vendredi 18 octobre 2024

La comtesse

P.S: Je n'avais pas vraiment apprécié la 1ère fois, j'ai aujourd'hui changé d'avis après ma révision d'hier soir (merci Jérôme pour l'influence) même si éloignée de ma zone de confort.

Il s'agit donc d'un récit historique dépouillé relatant la déliquescence morale de la fameuse comtesse Elisabeth Bathory qui, à la suite d'une déception amoureuse assez polémique et envieuse (faute de ses 20 ans d'écart avec son amant), sombre dans la folie meurtrière en s'abreuvant de sang humain afin d'y préserver sa jeunesse. 

Si son climat relativement austère, son rythme nonchalant peut de prime abord rebuter, on se laisse peu à peu séduire, dérivé, un tantinet envoûté, par les caprices déviants de cette comtesse à la fois vaniteuse, égoïste, indolente que Julie Delpy impose (derrière et face caméra) dans une posture rigoureusement altière, impassible, pour ne pas dire antipathique. Raison pour laquelle nous avions affaire à un docu/fiction peu aimable.

Formellement soigné, tant pour sa photo scope, ses décors naturels et domestiques et sa réalisation personnelle avisée, et plutôt bien interprété auprès d'une distribution internationale assez impliquée, la Comtesse dérange, déroute et captive sensiblement au fil de son évolution morale puisque entravée par sa condition bourgeoise dénuée de charité. Sa cruauté sans morale atteignant l'innommable pour mieux se consoler de sa désillusion esseulée. 

Un drame passionnel donc rongé d'une sinistrose existentielle, aussi intime que davantage horrifiant, que l'on quitte sans réelle empathie à force de dérive criminelle en roue libre dénuée de remord, de remise en question, de rédemption. 

Enfin, quant à la vérité des faits historiques morbides, Julie Delpy n'évoque pas en carton d'avertissement qu'ils restent largement mis en doute par certains historiens puisque les témoignages furent obtenus sous la contrainte et la torture et que le nombre de victimes causées par la Comtesse hongroise reste incertain. 

Alors, réalité ou légende ?

*Bruno

mercredi 16 octobre 2024

Vij ou le Diable / Viy (Вий)

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Konstantine Ierchov et Gueorgui Kropatchiov. 1967. Russie. 1h16. Avec Leonid Kouravliov, Natalia Varley, Alekseï Glazyrine, Nikolaï Koutouzov

Sortie salles France: 22 Mars 1972. Union soviétique : 27 novembre 1967

FILMOGRAPHIE: Konstantine Vladimirovitch Ierchov (en russe : Константин Владимирович Ершов), est un réalisateur, un acteur et un scénariste de films né le 17 juillet 1935 à Tchéliabinsk, RSFSR et décédé le 28 décembre 1984 à Kiev. 1967 : Vij ou le Diable avec Gueorgui Kropatchiov.1970 : L'enfant décédé (en russe : Поздний ребёнок). 1973 : Tous les soirs après le travail. 1976 : Le Pense-bête de Stepanov (ru) ou La fille de Stepan (titre VHS). 1978 : L'Homme qui a eu de la chance. 1981 : Les femmes plaisantent sérieusement. 1982 : Les Tours. 1983 : Si le bonheur n'existait pas..., 
Gueorgui Borissovitch Kropatchiov (en russe : Георгий Борисович Кропачёв), né le 15 avril 1930 à Léningrad, en Union soviétique, et mort le 13 mars 2016 à Saint-Pétersbourg, est un réalisateur, décorateur et scénariste de cinéma russe.

Nous sommes en terrain inconnu. Celui de la Russie des sixties sous la mainmise audacieuse du genre horrifique. Car le seul tourné chez eux (jusqu'aux années 2000 parait-il). Vij relatant les 3 jours cauchemardesques d'un séminariste contraint de veiller le corps d'une jeune fille se révélant une sorcière. Or, afin d'y canaliser ses affres, il s'enivre de Vodka au risque de perdre la vie. 

Visuellement splendide en s'immergeant goulument à l'intérieur de l'écran, Vij est un voyage infiniment dépaysant à travers sa scénographie à la fois rurale et gothique issue de l'union soviétique. Tant auprès d'une auberge, d'une église, d'un pâturage ou d'un vaste champs verdoyant, Vij est un ravissement formel vu nulle part ailleurs. 

Les réalisateurs Konstantine Ierchov et Gueorgui Kropatchiov élaborant des séquences oniriques à la fois féériques (les séquences de la jeune fille en berne puis ses apparitions en lévitation) et cauchemardesques (les démons qui harcèlent notre héros aviné jusqu'à un final anthologique surgit des enfers). Sur ce point les extraordinaires effets-spéciaux sont encore aujourd'hui pour la plupart surprenants, voirs bluffants de réalisme tout en nous illustrant avec une inventivité baroque des monstres difformes  épatants de singularité séculaire. 

Tiré d'un récit de Nicolas Gogol (déjà adapté à l'écran par Mario Bava avec son chef-d'oeuvre monochrome Le Masque du Démon), Vij ou le diable rassembla lors de sa sortie plus de 30 millions de spectateurs ! C'est dire si ce public peu familier à l'épouvante se rua dans les salles pour reluquer l'objet sulfureux puisant principalement sa force dans le jeu spontané des acteurs plutôt dynamiques (et à l'expressivité assez particulière) et surtout dans son imagerie ensorcelée faisant intervenir les forces occultes sous l'allégeance d'une sorcière à la fois physiquement répugnante et fastueuse. 

On sort donc de ce cauchemar tel un rêve éveillé avec l'impression d'avoir assisté à une expérience de cinéma "autre" que la Russie abdiqua toutefois (le genre "épouvante" j'entends) des décennies durant pour des raisons qui m'échappent. C'est dire si Vij ou le diable demeure extrêmement précieux pour l'amateur éclairé qu'Artus Films extirpe de sa torpeur dans une superbe copie Blu-ray agrémentée de passionnants Bonus. Une seule pensée nous vient passé le générique de fin, rembobiner la pellicule pour s'y replonger d'une façon gouleyante aussi sommaire soit son intrigue quelque peu facétieuse, voire même sarcastique (à l'instar de son inopinée conclusion contraire à la morale).

P.S: Chez nous, Vij sortit le 22 Mars 1972, soit 5 ans après sa sortie soviétique le 27 Novembre 1967.

*Bruno
3èx. Vostf

lundi 14 octobre 2024

The Substance. Prix du Scénario, Cannes 2024

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
 
de Coralie Fargeat. 2024. France/Angleterre/U.S.A. 2h21 (2h14 sans générique). Avec Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid, Hugo Diego Garcia, Joseph Balderrama, Gore Adams

Sortie salles France: 6 Novembre 2024. U.S: 20 Septembre 2024.

FILMOGRAPHIECoralie Fargeat, née en 1976 à Paris, est une réalisatrice et scénariste française. 2017 : Revenge. 2024 : The Substance.


Elephant Women.
Vous aimez les expériences cinématographiques ne ressemblant à nulle autre qui vont vous hanter au-delà du générique jusqu'au malaise viscéral, ad nauseam ? Vous aimez les films d'horreur extrêmes stylisés, l'érotisme léché (au service narratif qui plus est !), l'ironie vitriolée, le cynisme putassier, la satire à couper au rasoir pour mieux se railler de la chirurgie plastique, du sexisme et de la beauté physique que chaque nouvelle génération idolâtre dans leur fétichisme d'une perfection éphémère ? Alors The Substance va vous interpeller, vous faire réagir, vous ébranler surtout pour son imagerie dangereusement toxique car si séduisante, (pour ne pas dire appétissante) mais cauchemardesque la fois d'après ! Si bien que cette oeuvre malade extrêmement inspirée et maîtrisée (notamment auprès de sa fulgurance picturale sciemment saturée, pour ne pas dire criarde) nous hypnotise les sens à l'instar des travaux autrement alchimiques d'un Cronenberg provocateur pour son art consommé d'une matière organique mutante. Et quand on pense que cet objet fétide à la fois malaisant (attention au final orgiaque interminable !), dérangeant et malsain est issu du cerveau d'une femme en pleine possession de ses moyens, alors qu'il s'agit seulement de son second long, on est d'autant plus déconcerté, surpris, lessivé d'avoir assisté à son enfantement sans anesthésie. 


Qui plus est de souche française, Coralie Fargeat est habitée d'une ambition disproportionnée, d'une inspiration débridée en roue libre, d'une ambition dégénérée donc eu égard de la conduite infaillible de son récit à la fois licencieux, épicé, en chute libre lorsqu'il s'agit de mettre en parallèle, à renfort de composants expérimentaux (travail chiadé sur le son, cadrages baroques ou alambiqués, jeu hystérisé des acteurs) la dérive mentale d'une quinquagénaire sur le déclin mais éprise d'un regain de succès après avoir vécu la notoriété dans le milieu médiatique. Demi Moore se mettant à nu face écran (au propre comme au figuré) avec une force expressive à la fois désespérée et acharnée eu égard des nouveaux talents de son binôme juvénile lui volant davantage la vedette faute de leur compromis médicamenteux révolutionnaire (pour autant officieux). Nanti d'un jeu particulièrement viscéral également, Demi Moore nous transmet ses sentiments de désordre, de chaos et de rébellion avec une intensité semi-dramatique fort dérangeante, faute de la tonalité gouailleuse de sa descente aux enfers dénuées de concession et encore moins de pitié. Quant à la (plastiquement) sublime Margaret Qualley, elle lui dispute la vedette avec une avarice toujours plus incontrôlable de par son tempérament vicié compromis d'une starisation médiatique aussi cupide et sournoise qu'elle. 


Ré-animatrice.
Objet filmique monstrueux comme habité de cette matière organique hybride que Coralie Fargeat nous dépeint avec une ironie infiniment décomplexée, The Substance tape fort et juste là où ça fait mal pour mieux nous démontrer à quel point nous sommes tombés si bas pour notre centre d'intérêt imparti à l'apparence physique (si trompeuse). Tout aussi bien jubilatoire et fascinant que davantage répulsif et malaisant, The Substance est un chef-d'oeuvre du cinéma horrifique profondément marquant et perturbant de par sa puissance sensorielle et l'impact fulgurant de ses FX charnels exemplaires de réalisme viscéral. Attention les mirettes et les haut-le-coeur !

*Bruno
vost

Récompenses

Festival de Cannes 2024 : Prix du scénario

Festival international du film de Toronto 2024 : People's Choice Award (section Midnight Madness).

Infos subsidiaires; Le tournage a été effectué à Paris et dans le Sud de la France.

Dennis Quaid a remplacé l'acteur Ray Liotta à la suite de son décès. 

Budget: 17,5 millions de dollars.

Ci-joint le point de vue de Jean-Baptiste Thoret

Je crois que la singularité, pour ne pas dire la force, de "The Substance" tient moins dans ce que Coralie Fargeat semble d'abord vouloir nous dire (asséner serait un mot plus juste) - soit un féminisme à la truelle, de bon aloi et en grand angle - que les moyens plastiques et esthétiques fous qu'elle déploie pour faire mine d'y parvenir.  De manière insidieuse, le film glisse peu à peu sur un autre terrain, à son corps défendant peut-être. À force d'enfoncer le même clou écarlate, on comprend bientôt qu'il vise un point plus éloigné, et plus profond que celui auquel on pouvait s'attendre, contrairement à "Revenge", son premier long-métrage, qui avait calé à ce stade (Female empowerment, male gaze, etc...). Son geste est tellement radical et enragé (mais d'une grande précision), sa volonté d'aller jusqu'au terme absolu de ses visions tératologiques est si forte (2h20 tout de même), qu'elle parvient à nous convaincre que le vrai sujet de son film tient finalement tout entier dans son (extrême) viscéralité.

De The Substance, on sort bien sûr éreinté, groggy, un peu nauséeux, avec un étrange sentiment mêlé de familiarité (à peu près tous les grands monstres qu'a produit le cinéma depuis ses origines sont invités à ce bal de l'horreur, De Palma, Lynch, Russell, Carpenter, Shining, Freaks...) et de dépaysement total, comme dans un cauchemar où tout semble parfaitement ressemblant (à ce qu'on a déjà vu) et pourtant radicalement autre (l'a-t-on déjà vu à ce point et comme ça ?). C'est, pour reprendre le titre d'une livre que Piers Handling a consacré à David Cronenberg au tout début des années 1990, un film d'horreur intérieure qui, au terme de son odyssée répugnante et nécessaire atteint malgré tout une forme de poésie et surtout de clairvoyance politique. À la fin du film, la feuille de route féministe de départ semble lointaine, presque oubliée, expédiée en quelques minutes ricanantes, comme si, au fond, il n'y avait rien de plus à en dire qu'une parodie de show télé obsédé par le fessier de sa nouvelle égérie et le visage déformé d'un Dennis Quaid libidineux. Mais le travail formel de Fargeat, époustouflant et débridé, son obstination à épuiser dans l'outrance et la férocité tous ses motifs, lui ont permis d'élever son film bien au-delà du genre body horror et de ses limites structurelles. Certes, son pas est toujours un pas de trop (du côté du gore, forcément, et de l'implosion de toute logique scénaristique) mais ce pas de trop est, en réalité, un pas plus loin. Au fond, que nous raconte "The Substance" ? Peut-être quelque chose comme ceci : le capitalisme contemporain est une immense fabrique de monstres auxquels le film veut rendre leur littéralité et leur substance organique. Et ces monstres-là - autrement dit nous, usagers dociles de sa technologie, de ses injonctions, de ses illusions, de sa bêtise et de son inhumanité - Fargeat nous propose de les regarder en face, mais surtout en chair et en os. Geste cronenbergien en diable qui consiste à redonner du corps (et donc du sens) à une idée et à la revitaliser par une forme d'incarnation frénétique. La métaphore, comme arme critique, aurait-elle fait son temps ?

Caddo Lake

 
                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
 
de Celine Held et Logan George. 2024. U.S.A. 1h45. Avec Dylan O'Brien, Eliza Scanlen, Caroline Falk, Lauren Ambrose, Eric Lange.

Diffusé sur HBO MAX le 10 Octobre 2024

FILMOGRAPHIELogan George est réalisateur et monteur. 2020: Topside. 2024: Caddo Lake. 
Celine Held est réalisatrice et scénariste. 2020: Topside. 2024: Caddo Lake. 

                                                                          Top 2024

Prenant pour thème le fameux voyage temporel, Caddo Lake met scrupuleusement en parallèle la destinée de deux personnages: Le jeune Paris traumatisé par la mort de sa mère noyée dans les eaux du lac Caddo lors d'un accident de voiture, Elise dont sa soeur Anna vient tout juste de disparaître dans ce même lieu chargé de mystères et de silence mais aussi de bruits inexpliqués pour qui a l'oreille fine. 

Formellement fascinant auprès de sa scénographie aqueuse pénétrante et superbement réalisé puisque tant maîtrisé pour la gestion de son suspense haletant littéralement hypnotique, Caddo Lake s'illumine de densité pour la caractérisation psychologique de toute une famille du point de vue de Paris et Elise que tout semble opposer. Si le récit génialement inquiétant s'y entend pour susciter l'interrogation à travers les yeux de ceux-ci indépendamment plongés dans une dimension parallèle après voir péniblement percé les secrets du lac, sa puissance dramatique émane de leurs valeurs familiales qu'ils se disputent en contrepoint en s'efforçant de résoudre leurs blessures morales, réparer les dissensions et surtout modifier le temps pour s'extraire de l'injustice du deuil trop lourd à porter sur leur conscience.   

Constamment passionnant, tant pour la solidité de l'intrigue fertile en rebondissements, parfois confus mais cohérent (en rembobinant quelques séquences clefs pour mieux saisir les relations intrafamiliales un peu trop ramifiées dans une anarchie chronologique), du jeu des acteurs aussi impliqués que transis par la soif de découverte et de rédemption, que de sa réalisation circonspecte soumise à l'humanisme torturé de ses protagonistes en proie à la cacophonie, au sentiment d'injustice et au rejet de l'autre faute de leur découverte improbable liée au surnaturel, Caddo Lake suscite une fine émotion à la fois trouble, forte, poignante, déstabilisante, voir capiteuse même auprès de ses enjeux humains aussi fragiles que fébriles. 

Et si la conclusion peut un brin décevoir quant au sort imparti à l'un des protagoniste clef, Caddo Lake laisse en mémoire une investigation de longue haleine redoutablement trouble, fascinante, efficace en renouvelant sans fard aucun le thème du voyage temporel avec un art consommé de la singularité. 

Tout bien considéré, à trôner auprès des meilleurs films du genre auprès de sa thématique tant foisonnante du voyage temporel.

*Bruno
4K Vostfr

dimanche 13 octobre 2024

The Door / Die Tür

                                                 
                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Anno Saul. 2009. Allemand. 1H40. Avec Mads Mikkelsen, Jessica Schwarz, Heike Makatsch, Nele Trebs, Rüdiger Kühmstedt, Corinna Borchert, Valeria Eisenbart, Thomas Thieme, Tim Seyfi.

Sortie salles France : 20 Janvier 2011, Allemagne : 26 Novembre 2009

FILMOGRAPHIE: Anno Saul est un réalisateur et scénariste allemand. - Kebab Connection 2005
- The Door 2009. 2011 : Reiff für die Insel - Neubeginn. 2014 : Irre sind männlich


Basé sur le roman de Akif Pirinçci, The Door honore le cinéma Fantastique avec un art consommé  de la suggestion métaphorique (cauchemar cérébral pour le second niveau de lecture psychanalytique). Si bien que cette oeuvre intimiste native d'Allemagne prend comme alibi le voyage temporel afin d'illustrer le dilemme moral d'un couple à la fois tourmenté et meurtri depuis la mort de leur fillette de 7 ans.

Le Pitch: David, artiste peintre se rend chez sa maitresse au moment où sa petite fille tombe incidemment dans la piscine et meurt noyée. Cinq ans plus tard, rongé par le remord, le père en berne tente de reconquérir son ex-amie, en vain. Désespéré, il tente de se suicider en se jetant dans sa piscine mais un de ses amis le sauve in extremis. Quelques moments après, David erre sans but dans les rues nocturnes jusqu'au moment où il découvre sur son chemin un étrange tunnel capable de remonter le temps. 


Ainsi, en abordant comme thématiques la tragédie familiale et l'incapacité de faire face au deuil faute d'irresponsabilité parentale, The Door décrit avec sensibilité et attention psychologique sous couvert du thriller le cheminement lourdement éprouvé du père avant que son destin ne lui permette la possibilité de se racheter une conduite de par la découverte d'une faille temporelle. Tandis que les futurs rebondissements iront reconsidérer l'action et les enjeux personnels parfois morbides auprès de protagonistes motivés par le désir de rembobiner leurs actions en détruisant les témoins gênants. La réalisation particulièrement soignée, circonspecte et maîtrisée prenant son temps pour y charpenter un récit en dent de scie apportant une scrupuleuse attention au père incriminé voué à une potentielle réconciliation auprès de sa vie conjugale en perdition. 

Impliqué dans une réaction en chaine inarrêtable, Mads Mikkelsen apporte une subtile densité auprès de son humanisme torturé partagé entre culpabilité, espoir et désir de renaissance. Un être véreux malgré lui mais hanté par le chagrin et le désespoir, le remord et la quête de rédemption à travers ses nouvelles prises de conscience, sa remise en question perpétuelle bâtie sur le non-dit, sa nouvelle motivation amoureuse à reconquérir sa vie de couple. Son visage renfrogné assorti d'un regard anxiogène accentuant l'attrait diaphane de son environnement élégiaque mêlé d'angoisse et d'inquiétude alors que l'action plus haletante enchainera les soubresauts auprès de son parcours houleux (impliquant notamment d'autres protagonistes), tel un châtiment punitif inextricable.  


Le temps d'aimer
Soigneusement réalisé sous le pilier d'une photo épurée non exempte d'onirisme naturaliste (le symbole du papillon bleu), écrit avec intelligence pour y parfaire mystère, tension et suspense latent autour de la psychologie névrosée des personnages, The Door se décline en superbe romance éperdue à travers l'irresponsabilité parentale compromise par la mort et l'adultère. Une oeuvre intense et passionnante donc à travers son fragile discours sur le pardon, la reconstruction morale eu égard de la part de responsabilité d'un père et d'une mère mutuellement opposés à la trahison. Le cinéaste Anno Saul  exploitant le genre Fantastique sans fioriture aucune (qui plus est sans effets-spéciaux !) pour rendre compte de la complexité des sentiments les plus fragiles, filandreux, véhéments, douloureux. 

Récompense: Grand Prix au Festival du film Fantastique de Gérardmer 2010.

17.01.11.
13.10.24. Vostfr

jeudi 10 octobre 2024

Amelia's Children / A Semente do Mal. Prix du Jury, Gérardmer 2024.

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Gabriel Abrantes. 2023. Portugal. 1h39. Avec Brigette Lundy-Paine, Carloto Cotta, Anabela Moreira, Alba Baptista, Rita Blanco.

Sortie salles France: 31 Janvier 2024

FILMOGRAPHIE: Gabriel Abrantes est un réalisateur américano-portugais vivant à Lisbonne, né en 1984 en Caroline du Nord. 2014 : Pan Pleure Pas, long métrage qui rassemble trois de ses précédents courts (Taprobana, Liberdade et Ennui ennui). 2018 : Diamantino, coréalisé avec Daniel Schmidt. 2024 : Amelia's Children. 

Quelle belle surprise que ce petit métrage portugais tourné en anglais (le réal étant de nationalité américano-portugais) repartit qui plus est avec le Prix du Jury lors du festival de Gérardmer. 3è long du méconnu Gabriel Abrantes, Amélia's Children s'y entend pour nous amener à le suivre sur les pentes d'une intrigante filiation lorsque Ed et sa compagne Riley recherchent les parents de celui-ci après avoir été kidnappé lorsqu'il fut bébé. Ce qui les amènent à côtoyer sa véritable mère et son frère jumeaux vivants reclus dans un manoir à proximité d'un bois. Efficacement mené auprès de son suspense lattent ne relâchant jamais l'attention, notamment grâce à l'attachement imparti au couple sans fard (tant auprès de leur physique standard que de leur jeu dépouillé particulièrement naturel, surtout auprès de Brigette Lundy-Paine portant littéralement le récit sur ses épaules), Amélia's Children empreinte intelligemment la thématique incestueuse sous couvert d'une satire cinglante sur le jeunisme. Or, fort d'un climat d'étrangeté d'autant plus stylisé au sein de cette charmante demeure où les jeux de couleurs y esquissent l'ameublement, l'inquiétude ressentie demeure d'autant plus palpable en la présence d'une maman tuméfiée d'une chirurgie plastique. 

Celle-ci parvenant à susciter gêne et malaise, notamment auprès de sa posture faussement affable, quand bien même le fils instille lui aussi une équivoque amabilité auprès de ses hôtes désorientés. Pour autant simpliste auprès de son schéma connu, Amélia's Children réinvente la notion de suspense et d'horreur suggestive hérités des fleurons des années 70 et 80. Tant et si bien que l'on se surprend à être irrésistiblement attiré, captivé par cette étrange retrouvaille familiale sous l'impulsion de protagonistes subtilement équivoques, sournois, inévitablement perfides. Le réalisateur n'usant que rarement de facilités et de clichés (à l'exception d'un seul assez grossier lors d'une poursuite finale entre 2 personnages) puisque privilégiant le non-dit, la suggestion, l'inquiétude, l'interrogation, la perplexité avec une efficacité payante. Et ce avant d'y parfaire un final autrement tendu, haletant et quelque peu sanglant sans toutefois s'embarrasser de surenchère ou d'effets grand-guignolesques injustifiés. D'autant plus que plus l'intrigue progresse, plus son climat malsain s'y impose en embrayant l'angoisse tangible, notamment parmi l'appui de certaines visions intolérables dénuées de violence graphique. 

Attachante farce morbide pleine de modestie et de sincérité pour le genre horrifique puisque traitée entre noblesse et intelligence, Amélia's Children demeure un excellent divertissement à la fois sardonique, ombrageux et dérangeant en renouant avec les contes fétides que l'on se narrait au coin du feu. Et ce dans une facture toute à la fois moderne et baroque auprès de son esthétisme inspiré.  

Dédicace à Loïc Bugnon.

*Bruno
Vostfr

mercredi 9 octobre 2024

Le Chat Noir / The Black Cat

                                             
                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Edgar G. Ulmer. 1934. U.S.A. 1h05. Avec Karloff Boris, Lugosi Bela, Manners David, Bishop Julie, Brecher Egon.

Sortie salles France: 13 Mars 1936. U.S: 7 mai 1934

FILMO: Edgar Georg Ulmer est un réalisateur, scénariste, producteur et directeur de la photographie américain d'origine autrichienne (1904-1972) responsable de 49 longs-métrages !


Hormis son titre inapproprié, Le chat Noir dépeint la confrontation au sommet de deux personnages ambitieux: un architecte et un psychiatre notoire entachés d'un lourd passé conflictuelle. Or, le Dr. Vitus Werdegast (Bela Lugosi) est aujourd'hui décidé à se venger de son bourreau après avoir vécu 15 années de bagne. Pour cause, durant la guerre, l'architecte Hjalmar Poelzig (Boris Karloff) profita de sa longue absence pour se méprendre de son épouse ainsi que sa fille. Mais Vitus, rescapé de l'enfer d'une forteresse Russe a retrouvé ses traces depuis l'exil de son rival aux 4 coins du monde. Quand bien même un jeune couple égaré incidemment dans la demeure de Hjalmar se retrouve mêlé à leur discorde. 

Ainsi donc, à travers l'affrontement cérébral entre nos stars de l'épouvante, Edgar Georg Ulmer nous livre un de ces glorieux classiques des années 30 à travers un récit implacablement structuré qui plus est renforcé d'une ambiance tantôt macabre, tantôt inquiétante, tantôt baroque. Car pour l'emploi de ce climat surréaliste fort particulier, nous sommes interpellés par la beauté et la modernité des décors architecturaux de la demeure exacerbés d'un éclairage expressionniste pour y parfaire des figures géométriques ainsi qu'un jeu d'ombres sournoises auprès de nos protagonistes obscurs qui entourent le couple égaré.

Quant aux couacs, au delà d'une unique scène humoristique entre deux policiers venus rendre visite dans la demeure et d'un détail narratif irrésolu (de quelle manière Hjalmar conserve inctact le corps de ses victimes embrigadées dans les cages de verre ?), Le Chat Noir est un passionnant jeu de pouvoir entre deux ennemis déterminés à ne point lâcher prise dans leur combat moral quelqu'en sera l'issue réservée. Et ce au nom de la fierté de l'arrivisme pour l'un et de la haine rancunière pour l'autre (au confins de la démence) quant au final horrifique particulièrement sadique.


Boris Karloff est impressionnant dans son personnage patibulaire imbus, lestement indocile, voir aussi dédaigneux envers sa clientèle livrée à sa merci à l'aune de ses troubles expériences. Haute stature imposante, regard lourd, sombre présence physique dans un accoutrement vestimentaire mortifère, Boris Karloff s'approprie du cadre avec une discrétion expressive hypnotique ! Bela Lugosi, lui, est futilement hautain lors de ses réponses emphatiques, épris de mélancolie aussi et de gravité. Car atteint d'une profonde douleur dans l'âme et le coeur, l'acteur laisse transparaitre avec un naturel rigoureusement inquiétant (voir parfois même malaisant) sa détresse, son chagrin insurmontable quant à sa tragique découverte filiale. 

D'autre part, en ce qui concerne son imagerie à la fois baroque et macabre (on reste pantois de trouble admiration pour la perversité invoquée aux cages de verres féminines !), on reste fasciné par son final haletant se clôturant sur une séance singulière de diabolique liturgie où le spectateur sera encore interloqué auprès de l'arrière plan d'un étrange décor gothique à l'art abstrait.

Passionnant dans ses caractérisations fébriles et étrangement magnétique pour la vigueur son noir et blanc évocateur, Le Chat Noir est surtout l'occasion de voir réunir à l'écran deux stars de l'épouvante rigoureusement impliqués, inspirés, habités par leur personnage occulte afin de nous susciter l'appréhension pour leur singulier règlement de compte aussi tortueux que tragique. Un classique effectivement immortel pour reprendre la tagline de son Dvd édité chez nous en version originale. 


Côte émotive (sur 5): ☆☆☆☆☆ 
P.S: les étoiles évaluent le plaisir ressenti, rien à voir avec une quelconque note objective.

*Bruno
09.10.24. 2èx. Vost
16.08.10

mardi 8 octobre 2024

Salem's Lot

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com 

de Gary Dauberman. 2024. U.S.A. 1h54. Avec Lewis Pullman, Makenzie Leigh, Alfre Woodard, William Sadler, Bill Camp, Pilou Asbæk.

Diffusé sur Max le 03 Octobre 2024

FILMOGRAPHIE: Gary Dauberman est un scénariste et réalisateur américain. 2019 : Annabelle : La Maison du mal (Annabelle Comes Home). Prévu pour 2024 : Salem (Salem's Lot)

Je rejoins Stephen King puisqu'il s'agit d'une fort sympathique réactualisation du mythe du vampire au sein d'un huis clos rural aussi chaleureux qu'inquiétant eu égard de la venue d'un invité surprise hyper charismatique (et donc aussi fascinant que terrifiant pour son apparence spectrale renouant aux sources du mythe façon Nosferatu).

La réalisation est étonnamment soignée et bien cadrée, la photo est splendide, la reconstitution des Seventies idoine, le cadre rassurant est chaleureux alors qu'à d'autre moments le gothisme architectural y contraste dans une emprise ensorcelante. Il y a aussi des séquences oniriques de toute beauté qui accompagnent le récit sans fioriture (la poursuite nocturne dans les bois en ombres chinoises) alors que les personnages, que l'on croirait évacués d'une série B des années 80, sont attachants auprès de leur cohésion et leur héroïsme de dernier ressort. Sur ce point, il fallait d'ailleurs oser offrir le rôle majeur à un enfant afro volant presque la vedette à son homologue adulte. 

C'est donc bien rodé, jamais ennuyeux, aussi mystérieux que palpitant, inventif qui plus est (les croix qui s'illuminent, les yeux qui blanchissent, les vampires éjectés par l'arrière au contact de la croix, le final dans le drive-in avec l'écran de cinéma, la scénographie onirico-féerique des enfants vampires) alors que son épilogue expéditif ne s'attarde pas sur le combat final entre vampire et survivant. Et puis enfin on peut relever l'audace du réalisateur d'y sacrifier quelques victimes de façon cruellement imprévisible pour s'extirper des clichés et en renforçant les situations de danger distillées au fil narratif sans vaine digression (on va droit à l'essentiel).

Une bonne série B horrifique donc, modeste, émotive, sans prétention, comme il en pullulait lors des années 80.

*Bruno
vost

lundi 7 octobre 2024

Louise (Take 2)

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Siegfried. 1998. France. 1h44. Avec Élodie Bouchez, Roschdy Zem, Gérald Thomassin, Antoine du Merle, Bruce Myers, Naguime Bendidi 

Sortie salles France: 20 Janvier 1999.

FILMOGRAPHIE: Siegfried, ou Sig, noms se scène de Siegfried Debrebant, est un réalisateur de cinéma et compositeur de musiques de films français, né le 23 janvier 1973 à Paris et mort en octobre 2024. 1998 : Louise (take 2). 2003 : Sansa. 2008 : Kinogamma - Part 1: East. 2008 : Kinogamma - Part 2: Far East. 2011 : Kids Stories. 2017 : Riga (Take 1). 

Notice: Quelques heures plus tôt avant d'écrire cette chronique, j'ai appris la mort de son réalisateur Siegfried décédé le Samedi 5 Octobre 2024.

“Cinéaste aux semelles de vent, Mozart de la caméra, musicien hors pair et le plus marginal de tous les marginaux que j'ai pu connaître. Le monde des films non formatés disparait avec lui. ” Stéphane Sorlat 

Triste sort que de condamner un grand film à l'oubli le plus arbitraire, Louise (take 2) reste l'une des oeuvres les plus marquantes des années 90 avec son binôme La Vie rêvée des Anges. Illuminé des présences d'Elodie Bouchez (l'innocence instinctive qu'elle nous retransmet bouleverse nos émotions dans sa posture d'écorchée vive) et de Roschdy Zem (subtilement poignant en clochard avenant) accompagnés d'un Gavroche des temps modernes, Antoine du Merle (chapeau l'artiste pour ton naturel à la fois insouciant, décomplexé, provocateur !), Louise (take 2) est une oeuvre quasi expérimentale dépeignant sous le pilier du docu-fiction l'équipée de jeunes SDF délinquants dans les métros et bas-fonds parisiens. Hyper attachant sous l'impulsion d'acteurs vivants plus qu'ils ne jouent leur fonction de laissés-pour-compte en perdition, Louise (take 2) nous plonge dans leur descente aux enfers avec une puissance dramatique assez singulière eu égard de la maîtrise de la réalisation ultra efficace. 

Tant auprès des évidentes improvisations auprès des répliques et situations criantes de vérité, de sa figuration marginale (pour ne pas dire fracassée) jouant leur propre rôle, de l'utilisation de la musique parfois agressive ou jazzy renforçant son aspect documenté pris sur le vif, que des moments de joie et de tendresse que l'on perçoit avec une trouble empathie proche de l'ivresse. A l'instar de cette hallucinante poursuite à pied dans le métro puis dans les rues que Siegfried filme à l'arraché avec un brio personnel. Vortex d'émotions fortes dans un climat électrisant aussi glauque que parfois sordide, Louise (take 2) est transcendé de son acuité humaniste auprès de ces marginaux juvéniles livrés à eux même mais d'un courage, d'une audace et d'une dignité à couper au rasoir pour déjouer leur misère dans leur condition d'exclus que les corps policiers, psychiatriques, sanitaires et sociaux (la Ddass) sont incapable d'endiguer faute de leur absence d'empathie dénuée de pitié et d'indulgence dans leur refus d'être à l'écoute de l'autre. Une oeuvre puissante donc assez dure, violente (dans les dialogues et certains comportements délinquants) et cauchemardesque, mais si tendre et euphorisante car loin de se confiner dans la désillusion de la sinistrose de par la rédemption de l'amour autant parentale que conjugale que les acteurs expriment avec une sensibilité écorchée vive. Indispensable. 


*Bruno
07.10.24. 3èX

Récompense: Prix Michel d'Ornano à Deauville.

jeudi 3 octobre 2024

Naïs

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Raymond Leboursier et Marcel Pagnol. 1945. France. 1h58. Avec Fernandel, Jacqueline Bouvier, Raymond Pellegrin, Henri Poupon, Germaine Kerjean, Henri Arius.

Sortie salles France: 22 Novembre 1945

FILMOGRAPHIE: Marcel Pagnol est un écrivain, dramaturge, cinéaste et producteur français, né le 28 février 1895 à Aubagne (Bouches-du-Rhône), et mort à Paris le 18 avril 1974 (à 79 ans). 1933 : Le Gendre de Monsieur Poirier. 1933 : Jofroi. 1935 : Merlusse. 1935 : Cigalon. 1936 : Topaze. 1936 : César. 1937 : Regain. 1938 : Le Schpountz. 1938 : La Femme du boulanger. 1940 : La Fille du puisatier. 1945 : Naïs. 1948 : La Belle Meunière. 1951 : Topaze. 1952 : Manon des sources. 1952 : Ugolin. 1954 : Les Lettres de mon moulin. 1967 : Le Curé de Cucugnan (téléfilm).

Quand un bossu en mal d'amour s'éprend de la belle paysanne Naïs avant de se raviser depuis le retour de Frédéric Rostand qu'elle ne peut s'empêcher d'aimer éperdument, cela donne un bien étrange drame romantico-criminel teinté de comédie de marivaudage que les dialogues fleuris de Marcel Pagnol transfigurent à travers sa poésie naturaliste où dévouement et abnégation demeurent les maîtres mots auprès d'un pygmalion à la fois cocasse, attachant et émouvant que Fernandel monopolise dans une discrète tendresse. 

Surprenant, personnel et déconcertant, notamment auprès de la caractérisation anti-manichéenne des personnages de Toine, le bossu, de Frédéric et du père de Naïs, ce très beau mélo provincial ne cible guère un public familial dans son refus de fioriture et de facilité. Faute de la complexité de ses personnages discutables (avec notamment un discours sensiblement frondeur sur le machisme et le patriarcat), de la pudeur de son émotion somme toute contenue et d'un climat champêtre doucereusement expressif dans sa facture monochrome d'après-guerre.

A redécouvrir avec une attention aussi exigeante qu'avertie.

*Bruno
2èx

mercredi 2 octobre 2024

Strange Darling

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de  JT Mollner. 2024. U.S.A. 1h37. Avec Willa Fitzgerald, Kyle Gallner, Barbara Hershey, Ed Begley Jr.

Sortie salles France: ?. U.S: 23 Août 2024.

FILMOGRAPHIE: JT Mollner est un réalisateur , producteur de films , scénariste , entrepreneur et ancien acteur américain. 2016: Outlaws and Angels. 2024: Strange Darling. 

                                                                                                                                                                       
Coup de 💓 2024 ! Quand on oublie que l'on est au cinéma tant on est pris par la chimère ! 

Warning ! Afin de préserver tout effet de surprise, il est formellement déconseillé de regarder la bande-annonce et de lire le pitch. 

Folie A2 !
Sachez simplement qu'il s'agit d'une longue traque entre un serial-killer et sa victime 1h31 durant sous l'impulsion d'un mémorable duo que vous n'êtes pas prêts d'oublier. 
Et donc, afin de ne pas divulguer tous spoilers et twist à la renverse qui irriguent l'intrigue scindée en 7 chapitres (en comptant l'épilogue d'une inattendue rupture de ton confinant au sublime), sachez que le réalisateur néophyte JT Mollner (il s'agit de son second long après un essai standard passé inaperçu) s'y entend à point nommé pour faire voler en éclat tous les codes du thriller horrifique afin de mieux nous (dés)orienter vers des chemins de traverse vitriolés. Et cela fonctionne "davantage" à plein régime au fil d'une évolution narrative éclatée où la chronologie temporelle y est sciemment anarchisée. 
Ainsi donc, le premier quart d'heure a beau nous faire craindre la redite d'une situation convenue, Strange Darling ne fait que tabler sur le simulacre d'une confrontation psychologique au diapason, de manière à mieux nous piéger sur ce que nous étions entrain de voir plus tôt sans trop d'implication motivante. 


Alors que la séquence prochaine viendra remettre en question ce à quoi nous étions entrain d'assister en tant que témoin d'une drague improvisée. Et c'est tout le génie de cette vrombissante série B surfant sur un certain pilier Tarantinesque à travers sa violence tranchée, ses éclairs d'humour sardonique, ses répliques chiadées, sa chronologie désorganisée qu'il est impossible d'anticiper, que de compter sur son intrigue sournoise, réglée comme une horloge, afin de bousculer nos attentes de spectateur exigeant avec un art consommé de la roublardise. Le tout enrobé d'une photo saturée éclatante et d'un score romantique élaborés pour y séduire notre émotivité en dépit de l'immoralité du concept où les valeurs du Bien et du Mal s'y confondent dans un esprit sarcastique tout à la fois semi-parodique, semi-tragique, voir même semi-bouleversant (bordel ce final intime mélomane dénuée de paroles !). Tant et si bien que l'épilogue anthologique continuera sans doute d'hanter vos nuits (et/ou vos songes) avec l'étrange amertume d'avoir assisté à un OFNI faussement décalé, ludique, décomplexé. 


La Crise et la Lueur. 
Si après ça vous n'avez pas pigé que Strange Darling est une des meilleures cuvées de l'année 2024 en prime d'être inéluctablement culte de par ses audaces formelles/narratives qu'un jeu d'acteurs survitaminé (à marquer d'une pierre blanche j'vous dit, surtout auprès de ..... !!!) vient scander lors d'une confrontation singulière iconique, pour ne pas dire bipolaire, vous n'avez plus qu'à vous jeter par la fenêtre.  

*Bruno

mardi 1 octobre 2024

Les 7 Mercenaires / The Magnificent Seven

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Sturges. 1960. U.S.A. 2h08. Avec Yul Brynner, Steve McQueen, Charles Bronson, James Coburn, Robert Vaughn, Brad Dexter, Horst Buchholz, Eli Wallach, Jorge Martínez Hoyos, Vladimir Sokoloff, Rosenda Monteros, Rico Alaniz. 

Sortie salles France: 1er Février 1961. U.S: 23 Octobre 1960

FILMOGRAPHIE: John Sturges est un réalisateur et producteur de films américain né le 3 janvier 1910 à Oak Park (Illinois) et mort le 18 août 1992 à San Luis Obispo (Californie).1948 : Le Signe du Bélier. 1949 : Les Aventuriers du désert. 1950 : La Capture. 1950 : Le Mystère de la plage perdue. 1950 : Right cross. 1950 : The Magnificent Yankee. 1951 : Kind Lady. 1951 : Le peuple accuse O'Hara. 1951 : It's a Big Country. 1953 : Fort Bravo. 1953 : La Plage déserte. 1954 : Un homme est passé. 1955 : Duel d'espions. 1955 : La Vénus des mers chaudes. 1956 : Coup de fouet en retour. 1957 : Règlements de comptes à OK Corral. 1958 : Le Trésor du pendu. 1958 : Le Vieil Homme et la mer. 1959 : La Proie des Vautours. 1958 : Le Dernier Train de Gun Hill. 1960 : Les Sept Mercenaires. 1961 : Par l'amour possédé. 1962 : Citoyen de nulle part. 1962 : Les Trois Sergents. 1963 : La Grande Évasion. 1965 : Station 3 : Ultra Secret. 1965 : Sur la piste de la grande caravane. 1967 : Sept secondes en enfer. 1968 : Destination Zebra, station polaire. 1969 : Les Naufragés de l'espace. 1972 : Joe Kidd. 1973 : Chino. 1974 : Un silencieux au bout du canon. 1976 : L'aigle s'est envolé.


Chef-d'oeuvre absolu d'une classe impériale, les 7 Mercenaires prouve à quel point le cinéma d'antan (ou de papa comme on dit en langage courant) pouvait dégager une alchimie prédominante auprès d'une oeuvre aussi bien sincère et (si) attentionnée qu'ambitieuse et riche d'émotions à travers son récit initiatique culminant au baroud d'honneur (on peut d'ailleurs prêter une certaine allusion à l'autre chef-d'oeuvre la Horde Sauvage de Peckinpah à travers ses thématiques du temps qui passe, de la vieillesse et du devoir de sacrifice). Et ce en dépit de l'inspiration de John Sturges à imiter les 7 Samouraïs dans une personnalité propre. Si bien qu'Akira Kurosawa lui offrit un nihontô (arme blanche du Japon) tant il fut satisfait du résultat ricain. Mais outre le plaisir ludique d'y suivre une intrigue latente prenant largement son temps à développer son récit et ses personnages en proie aux fêlures morales, remises en question et doute, les 7 Mercenaires étincelle de mille feux grâce à son cast légendaire. 


Steve McQueen, Charles Bronson, James Coburn, Robert Vaughn, Brad Dexter, Horst Buchholz, Eli Wallach se disputant la vedette dans leur charisme iconique sous l'impulsion d'un Yul Brynner encore plus saillant à travers son charisme viril, sa force tranquille et rassurante, son flegme imperturbable, sa loyauté, son héroïsme studieux. Ainsi donc, magnifiquement mis en scène au sein d'un cadre sépia en format scope, les 7 Mercenaires confine à la grâce et au lyrisme, à l'expectative du suspense le plus jouissif (quelle mise en attente auprès des 2 conflits belliqueux !), aux gunfight chorégraphiés et au souffle épique d'une grande aventure militant pour le sens de l'amitié et la fraternité, le sens du sacrifice et la peur de la mort au profit d'une éloge à la famille, à l'amour et à la responsabilité paternelle. Le tout soutenu du score plein d'entrain d'Elmer Bernstein dans toutes les écoutilles. Inaltérable, pour ne pas dire imputrescible, notamment auprès de son raffinement visuel, les 7 Mercenaires prouve que le temps n'a aucune emprise sur les chefs-d'oeuvre à part entière destinés à perdurer à travers son acuité de fascination intergénérationnelle.  


*Bruno
2èx. Vostf. 4K

Budget : 2 000 000 $
Lieux du tournage: entièrement au Mexique.

vendredi 20 septembre 2024

La Montagne du Dieu Cannibale / La montagna del dio cannibale

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant à Mauvaisgenres

de Sergio Martino. 1978. Italie. 1h42. Avec Ursula Andress, Stacy Keach, Claudio Cassinelli, Antonio Marsina, Franco Fantasia, Lanfranco Spinola, Carlo Longhi.

Sortie salles France: 12 Juillet 1978. Italie: 10 Août 1978

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaine. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983: 2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.


Quel bonheur de renouer avec un film d'aventures pour adultes en tenant compte qui plus est de son potentiel qualitatif n'ayant pas pris une ride ! 
Car si on déplore malheureusement ses abjectes snufs animaliers (imposés par les distributeurs) que l'on élude grâce à l'avance rapide de notre télécommande (à quand une version censurée obstruant toutes ses séquences animalières littéralement à vomir ?), la Montagne du Dieu cannibale est probablement l'une des meilleures réalisations de Sergio Martino (L'Étrange Vice de madame Wardh, Torso, la Queue du Scorpion, le Continent des Hommes poissons, 2019 après la chute de New-York, Atomic Cyborg). Un habile faiseur conjuguant le film de jungle, façon Tarzan, avec le film de cannibale (pour son final horrifiant émaillé de dégueulasseries) ayant inondé nos écrans entre la fin des années 70 et l'orée des années 80. Et donc, on pourrait presque parler de modèle d'efficacité à travers ce récit d'aventure prévisible pour autant semé d'évènements impromptus, incidents, agressions animales et rencontres tribales afin de relancer l'action disséminée à juste dose. Une histoire simple parfaitement structurée, d'autant mieux subordonnée aux réactions des personnages conflictuels nous dévoilant au compte goutte leur passé (parfois torturé). Sans compter un rebondissement plutôt bien amené en reconsidérant la moralité d'un personnage. Notre groupe d'aventuriers étant parti à la recherche d'un époux disparu en plein enfer vert. Et puis quel casting ! Stacy Keach, Ursula Andress (carrément nue par moments jusqu'à son apparence finale particulièrement iconique !) s'entourant de seconds-rôles aussi sobrement expressifs, une fois n'est pas coutume, Claudio Cassinelli en tête en mercenaire écolo contrairement bienveillant. Si bien que l'on est loin des charismes bovins que nos chères séries Z transalpines ont souvent recruté sans se soucier de leur éventuel talent (oral/gestuel). 


Car il faut bien l'avouer, on ne s'ennuie jamais dans ce périple exotique faisant la part belle à une imagerie naturelle absolument dépaysante tant on a l'impression de voyager à l'étranger de l'intérieur notre salon sous l'impulsion de la mélodie tranquille du duo Guido De Angelis / Maurizio De Angelis dans toutes les oreilles. Sergio Martino exploitant à merveille sa végétation sauvage ramifiée (tournée au Sri Lanka et en Malaisie ! Carrément oui), notamment auprès de cascades sauvages que nos héros arpentent la mâchoire crispée (avec un p'tit soupçon de Délivrance, notamment pour la lâcheté d'un protagoniste). Et puis que dire de ce final en apothéose, une ultime demi-heure bifurquant vers le pur trip horrifique proprement dégueulbif si bien qu'il fut d'ailleurs estampillé Outre-manche "Video Nasty". A savoir le film de cannibales viscéral avec ce que cela sous-entend de séquences répulsives, à l'instar d'une émasculation filmée en plan serré, de perforations corporelles, d'un corps éventré pour être libéré de ses entrailles que les cannibales mastiquent goulument ou encore de ce déjeuner insensé à base de reptiles faisandés que ceux-ci dévorent tel des affamés. Et puis il y a cette séquence insensée absolument terrifiante de réalisme lorsqu'un immense Boa s'en prend à Ursula Andress pour l'entourer de sa queue afin de mieux l'étouffer. Quand bien même ses partenaires tentent fébrilement de la délivrer de ses entraves avec stoïcité désespérée. Une séquence hallucinée magnifiquement mise en scène surfant avec le Mondo que Roar ou encore le démentiel les Bêtes féroces attaquent exploiteront à nouveau plus tard à l'écran. 


Les Risques de l'Aventure. 
Un excellent film d'aventures horrifiques donc, à réserver évidemment aux initiés pour son aura malsaine infréquentable, notamment auprès de l'horreur pure instaurée lors de sa dernière partie aussi haletante que génialement répugnante. Quant aux snufs-animaliers, il serait préférable à l'avenir que le spectateur ait le choix d'opter pour une version expurgée. C'en est même un cri d'alarme que je lance désespérément auprès de nos éditeurs attitrés.

*Bruno
2èx. Vostrf