samedi 26 décembre 2015

CES GARCONS QUI VENAIENT DU BRESIL

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"The Boys from Brazil" de Franklin J. Schaffner. 1978. U.S.A. 2h02. Avec Gregory Peck, Laurence Olivier, James Mason, Lilli Palmer, Uta Hagen, Steve Guttenberg, Denholm Elliott, Rosemary Harris, John Dehner.

Sortie salles France: 30 mai 1979 (Interdit aux - de 18 ans). U.S: 5 Octobre 1978

FILMOGRAPHIE: Franklin J. Schaffner est un réalisateur et producteur américain, né le 30 Mai 1920 à Tôkyô, décédé le 2 juilllet 1989 à Santa Monica.
1963: Les Loups et l'agneau. 1964: Que le meilleur l'emporte. 1965: Le Seigneur de la guerre. 1967: La Griffe. 1968: La Planète des Singes. 1970: Patton. 1971: Nicolas et Alexandra. 1973: Papillon. 1976: L'île des adieux. 1978: Ces Garçons qui venaient du Brésil. 1981: Sphinx. 1982: Yes, Giorgio. 1987: Coeur de Lion. 1989: Welcome Home.


Film choc s'il en est, de par son sujet scabreux abordant le spectre du nazisme de manière toute à fait singulière, et pour son point d'orgue d'une extrême violence imposée durant sa dernière demi-heure, Ces garçons qui venaient du brésil insuffle un climat malsain toujours plus poisseux au fil d'une dérive criminelle en roue libre. Grâce aux allégations d'un juif ayant réussi à espionner le complot d'une confrérie SS, Ezra Lieberman, chasseur de nazi, décide de mener sa propre enquête afin d'élucider le projet mystérieux du criminel nazi Joseph Mengel. Ce dernier ayant ordonné à ses sbires d'assassiner 94 fonctionnaires sexagénaires répertoriés aux quatre coins du monde. Au fil de son investigation et après avoir découvert que certains enfants des parents ciblés étaient physiquement jumeaux, il finit par se confronter à la plus horrible des vérités.


Thriller à la lisière du fantastique dont l'ossature ciselée de l'intrigue distille un suspense exponentiel, Ces Garçons qui venaient du Brésil oscille curiosité et fascination sous l'impulsion pétulante d'un fascisme du 4è reich prémédité par un médecin mégalo. Dominé par la prestance inflexible du vétéran Gregory Peck, ce dernier se taille une carrure longiligne dans sa fonction insidieuse de régir le monde à partir du clonage d'humains. Les yeux injectés de haine et de folie contagieuse pour enseigner aux enfants la supériorité de la "race aryenne", l'acteur parvient à iconiser son personnage despotique avec une intensité terrifiante. Son costume vestimentaire d'un blanc maculé contrastant avec la pâleur de son visage émacié transi de fiel. Dans celui du chasseur de nazi, Laurence Olivier lui partage dignement la vedette avec un charisme flegmatique dans sa posture studieuse d'investiguer et traquer sa proie avant d'extérioriser une violence justiciable en guise de survie. Par le biais de la génétique et avec parfois souci documentaire (l'expérimentation pratiquée sur les lapins), l'intrigue aborde le thème du racisme avec une originalité dérangeante. Notamment lorsqu'il s'agit d'exploiter à des fins criminelles l'innocence de bambins condamnés à perdurer le mal au nom d'une idéologie de prépondérance. Passionnant pour l'élaboration scrupuleuse de l'enquête examinée aux 4 coins du monde et terriblement inquiétant si un tel projet politique devait à l'avenir éclore, Ces garçons qui venaient du brésil provoque une fascination licencieuse (aura de souffre à l'appui !), notamment pour l'influence des exactions criminelles exercées sur le voyeurisme morbide d'un rejeton hybride.


Dénonçant avec beaucoup d'originalité et d'audace la suprématie du nazisme au travers d'un scénario catastrophe, Ces garçons qui venaient du brésil dilue effroi et fascination sous l'impulsion d'une nouvelle allégeance destinée à prendre la relève du 3è reich. Dans une mise en scène solide et grâce à l'appui autoritaire des comédiens notoires (la confrontation Gregory Peck/Laurence Olivier fait des étincelles !), Franklin J. Schaffner en extrait un thriller cauchemardesque aussi efficace que redoutablement intense pour sa déraison cruelle du dernier acte. 

B.M.
3èx



jeudi 24 décembre 2015

Princess Bride. Antenne d'Or, Avoriaz 88.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"The Princess Bride" de Rob Reiner. 1987. U.S.A. 1h38. Avec Cary Elwes, Robin Wright, Mandy Patinkin, Chris Sarandon, Christopher Guest, Wallace Shawn, André The Giant, Fred Savage, Peter Falk

Sortie salles France : 9 mars 1988 (562 246 entrées). U.S: 25 Septembre 1987

FILMOGRAPHIE: Rob Reiner est un acteur, producteur, scénariste et réalisateur américain, né le 6 Mars 1947 dans le Bronx de New-York. 1984: Spinal Tap. 1985: Garçon chic pour nana choc. 1986: Stand By Me. 1987: Princess Bride. 1989: Quand Harry rencontre Sally. 1990: Misery. 1992: Des Hommes d'honneur. 1994: L'Irrésistible North. 1995: Le Président et Miss Wade. 1996: Les Fantômes du passé. 1999: Une Vie à Deux. 2003: Alex et Emma. 2005: La Rumeur Court. 2007: Sans plus attendre. 2010: Flipped.


Auréolé de l'Antenne d'Or à Avoriaz, Princess Bride peut prêter à confusion chez les fans du genre Fantastique sachant que l'intrigue accorde peu de place à l'heroic fantasy et au bestiaire monstrueux si on excepte l'apparition d'un rat géant dans le marais de feu. Conte de fée, aventures et cape et d'épée étant les maîtres mots du réalisateur de l'inoubliable chronique adolescente, Stand by me. Avec sagacité dans la manière d'illustrer le genre sans fioritures et sous alibi d'un humour espiègle insatiable, Rob Reiner s'efforce de rendre hommage au cinéma de papa lorsque Zorro et Robin des Bois accomplissaient leurs exploits dans les salles obscures de cinéma de quartier. 

Le PitchUne jeune paysanne, Bouton d'Or, tombe irrésistiblement amoureuse de son valet. Décidés à se marier mais sans le sou, Westley propose à sa dulcinée de la quitter le temps de faire fortune à l'étranger. Mais 5 ans plus tard, Bouton d'Or y apprend sa mort. C'est alors que le prince Humperdinck décide à son tour de la courtiser pour les préparatifs de futures noces. Au même moment, Bouton d'Or est kidnappée par un trio de brigands quand bien même un mystérieux justicier masqué tente de la sauver. 


Reprenant les thèmes académiques du conte de fée et du cinéma d'aventures où romance et vengeance se télescopent parmi le dynamisme de mercenaires avides de justice, Princess Bride rend hommage aux genres avec une bonne humeur aussi exaltante que frétillante. De par l'élan de solidarité formé entre un trio de brigands, une princesse et un justicier délibérés à démasquer la lâcheté d'un souverain mégalo (Chris Sarandon, toujours aussi délicieux d'arrogance cabotine !). Ainsi, grâce à la caractérisation de ces personnages très attachants et à la verve de leurs réparties badines, Princess Bride cultive aisément la séduction sous l'emprise sensuelle de la radieuse Robin Wright. Chacun des comédiens endossant leur rôle avec une spontanéité aussi fraîche que sémillante quand bien même Rob Reiner s'efforce de crédibiliser l'univers moyenâgeux sans jamais faire preuve d'esbroufe (les effets spéciaux s'avérant très discrets). Pourtant, la succession ininterrompue de péripéties pittoresques et chevaleresques instaurent à la narration une vigueur particulièrement subtile sous l'impulsion avisée de personnages émotifs combinant des stratégies d'attaques audacieuses. Contrebalancés de trêves de tendresse imparties au couple d'amants en quête de rédemption, Princess Bride instaure également une poésie romantique sous éclairage naturel d'une photo limpide contrastant avec la verdure de magnifiques collines.


Il était une fois...
Sous les ressorts d'espièglerie comportementale et d'action archaïque perpétrée à l'épée, Princess Bride déborde de sincérité, de réalisme, de réinvention des codes et d'affection à dépoussiérer le cinéma d'aventures sous une forme éthérée d'atmosphère prude. La grande force de l'oeuvre résidant principalement dans la posture affectueuse des protagonistes à provoquer l'ennemi avec une dérision irrésistible, quand bien même un grand-père (Peter Falk, charismatique en diable en conteur taquin) s'efforce de nous narrer cette histoire face à la curiosité d'un bambin en éveil romantique. Un rêve éveillé que les disgrâces du temps ne parviennent pas à consummer.

P.S: copie 4 K fastueuse.

*Bruno
15.11.23. 4èx. Vf

Récompenses:
Festival international du film de Toronto 1987 : Prix du public
Saturn Awards 1988 : meilleur film fantastique et meilleurs costumes (Phyllis Dalton)
Prix Hugo 1988 : meilleur film
Young Artist Awards 1988 : meilleur jeune acteur (Fred Savage)
Festival d'Avoriaz 1988 : Antenne d'or
Le film fait partie de la Liste du BFI des 50 films à voir avant d'avoir 14 ans établie en 2005 par le British Film Institute.

mardi 22 décembre 2015

SICARIO

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Dennis Villeneuve. 2015. U.S.A. 2h01. Avec Emily Blunt, Benicio del Toro, Josh Brolin, Daniel Kaluuya, Victor Garber, Jeffrey Donovan, Jon Bernthal, Raoul Trujillo

Sortie salles France: 7 Octobre 2015. U.S: 18 Septembre 2015

FILMOGRAPHIE: Denis Villeneuve est un scénariste et réalisateur québécois, né le 3 octobre 1967 à Trois-Rivières. 1996: Cosmos. 1998: Un 32 Août sur terre. 2000: Maelström. 2009: Polytechnique. 2010: Incendies. 2013: Enemy. 2013: Prisoners. 2015: Cicario. 2016 : Story of Your Life.


Thriller choc traversé d'éclairs de violence rugueux mais jamais complaisants, Sicario s'édifie en odyssée funèbre sous le témoignage d'une agent du FBI convaincue de suivre ses nouveaux alliés au Mexique pour une mission clandestine d'appréhender un chef du cartel de la drogue. Parfois contrainte de riposter par la force sous les échanges de tirs ennemis, sa participation secondaire va plutôt l'amener à observer avec désarroi les méthodes irrévérencieuses de ses compatriotes, quand bien même le conseiller Alejandro décide d'en faire une affaire personnelle depuis la tourmente de son passé galvaudé. Ce pitch mainte fois traité à l'écran, Denis Villeneuve parvient à le transcender par le biais d'une mise en scène rigoureuse au plus près d'une vérité documentée. Ce dernier s'efforçant de dépeindre avec intensité fortuite les filatures de la police contre les agissements délinquants de la pègre au sein d'une zone frontalière avilie par leur déchéance criminelle. Que ce soit ces derniers où celle des forces de l'ordre compromis par leur corruption, les deux clans se combattent de manière aussi insidieuse que burnée afin de remporter la mise. Condamnés à répéter le même schéma stratégique d'alpaguer un baron notoire avant qu'un nouveau leader ne vienne le relayer, les flics sont notamment contraints d'y débusquer des transfuges au sein de la police Mexicaine.


Epaulé de solides comédiens comme le prouve à nouveau l'excellent Josh Brolin, Sicario est dominé par la performance viscérale de deux interprètes hors-pairs pour mettre en exergue leur confrontation psychologique ardue. Emily Blunt endossant avec fragilité celle d'une agent sévèrement malmenée par ses supérieurs avant de violemment s'interposer à son conseilleur qu'incarne le monstre sacré, Benicio Del Toro. Véritable justicier redresseur de tort pleinement conscient d'enfreindre les règles, ce dernier insuffle un charisme animal par son regard impassible et son comportement flegme à provoquer, humilier, extorquer et torturer l'ennemi sans faire preuve d'indulgence. Autour de leurs actions peu recommandables à parfaire une mission obscure et fallacieuse, Dennis Villeneuse hypnotise nos sens afin de cristalliser un climat méphitique sous-jacent au coeur d'un environnement poisseux. La grande réussite du film résidant également dans la maîtrise consciencieuse de la réalisation à diluer une atmosphère solaire des plus malsaines alors que les citadins démunis tentent tant bien que mal d'y survivre.  


Modèle de mise en scène renouvelant les codes du thriller d'espionnage autour du thème du commerce de la drogue, Sicario constitue une lente descente aux enfers afin de mesurer l'étendue chaotique d'une région frontalière convertie en zone de non droit. Hormis sa structure narrative complexe et la manière latente de retarder l'action des ripostes, Dennis Villeuneuve privilégie surtout la caractérisation pernicieuse des rapports de force entre policiers et criminels sous le témoignage impuissant d'une agent intègre. Réflexion sur l'engrenage du vice et de la déchéance punitive, il en émane un constat amère terriblement pessimiste car sans échappatoire sur la situation précaire du Mexique partagée entre climat d'insécurité et intimidation à la barbarie. Du grand cinéma d'auteur. 

Bruno Matéï 

lundi 21 décembre 2015

L'AVENTURE INTERIEURE

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com

"Innerspace" de Joe Dante. 1987. U.S.A. 1h59. Avec Dennis Quaid, Martin Short, Meg Ryan, Kevin McCarthy, Fiona Lewis, Vernon Wells, Robert Picardo, Wendy Schaal.

Sortie salles France: 16 décembre 1987. U.S: 1er juillet 1987

FILMOGRAPHIE: Joe Dante (né le 28 novembre 1946 à Middletown, New Jersey) est un critique, scénariste, monteur, producteur et réalisateur américain. Son plus grand succès populaire est, à ce jour, Gremlins (1984). 1966-1975 : The Movie Orgy 1976 : Hollywood Boulevard, co-réalisé avec Allan Arkush 1978: Piranhas,1981 : Hurlements (The Howling) 1983 : La Quatrième Dimension (Twiling Zone the Movie), troisième épisode, Its a Good Life 1984 : Gremlins 1985 : Explorers 1987 : Cheeseburger film sandwich (Amazon Women on the Moon), 5 sketches 1987 : L'Aventure intérieure, 1989 : Les Banlieusards (The 'burbs) 1990 : Gremlins 2, la nouvelle génération (Gremlins 2 The New Batch) 1993 : Panic sur Florida Beach (Matinee) 1998 : Small Soldiers 2003 : Les Looney Tunes passent à l'action (Looney Tunes : Back in Action) 2006 : Trapped Ashes , premier segment,Wraparound. 2009: The Hole. 2014: Burying the Ex.


Succès commercial international, l'Aventure Intérieure est la nouvelle réunion du duo payant Joe Dante/ Steven Spielberg depuis l'énorme carton de Gremlins. Inspiré d'un grand classique de la science-fiction (le Voyage Fantastique de Fleischer), Joe Dante en dépoussière son concept (la miniaturisation de scientifiques plongés en interne d'un corps humain) par le biais d'effets spéciaux innovants (Oscar des meilleurs effets spéciaux et visuels) et surtout de l'omniprésence d'une cocasserie parfois hilarante. Clairement estampillé divertissement familial, l'Aventure Intérieure fleure bon l'esprit Amblin Entertainment dans son esprit généreux et sincère de nous confectionner un spectacle fantastique mené tambour battant. Un employé de supermarché névrosé se retrouve mêlé à une improbable affaire d'espionnage. Dans une folle course contre la montre, Il doit tenter de retrouver une puce afin que le lieutenant Tuck Pendleton, projeté incidemment à l'intérieur de son corps à bord d'un submersible, puisse retrouver sa taille initiale. C'est le début d'une course-poursuite contre l'ennemi que Jack Putter va entamer avec l'aide de Lydia, la compagne de Tuck. 


Ce pitch aussi prometteur qu'amusant, Joe Dante l'exploite avec son savoir-faire traditionnel pour combiner efficacement péripéties, gags et quiproquos sous l'appui d'une bonne humeur galvanisante. Outre l'efficacité d'une narration jamais à court d'idées dans son action échevelée (la course-poursuite sur la chaussée, l'intrusion d'un émissaire à l'intérieur du corps de Jack), ces retournements de situations, incidents de parcours et entrée en scène d'un antagoniste pétulant (le cowboy fétichiste de santiags), l'Aventure Intérieure est scandé par la fougue amicale des comédiens donnant libre court à leur ressort héroïque. Particulièrement Martin Short, jeune acteur peu connu du public français mais popularisé outre-atlantique avec la célèbre émission Saturday night live. Endossant le rôle timoré d'un salarié complexé et dépressif, l'acteur possède un charisme impayable dans son physique candide à exprimer des émotions tantôt erratiques (sa première approche schizo avec sa voix intérieure, sa métamorphose physique pour se substituer au cowboy), tantôt fringantes (ses crises chevaleresques) pour se défaire de situations rocambolesques. Sa course contre la montre l'entraînant finalement vers une initiation héroïque sous l'autorité de son mentor, Tuck Pendleton. Dans une posture secondaire, Dennis Quaid lui partage la vedette de manière émérite et sagace à inciter son partenaire à décrocher la victoire. Leur rapport de force et d'amitié faisant tout le sel de cette aventure exaltante conçue sur la volonté de vaincre ses angoisses intrinsèques. Avec toujours cette même fraîcheur innocente et par le biais de son physique poupon, Meg Ryan vient s'interposer dans leur mission avec naïveté et brin d'héroïsme gentiment maladroit.  


Grâce à l'intelligence d'un scénario ne cédant jamais à l'esbroufe pour combler le public, Joe Dante préconise la drôlerie des situations débridées (avec un côté cartoonesque en quelques occasions de pantomime) et la bonhomie sémillante de ces comédiens pour enthousiasmer le spectateur embarqué dans une aventure imprévisible. Un excellent divertissement n'ayant rien perdu de sa fraîcheur et de sa douce insolence au travers d'un humour décapant ! 

Bruno Matéï
3èx 

Récompense: Oscar des meilleurs effets spéciaux et visuels (Dennis Muren, Bill George, Harley Jessup et Kenneth Smith) en 1988.


TOP 15, 2015. Les quinze meilleurs films de l'année 2015.

1/ MAD-MAX FURY ROAD
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/05/mad-max-fury-road.html


2/ VICTORIA
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/12/victoria-grand-prix-beaune-2015.html


3/ THE WALK
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/12/the-walk.html


4/ IT FOLLOWS
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/05/it-follows-grand-prix-prix-de-la.html


Dans le désordre: 
What we do in the shadow
http://brunomatei.blogspot.fr/…/…/what-we-do-in-shadows.html


The Voices
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/03/the-voices-prix-du-public-prix-du-jury.html


The Green Inferno
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/10/the-green-inferno.html


Le Fils de Saul


No Escape
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/11/no-escape.html


Sicario
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/12/sicario.html


Everest
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/10/everest.html


Foxcatcher
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/02/foxcatcher-prix-de-la-mise-en-scene.html


Suburra
http://brunomatei.blogspot.fr/2016/02/suburra.html


Hyena
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/09/hyena-prix-du-jury-au-festival-de.html


A la poursuite de demain
http://brunomatei.blogspot.fr/2015/10/a-la-poursuite-de-demain.html




vendredi 18 décembre 2015

THE WALK

                                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site

de Robert Zemeckis. 2015. U.S.A. 2h03. Avec Joseph Gordon-Levitt, Ben Kingsley, Ben Schwartz,
Charlotte Le Bon, James Badge Dale, Steve Valentine, Sergio Di Zio, Mark Camacho

Sortie salles France: 28 octobre 2015. U.S: 2 octobre 2015

FILMOGRAPHIE: Robert Zemeckis est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 14 Mai 1951 à Chicago (Illinois).
1978: Crazy Day. 1980: La grosse Magouille. 1984: A la Poursuite du diamant vert.1985: Retour vers le Futur. 1988: Qui veut la peau de Roger Rabbit. 1989: Retour vers le Futur 2. 1990: Retour vers le Futur 3. 1992: La Mort vous va si bien. 1994: Forrest Gump. 1997: Contact. 2000: Apparences. 2000: Seul au monde. 2004: Le Pôle Express. 2007: La Légende de Beowulf. 2009: Le Drôle de Noël de Mr Scrooge. 2013: Flight. 2015: The Walk.


Expérience cinématographique unique dans son histoire, sommet d'émotion et d'intensité vertigineuse, The Walk tient du rêve éveillé pour réinventer le sens du merveilleux et de la féerie à partir d'une histoire vraie aussi fantaisiste qu'irresponsable ! (du moins dans l'apparence des faits !). Celle d'un projet fou que le Funambule français Philippe Petit concrétisa un 7 Août 1974 pour avoir entrepris illégalement une traversée sur câble entre les deux tours du World Trade Center à 400 mètres de hauteur. Cet exploit aussi insensé qu'improbable est ici retranscrit avec un réalisme rigoureux à couper le souffle, voir parfois même insoutenable pour ceux, qui comme moi, éprouvent le vertige à la vue d'un festival de bravoures toujours plus dangereuses et draconiennes. Hymne au courage, au dépassement de soi (par la maîtrise du corps et de l'esprit) et à l'accomplissement de ces rêves les plus fous, The Walk insuffle une dimension poétique gracile lorsque notre héros multiplie ses exploits lors du point d'orgue au suspense en roue libre (comptez 45 minutes d'intensité exponentielle !). Le spectateur cramponné à son siège, les yeux rivés sur l'écran comme un gosse de 5 ans, assistant à un numéro artistique en apesanteur !


Cette volonté d'accomplir une prouesse physique savamment avisée est d'autant mieux transcendée à l'écran sous l'impulsion imperturbable de l'acteur Joseph Gordon-Levitt. Ce dernier se fondant dans la peau d'un équilibriste transi de passion, constance et rigueur à daigner parachever son rêve le plus impossible ! Cette sensation d'isolement perçue du haut des grattes ciel, ce sentiment prude et exaltant de se retrouver au dessus du monde pendant que le public ébahi tente de retenir son souffle sont comparables au prodige de Superman lorsque Christopher Reeves s'était incarné en super-héros pour voler dans les airs sous nos yeux d'enfant. Dans The Walk, nous retrouvons ce même lyrisme d'émerveillement, réalisme en sus par l'entremise du fait-divers, cette même émotion prude, cette fougue scrupuleuse lorsque Philippe Petit déambule délicatement sur son câble en répétant le même exploit par des récurrents allers-retours. Mais bien avant l'accomplissement de cette expérience extrême, Robert Zemeckis aura pris soin de nous dépeindre avec cocasserie (ses premiers essais infructueux à cheminer sur une corde) et tendresse (sa relation sentimentale avec Annie puis celle, conseillère avec "Papa Rudy") les répétitions et préparatifs de son projet démesuré parmi la complicité de comparses. Palpitant à plus d'un titre lorsque Philippe et l'un de ces compagnons tentent dans un premier temps d'accéder illégalement dans le dernier étage des tours jumelles, The Walk nous avait déjà ménagé le terrain de la prévenance palpitante lorsque ces derniers multiplies les risques et subterfuges à contrecarrer la vigilance des gardiens.


Croire en l'impossible
Spectacle atypique d'un prodige titanesque nous inculquant (de manière exubérante et couillue) une leçon de vie où le merveilleux et la féerie se juxtaposent pour parfaire une chorégraphie picturale, The Walk se permet en outre de porter un humble témoignage aux tours jumelles du 11 septembre avec une candeur poétique bouleversante. Par le biais de cette aventure humaine s'édifie une expérience vertigineuse, une prouesse technique dépassant l'entendement (nos sens et repères perdant pied avec la réalité rigoureusement exposée), une date dans l'histoire du 7è art que Robert Zemeckis a su transfigurer avec un brio alchimiste ! 

Bruno matéï

BIOGRAPHIE: (source Wikipedia)
Philippe Petit, né le 13 août 1949 à Nemours (Seine-et-Marne), France, est un funambule français. Il a réalisé de nombreuses traversées sur un fil tendu entre des monuments ou des sites mondialement connus comme, en 1971, à Notre-Dame de Paris, en 1973, au Harbour Bridge, à Sydney, en Australie, un des plus grands ponts en acier du monde, en 1989, du Trocadéro au deuxième étage de la tour Eiffel, en 1994, à Francfort, devant 500 000 spectateurs, en 1993 entre la tour de Saillon et la vigne à Farinet.
Sa traversée la plus célèbre reste celle, illégale, qu'il a réalisée entre le sommet des deux tours du World Trade Center à New York le 7 août 1974. Les films Le Funambule, Oscar 2009 du meilleur film documentaire et The Walk : Rêver plus haut retracent cette traversée.

jeudi 17 décembre 2015

CRIMSON PEAK

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinehorizons.net

de Guillermo Del Toro. 2015. U.S.A. 1h59. Avec Mia Wasikowska, Jessica Chastain, Tom Hiddleston, Charlie Hunnam, Jim Beaver, Leslie Hope, Bruce Gray, Burn Gorman, Jonathan Hyde.

Sortie salles France: 14 octobre 2015. États-Unis: 16 octobre 2015.

FILMOGRAPHIE: Guillermo Del Toro est un réalisateur, scénariste, romancier et producteur américain, né le 9 Octobre 1964 à Guadalajara (Jalisco, Mexique).
1993: Cronos. 1997: Mimic. 2001: l'Echine du Diable. 2002: Blade 2. 2004: Hellboy. 2006: Le Labyrinthe de Pan. 2008: Hellboy 2. 2013: Pacific Rim. 2015: Crimson Peak.


Après l'Echine du Diable et Le Labyrinthe de Pan, Guillermo Del Toro renoue avec la ghost story dans Crimson Peak. Un conte gothique aux multiples influences (pour ne citer que les artisans notoires Roger Corman et Mario Bava) où son esthétisme fulgurant nous permet de nous immerger avec vigueur et passion au sein d'un suspense criminel remarquablement charpenté. Car si l'intrigue parfois prévisible pâtit d'un manque d'originalité dans la facilité de certains clichés et des thèmes illustrés, Guillermo Del Toro possède un indéniable savoir-faire à distiller le suspense autour d'une implacable machination familiale. 1887, Buffalo, état de New-York. Edith Cushing, jeune romancière novice, tombe sous le charme de Sir Thomas Sharpe au moment où ce dernier débarque à l'improviste chez son père afin de lui suggérer un prêt. Suspicieux à l'égard de cet inconnu, Carter Cushing finit par apprendre que cet individu s'avère un imposteur parmi la complicité de sa soeur. Quelques jours plus tard, alors que ce couple est évincé pour rentrer en Angleterre, le père d'Edith est retrouvé mystérieusement assassiné le crane fracassé. Sa fille décide alors en désespoir de cause de rejoindre Thomas Sharpe et sa soeur dans le manoir d'Allerdale Hall. Ayant la faculté de communiquer avec les morts depuis son enfance, elle est témoin d'apparitions spectrales dans cette nouvelle demeure... 


Baroque, flamboyant, envoûtant, poétique, voir féerique, Crimson Peak est un bonheur visuel de chaque instant pour sa scénographie impartie à un manoir sclérosé au lourd passé. Le contraste conféré à sa photographie rutilante permettant de transfigurer une architecture gothique d'un raffinement pictural ! Osant aborder le thème scabreux de l'inceste avec une certaine pudeur, Guillermo Del Toro réinvente l'épouvante séculaire et la romance lyrique sous l'égide de fantômes torturés. D'une beauté macabre inédite, ces derniers provoquant une fascination morbide dans leur morphologie écarlate peut-être inspirée du Masque de la mort rouge de Corman. Provoquant également l'inquiétude et l'angoisse dès leurs premières apparitions lorsqu'ils tentent d'entrer en contact avec notre héroïne esseulée, ces derniers s'avèrent finalement sous-exploités au profit de la relation amoureuse du trio équivoque. Del Toro préférant se focaliser sur les motivations confidentielles de nos antagonistes à daigner remettre sur pied un manoir décrépit, au moment même où l'inquiétude progressive de notre héroïne est sur le point d'achever une horrible révélation depuis sa quête investigatrice. A travers cette énigme tortueuse en contact avec l'au-delà, le cheminement narratif s'avère remarquablement ciselé pour l'efficacité de la réalisation, quand bien même des indices éloquents nous seront dévoilés au compte-goutte. Outre l'enjeu vigoureux de connaître les tenants et aboutissants de cette diabolique machination, Crimson Peak est notamment rehaussé du talent distingué des comédiens formant communément un triangle amoureux des plus insidieux. D'une cruauté psychologique davantage abrupte (l'héroïne ne cesse d'être molestée et humiliée par Lucille) et parfois d'une extrême violence dans la rigueur des meurtres (celui intenté sur Carter Cushing s'avère d'une rare sauvagerie !), Crimson Peak nous entraîne sans répit dans un cauchemar macabre où la tension ne cessera de progresser au fil de l'évolution dramatique de notre trio en perdition.


Le château des amants maudits
D'une splendeur gothique capiteuse bâtie autour d'un poème romantique véreux, Crimson Peak se savoure et se contemple comme un superbe livret d'images où le vertige de l'amour et de la mort sont étroitement liés à la cupidité, le pouvoir, la jalousie et la possessivité. En dépit de la timidité de son impact terrifiant, le spectacle flamboyant est scandé par la simplicité d'une histoire forte sous le tempérament ombrageux d'aristocrates superbement dessinés. 

Bruno Matéï


mardi 15 décembre 2015

20 000 LIEUES SOUS LES MERS

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr  

"20 000 Leagues Under the Sea" de Richard Flescheir. 1954. U.S.A. 2h06. Avec Kirk Douglas, James Mason, Paul Lukas, Peter Lorre, Robert J. Wilke, Carleton Young, Ted de Corsia.

Sortie salles France: 7 octobre 1955. États-Unis: 23 décembre 1954

FILMOGRAPHIE: Richard Fleischer est un réalisateur américain né le 8 décembre 1916 à Brooklyn,  et décédé le 25 Mars 2006 de causes naturelles.
1952: l'Enigme du Chicago Express, 1954: 20 000 lieues sous les mers, 1955: les Inconnus dans la ville, 1958: les Vikings, 1962: Barabbas, 1966: le Voyage Fantastique, 1967: l'Extravagant Dr Dolittle, 1968: l'Etrangleur de Boston, 1970: Tora, tora, tora, 1971: l'Etrangleur de Rillington Place, 1972: Terreur Aveugle, les Flics ne dorment pas la nuit, 1973: Soleil Vert, 1974: Mr Majestyk, Du sang dans la Poussière, 1975: Mandingo, 1979: Ashanti, 1983: Amityville 3D, 1984: Conan le destructeur, 1985: Kalidor, la légende du talisman, 1989: Call from Space.


Première production Disney tournée en scope et en prise de vue réelle, 20 000 lieues sous les mers dépoussière le cinéma d'aventures sous la scénographie épurée d'un univers marin. D'après un célèbre roman de Jules Verne, ce grand classique familial possède les solides atouts de tirer parti d'une interprétation pleine de vigueur et d'une mise en scène professionnelle d'un maître du cinéma de genre, Richard Fleischer. L'action se situe en 1868... Alors que plusieurs bateaux sont victimes d'attaques perpétrées par un éventuel animal marin, le professeur Aronnax, le harponneur Ned Land et le domestique Conseil embarquent à bord d'une frégate pour le traquer. A leur tour pris pour cible par la menace, nos trois comparses se retrouvent évincer de leur embarcation avant d'être repêcher par les sbires du Capitaine Nemo à bord d'un submersible. Aventure haute en couleurs dédiée à l'amour de la mer et de sa faune environnante, 20 000 lieues sous les mers se porte en témoignage poignant pour retracer l'utopie meurtrière d'un capitaine avide de rancoeur contre l'humanité. Celle de fustiger la cupidité de l'homme tirant profit des moindres richesses aux quatre coins du monde et exploitant les plus faibles pour tenir lieu d'esclavagisme.


Par le biais de ce frondeur ingrat habité par le venin de la vendetta, Richard Fleischer dresse le portrait mélancolique d'un amoureux de la mer, désespéré à l'idée de retrouver un jour la prospérité d'une terre inscrite dans le respect et la bonté. Sur ce point, le vétéran James Mason s'avère remarquable de sobriété dans la peau d'un capitaine émérite mais désavoué par sa détresse suicidaire. Quant aux seconds-rôles héroïques qui lui prêtent la réplique, on peut principalement prôner l'interprétation galvanisante de Kirk Douglas dans celui d'un marin aussi pétulant que caractériel à daigner s'extirper de sa condition d'otage. Paul Lukas et Peter Lorre endossant les carrures nobles d'hommes avisés à tenter de dissuader la folie du capitaine Nemo. A travers les aspirations criminelles de ce dernier, Richard Fleischer en exploite un spectacle familial d'une beauté formelle épurée, à l'instar de l'antre baroque du submersible (en compagnie théâtrale et musicale d'un orgue !) et des séquences sous-marines dévoilant la richesse insoupçonnée d'une faune coexistant en harmonie. Jalonné de péripéties homériques parmi une communauté de cannibales et de belligérants enrôlés en mission, 20 000 lieues sous les mers alterne l'action mais aussi l'humour sous l'impulsion d'un Kirk Douglas rivalisant d'insolence et d'espièglerie, à l'instar de son amitié partagée avec un phoque (sa beuverie improvisée avec ce dernier distille une fervente cocasserie !). Pour parachever, ajoutez également en point d'orgue le caractère épique d'une confrontation dantesque avec un poulpe géant. Alors que plus d'un demi-siècle après sa confection artisanale (la créature est un mélange d'hydraulique, d'air comprimé, de tuyaux et de caoutchouc !), on reste impressionné par le réalisme de cette bravoure rehaussée de la vigueur d'un climat nocturne tempétueux !


Grand classique du film d'aventures délivrant un message écolo pour la protection de l'environnement marin (espace de rigueur et de liberté) et une diatribe contre l'égoïsme de l'homme, 20 000 lieues sous les mers préserve son pouvoir de fascination grâce au brio de sa mise en scène et à la chaleureuse complicité d'un quatuor de comédiens au charisme indéfectible.  

Bruno Matéï
3èx

Récompenses: Oscar des meilleurs effets visuels 1955
Oscar de la meilleure direction artistique 1955

lundi 14 décembre 2015

Le Chat Noir


"Il Gatto nero" de Lucio Fulci. 1981. Italie. 1h32. Avec Patrick Magee, Mimsy Farmer, David Warbeck, Al Cliver, Bruno Corazzari.

Sortie salles France: 9 Mars 1983.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 : L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981: La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio, 1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence..


Film mineur au sein de la carrière de Fulci alors que la même année la Maison près du cimetière et l'Au-delà traumatisèrent toute une génération de cinéphiles, Le Chat Noir connut néanmoins un certain succès mérité auprès des vidéos-clubs des années 80 sous l'égide de Scherzo
Synopsis: Une photographe et un inspecteur de police vont chacun de leur côté tenter de démystifier les découvertes de cadavres sauvagement agressés. Leurs investigations les amènent à fréquenter un médium solitaire alors qu'un chat noir semble être à l'origine de cette vague de meurtres. 


Faute d'un scénario mal exploité il est vrai, le Chat Noir compte surtout sur l'alignement de scènes chocs morbides perpétrées autour d'une ambiance d'étrangeté fréquemment envoûtante pour instaurer une efficacité payante. D'autre part, le concept original d'incriminer un chat à l'origine de sanglants méfaits ne manque pas d'attiser notre curiosité quand bien même l'étrange medium communiquant avec l'au-delà semble y tirer les ficelles. Un chat noir d'un charisme inquiétant que Lucio Fulci parvient à rendre oppressant dès ses apparitions en plan serrés, qui plus est renforcé d'un bourdonnement dérangeant à travers la dissonance de bruits sourds et réguliers. Pour ce rôle interlope, on retrouve avec plaisir l'inoubliable acteur d'Orange Mécanique et d'Histoires d'Outre-tombe, Patrick Magee, campant ici un personnage antipathique aussi fourbe qu'égoïste auprès de son mobile vindicatif. Dans celle de la photographe fureteuse, l'illustre Mimsy Farmer lui partage la vedette en posture fragile d'investigatrice gagnée par la révélation d'indices macabres. Enfin, David Warbeck endosse avec plus de discrétion la carrure d'un inspecteur de police assez malhabile, à l'instar de son impuissance à se prémunir contre l'agression meurtrière du chat.


En dépit d'une intrigue superficielle néanmoins insolite, de son montage déstructuré et de certaines maladresses de mise en scène (notamment la régularité de zooms intentés sur les regards suspicieux de protagonistes), le Chat Noir réussit à diluer charme et sympathie de par sa facture latine délicieusement macabre. Tant auprès de la composition attachante de nos seconds couteaux pris dans la tourmente d'une énigme occulte, du climat d'étrangeté rehaussé parfois d'esthétisme gothique (principalement les intérieurs archaïques de la demeure de Robert miles), de l'accompagnement musical énergiquement orchestré par Pino Donnago et enfin de l'impact graphique conféré aux meurtres les plus complaisants (le sort du couple finissant par succomber à un horrible asphyxie, l'agression de l'inspecteur dans la cité nocturne et le châtiment par le feu imparti à une quinquagénaire dans la quiétude de son foyer). A revoir donc pour les amateurs de série B horrifique révolue à l'ambiance résolument prégnante. 

*Bruno
5èx

vendredi 11 décembre 2015

HISTOIRES DE FANTOMES CHINOIS. Prix spécial du jury, Avoriaz 1988.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Sien nui yau wan/A Chinese Ghost Story" de Ching Siu-tung. 1987. Hong-Kong. 1h38. Avec Leslie Cheung, Joey Wong, Wu Ma, Lam Wai, Lau Siu-ming, Xue Zhilun, Wong Jing

Sortie salles France: 28 décembre 1988. Hong Kong: 18 juillet 1987

FILMOGRAPHIE: Ching Siu-tung est un réalisateur et un chorégraphe hong-kongais né en 1953.
1982 : Duel to the Death. 1985 : Witch from Nepal. 1987: Histoire de fantômes chinois. 1990 : Swordsman. 1990 : Terracotta Warrior. 1990 : Histoire de fantômes chinois 2. 1991 : The Raid. 1991 : Histoire de fantômes chinois 3. 1992 : Swordsman 2. 1993 : Swordsman 3. 1993 : Mad Monk: 1994 : Wonder Seven. 1996 : Dr. Wai. 1997 : The Longest Day. 2000 : Conman in Tokyo. 2002 : Naked Weapon. 2003 : Un aller pour l'enfer. 2008 : Kingdom of War. 2011 : Le Sorcier et le Serpent blanc (The Sorcerer and the White Snake)


Film culte des années 80 auréolé du Prix Spécial du Jury à Avoriaz en 1988, Histoires de fantômes chinois aura marqué toute une génération de spectateurs et de vidéophiles (le film fit un carton en Vhs !). De par l'imagerie flamboyante impartie à son romantisme féerique où le fantastique s'entrechoque sous l'impériosité de fantômes maléfiques. Concentré d'humour pittoresque (le héros maladroit multiplie les bévues au fil de ses déambulations avec des rencontres occultes), d'action bondissante (les corps - affublés de soie - volent dans les airs pour se combattre avec une fluidité épurée !) et de tendresse lyrique (la relation désespérée du couple extériorise des plages de poésie prude), Histoires de Fantômes chinois est un enchantement permanent ! Avec une virtuosité étourdissante et l'ambition formelle de nous immerger dans un univers atypique, l'intrigue se focalise sur les vicissitudes du jeune Ning égaré en pleine forêt à proximité du temple Lan Jou. Sur place, il y établi la rencontre d'une charmante inconnue, Hsiao-Tsing, quand bien même un taoiste, Yen, pourchasse les fantômes qui errent à travers bois. Alors qu'une relation amoureuse s'improvise entre le couple, Hsiao-Tsing lui révèle sa véritable identité et lui avoue qu'elle est contrainte de se marier avec un arbre démon d'ici trois jours. Afin de la sauver des griffes du mal et de pouvoir la réincarner, Ning doit exhumer les cendres de sa compagne pour les déposer dans une sainte campagne.


Ensorcelant et exaltant, Histoires de fantômes chinois se porte en étendard romantique sous couvert d'un récit fantastique aussi homérique que vertigineux. Par le biais d'un montage ultra rapide et d'effets spéciaux bluffant de réalisme, Ching Siu-tung parvient à transfigurer moult péripéties virevoltantes sous l'impulsion héroïque du couple scandé par la passion des sentiments. Véritable hymne à la candeur de l'amour, l'intrigue met en exergue leur ressort romanesque avec une poésie proprement capiteuse ! Aux regards mélancoliques mêlés de tendresse et de désir de liberté, Ning et Hsiao-Tsing oscillent les sentiments contradictoires de fragilité amoureuse, entre espoir et désespoir d'une condition infortunée. Le cinéaste renouvelant les codes du mélodrame sous argument fantastique d'une thématique empruntée aux fantômes. Ultra inventif dans les péripéties fulgurantes accordées aux combats aériens et au déchaînement de l'enfer (point d'orgue borderline à couper le souffle !), Histoires de fantômes chinois transcende un univers chimérique au sein du pays mandarin. Dépaysé et déboussolé, le spectateur français basculant dans une dimension surnaturelle auquel une langue géante alpague ses proies pour soumettre les âmes humaines en Enfer !


Terriblement attachant et cocasse pour la complicité romanesque que se partage timidement le couple de héros, voir également émouvant pour le dénouement de leur destin, Histoires de fantômes chinois transcende le mélodrame par le biais d'un conte fantastique où le spectacle pyrotechnique ne cède jamais à une vaine outrance. Inscrit dans un romantisme lyrique à l'érotisme chétif, il en émane un chef-d'oeuvre de fantaisie touchée par la grâce des comédiens Leslie Cheung/Joey Wong.

Bruno Matéï
4èx

Récompense: Prix spécial du jury au Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1988.