vendredi 18 mars 2016

MARY REILLY

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.com

de Stephen Frears. 1996. U.S.A. 1h48. Avec Julia Roberts, John Malkovich, George Cole, Michael Gambon, Kathy Staff, Glenn Close, Michael Sheen

Sortie salles France: 17 Avril 1996. U.S: 23 Février 1996

FILMOGRAPHIE: Stephen Frears, est un réalisateur et producteur britannique, né le 20 juin 1941 à Leicester. 1968 : The Burning. 1971 : Gumshoe. 1979 : Bloody Kids. 1984 : The Hit. 1985 : My Beautiful Laundrette. 1987 : Prick Up Your Ears. 1987 : Sammy et Rosie s'envoient en l'air. 1988 : Les Liaisons dangereuses. 1990 : Les Arnaqueurs. 1992 : Héros malgré lui. 1993 : The Snapper. 1996 : Mary Reilly. 1996 : The Van. 1998 : The Hi-Lo Country. 2000 : High Fidelity. 2000 : Liam. 2002 : Dirty Pretty Things. 2005 : Madame Henderson présente. 2006 : The Queen. 2009 : Chéri. 2010 : Tamara Drewe. 2012 : Lady Vegas : Les Mémoires d'une joueuse. 2014 : Philomena. 2015 : The Program. 2016 : Florence Foster Jenkins.


Honteusement oublié et discrètement reconnu à sa sortie, Mary Reilly aborde le thème éculé de la lutte du Bien et du Mal parmi un jeu d'acteurs à son apogée. Loin de remaker les classiques de Fleming et de Mamoulian, le réalisateur anglais Stephen Frears y apporte sa touche personnelle par le biais d'une romance équivoque qu'entretiennent secrètement Jekyll et sa gouvernante. Traumatisée durant son enfance par les sévices d'un père alcoolique, Mary Reilly tente d'oublier son passé en occupant son poste de gouvernante chez la demeure du Dr Jekyll. Alors que ce dernier est sur le point d'héberger un mystérieux hôte du nom de Mr Hyde, Mary lui confie ses blessures secrètes. Peu à peu, une complicité amicale s'installe entre eux avant que Mr Hyde ne vienne bouleverser la donne dans son instinct dépravé. Baignant dans un climat blafard irrésistiblement envoûtant au sein d'un quartier londonien du 19è siècle, Mary Reilly prend soin d'authentifier sa reconstitution historique parmi le cadre inquiétant d'une vaste demeure occultant de terribles expériences. Entièrement bâti sur la caractérisation psychologique des deux amants galvaudés, Stephen Frears analyse ces portraits torturés, partagés entre la fougue de leurs sentiments et l'instinct de perversité.


Par ces rapports troubles de soumission mêlés de confiance, le réalisateur accorde plus d'intérêt à ausculter les états d'âme de Mary Reilly, sensiblement attirée par le comportement aguicheur de Mr Hyde. Julia Roberts insufflant sobrement dans une posture placide et timorée une dimension humaine ambiguë depuis son parti-pris de protéger un éventuel assassin. Son passé martyr refaisant surface sous les provocations licencieuses de Hyde, Mary se laisse voguer à un jeu implicite de masochisme. Par le biais de son comportement ambivalent oscillant pudeur et fantasme sexuel (notamment à travers la chimère du rêve nocturne), Stephean Frears ose renouveler le célèbre roman de Stevenson sous l'impulsion d'un amour salvateur. Jekyll et Hyde étant tous deux compromis par leurs sentiments amoureux, leur confrontation contradictoire engendre un jeu de pouvoir et de soumission entre les ressorts du Bien et du Mal. Mis en scène de main de maître avec beaucoup de suggestion et une cruauté parfois graphique (les sordides châtiments de Mary infligés durant son enfance, le passage à tabac d'une fillette par Hyde, la mort d'un de ses amis à coup de canne), Mary Reilly dilue une atmosphère anxiogène subtilement diffuse au fil de la dérive destructrice des amants. Outre la prestance aussi fragile que constante d'une Julia Roberts sans fard, le film cultive une intensité vénéneuse autour de la performance virile de John Malkovich. Ce dernier endossant par un habile jeu de regards magnétique la fonction autodestructrice d'un chercheur s'efforçant de dissocier le bien du mal afin d'en démystifier leurs causes.


Jeu de miroir diaphane pour la romance masochiste des amants en quête de rédemption, Mary Reilly continue d'explorer les thèmes sulfureux de l'instinct pervers et la fascination du Mal par le biais d'une trouble complicité que John Malkovitch et Julia Roberts immortalisent fébrilement. Une oeuvre cérébrale passionnante élevant le genre fantastique avec une rare dignité, à redécouvrir d'urgence !  

jeudi 17 mars 2016

MARS ATTACKS !

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr

de Tim Burton. 1996. U.S.A. 1h45. Avec Jack Nicholson, Glenn Close, Annette Bening, Pierce Brosnan, Danny DeVito, Martin Short, Sarah Jessica Parker, Michael J. Fox, Rod Steiger, Tom Jones, Lukas Haas, Natalie Portman, Jim Brown, Lisa Marie, Sylvia Sidney, Paul Winfield, Pam Grier, Jack Black, Joe Don Baker, O-Lan Jones, Christina Applegate.

Sortie salles France: 26 février 1997. U.S: 13 décembre 1996

FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie.
1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie. 2014: Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine's Home for Peculiar Children.


Parodie des films de science-fiction des années 50 inspiré d'un jeu de cartes à collectionner de 1962, Mars Attacks se permet en outre un joli pied de nez au patriotisme d'Emmerich lorsque Independance Day sorti en fanfare la même année. Des martiens venus de Mars tentent d'entrer en contact avec le doyen des Etats-Unis. Alors que l'armée sur le qui-vive solutionne l'affront, le président opte pour l'accueil pacifiste. A tort, si bien que ces derniers n'ont comme seule ambition de détruire notre planète afin de la conquérir. Comédie débridée se moquant ouvertement des valeurs américaines avec une dérision caustique, Mars Attacks conjugue l'action pétaradante et les gags burlesques avec une inventivité exubérante. Sous l'impulsion extravertie d'une distribution de stars hétérogènes (on y croise même le chanteur Tom Jones), l'intrigue linéaire n'est qu'un prétexte pour Burton à singer une invasion extra-terrestre pour mieux se railler de l'idiocratie ricaine.


Que ce soit les élus politiques, l'armée réactionnaire, la contre-culture de la communauté "peace and love" ou encore le fanatisme de la religion, chacune de ses institutions bien pensantes volent en éclat sous les ricanements des E.T. Caricaturant sans modération le tempérament vaniteux des représentants politiques et de l'armée dans leur fonction martiale, Tim Burton privilégie également la valeur morale de deux personnages candides, introvertis et placides (une grand-mère et son p'tit fils timoré prochainement aptes à sauver le monde de manière aléatoire) souvent répudiés par leur entourage comme des laissés-pour-compte. Outre cette galerie de personnages fantasques, patriotiques et doux rêveurs, Mars Attacks tire parti de son ressort jouissif grâce aux exactions persifleuses de nos E.T faméliques. Affublé d'un cerveau surdimensionné que leur petit corps supporte nativement, ces derniers complotent leurs stratégies d'attaques parmi la motivation sardonique de subterfuges à répétition. Le peuple américain étant considéré à leurs yeux comme des êtres naïfs aussi influençables que manipulables. Emaillé de moments surréalistes insufflant un climat biscornu (le camouflage d'un martien dans une posture féminine au déhanchement dégingandé !), voir parfois même dérangeant (leurs expérimentations douteuses pratiquées sur quelques cobayes humains), Tim Burton cultive de temps à autre une poésie baroque fortuite pour mieux nous détourner !


Satire cinglante du patriotisme américain, pamphlet parodique évoquant le danger du nucléaire, Mars Attacks ! renouvelle l'invasion extra-terrestre dans un esprit déluré de bande-dessinée au vitriol. Outre la posture irrésistible de nos martiens gausseurs numériquement convaincants, le film séduit également par sa vigueur musicale. Tant par le thème entêtant orchestré par Danny Elfman que les bruitages éclectiques de sa bande-son survoltée ! (notamment l'impact strident des armes lasers). Jouissif au possible dans une décontraction assumée ! 

mercredi 16 mars 2016

SLEEPY HOLLOW. Oscar de la Meilleure Direction Artistique, 2000.

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site timburton.wikia.com

de Tim Burton. 1999. U.S.A/Allemagne. 1h45. Avec Johnny Depp, Christina Ricci, Miranda Richardson, Michael Gambon, Christopher Walken, Marc Pickering, Casper Van Dien, Jeffrey Jones, Richard Griffiths, Ian McDiarmid, Michael Gough, Steven Waddington, Christopher Lee, Lisa Marie, Martin Landau, Ray Park.

Sortie salles France: 9 Février 2000. U.S: 19 Novembre 1999

FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie.
1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie. 2014: Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine's Home for Peculiar Children.


Délibéré à rendre hommage au cinéma gothique italien et à la Hammer Films avec une ambition avisée, Tim Burton emprunte la nouvelle homonyme de Washington Irving afin de parfaire un conte horrifique d'une fulgurance formelle (photo désaturée à l'appui). 1799. Un mystérieux assassin surnommé le cavalier sans tête s'en prend à de paisibles villageois dans la contrée de Sleepy Hollow. Issu de New-York, le détective Ichabod Crane est enrôlé afin de prouver son talent scientifique pour démasquer l'identité du meurtrier. Son enquête l'amène à fréquenter une galerie de magistrats particulièrement équivoques au moment même où le cavalier sans tête redouble d'exactions sanglantes. Par le biais d'un scénario retors opposant le surnaturel à la rationalité du complot, Tim Burton rend hommage à l'épouvante séculaire pour le dépoussiérer avec une fraîcheur fringante.



De par la vigueur des scènes d'action remarquablement chorégraphiées (que ce soit les poursuites en fiacre ou à cheval et les pugilats), l'efficacité des séquences gores multipliant les décapitations percutantes et la posture maladroite du détective aussi perspicace que pittoresque. Johnny Depp réussissant à donner chair à sa fonction pleutre avec un soupçon d'exubérance subtilement modeste. On est donc loin de ses mimiques outrées prochainement aperçues dans des métrages lucratifs (la saga des Pirates des Caraïbes, Dark Shadows, Lone Rangers, Alice au pays des merveilles). Dans celui du méchant iconique à l'animosité cruelle, Christopher Walken lui prête la vedette avec un charisme saillant par sa physionomie effrayante (dentition acérée et regard azur injecté de haine). On est également impressionné par sa robustesse et son agilité lorsque ce dernier dénué de tête alpague froidement sa victime (enfant compris !) pour y collectionner ses macabres trophées. Bourré d'illustres seconds-rôles au charisme buriné (Christopher Lee, Martin Landeau, Michael Gambon, Jeffrey Jones, Richard Griffiths, Ian McDiarmid, Michael Gough), Sleepy Hollow déclare sa flamme aux classiques de l'épouvante parmi l'affable complicité de tous ces vétérans. Quant aux gentes dames s'opposant des sentiments de tendresse, de jalousie et de rancoeur, Christina Ricci et Miranda Richardson se disputent la vedette avec une séduction vénéneuse.


Formellement renversant, si bien que Tim Burton transfigure la campagne brumeuse et les habitacles domestiques à l'instar de tableaux picturaux, Sleepy Hollow oscille l'onirisme féerique (notamment par l'entremise des songes d'Ichabod) et le gothisme macabre sous un ressort narratif bourré de suspense, rebondissements et faux coupables. Avec un brio technique impressionnant et parmi la complicité de sa distribution prestigieuse, Sleepy Hollow parvient à susciter mystère et angoisse sous l'impulsion de la superstition locale et d'une sorcellerie perfide. Tour à tour fascinant et ensorcelant, une des plus belles réussites de son auteur à ranger aux côtés de sa monstrueuse parade, Batman, le défi et du cruel conte de fée, Edward aux mains d'argent.

mardi 15 mars 2016

HARDCORE

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site 2or3thingsiknowaboutfilm.blogspot.com

de Paul Schrader. 1979. U.S.A. 1h47. Avec George C. Scott, Peter Boyle, Season Hubley, Dick Sargent, Leonard Gaines, Dave Nichols, Larry Block, Gary Graham, Ilah Davis

Sortie salles France: 2 Mai 1979 (Interdit aux - de 18 ans). U.S: 9 Février 1979.

FILMOGRAPHIE: Paul Schrader est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 22 Juillet 1946 à Grand Rapids (Michigan).
1978: Blue Collar: 1979: Hardcore. 1980: American Gigolo. 1982: La Féline. 1985: Mishima. 1987: Light of Day. 1988: Patty Hearts. 1990: Etrange Séduction. 1992: Light Sleeper. 1994: Witch Hunt (télé-film). 1997: Touch. 1997: Affliction. 1999: Les Amants Eternels. 2002: Auto Focus. 2005: Dominion. 2007: The Walker. 2008: Adam Resurrected.


Drame psychologique abordant les thèmes de la pornographie underground et du rigorisme parmi le témoignage du paternel investigateur, Hardcore nous dévoile l'envers du décor lorsqu'une jeune adolescente disparaît afin de devenir esclave sexuelle derrière l'écran. Après avoir vainement embauché un détective véreux, Jak Van Dorn décide de mener lui même son enquête afin de retrouver sa fille en vie. Plongé dans un monde obscur qu'il n'a jamais côtoyé, son parcours l'amène à fréquenter la clientèle au sein des clubs SM et Sex-shops diffusant parfois des projections privées de films ultra violents. Tourné à la fin des années 70, Hardcore aborde le libéralisme de la pornographie à son expansion. Car c'est durant cette période sulfureuse que les productions X ont droit de diffusion dans les salles spécialisées tout comme l'émergence florissante des Sex-shop. A l'instar d'une enquête policière, l'intrigue prend son temps à relater le difficile périple d'un père, catholique pratiquant plongé malgré lui dans un univers de dépravation sexuelle après avoir été témoin des ébats de sa fille lors d'une projection super 8.


Par l'entremise du porno underground, Paul Schrader ose aborder avec sérieux la légende urbaine des fameux Snuff-movies que certains désaxés s'échangeraient sous le manteau lors d'une stricte confidentialité. A cette époque en vogue de la libre circulation du X, Schrader y dénonce le laxisme et l'impuissance de la police à démasquer les auteurs de pédophilie lorsque des filles mineures sont enrôlées de force pour tourner dans des productions sans fiche identitaire. Si la mise en scène parfois maladroite manque de subtilité à exploiter son sujet et d'intensité dramatique (notamment pour les rapports conflictuels entre le père et sa fille), Hardcore suscite l'intérêt quant à la déliquescence irascible du paternel contraint d'observer les pratiques sexuelles les plus perverses. Par le biais de ce personnage puritain qu'endosse brillamment le vétéran George C. Scott, son parcours moral tend à décliner vers des accès de violence incontrôlées, notamment en osant molester une jeune prostituée venue lui prêter main forte pour retrouver les auteurs de l'éventuel kidnapping. Mieux encore, Schrader met en appui les conséquences dramatiques de sa morale rigoriste sachant Spoil ! que sa fille ne fut finalement jamais enlevée par un quelconque réseau. C'est ce que le final nous dévoile brièvement lorsque cette dernière osera avouer à son paternel qu'elle claqua la porte du domicile depuis l'éthique conservatrice de ce dernier. Fin du Spoil. L'émancipation de la femme et la liberté sexuelle étant notamment à cette époque en pleine révolution.


Hormis quelques scories dénaturant parfois le réalisme de situations scabreuses, la caricature de certains seconds-rôles (principalement le détective privé grossièrement incarné par Peter Boyle) et son sujet pas totalement abouti, Hardcore ne manque pas de déranger pour fustiger l'industrie mafieuse d'un porno autonome et l'influence qu'elle peut engendrer chez sa clientèle déviante. Portant le film à bout de bras, l'immense George C. Scott parvient en outre à se tailler une carrure équivoque dans sa posture de voyeur vindicatif avant sa remise en question religieuse pour l'amour filial. 


lundi 14 mars 2016

KRAMPUS

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com

de Michael Dougherty. 2015. U.S.A. 1h38. Avec Adam Scott, Toni Collette, David Koechner, Allison Tolman, Conchata Ferrell, Emjay Anthony.

Sortie salles France: 4 mai 2016. US: 4 décembre 2015

FILMOGRAPHIE: Michael Dougherty est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur et producteur américain, né en Octobre 1974 à Columbus. 1998: Refrigerator Art. 1998: Deadtime Stories. 2008: Trick'r Treat. 2010: Calling all Robots. 2015: Krampus.


Déjà responsable du réjouissant Trick or Treat, Michael Dougherti confirme tout le bien que l'on pensait de lui avec Krampus. Un conte de noël gouailleur dans la lignée de Gremlins et de l'esprit généreux de Joe Dante à honorer le genre. Durant la réunion de famille d'un réveillon de Noël, le jeune Max ne supporte plus l'ambiance électrique de leurs discordes. Tandis qu'une menace semble se propager à l'extérieur de la maison, tous les invités se préparent à recevoir son éventuel intrusion. A travers un cheminement narratif éculé (stratégies d'attaques et de défense contre une menace grandissante), Michael Dougherti parvient à renouveler les codes du film de monstres grâce au charisme de leur morphologie, l'implication spontanée des comédiens, l'habile gestion de l'expectative et un sous-texte social fustigeant le consumérisme.


Les conséquences horrifiques de cette nuit tumultueuse émanant de l'incivisme des enfants autant que celui des adultes rendus capricieux par leur confort matériel. Sans jamais ridiculiser la coutume de Noël puisque pleine de tendresse pour sa noble tradition, le réalisateur en profite donc pour nous rappeler à quel point notre société de consommation nous a tous réduits à des êtres insolents férus d'égoïsme à occulter dignement la naissance de Jésus. La plupart des adultes se comportant ici comme des bambins dénués de tous repères moraux. Jouant également sur l'attente quant à l'apparence ostensible de la grande menace, Michael Dougherti cultive la curiosité par une notion latente de suspense jusqu'à ce que des seconds-rôles diablotins ne viennent bouleverser la donne lors d'une 2è partie échevelée. Pleins d'inventivité et d'insolence, les pugilats entre créatures et victimes laissent libre court à un esprit cartoonesque sous l'impulsion de l'humour noir et d'une ambiance survoltée offrant un joli pied de nez à la sagesse de Noël. Le soin apporté aux décors oniriques et à sa photo bigarrée confirmant également la volonté du cinéaste d'y soigner son cadre traditionnellement chaleureux.


Sans révolutionner le genre et sans autre ambition que de distraire intelligemment le spectateur par le biais d'une pétulante épreuve de survie, Michael Dougherti continue de surprendre et de prouver son amour, sa générosité et son brio à honorer le genre comme le fit autrefois l'illustre Joe Dante. Efficacement mené et emballé et regorgeant de situations débridées ne laissant aucun bénéfice aux personnages (à l'instar de la causticité de l'épilogue), Krampus constitue une sympathique farce macabre au travers d'une diatribe sur notre matérialisme infantile.  

vendredi 11 mars 2016

MEURTRES EN 3 DIMENSIONS (le tueur du vendredi 2)

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site users.net1.cc

"Friday the 13th Part 3" de Steve Miner. 1982. U.S.A. 1h35. Avec Dana Kimmell, Paul Kratka, Richard Brooker, Nick Savage, Rachel Howard, David Katims, Larry Zerner, Tracie Savage.

Sortie salles France: 16 février 1983. États-Unis: 13 août 1982

FILMOGRAPHIE: Steve Miner est un réalisateur américain, né le 18 Juin 1951 à Westport, dans le Connecticut. 1981: Le Tueur de Vendredi. 1982: Meurtres en 3 dimensions. 1986: House. 1986: Soul Man. 1989: Warlock. 1991: A coeur vaillant rien d'impossible. 1992: Forever Young. 1994: Sherwood's Travels. 1994: My Father ce Héros. 1996: Le Souffre douleur. 1998: Halloween, 20 ans après. 1999: Lake Placid. 2001: The Third Degree (télé-film). 2001: Texas Rangers, la revanche des Justiciers. 2002: Home of the Brave (télé-film). 2006: Scarlett (télé-film). 2007: Day of the Dead.


Troisième opus de la franchise Vendredi 13, retitré en Dvd et Vhs par Le Tueur du Vendredi 2, Meurtres en 3 dimensions exploita le relief en vogue à l'aube des années 80 (les Dents de la mer 3, Amityville 3, Parasite, etc...) afin de mieux rameuter son public ado. Déjà responsable du second volet, Steve Miner (réalisateur parfois inspiré si je me réfère à House, Lake Placid et Halloween H20) ne s'embarrasse ici ni de subtilité ni d'originalité pour donner suite aux exactions de Jason. A titre de détail iconique, c'est d'ailleurs la première fois qu'il s'affuble d'un masque de hockey au visage pour ébranler sa victime, épiée et coursée avant l'estocade promise. On prend donc les mêmes et on recommence ! Le scénario d'une rare indigence reprenant les clichés du premier (et second) opus dans une structure narrative aseptique si on épargne la teneur sardonique de l'épilogue confiné à l'orée d'un lac.


On retrouve donc le cadre idyllique du camp forestier auquel une traditionnelle clique d'étudiants fêtards s'y sont réunis comme le caractérisent le duo de fumeurs de joints, le farceur féru de blagues macabres et le couple d'amoureux, quand bien même un vagabond leur avait préalablement prédit un destin des plus macabres. Pour ajouter un peu de fantaisie à l'aventure horrifique, Steve Miner s'embarrasse également de l'irruption impromptue d'un trio de loubards venus provoquer nos ados avant que Jason ne mette rapidement un terme à leurs bravades. Endigué de suspense et de tension, Meurtres en 3 dimensions ne compte donc que sur l'outrance spectaculaire des meurtres inventifs (2/3 effets chocs valent tout de même le détour !) avant que la dernière survivante ne rehausse le rythme pour affronter vaillamment le tueur lors de l'ultime quart d'heure. Cartoonesque en diable car fertile en poursuites homériques, ce point d'orgue ne manque ni de rythme ni de cocasserie lorsque le duo impromptu renchérit à se courser inlassablement pour l'enjeu de survie. Pour un peu, on se croirait même dans un épisode de Tom et Jerry tant Jason fait preuve d'apathie à daigner alpaguer maladroitement sa partenaire alors que cette dernière se parodie à jouer la victime effarouchée !


Franchise lucrative destinée à répéter la même recette jusqu'à saturation, Meurtres en 3 dimensions ne déroge pas à la règle mais se revoit aujourd'hui avec un sourire amusé pour les inconditionnels de Jason et du célèbre leitmotiv d'Harry Manfredini. Parfois spectaculaire et involontairement drôle, puis haletant lors de sa dernière partie, ce nanar sans prétention fait encore son p'tit effet ludique à condition de l'évaluer au second degré. 

jeudi 10 mars 2016

A L'INTERIEUR

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Alexandre Bustillo et Julien Maury. 2007. France. 1h23. Avec Alysson Paradis, Béatrice Dalle, Nathalie Roussel, François-Régis Marchasson, Jean-Baptiste Tabourin, Dominique Frot, Claude Lulé

Sortie salles France: 13 Juin 2007

FILMOGRAPHIE: Alexandre Bustillo, né à Saint-Cloud le 10 août 1975, est un réalisateur et scénariste français. 2007 : À l'intérieur (avec Julien Maury). 2011 : Livide (avec Julien Maury).
2014 : Aux yeux des vivants (avec Julien Maury). 2016 : Leatherface (avec Julien Maury).
Julien Maury est un réalisateur et scénariste français.


Première incursion derrière la caméra du duo français Bustillo/Maury, A l'intérieur emprunte le schéma du survival horrifique sous le joug du huis-clos. Recluse chez elle, Sarah se remet difficilement de son accident de voiture qui lui valu la perte de son mari. Enceinte et sur le point d'accoucher, elle est persécutée par une mystérieuse inconnue délibérée à lui soutirer son bébé. Prenant pour thèmes le deuil et la maternité, A l'Intérieur aborde la perte de l'être aimé d'un point de vue horrifique jusqu'au-boutiste tant nos compères redoublent de provocation à enchaîner les exactions sanglantes avec une sauvagerie rarement intentée dans le paysage français. Grâce à son efficacité narrative soigneusement planifiée alternant situations de survie et stratégies de défense parmi l'appui de seconds-rôles en proie au danger permanent, ce home invasion ne cesse de surenchérir dans le hardgore avec un parti-pris assumé.


Epaulé d'une photo sépia aux éclairages translucides et d'une partition monocorde atmosphérique, Bustillo et Maury fignolent le cadre nocturne d'une demeure domestique confondue en théâtre de sang sous l'impulsion d'une tortionnaire intraitable. Dans sa posture hiératique et longiligne, Beatrice Dalle se délecte à emprunter la soutane d'une prêtresse habitée par la perversité. Cette dernière traquant ses proies avec un flegme inquiétant avant de se laisser chavirer vers des pulsions sanguinaires autrement primitives. La manière stylisée dont les cinéastes transfigurent chacune de ses apparitions apporte une touche surréaliste à sa silhouette mortifère. A l'instar d'une séquence subtilement angoissante lorsque cette dernière, tapie dans la pénombre d'une pièce, espionne par derrière sa victime à l'instar d'un spectre invisible. En proie soumise incessamment molestée et martyrisée (l'affrontement final innommable repousse les limites de la bienséance !), Alysson Paradis provoque la surprise à endosser la caricature fragile d'une défunte en instance de survie oscillant vigilance et bravoure pour contredire les châtiments de son ennemie. Nos deux partenaires féminines insufflant au fil de leur pugilat une tension dramatique d'une fureur viscérale. Pour terminer, on peut louer la qualité des FX artisanaux que Jacques Olivier Molon est parvenu à mettre en exergue avec un réalisme à couper au rasoir (en dépit de 2/3 CGI grossiers, à l'instar du rêve de l'héroïne et des apparitions internes du foetus).


Parmi son ambiance malsaine dérangeante instaurée dans le cadre feutré du huis-clos anxiogène, A l'Intérieur parvient à distiller angoisse, terreur et tension sous l'impulsion d'une horreur éprouvante parfois insoutenable (la gorge perforée à l'aide d'une tige à tricot, l'éventration au ciseau). Pour ce premier essai, Bustillo et Maury se tirent haut la main de la routine pour être parvenus avec sincérité et insolence à façonner un survival brut de décoffrage sous l'autorité charismatique de deux comédiennes à couteaux tirés. 
A réserver à un public averti.