jeudi 19 décembre 2013

THE BODY (El Cuerpo). Prix du Jury au Festival de Paris, 2012

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site dreadcentral.com

de Oriol Paulo. 2012. Espagne. 1h48. Avec Aura Garrido, Belén Rueda, Hugo Silva, José Coronado, Miquel Gelabert.

Sortie salles France: Prochainement. Espagne: 21 Décembre 2012

Récompense: Paris International Fantastic Film Festival 2012 : Prix du jury.

FILMOGRAPHIE: Oriol Paulo est un réalisateur et scénariste espagnol, né en 1975 à Barcelone, Catalogne, Espagne.
2006: Ecos (télé-film). 2012: The Body.


Ne révélez pas la fin du film: nous n'en n'avons pas d'autres !
Par le scénariste de l'excellent giallo Les yeux de Julia, The Body est le premier long-métrage de l'espagnol Oriol Paulo. Un thriller hitchcockien à la mécanique de suspense si infaillible qu'on sort groggy après avoir été ébranlé par son ultime coup de théâtre !

Après avoir été victime d'un infarctus, une femme déclarée morte disparaît mystérieusement de la morgue. Rapidement, le mari est suspecté puisque dans sa poche est retrouvé un flacon toxique, le TH-16. Cette cardiotoxine extraite des fluides de certains reptiles provoque un arrêt cardiaque 8 heures après ingestion sans laisser de traces ! L'enquête commence !


Thriller vertigineux au scénario retors bourré d'indices, rebondissements et fausses pistes, The Body est un jeu de manipulation auquel le spectateur plonge tête baissée dans les eaux troubles du faux semblant. Avec le jeu délétère de protagonistes toujours plus mesquins pour tromper l'adversaire, cette investigation de longue haleine véhicule un suspense exponentiel en jouant avec les nerfs du spectateur sur l'éventuelle apparition d'un cadavre récalcitrant. Farce macabre concoctée par une experte en blagues goguenardes, The Body est un film piège où chacun des protagonistes extériorise leur personnalité avec l'appui de persuasion et du subterfuge. Ou est la part de vérité dans ce qu'énonce le potentiel coupable et surtout ou se planque le cadavre de Mayka Villaverde et de quelle aide externe aurait-elle pu bénéficier ? A travers divers flash-back explicatifs, Oriol Paulo nous remémore également la liaison conjugale qu'entretenait le mari avec une épouse adepte de blagues sardoniques afin de mieux l'asservir. On nous dévoile ensuite sa liaison d'adultère qu'il entretenait avec une jeune étudiante jusqu'au fameux crime envisagé pour se débarrasser de sa femme. La suite n'est qu'une succession de vicissitudes, un jeu de provocation que le mari va devoir endurer avec la perspicacité d'un cadavre maître chanteur. Toute l'intrigue adroitement distillée est d'autant mieux charpentée que les comédiens charismatiques s'avèrent sobrement persuasifs dans leur carrure austère. SPOIL !!! Qui plus est, le réalisateur accentue notamment au fil du récit une certaine densité psychologique à un personnage sévèrement affecté par une tragédie accidentelle ! FIN DU SPOIL. Mais chut, n'en disons pas plus pour préserver la surprise car l'incroyable impact émotionnel qui émane de ce thriller racé privilégie notamment la dimension humaine et culmine vers un point d'orgue impossible à déceler !


Le crime était parfait
Mis en scène avec rigueur dans son sens hitchcockien au service d'un scénario en trompe-l'oeil et bénéficiant du jeu hermétique des comédiens, The Body est un thriller palpitant à l'esprit manipulateur infaillible car ne cessant de jouer au simulacre avec une pernicieuse intelligence ! 

19.12.13
Bruno Matéï


TOP 15, 2013


1) MANIAC et ALABAMA MONROE

 

2) LA CHASSE  


3) LA VIE D'ADELE


Dans le désordre:















 3 coups de coeur recalés: 





Mon trio maudit découvert en video: 






COUPS DE COEUR SERIES T.V 2013

1



2


3


4


mercredi 18 décembre 2013

36-15 CODE PERE NOEL

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

de René Manzor. 1982. France. 1h30. Avec Alain Musy, Louis Ducreux, Brigitte Fossey, Patrick Floersheim, François-Eric Gendron, Franck Capillery.

Sortie salles France: 10 Janvier 1990

FILMOGRAPHIE: René Manzor est un réalisateur et scénariste français, frère de Francis et Jean Félix Lalanne. Il est né le 4 Août 1959 à Mont-de-Marsan.
1986: Le Passage. 1990: 3615 code Père Noël. 1997: Un Amour de sorcière. 2003: Dédales. 2002-2007: Alex Santana, négociateur (série tv). 2009: Blackout (télé-film).


Quatre ans après Le Passage, René Manzor renoue avec l'insolite pour façonner 36-15 Code Père-Noel avec un ton beaucoup plus cauchemardesque et débridé. Flop commercial lors de sa sortie, le film continue de faire figure d'ovni franchouillard avec son florilège de courses poursuites incessantes entre un enfant belliqueux et un père fouettard. En l'absence de ses parents, Thomas, 9 ans, doit combattre un père noël psychopathe et sauvegarder la vie de son grand-père au sein du château familial. Déguisé en Rambo, le marmot ne manque pas de subterfuges pour piéger son adversaire à l'aide de gadget retors sortis de sa cargaison de jouets. C'est le début d'une confrontation dantesque que nos deux guerriers vont concourir à l'instar d'une partie de cache-cache !


Mais que s'est-il passé dans la tête de René Manzor pour pondre un divertissement aussi immoral désacralisant sans complexe l'archétype du père-noël ! Aurait-t'il été traumatisé durant son enfance par le grand-père à la fourrure rouge pour daigner le démystifier en prouvant son imposture ? Si le film devait aujourd'hui faire l'objet d'un remake, aucun producteur n'autoriserait pareil sacrilège pour discréditer l'icone des enfants, à moins d'édulcorer prudemment son caractère irresponsable ! A mi chemin entre Maman, j'ai raté l'avion, Rambo 2 et Douce Nuit, Sanglante Nuit, 36-15 Code Père-Noel provoque une palette d'émotions contradictoires (stupeur et perplexité !) dans ce chassé-croisé infernal entre deux adversaires pugnaces ! Si en l'occurrence, le film a pris un coup de vieux dans son esthétisme criard chargé de nuances fluos, il fait autant preuve de maladresses dans certaines situations risibles (la trêve lamentée de Thomas desservie par une mélodie sirupeuse de Bonnie Tyler !) que de coups de génies adroitement exécutés par un Rambo en culotte courte. D'ailleurs, son joli minois poli et sa colère outrée provoquent parfois l'irritation du stéréotype en dépit d'une certaine empathie éprouvée pour son sens de bravoure (le marmot multipliant les pièges fantaisistes avec une sagacité véloce !). Avec une volonté de moderniser une réalisation inventive, René Manzor fait preuve d'une mise en scène clippesque abusant de ralentis chorégraphiques et de cadrages alambiqués. Quand bien même la scénographie baroque est impartie à un manoir high-tech réduit ici en champs de bataille au milieu d'une cargaison de jouets (par moments, on se croirait presque dans la tanière du supermarché Toys "R" us !). Pourtant, le réalisateur exploite habilement chaque recoin et pièces secrètes de la bâtisse avec un sens de l'imagination imparti au gamin débrouillard et de l'efficacité dans sa mise en scène nerveuse.


Avec sa facture kitch, ses situations parfois ridicules, certains clichés usuels (voiture en panne, tueur increvable) et le cabotinage vertueux de ses interprètes (le papy sclérosé s'avère quand même inexpressif !), 36-15 Code Père Noël peut aujourd'hui prêter à sourire, d'autant plus qu'il n'élude pas un semblant de pathos dans certains retranchements intimistes (à l'instar du désarroi du bambin finalement voué au traumatisme). Pourtant, en cinéaste pourfendeur, René Manzor délivre aussi une série B insolente à la liberté de ton plutôt couillue dans son impact horrifique et l'action homérique qui en découle. Enfin, la présence inquiétante du père-noël endossé par Patrick Floersheim renforce le caractère parfois malsain de l'entreprise. Une bizarrerie littéralement erratique à (re)découvrir avec précaution ! 

18.12.13. 3èx
Bruno Matéï