulte de la sorcellerie.

Eric Binford
31.07.17
26.08.21. 4èx

mercredi 25 août 2021

The Brother from another planet

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site 

de John Sayles. 1984. U.S.A. 1h48. Avec Joe Morton, Daryl Edwards, Steve James, Leonard Jackson, Bill Cobbs, Maggie Renzi

Sortie salles France: 7 Septembre 1984

FILMOGRAPHIE: John Sayles est un réalisateur américain de films indépendants, né le 28 septembre 1950 à Schenectady, New York (États-Unis). Il est également scénariste, acteur, monteur et producteur. 1980 : Return of the Secaucus. 1983 : Lianna. 1983 : Baby It's You. 1984 : The Brother from Another Planet. 1987 : Matewan. 1988 : Les Coulisses de l'exploit. 1991 : City of Hope. 1992 : Passion Fish. 1994 : Le Secret de Roan Inish. 1996 : Lone Star. 1997 : Men with Guns. 1999 : Limbo. 2002 : Sunshine State. 2003 : Casa de los babys. 2004 : Silver City. 2007 : Honeydripper. 2010 : Amigo. 

Ofni oublié de tous si bien qu'il fait office d'arlésienne juste avant qu'il ne soit (très discrètement) édité chez nous en Dvd dans la collection "exploitation cinema", The Brother from another Planet est une oeuvre indépendante aussi intéressante qu'équivoque. Dans le mesure où dénué d'intrigue, ce témoignage sociétal sur la communauté noire du point de vue des minorités nous dépeint les déambulations d'un extra-terrestre de couleur noir (avec des pieds aux ongles crochus !) tentant de se sociabiliser auprès des exclus, des marginaux et des tauliers dans la ville de Harlem. Porté à bout de bras par le jeu inné de Joe Morton criant de vérité infantile par ses expressions infiniment candides, The Brother from another planet se suit comme un documentaire timidement cocasse, bizarroïde (les mens in black tentant de le rapatrier sur leur planète !) et surtout singulier. Tant et si bien que l'on se demande quel est le véritable message du film à travers ce portrait fantaisiste d'un E.T black parvenant peu à peu à s'acclimater à notre société contemporaine en dépit de la corruption, de la délinquance, de la prostitution et de la drogue qui empiètent son cheminement moral et initiatique. Oeuvre culte ne ressemblant à nul autre métrage, The Brother from another planet a au moins le mérite de proposer au spectateur un divertissement mineur jamais conçu pour nous caresser et plaire au plus grand nombre mais plutôt pensé pour nous concocter une expérience humaine introspective par son vérisme documenté. A découvrir à condition d'y être bien préparé et de le visionner en VOSTF...


*Eric Binford

mardi 24 août 2021

Le Voyage Fantastique de Sinbad

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"The Golden Voyage of Sinbad" de Gordon Hessler. 1973. U.S.A/Angleterre. 1h45. Avec John Phillip Law, Caroline Munro, Tom Baker, Douglas Wilmer, Martin Shaw, Grégoire Aslan. 

Sortie salles France: 25 Juin 1975. U.S: 5 Avril 1974. Angleterre: 20 Décembre 1973

FILMOGRAPHIE: Gordon Hessler est un réalisateur américain d'origine allemande né le 12 décembre 1930 à Berlin et mort le 19 janvier 2014 à Londres. 1965 : Catacombs. 1969 : The Last Shot You Hear. 1969 : Le Cercueil vivant. 1969 : De Sade. 1970 : Lâchez les monstres. 1970 : Les Crocs de Satan (en). 1971 : Murders in the Rue Morgue. 1972 : Du rififi à l'ambassade. 1973 : Medusa. 1973 : Scream, Pretty Peggy (en) (TV). 1974 : Panique dans le téléphérique (TV). 1974 : Hitchhike! (TV). 1974 : A Cry in the Wilderness (TV). 1974 : Le Voyage fantastique de Sinbad. 1974 : Betrayal (TV). 1976 : Atraco en la jungla. 1977 : The Strange Possession of Mrs. Oliver (TV). 1978 : Puzzle (TV). 1978 : Secrets of Three Hungry Wives (TV). 1978 : KISS Meets the Phantom of the Park (TV). 1979 : Tales of the Unexpected (TV). 1979 : Little Women (série TV). 1980 : The Secret War of Jackie's Girls (TV). 1981 : Evil Stalks This House (TV). 1984 : Escape from El Diablo. 1985 : Prière pour un tueur. 1987 : Rage of Honor. 1987 : The Misfit Brigade. 1988 : The Girl in a Swing. 1989 : Out on Bail. 1992 : Kabuto. 


2è opus de la trilogie Sinbad, le Voyage Fantastique de Sinbad demeure un bon spectacle d'aventures mythologiques grâce aux sensationnelles créatures de Ray Harryhausen efficacement exploitées durant tout le récit. Et ce même si certains effets cheap ternissent parfois le réalisme des confrontations hostiles entre monstres et humains, faute d'un montage pas toujours adroit et d'une volonté maladroite de moderniser son contexte exotique au travers de grossiers décors parfois mal assortis (notamment ses couleurs criardes trop fluos dans la grotte). On aurait par ailleurs opté pour une intrigue plus riche et substantielle à travers la simplicité du jeu de piste que s'opposent Sinbad et le sorcier Koura afin de rassembler trois amulettes pour acquérir pouvoir et richesse. Mais ne faisons pas toutefois la fine bouche puisque les monstres hétéroclites qui se mêlent au récit sont efficacement exploités en intermittence avec un pouvoir de fascination toujours aussi attractif ! Rien que pour leurs présences à la fois féeriques et cauchemardesques, le Voyage Fantastique de Sinbad vaut assurément le détour de par son acuité visuelle somme toute artisanale. Avec une préférence pour la toute première créature qui apparait dès le prologue, et fort louablement à d'autres moments fructueux du récit, le fameux "homunculus".


Petit monstre humain ailé affublé d'une queue de lézard et d'une tête démoniale où l'on reste bluffé par sa fluidité corporelle ! Niveau cast, on ne se plaindra pas de la conviction naturelle de John Phillip Law se fondant dans le corps du héros vaillant avec une loyauté honorable. Notamment de par sa noble valeur d'y respecter l'esclave féminine qu'endosse avec un érotisme timoré l'inoubliable Caroline Munroe. Un personnage secondaire gentiment charmant car souvent inexpressif dans sa fonction subsidiaire de faire-valoir peu encline à imposer ses opinions en dépit de la sagesse d'esprit de Sinbad. Des rapports hélas mal développés ou tout du moins pas assez aboutis afin de s'attacher à leur liaison timidement sentimentale. Quant au rôle du méchant, Tom Baker demeure assez confiant, déterminé et délétère à arborer ses pouvoirs à ses rivaux à l'aide de sortilèges génialement inventifs (icones de la mythologie Hindoue) sous la supervision du prodige Ray Harryhausen. Avec une préférence pour la séquence finale binaire faisant intervenir un cyclope hybride mi-homme, mi-cheval, lors de la 1ère attaque contre l'esclave Margiana portée en sacrifice, quand bien même une seconde créature interviendra (furtivement) lors d'une nouvelle altercation que Sinbad s'empressera cette fois-ci de repousser à l'épée.


Relativement ludique sans jamais atteindre le niveau de ses précédents classiques (Jason et les Argonautes, le 7è Voyage de Sinbad, Jack, le tueur de géants), Le Voyage Fantastique de Sinbad parvient toutefois fréquemment à fasciner (et donc à retenir l'attention) grâce au bestiaire animalier confectionné avec toujours autant d'amour et de souci du détail par Ray Harryhausen

*Eric Binford
4èx

lundi 23 août 2021

11:14

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Greg Marcks. 2003. U.S.A. 1h26. Avec Henry Thomas, Barbara Hershey, Clark Gregg, Shawn Hatosy, Hilary Swank, Patrick Swayze, Rachael Leigh Cook, Stark Sands, Colin Hanks, Ben Foster.

Sortie salles France: 1er Décembre 2004 (Int - 12 ans)

FILMOGRAPHIE: Greg Marcks est un acteur, scénariste et réalisateur américain né le 12 Août 1976 à Concord, Massachusetts, USA. 2009: Conspiration. 2003: Onze heures quatorze.

Avant-propos (wikipedia): Le terme mindfuck est un mot d'argot en langue anglaise pouvant à la fois signifier, en tant que verbe, « induire quelqu'un en erreur », ou, en tant que nom commun, désigner quelque chose de déroutant, qui suscite la confusion

Excellent film choral scindé en 5 parties de façon déchronologique, 11:14 débute par la virée nocturne de Jack à bord de sa voiture alors qu'un cadavre s'écrase soudainement sur son pare-brise après avoir été éjecté du haut d'un pont. Mais de manière inexpliquée, il décide de se débarrasser du corps en le planquant dans son coffre. Or, la police à proximité des lieux l'arrête pour un contrôle de routine. Ainsi, 11:14 nous fera partager 1h20 durant le point de vue de divers personnages noctambules après que cet évènement dramatique s'y soit improvisé de façon intempestive. Si bien qu'à l'instar d'un Tarantino  réputé pour sa méchanceté corrosive, l'intrigue ne cesse de surprendre à travers ses faux semblants après nous avoir interrogé sur les tenants et aboutissants des personnages équivoques. Greg Marcks nous dressant une galerie de personnages inconséquents dans leur démarche criminelle ou délinquante qu'ils provoquent de manière irréfléchie pour le compte de Cheri. 

Jeune aguicheuse du quartier que l'on abordera sous des angles plus limpides au fil des sketchs caustiques s'enchainant lors d'un concours de circonstances infortunées. 11:14 épousant la carte du divertissement sardonique au gré d'une dramaturgie autrement plombante dans l'art et la manière de susciter l'empathie pour l'héroïne frontalement culbutée par un van. Une intensité dramatique fructueuse instaurant une plus-value à l'ensemble auprès de la caractérisation psychologique des nombreux coupables. Ceux-ci, déloyaux, pleutres, sournois ou revanchards tentant de s'extirper de leur situation catastrophiste en ne comptant que sur leur indépendance chargée en risques de préjudices. Les évènements abrupts et insolents se déroulant entre 10h54 et 11h14 en reconsidérant à chaque fois l'action entrevue du point de vue d'un autre personnage que le cinéaste aborde sous un angle plus explicatif quant à ses véritables motivations destinées à contenter Cheri. Quand bien même le père de celle-ci (incarné avec sobriété par Patrick Swayze) se la jouera débonnaire en se chargeant de se débarrasser d'un autre cadavre pour la protéger. 


C'est toujours au mauvais moment... Que ça dérape...
Avec son épatant casting à la fois disparate et inattendue (Henry Thomas, Barbara Hershey, Clark Gregg, Shawn Hatosy, Hilary Swank, Patrick Swayze s'affrontant communément dans l'appréhension et la contrariété instables), 11:14 ne nous laisse nul répit à travers cette escapade nocturne de tous les dangers où l'équité et la morale mises à mal y seront dédommagées par le Karma. Jouissif par son rythme endiablé semé de quiproquos, malentendus et bévues, 11:14 divertit sans rougir à travers son insolent sarcasme en roue libre que l'intrigue amorce sans effets de manche.

*Eric Binford
2èx

vendredi 20 août 2021

Massacre Hospital

                                            
                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"X Ray / Hospital Massacre" de Boaz Davidson. 1982. U.S.A. 1h29. Avec Barbi Benton, Chip Lucia, Jon Van Ness, John Warner Williams, Den Suries.

Sortie U.S: 16 Juillet 1982

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Boaz Davidson est un réalisateur, scénariste et producteur israélien né le 8 Novembre 1943. 1976: Lupo B'New York. 1978: Juke Box. 1979: La Boum Américaine. 1980: Graine d'Amour. 1981: Le Tombeur, le Frimeur et l'Emmerdeuse. 1981: Massacre Hospital. 1982: The Last American Virgin. 1983: Le Tombeur, le Frimeur et l'Allumeuse. 1986: Alex Holeh Ahavah. 1987: Dutch Treat. 1987: Mon Aventure Africaine. 1988: Salsa. 1988: Lool. 1990: Ochlim Lokshim. 1993: American Cyborg: Steel Warrior. 1994: Le Corps du Délit (télé-film). 1995: Lunarcop. 1997: Looking for Lola.


"Dans cet hôpital, votre prochaine visite pourrait être la dernière en camisole de force !"
Psycho-killer symptomatique des Eighties surfant sur l'unité de lieu d'Halloween 2 et de Terreur à l'Hôpital central, successivement sortis un an au préalable, Massacre Hospital réexploite le concept du huis-clos hospitalier lorsqu'une jeune patiente s'y retrouve piégée parmi l'intrusion d'un dangereux maniaque. Et pour nous suggérer l'identité du présumé coupable, le prologue nous eut signalé que 19 ans plus tôt, Susan alors enfant, repoussa les avances d'un de ses camarades Harold face au témoignage de son petit ami de l'époque. Fou de jalousie, Harold assassina donc celui-ci par pendaison le jour de la saint-valentin ! (une scène-choc un tantinet audacieuse de par la finalité visuelle du meurtre infantile !). Aujourd'hui divorcée et mère d'une fille, elle part se rendre à l'hôpital pour y solliciter ses examens, quand bien même un psychopathe est entrain d'empiler les exactions morbides. Démunie et contrainte de rester cloîtrer dans sa chambre après l'inquiétant résultat de ses analyses, elle tentera par tous les moyens de lui échapper au grand dam de la négligence du corps médical. Ainsi, jouant incessamment avec outrance décomplexée sur le profil des faux suspects et situations d'angoisse en trompe-l'oeil, Boaz Davidson, réalisateur réputé de Teen movies grivois (Juke Box, La Boum Américaine, le Tombeur, le frimeur et l'Emmerdeuse, le Tombeur, le frimeur et l'Allumeuse, c'était lui !), manipule avec dérision le spectateur emporté dans un vortex de situations toutes plus improbables les unes que les autres auprès de clichés détournés en parodie. Tant et si bien que le spectacle borderline, décalé, sciemment grotesque, vaut son pesant de cacahuète lorsque l'héroïne (sublime topless plantureuse aux yeux verts infiniment ensorcelants !) s'efforce de convaincre soignants, médecins et malades qu'un dangereux psychopathe est entrain de décimer un à un les occupants en blouse blanche ! 


Or, l'héroïne a un mal fou à se faire entendre lorsque les médecins décèlent sur ses radios une étrange maladie potentiellement mortelle dont nous ne connaîtrons ni l'origine, ni la dénomination ! Le réalisateur s'éternisant à suspecter les résultats de ses radios d'après les témoignages de médecins aussi dubitatifs que perplexes ! D'où le ressort comique qui en émane ! Quand bien même malades et praticiens se comportement de manière à la fois douteuse et suspicieuse à reluquer sans complexe notre héroïne ultra sexy dévoilant par l'occasion son anatomie lors d'une séquence anthologique d'auscultation ! Ainsi donc, de par son rythme fertile ne laissant que peu de place aux temps morts, Massacre Hospital divertit en diable, entre sourire et rire aux lèvres de par l'extravagance des seconds-rôles génialement cabotins se raillant de la pauvre Susan avec perversité ou jalousie, et du tueur psychopathe déployant une posture emphatique à chacune de ses apparitions outrées (rehaussées d'un souffle haletant derrière son masque chirurgical). Etonnamment réalisé avec un certain professionnalisme, Massacre Hospital n'est nullement la série Z que certains se sont empressés de cataloguer lors de sa discrète exploitation en Vhs (bien que largement défendu dans la revue Mad Movies qui avaient tout pigé à son potentiel parodique). Si bien que l'on est d'autant plus surpris du jeu convaincant des acteurs, aussi ridicules ou délibérément grotesques soient-ils dans leur fonction bêta. Barbi Benton (mannequin, actrice, compositrice, personnalité de la télévision et chanteuse américaine !!!) irradiant l'écran à chacune de ses apparitions affolées en victime démunie suppliant vainement son entourage de lui venir en aide. Une actrice franchement à l'aise dans son rôle de rutilante potiche exploitant à merveille son physique mannequin à travers un naturel aguicheur dénué de provocation. Enfin, sa photo soigneusement saturée se prête élégamment à l'ambiance hospitalière à la fois lugubre et déjantée, qui plus est parfois exacerbé d'un inexplicable climat ouaté lors de corridors enfumés laissant peu à peu transparaître notre tueur irascible incapable de contenir ses pulsions meurtrières. Ce dernier redoublant de maladresse et d'insouciance à planquer ses victimes ensanglantées dans des endroits souvent aléatoires.  


Doctor in Love. 
Fans de psycho-killer pour rire, Massacre Hospital risque donc de vous amuser sans peine à travers son melting-pot de poncifs et persos vrillés sciemment exploités pour les singer en dérision sardonique. Complètement oublié et plutôt mésestimé, cette série B horrifique se permet également de ponctuer son intrigue fantasque de meurtres parfois gores assez bonnards. Et rien que pour la présence torride de Barbi Benton (elle aurait très bien pu postuler pour Looker de Michael Crichton !) le spectacle décérébré en vaut la chandelle ! 

P.S: la version Uncut est un simple rajout de scènes de dialogues.

Eric Binford
20.08.21. 4èx
25.02.15. 127 v

mercredi 18 août 2021

Siège. Prix du Meilleur Scénario, Prix de la Critique au Festival du Rex, Paris, 1984

                                           
                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Self Defense" de Paul Donovan. 1983. Canada. 1h24/1h33 (extented version). Avec Tom Nardini, Brenda Bazinet, Darel Haeny, Jeff Pustil, Terry-David Després, Jack Blum, Keith Knight, Doug Lennox.

Sortie salles France: 8 Août 1984

FILMOGRAPHIE: Paul Donovan est un scénariste, réalisateur et producteur canadien, né le 26 Juin 1954 au Canada. 1981: South Pacific 1942. 1983: Siege. 1985: Def-Con 4. 1988: Norman's Awesome Experience. 1988: The Squamish Fire (télé-film). 1989: l'île des pirates disparus. 1992: Buried on Sunday. 1993: Tomcat: Dangerous Desires. 1994: Paint Cans. 1994: Life with Billy (télé-film). 1997: Lexx (série tv).


Sorti en salles dans l'anonymat et discrètement édité en Vhs malgré ses deux récompenses estampillées sur la jaquette (Prix du Meilleur Scénario, Prix de la Critique au Festival du Rex à Paris), Siege est une bande d'exploitation influencée par un modèle du survival, AssautLe pitchDans un bar gay, alors qu'une bande d'homophobes est entrain d'exécuter froidement cinq clients, l'un d'eux réussit à s'échapper. Parti se réfugier dans l'enceinte d'un appartement, les locataires acceptent de lui porter assistance quand bien même les assassins viennent d'encercler la tour. Une trame d'une grande simplicité régie autour de l'unité de temps et de lieu que Paul Donovan exploite avec la plus grande efficacité. Car nous illustrant avec minutie l'enjeu de survie imparti à une poignée de locataires reclus dans leur appartement, Siege est une série B redoutablement percutante à travers son florilège de stratégies guerrières afin de déjouer la menace. Ou comment de simples quidams vont jouer à cache-cache et se transformer en justiciers perspicaces pour élaborer en secret la fabrication d'armes customisées. Car faute d'une grève de police, ces témoins gênants n'auront donc comme alternatives de compter sur leur propre indépendance et le soutien d'un voisin féru d'artillerie. 


Ainsi, en alternant l'intensité du suspense et celui de l'action ultra violente, Paul Donovan réalise un captivant survival d'autant plus immersif que la bonne volonté des comédiens méconnus nous implique facilement dans leur détermination rebelle à contrecarrer l'intrusion. Avec ces trognes de seconde zone que les amateurs affectionnent (Tom Nardini Cat BallouJeff pustil - Macabre PartyJack Blum - Happy BirthdayKeith Knight - Class 84Doug Lenox - Police Academy), Siege attise la sympathie d'une série B intègre ne sombrant jamais dans la redondance. Les multiplies tentatives des assaillants de pénétrer dans l'appartement étant suffisamment réfléchies et audacieuses pour exploiter chaque recoin du logement. On peut d'ailleurs en dire de même pour la démarche des survivants élaborant avec enthousiasme mais aussi appréhension leurs divers pièges afin de riposter plus habilement. Pour parachever, son ambiance nocturne hostile et le tempo lugubre du score monocorde renforcent le caractère horrifique de la situation de siège, d'autant plus que sa violence abrupte fait parfois froid dans le dos (l'exécution des otages illustrée en prélude, le sort réservé à deux locataires de l'immeuble).


Oublié de tous et banni des écrans TV, Siege fait parti de ses pépites indépendantes desservies par la déveine. Dans son genre marginal et pour le registre du cinéma d'exploitation, il fait pourtant office de vraie réussite, tant auprès de son savoir-faire technique imparti au sens de l'efficacité que par le talent des comédiens issus de l'école Bisseuse. 

Remerciement à Contrebande Vhs pour leur version HD.

*Eric Binford
18.08.21.  4èx
07.14 154 v

Récompenses: Prix du Meilleur Scénario, Prix de la Critique au Festival du film fantastique du Rex à Paris en 1984

L'avis de Mathias Chaput:
A mi chemin entre "Vigilante" et "Assaut" de Carpenter, "Siege" (aussi connu sous le titre "Self defense") est un modèle du polar survival qui tranche dans le lard dès l'entame, sans la moindre fioriture ni le moindre apitoiement...
D'une brutalité et d'une dureté incroyables, le film nous plonge dans un univers anxiogène au possible avec des protagonistes prêts à en découdre coûte que coûte, ponctué par des trouvailles scénaristiques qui lui valurent un prix au festival du film fantastique de Paris, car le postulat est habile et très malin, se démarquant des moults productions antérieures sur des thèmes similaires...
Tourné de nuit à 90 %, "Siège" bénéficie d'une crédibilité solide et ne fait pas dans la dentelle, rendant des passages inoubliables aux yeux des aficionados friands de polars d'action violents, le personnage de Cabe faisant passer les pires salopards du genre pour des enfants de choeur !
Inimical, déstabilisant et angoissant, le film se suit avec intérêt et les comédiens sont en roue libre, s'articulant avec une mise en scène très étudiée et remarquable, sans aucun temps mort et faisant la part belle aux effets chocs et aux situations périlleuses...
Old school (car il connaît, maîtrise et s'approprie les codes érigés par ses prédécesseurs) et moderne en même temps (il apporte une relecture cinglante, bonifiant et revigorant un genre jusqu'ici en perte de vitesse), "Siège" se dote d'un montage ultra serré dynamisant et dynamitant une intrigue qui aurait pu être simpliste voire famélique...
Avec un final glaçant et une application dans les thématiques qu'il aborde comme le courage, la survie, la fuite mais aussi le handicap, "Siège" reste un des archétypes du polar canadien des années 80 et il est sidérant que ce film n'ait jamais pu bénéficier d'un format DVD !
Un modèle du style auquel il s'apparente à visionner impérativement, "Siège" est une vraie bombe, un jeu de massacre parfaitement calibré et un métrage d'une violence hors normes...

Note : 9/10

vendredi 13 août 2021

Videodrome

                                               
                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdclassik.com

de David Cronenberg. 1982. U.S.A. 1h28'52" (uncut version).Avec James Woods, Sonja Smits, Deborah Harry, Peter Dvorsky, Leslie Carlson, Jack Creley, Lynne Gorman, Julie Khaner, Reiner Schwartz, David Bolt, Lally Cadeau.

Sortie Salles France: 16 mai 1984sortie U.S.A: 28 janvier 1983

FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada. 1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage,1979 : Fast Company, 1979 : Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone, 1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants,1991 : Le Festin Nu. 1993 : Mr Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method
 

"Mort à Videodrome, longue vie à la nouvelle chair !"
Un an après l'ébouriffant ScannersDavid Cronenberg jette un pavé dans la mare avec Videodrome, diatribe contre la manipulation des médias à daigner lobotomiser la rétine du spectateur au sein de programmes vulgaires bâtis sur le sexe et la violence. SynopsisUn directeur de chaîne de télévision du canal 83, spécialiste en matière de programmes pornographiques, reçoit par le biais d'un de ses collègues une cassette vidéo intitulée Videodrome. Ce programme extrême à base de tortures et de viols commis sur des êtres humains ne serait non simulé d'après l'ambition d'un utopiste clairement déterminé à symboliser une nouvelle chair. Ce projet révolutionnaire aurait comme principal dessein d'immuniser une Amérique contre l'hostilité de pays étrangers en expansion économique. Attention ovni hallucinogène ! Objet visuel doué de vie organique ! Oeuvre mutante à visionner avec avertissement et modération ! On aurait d'ailleurs pu suggérer cette tagline en haut de l'affiche lors de sa discrète (et tardive) sortie salles. Si bien que Vidéodrome s'insinue dans notre mental avec une expression visuelle inédite de par son pouvoir de fascination malsain. Le scénario d'une richesse thématique inépuisable s'avère d'abord irracontable tant la structure des faits se distord et fusionne avec une réalité virtuelle régie par un organisme totalitaire.


Un groupuscule mystique et anarchiste s'étant permis via le tube cathodique d'employer une nouvelle technologie afin de mieux renforcer une Amérique paranoïaque contre la concurrence des états étrangers en voie de développement. Un outil technologique de contrôle absolu via l'image chimérique capable d'hypnotiser et d'altérer la perception oculaire des téléspectateurs. A savoir, des cobayes transis d'émoi, fascinés par les programmes toujours plus violents et complaisants destinés à appâter leurs bas instincts en manque de sensations nouvelles ! Le parcours de notre directeur de télévision, Max Renn, est un véritable dédale mental de tous les dangers à travers sa conscience pervertie mais aussi dans son malaise organique depuis que sa nouvelle chair corporelle s'est mutée en magnétoscope humain via le programme Vidéodrome. Ainsi, cette vidéo pirate provoquerait une tumeur au cerveau à ceux qui oseraient s'aventurer à zieuter l'une des cassettes frauduleuses. Des spectacles extrêmes pratiquant sur des cobayes humains meurtres, tortures, viols et soumissions ! Au coeur de ce vortex d'images putanesques, une nouvelle réalité se créerait par le biais de notre tube cathodique apte à retransmettre Vidéodrome afin d'y altérer notre psyché. Les hallucinations perpétrées sur l'esprit transi demeurant si réelles et sensorielles que le héros ne parvient plus à distinguer la réalité de l'abstraction ! Tout en sachant que l'achèvement du projet Vidéodrome est de rendre notre nouvelle réalité encore plus réelle que ce que l'oeil humain est capable de discerner à travers notre ornière quotidienne !


Avec aplomb et esprit d'arrogance, James Woods endosse le cobaye humain d'une expérience incongrue révolutionnaire. Une prestance audacieuse en directeur de cinéma transgressif apte à dénicher le programme le plus extrême afin de contenter une population addicte au sexe et à la violence ! Secondé par l'illustre chanteuse des années 80, Deborah Harry surprend par sa sensualité indocile en nourissant une aura vénéneuse à travers son goût fétichiste pour le sadomasochisme. Son regard charnel en quête d'une jouissance sadienne déroute le spectateur envoûté par son élégance sulfureuse à mettre en pratique ses fantasmes les plus déviants ! Par conséquent, avec un scénario atypique aussi passionnant que terriblement inquiétant pour l'avenir de notre "télé-réalité"David Cronenberg cultive un maelström d'images terrifiantes, malsaines et fascinantes, pour ne pas dire d'un impact dévastateur. A l'instar de la tête de Max enfouie au creux des immenses lèvres de Nicki s'extirpant de l'écran organique d'une TV, ou de ces coups de fouet assénés contre une esclave sexuelle. Il y également ce choc viscéral lorsque notre héros s'infiltre et s'extirpe un flingue de l'estomac par un orifice semblable à un vagin ! Ou encore cette orgie intestinale s'échappant de la déflagration d'un téléviseur ! Sans compter la scène évocatrice de la mission locale où des sans-abris amorphes contemplent la télé à l'instar de véritables toxicomanes ! Face à cet amoncellement de séquences chocs, les FX époustouflants de Rick Barker et Michael Lennick nous clouent sur notre fauteuil par leur inventivité graphique (en dehors d'un effet cheap grossier lorsqu'un revolver mute pour libérer des vis métalliques afin de s'infiltrer dans la main de Max).


La nouvelle chair
En tant que visionnaire, David Cronenberg livre ici une passionnante réflexion sur le pouvoir de l'image, sur l'altération de la réalité au travers de la fiction, sur le traitement de la violence et notre rapport intime avec nos bas instincts. Amplifié du score dissonant de Howard shore quasi permanent, Vidéodrome constitue un chef-d'oeuvre avant-gardiste pour sa terrifiante lucidité à dénoncer les effets pervers de la manipulation des médias engendrant une addiction au voyeurisme à la fois morbide et sexuel. Il y émane une expérience atypique éprouvante, terrifiante, somatique, indicible, au risque d'altérer votre psyché potentiellement compromise par la nouvelle chair (métaphore mystique sur l'au-delà) L'un des films les plus originaux et importants de l'histoire du cinéma selon mon jugement de valeur bien écorné par cette expérience virtuelle plus vraie que nature (ou presque !). 

*Eric Binford
13.08.2021. 5èx
10.01.2011   499 v
        

jeudi 12 août 2021

L'île du Dr Moreau

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Island of Dr. Moreau" de John Frankenheimer. 1996. U.S.A. 1h41(Director's Cut). Avec Marlon Brando, Val Kilmer, David Thewlis, Fairuza Balk, Ron Perlman, Marco Hofschneider, Temuera Morrison, William Hootkins.

Sortie salles France: 8 Janvier 1997. U.S: 23 Août 1996

FILMOGRAPHIE: John Frankenheimer est un réalisateur américain né le 19 Février 1930 à New-York, décédé le 6 Juillet 2002 à Los Angeles. 1957: Mon père, cet étranger. 1961: Le Temps du châtiment. 1962: l'Ange de la Violence. Le Prisonnier d'Alcatraz. Un crime dans la tête. 1964: 7 Jours en Mai. Le Train. 1966: Grand Prix. l'Opération Diabolique. 1968: l'Homme de Kiev. 1969: Les Parachutistes arrivent. The Extraordinary Seaman. 1970: Le Pays de la Violence. Les Cavaliers. 1973: l'Impossible Objet. The Iceman Cometh. 1975: French Connection 2. 1977: Black Sunday. 1979: Prophecy le monstre. 1982: A Armes Egales. 1985: Le Pacte Holcroft. 1986: Paiement Cash. 1989: Dead Bang. 1990: The Fourth War. 1992: Les Contes de la Crypte (Saison 4, épis 10). 1992: Year of the Gun. 1996: l'Ile du Dr Moreau. 1997: George Wallace. 1996: Andersonville (téléfilm). 1998: Ronin. 2000: Piège Fatal. 2002: Sur le Chemin de la guerre.

Naufrage artistique resté dans les annales avec une préproduction chaotique (mésentente entre la prod et Richard Stanley, cinéaste et scénariste à l'origine du projet, changements d'acteurs et de réalisateur, suicide de Cheyenne Brando, fille de Marlon Brando dévasté par sa disparition au point de s'exiler dans l'urgence) et un tournage houleux (divergence entre Brando et Kilmer alors que John Frankenheimer est irrité par le comportement de ce dernier, modification du scénario), l'île du Dr Moreau est clairement ce un film maudit à travers sa formulation éculée de Remake hollywoodien tentant de rajeunir le mythe. Bénéficiant d'une superbe photographie au sein d'une somptueuse nature australienne, et de formidables effets spéciaux confectionnés par le maître Stan Winston (bien que certains mouvements des créatures accourant dans la nature font tâche à travers leur facture visuelle), l'ïle du Dr Moreau aurait pu être une bande-dessinée homérique de par son alliage d'action, d'horreur, de romance et de fantastique exotique dénonçant en filigrane notre instinct à la fois primitif et destructeur d'après les travaux démesurés d'un savant démiurge conjuguant notre ADN avec celui d'animaux. Mi-hommes, mi-créatures, ceux ci étant asservis par le Dr Moreau s'efforçant de maîtriser leurs pulsions sauvages à l'aide d'un implant électrique transplanté sous leur peau. Mais l'arrivée d'un naufragé frondeur va semer le trouble et l'anarchie au sein de la communauté hybride. 

Si la première demi-heure assez prenante et convaincante nous séduit à travers cette fascinante monstrueuse parade qu'Edward Douglas redoute, entre fascination et répulsion, notamment auprès de la brutalité de Moreau martyrisant à sa guise ses sujets dans sa doctrine contrairement pacifiste (avec une effrayante séquence d'accouchement !), le reste est un joyeux délire borderline rendu quasi incontrôlable. A croire que John Frankenheimer aurait quitté précipitamment le plateau pour laisser quartier libre aux casting littéralement en roue libre. Val Kilmer se ridiculisant à outrance après la mort de Moreau en substituant son trône alors que Marlon Brando occupait juste avant un poste de dictateur cabotin grimé de pommade sur la tronche depuis son allergie solaire. Fort heureusement, le rythme nerveux ne laisse que peu de place à l'ennui, entre 2/3 séquences involontairement cocasses ou hilarantes; si bien que la seconde partie accorde beaucoup de place à l'action belliqueuse lorsque les créatures de Moreau tente d'asseoir leur autorité en détruisant tout sur leur passage. On peut également vanter lors de quelques violences graphiques des effets gores redoutablement réalistes, à l'instar du lynchage de Moreau démembré par ses monstrueuses créations. Même David Thewlis, le héros naufragé, semble peut à l'aise dans sa fonction de redresseur de tort et de témoin effaré par tant de monstruosité, qui plus est peu favorisé par des répliques infantiles. 


Y'a t-il un réalisateur aux commandes ?
On suit donc cette farce grotesque d'un oeil aussi curieux qu'amusé, série B de luxe permutée en objet filmique non identifié sous couvert de Remake aseptique pimenté de sauce bisseuse. 

*Eric Binford. 
2èx

Box-Office France: 249 838 entrées

mercredi 11 août 2021

Arachnophobie

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Frank Marshall. 1990. U.S.A. 1h49. Avec Jeff Daniels, Harley Jane Kozak, John Goodman, Julian Sands, Stuart Pankin, Brian McNamara, Henry Jones; 

Sortie salles France: 17 Avril 1991. U.S: 18 Juillet 1990

FILMOGRAPHIE: Frank Marshall est un producteur et réalisateur américain né à Los Angeles le 13 septembre 1946. 1990 : Arachnophobie. 1992 : Les Survivants. 1993 : Johnny Bago - Saison 1, épisode 3. 1995 : Congo. 1998 : De la Terre à la Lune (From the Earth to the Moon) - Épisode 6. 2006 : Antartica, prisonniers du froid.

Première réalisation de Frank Marshall, un habitué des divertissements hollywoodiens "grand public", bien que sa filmo demeure timorée en terme prolifique, Arachnophobie surprend à la revoyure par son parti-pris réaliste. Si bien que celui-ci exploite très efficacement à l'écran de véritables araignées, bien que certaines, plus grosses, sont simulées par animatronic sans que cela n'interfère la crédibilité des évènements soigneusement dépeints. Par conséquent, ce qui force le respect à travers cette production  lucrative (Spielberg en est l'un des mécènes) découle de sa sobriété à ne jamais céder à l'esbroufe ou à l'outrance en se jouant de la peur viscérale des araignées au compte-goutte. Le film efficacement structuré prenant d'abord son temps à développer la personnalité de ses personnages (un médecin arachnophobe, son épouse et ses enfants, le shérif du coin, le praticien sclérosé refusant au denier moment de prendre sa retraite, l'exterminateur d'araignées que John Goodman endosse avec une ironie sardonique plaisamment cocasse) au sein d'une aimable bourgade rurale où tout le monde s'y côtoie dans le partage, le respect et la bonne humeur. C'est donc à travers l'emménagement du médecin et de sa famille dans leur maison campagnarde que l'intrigue tisse progressivement sa toile au gré de morts suspectes en nombre grandissant. 

Frank Marshall instaurant un suspense exponentiel à chaque séquence alerte lorsqu'une petite araignée (exportée du Venezuela nous décrira son magnifique prologue à travers ses vastes panoramas naturels !) est sur le point d'alpaguer sa future victime par une piqure mortelle. Sa proie trépassant d'un arrêt cardiaque en un temps furtif ! Ainsi, en dosant efficacement l'angoisse des situations de stress typiquement Hitchcockienne, Frank Marshal parvient à susciter une véritable appréhension viscérale en la présence fascinante de ses araignées morbides rampant sournoisement sur les sols. Celui-ci exploitant notamment la diversité de situations d'apparence tranquille (un terrain de foot et leurs joueurs, une fille sous la douche, un couple âgé dans son salon, le médecin reclus dans sa grange pour combattre sa phobie puis sa confrontation avec la reine dans la cave, la chambre des bambins) auquel les victimes y feront les frais d'une araignée passée maître dans l'art d'agripper leur proie d'une estocade mortelle. Bien que par intermittence il ne s'agissait en fait que d'une fausse alerte par le principe éculé de l'humour noir que le spectateur redoute instinctivement. Quand au final paroxystique, on surfe sur le mode catastrophe lorsque le médecin et sa famille sont envahis par les araignées au sein de leur cocon domestique. Un point d'orgue d'effroi décuplant sans modération les moments de stress et les offensives humaines par le biais de mains secourables, experts en entomologie ou en désintégration criminelle. 

A travers ses notes fantaisistes plutôt efficaces et quelques personnages extravagants égayant un peu  l'atmosphère, Frank Marshall n'en perd jamais le fil d'une angoisse palpable avant les confrontations de terreur oppressante que de simples araignées (réelles !!!) parviennent à distiller à l'écran avec un réalisme viscéral. C'est ce qui fait la principale réussite de cet intelligent divertissement horrifique aussi mesuré dans le jeu tranquille des acteurs que véritablement jouissif lors de ces nombreux effets de terreur phobiques. A redécouvrir sans réserve. 

*Eric Binford
3èx

Récompense: Prix du meilleur film d'horreur et du meilleur acteur pour Jeff Daniels, ainsi que nomination au prix du meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleur second rôle masculin (John Goodman), par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 1991.