lundi 28 décembre 2015

LES 8 SALOPARDS

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site collider.com

"The Hateful Eight" de Quentin Tarantino. U.S.A. 2015. 2h47. Avec Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh, Walton Goggins, Tim Roth, Bruce Dern, Michael Madsen, Demián Bichir, Channing Tatum.

Sortie salles France: 6 janvier 2016. U.S: 31 Décembre 2015

FILMOGRAPHIE: Quentin (Jérome)Tarantino est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 27 Mars 1963 à Knoxville dans le Tennessee.
1992: Réservoir Dogs. 1994: Pulp Fiction. 1995: Groom Service (segment: The Man from Hollywood). 1997: Jacky Brown. 2003: Kill Bill 1. 2004: Kill Bill 2. 2007: Boulevard de la Mort. 2009: Inglorious Basterds. 2012: Django Unchained. 2015: Les 8 Salopards.


Trois ans après avoir tâté du western avec l'excellent Django Unchained, Quentin Tarantino rempile à nouveau avec les 8 Salopards pour transcender un jeu de massacre inscrit dans la duperie et la déchéance criminelle. Epaulé du score cinégénique d'Ennio Morricone et d'une photo scope sublimant le cadre enneigé d'une contrée décharnée, l'intrigue emprunte le mode du huis-clos à travers la confrontation fortuite d'une poignée d'étrangers à l'identité interlope. John Ruth, chasseur de prime, doit rapatrier Daisy Domerge à Red Rock afin qu'elle soit pendue pour meurtre. Sur le chemin enneigé, il établit la rencontre suspicieuse d'un nègre également braconnier et du potentiel nouveau shérif de Red Rock. A cause d'une bourrasque, ils font ensemble escale dans une étape dirigée par la tenancière Minnie. En son inexplicable absence, c'est dans ce lieu reculé qu'ils y découvrent quatre autres individus. John Ruth soupçonne aussitôt l'un d'eux d'être un escroc afin de sauver de la potence Daisy Domerde. 


D'une durée excessive de 2h47, Quentin Tarantino entretient la même ossature que la plupart de ses autres métrages, dans le sens où il accorde un intérêt primordial (à la longue) mise en place de ces personnages et à un cheminement narratif remarquablement planifié oscillant présent et passé des évènements. Bourré de trognes burinées et charismatiques déversant sans modération des réparties persifleuses, les 8 Salopards brosse leur portrait par le biais d'une ligne de conduite redoutablement mesquine. A savoir cultiver l'attente de leurs confrontations explosives pour mieux s'imprégner de leur quotidienneté avant de persévérer sur une dérision sardonique toujours plus vitriolée au fil de leur rébellion justicière. Les 90 premières minutes s'attardent donc à nous dessiner le profil insalubre de ces cowboys peu recommandables. Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Walton Goggins, Tim Roth, Bruce Dern, Michael Madsen se partageant la vedette avec la même verve et spontanéité pour mettre en pratique une exubérance railleuse ou, au contraire, une tranquillité flegme par leur comportement fallacieux. Quand bien même on se prend d'une certaine sympathie pour Jennifer Jason Leigh dans sa condition de souffre-douleur pétrie d'arrogance. Son chasseur de prime castrateur n'hésitant pas à la molester à chacune de ses audacieuses remontrances. Jouant lestement sur les faux-semblants, chacun des seconds-rôles s'en donnent donc à coeur joie dans les provocations mensongères afin d'essayer de duper nos chasseurs de prime. Ces derniers ne cessant de daigner démasquer le ou les imposteurs avant que le blizzard météorologique n'accorde une trêve pour leur permettre de quitter l'hôtel. Outre le caractère bien trempé de tous ces personnages redoutablement mesquins, la grande force du film réside également dans l'art de conter consciencieusement une histoire jonchée d'imprévus où la violence des règlements de compte en ébranlera plus d'un lors de sa seconde partie. Autour de leurs agissements faussement affables et plaisantins, Quentin Tarantino s'efforce de nous accoutumer à leur cohabitation avant que l'accalmie ne laisse parler les flingues dans un déchaînement de violence en roue libre.  


Les Charognards 
Passionnant, hypnotique, jouissif, décalé pour la caricature allouée à une poignée de fabulateurs, Les 8 Salopards transfigure leur sanglant destin parmi l'ironie sardonique d'une verve insolente et la 
violence âpre d'un second acte embrayant sur des moments de tension vertigineuse avec parfois une empathie éprouvante (l'incroyable cruauté tolérée lors d'un flash-back crapuleux). Un western grandiose et réfrigérant, terriblement immersif pour le cadre de son huis-clos (faussement) accueillant, où l'indignité de la fourberie humaine emporte tout sur son passage. 

B.M.

samedi 26 décembre 2015

CES GARCONS QUI VENAIENT DU BRESIL

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"The Boys from Brazil" de Franklin J. Schaffner. 1978. U.S.A. 2h02. Avec Gregory Peck, Laurence Olivier, James Mason, Lilli Palmer, Uta Hagen, Steve Guttenberg, Denholm Elliott, Rosemary Harris, John Dehner.

Sortie salles France: 30 mai 1979 (Interdit aux - de 18 ans). U.S: 5 Octobre 1978

FILMOGRAPHIE: Franklin J. Schaffner est un réalisateur et producteur américain, né le 30 Mai 1920 à Tôkyô, décédé le 2 juilllet 1989 à Santa Monica.
1963: Les Loups et l'agneau. 1964: Que le meilleur l'emporte. 1965: Le Seigneur de la guerre. 1967: La Griffe. 1968: La Planète des Singes. 1970: Patton. 1971: Nicolas et Alexandra. 1973: Papillon. 1976: L'île des adieux. 1978: Ces Garçons qui venaient du Brésil. 1981: Sphinx. 1982: Yes, Giorgio. 1987: Coeur de Lion. 1989: Welcome Home.


Film choc s'il en est, de par son sujet scabreux abordant le spectre du nazisme de manière toute à fait singulière, et pour son point d'orgue d'une extrême violence imposée durant sa dernière demi-heure, Ces garçons qui venaient du brésil insuffle un climat malsain toujours plus poisseux au fil d'une dérive criminelle en roue libre. Grâce aux allégations d'un juif ayant réussi à espionner le complot d'une confrérie SS, Ezra Lieberman, chasseur de nazi, décide de mener sa propre enquête afin d'élucider le projet mystérieux du criminel nazi Joseph Mengel. Ce dernier ayant ordonné à ses sbires d'assassiner 94 fonctionnaires sexagénaires répertoriés aux quatre coins du monde. Au fil de son investigation et après avoir découvert que certains enfants des parents ciblés étaient physiquement jumeaux, il finit par se confronter à la plus horrible des vérités.


Thriller à la lisière du fantastique dont l'ossature ciselée de l'intrigue distille un suspense exponentiel, Ces Garçons qui venaient du Brésil oscille curiosité et fascination sous l'impulsion pétulante d'un fascisme du 4è reich prémédité par un médecin mégalo. Dominé par la prestance inflexible du vétéran Gregory Peck, ce dernier se taille une carrure longiligne dans sa fonction insidieuse de régir le monde à partir du clonage d'humains. Les yeux injectés de haine et de folie contagieuse pour enseigner aux enfants la supériorité de la "race aryenne", l'acteur parvient à iconiser son personnage despotique avec une intensité terrifiante. Son costume vestimentaire d'un blanc maculé contrastant avec la pâleur de son visage émacié transi de fiel. Dans celui du chasseur de nazi, Laurence Olivier lui partage dignement la vedette avec un charisme flegmatique dans sa posture studieuse d'investiguer et traquer sa proie avant d'extérioriser une violence justiciable en guise de survie. Par le biais de la génétique et avec parfois souci documentaire (l'expérimentation pratiquée sur les lapins), l'intrigue aborde le thème du racisme avec une originalité dérangeante. Notamment lorsqu'il s'agit d'exploiter à des fins criminelles l'innocence de bambins condamnés à perdurer le mal au nom d'une idéologie de prépondérance. Passionnant pour l'élaboration scrupuleuse de l'enquête examinée aux 4 coins du monde et terriblement inquiétant si un tel projet politique devait à l'avenir éclore, Ces garçons qui venaient du brésil provoque une fascination licencieuse (aura de souffre à l'appui !), notamment pour l'influence des exactions criminelles exercées sur le voyeurisme morbide d'un rejeton hybride.


Dénonçant avec beaucoup d'originalité et d'audace la suprématie du nazisme au travers d'un scénario catastrophe, Ces garçons qui venaient du brésil dilue effroi et fascination sous l'impulsion d'une nouvelle allégeance destinée à prendre la relève du 3è reich. Dans une mise en scène solide et grâce à l'appui autoritaire des comédiens notoires (la confrontation Gregory Peck/Laurence Olivier fait des étincelles !), Franklin J. Schaffner en extrait un thriller cauchemardesque aussi efficace que redoutablement intense pour sa déraison cruelle du dernier acte. 

B.M.
3èx



jeudi 24 décembre 2015

Princess Bride. Antenne d'Or, Avoriaz 88.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"The Princess Bride" de Rob Reiner. 1987. U.S.A. 1h38. Avec Cary Elwes, Robin Wright, Mandy Patinkin, Chris Sarandon, Christopher Guest, Wallace Shawn, André The Giant, Fred Savage, Peter Falk

Sortie salles France : 9 mars 1988 (562 246 entrées). U.S: 25 Septembre 1987

FILMOGRAPHIE: Rob Reiner est un acteur, producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 6 Mars 1947 dans le Bronx de New-York. 1984: Spinal Tap. 1985: Garçon chic pour nana choc. 1986: Stand By Me. 1987: Princess Bride. 1989: Quand Harry rencontre Sally. 1990: Misery. 1992: Des Hommes d'honneur. 1994: L'Irrésistible North. 1995: Le Président et Miss Wade. 1996: Les Fantômes du passé. 1999: Une Vie à Deux. 2003: Alex et Emma. 2005: La Rumeur Court. 2007: Sans plus attendre. 2010: Flipped.


Auréolé de l'Antenne d'Or à Avoriaz, Princess Bride peut prêter à confusion chez les fans du genre Fantastique sachant que l'intrigue accorde peu de place à l'heroic fantasy et au bestiaire monstrueux si on excepte l'apparition d'un rat géant dans le marais de feu. Conte de fée, aventures et cape et d'épée étant les maîtres mots du réalisateur de l'inoubliable chronique adolescente, Stand by me. Avec sagacité dans la manière d'illustrer le genre sans fioritures et sous alibi d'un humour espiègle insatiable, Rob Reiner s'efforce de rendre hommage au cinéma de papa lorsque Zorro et Robin des Bois accomplissaient leurs exploits dans les salles obscures de cinéma de quartier. 

Le PitchUne jeune paysanne, Bouton d'Or, tombe irrésistiblement amoureuse de son valet. Décidés à se marier mais sans le sou, Westley propose à sa dulcinée de la quitter le temps de faire fortune à l'étranger. Mais 5 ans plus tard, Bouton d'Or y apprend sa mort. C'est alors que le prince Humperdinck décide à son tour de la courtiser pour les préparatifs de futures noces. Au même moment, Bouton d'Or est kidnappée par un trio de brigands quand bien même un mystérieux justicier masqué tente de la sauver. 


Reprenant les thèmes académiques du conte de fée et du cinéma d'aventures où romance et vengeance se télescopent parmi le dynamisme de mercenaires avides de justice, Princess Bride rend hommage aux genres avec une bonne humeur aussi exaltante que frétillante. De par l'élan de solidarité formé entre un trio de brigands, une princesse et un justicier délibérés à démasquer la lâcheté d'un souverain mégalo (Chris Sarandon, toujours aussi délicieux d'arrogance cabotine !). Ainsi, grâce à la caractérisation de ces personnages très attachants et à la verve de leurs réparties badines, Princess Bride cultive aisément la séduction sous l'emprise sensuelle de la radieuse Robin Wright. Chacun des comédiens endossant leur rôle avec une spontanéité aussi fraîche que sémillante quand bien même Rob Reiner s'efforce de crédibiliser l'univers moyenâgeux sans jamais faire preuve d'esbroufe (les effets spéciaux s'avérant très discrets). Pourtant, la succession ininterrompue de péripéties pittoresques et chevaleresques instaurent à la narration une vigueur particulièrement subtile sous l'impulsion avisée de personnages émotifs combinant des stratégies d'attaques audacieuses. Contrebalancés de trêves de tendresse imparties au couple d'amants en quête de rédemption, Princess Bride instaure également une poésie romantique sous éclairage naturel d'une photo limpide contrastant avec la verdure de magnifiques collines.


Il était une fois...
Sous les ressorts d'espièglerie comportementale et d'action archaïque perpétrée à l'épée, Princess Bride déborde de sincérité, de réalisme, de réinvention des codes et d'affection à dépoussiérer le cinéma d'aventures sous une forme éthérée d'atmosphère prude. La grande force de l'oeuvre résidant principalement dans la posture affectueuse des protagonistes à provoquer l'ennemi avec une dérision irrésistible, quand bien même un grand-père (Peter Falk, charismatique en diable en conteur taquin) s'efforce de nous narrer cette histoire face à la curiosité d'un bambin en éveil romantique. Un rêve éveillé que les disgrâces du temps ne parviennent pas à consummer.

P.S: copie 4 K fastueuse.

*Bruno
15.11.23. 4èx. Vf

Récompenses:
Festival international du film de Toronto 1987 : Prix du public
Saturn Awards 1988 : meilleur film fantastique et meilleurs costumes (Phyllis Dalton)
Prix Hugo 1988 : meilleur film
Young Artist Awards 1988 : meilleur jeune acteur (Fred Savage)
Festival d'Avoriaz 1988 : Antenne d'or
Le film fait partie de la Liste du BFI des 50 films à voir avant d'avoir 14 ans établie en 2005 par le British Film Institute.

mardi 22 décembre 2015

SICARIO

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Dennis Villeneuve. 2015. U.S.A. 2h01. Avec Emily Blunt, Benicio del Toro, Josh Brolin, Daniel Kaluuya, Victor Garber, Jeffrey Donovan, Jon Bernthal, Raoul Trujillo

Sortie salles France: 7 Octobre 2015. U.S: 18 Septembre 2015

FILMOGRAPHIE: Denis Villeneuve est un scénariste et réalisateur québécois, né le 3 octobre 1967 à Trois-Rivières. 1996: Cosmos. 1998: Un 32 Août sur terre. 2000: Maelström. 2009: Polytechnique. 2010: Incendies. 2013: Enemy. 2013: Prisoners. 2015: Cicario. 2016 : Story of Your Life.


Thriller choc traversé d'éclairs de violence rugueux mais jamais complaisants, Sicario s'édifie en odyssée funèbre sous le témoignage d'une agent du FBI convaincue de suivre ses nouveaux alliés au Mexique pour une mission clandestine d'appréhender un chef du cartel de la drogue. Parfois contrainte de riposter par la force sous les échanges de tirs ennemis, sa participation secondaire va plutôt l'amener à observer avec désarroi les méthodes irrévérencieuses de ses compatriotes, quand bien même le conseiller Alejandro décide d'en faire une affaire personnelle depuis la tourmente de son passé galvaudé. Ce pitch mainte fois traité à l'écran, Denis Villeneuve parvient à le transcender par le biais d'une mise en scène rigoureuse au plus près d'une vérité documentée. Ce dernier s'efforçant de dépeindre avec intensité fortuite les filatures de la police contre les agissements délinquants de la pègre au sein d'une zone frontalière avilie par leur déchéance criminelle. Que ce soit ces derniers où celle des forces de l'ordre compromis par leur corruption, les deux clans se combattent de manière aussi insidieuse que burnée afin de remporter la mise. Condamnés à répéter le même schéma stratégique d'alpaguer un baron notoire avant qu'un nouveau leader ne vienne le relayer, les flics sont notamment contraints d'y débusquer des transfuges au sein de la police Mexicaine.


Epaulé de solides comédiens comme le prouve à nouveau l'excellent Josh Brolin, Sicario est dominé par la performance viscérale de deux interprètes hors-pairs pour mettre en exergue leur confrontation psychologique ardue. Emily Blunt endossant avec fragilité celle d'une agent sévèrement malmenée par ses supérieurs avant de violemment s'interposer à son conseilleur qu'incarne le monstre sacré, Benicio Del Toro. Véritable justicier redresseur de tort pleinement conscient d'enfreindre les règles, ce dernier insuffle un charisme animal par son regard impassible et son comportement flegme à provoquer, humilier, extorquer et torturer l'ennemi sans faire preuve d'indulgence. Autour de leurs actions peu recommandables à parfaire une mission obscure et fallacieuse, Dennis Villeneuse hypnotise nos sens afin de cristalliser un climat méphitique sous-jacent au coeur d'un environnement poisseux. La grande réussite du film résidant également dans la maîtrise consciencieuse de la réalisation à diluer une atmosphère solaire des plus malsaines alors que les citadins démunis tentent tant bien que mal d'y survivre.  


Modèle de mise en scène renouvelant les codes du thriller d'espionnage autour du thème du commerce de la drogue, Sicario constitue une lente descente aux enfers afin de mesurer l'étendue chaotique d'une région frontalière convertie en zone de non droit. Hormis sa structure narrative complexe et la manière latente de retarder l'action des ripostes, Dennis Villeuneuve privilégie surtout la caractérisation pernicieuse des rapports de force entre policiers et criminels sous le témoignage impuissant d'une agent intègre. Réflexion sur l'engrenage du vice et de la déchéance punitive, il en émane un constat amère terriblement pessimiste car sans échappatoire sur la situation précaire du Mexique partagée entre climat d'insécurité et intimidation à la barbarie. Du grand cinéma d'auteur. 

Bruno Matéï 

lundi 21 décembre 2015

L'AVENTURE INTERIEURE

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com

"Innerspace" de Joe Dante. 1987. U.S.A. 1h59. Avec Dennis Quaid, Martin Short, Meg Ryan, Kevin McCarthy, Fiona Lewis, Vernon Wells, Robert Picardo, Wendy Schaal.

Sortie salles France: 16 décembre 1987. U.S: 1er juillet 1987

FILMOGRAPHIE: Joe Dante (né le 28 novembre 1946 à Middletown, New Jersey) est un critique, scénariste, monteur, producteur et réalisateur américain. Son plus grand succès populaire est, à ce jour, Gremlins (1984). 1966-1975 : The Movie Orgy 1976 : Hollywood Boulevard, co-réalisé avec Allan Arkush 1978: Piranhas,1981 : Hurlements (The Howling) 1983 : La Quatrième Dimension (Twiling Zone the Movie), troisième épisode, Its a Good Life 1984 : Gremlins 1985 : Explorers 1987 : Cheeseburger film sandwich (Amazon Women on the Moon), 5 sketches 1987 : L'Aventure intérieure, 1989 : Les Banlieusards (The 'burbs) 1990 : Gremlins 2, la nouvelle génération (Gremlins 2 The New Batch) 1993 : Panic sur Florida Beach (Matinee) 1998 : Small Soldiers 2003 : Les Looney Tunes passent à l'action (Looney Tunes : Back in Action) 2006 : Trapped Ashes , premier segment,Wraparound. 2009: The Hole. 2014: Burying the Ex.


Succès commercial international, l'Aventure Intérieure est la nouvelle réunion du duo payant Joe Dante/ Steven Spielberg depuis l'énorme carton de Gremlins. Inspiré d'un grand classique de la science-fiction (le Voyage Fantastique de Fleischer), Joe Dante en dépoussière son concept (la miniaturisation de scientifiques plongés en interne d'un corps humain) par le biais d'effets spéciaux innovants (Oscar des meilleurs effets spéciaux et visuels) et surtout de l'omniprésence d'une cocasserie parfois hilarante. Clairement estampillé divertissement familial, l'Aventure Intérieure fleure bon l'esprit Amblin Entertainment dans son esprit généreux et sincère de nous confectionner un spectacle fantastique mené tambour battant. Un employé de supermarché névrosé se retrouve mêlé à une improbable affaire d'espionnage. Dans une folle course contre la montre, Il doit tenter de retrouver une puce afin que le lieutenant Tuck Pendleton, projeté incidemment à l'intérieur de son corps à bord d'un submersible, puisse retrouver sa taille initiale. C'est le début d'une course-poursuite contre l'ennemi que Jack Putter va entamer avec l'aide de Lydia, la compagne de Tuck. 


Ce pitch aussi prometteur qu'amusant, Joe Dante l'exploite avec son savoir-faire traditionnel pour combiner efficacement péripéties, gags et quiproquos sous l'appui d'une bonne humeur galvanisante. Outre l'efficacité d'une narration jamais à court d'idées dans son action échevelée (la course-poursuite sur la chaussée, l'intrusion d'un émissaire à l'intérieur du corps de Jack), ces retournements de situations, incidents de parcours et entrée en scène d'un antagoniste pétulant (le cowboy fétichiste de santiags), l'Aventure Intérieure est scandé par la fougue amicale des comédiens donnant libre court à leur ressort héroïque. Particulièrement Martin Short, jeune acteur peu connu du public français mais popularisé outre-atlantique avec la célèbre émission Saturday night live. Endossant le rôle timoré d'un salarié complexé et dépressif, l'acteur possède un charisme impayable dans son physique candide à exprimer des émotions tantôt erratiques (sa première approche schizo avec sa voix intérieure, sa métamorphose physique pour se substituer au cowboy), tantôt fringantes (ses crises chevaleresques) pour se défaire de situations rocambolesques. Sa course contre la montre l'entraînant finalement vers une initiation héroïque sous l'autorité de son mentor, Tuck Pendleton. Dans une posture secondaire, Dennis Quaid lui partage la vedette de manière émérite et sagace à inciter son partenaire à décrocher la victoire. Leur rapport de force et d'amitié faisant tout le sel de cette aventure exaltante conçue sur la volonté de vaincre ses angoisses intrinsèques. Avec toujours cette même fraîcheur innocente et par le biais de son physique poupon, Meg Ryan vient s'interposer dans leur mission avec naïveté et brin d'héroïsme gentiment maladroit.  


Grâce à l'intelligence d'un scénario ne cédant jamais à l'esbroufe pour combler le public, Joe Dante préconise la drôlerie des situations débridées (avec un côté cartoonesque en quelques occasions de pantomime) et la bonhomie sémillante de ces comédiens pour enthousiasmer le spectateur embarqué dans une aventure imprévisible. Un excellent divertissement n'ayant rien perdu de sa fraîcheur et de sa douce insolence au travers d'un humour décapant ! 

Bruno Matéï
3èx 

Récompense: Oscar des meilleurs effets spéciaux et visuels (Dennis Muren, Bill George, Harley Jessup et Kenneth Smith) en 1988.


TOP 15, 2015. Les quinze meilleurs films de l'année 2015.

1/ MAD-MAX FURY ROAD
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/05/mad-max-fury-road.html


2/ VICTORIA
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/12/victoria-grand-prix-beaune-2015.html


3/ THE WALK
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/12/the-walk.html


4/ IT FOLLOWS
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/05/it-follows-grand-prix-prix-de-la.html


Dans le désordre: 
What we do in the shadow
http://brunomatei.blogspot.fr/…/…/what-we-do-in-shadows.html


The Voices
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/03/the-voices-prix-du-public-prix-du-jury.html


The Green Inferno
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/10/the-green-inferno.html


Le Fils de Saul


No Escape
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/11/no-escape.html


Sicario
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/12/sicario.html


Everest
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/10/everest.html


Foxcatcher
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/02/foxcatcher-prix-de-la-mise-en-scene.html


Suburra
http://brunomatei.blogspot.fr/2016/02/suburra.html


Hyena
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/09/hyena-prix-du-jury-au-festival-de.html


A la poursuite de demain
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/10/a-la-poursuite-de-demain.html




vendredi 18 décembre 2015

THE WALK

                                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site

de Robert Zemeckis. 2015. U.S.A. 2h03. Avec Joseph Gordon-Levitt, Ben Kingsley, Ben Schwartz,
Charlotte Le Bon, James Badge Dale, Steve Valentine, Sergio Di Zio, Mark Camacho

Sortie salles France: 28 octobre 2015. U.S: 2 octobre 2015

FILMOGRAPHIE: Robert Zemeckis est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 14 Mai 1951 à Chicago (Illinois).
1978: Crazy Day. 1980: La grosse Magouille. 1984: A la Poursuite du diamant vert.1985: Retour vers le Futur. 1988: Qui veut la peau de Roger Rabbit. 1989: Retour vers le Futur 2. 1990: Retour vers le Futur 3. 1992: La Mort vous va si bien. 1994: Forrest Gump. 1997: Contact. 2000: Apparences. 2000: Seul au monde. 2004: Le Pôle Express. 2007: La Légende de Beowulf. 2009: Le Drôle de Noël de Mr Scrooge. 2013: Flight. 2015: The Walk.


Expérience cinématographique unique dans son histoire, sommet d'émotion et d'intensité vertigineuse, The Walk tient du rêve éveillé pour réinventer le sens du merveilleux et de la féerie à partir d'une histoire vraie aussi fantaisiste qu'irresponsable ! (du moins dans l'apparence des faits !). Celle d'un projet fou que le Funambule français Philippe Petit concrétisa un 7 Août 1974 pour avoir entrepris illégalement une traversée sur câble entre les deux tours du World Trade Center à 400 mètres de hauteur. Cet exploit aussi insensé qu'improbable est ici retranscrit avec un réalisme rigoureux à couper le souffle, voir parfois même insoutenable pour ceux, qui comme moi, éprouvent le vertige à la vue d'un festival de bravoures toujours plus dangereuses et draconiennes. Hymne au courage, au dépassement de soi (par la maîtrise du corps et de l'esprit) et à l'accomplissement de ces rêves les plus fous, The Walk insuffle une dimension poétique gracile lorsque notre héros multiplie ses exploits lors du point d'orgue au suspense en roue libre (comptez 45 minutes d'intensité exponentielle !). Le spectateur cramponné à son siège, les yeux rivés sur l'écran comme un gosse de 5 ans, assistant à un numéro artistique en apesanteur !


Cette volonté d'accomplir une prouesse physique savamment avisée est d'autant mieux transcendée à l'écran sous l'impulsion imperturbable de l'acteur Joseph Gordon-Levitt. Ce dernier se fondant dans la peau d'un équilibriste transi de passion, constance et rigueur à daigner parachever son rêve le plus impossible ! Cette sensation d'isolement perçue du haut des grattes ciel, ce sentiment prude et exaltant de se retrouver au dessus du monde pendant que le public ébahi tente de retenir son souffle sont comparables au prodige de Superman lorsque Christopher Reeves s'était incarné en super-héros pour voler dans les airs sous nos yeux d'enfant. Dans The Walk, nous retrouvons ce même lyrisme d'émerveillement, réalisme en sus par l'entremise du fait-divers, cette même émotion prude, cette fougue scrupuleuse lorsque Philippe Petit déambule délicatement sur son câble en répétant le même exploit par des récurrents allers-retours. Mais bien avant l'accomplissement de cette expérience extrême, Robert Zemeckis aura pris soin de nous dépeindre avec cocasserie (ses premiers essais infructueux à cheminer sur une corde) et tendresse (sa relation sentimentale avec Annie puis celle, conseillère avec "Papa Rudy") les répétitions et préparatifs de son projet démesuré parmi la complicité de comparses. Palpitant à plus d'un titre lorsque Philippe et l'un de ces compagnons tentent dans un premier temps d'accéder illégalement dans le dernier étage des tours jumelles, The Walk nous avait déjà ménagé le terrain de la prévenance palpitante lorsque ces derniers multiplies les risques et subterfuges à contrecarrer la vigilance des gardiens.


Croire en l'impossible
Spectacle atypique d'un prodige titanesque nous inculquant (de manière exubérante et couillue) une leçon de vie où le merveilleux et la féerie se juxtaposent pour parfaire une chorégraphie picturale, The Walk se permet en outre de porter un humble témoignage aux tours jumelles du 11 septembre avec une candeur poétique bouleversante. Par le biais de cette aventure humaine s'édifie une expérience vertigineuse, une prouesse technique dépassant l'entendement (nos sens et repères perdant pied avec la réalité rigoureusement exposée), une date dans l'histoire du 7è art que Robert Zemeckis a su transfigurer avec un brio alchimiste ! 

Bruno matéï

BIOGRAPHIE: (source Wikipedia)
Philippe Petit, né le 13 août 1949 à Nemours (Seine-et-Marne), France, est un funambule français. Il a réalisé de nombreuses traversées sur un fil tendu entre des monuments ou des sites mondialement connus comme, en 1971, à Notre-Dame de Paris, en 1973, au Harbour Bridge, à Sydney, en Australie, un des plus grands ponts en acier du monde, en 1989, du Trocadéro au deuxième étage de la tour Eiffel, en 1994, à Francfort, devant 500 000 spectateurs, en 1993 entre la tour de Saillon et la vigne à Farinet.
Sa traversée la plus célèbre reste celle, illégale, qu'il a réalisée entre le sommet des deux tours du World Trade Center à New York le 7 août 1974. Les films Le Funambule, Oscar 2009 du meilleur film documentaire et The Walk : Rêver plus haut retracent cette traversée.