vendredi 30 août 2019

Insomnia

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Christopher Nolan. 2002. U.S.A. 1h58. Avec Al Pacino, Robin Williams, Hilary Swank, Maura Tierney, Martin Donovan, Paul Dooley, Nicky Katt.

Sortie salles France: 6 Novembre 2002. U.S: 24 Mai 2002

FILMOGRAPHIE: Christopher Nolan est un réalisateur, scénariste et producteur anglais, né le 30 Juillet 1970 à Londres en Angleterre. 1998: Following. 2000: Memento. 2002: Insomnia. 2005: Batman Begins. 2006: Le Prestige. 2008: The Dark Knight. 2010: Inception. 2012: The Dark Knight Rises. 2014: Interstellar.


Thriller implacable d'une intensité dramatique à la fois vertigineuse et bouleversante, Insomnia est le genre d'épreuve cinématographique à marquer d'une pierre blanche, à l'instar de ces modèles Seven et le Silence des Agneaux qu'on ne présente plus. Car nanti d'un scénario en béton explorant une confrontation cérébrale en acmé entre Al Pacino, en flic véreux désemparé (magnifique jeu d'acteur tout en sobriété viscérale !), et Robin Williams, en tueur perfide tirant les ficelles d'un odieux compromis criminel (un rôle à contre-emploi parvenant dès sa 1ère apparition à nous faire oublier  ses traditionnelles mimiques fringantes), Insomnia ne nous laisse aucun répit de par le magnétisme de son intrigue sournoise fertile en rebondissements. Tant et si bien que Christopher Nolan parvient à nous hypnotiser de la manière la plus vériste et immersive lorsqu'un flic et un tueur sont contraints de collaborer à la suite de leurs bévues criminelles où l'innocence en paya le lourd tribus. Ainsi, à travers les thèmes du simulacre et de la corruption, de la culpabilité et du remord, ce dernier dresse le douloureux portrait d'un flic désabusé, faute de ses actions préjudiciables d'avoir oser falsifier des preuves afin de faire condamner les pires criminels aux tendances pédophiles.


Tout le récit savamment structuré titillant au compte goutte les états d'âme de l'inspecteur Will Dormer en proie à une imparable insomnie depuis sa culpabilité d'avoir accidentellement causé la mort de son confrère lors d'une course-poursuite avec le tueur en plein brouillard. D'ailleurs, de par son climat à la fois hivernal et montagneux, Insomnia s'avère également un film d'ambiance crépusculaire comme on en voit trop peu dans le paysage du thriller hollywoodien. Si bien que Christopher Nolan maîtrise à la perfection ses cadres naturels (comme l'incroyable poursuite sur les rondins de bois !) auquel évolue ces protagonistes hantés par la disparition d'une adolescente battue à mort pour un mobile sentimental. Et si Insomnia s'avère aussi intense et psychologiquement éprouvant, il le doit autant à l'ampleur de sa progression narrative davantage substantielle que du témoignage avisé de la jeune inspectrice Ellie Burr fascinée par la notoriété exemplaire de Dormer mais davantage suspicieuse, et donc sur le qui-vive, quant à son éventuelle complicité meurtrière. La présence rassurante d'Hilary Swank en inspectrice novice cultivant peu à peu un climat d'amertume épris de gravité lors de son investigation personnelle à reconsidérer les faits relatés.


Une tragédie humaine
Grand moment de cinéma au sein du thriller noir d'une rigueur psychologique à la fois étouffante,  escarpée et bouleversante, Insomnia ne nous laisse pas indemne à travers sa vibrante réflexion sur la corruption humaine si bien que l'intégrité d'un homme se juge ici à la manière dont il défiera sa propre lâcheté. Un drame humain en somme, profond, puissant et inoubliable que le score fragile de David Julyan gradue avec une infinie mélancolie.

*Bruno
2èx

Récompense: London Film Critics Circle Awards 2003 : Réalisateur britannique de l'année pour Christopher Nolan

jeudi 29 août 2019

Witness

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Peter Weir. 1985. U.S.A. 1h52. Avec Harrison Ford, Kelly McGillis, Lukas Haas, Josef Sommer, Jan Rubes, Alexander Godunov, Danny Glover.

Sortie salles France: 22 Mai 1985. U.S: 8 Février 1985

FILMOGRAPHIE: Peter Weir est un réalisateur australien, né le 21 Août 1944, à Sydney, Australie.
1974: Les Voitures qui ont mangé Paris. 1975: Pique-nique à Hanging Rock. 1977: La Dernière Vague. 1981: Gallipoli. 1982: l'Année de tous les Dangers. 1985: Witness. 1986: Mosquito Coast. 1989: Le Cercle des Poètes Disparus. 1990: Green Card. 1993: Etat Second. 1998: The Truman Show. 2003: Master and Commander. 2011: Les Chemins de la Liberté.


"Un flic qui en sait trop. Sa seule chance: un témoin de 8 ans qui en a vu trop."
Immense auteur d'origine australienne à la filmo irréprochable, Peter Weir surprend avec Witness si bien qu'il s'essaie au film de commande hollywoodien que David Cronenberg et John Badham refusèrent initialement. Et si on est loin de la qualité formelle et narrative de ses chefs-d'oeuvre naturalistes (les auteurisants La Dernière Vague / Picnic à Hanging Rock), Witness ne manque pas de densité à travers les composants de la romance et du thriller que le duo incandescent Harrison Ford / Kelly McGillis anime avec passion. Pour ce faire, Peter Weir leur fait confronter le choc des cultures à travers la communauté rigoriste des Amish qu'un flic est contraint de fréquenter depuis sa faction auprès d'un bambin malencontreusement témoin d'un meurtre crapuleux. Ainsi, alors qu'il se retrouve grièvement blessé lors d'une balle perdue, il est aimablement soigné et accueilli par l'hospitalité de Rachel, la mère du bambin, et le père de celle-ci, précisément psycho-rigide lorsqu'il s'agit d'honorer ses directives religieuses.


Au-delà de l'intensité de quelques scènes d'action remarquablement montées; principalement lors de son point d'orgue aussi tendu qu'haletant; Witness privilégie l'essence romantique d'une liaison impossible, faute d'une culture religieuse ultra conservatrice et de l'épreuve du deuil à considérer (l'époux de Rachel venant de trépasser en ouverture du récit). Imprégné de douce tendresse et d'ambiguïté à travers les non-dits et les regards fébriles désireux d'y croquer la pomme, Witness dégage un climat semi élégiaque autour du couple en émoi, et ce sous l'impulsion du score épuré de Maurice Jarre. Harrison Ford et Kally Mc Gillis insufflant une fragile expression humaine à travers leur complicité amoureuse si bien que l'on peut d'ailleurs évoquer le "coup de foudre" lorsqu'ils cèdent finalement à leurs étreintes frénétiques que Peter Weir filme toutefois avec beaucoup de pudeur et de mutisme dans les échanges de regard. Et donc, en y opposant la violence urbaine d'une société incivique avec la violence puritaine d'une secte religieuse, Peter Weir y façonne un mur entre ces 2 microcosmes, de par leur éthique infiniment contradictoire et leur refus de moindre concession si bien que l'amour n'aura pas lieu d'être. 


Bien que perfectible, moins réaliste que prévu (notamment auprès du meurtre dans les toilettes) et parfois un brin caricatural (la posture altière de certains tueurs ou celle autrement rigide de certains Amish), Witness explore le thriller romantique avec assez d'efficacité, d'intensité et d'intelligence pour y dénoncer les dommages collatéraux de la violence.

*Bruno
3èx

mercredi 28 août 2019

La Fiancée du Vampire

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cine-songes.com

"House of dark Shadows" de Dan Curtis. 1970. U.S.A. 1h37. Avec Jonathan Frid, Grayson Hall, Kathryn Leigh Scott, Roger Davis, Nancy Barrett, John Karlen.

Sortie salles France: 11 Août 1971

FILMOGRAPHIE: Dan Curtis est un producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 12 Août 1927 à Bridgeport, Connecticut (Etats-Unis), décédé le 27 mars 2006 à Brentwood (Californie). 1966: Dark Shadows (série TV). 1970: La Fiancée du Vampire. 1971: Night of dark shadows. 1973: Dracula. 1973: The Night Strangler (télé-film). 1975: La Poupée de la Terreur. 1976: Trauma. 1977: Dead of Night. 1977: La Malédiction de la veuve noire (télé-film). 1992: Intruders (télé-film). 1996: La Poupée de la terreur 2 (télé-film).


Estampillée Dan Curtis, une perle oubliée transpirant à chaque plan de son amour pour le Fantastique néo-gothique. 
Adaptation ciné de sa célèbre série TV Dark Shadows comprenant plus de 1000 épisodes de 1966 à 1971 (un record pour une série fantastique alors qu'elle reste inédite dans l'hexagone !), La Fiancée du Vampire demeure une excellente variation du mythe à travers un scénario aussi bien prosaïque que novateur, eu égard de la condition à contre-emploi du vampire dandy lassé de son existence éternelle. Ainsi, en y télescopant un gothisme archaïque avec un style contrairement moderne, de par le réalisme des séquences chocs parfois gores (signés Dick Smith, excusez du peu !), de sa direction narrative inopinément scientifique et de la posture contrariée des personnages beaucoup moins altiers que dans une prod Hammer, Dan Curtis, maître mésestimé du Fantastique (on lui doit tout de même le chef-d'oeuvre Trauma), redouble d'ambition formelle et d'idées retorses pour rendre grisante son récit de vampires transcendée du charisme strié des comédiens bourrus.


Tant et si bien que Dan Curtis ne laisse nulle répit au spectateur pour le divertir intelligemment sous le pilier de péripéties à répétition et de rebondissements inopinés (notamment auprès du sort de certaines victimes sacrifiées instauré lors de sa dernière partie rocambolesque). Ainsi, de par son ambiance flamboyante d'étrangeté gothique (épaulée, en bonne et due forme, d'une splendide photo rutilante) s'y extrait fréquemment des séquences de pure poésie. A l'instar de l'apparition d'une victime féminine affublée d'une robe blanche pour mieux aguicher son ancien amant ou faire perdre le contrôle de deux policiers en voiture. Et si l'épicentre narratif réexploite le concept académique du vampire féru d'amour pour sa future dulcinée (sosie de son ancêtre épouse), Dan Curtis s'avère constamment inspiré, inventif (notamment auprès de petits détails dépoussiérant les codes du genre, tel l'arme d'une arbalète ou encore la déambulation du garçonnet dans la piscine désaffectée et sa manière crédible de s'insurger contre le trépas) et maître des situations pour dépasser les convenances. D'ailleurs, dans le rôle du vampire insidieux en quête de rédemption et accompagné d'un pleutre domestique sentencieux, Jonathan Frid s'avère génialement magnétique à travers ses yeux noirs d'une posture patibulaire à contre-emploi du vampire snobinard.


Beaucoup trop méconnu et occulté, même auprès des fans du genre selon mon analyse personnelle, La Fiancée du Vampire réactualise efficacement le mythe du vampire gothique à travers une démarche moderne étonnamment payante quant à la vigueur de ces images d'une poésie baroque et la sobriété de son casting aux p'tits oignons constitué (pour la plupart) des mêmes acteurs de la célèbre série des années 60. Un excellent divertissement donc que le mésestimé (j'insiste !) Dan Curtis essuiera à nouveau dans une certaine indifférence publique et critique. 

*Bruno2èx

mardi 27 août 2019

Nimitz, retour vers l'Enfer

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Final Countdown" de Don Taylor. 1980. U.S.A. 1h43. Avec Kirk Douglas, Martin Sheen, Katharine Ross, James Farentino, Ron O'Neal, Charles Durning, Soon-Tek Oh.

Sortie salles France: 9 Juillet 1980

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Don Taylor est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 13 Décembre 1920 à Freeport, Pennsylvanie (Etats-Unis), décédé le 29 Décembre 1998 à Los Angeles (Californie). 1969: 5 hommes armés. 1971: Les Evadés de la Planète des Singes. 1973: Tom Sawyer. 1977: L'île du Docteur Moreau. 1978: Damien: la malédiction 2. 1980: Nimitz, retour vers l'enfer.


"Décembre 1980, le porte avions nucléaire Nimitz disparait dans le pacifique avec ses 6000 hommes pour réaparraitre en 1941 !" 

Même si j'avoue avoir une préférence pour son binôme Philadelphia Experiment (car beaucoup mieux rythmé, intense et surprenant à travers ses péripéties à répétition), Nimitz, retour vers l'enfer reste un bon divertissement en prime d'avoir été un beau souvenir d'ado grâce à son matraquage publicitaire juste avant sa sortie officielle. Tant et si bien qu'au-delà de m'avoir fait bougrement fantasmé à la radio lors d'une villégiature parentale, il cumule chez nous un joli succès commercial avec 1 026 152 entrées. Modeste série B d'anticipation prenant pour thème le voyage temporel, Nimitz relate l'étrange odyssée du porte-avion nucléaire USS Nimitz subitement transporté en 1941, la veille de l'attaque du Pearl Harbor par les japonais. Ainsi, après avoir repêché en mer un sénateur et sa secrétaire, puis kidnappé l'aviateur japonais responsable de leur naufrage, ils vont tenter d'empêcher l'attaque du Pearl Harbor en dépit de certaines voix discordantes.


Aussi minimaliste soit l'intrigue, car d'autant plus dénuée d'intensité et de suspense à travers ses enjeux humains, politiques et bellicistes, Nimitz, retour vers l'Enfer se suit sans ennui grâce au savoir-faire de l'habile artisan Don Taylor (on lui doit tout de même Les Evadés de la Planète des Singes, L'Ile du Dr Moreau et Damien, la Malédiction) prenant son temps à narrer son histoire sous le pilier d'un attachant casting (Kirk Douglas, Martin Sheen, Katharine Ross, James Farentino et Charles Durning s'avérant communément irréprochables à travers leur perplexité interrogative). Don Taylor s'efforçant de rendre le plus crédible possible son contexte improbable de par l'aspect documenté de sa réalisation au grand dam des effets-spéciaux clairsemés (un simple trou noir lors de 2 séquences crépusculaires). Ainsi, si la génération actuelle aura bien du mal à se passionner pour ce paradoxe temporel chiche en rebondissements cinglants (si on élude son empathique effet de surprise final), celle des années 80 s'y contentera à nouveau sans réserve avec une pointe de mélancolie.

*Bruno
3èx

lundi 26 août 2019

Pumkinhead, le démon d'Halloween

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Stan Winston. 1988. U.S.A. 1h26. Avec Lance Henriksen, Jeff East, John D'Aquino, Kimberly Ross, Joel Hoffman, Cynthia Bain.

Sortie salles France: Juin 1988. U.S: 13 Janvier 1989

FILMOGRAPHIE: Stan Winston est un réalisateur, spécialiste du maquillage et d'FX animatroniques, né le 7 avril 1946 dans le Comté d'Arlington, décédé le 15 juin 2008 à Malibu. 1988: Pumkinhead. 1990 : Galacticop.


Le pitch: A la suite de la mort de son fils accidentellement renversé par une moto dont le conducteur a pris la fuite, son père décide de se venger en invoquant la puissance d'un démon par le biais incantatoire d'une sorcière.

Première réalisation de Stan Winston, spécialiste des maquillages et FX, Pumpkinhead constitue une bonne série B du samedi soir en dépit de sa réalisation approximative (faux raccords à l'appui), de son scénario tracé d'avance et d'une mauvaise direction d'acteurs. Pour autant, en exploitant assez efficacement les thèmes de la vengeance, de la survie, de la bravoure et de la rédemption, Pumpkinhead parvient à insuffler une certaine intensité auprès de l'évolution morale des survivants s'efforçant de fuir la bête tout en la combattant de manière davantage persuasive. Ainsi, grâce à sa trajectoire narrative esquivant le côté routinier des mises à mort (façon Vendredi 13), Pumkinhead parvient à exister par lui même pour se dégager de l'ombre du produit standard. Formellement flamboyant, Stan Winston compte notamment sur sa photo envoûtante pour nous scander une poignée de séquences crépusculaires d'un onirisme cauchemardesque (par moment on se croit même dans un conte de fée de par la puissance évocatrice de ses images ensorcelantes où s'y contraste l'apparition d'une sorcière). Quand bien même l'aspect inédit de la créature mécanisée parvient à nous fasciner en dépit de sa gestuelle un peu trop atone. Pour clore, on pardonnera le jeu pas très finaud de Lance Henriksen en père punitif gagné par une prise de conscience libératrice, si bien que Stan Winston en est le principal responsable, faute de son inexpérience à diriger ses acteurs de seconde zone. A (re)découvrir.


*Bruno
3èx

samedi 24 août 2019

The Pact

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Nicholas McCarthy. 2012. U.S.A. 1h29. Avec Agnès Bruckner, Casper Van Dien, Caity Lotz, Mark Steger, Haley Hudson, Kathleen Rose Perkins, Sam Ball.

Sortie salles U.S: 20 Janvier 2012 (Festival de Sundance)

FILMOGRAPHIENicholas McCarthy est un réalisateur, scénariste, compositeur américain.
2004: Maid (court-métrage). 2005: Cry for Help (court-métrage). 2009: The Chinese Box (court-métrage). 2011: The Pact (court-métrage). 2012: The Pact


Première essai de Nicholas McCarthy passé directement par la case DTV, The Pact est une bonne série B horrifique malencontreusement méconnue en dépit de ses 4 trophées décernés au Festival de Strasbourg. Le pitchAnnie retourne dans la maison familiale depuis le décès de sa mère. Mais d'étranges évènements surnaturels intentent à sa tranquillité après la disparition inexpliquée de sa soeur et de sa cousine. En désespoir de cause, elle fait appel à un inspecteur de police puis s'engage personnellement dans une investigation criminelle. Ambiance anxiogène aussi diffuse que feutrée baignant dans un climat malsain toujours plus prégnant, The Pact emprunte le thème de la hantise avec une efficience probante. Car sous prétexte d'un esprit frappeur perturbant la tranquillité de ses occupantes juvéniles, cette série B agréablement troussée utilise avec intelligence ses codes horrifiques en éludant toute esbroufe éculée. Si bien qu'ici le procédé du "ouh fait moi peur" est exploité sous le pilier d'une angoisse sous jacente avant de s'illustrer plus tangible au fil d'une investigation criminelle aléatoire.



Sobrement incarné par Agnès Bruckner, celle-ci campe le rôle d'une fille solitaire à la mine bourrue mais davantage enclin à évoluer dans un instinct de survie salvateur. Sa prestance introvertie provoquant de prime abord un soupçon d'antipathie avant de nous attacher de par ses accès d'héroïsme pugnace. Ainsi, en dépit de quelques ellipses et effets faciles, The Pact insuffle une certaine tension tout en suscitant l'angoisse au rythme d'une enquête ombrageuse. Qui plus est, lors de 2/3 passages intermittents, il réussit notamment à provoquer l'effroi par l'entremise d'apparitions macabres judicieusement concises ! (l'intervention incisive de la voyante anémique au sein de la pièce secrète). Sans outrance gore (en dépit d'une estocade meurtrière plutôt crue), le réalisateur soigne le cadre d'une maison familiale sévèrement compromise par un sombre secret. Avec une réelle intégrité, il parvient donc à s'approprier des conventions en se focalisant sur la suggestion d'une ambiance glauque et d'une intrigue tortueuse au dénouement malsain. Quand au point d'orgue alarmiste, il ne manque pas de nous haleter au sein du huis-clos restreint compromis à la claustration.


Pour les amateurs de frissons ludiques utilisés à bon escient, The Pact demeure une bonne surprise auquel le spectateur s'implique facilement de par son savant dosage de suspense ouaté et d'angoisse oppressante. A faire connaître auprès des amateurs tant la petite frousse est lestement acheminée d'après le thème sulfureux de la famille dysfonctionnelle. 

*Bruno
24.08.19
20.04.13

Récompenses: Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg, 2012 
Octopus d'or
Prix du public
Méliès d'Argent

Mention spéciale du jury

vendredi 23 août 2019

Le Sixième sens. Prix de la Critique, Cognac 87.

                                                                  Photo empruntée sur Google

"Manhunter" de Michael Mann. 1986. U.S.A. 2h00. Avec William L. Petersen, Kim Greist, Joan Allen, Brian Cox, Dennis Farina, Stephen Lang, Tom Noonan, David Seaman, Benjamin Hendrickson, Michael Talbott.

Sortie salles France le 22 Avril 1987. U.S: 22 Août 1986

FILMOGRAPHIE: Michael Kenneth Mann est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 5 Février 1943 à Chicago. 1979: Comme un Homme Libre, 1981: Le Solitaire, 1983: La Forteresse Noire, 1986: Le Sixième Sens, 1989: LA Takedown, 1992: Le Dernier des Mohicans, 1995: Heat, 1999: Révélations, 2001: Ali, 2004: Collatéral, 2006: Miami Vice, 2009: Public Enemies.


Récompensé du Prix de la Critique à Cognac en 1987, le 6è sens est la première adaptation au cinéma du roman Dragon Rouge écrit par Thomas Harris et publié en 1981. D'ailleurs, le même roman sera à nouveau adapté au cinéma en 2002 dans un remake aseptique réalisé par Brett RatnerDragon Rouge (même si la fin eut été remaniée). Echec public à sa sortie, le 6è sens dérouta certainement le spectateur de par l'ambition personnelle de Mann à parfaire un polar à la fois atypique et expérimental. Un agent du FBI reprend du service pour tenter d'appréhender un serial killer surnommé Dragon Rouge. Avec l'aide du psychiatre Hannibal Lecter, psychopathe renommé incarcéré à perpétuité pour homicides crapuleux, William Graham doit faire preuve d'introspection mentale afin de s'infiltrer dans la peau du meurtrier. 
.

A partir d'une enquête criminelle établissant un rapport complexe entre 2 serial-killers et un flic obstiné, fragilisé par son antécédente enquête mais délibéré à annihiler le mal, le 6è Sens a de quoi déconcerter le spectateur habitué aux thrillers en bonne et due forme. Si bien que la mise en scène expérimentale de Michael Mann, d'une recherche esthétique flamboyante donne vie à tout ce qui s'immisce dans le champs de l'action. La ville crépusculaire de New-York superbement éclairée, les pavillons résidents à proximité d'un océan sous un climat solaire, le design de l'ameublement et de ses objets domestiques, la nuit stellaire auquel des hommes de droit se fondent dans cette obscurité pour y extraire le Mal... Tous ces composants stylisés, harmonieusement mis en scène, concourent de nous magnétiser les sens de la perception. Quand bien même la partition synthétique de Michel Rubini et les tubes pop rock de David Allen ou The Reds vont largement contribuer à scander ce florilège d'imagerie épurée, de manière à nous envoûter à travers l'odyssée intrinsèque de deux hommes en lutte contre leurs démons. Peu aidé d'une structure narrative parfois complexe, l'enquête menée par un agent fébrile car compromis par l'influence d'un taulard psychopathe aussi roublard que retors nous déploie quelques maigres indices dans un souci documentaire afin de mieux coller à la réalité des faits exposés.


La seconde partie, beaucoup plus planante, romantique et expérimentale à travers la relation naissante entre le tueur épris d'affection pour une jeune aveugle, nous enivre un peu plus pour ce rapport trouble entre cette victime atteinte de cécité et son bourreau autrefois martyrisé, avide de reconnaissance. Tour à tour inquiétant, flegme mais aussi suave, impassible et aliéné, ce tueur singulier nous captive de son désarroi sentimental à contredire ses pulsions malsaines. Il faut dire que la prestance robuste de l'acteur Tom Noonan, au front dégarni et à la taille longiligne, ainsi que l'innocence candide de l'attachante Joan Allen doivent beaucoup au caractère oniriques de certaines étreintes sensorielles (les caresses charnelles de l'aveugle auprès du tigre du laboratoire). Ainsi, à travers ce duo intempestif baignant subitement dans l'insouciance et la plénitude, il y a ce rapport soudainement complémentaire à travers leur handicap commun d'y apprivoiser l'amour. Quant à la présence transie de William L. Petersen s'étant d'ailleurs fait connaître quelques années plus tard avec l'illustre série des Experts sponsorisée par TF1, celui-ci était inné pour incarner le profil assidu (mais oh combien torturé et tourmenté !) d'un inspecteur pugnace flirtant avec l'emprise du Mal. Son caractère opiniâtre extériorisé par son entière contribution à démasquer le tueur séditieux apportant beaucoup d'intensité à ce jeu du chat et de la souris qu'ils se disputent de manière névrotique.


Listen to my heartbeat.
Hypnotique, passionnant et envoûtant, désarçonnant, sibyllin et complexe (principalement auprès de l'investigation de l'agent en proie à ses théories personnelles), le 6è Sens se décline en modèle du thriller crépusculaire. Une forme de trip expérimental (à la limite du surnaturel) établissant un rapport diaphane entre le tueur victimisé d'une enfance galvaudée et un flic teigneux en perdition morale. Enfin, l'intrigue peut également se concevoir comme une réflexion sur l'acceptation de soi à travers la quête de l'épanouissement conjugal (tant auprès des rapports davantage conflictuels du flic et de son épouse que de ceux du tueur et de l'aveugle). Détournant admirablement les conventions du genre au gré d'une virtuosité formelle subjective, ce thriller fantasmagorique scandé d'une bande-son extatique laisse une étrange impression d'avoir vécu un grand moment de cinéma. On peut d'ailleurs le proclamer chef-d'oeuvre atypique grâce au trouble impact de son pouvoir de fascination. 

*Bruno
23.08.19. 4èx
25.01.12

Récompense: Prix de la Critique au festival du film policier de Cognac en 1987.

jeudi 22 août 2019

Curtains, l'ultime cauchemar

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Richard Ciupka (as Jonathan Stryker). 1983. U.S.A. 1h29. Avec John Vernon, Samantha Eggar, Linda Thorson, Anne Ditchburn, Lynne Griffin

Sortie salle U.S: 14 Mars 1983

FILMOGRAPHIE: Richard Ciupka est un directeur de la photographie, réalisateur canadien d'origine Polonaise né à Liège en Belgique. 1983 : Curtains: l'ultime cauchemar. 1992 : Coyote. 1999 : Le Dernier Souffle. 2002 : La Mystérieuse Mademoiselle C. 2004 : L'Incomparable Mademoiselle C. 2006 : Duo.


Quelle bien étrange curiosité que ce psycho-killer aussi bien oublié que méconnu que le néophyte Richard Ciupka réalise platement sous l'impulsion d'un cast démanché. On apprécie quand même l'illustre présence de Samantha Eggar en candidate borderline aux gros yeux verts patibulaires (personnellement elle est même parvenue à me mettre mal à l'aise lors de quelques plans serrés), quand bien même le reste de la distribution tente de lui gruger sa place au gré d'une posture théâtrale. En gros, des concurrentes en herbe sont réfugiées dans un manoir sous la mainmise de leur directeur de théâtre afin de se disputer le rôle de leur vie. Mais un tueur masqué rode aux alentours pour les décimer une par une. Ultra bâclé, truffé d'incohérences et de maladresses narratives (notamment ce prélude ironique auquel l'héroïne joue les demeurées pour être internée en psychiatrie parmi la complicité de son mentor), Curtains a été écrit avec les pieds tant les situations éculées (surtout la seconde partie criminelle) et rebondissements attendus se vautrent dans l'asepsie. Pour autant, grâce à sa splendide photo, son décorum domestique timidement envoûtant et 1 ou 2 scènes chocs bonnards (notamment celle sur le lac gelé), Curtains dégage un charme horrifique à bâtons rompus pour l'amateur de rareté bisseuse. A découvrir donc avec toutefois une grosse louche d'indulgence, notamment lorsque l'on apprend que le réalisateur aurait quitté le tournage à mi-parcours pour céder sa place au scénariste: Peter Simpson ! Sacrée scène de ménage !


*Bruno

mercredi 21 août 2019

The Reef

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Andrew Traucki. Australie. 2010. 1h34. Avec Damian Walshe-Howling, Zoe Naylor, Adrienne Pickering, Gyton Grantley, Kieran Darcy-Smith.

Uniquement sorti en Dvd et Blu-ray le 21 Juin 2011

FILMOGRAPHIE: Andrew Traucki est un réalisateur, scénariste et producteur australien. 2013: The Jungle. 2012 The ABCs of Death (segment "G is for Gravity").  2012 Event Zero (TV Series) (1 episode). - Harriet (2012).  2010 The Reef .  2007 Black Water.


Injustement passé par la case Dtv, The Reef emprunte la voie modeste de la série B horrifique avec une efficacité permanente. Tant et si bien que les frissons qu'il nous procure à répétition s'avèrent d'autant plus éprouvants qu'Andrew Traucki ne s'embarrasse d'aucune fioriture pour y remédier. Pour cela, il compte notamment sur l'aspect documenté du fait-divers glaçant lorsque 5 touristes se retrouvent confinés au beau milieu de l'océan azur après que leur bateau eut incidemment coulé. Survival aquatique constamment tendu et angoissant sous l'impulsion de 4 survivants sévèrement mis à mal par l'hostilité du requin, The Reef insuffle un réalisme cauchemardesque eu égard des estocades de l'animal redoutablement véloce lorsqu'il s'agit d'alpaguer sa proie de la manière la plus sournoise et feutrée.


Et ce sans que Andrew Traucki ne recourt aux effets éculés si bien qu'il compte dans un premier temps sur l'expectative pour y structurer le suspense, notamment afin de mieux nous préparer à la descente aux enfers que subiront les victimes totalement impuissantes à recourir de l'aide depuis leur condition fortuite de claustration. Au-delà de son climat anxiogène redoutablement palpable auprès d'une photo limpide plutôt naturaliste, The Reef parvient d'autant mieux à foutre les jetons grâce à l'intensité d'expression à la fois démunie et épeurée de son cast méconnu endossant communément un jeu viscéral à perdre haleine. Ces derniers à l'humanisme sobrement sentencieux et aux réactions si censées usant de (faible) lueur d'espoir et de bravoure de dernier ressort pour tenter de s'extraire de l'eau en y escomptant un refuge terrestre. Ainsi, l'épreuve de force commune qu'ils opéreront de façon solidaire semble être contenue en temps direct tant leurs situations de stress, de désespoir et d'affolement s'avèrent aussi bien crédibles que perméables !


Cauchemar aquatique d'un réalisme escarpé probant dans sa faculté d'y cultiver une peur viscérale démunie auprès d'une intensité dramatique capiteuse, The Reef peut sans rougir figurer au palmarès des films de requins les plus angoissants et éprouvants depuis ses modèles les Dents de la Mer  et Open Water, voir peut-être aussi 47 Meters down.

*Bruno
2èx 21.08.19
02.03.11

mardi 20 août 2019

Bubba Ho-tep. Prix Bram Stoker du meilleur scénario, 2004.

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.fr

de Don Coscarelli. 2002. U.S.A. 1h32. Avec Bruce Campbell, Ossie Davis, Ella Joyce, Heidi Marnhout, Bob Ivy, Larry Pennell.

Sortie salle France: 15 Février 2006.

FILMOGRAPHIE: Don Coscarelli est un scénariste et réalisateur américain né le 17 Février 1954 à Tripoli (Lybie). 1976: Jim the World's Greatest. 1976: Kenny and Compagny. 1979: Phantasm. 1982: Dar l'invincible. 1988: Phantasm 2. 1989: Survival Quest. 1994: Phantasm 3. 1998: Phantasm 4. 2002: Bubba Ho-tep. 2012: John Dies at the end.


"Et ne pas, quand viendra la vieillesse, découvrir que je n'avais pas vécu."
Poème étonnamment émouvant sur la précarité de la vieillesse, Bubba Ho-tep n'a point usurpé sa réputation d'oeuvre culte depuis sa discrète sortie en salles en 2002 transcendée d'un bouche à oreille fougueux. Réalisateur notoire du chef-d'oeuvre Phantasm et du non moins fichtrement sympathique Dar l'Invincible, Don Coscarelli surprend à nouveau, et de manière autrement baroque, avec cette série B fantastico-déjantée dont le pitch génialement improbable vaut à lui seul le détour ! Imaginez 2 secondes la rencontre aléatoire du président Kennedy et du chanteur Elvis Presley réunis pour l'occasion dans un hospice à leur âge avancé, et qui lors d'un ultime baroud d'honneur devront affronter une momie égyptienne maudite afin de s'offrir une ultime enjeu existentiel ! Semi-parodique, pittoresque, décalé et débridé, Bubba Ho-Tep pallie son faible budget de par son imagination à revendre que son auteur franchement inspiré cultive en y alliant humour, action, tendresse et (douce) émotion sous l'impulsion de répliques drôlement décomplexées.


Si bien qu'à travers les thèmes délicats de la vieillesse, de la solitude, de l'impuissance (traitée avec autant de sérieux que de causticité) et du désir de reconnaissance (nos héros s'inventent un rôle pour tenter de briller à nouveau aux yeux des autres), Don Coscarelli héroïse ses personnages du 3è âge avec une tendresse immodérée pour leur dignité humaine. Ainsi donc, sous le pilier d'une histoire extravagante génialement ubuesque, Bubba Ho-Tep traite avec autant de dérision que de gravité de la condition des personnages âgées souvent repliées dans leur solitude, parfois même abdiqués par leur propre famille au sein d'un huis-clos peu avenant. A savoir celui des hospices blafards surveillés par des aides-soignantes orgueilleuses plutôt condescendantes. Et donc à travers cette histoire insensée de momie voleuse d'âme, Don Coscarelli iconise sa fascinante créature (FX artisanaux à l'appui !) et ses combattants Elvis et Kennedy à l'aide d'une émotion aigre douce eu égard de l'incroyable tendresse qu'il porte sur ce duo fragile en quête de sollicitude, de bienveillance et d'affection. Et ce sous le pivot auditif du score si élégiaque de Brian Tyler !


Réflexion spirituelle sur la candeur et la vigueur de l'âme lorsque l'on parvient à contrecarrer le mal, vibrant plaidoyer pour la cause du 3è âge en perte identitaire car souvent réduite à l'isolement et à l'indifférence, Bubba Ho-Tep touche droit au coeur à travers les actions fructueuses de ces héros sclérosés gagnés par l'utopie victorieuse du dépassement de soi. Tant et si bien que Bruce Campbell et Ossie Davis immortalisent leur cohésion amicale avec une force d'expression aussi bien mélancolique que pugnace dans leur volonté de ne pas se laisser gagner par la désillusion.  

*Bruno
3èx 

vendredi 16 août 2019

Next Door

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Naboer" de Pål Sletaune. 2005. Norvège/Danemark/Suède. 1h15. Avec Kristoffer Joner, Cecilie A. Mosli, Julia Schacht, Anna Bache-Wiig, Michael Nyqvis.

Inédit en salles en France. Norvège: 11 Mars 2005

FILMOGRAPHIE: Pål Sletaune est un réalisateur, scénariste et producteur norvégien, né à Oslo le 4 mars 1960. 1997 : Junk Mail (Budbringeren). 2001 : Amatørene. 2005 : Next Door. 2011 : Babycall.


Thriller schizo issue de Norvège si bien qu'il fut malencontreusement privé de salles chez nous (merci Studio Canal de l'avoir édité en Dvd !), Next Door passionne de bout en bout à travers une intrigue implacable au goût sulfureux de sexe et sang. Dans la mesure où il y est question de sado-masochisme lorsqu'un voisin en séparation conjugale finit par se laisser influencer par les fantasmes douteux d'une de ses voisines aguicheuses précisément effrontée. Le récit sinueux en forme de dédale psycho dressant scrupuleusement le portrait d'un homme fragile, introverti et timoré se laissant peu à peu envahir par ses pulsions perverses, faute de l'influence d'une jeune dévergondée en quête de soumission.


Ainsi, à travers son canevas criminel redoutablement efficace, si bien que le spectateur perplexe ne peut s'empêcher de se laisser voguer par cette ambiance feutrée pernicieuse, Pal Sletaune rend hommage à Répulsions et au Locataire de Polanski (2 oeuvres majeures de sa pléthorique carrière). Tant auprès de son ambiance d'étrangeté perméable en interne d'un huis-clos blafard étouffant (notamment auprès de ses corridors très étroits) que du portrait diaphane émis à cet homme esseulé en perte de repère depuis son deuil conjugal. Superbement interprété par des acteurs méconnus chez nous, nous nous identifions facilement à leur physionomie naturelle tout en redoublant d'appréhension quant à la contrainte démunie de John en proie à une succession d'incidents inexpliqués découlant des postures provocantes de son entourage perfide.


Trouble et passionnant à travers sa mise en scène magnétique confinée dans l'intimisme domestique, atmosphérique en diable et redoutablement inquiétant quant au cheminement narratif reptilien, Next Door scande le vénéneux thriller torride où les apartés lubriques virent aux violentes étreintes  dangereusement déviantes. A ne pas rater.   

*Bruno

jeudi 15 août 2019

John Wick 3: Parabellum

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.fr

de Chad Stahelski. 2019. U.S.A. 2h12. Avec Keanu Reeves, Ian McShane, Halle Berry, Asia Kate Dillon, Lance Reddick, Laurence Fishburne

Sortie salles France: 22 Mai 2019

FILMOGRAPHIE: Chad Stahelski est un cascadeur, coordinateur des cascades, acteur, assistant réalisateur puis réalisateur américain né le 20 septembre 1968 à Fort Worth (Texas). 2014 : John Wick (coréalisé avec David Leitch). 2017 : John Wick 2. 2019 : John Wick Parabellum.


On prend les mêmes et on recommence ! Notamment au niveau formel (décors high-tech baroques entrecoupés d'une plage d'accalmie en plein désert marocain) que technique (les chorégraphies martiales s'avèrent toujours aussi épiques et vrillées). Or, beaucoup moins efficace et haletant que le second opus (pied de nez à la médiocrité de son modèle néophyte), faute d'une structure narrative dégingandée et d'une intrigue étique dénuée d'intensité dramatique, John Wick 3 ne vaut le coup d'oeil que pour ces monstrueuses scènes d'actions souvent dantesques, hallucinées, déjantées, hyperboliques, redoutablement inventives. Bougrement dommage donc car s'il eut bénéficié en guise de pilier d'un réel scénario, Chad Stahelski aurait pu nous parfaire une sorte de chef-d'oeuvre effronté. Reste un spectacle bourrin point déplaisant si bien que les fans devraient à nouveau y trouver leur compte.

*Bruno

mercredi 14 août 2019

Parasite. Palme d'Or, 2019.

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Bong Joon-ho. 2019. Corée du Sud. 2h12. Avec Song Kang-ho, Jang Hye-jin, Choi Woo-sik, Park So-dam, Lee Sun-kyun.

Sortie salles France: 5 Juin 2019. Corée du Sud: 30 Mai 2019

FILMOGRAPHIEBong Joon-ho est un réalisateur et scénariste sud-coréen né le 14 septembre 1969 à Daegu. 2000 : Barking Dog. 2003 : Memories of Murder. 2006 : The Host. 2009 : Mother. 2013 : Snowpiercer, le Transperceneige. 2017 : Okja. 2019 : Parasite.


Cache-cache pittoresque où se chevauche le jeu de massacre entre une lutte de classes (prolétaires vs bourgeois), Parasite génère une pléthore de situations imprévisibles impossibles à anticiper, si bien que les ruptures de ton laissent un sérieux goût d'amertume auprès de son (exceptionnelle) ultime demi-heure d'une rigueur dramatique poignante. Tant et si bien que nous ne sortons pas indemne de cette descente aux enfers dans les bas-fonds de l'hypocrisie humaine. Couronné de la Palme d'Or à Cannes, plébiscité par le public français avec ces 1 359 034 entrées, Parasite traite du misérabilisme social avec une rare intelligence caustique, à l'instar de la comédie vitriolée Affreux, sales et méchants d'Etore Scola (même si les oeuvres diffèrent dans leur traitement personnel).


Car traitant des thèmes de l'inégalité des classes, de la cohésion familiale - à travers un superbe poème d'amour paternel - et de l'hypocrisie auprès d'un enjeu de survie nutritionnelle, Parasite télescope les genres (comédie, drame, romance, horreur, thriller) selon le brio du réalisateur touche à tout, Bong Joon-Ho (Memories of Murder, The Host, Snowpiercer, Okja). Ce dernier rivalisant d'originalité et d'inventivité pour mettre en exergue les stratégies aussi bien perfides que sournoises d'une famille banlieusarde envieuse de confort et de cupidité auprès de l'hospitalité d'une famille bourgeoise engluée dans le matérialisme de leur cocon salubre. Ainsi, de par leur afféterie quotidienne dénuée d'insouciance et de contrainte morales, la famille Park est incapable de distinguer la toile d'araignée qui se tisse autour d'eux lorsque les chômeurs du clan Ki-taek auront décidé de prendre leur revanche sur une société arbitraire dénigrant les plus endettés et laissés pour compte.


Comédie acide brute de décoffrage à travers sa moisson de rebondissements tragi-comiques, Parasite s'érige en immense farce macabre au gré des actions vindicatives de ses fricoteurs en mal d'amour, d'agrément, de révérence et surtout de reconnaissance. Une oeuvre subversive remarquable de maîtrise et de lucidité à travers son humanisme éperdue que Bong Joon-ho imprime de sa personnalité pourfendeuse. 

*Bruno

Récompenses: Palme d'or, Prix de l'AFCAE, Cannes 2019
Festival du film de Sydney 2019 : Sydney Film Prize.

mardi 13 août 2019

The Green Hornet

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Michel Gondry. 2011. U.S.A. 1h59. Avec Seth Rogen, Jay Chou, Cameron Diaz, Edward Furlong, Christoph Waltz, Emily Hahn, Edward James Olmos, Tom Wilkinson, Analeigh Tipton, Chad Coleman, Jamie Harris...

Date de Sortie France: 12 Janvier 2011, U.S.A: 14 Janvier 2011

FILMOGRAPHIE: Michel Gondry est un réalisateur de cinéma et de vidéo ainsi qu'un musicien français né le 8 mai 1963 à Versailles (Yvelines). 2001 : Human Nature, scénarisé par Charlie Kaufman. 2004 : Eternal Sunshine of the Spotless Mind, co-scénarisé avec Charlie Kaufman et Pierre Bismuth. 2006 : La Science des rêves. 2006 : Dave Chappelle's Block Party, documentaire/captation sur un concert de rue. 2007 : Soyez sympas, rembobinez. 2010 : L'Épine dans le cœur, documentaire sur sa grand-tante. 2011 : The Green Hornet. 2012 : The We and the I. 2013 : L'Écume des jours. 2014 : Conversation animée avec Noam Chomsky. 2015 : Microbe et Gasoil.


Etonnant de retrouver derrière les commandes le réalisateur poète Michel Gondry s'essayant pour la première fois au film de super-héros hollywoodien. Adaptation filmique de la série TV de 1966 incarnée par Bruce Lee, elle-même inspirée d'une BD et d'une série radiophonique des années 30, The Green Hornet est loin d'être déshonorant en dépit de son échec public en salles et de critiques à la fois mitigées et timorées. Car dénué de prétention dans un habile dosage de cocasserie, de romance (un houleux triangle amoureux entre nos héros et leur secrétaire) et d'actions rétros, The Green Hornet divertit modestement sous l'impulsion du duo bonnard Seth Rogen / Jay Chou jouant les super-héros avec une dérision semi-parodique.


Ainsi, si les amateurs de Blockbusters hyperboliques resteront probablement sur leur faim, notamment auprès de l'attrait lambda de nos héros dénués de super-pouvoirs (ils ne comptent que sur les arts martiaux et leur bolide gadgétisé pour se défendre contre l'ennemi), l'ambiance décontractée de leurs péripéties endiablées cultive un charme probant dans leur tentative récursive d'intimider un baron du crime (Christoph Waltz sensiblement pittoresque à travers son caractère pédant). Si bien que ces derniers, et afin de pimenter leurs aventures frauduleuses, auront décidé de se faire passer pour des "méchants" en concurrentiels afin de contourner les codes usuels du super-héros docile. Quand bien même en second acte, un 2è rival, procureur véreux beaucoup plus coupable qu'il n'y parait, s'invitera à la récréation en s'efforçant de faire assassiner le frelon vert.


Gentiment fripon, cocasse et non dénué de charme à travers sa facture rétro et l'humanisme des personnages en quête d'amitié, d'amour et de reconnaissance (notamment auprès de la sémillante  Cameron Diaz en secrétaire au franc-parler dévastateur), The Green Hornet demeure un bon divertissement, même si paradoxalement le second visionnage peut s'avérer dispensable.  

*Bruno