lundi 18 mars 2024

Les Pleins pouvoirs / Absolute Power

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Clint Eastwood. 1997. U.S.A. 2h01. Avec Clint Eastwood, Gene Hackman, Ed Harris, Laura Linney, Scott Glenn, Dennis Haysbert, Judy Davis, E. G. Marshall.

Sortie salles France: 21 Mai 1997

FILMOGRAPHIE: Clint Eastwood est un acteur, réalisateur, compositeur et producteur américain, né le 31 Mai 1930 à San Francisco, dans l'Etat de Californie. 1971: Un Frisson dans la Nuit. 1973: L'Homme des Hautes Plaines. 1973: Breezy. 1975: La Sanction. 1976: Josey Wales, Hors la Loi. 1977: L'Epreuve de Force. 1980: Bronco Billy. 1982: Firefox, l'arme absolue. 1982: Honkytonk Man. 1983: Sudden Impact. 1985: Pale Rider. 1986: Le Maître de Guerre. 1988: Bird. 1990: Chasseur Blanc, Coeur Noir. 1990: Le Relève. 1992: Impitoyable. 1993: Un Monde Parfait. 1995: Sur la route de Madison. 1997: Les Pleins Pouvoirs. 1997: Minuit dans le jardin du bien et du mal. 1999: Jugé Coupable. 2000: Space Cowboys. 2002: Créance de sang. 2003: Mystic River. 2004: Million Dollar Baby. 2006: Mémoires de nos pères. 2006: Lettres d'Iwo Jima. 2008: L'Echange. 2008: Gran Torino. 2009: Invictus. 2010: Au-delà. 2011: J. Edgar. 2014: Jersey Boys. 2015: American Sniper. 2016: Sully. 2017: 2018: Le 15h17 pour Paris. 2018: La Mule. 2021: Cry Macho.

Un excellent thriller un peu occulté de nos jours et c'est bien dommage tant Clint Eastwood, réal et acteur, s'y entend pour nous captiver à travers son suspense (parfois) hitchockien (la séquence du bar filmée de l'extérieur d'une terrasse) au concept de base redoutablement alléchant, prometteur, percutant. Si bien qu'un gentleman cambrioleur est témoin d'un meurtre parmi la complicité du président des Etats-Unis. Or, égoïstement, ce premier ne porte pas assistance à la victime faute de sa posture illégale. Il décide toutefois d'y dérober une preuve éloquente avant de prendre la poudre d'escampette. Mais alors qu'il compte quitter le pays, un discours médiatique le ravise afin de réparer justice. Solidement mis en scène sans céder une seconde à l'ennui, les Pleins pouvoirs fait la part belle aux tourments psychologiques des personnages (tant antagonistes que protagonistes) impliqués dans la scénographie d'un meurtre, quand bien même notre anti-héros Luther (Eastwood donc) profite notamment de sa culpabilité (en demi-teinte) pour tenter de renouer avec sa fille depuis son absence parentale. Ce qui nous vaut d'ailleurs par petites touches émotionnelles des séquences intimistes subtilement poignantes tant le réalisateur attache du crédit humaniste aux rapports conflictuelles entre une fille et un père d'autant plus réunis dans un contexte de deuil familial. 

Quant au "méchant" du récit, Gene Hackman demeure une fois de plus parfait de lâcheté, de vilénie, d'hypocrisie dans sa fonction de président pédant usant de ses (pleins) pouvoirs pour masquer la vérité d'une tragédie meurtrière. Les seconds-rôles ne sont pas en reste non plus, principalement Scott Glenn à travers son charisme strié impassible en adjoint des services secrets, Ed Harris en flic loyal ne lâchant nullement d'un iota le fil de son enquête auprès d'un potentiel coupable redoutablement retors, mais aussi Laura Linney en fille esseulée plombée par l'absence d'un père peu recommandable en voleur professionnel au passé pour autant héroïque (ancien décoré de guerre de Corée). Outre son discours sulfureux sur la corruption des hommes de pouvoir victimes de leur condition fortunée, Clint Eastwood aborde en filigrane une réflexion sur la vengeance auprès de 2 points de vue dont leur point commun s'érige sur les valeurs familiales. Un excellent suspense donc qui ne perd jamais le spectateur en cours de route de par l'adresse et la maîtrise d'une réalisation robuste dont le moteur essentiel réside dans les profils bien dessinés de ses personnages s'affrontant entre perspicacité, ruse et maladresse. 

*Bruno

samedi 16 mars 2024

Stopmotion. Prix Spécial du Jury, Sitges 2023.

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Robert Morgan. 2023. Angleterre.1h33. Avec Aisling Franciosi, Stella Gonet, Tom York, Caoilinn Springall, James Swanton, Joshua J. Parker 

Sortie salles France: 8 Décembre 2023 (Festival du Rex de Paris)

FILMOGRAPHIERobert Morgan (né en 1974) est un réalisateur, réalisateur et scénariste britannique. 2014: ABC of Death: « D is for Deloused » 2023: Stopmotion. 

                                       Du ciné indé qui ne demande jamais à se faire aimer.

Attention, OFNI british à aborder avec des pincettes tant l'expérience horrifique demeure difficilement digérable sitôt le générique clôt. Si bien qu'à l'instar des chefs-d'oeuvre schizo Répulsions et Eraserhead, Stopmotion est à réserver à un public préparé pour qui sait apprécier les oeuvres d'auteur s'efforçant de rajeunir le genre avec une personnalité marginale eu égard de l'ambiance dissonante qui se dégage de chaque pore du métrage, de son indicible climat malsain et de sa violence sanguine intervenant prioritairement lors du dernier acte révélateur (encore que nombre de questions restent délibérément en suspens). Malaisant, trouble et inquiétant à la fois dans une posture aussi feutrée qu'étouffante, étrange, interlope, équivoque, ombrageux pour mieux nous perdre dans le dédale de la psyché torturée d'une jeune femme victime malgré elle d'une maman bigote, Stopmotion demeure finalement un drame psychologique singulier auprès de sa mise en scène expérimentale conjuguant assez efficacement prises de vue réelles et animation lorsque Ella s'efforce d'orchestrer un récit fantastique en compagnie de ses figures de cire qu'elle a bien du mal à conclure. 

Notamment faute de l'intervention de sa voisine de palier, une fillette influente bizarroïde de lui suggérer des idées morbides pour mettre à terme son ambitieux projet de cinéma en stopmotion. Nanti d'un rythme constamment languissant (qui ne plaira assurément pas à tous), composé de personnages de chair physiquement inquiétants (des visages quelque peu décharnés aux yeux plutôt exorbités) et de créatures de cire terriblement malaisantes au sein d'un cinémascope auteurisant, Stopmotion ne cesse de titiller angoisse, inquiétude, curiosité à part égale au sein d'une structure narrative éclatée afin de mieux perdre nos repères. Une leçon de cinéma en herbe pour nous engloutir dans un cauchemar cérébral redoutablement franc-tireur à travers son refus de concession, de fioriture, de quiétude, de main secourable. Une expérience assez extrême donc probablement vouée à devenir culte qu'il vaut mieux revoir plusieurs fois pour en saisir toute son essence psychologique, notamment auprès de sa thématique de la création à donner chair à des personnages inertes au péril de la raison.  

A ne pas mettre entre toutes les mains.

*Bruno

Distinctions: Prix du meilleur réalisateur, Fantastic Fest 2023

Prix spécial du jury, Sitges

vendredi 15 mars 2024

The Bone Collector

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Philip Noyce. 1999. U.S.A. 1h58. Avec Denzel Washington, Angelina Jolie, Ed O'Neill, Michael Rooker, Queen Latifah, Luis Guzmán, Richard Zeman, Leland Orser.

Sortie salles France: 26 Janvier 2000. U.S: 5 Novembre 1999

FILMOGRAPHIE: Phillip Noyce est un réalisateur australien, né le 29 avril 1950 à Griffith (Australie). 1977 : Backroads. 1978 : Newsfront. 1982 : Heatwave. 1987 : Echoes of Paradise. 1989 : Calme blanc. 1989 : Vengeance aveugle. 1992 : Jeux de guerre. 1993 : Sliver. 1994 : Danger immédiat. 1997 : Le Saint. 1999 : Bone Collector. 2002 : Le Chemin de la liberté. 2002 : Un Américain bien tranquille. 2004 : Welcome to São Paulo - segment Marca Zero. 2006 : Au nom de la liberté. 2010 : Salt. 2014 : The Giver. 2019 : Above Suspicion. 2021 : The Desperate Hour. 2023 : Fast Charlie. 

Encore un thriller des années 90 hélas oublié, faute d'avoir été sans doute occulté, voir peut-être aussi mésestimé depuis la bombe Seven sorti quelques années au préalable auquel la trame s'inspire ouvertement (jeu de piste infernal entre une flic en herbe et un tueur à la fois pervers et machiavélique). Sans compter également une influence évidente au Silence des Agneaux pour le soutien didactique "à distance" perpétré entre un expert en criminologie alité et cette même policière investiguant les recoins new-yorkais les plus sombres afin de venir à bout des exactions sordides du tueur jamais à bout de course pour achever son dessein meurtrier. Et si le final peut plausiblement décevoir une frange de spectateurs (ce qui ne fut pas mon cas alors que je redoutais un rebondissement archi prévisible lors d'une fausse alerte), il demeure pour autant bien amené, justifié et assez crédible pour adouber les mobiles du serial-killer d'une ténacité intraitable sans trop en dévoiler. 


Et même si l'intrigue avait gagné à être plus intense, structurée, passionnante et palpitante, on reste toutefois captivé, attentif, quelque peu fasciné autant qu'inquiet par l'évolution narrative faisant la part belle à la psychologie à la fois torturée, fragile et pugnace du duo Denzel Washington / Angelina Jolie indiscutablement convaincant (même si préférence pour Washington) dans leur mutuelle empathie (sobrement exposée) à se soutenir, leurs motivations acharnées à recoller les pièces du puzzle que le tueur dissémine sur ses chemins criminels avec une arrogance cynique. On peut également saluer l'intelligence de Philip Noyce (déjà auteur de l'excellent Calme Blanc) à se libérer de toute forme de complaisance, à l'instar de Seven, lors des crimes perpétrés avec une perversité insoutenable en se focalisant essentiellement sur leurs résultantes que le spectateur imagine en reconstituant le crime avec un dégoût aussi asphyxiant qu'horrifiant (surtout la séquence pestilentielle avec les rats). Solidement mis en scène en dépit de ses défauts précités, joliment photographié dans ces mêmes teintes sépias (remember Seven) et superbement filmé à travers l'urbanisation tentaculaire d'un New-York crépusculaire souvent fascinant, Bone Collector honore sobrement le psycho-killer en peaufinant par ailleurs lors du dernier acte libérateur une poignante romance renforcée de la sublime mélodie de Peter Gabriel / Kate Buch que le générique imprime avec mélancolie apaisante. Le tout sans jamais verser dans une sensiblerie aussi mal placée que programmée.

*Bruno
2èx

jeudi 14 mars 2024

Dobermann

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinematerial.com

de Jan Kounen. 1997. France. 1h43. Avec Vincent Cassel, Tchéky Karyo, Monica Bellucci, Antoine Basler, Dominique Bettenfeld, Pascal Demolon, Marc Duret, Romain Duris, François Levantal.
 
Sortie salles France: 18 Juin 1997 (int - 16 ans)

FILMOGRAPHIE: Jan Kounen (de son vrai nom Jan Coenen) est un réalisateur, producteur de cinéma et scénariste français d'origine néerlandaise, né le 2 mai 1964 à Utrecht (Pays-Bas). 1997 : Dobermann. 2004 : Blueberry, l'expérience secrète. 2007 : 99 francs. 2009 : Coco Chanel et Igor Stravinsky. 2013 : Le Vol des cigognes. 2020 : Mon cousin. 

                                                       Affreux, sales, (bêtes) et méchants.

Revoyure d'un actionner bourrin (franchouillard) qui fit grand bruit lors de sa sortie, faute de sa violence ultra gratuite dénuée de moralité (si bien qu'il fut interdit aux moins de 16 ans et reste banni de nos écrans TV), Dobermann est un délire de sale gosse assumant jusqu'au bout des ongles son irresponsabilité, son mauvais goût, sa subversion auprès d'anti-héros aussi détestables que grotesques (certaines séquences ridicules soufflant le chaud et le froid à savoir s'il faut en rire ou sourire ou s'en détourner). Tant auprès de la police en roue libre, faute des exactions autoritaires de leur leader nazillon assoiffé de vengeance bestiale, que des malfrats marginaux issus de la communauté gitane pour qui la vie d'autrui n'accorde aucun crédit. Ainsi donc, avec sa mise en scène à la fois clippesque et épileptique qui, aujourd'hui, accuse un peu des effets de style obsolètes et des maladresses pour autant attachantes (notamment auprès du jeu approximatif de certains seconds-rôles ou figurants), Dobermann dégage un charme bisseux aussi fascinant que jouissif pour qui parvient à tolérer spectacle aussi décérébré dénué de logique, de raison, de points de vue. 

Jan Kounen se vautrant à corps perdu dans la trivialité, tel un marmot dégénéré, auprès d'un déchaînement de violence hystérisée aussi libérateur et décomplexé qu'inquiétant, pour ne pas dire irréfléchi. Par conséquent, pour apprécier cette bande dessinée constamment irrévérencieuse, scato et impétueuse il vaut mieux laisser son cerveau au vestiaire pour s'adonner à cette débauche criminelle où flics et voyous s'affrontent sans répit dans un bain de sang aussi démonial que débridé. Certaines fusillades dantesques (le carnage dans la boite de nuit) et courses-poursuites automobiles demeurant extrêmement épiques auprès de sa réalisation primitive n'épargnant aucun antagoniste pour notre plaisir voyeuriste ranimant nos bas instincts de fantasmes inavoués. A revoir donc impérativement au second degré pour s'esbaudir de ce grand (fist) fuck(ing) sur pellicule se tortillant les nerfs dans une idéologie immorale aussi douteuse que sarcastique. 

Pour public averti évidemment.

*Bruno
3èx

Box Office France: 800 000 entrées

La 9è Configuration / The Ninth Configuration / Twinkle, Twinkle, "Killer" Kane

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de William Peter Blatty. 1980. U.S.A. 1h58. Avec Stacy Keach, Scott Wilson, Jason Miller, Ed Flanders, Neville Brand, George DiCenzo, Moses Gunn, Robert Loggia.

Inédit en salles en France: U.S: 29 Février 1980.

FILMOGRAPHIE: William Peter Blatty est un écrivain, scénariste et réalisateur américain d'origine libanaise, né à New York le 7 janvier 1928. On lui doit deux uniques réalisations: la Neuvième configuration (1980) et L'Exorciste, la suite (1990).

Mea culpa. 

C'est au bout du 3è visionnage que j'ai enfin pu l'apprécier à sa juste valeur. 

Et pourtant, je ne sais toujours pas quoi vraiment en penser.

Stacy Keach est exceptionnel en psychiatre prévenant parfois contrebalancé de sautes d'humeur d'une terrifiante intensité à travers son regard demeuré. 

Mais derrière son digne discours sur les traumas de la guerre du vietnam et la folie (contagieuse) qu'elle pu générer chez les plus fragiles, je retiens surtout son message spirituel finalement positif si on se réfère à son magnifique épilogue révélateur quand à notre raison existentielle impartie à la nécessité de souffrir et au courage de s'y sacrifier afin de réparer les fêlures morales. 

La narration imprévisible est sciemment éclatée, les ambiances hybrides s'entrechoquent, quelques séquences grotesques se succèdent à travers des tirades qui peuvent parfois lasser (essentiellement durant la 1ère heure). Mais la 9è configuration parvient toutefois à séduire, interpeller, inquiéter, troubler auprès de sa fragilité humaine, sa sensibilité névralgique à nous interroger sur notre dualité du Bien et du Mal au sein d'un monde impitoyable où les plus susceptibles peuvent basculer dans une solitude aliénante. 

On sort donc de la projo à la fois blessé, perplexe, ému et apaisé pour le profil équivoque de ce personnage martyr prouvant par son instinct meurtrier qu'un agneau sommeillait en lui. 

Une oeuvre maudite en somme habitée par une entité mystique nous donnant envie de croire en l'autre.

*Bruno

mercredi 13 mars 2024

La Cité des Enfants perdus

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet. 1995. France/Allemagne/Espagne/Belgique/U.S. 1h52. Avec  Ron Perlman, Daniel Emilfork, Judith Vittet, Dominique Pinon, Jean-Claude Dreyfus, Geneviève Brunet, Odile Mallet, Mireille Mossé, Rufus, Jean-Louis Trintignant, Ticky Holgado, François Hadji-Lazaro, Serge Merlin. 

Sortie salles France: 17 Mai 1995. U.S: 15 Décembre 1995 (Int - 17 ans)

FILMOGRAPHIE: Jean Pierre Jeunet est un réalisateur et scénariste français né le 3 Septembre 1953 à Roanne, Loire. 1978: l'Evasion (court), 1980: Le Manège (animation de marionnettes), 1981: Le Bunker de la dernière rafalle (court 26 mns coréalisé avec Marc Caro), 1984: Pas de repos pour Billy Brakko (court), 1989: Foutaises, 1991: Delicatessen (coréalisé avec Marc Caro), 1995: La Cité des Enfants perdues (coréalisé avec Marc Caro), 1997: Alien, la Résurrection, 2001: Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain, 2004: Un Long Dimanche de Fiançailles, 2009: Micmacs à Tire-larigot. 2013: L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spive. 2022 : Big Bug (Netflix)

Spectacle hallucinant de virtuosité formelle comme on n'en compte sur les doigts d'une main dans le paysage (fréquemment trop imberbe) du cinéma français, la Cité des Enfants perdus est un chef-d'oeuvre du fantastique auteurisant doublé d'une expérience sensorielle capiteuse. Le genre d'écrin indémodable à trôner auprès des référentiels La Belle et la Bête, les Yeux sans visage, les Visiteurs du Soir, la Beauté du Diable, les Doigts du Diable ou encore Orphée. L'un des films Fantastiques les plus génialement décorés qui plus est, à l'instar de Blade Runner, The Crow ou encore Brazil de Terry Gilliam. Si bien qu'à la revoyure, outre sa facture esthétique aqueuse à damner un saint (on reste indubitablement hanté passé le générique de fin), on est stupéfiait par la synergie des genres que le duo alchimiste (euphémisme) Jeunet / Carot juxtapose à la perfection avec une audace inconcevable de nos jours. Or, que l'on ne s'y trompe pas, La Cité des Enfants perdus n'est absolument pas un spectacle "tous publics" comme osa se le permettre inexplicablement sa sortie salles française alors qu'Outre Atlantique il fut interdit aux moins de 17 ans et Outre-manche - 13 ans. Tant la cruauté de certaines séquences faisant intervenir des enfants terrorisés aux larmes a de quoi franchement heurter de par son réalisme horrifiant (il faut le revoir pour le croire si bien qu'on en omet l'outil cinématographique). 

Nos cinéastes, en pleines possession de leurs moyens démesurés, nous brodant un conte cauchemardesque d'une sidérante fulgurance formelle (j'insiste encore), technique et narrative au point qu'il est impossible d'ingurgiter et digérer cette aventure indicible au bout d'un seul et unique visionnage. L'ambiance irréelle à la fois candide, féérique, malsaine, dérangeante, asphyxiante, déstabilisante nous hypnotisant les sens tant les idées les plus ubuesques et folingues fusionnent sans répit sous l'impulsion de personnages lunaires surgis d'une 4è Dimension en connectivité avec les rêves. Thématique majeure du récit métaphorique (irracontable !), véritable déclaration d'amour à la chimère, à ce besoin irrépressible de pouvoir rêver afin de s'évader et rester en vie, doublé d'un hymne au Fantastique que les auteurs impriment de leur talent inusité avec audace souvent saugrenue. D'où l'étrange sensation, autant que fascinant sentiment d'avoir participé à une expérience émotionnelle assez rigoureuse pour dépasser le cadre illusoire du cinéma avec une intensité transie d'émoi. Si bien qu'à travers ce maelstrom d'images aussi ubuesques que dantesques (où s'entrecroisent par ailleurs Tod Browning, Cocteau, Prévert, Gilliam, Lynch), on reste hanté, martelé, commotionné par cette dépaysante odyssée fantasmagorique dépassant les limites de l'imagination la plus insolente. 


Dinguerie à part entière dont il est impossible de sortir indemne.
A revoir de toute urgence donc, notamment pour se rendre compte à quel point certains métrages inqualifiables parviennent à transcender les modes et les épreuves du temps pour se bonifier avec une dignité candide aussi trouble que poignante. 

*Bruno
2èx

Récompenses:

César 1996 : César des meilleurs décors pour Jean Rabasse.

Éditeurs de sons de films 1996 :

Prix de la bobine d'or du meilleur montage sonore dans un film en langue étrangère pour Vincent Arnardi, Pierre Excoffier et Laurent Kossayan.

Prix 20/20 (20/20 Awards) 2016 :

Felix du meilleur film en langue étrangère

Felix de la meilleure photographie pour Darius Khondji,

Felix des meilleurs costumes pour Jean-Paul Gaultier.

mardi 12 mars 2024

La Grande attaque du Train d'or / The First Great Train Robbery. Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Crichton. 1978. Angleterre.1h51. Avec Sean Connery, Donald Sutherland, Lesley-Anne Down, Malcolm Ferris, Alan Webb, Pamela Salem.

Sortie salles France: 18 Avril 1979. Angleterre: 14 Décembre 1978

FILMOGRAPHIE: Michael Chrichton est un écrivain, scénariste, producteur et réalisateur américain, né le 23 Octobre 1942, décédé le 4 Novembre 2008 à Los Angeles. 1972: Pursuit (télé-film inédit en France). 1973: Mondwest. 1978: Morts Suspectes. 1979: La Grande Attaque du Train d'or. 1981: Looker. 1984: Runaway, l'évadé du futur. 1989: Preuve à l'appui (Physical Evidence).

Bijou de film de casse transplanté dans l'époque victorienne à bord d'un train séculaire, La Grande attaque du train d'or resplendit de 1000 feux sous l'impulsion du trio gagnant: Sean Connery, Donald Sutherland ainsi que la ravissante (et oh combien charnelle !) Lesley-Anne Down. L'inoubliable auteur Michael Crichton (Mondwest, Morts Suspectes, Looker, Runaway l'évadé du Futur, excusez du peu !) structurant essentiellement son récit sur les préparatifs, combines et actions (savamment coordonnées) du cambriolage exécutés avec un art artisanal eu égard des cascades finales que Sean Connery élabore sur les toits des voitures de la locomotive avec un réalisme décoiffant. Si bien qu'il n'est point doublé ! Ainsi, à travers ces profils de gangsters anti-manichéens on s'étonne d'autant plus de certains écarts cruels que le réalisateur se permet audacieusement d'injecter (le sort imparti à un second-rôle) au sein d'un divertissement grand public soigneusement reconstitué. On peut d'ailleurs hélas franchement déplorer (et accuser) la dérive d'une séquence abjecte de snuff animalier lorsqu'un chien (un Jack Russell) se réjouit de dévorer vivants des rats piégés au sein d'une areine face à une foule de parieurs en liesse. 

Mais bon, en dépit de cette séquence intolérable flirtant avec le mauvais goût et le sadisme le plus vil et lâche, La Grande attaque du train d'or reste un divertissement de haute volée n'ayant rien à envier à la série Mission Impossible. Alors que le récit improbable mais si bluffant de réalisme s'inspire toutefois d'une histoire vraie. Et c'est ce qui rend passionnante cette aventure rétro que de nous relater avec souci du détail technique et formel les nombreuses missions (à haut risque) de notre trio malfaiteur repoussant incessamment les limites du risque et du courage avec audace incongrue. Les monstres sacrées Sean Connery / Donald Sutherland se taillant une carrure snobée de cambrioleurs infiniment retors afin de duper leur entourage lors de subterfuges insensés qu'épaule en faire-valoir Lesley-Anne Down de son charme girond évanescent. Le tout irrigué en intermittence d'humour, de légèreté, d'érotisme badin et de cocasserie au sein d'un réalisme historique contrasté comme susnommé plus haut. Une référence donc qu'il serait temps de ranimer afin de le faire connaître au plus grand nombre comme le souligne avec tant de dynamisme la partition primesautière de Jerry Goldsmith

*Bruno

                                     

Anecdote (source Wikipedia):

Sean Connery a réalisé toutes les cascades sur le toit du train : équipé de chaussures à semelle de caoutchouc, marchant sur le toit des voitures recouvert pour l'occasion de surfaces adhérentes, il eut des difficultés à garder les yeux ouverts en raison de la fumée et des cendres émises par la locomotive, d'autant plus que le train roulait plus vite qu'on lui avait annoncé (40 miles à l'heure au lieu de 20). Il faillit tomber du train lors d'un saut entre deux voitures. De même, Wayne Sleep, qui incarne Willy l'anguille, a également réalisé lui-même les escalades notamment celle du mur de la prison (il était un des plus brillants danseurs classiques britanniques, faisant partie de la prestigieuse Royal Ballet Company)

mardi 5 mars 2024

Mais qui a tué Harry ? / The Trouble with Harry

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Wikimedia.org

d'Alfred Hitchcock. 1955. Angleterre. 1h39. Avec Edmund Gwenn, John Forsythe, Shirley MacLaine, Mildred Natwick, Mildred Dunnock, Jerry Mathers, Royal Dano

Sortie salles France: 14 Mars 1956. Angleterre: 13 Avril 1955

FILMOGRAPHIE: Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur et scénariste anglo américain, né le 13 Août 1899, décédé le 29 Avril 1980. 1935: Les 39 Marches. 1936: Quatre de l'Espionnage. Agent Secret. 1937: Jeune et Innocent. 1938: Une Femme Disparait. 1939: La Taverne de la Jamaique. 1940: Rebecca. Correspondant 17. 1941: Soupçons. 1942: La 5è Colonne. 1943: l'Ombre d'un Doute. 1944: Lifeboat. 1945: La Maison du Dr Edward. 1946: Les Enchainés. 1947: Le Procès Paradine. 1948: La Corde. 1949: Les Amants du Capricorne. 1950: Le Grand Alibi. 1951: L'Inconnu du Nord-Express. 1953: La Loi du Silence. 1954: Le Crime était presque parfait. Fenêtre sur cour. 1955: La Main au Collet. Mais qui a tué Harry ? 1956: l'Homme qui en savait trop. Le Faux Coupable. 1958: Sueurs Froides. 1959: La Mort aux Trousses. 1960: Psychose. 1963: Les Oiseaux. 1964: Pas de Printemps pour Marnie. 1966: Le Rideau Déchiré. 1969: l'Etau. 1972: Frenzy. 1976: Complot de Famille.


Véritable bijou de comédie romantique irrigué d'humour noir lors d'une période où le public fut peu habitué à fréquenter rupture de ton aussi décalée (d'où son succès timoré Outre-Atlantique), Mais qui a tué Harry ? est un régal de tendresse, de cocasserie et de fantaisie autour de 2 couples en éveil sentimental s'interrogeant sur la mort d'un cadavre arboré sur la pelouse verdoyante d'une plaine automnale. Alfred Hitchcock magnifiant au possible chaque plan de sa scénographie bucolique au point de s'éblouir constamment de son esthétisme flamboyant fleurant bon l'insouciance, la sérénité, la joie de vivre auprès de ce hameau du Vermont que nos couples résident en toute tranquillité (ou presque). Ce qui contraste indubitablement avec cette découverte macabre que ceux-ci n'auront de cesse de fréquenter en s'efforçant de trouver une résolution à leurs éventuelles culpabilités. Quand bien même d'autres témoins, tels le jeune garçon Arnie, le médecin du coin ou encore ce clochard, vont également rencontrer sur leur chemin aléatoire cette étrange découverte dénuée de raison. Divertissement finaud fondé sur les rapports de force (tranquille) de ces deux couples nantis d'une attitude aussi nonsensique que décomplexée, Mais qui a tué Harry ? distille avec une fine émotion badine et empathique une ambiance romantico-macabre qui n'appartient qu'à lui. 

D'où la sensation capiteuse de revoir une oeuvre indémodable par son alliage de genres contradictoires ici idoines afin de nous surprendre par son originalité audacieuse, pour ne pas dire politiquement incorrecte. Outre le talent distingué de ses comédiens des années 50 admirablement dirigés par un maître du suspense désireux d'y bousculer nos attentes, on est d'autant plus séduit par la première apparition à l'écran de Shirley Maclaine du haut de ses 20 ans en veuve placide apprenant peu à peu à s'attacher auprès d'un peintre ambitieux non dupe de son charme épuré. Alfred Hitchcock composant ses images picturales à l'instar d'une fresque onirique tant cette nature automnale semble s'extraire d'un Eden oublié que le spectateur perçoit avec une immersion proéminente. Il faut d'ailleurs savoir que par souci perfectionniste les feuilles de plusieurs arbres de la vallée du Vermont ont été recollées sur leurs branches puis peintes à la main par les décoristes à cause d'un violent orage ! Il est donc indispensable de redécouvrir ce chef-d'oeuvre formel en qualité HD pour en saisir toute ses nuances sous l'impulsion de romances attendries terriblement attachantes à travers ses moults répliques à la fois bienveillantes, contrariées (ou si peu) et lestement sarcastiques. A revoir d'urgence. 


*Bruno
3èx. vo

Ci-joint l'analyse pertinente de DVDCLASSIKMais qui a tué Harry ? de Alfred Hitchcock (1955) - Analyse et critique du film - DVDClassik

samedi 2 mars 2024

Les Enfants des Autres

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Rebecca Zlotowski, 2022. France. 1h44. Avec Virginie Efira, Roschdy Zem, Victor Lefebvre, Chiara Mastroianni, Callie Ferreira-Goncalves, Yamée Couture.

Sortie salles France: 21 Septembre 2022

FILMOGRAPHIERebecca Zlotowski est une scénariste, réalisatrice et actrice française, née le 21 avril 1980 à Paris. 2010 : Belle Épine. 2013 : Grand Central. 2019 : Une fille facile. 2022 : Les Enfants des autres. 

                       "Savoir cueillir les silences entre les mots et les remplir de sens, d'humanité."

Mélo dépouillé auprès de sa constante bienveillance inondant le métrage entre lyrisme, tendresse et bonne humeur existentielle, les Enfants des Autres est à nouveau un coup de <3 émotif sous l'impulsion luminescente de Virginie Efira (quelle imparable franchise décomplexée !) accompagnée ici de la force tranquille et de sureté de Roshdy Zem. Pour rappel, un des plus grands acteurs français comme il le prouve à nouveau ici en paternel indécis balloté entre l'amour pour sa fille de 7 ans, Leila, pour son ex Alice (incarnée par Chiara Mastroianni, excusez du peu) et pour sa nouvelle compagne Rachel (Virginie Efira) que le récit illustre lestement auprès d'une quotidienneté sentimentale gratifiante faisant honneur à leur maturité parentale. Or, les tenants et aboutissants de ce duo épanoui finiront par éclore lors de l'ultime demi-heure pour la remise en question maternelle de Rachel du fait de son âge, de son trauma infantile lui causant sa peur de l'engagement et de sa nouvelle conquête amoureuse qu'elle partage tendrement avec Ali lors de séquences intimes inscrites dans une quiétude communicative. Quand bien même la fille de celui-ci, Leila, navigue entre l'amour pour sa mère et cette nouvelle étrangère pour autant accorte, attendrissante, soucieuse de la préserver dans sa posture maternele altruiste. 

Une belle-mère courtoise proche des autres (comme elle le prouve par ailleurs dans sa fonction éducatice de prof de Français auprès d'un étudiant), s'efforçant de la chérir afin d'y consolider son nouveau couple en voie d'accomplissement. La réalisation pleine de pudeur, d'onirisme naturaliste et d'attention pour ses personnages à la fois lumineux et dépités demeurant sans fioriture afin de privilégier un réalisme existentiel sans pathos. Notamment en empruntant d'une certaine manière la démarche du conte romantique (on peut même y voir des clins d'oeil au cinéma muet, Chaplin proritairement) à l'épilogue nullement plombant. Les Enfants des autres se déclinant en sensible réflexion sur le besoin inné d'une maternité (salvatrice) qu'une belle-mère peine a exaucer auprès de son parcours personnel compromis par l'absence d'une mère. Vortex d'émotions tendres, amoureuses, exaltantes avant de chavirer doucement vers une dramaturgie rigoureusement discrète et timorée de par le tact de cette réalisation auscultant les sentiments de ses adultes pleins de discernement et de sagesse d'esprit, Les Enfants des Autres nous donne finalement furieusement envie d'aimer et de croire en l'autre au moment propice de notre destinée gagnée par le positivisme, la confiance en soi, l'ambition, la générosité d'embrasser le monde. Ce que suggère ce final anthologique inscrit dans l'équilibre, le non-dit auprès de la déambulation tranquille de Virginie Efira ensorcelant une ultime fois l'écran avec une faveur désarmante de naturel. 

*Sam Malone

mercredi 28 février 2024

Rien à Perdre. Prix d'Ornano-Valenti, Deauville 2023.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Delphine Deloget. 2023. France. 1h52. Avec Virginie Efira, Félix Lefebvre, Arieh Worthalter, Mathieu Demy, India Hair.

Sortie salles France: 22 Novembre 2023

FILMOGRAPHIEDelphine Deloget est une réalisatrice et documentariste, née en 1975 à Paimpol. 
2023 : Rien à perdre

A croire que Virginie Efira transforme en or tout ce qu'elle touche (ou presque) si bien que Rien a perdre prouve à nouveau qu'au sein du paysage (trop souvent) formaté du cinéma Français, celui, indépendant, révèle à nouveau que nous sommes capables d'offrir le meilleur lorsqu'il s'agit d'une auteure aussi scrupuleuse que Delphine Deloget, réalisatrice, documentariste et historienne (si j'ose dire en me référant à sa "maîtrise universitaire" et à ses documentaires de guerre) de mettre en exergue un récit dramatique aussi sobre que sans fioriture. Car dénonçant sans ambages la déshumanisation en roue libre (euphémisme !) d'une administration judiciaire après avoir placé un enfant difficile dans un foyer à la suite d'un accident domestique, Rien à Perdre est un uppercut émotionnel littéralement improbable quant à la descente aux enfers d'une mère aimante s'acharnant à hurler son innocence pour y récupérer son enfant. La faute, incongrue, incombant à ce système administratif et à ces pions médisants aveuglés par leur déontologie castratrice car finalement dénuée de discernement à force de daigner péserver à tous prix le sort (potentiellement) précaire d'un mineur féru d'amour pour sa mère mais sombrant peu à peu dans une hyper activité volcanique à force d'injustice, de solitude, d'embrigadement, d'absence paternelle. 

Et c'est ce qui fait la force et la fureur de ce récit implacable de témoigner de façon aussi désarmante que cette maman battante un tantinet instable (un penchant un peu trop récurrent pour les beuveries entres amis au grand dam de ses responsabilités maternelles) son inépuisable épreuve de force morale (jusqu'au point de non retour) que l'on subit comme un éprouvant fardeau avant sa conclusion (lestement) en suspens. Et si Rien à perdre demeure aussi captivant que passionnant à travers sa méticuleuse retranscription d'une quotidienneté familiale subitement minée par la morosité, le doute, l'appréhension, l'espoir puis la désillusion (préjudiciable), il le doit beaucoup à la sobriété de sa réalisation "documentée", prise sur le vif, et de ses comédiens expressifs trouvant le ton juste d'un jeu d'intégrité afin d'éviter également de plomber le récit dans une sinistrose trop appuyée. Virginie Efira crevant comme de coutume l'écran auprès de sa force émotionnelle puis sa fatale fragilité dénuée de fard (tant physique que morale) en maman esseulée repoussant incessamment l'emprise de l'injustice avec une dignité (modérément) bouleversante. Ses prises de conscience, ses dérapages, ses accès de fureur, parfois incontrôlées, et ses baisses de tension dépressive donnant lieu à des séquences émotionnelles magnétiques dans sa condition erratique pour autant lucide quant aux reflets de sa tendresse maternele irrécusable.    

Cri d'alarme contre les failles d'une administration judiciaire abusant de leur pouvoir pour mettre à terre une maman éplorée ayant fauté à son rôle maternel lors d'un incident de parcours pardonnable, Rien à perdre s'avère réellement terrifiant face aux exactions d'une implacable machine administrative ici inarétable d'y retirer la garde d'un enfant au point d'y dissoudre toute une cellule familiale au bord du précipice. Et pour une première oeuvre sociétale forcément d'utilité publique, Delphine Deloget frappe déjà fort au point de trôner Rien à Perdre comme l'un des meilleurs films de l'année 2023. 

*Sam Malone 

Récompenses:

Festival du film francophone d'Angoulême 2023 : Valois des étudiants

Festival du cinéma américain de Deauville 2023 : Prix d'Ornano-Valenti

                                                             Ce qu'en pense la presse: 


vendredi 23 février 2024

L'Effet Papillon / The Butterfly Effect. Prix du Public, Bruxelles 2004.

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Eric Bress, J. Mackye Gruber. 2004. U.S.A/Canada. 1h59 (Director's Cut). Avec Ashton Kutcher, Amy Smart, Melora Walters, Elden Henson, William Lee Scott, John Patrick, Amedori, Irene Gorovaia, Kevin Schmidt, Jesse James.

Sortie salles France: 10 Mars 2004 (Int - 12 ans). U.S: 23 Janvier 2004 (int - 17 ans)

FILMOGRAPHIE: Eric Bress, né à New-York, est un scénariste et réalisateur américain.2004: L'Effet Papillon. 2020 : Ghosts of War. 
Jonathan Gruber, plus connu sous le nom de J. Mackye Gruber, est un réalisateur, producteur et scénariste américain. 2004 : L'Effet papillon. 2006 : Kyle XY. 


"On dit que le battement d'ailes d'un papillon peut engendrer un typhon à l'autre bout du monde."
La Théorie du Chaos.
Film culte s'il en est, si bien qu'(au 3è visionnage) on se rend d'autant mieux compte à quel point il serait infaisable de nos jours (surtout en version Director's Cut, préparez vous au choc final contrairement traumatique !), l'Effet Papillon fait l'effet d'un uppercut émotionnel à travers sa dramaturgie escarpée d'une rigoureuse cruauté (euphémisme j'vous dit). Et si on peut toutefois se réconforter auprès de son épilogue rédempteur d'après le Director's CutEric Bress  et J. Mackye Gruber jouent audacieusement la carte tranchée de la demi-teinte quant à la destinée de notre héros juvénile voyageant péniblement dans le passé par autosuggestion épistolaire. Ainsi donc, renouvelant admirablement la thématique du voyage temporel au sein du contexte contemporain d'une bourgade ricaine faussement sereine, l'Effet Papillon s'édifie en effroyable descente aux enfers auprès des thématiques de la pédophilie, de la maltraitance, du bizutage, de la déchéance, de la toxicomanie, de l'inceste, de la prostitution et de l'enfance meurtrière à la suite d'un incident littéralement explosif. Et si, de base, nous avions bien affaire à un divertissement hollywoodien rondement mené car sans temps mort et incessamment surprenant jusqu'au vertige de l'effroi (3 séquences s'avèrent perturbantes quant aux retrouvailles d'Evan avec son père en prison, la condition estropiée du fils quelques instant plus loin et enfin son hallucinant épilogue mortifié d'autant plus déchirant), nos auteurs osent la gageure d'imbiber leur récit d'une atmosphère malsaine à la fois dérangeante, étouffante, malaisante qui ne lâchera pas d'une semelle le spectateur embarqué dans une course contre la montre temporelle sous l'impulsion du jeune Evan s'efforçant vainement de préserver la tranquillité de ses 3 amis.


Si bien que tout a une influence sur tout et que tout le monde affecte tout le monde. Le récit demeurant finalement un prétexte pour témoigner des conséquences parfois désastreuses de nos actions irréfléchies / irresponsables quelque soit notre âge. Même si en l'occurrence nous avions affaire à 2 évènements traumatiques impartis à une enfance galvaudée. "On se change les uns les autres" suggèrent ainsi les auteurs du point de vue démuni d'Evan au sein d'un récit dramatique infiniment cauchemardesque, et ce jusqu'au point de non retour. Outre l'incroyable noirceur du récit martyrisant le spectateur sans complexe aucun (citez moi un titre de film référentiel aussi sordide, violent, cruel et radical à travers la thématique du voyage temporel car personnellement je n'ai pas trouvé), l'Effet Papillon doit également beaucoup de sa dimension dramatique en la présence de ses attachants seconds-rôles d'une évidente fragilité torturée. Quand bien même Ashton Kutcher mène fébrilement le groupe avec une intensité expressive à la fois trouble, inquiétante, tourmentée, sensible quant à son désir irrépressible de sauver ses amis ainsi que sa mère impliquée dans un désarroi infortuné (euphémisme quand on comprend les tenants et aboutissants de cette étrange malédiction filiale dénuée d'explications - et c'est tant mieux afin de préserver son mystère irrésolu -). 


Changer une chose... change tout.
Authentique classique du genre explosant les codes, son cadre solaire et l'évolution de ses personnages meurtris au gré d'une cruauté humaniste constante, l'Effet Papillon nous laisse un (inévitable) souvenir impérissable de par le parti-pris couillu des auteurs de se permettre l'immontrable dans leur incontournable Director's Cut inédit en salles. Et après visionnage aussi éprouvant, on comprends mieux pourquoi les producteurs ont préféré opter pour l'assurance d'un final plus doux et conventionnel en version salles afin de ne pas traumatiser le grand public balloté tous azimuts par cette effroyable odyssée temporelle. Si bien que derrière cette radicale noirceur s'y décline une réflexion (essentielle) sur notre destinée quant aux conséquences dramatiques de nos actions les plus graves, illimitées et irréfléchies, tant auprès de notre ego que de notre entourage le plus cher. 

*Bruno
23.02.24. 3èx. Vostfr.

Récompense: Festival international du film fantastique de Bruxelles 2004 : Pégase - Prix du public décerné à Eric Bress et J. Mackye Gruber

ATTENTION ! SPOILERS EN PAGAILLE POUR ETABLIR LE DISTINGO ENTRE LES 2 VERSIONS !!!

Version director's cut
Le film existe en deux versions : La version cinéma incluant une fin « producteur », et la version director's cut incluant une fin « réalisateur », celle disponible sur le DVD du film. Voici les différents ajouts et modifications figurant dans la director's cut15,16.

Evan découvre que son grand-père avait le même don que lui, et a aussi été considéré comme fou, comme son père.
Evan et sa mère vont consulter une voyante. Cette dernière est horrifiée à l'idée de découvrir qu'Evan « n'a pas d’aura, pas d’âme » et qu’« il ne devrait pas être ici ».
Dans la scène suivante, la mère d'Evan, sous le choc, lui confesse qu'elle a eu deux fausses couches avant lui, et qu'elle a toujours considéré sa venue au monde comme un miracle.
Une scène de prison où les détenus lisent publiquement le journal intime d'Evan pour se moquer de lui.
Une scène de prison où les détenus viennent le violer pendant la nuit.
La scène de l'hôpital où Evan rend visite à sa mère malade est étendue.
Une fin alternative :

Dans la version cinéma, le film se termine après qu'Evan, revenu dans son enfance au moment de sa première rencontre avec Kayleigh, la menace violemment de mort pour être sûr qu'elle ne reste pas vivre chez son père pour lui. Dans la scène qui suit, Evan se réveille en compagnie de Lenny, et demande Kayleigh, mais Lenny lui répond qu'il ne connaît personne de ce nom. Huit ans plus tard, on retrouve Evan et Kayleigh devenus adultes se croisant dans une rue de New York au milieu de la foule et, selon la version — il y en a trois —, soit ils se parlent, soit ils s'évitent, soit Evan suit Kayleigh.

Mais dans le director's cut, une tout autre fin est disponible. Ici, Evan choisit de revenir dans le ventre de sa mère, et enroule le cordon ombilical autour de son cou, il se suicide avant de venir au monde et sauve ainsi tous les êtres qui lui sont chers. Le dialogue rajouté avec la voyante, et la confession de sa mère sur les deux fausses couches qu'elle a eues sont inclus en off pendant qu'Evan se laisse mourir, et sous-entendent qu'il n'est pas le premier enfant de sa mère à avoir fait ce sacrifice de renoncer à exister.

vendredi 16 février 2024

Spécial Rétro: Les 30/40 meilleurs films d'horreur de ces 25 dernières années (1999 - 2024)


Suite à la revoyure du flippant Insidious (pour la 3è fois), et pour prouver que le cinéma d'horreur n'est point inhumé, quels sont vos 30 à 40 films d'horreur préférés de ces 25 dernières années ?
Tant dans l'ordre que dans le désordre. 

                                                                      Bruno Matéï
1- Maniac (choix subjectif). It Follows. Les Ruines. Hérédité. La Main. The Witch. Frankenstein. Le projet Blair Witch. Frozen. May. Sisters. La Colline a des Yeux. 28 Jours plus tard. Sinister. Eden Lake. Insidious. Saw. Martyrs. Mister Babadook. Hostel 2. Jeepers Creepers. Morse. Haute Tension. The Devil's Rejects. Dark Water. The Woman. Wolf Creek. Long week-end. La Dernière maison sur la Gauche. The Children. l'Orphelinat. Conjuring 1. Suspiria. Isolation. The Descent. Abandonné. Tusk. Darkness. Ginger Snaps 2. Halloween 2. Massacre à la Tronçonneuse. Les Autres. Get out. Calvaire. 

Voici les réponses d'internautes de l'entourage amical. 
Mais les classements d'autres horizons sont également les bienvenus: 

Thierry Savastano Di Marzio
Midsommar. It Follows. Evil dead rise. Hérédité. Suspiria. The Witch. The Descent. REC (original). La Colline a des Yeux 2006. Sinister. Eden Lake. Insidious 1. Saw. Martyrs. Mister Babadook. La Cabane dans les bois. Evil dead 2013. Morse. Le Projet Blair Witch. Get out. Conjuring 1. La Main. Eden Lake. Hostel. Massacre à la Tronçonneuse 2003. I Spit on your grave 2010. Mandy. 

Renaud Florent Benoist
Hérédité. The Witch. Sinister. Insidious. Martyr. Hostel 2. Jeepers Creepers. Conjuring. Suspiria. Massacre à la Tronçonneuse. Midsommar. REC. Dark water. Audition. Ju On. Haute tension. Calvaire. Wolf creek. The woman. Evil dead rise. Le sanctuaire. The autopsy of Jane Doe. Mother. The deep house. Speak no evil.

Jérôme André Tranchant:
1 Midsommar 2 lord of salem 3 Conjuring 4 Hostel 2 5 The descent 6 l'orphelinat 7 The box 8 it's Follow 9 Ghostland 10 Dark water ( version Japonaise) 11 Creepy 12 Eden lake 13 kill list 14 Boulevard de la mort 15 Mandy 16 Green Room 17 Sinister 19 Crawl 20 The Host 21 Morse 22 the witch 23 Frankenstein Version Bernard Rose 24 Wolf Creek 25 Grave

Jean-francois Dupuy:
The Strangers. Sinister. Midsomar. Hérédité. Dark water (Nakata). The autopsy of Jane Doe. Ring zero. Cold skin. Bubba Ho-tep. Ça. Mama. Mr Badadook. Insidious. Jeeper Creepers(1 et 2). Wolf Creek 2. Hostel 2. The descent. La colline a des yeux. Oculus/The mirror. Morse. Mirrors. Ouija, les origines
Identity. John dies at the end. Tusk. Predestination. Cohérence. Je dois en oublier. 

Florian Goujon
Haute Tension. Martyrs. Modus Anomali. Deadstream. House of the Devil. Evil Dead. Evil Dead Rise. Triangle. The Void. Let us Prey. Midnight Meat Train. Isolation. Sinister. Constantine. Frontiere(s). The Jane Do Identity. Audition. Grotesque. The Human Centipede. Calvaire. Baskin. Hérédité. World War Z.

George Abitbol:
28 jours plus tard. Wolf creek. eden lake. Haute tension. Morse. Maniac. Calvaire. The devil's reject. Hérédité. La Main. The Witch. Trick R treat. La Colline a des Yeux. Sinister 1. Insidious. Martyr. Mister Babadook. Triangle. Jeepers Creepers. The Children. l'Orphelinat. Conjuring 1. Suspiria. The Descent 1. Dark water. The void. The human centipede. Serbia film. Midsommar. The woman. 

Donnie Dé:
Megan is missing. Martyr. Found/headless. Mister Babadook. Tucker and Dale fights evil. The human centipede trilogie. Deux sœurs. A ghost story/I am a ghost. The poughkeepsie tapes. Hérédité. American guinea pig : Sacrifice. A serbian film. Triangle. The sadness. Malignant. Circus of the dead. Good night mommy. Thanatomorphose. Saw/hostel. 28 jours/semaines plus tard. X/pearl. Halloween reboot (Rob Zombie). Let us prey. Morse. Suspiria (reboot). L’armée des morts. Pièces of talent. Evil dead reboot. Sinister/insidious/house of the devil. Brutal. Lord of chaos. The empty man. Spring. Psycho Goreman /Turbo kid/night of something strange. The void. Vampires en toute intimité. Begotten. Visceral between the ropes of madness. May/the woman. Tusk.

Guillaume Gabreau:
Je m'y lance (25 films pile classés par année 1998-2023) : 1998 : Ring. 1999 : Vorace. 2000 : Hellraiser : Inferno. 2001 : L’Echine du Diable, Les Autres. 2002 : 28 Jours plus tard, May, Dark Water. 2003 : Haute Tension. 2004 : Shaun of the Dead. 2005 : Wolf Creek. 2007 : The Mist. 2009 : Triangle. 2010 : Bedevilled (film coréen). 2011 : Malveillance. 2014 : The Babadook, We are what we are. 2015 : The Witch, The Voices. 2017 : Ca : Chapitre 1. 2018 : Ghostland, The House that Jack Built. 2022 : Smile, Abuela. 2023 : When Evil Lurks. 1999 : Audition. 2001 : Ichi the Killer. 2002 : Bubba Ho-tep. 2004 : Saw, Calvaire, Creep. 2005 : The Devil’s Rejects. 2006 : La Colline a des yeux. 2010 : Insidious. 2011 : I saw the Devil, The Woman. 2013 : Evil Dead. 2016 : Bone Tomahawk, The Autopsy of Jane Doe. 2019 : Midsommar. 
 
Philippe Beun-garbe:
Martyrs / The Witch/ Midsommar/ Heredity/ Funny Games / Mother! / Speak No Evil / Maniac le remake / Dellamorte Dellamore / Evil Dead le remake / La colline a des yeux le remake / Ghostland / Morse / A Sicilian Ghost Story /Lord of Salem / The Devil's reject/ Bug de Friedkin / il Signor Diavolo de Pupi Avati/ Haute Tension / The Chaser / J ai rencontre' le Diable / Saw / Le labirinthe de Pan / Calvaire / High Rise / Hostel / The Voices/ Ne nous jugez pas/ The Lighthouse / L echine du Diable.
Pas en ordre de préférence. Je m' aperçois que dans cette liste il y a plus de "monstres" humains que de creatures extraordinaires

Lbz : 22 février 2024 à 11:16
Fight Club. May. La Colline a des Yeux. 28 Jours plus tard. Eden Lake. Haute Tension. Wolf Creek. The Witch. The Descent. REC. Creep. The Human Centipede 2. 28 jours plus tard. X/pearl. Lord of chaos. Enter the void. Vorace. Bedevilled ( coréen). When Evil Lurks. The Chaser ( coréen). J ai rencontre' le Diable ( coréen). The murderer ( coréen). Lighthouse. Limbo. Dream home (chinese).