vendredi 27 décembre 2019

La Petite fille au bout du Chemin

Photo empruntée sur Google, appartenant au site seriebox.com

"The Little Girl Who Lives Down the Lane" de Nicolas Gessner. 1976. France/U.S.A/Canada. 1h32. Avec Jodie Foster, Martin Sheen, Alexis Smith, Mort Shuman, Scott Jacoby, Dorothy Davis, Clesson Goodhue, Hubert Noel, Jacques Famery, Mary Morter, Julie Wildman.

Sortie en salles en France le 26 Janvier 1977. U.S: 10 Aout 1977

FILMOGRAPHIENicolas Gessner est un réalisateur et scénariste d'origine Hongroise, né en 1931.
1959: Auskunft im Cockpit. 1965: Un milliard dans un billard. 1967: La Blonde de Pékin. 1969: Douze et un. 1971: Quelqu'un derrière la porte. 1976: La Petite fille au bout du Chemin. 1980: Deux affreux sur le sable. 1982: Herr Herr (tv). 1984: Le Tueur triste (tv). 1987: Das Andere Leben (tv). 1989: Passe-passe. Tennessee Nights. 1994: Chèques en boite (tv).


D'origine hongroise plutôt discret et inclassable, Nicolas Gessner réalise en 1976 un ovni autour d'un trio d'acteurs hétéroclites parmi lesquels le chanteur Mort Shuman (!!!), Martin Sheen et surtout Jodie Foster dans l'un de ses premiers GRANDS rôles au cinéma. Si bien que récompensé de la Meilleure actrice en 1978 et du Saturn Award du Meilleur Film, cette oeuvre méconnue mais défendue par une poignée d'aficionados y transfigure le conte insolite sous l'impulsion magnétique de Jodie Foster  portant le film sur ses épaules avec une ambiguïté morale indiscernable. Le pitchDans sa demeure bucolique, Rynn Jacobs est une adolescente de 13 ans vivant recluse avec son père. Harcelée par le pédophile Frank Hallet et la mère de celui-ci, agent immobilière de la famille Jacobs, elle semble totalement autonome et mature pour un si jeune âge à s'occuper des nombreuses tâches dans la maison. Mais dans son entourage, nombre de quidams s'interrogent sur l'absentéisme récurrent du paternel quand bien même Madame Hallet disparaît à son tour sans laisser de trace. 
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Drame intimiste, suspense en vase clos, romance et mystère insondable se chevauchent avec une étonnante fluidité, renforcé du jeu intuitif de la néophyte Jodie Foster littéralement envoûtante en criminelle à la fois flegmatique et redoutablement finaude. Avec beaucoup d'habileté dans l'art d'y alterner inquiétude diffuse et romance empathique, la Petite Fille au bout du chemin nous transcende avec un réalisme tout particulier l'étonnant portrait d'une adolescente de 13 ans livrée à elle même depuis la mort de son père et de la démission de sa mère. Ainsi donc, autrefois inculquée dans la marginalité par un paternel réfractaire à l'encadrement scolaire, Rynn Jacobs appris sereinement à survivre en se prenant en main avec un aplomb forçant le respect. Mais depuis l'arrivée insolente d'un pervers insidieux, elle doit subir son harcèlement quotidien au sein de son foyer domestique. Qui plus est, Mme Hallet, mère du pédophile présumé est de plus en plus suspicieuse à l'idée de ne jamais rencontrer Mr Jacobs. Intrigués par la cachette d'une cave située sous le tapis de la salle à manger, elle et son fils soupçonnent alors la jeune fille d'occulter un macabre secret. L'inspecteur Ron Miglioriti rodant aux alentours commence également à suspecter l'existence de Mr Jacobs. Spoiler !  Tandis qu'un soir, Rynn rencontre par hasard le jeune Mario, un magicien fantaisiste furtivement épris de sentiments pour elle. Ensemble, ils entament une liaison amoureuse à l'instar d'adultes responsables tout en faisant preuve de subterfuge et malice afin d'éclipser la vérité sur cette mystérieuse famille. Fin du Spoiler.


Davantage trouble, passionnant, magnétique, insondable, voir même poétique au fil d'un cheminement en suspens émaillé d'accalmie romantique, La petite fille au bout du chemin constitue donc une oeuvre d'étrangeté éthérée sous l'impulsion d'un jeu d'acteurs remarquablement dirigés. Car en auscultant le profil singulier d'une adolescente avisée mais solitaire et introvertie, Nicolas Gessner  y sème le doute, convoite la confusion la plus énigmatique en nous interrogeant davantage sur son attachante personnalité dénuée de toute exubérance. Récompensée d'un prix d'interprétation pour son rôle juvénile, Jodie Foster s'avère délectable de trouble ambiguïté de par sa moralité anarchiste à daigner se prendre en main sans l'autorité d'un adulte et dans sa capacité à relever les gageures les plus préjudiciables autour de mystérieuses disparitions (parfois accidentelles !). Dans un second-rôle mécréant, Martin Sheen s'avère proprement exécrable dans la peau d'un hébéphile vaniteux osant transgresser ses perversions sexuelles auprès de l'insolente Rynn Jacobs. Dans une prestation plus discrète, Mort Shuman surprend agréablement pour endosser avec une sobre bonhomie un flic déférent plutôt désorienté par l'intelligence de l'ado constamment confinée dans la solitude. Enfin, Scott Jacoby incarne entre spontanéité, joie de vivre (discrètement fringante) et ambivalence le fantaisiste magicien Mario se compromettant bizarrement à la complicité criminelle pour l'enjeu d'un véritable amour avouera t-il ! On reste d'ailleurs stupéfiais de se laisser convaincre par sa posture marginale similaire par ailleurs à l'étrange sérénité de Rynn Jacobs puisque n'éprouvant ni crainte ni angoisse à pareille contexte morbide.


Mais qui est donc Rynn Jacobs ?
A la fois étrange, déroutant, capiteux et envoûtant autour d'une narration au suspense latent tributaire de vénéneuse romance, La Petite Fille au bout du Chemin nous laisse (génialement) sur un sentiment d'amère incertitude face au portrait sibyllin d'une ange déchue. Scandé de la présence diaphane de Jodie Foster au rythme d'une mélodie nonchalante, cet ovni à la fois intimiste et feutré nous hante à jamais l'esprit de par l'expression impassible de cette vénéneuse adulescente au destin irrésolu. 

P.S: pour rassurer les partisans de la cause animale à propos d'une scène-choc d'un réalisme inquiétant, deux hamsters différents figurèrent dans le film : un vivant qui survécut au tournage et qu'on offrit au costumier une fois la production bouclée, et un mort fourni par un hôpital où il avait servi de cobaye et que Martin Sheen manipula de telle sorte qu'il parût encore vivant au moment de l'occire.
SOURCE WIKIPEDIA

*Bruno
27.12.19. 5èx
09.11.11. 776 v

Récompenses: Saturn Award du Meilleur film d'Horreur.
Saturn Award de la meilleure actrice pour Jodie Foster à l'académie des films de science-fiction, fantastique et Horreur en 1978.



jeudi 26 décembre 2019

The Lighthouse. Prix du Jury, Deauville 2019.

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Robert Eggers. 2019. U.S.A/Canada. 1h39. Avec Willem Dafoe, Robert Pattinson, Valeriia Karaman.

Sortie salles France: 18 Décembre 2019. U.S: 18 Octobre 2019.

FILMOGRAPHIE: Robert Eggers est un réalisateur américain né le 7 juillet 1983 à Lee (New Hampshire). 2015: The Witch. 2019: The Lighthouse. 2020: The Northman.


Bad trip capiteux à accoster avec des pincettes !
Ofni maladif issu de l'esprit dérangé de Robert Eggers révélé par le désormais classique The Witch, The Lighthouse emprunte une démarche autrement couillue pour nous communiquer malaise, angoisse, voir même dépression plombante. Et ce quitte à agencer la houleuse expérience en bad-trip suffocant héritière du cinéma indépendant d'Eraserhead parmi ses personnages torturés en proie à la démence. Car tourné en 4/3 dans un superbe noir et blanc crépusculaire, The Lighthouse joue la carte de l'intimité la plus licencieuse lorsque deux gardiens d'un phare vont se disputer l'autorité 4 semaines durant en escomptant l'arrivée des secours. Or, faute d'une tempête trop agitée, ils se retrouveront pris au piège au coeur de ce îlot d'un silence trop pesant. Ainsi, difficile d'exprimer ses impressions subjectives sitôt le générique clôt tant The Lighthouse s'avère quasi indicible dans sa manière autonome d'y instiller un climat de malaise palpable puis pesant au fil de la dissension psychotique entre un jeune matelot et un vieux bourru trop castrateur. Intense affrontement donc entre Willem Dafoe et Robert Pattison (au risque d'ennuyer le public le moins réceptif !), quasi méconnaissable en employé névrosé au confins de la folie, The Lighthouse divisera assurément les spectateurs déroutés par cet enchaînement de palabres d'une violence toujours plus délétère.


Car en jouant sur le folklore de la superstition (le sacrifice d'une mouette invoquant une malédiction), Robert Eggers bâtit une épouvante séculaire éthérée comme on n'en voit peu sur nos écrans. Si bien que, outre sa facture expressionniste extrêmement soignée (on peut également songer au cinéma du muet), il compte principalement sur les postures outrancières de ces comédiens pour nous faire dériver vers une descente aux enfers cérébrale difficilement supportable au risque de l'indigestion (impossible d'en sortir indemne passé l'épilogue radical). Le récit tentaculaire (de par les postures excentriques de nos protagonistes en proie à une déraison presque contagieuse) s'articulant autour des thèmes de la solitude, de l'addiction sexuelle, du désir de communication et du respect d'autrui afin de saisir les tenants et aboutissants du duo obnubilé par un rapport de force toujours plus primitif. Ainsi, à travers leurs élucubrations et divagations davantage avinées, Robert Eggers y apporte un regard à la fois spirituel et lubrique quant à l'interrogation forcenée d'Ephraim Winslow (Robert Pattison) d'atteindre coûte que coûte la lumière du haut du phare afin d'y déceler l'ultime vérité. The Lighthouse pouvant se solder par une métaphore sur l'assouvissement sexuel et la peur innée de l'inconnu (du noir le plus obscur et ténébreux) lors d'une situation de claustration abrutie par la solitude.


Dérangeant, malsain, étouffant, sarcastique et même cocasse (c'est émaillé de ruptures de ton), The Lighthouse a au moins l'opportunité de nous offrir une vraie proposition adulte et singulière à travers le genre horrifique modestement mis en scène lors d'une confrontation psychotique en roue libre. Quitte à faire fuir une partie des spectateurs déroutés par son ambiance pernicieuse (trop) laborieuse... Quoiqu'il en soit difficile d'oublier une telle expérience inusitée, si bien qu'elle est assurément à revoir pour en saisir toute sa sève souffreteuse ! 

*Bruno

Récompenses:
Festival de Cannes 2019 :
sélection dans la section Quinzaine des réalisateurs
Prix FIPRESCI (Quinzaine des réalisateurs)
Festival de Deauville 2019 : Prix du jury

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