jeudi 3 mars 2016

LA VALLEE DE GWANGI

                                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site t411.in

"The Valley of Gwangi" de Jim O'Connolly. 1969. U.S.A. 1h35. Avec James Franciscus, Gila Golan, Richard Carlson, Laurence Naismith, Freda Jackson, Gustavo Rojo

Sortie salles U.S: 3 Septembre 1969

FILMOGRAPHIE: Jim O'Connolly est un réalisateur, scénariste et producteur britannique, né le 23 février 1926 à Birmingham et mort en décembre 1986 à Hythe dans le Kent.
1963 : The Hi-Jackers. 1965 : The Little Ones. 1964 : Smokescreen. 1967 : Le Cercle de sang. 1967-1969 : Le Saint (TV). 1969 : Crooks and Coronets. 1969 : La Vallée de Gwangi. 1972 : La Tour du diable. 1974 : Maîtresse Pamela.


Relativement oublié et peu diffusé à la TV, La Vallée de Gwangi fit les beaux jours des vidéophiles lors de son exploitation en Vhs au milieu des années 80. Réalisateur méconnu, Jim O'Connolly aime à jumeler les genres de manière singulière comme le soulignera également le très sympathique La Tour du diable (une chasse au trésor horrifique confinée à proximité d'un phare insulaire) réalisé 3 ans plus tard. Avec la Vallée de Gwangi, il affilie les composantes du Western et du Fantastique mythologique parmi l'attraction foraine de monstres préhistoriques. A la suite du vol d'El Diablo par des Tsiganes (l'Eoipus, cheval miniature disparu depuis 50 millions d'années), une poignée de cowboys et les propriétaires d'un cirque se lancent à leur poursuite jusqu'à destination d'une vallée réputée interdite. C'est dans ce lieu tenu secret qu'ils vont avoir affaire à l'hostilité de monstres préhistoriques comme le symbolisera un dangereux T Rex. Récit d'aventure familial fertile en péripéties dans son brassage d'action, de fantastique et de merveilleux (chacune des interventions candides d'El Diablo), La Vallée de Gwangi dépayse agréablement le spectateur embarqué dans un western d'un nouveau genre.


Exploitant à peu de choses près la narration de King-Kong, notamment lors de sa dernière partie lorsque Gwangi est capturé par nos héros afin de l'exhiber dans une attraction foraine, et la poursuite qui s'ensuit, Jim O'Connolly parvient à nous distraire avec l'efficacité d'une traque haletante. Dans des rôles héroïques redoublant de bravoure à déjouer les affronts des monstres, les protagonistes s'investissent dans l'action avec une spontanéité aussi enjouée qu'exaltante. Comme le souligne également la romance en ascension du couple d'amants compromis par leurs sentiments contradictoires depuis le vol d'El Diablo. On peut également s'amuser du comportement versatile de l'héroïne à daigner profiter d'une découverte aussi prodigieuse quand bien même un scientifique sournois n'y songe qu'à l'étudier. Au milieu de ce duo attisé par la cupidité, Tuck Kirby (l'amant de cette dernière) tente timidement de les raisonner tout en se laissant envahir par ses sentiments amoureux. James Franciscus se prêtant au jeu de la loyauté avec le charisme viril qu'on lui connait. Mais au-delà des fantaisies et mésententes caractérielles de nos personnages, La Vallée de Gwangi est surtout transcendé par la présence disproportionnée des monstres préhistoriques ! Ray Harryhausen accomplissant une fois de plus le tour de force de donner vie à ces créatures par le biais du Stop Motion ! Outre la fluidité de chacun de leur mouvement, leur aspect cartoonesque (couleurs criardes à l'appui) renforcent le charme naïf de leur caricature afin de nous fasciner avec une fantaisie innocente.  


Éminemment kitch, naïf et un brin corrigible pour la caractérisation expéditive de certains personnages, la Vallée de Gwangi insuffle malgré tout une indéniable sympathie par son pouvoir enchanteur sous l'impulsion prodige de Ray Harryhausen. On est d'autant plus amusé d'assister à la résurrection de ces monstres antiques que le western dit classique se dévergonde ici avec une dérision pétulante. A redécouvrir avec son âme d'enfant.

mercredi 2 mars 2016

LA TRAQUE

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site lci.tf1.fr

de Serge Leroy. 1975. France. 1h35. Avec Mimsy Farmer, Jean-Pierre Marielle, Jean-Luc Bideau,
Michael Lonsdale, Michel Constantin, Philippe Léotard, Paul Crauchet, Michel Robin.

Sortie salles Allemagne: 7 Novembre 1975

FILMOGRAPHIE: Serge Leroy est un réalisateur français, né le 14 Mai 1937 à Paris, décédé le 27 Mai 1993.
1973: Le Mataf. 1975: La Traque. 1977: Les Passagers. 1978: Attention, les enfants regardent. 1981: Pause-café. 1982: Légitime Violence. 1983: L'Indic. 1985: Double Face (téléfilm). 1985: Le Quatrième Pouvoir. 1988: Contrainte par corps. 1989: Pause-café, pause tendresse. 1989: Une saison de feuilles (télé-film). 1991: Les Cahiers Bleus (télé-film). 1992: Maigret chez les Flamands (télé-film). 1992: Maigret et le corps sans tête (télé-film). 1993: Taxi de Nui. 


Survival brut de décoffrage pour un genre peu prisé dans le paysage du cinéma français, la Traque porte la signature du franc-tireur Serge Leroy. Un cinéaste audacieux ayant surtout oeuvré dans les années 70 et 80, comme le souligne l'excellent Attention les Enfants regardent (farce caustique sur l'influence que peut exercer la violence télévisuelle chez nos têtes blondes). Peu diffusé à la TV et inédit en Dvd dans l'hexagone, La Traque constitue un modèle de mise en scène plus de 40 ans après sa sortie confidentielle. Dans le sens où la réalisation consciencieuse privilégie l'aspect inhabituellement documenté d'un thriller âpre profondément malsain où la dynamique de groupe s'accorde une complicité commune d'une rare vilenie. La violence des actes émanant autant d'une brutalité physique (le viol, les blessures corporelles à l'arme à feu) que d'une psychologie perfide (les bourreaux multipliant points de vue et comportements contradictoires avant une connivence déloyale). A travers le périple cauchemardesque d'une jeune anglaise pourchassée par des chasseurs en pleine forêt après avoir été violée, Serge Leroy cultive un réalisme poisseux afin de déranger le spectateur témoin malgré lui d'une battue d'un nouveau genre, la chasse au gibier humain. 


Dans la lignée du Comte Zaroff pour sa réflexion sur la bassesse et l'instinct pervers du chasseur avide de pourchasser sa proie (humaine) jusqu'à ce que mort s'ensuive, la Traque dresse le portrait pathétique d'une communauté de bourgeois machistes compromis par leur confort, leurs pulsions lubriques et punitives ainsi que leur lâcheté. Bien que le film affiche une distribution de premier choix (on y croise Jean-Pierre Marielle, Jean-Luc Bideau, Michael Lonsdale, Michel Constantin, Philippe Léotard, Paul Crauchet et Michel Robin), on en arrive à oublier ses têtes familières tant chacun des comédiens exprime un naturel sobre dans leur fonction couarde, pleutre, mesquine et sournoise. Quant à la jeune actrice américaine Mimsy Farmer, cette dernière insuffle une acuité fragile dans sa carrure filiforme de proie incessamment molestée par des justiciers sans vergogne. Spoil ! Ces derniers s'efforçant de la traquer sans relâche pour lui autoriser une transaction depuis sa complicité de s'être vengée auprès d'un des tortionnaires. Habités prochainement par une justice expéditive, leurs comportements impulsifs finissent à leur tour par les inciter à la vendetta Fin du spoil. Par son regard tendre et candide habité par le désespoir et l'angoisse de trépasser, Mimsy Farmer provoque un malaise toujours plus tangible face à sa condition torturée. Ce qui nous converge vers une glaçante conclusion d'une violence psychologique difficilement soutenable ! 


Apre, tendu, malsain, dérangeant, poisseux, désespéré, La Traque est l'une des rares incursions françaises à s'être essayé au survival rural avec brio et réalisme sans fard. Car plus de 40 ans après sa sortie, cette descente en enfer champêtre continue d'exercer un pouvoir vénéneux dans sa déchéance immorale. Tant par la situation insurgée de la victime violée que de la peinture sordide allouée à une bourgeoisie invulnérable (à l'instar de leur culpabilité victorieuse). 

La chronique d'Attention, les Enfants regardent: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/09/attention-les-enfants-regardent.html

mardi 1 mars 2016

L'ANTECHRIST (Baiser de Satan)


"L'Anticristo/The Tempter" d'Alberto De Martino. 1974. Italie. 1h51 (version intégrale). Avec Carla Gravina, Mel Ferrer, Arthur Kennedy, George Coulouris, Alida Valli.

Sortie salles Italie: 22 Novembre 1974. France: Sans doute en 1975 en Province (418 075 entrées).

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Alberto De Martino (né le 12 juin 1929 à Rome) est un réalisateur italien. Il utilise parfois le pseudonyme de Martin Herbert.
1963 : Persée l'invincible. 1963 : La Maison de la terreur.1964 : Le Triomphe d'Hercule .1964 : Les Sept invincibles. 1966 : Django tire le premier. 1967 : Opération frère Cadet. 1968 : Rome comme Chicago. 1969 : Perversion. 1972 : Le Nouveau boss de la mafia. 1974 : L'Antéchrist. 1977 : Holocauste 2000.


Hit video des années 80 sous la bannière notoire de VIP, l'Antéchrist constitue la réponse transalpine à l'Exorciste de Friedkin réalisé un an au préalable. Façonné par Alberto De Martino, habile artisan du cinéma d'exploitation comme le prouvera notamment son excellente déclinaison de la Malédiction, Holocaust 2000, l'Antéchrist renaît aujourd'hui de sa torpeur grâce à sa sortie Dvd supervisée par le Chat qui fume. Considéré comme le meilleur ersatz des films de possession, ce petit classique du B movie préserve son charme fascinatoire grâce à sa facture latine qu'Alberto De martino s'efforce de transfigurer par le biais d'une scénographie baroque oscillant monuments historiques (la région de Rome) et sculptures ornementales (la résidence bourgeoise de la famille d'Ippolita). Sublimant la ville à l'instar d'une visite touristique où plane une ombre malfaisante et les superstitions de pénitents, l'Antéchrist est également illuminé par la prestance écorchée de Carla Gravina. Littéralement habitée par ses pulsions perverses, l'actrice se réapproprie honorablement des clichés du genre (sa métamorphose physique impartie aux jets de bave verdâtre et yeux révulsés) grâce à sa caractérisation humaniste en chute libre. Alberto De Martino prenant soin dans sa première partie de nous décrire son cheminement spirituel vers Satan après une séance d'hypnose. Durant cette expérience, son passé parvient à lui remémorer le rituel d'un sabbat perpétré sous l'autorité d'une secte satanique ainsi que sa condamnation au bûcher décrétée par des apôtres religieux. Ippolita étant soumise dans sa vie antérieure à s'initier à la sorcellerie avant de se reconvertir en dernier ressort à Dieu.


Outre le soin stylisé de ces séquence fantasmagoriques chargées d'éclairages bleutés, Martino réussit à transcender une répulsion tangible par le pouvoir de suggestion. Je songe évidemment à la première séquence, celle anthologique du léchage d'anus d'une chèvre qu'Ippolita mime langoureusement en pleine séance d'hypnose. Un moment lubrique d'une audace inouïe car illustrant sous l'égide du Mal une préliminaire assumée de zoophilie ! Mais au-delà de l'aspect horrifico-sexuel de ses séquences-chocs que la seconde partie va largement exploiter par le principe d'exorcismes à répétition (répliques ordurières à l'appui !), l'Antéchrist cultive la fascination grâce à sa densité narrative décrivant consciencieusement le profil galvaudé d'une célibataire aigrie. Perturbée par la tragédie de son accident qui lui valu son impotence paraplégique et par la mort de sa mère, hantée par le remord d'une liaison incestueuse potentiellement échangée avec son frère, Ippolita jalouse également l'infidélité de son père épris d'une nouvelle maîtresse. Seule et désemparée dans sa solitude, elle tente dans un premier temps de se repentir auprès d'une madone avant que Satan n'y habite son corps. Ce qui nous vaut un prologue d'un réalisme documenté assez saisissant lorsque des pénitents conjurent l'absolution dans une posture erratique. Ces éléments de frustration concupiscente soulignant la lente dégénérescence d'Ippolita vont parvenir à crédibiliser son futur cas de possession, notamment grâce à la sobriété des personnages secondaires que des acteurs reconnus (ou familiers du ciné Bis) vont solidement endosser. On peut également souligner l'intensité dramatique de son final rédempteur lorsque Ippolita tente de renouer (comme dans sa vie antécédente) avec le pardon divin sous une ondée nocturne. Les scores musicaux orchestrés à l'orgue par Ennio Morricone et Bruno Nicolai renforçant le caractère élégiaque de la situation.


Exploitant avec souci de véracité et d'esthétisme baroque un nouveau cas de possession préalablement inégalée par Friedkin, Alberto De Martino parvient honorablement à s'extraire du second degré (si on fait fi de quelques FX cheap aujourd'hui obsolètes) grâce à la maîtrise de sa réalisation et le tempérament furibond de la troublante Carla Gravina. Un classique du Bis estampillé latin par ses audaces visuelles, son aura démoniaque et sa dramaturgie diaphane. 

Remerciement au Chat qui fume.

01.03.16
29.10.10 (229)
5èx


lundi 29 février 2016

ROOM. Oscar 2016 de la meilleure actrice, Brie Larson.

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site les400coups.org

de Lenny Abrahamson. 2015. Canada/irlande. 1h57. Avec Brie Larson, Jacob Tremblay, Joan Allen, William H. Macy, Sean Bridgers, Tom McCamus.

Sortie salles France: 9 Mars 2016. U.S: 16 Octobre 2015.

FILMOGRAPHIE: Lenny Abrahamson est un réalisateur irlandais, né le 30 novembre 1966 à Dublin.
2004: Adam & Paul. 2007: Garage. 2012: What Richard Did. 2014: Frank. 2015: Room.


Prenant pour thème éculé le rapt lorsqu'une mère et son fils se retrouvent embrigadés dans un abris de jardin depuis 7 longues années, Lenny Abrahamson parvient à en détourner les codes grâce à l'intelligence de sa mise en scène scrutant les états d'âmes de nos protagonistes avec une sensibilité à fleur de peau. Sans misérabilisme ni pathos, le réalisateur nous transfigure un conte plein de poésie du point de vue candide de l'enfant tout en exacerbant un drame psychologique sur la difficile réadaptation sociale de la mère. La manière sobre dont est traitée cet enlèvement s'inscrit dans une pudeur fragile, de par les relations intimes qu'entretiennent quotidiennement Joy et Jack condamnés à coexister dans une chambre terne éludée de présence humaine. Seul la fenêtre d'une lucarne leur laisse parfois entrevoir l'exposition du soleil lorsque le temps en accorde une embellie.


Par le biais de cette vision édénique symbolisant l'épanouissement de la liberté, et par l'entremise de l'enseignement maternel, Lenny Abrahamson accorde beaucoup d'intérêt à éveiller les sentiments de l'enfant prochainement apte à se transcender pour tenter de braver leur exclusion. D'ailleurs, la séquence onirique auquel Jack contemple enfin pour la première fois l'immensité du ciel au moment même où sa vie en dépend affiche un lyrisme bouleversant ! Si la première partie dégage déjà une puissance émotionnelle pour les rapports étroits des otages livrés à leur seule compagnie, la seconde partie s'intéresse à leur rédemption dans le cadre autrement plus vaste et chaleureux d'une demeure familiale. En captant le regard attentionné et innocent de Jack curieux de comprendre le désarroi de sa mère, Lenny Abrahamson porte un témoignage bouleversant sur sa fragilité et son initiation à la sagesse tout en soulignant les liens amicaux inoxydables que peuvent sacraliser un enfant et sa mère. Si l'actrice Brie Larson n'a pas volé son oscar d'interprétation pour livrer avec une sobre émotion le douloureux portrait d'une mère traumatisée par sa claustration, je retiendrais surtout le jeu expressif de l'incroyable Jacob Tremblay se mettant à nu devant la caméra avec un naturel confondant. Une force de la nature transcendée par l'authenticité de son regard prude avide de découverte, de réconfort et d'amour.


Grâce au tact de sa mise en scène détournant les clichés du genre avec une habileté sans fard et à la présence incandescente des deux comédiens, Room transcende le drame psychologique par le biais du conte existentiel. Car sous l'alibi d'une situation traumatique d'embrigadement, Lenny Abrahamson en extrait un hymne à la vie, une initiation à l'apprentissage à travers les richesses de l'univers. Un moment intimiste d'une émotion suprême confinant au vertige par son intensité dramatique improvisée (dans le sens où le réalisateur ne surligne jamais les instants de gravité).

Récompenses:
Oscars du cinéma 2016 : Oscar de la meilleure actrice pour Brie Larson
Festival international du film de Toronto 2015 : People's Choice Award
Festival international du film de Vancouver 2015 : VIFF Award du meilleur film canadien
British Independent Film Awards 2015 : meilleur film indépendant international
Festival international du film des Hamptons 2015 : meilleur film
National Board of Review Awards 2015 :
Meilleure actrice pour Brie Larson
Meilleur espoir pour Jacob Tremblay
Golden Globes 2016 : meilleure actrice dans un film dramatique pour Brie Larson

vendredi 26 février 2016

TERREUR AVEUGLE

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

"Blind Terror/ See No Evil" de Richard Fleischer. 1971. Angleterre. 1h29. Avec Mia Farrow, Dorothy Alison, Robin Bailey, Diane Grayson, Brian Rawlinson, Norman Eshley.

Sortie salles France: 2 Septembre 1971

FILMOGRAPHIE: Richard Fleischer est un réalisateur américain né le 8 décembre 1916 à Brooklyn, et décédé le 25 Mars 2006 de causes naturelles.
1952: l'Enigme du Chicago Express, 1954: 20 000 lieues sous les mers, 1955: les Inconnus dans la ville, 1958: les Vikings, 1962: Barabbas, 1966: le Voyage Fantastique, 1967: l'Extravagant Dr Dolittle, 1968: l'Etrangleur de Boston, 1970: Tora, tora, tora, 1971: l'Etrangleur de Rillington Place, 1971: Terreur Aveugle, les Flics ne dorment pas la nuit, 1973: Soleil Vert, 1974: Mr Majestyk, Du sang dans la Poussière, 1975: Mandingo, 1979: Ashanti, 1983: Amityville 3D, 1984: Conan le destructeur, 1985: Kalidor, la légende du talisman, 1989: Call from Space.


Thriller d'angoisse méconnu et peu diffusé à la TV malgré la notoriété de son auteur, Terreur Aveugle me fut dévoilé pour la première fois au début des années 80 sur la chaîne belge RTBF1. Sorti ensuite en location VHS chez quelques rares commerçants, sa sortie Dvd éditée en Belgique me permit de le redécouvrir dans une condition qualitative eu égard de sa copie épurée. Dans la lignée du classique de Terence Young, Seule dans la nuit, Terreur Aveugle illustre avec vigueur l'épreuve de force d'une célibataire en cécité, harcelée par un psychopathe. Séjournant chez son oncle et sa tante dans une maison rurale afin de mieux gérer son handicap, Sarah retrouve également son ancien amant avec qui elle pratique l'équitation. De retour après une promenade à cheval, elle part se délasser dans sa chambre sans savoir que des cadavres sont éparpillés dans les pièces de la demeure. C'est le début d'une descente aux enfers que Sarah va endurer pour se confronter à une menace invisible. Suspense horrifique rondement mené par sa tension distillée au compte-goutte et ses rebondissements justifiés, Terreur Aveugle part d'une idée solide (la cécité d'une victime tentant de déjouer une menace meurtrière) pour diluer une angoisse oppressante. Après la mise en place scrupuleuse des personnages, nous témoignons d'abord de la vision morbide de cadavres ensanglantés sans que la victime ne s'aperçoive au premier coup d'un quelconque incident.


Ce sentiment anxiogène de l'observer dans sa posture négligente est rehaussé de l'apparence suspecte d'un criminel flegmatique. Richard Fleischer se privant aussi de nous montrer son visage pour un motif que nous ne connaîtrons que dans la dernière partie. Passé ce premier acte cultivant un suspense en crescendo, la tension va graviter lorsque Sarah finira par découvrir l'horrible carnage. Par le biais d'un chaîne en or que le tueur avait égaré dans la maison, l'intrigue se focalise ensuite sur l'improvisation de cache-cache entre lui et la victime. Le spectateur assistant fébrilement aux stratégies de survie de notre frêle survivante habitée par une paranoïa préjudiciable (cadrages obliques et alambiqués à l'appui). Par le principe du huis-clos, Fleischer exploite intelligemment les décors familiers auquel le duo s'est malencontreusement fourvoyé. Et cela juste avant d'utiliser quelques idées ingénieuses pour les délocaliser vers la campagne anglaise. Cette dernière partie toujours plus tendue et éprouvante s'avère encore plus cruelle pour la condition molestée de la victime multipliant les risques, poursuites et tentatives d'évasion dans une cécité dénuée de repères. Alors que la conclusion semble toucher à son terme, Fleischer pousse un peu plus le vice lorsque Sarah est sur le point de trépasser sous notre impuissance. Une confrontation d'une rigueur émotionnelle éprouvante car privilégiant la caméra subjective afin de transcender une terreur asphyxiante.


Thriller remarquablement charpenté par l'efficacité de ses rebondissements, ses péripéties alertes et le brio de sa mise en scène, Terreur Aveugle honore le suspense horrifique autour du ressort psychologique. La densité humaine de Mia Farrow insufflant une émotion viscérale aussi désespérée que valeureuse par son statut d'handicapée en initiation de survie. A redécouvrir au plus vite ! 


jeudi 25 février 2016

PIRANHA 3D

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

d'Alexandre Aja. 2010. U.S.A. 1h28. Avec Elisabeth Shue, Adam Scott, Christopher Lloyd, Eli Roth, Kelly Brook, Jerry O'Connell, Ving Rhames, Dina Meyer, Richard Dreyfuss, Steven R. McQueen.

Sortie salles France: 1 Septembre 2010 (Interdit aux - de 12 ans). U.S: 20 Août 2010

FILMOGRAPHIE: Alexandre Aja, (Alexandre Jouan-Arcady) est un réalisateur, producteur, scénariste, dialoguiste et acteur, né le 7 Août 1978 à Paris.
1999: Furia. 2003: Haute Tension. 2006: La Colline a des yeux. 2008: Mirrors. 2010: Piranha 3D. 2013: Horns.


Déclinaison moderne (3D à l'appui !) de Piranhas de Joe Dante en précisant qu'Aja n'a jamais souhaité remaker son illustre modèle, Piranha 3D fleure bon le divertissement du samedi soir dans son alliage de sexe, drogue et alcool sur fond de techno et de gore. Prenant pour cadre la fête juvénile du Spring Break réunissant chaque été des milliers de fêtards, l'intrigue met en parallèle la virée indocile du fils du shérif Julie Forester (Elisabeth Shue à la maturité charnelle !) incidemment invité sur un yacht parmi une équipe de vidéastes pornographes. Alors qu'un séisme vient de libérer une armada de piranhas préhistoriques du fond d'un lac, nos étudiants vont devoir user de bravoure et subterfuges afin de déjouer la menace. Témoins de la découverte de cadavres déchiquetés, Julie Forester et son adjoint Fallon vont s'efforcer d'annuler les festivités avant le carnage redouté.


Série B décomplexée où le mauvais goût du gore putassier flirte avec l'érotisme polisson, Piranha 3D est entièrement voué à divertir le spectateur embarqué dans un délire cartoonesque des plus débridés. Multipliant les blagues salaces et lutinages sous l'influence d'un vidéaste érotomane, Aja s'en donne aussi à coeur joie à exhiber les corps de sirènes dénudées afin de satisfaire notre instinct voyeuriste. Jalonné de clins d'oeil, de sympathiques caméos (Richard Dreyfuss, Eli Roth, Christopher Lloyd) et de clichés volontairement éculés (l'ado désobéissant embarqué malgré lui dans une épreuve de survie, la foule avinée reniant le danger malgré l'injonction de la police !), Piranha 3D affiche un dynamisme aussi intense que jouissif par ces situations alertes d'affronts et de plaisanteries lubriques. Le clou du spectacle culminant avec le carnage du Spring Break auquel des centaines d'étudiants se feront déchiqueter de la manière la plus cruelle et inventive. L'humour noir souvent présent n'hésitant pas parfois à côtoyer la scatologie potache. Bref, une séquence de panique à graver dans les annales pour son ampleur orgasmique d'orgie improvisée ! Epaulé d'effets spéciaux numériques assez réussis (en épargnant quelques plans foireux de CGI mal intégrés chez certaines actions), Piranha provoque notamment la fascination en la présence outre-mesure de piranhas issus d'un âge séculaire. Voraces, teigneux, démoniaques et véloces, leurs déplacements en masse provoquent une irrésistible vigueur pour leur appétence carnivore à dévorer le plus furtivement nos nageurs impudents. Nombre de confrontations alertes oscillant la claustration du huis-clos (la survivante confinée dans le sous-sol du yacht) et suspense oppressant quant au sort précaire des nageurs prisonniers de l'eau.


Fun et jouissif, pour ne pas dire jubilatoire lorsqu'on évoque sa séquence anthologique instaurée durant le Spring break, Piranha 3D cultive une insolence et une générosité expansives sous la spontanéité d'étudiants fébriles sévèrement brimés. Une série B d'exploitation d'une belle efficacité qu'Aja coordonne avec savoir-faire au rythme énergisant de la techno et d'une imagerie gore friponne.  

La Chronique de Piranhas: http://brunomatei.blogspot.fr/2015/06/piranhas.html

25.02.16
06.03.11 (269)

mercredi 24 février 2016

MON ROI. Prix d'Interprétation Féminine, Cannes 2015.

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site avisdupublic.net

de Maïwenn. 2015. France. 2h10. Avec Vincent Cassel, Emmanuelle Bercot, Louis Garrel, Isild Le Besco, Chrystèle Saint Louis Augustin, Patrick Raynal, Yann Goven, Paul Hamy, Djemel Barek.

Sortie salles France: 21 Octobre 2015

FILMOGRAPHIE: Maïwenn Le Besco est une réalisatrice, actrice, scénariste française, née le 17 Avril 1976 aux Lilas (Seine-Saint-Denis). 2004: I'm an actrice (court-métrage). 2006: Pardonnez moi. 2009: Le Bal des Actrices. 2011: Polisse. 2015: Mon Roi.


Quatre ans après le choc Polisse, la réalisatrice Maïwenn aborde le mélo sous l'impulsion d'un duo d'acteurs d'une belle vérité humaine. Mon Roi retraçant avec réalisme méticuleux la descente aux enfers d'un couple passionnel d'autant plus tributaire d'une responsabilité parentale. A la suite d'une chute de ski, Tony part en rééducation dans un centre spécialisé. C'est durant sa longue convalescence qu'elle se remémore sa romance partagée avec Georgio. Un charmeur plutôt instable et ingrat par son insouciance libertaire.


A partir d'une intrigue finalement banale s'attardant à décrire avec une certaine intensité la déliquescence morale d'une épouse inlassablement soumise par un escamoteur, Maïwenn compte surtout sur l'autorité viscérale de Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot pour provoquer l'émotion entrecoupée d'éclairs de violence conjugale. Emmanuelle Bercot se livrant corps et âme devant la caméra à la manière d'une écorchée vive dans sa condition de souffre-douleur. Un portrait saisissant de femme fragile incapable de se délier de ses sentiments pour l'être aimé jusqu'au regain de conscience à ne plus se laisser chérir par la manipulation. Sa prestance naturelle inscrite dans une dignité féminine ne laissa pas indifférent le jury de Cannes si bien qu'il lui décerna un prix d'interprétation. Dans un rôle à contre-emploi de Don Juan phallocrate rempli d'orgueil, Vincent Cassel suscite souvent l'irritation, voir parfois même une violente antipathie par son indifférence et son mépris à contredire le désarroi de son épouse. Si le côté redondant de leurs prises de bec alternant séparations/réconciliations peut à force lasser une frange du public, la mise en scène plutôt maîtrisée et le réalisme imparti à la fragilité de leur quotidien parviennent modestement à transcender cette lacune. On peut également souligner le vent de liberté accordé aux seconds-rôles servant de pilier amical afin de soutenir (délibérément ou incidemment) le couple.


L'affliction amoureuse
Grâce à sa direction d'acteurs hors-pair où la diction des personnages épargne admirablement l'intonation théâtrale (trop rare pour ne pas le souligner chez le cinéma français), Mon Roi s'extirpe in extremis de la routine pour retracer avec une émotion tantôt prude tantôt brutale le chemin de croix vertigineux d'une femme aveuglée par la passion. Il en émane un moment d'émotion poignant émaillée de séquences intimistes d'une grave intensité, à l'instar de son épilogue bouleversant lorsque Maïwenn transfigure de manière chirurgicale la physionomie galante de Vincent Cassel sous le regard subtilement concentré d'Emmanuelle Bercot