mercredi 7 décembre 2016

Les Ripoux. César du Meilleur Film, 85.

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site grace-de-capitani.com

de Claude Zidi. 1984. France. 1h47. Avec Philippe Noiret, Thierry Lhermitte, Régine, Grace de Capitani, Julien Guiomar, Albert Simono, Claude Brosset.

Sortie salles France: 19 Septembre 1984

FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.
1971 : Les Bidasses en folie. 1972 : Les Fous du stade. 1973 : Le Grand Bazar. 1974 : La moutarde me monte au nez. 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre. 1975 : La Course à l'échalote. 1976 : L'Aile ou la Cuisse. 1977 : L'Animal. 1978 : La Zizanie. 1979 : Bête mais discipliné. 1980 : Les Sous-doués. 1980 : Inspecteur la Bavure. 1982 : Les Sous-doués en vacances. 1983 : Banzaï. 1984 : Les Ripoux. 1985 : Les Rois du gag. 1987 : Association de malfaiteurs. 1988 : Deux. 1989 : Ripoux contre ripoux. 1991 : La Totale ! 1993 : Profil bas. 1997 : Arlette. 1999 : Astérix et Obélix contre César. 2001 : La Boîte. 2003 : Ripoux 3. 2011: Les Ripoux anonymes, série coréalisée avec son fils Julien Zidi.


A peine remis de l'immense succès de Banzai, Claude Zidi rameute à nouveau les foules un an plus tard avec Les Ripoux. Comédie policière auréolée des Césars du Meilleur Film et du Meilleur réalisateur, les Ripoux tire parti de son charme et de sa fantaisie grâce à la complicité amiteuse du duo en roue libre Lhermitte/Noiret et grâce à l'audace d'un script s'en donnant à coeur joie dans le politiquement incorrect. Affublé d'un nouveau partenaire à l'intégrité indéfectible, l'inspecteur René Boisrond tente de l'influencer à perpétrer ses petites magouilles auprès de truands et d'honnêtes commerçants afin de maintenir son train de vie prospère. Réticent et offusqué de prime abord, François Lesbuche finit par céder à la facilité de l'illégalité depuis sa romance entamée avec une jeune courtisane. 


Alternant harmonieusement romance, tendresse et cocasserie, Les Ripoux constitue un miracle de comédie populaire que Claude Zidi nous illustre avec une sincérité incorrigible. Outre son florilège de péripéties pittoresques que notre duo de ripoux accomplissent avec une bonhomie fourbe, leur portrait plein d'humanisme nous provoque une telle empathie qu'on se laisse facilement entraîner dans leurs combines toujours plus intolérables. L'inspecteur Boisrond étant fervent passionné des courses hippiques, son adjoint pourrait bien lui exaucer son rêve le plus cher après avoir céder à la corruption ! Mené sur un rythme particulièrement trépidant, l'intrigue prône les composantes de cocasserie et de tendresse sous le cheminement amical de nos compères avides de réussite. Au centre de ce duo effronté se disputant finalement une transaction de grande ampleur, deux catins au grand coeur s'efforcent de les soutenir au péril d'une éventuelle déroute. La vénérable Régine et la sémillante Grace de Capitani endossant leurs rôles de faire-valoir avec une générosité sentimentale toujours plus convaincue.


Un classique imperturbable
D'une audace inouïe pour sa satire invoquée à la corruption policière (notamment les ruses du chiffre-d'affaire afin de préserver la réputation d'un commissariat), les Ripoux exploite avec une efficacité insolente la légèreté cocasse pour parodier la gravité du sujet. Servi par l'entêtante mélodie élégiaque de Francis Laï, il en émane un moment d'émotions décapantes que se partage tendrement notre quatuor d'anti-héros fripons. 

B-M. 4èx

Récompenses: César du meilleur film en 1985.
César du meilleur réalisateur pour Claude Zidi en 1985.

Box-Office France: 5 882 397 Entrées

mardi 6 décembre 2016

NIGHTWATCH

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdcity.dk

"Nattevagten" de Ole Bornedal. 1994. Danemark. 1h46. Avec Nikolaj Coster-Waldau, Sofie Gråbøl, Kim Bodnia, Lotte Andersen, Ulf Pilgaard.

Sortie salles Danemark: 25 Février 1994

FILMOGRAPHIE: Ole Bornedal est un réalisateur danois né le 26 mai 1959.1994 : Le Veilleur de nuit. 1997 : Le Veilleur de nuit (remake). 2003 : Dina. 2007 : The Substitute. 2009 : Deliver us from the evil. 2010 : Just Another Love Story. 2012 : Possédée.


Sorti directement en Dvd chez nous, Nightwatch est la première réalisation du danois Ole Bornedal. Sous le moule d'une modeste série B, ce thriller horrifique impressionna tant le public ricain qu'un remake (inutile) fut mis en chantier 3 ans plus tard par le cinéaste himself. D'une efficacité remarquable dans son cheminement narratif oppressant et dans l'étude caractérielle de personnages badins, Nightwatch nous fait pénétrer dans le huis-clos macabre d'une morgue supervisée par un veilleur de nuit. Au même moment, un mystérieux serial-killer adepte de la nécrophilie nargue l'étudiant Martin durant ses multiples rondes, quand bien même le comparse de ce dernier se mêle à la confusion dans le but risible de lui flanquer la frousse.


Exploitant le cadre réfrigérant d'une chambre froide, Ole Bornedal parvient avec savoir-faire à distiller une montée latente de l'angoisse lorsque Martin redoute d'y pénétrer depuis l'alarme de sa minuterie. A travers diverses séquences d'apprentissage avec sa peur et sa paranoïa, la dérision macabre est de rigueur depuis que celui-ci et son acolyte Jens se sont également lancés dans une compétition puérile dont la motivation est d'y braver l'interdit. A travers leur délire trivial (comme celui d'inviter au restaurant une prostituée afin de courtiser Martin), le réalisateur prend soin de nous familiariser avec ses deux énergumènes immatures se provoquant mutuellement pour l'enjeu d'une concurrence. Quand bien même les profils impartis à leurs petites amies ne manquent pas non plus de tempérament dans leur difficulté d'anticiper une vie conjugale. Au milieu de ces discordes de couple, un mystérieux tueur se mêle à leur crise afin de parfaire un nouveau stratagème meurtrier qui aura comme conséquence perfide de culpabiliser Martin. Grâce à ce script charpenté aussi savoureux qu'inquiétant, Nightwatch oscille suspense et horreur avec l'intensité d'une dramaturgie souvent sarcastique (notamment pour les réparties macabres exprimées chez certains seconds-rôles).


2 mariages et 1 enterrement
A travers une satire au vitriol sur l'immaturité, Ole Bornedal parvient lestement à structurer une farce macabre sous l'impulsion d'une initiation héroïque. Passionnant pour l'ossature de son suspense affûté et truffé de rebondissements comme le souligne l'identité du coupable, Nightwatch tire parti de son dynamisme dans l'évolution attachante de nos adultes instables (remarquablement campés par des comédiens épatants de fraîcheur et de naturel) et le réalisme des situations cauchemardesques qu'ils s'efforcent de déjouer individuellement avant la solidarité.     

B-M.
03/12/2016. 3èx
27/04/2001

samedi 3 décembre 2016

MASSACRES DANS LE TRAIN FANTOME

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site arte.tv

"The Funhouse" de Tobe Hooper. 1981. U.S.A. 1h39 (Uncut). Avec Elizabeth Berridge, Shawn Carson, Jeanne Austin, Jack McDermott, Cooper Huckabee.

Sortie salles France: 24 Juin 1981. U.S: 13 Mars 1981

FILMOGRAPHIETobe Hooper est un réalisateur américain né le 25 Janvier 1943 à Austin (Texas)
1969: Eggshells, 1974: Massacre à la Tronçonneuse, 1977: Le Crocodile de la Mort, 1979: The Dark (non crédité), 1981: Massacre dans le Train Fantôme, 1982: Poltergeist, 1985: Lifeforce, 1986: l'Invasion vient de Mars, Massacre à la Tronçonneuse 2, 1990: Spontaneous Combustion, 1993: Night Terrors, 1995: The Manglers, 2000: Crocodile, 2004: Toolbox Murders, 2005: Mortuary, 2011: Roadmaster.


A peine remis du succès scandale de Massacre à la Tronçonneuse et du non moins poisseux Crocodile de la mortTobe Hooper rempile à nouveau avec l'horreur pour son troisième métrage, un slasher hybride au décorum original et au titre significatif: Massacre dans le Train fantôme. Outre son appellation française à but lucratif, c'est une manière tacite de rappeler que derrière la caméra se cache l'auteur du film d'horreur le plus célèbre et controversé des années 70. Alors qu'ils décident de passer frauduleusement une nuit à l'intérieur d'un train-fantôme, quatre étudiants vont être témoins d'un crime si bien qu'ils doivent sauver leur peau après avoir été dépisté par l'un des criminels. A partir d'une trame plus finaude que de coutume, Tobe Hooper exploite le slasher avec inventivité dans son lot de rebondissements auquel une tension dramatique va amplifier le malaise pour la destinée des adolescents. En l'occurrence, le tueur masqué s'avère intelligemment exploité puisqu'il n'est que l'instrument d'un maître-chanteur particulièrement influent, son propre paternel ! Ayant incidemment étranglé une foraine après un acte sexuel (une séquence suggestive pourtant glauque surtout si l'on soupçonne également qu'il s'agirait de sa propre mère !), le meurtrier, accoutré d'un masque de Frankenstein, va invoquer l'aide de ce dernier afin de se débarrasser du corps. Ayant été témoins de la scène, nos quatre intrus sont donc destinés à périr pour une raison justifiée, faute d'avoir eu la déveine d'être au mauvais moment au mauvais endroit. De surcroît, le tueur s'avère également une victime dans sa condition de freak déficient en quête d'affection (à l'instar de sa posture indulgente avec l'héroïne), asservi par l'autorité d'un père sans vergogne, principal instigateur des crimes à venir. 


Esthétiquement flamboyant sous un format scope et dans un panel d'éclairages polychromes, le réalisateur imprime une grande importance à la scénographie foraine à travers ces manèges à sensations, spectacles de magie et show érotiques ! Sur ce point, la première demi-heure constitue une vraie déclaration d'amour à ce rassemblement forain lorsque les jeunes étudiants envisagent de s'y balader pour visiter stands et attractions entre une fumette de joint. Le ton sarcastique et bon enfant qui prédomine sa première partie (notamment son prologue binaire parodiant Halloween et Psychose) va vite déchanter quand nos protagonistes se retrouvent pris au piège dans l'enceinte du train fantôme. En jouant sur la figuration horrifico-théâtrale des monstres ricanants qui jalonnent le manège, Tobe Hooper insuffle un climat anxiogène en demi-teinte, car aussi attirant que déstabilisant. La manière abrupte et inopinée dont nos adolescents vont ensuite tomber sous les traquenards meurtriers (le train est truffé de chausse-trappes alors que deux tueurs s'insèrent dans l'action !) traduit notamment une volonté de se démarquer de la conformité. Notamment en détournant les clichés des personnages si bien que la blonde ne dévoile jamais ses seins alors que la brune, virginale, les exposera. Le film épouse d'ailleurs un climat quelque peu malsain au fil des situations de survie et entraîne un rythme toujours plus intense quand à la destinée cauchemardesque de l'unique survivante en état de marasme ! On songe d'ailleurs un instant au climat de folie qui imprégnait la pellicule de Massacre à la Tronçonneuse lorsque l'héroïne envahie de visions horrifiées semble sombrer dans la démence !


Captivant, angoissant, claustro, tendu et cauchemardesque, Massacre dans le Train Fantôme renouvelle le slasher en délocalisant l'action en interne d'un parc d'attractions, réceptacle de nos peurs enfantines ! Si la psychologie des personnages juvéniles aurait mérité un peu plus d'attention, ils n'en demeurent pas moins empathiques dans leurs motivations désespérées à rejoindre l'issue de secours ! Ce qui prouve l'attrait sombre des situations de survie que Tobe Hooper cultive avec une certaine tension dramatique. Illustration baroque de la destinée infortunée des Freaks sous l'impulsion d'une famille dysfonctionnelle (notamment du point de vue ambigu du frère cadet de l'héroïne car aussi badin que couard à la persécuter pour finalement l'ignorer de sa condition captive), ce conte sardonique aux allures de film de monstres (notamment ses clins d'oeil à la Universal !) dilue une atmosphère vénéneuse autour des exactions véreuses d'une filiation consanguine. Un bijou encore plus scintillant qu'à l'époque de sa sortie ! 

Bruno Dussart
25.01.14. 5èx (127)

vendredi 2 décembre 2016

LES ENFANTS DE SALEM

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

"A Return to Salem’s Lot" de Larry Cohen. 1987. U.S.A. 1h40. Avec Michael Moriarty, Samuel Fuller, Ricky Addison Reed, Andrew Duggan, Evelyn Keyes, Jill Gatsby.

Sortie salles France: 2 Mars 1988. U.S: 11 Septembre 1987.

FILMOGRAPHIE: Larry Cohen est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 15 Juillet 1941. Il est le créateur de la célèbre série TV, Les Envahisseurs.
1972: Bone, 1973: Black Caesar, Hell Up in Harlem, 1974: Le Monstre est vivant, 1976: Meurtres sous contrôle, 1979: Les Monstres sont toujours vivants, 1982: Epouvante sur New-York, 1985: The Stuff, 1987: La Vengeance des Monstres, Les Enfants de Salem, 1990: l'Ambulance.
- Comme Producteur: Maniac Cop 1/2/3.
- Comme Scénariste: Cellular, Phone Game, 3 épisodes de Columbo.


Faisant suite aux Vampires de Salem, un télé-film fleuve réalisé par Tobe Hooper en 1979, Les Enfants de Salem constitue une série B horrifique particulièrement étrange si bien que Larry Cohen attache beaucoup de crédit à fignoler l'ambiance (faussement) rassurante d'une bourgade rurale dirigée par une lignée de vampires. Divertissement modeste uniquement conçu pour divertir le public du samedi soir, les Enfants de Salem envoûte sensiblement sous l'impulsion fantaisiste d'un trio de héros exubérants que rien ne prédisposait à la réunion ! En villégiature à Salem, un père divorcé et son fils instable décident d'emménager dans l'ancienne demeure d'une tante. Mais rapidement, le bourgmestre leur dévoile sa véritable identité ainsi que celle des citadins particulièrement accoutumés à s'abreuver du sang frais du bétail lorsque les victimes humaines manquent à l'appel. Sollicité à leur écrire une bible pour tenir lieu de leur grandeur, Joe Weber craint que son fils soit leur prochaine victime d'un mariage arrangé au moment même où un chasseur de Nazi fait irruption dans la contrée. 


Bougrement attachant et inévitablement charmant, les Enfants de Salem est un film d'ambiance à l'ancienne pour sa peinture studieuse allouée aux us et coutumes d'une communauté séculaire de vampires (ils sont vieux de plus de 3 siècles et s'affublent d'un charisme gandin !) et de complices policiers co-existant dans un village reculé. Larry Cohen prenant soin de filmer sa nature solaire et ses plaines verdoyantes et de nous immerger dans leur quotidienneté face au témoignage de Joe et de son fils littéralement déboussolés d'une situation aussi improbable. Si le scénario aborde quelques idées comme l'entreprise singulière d'une bible et d'une nouvelle procréation hybride (l'enfantement de la jeune femme vampire Amanda par Joey), l'intérêt réside surtout dans les relations conflictuelles que Joe (Michael Moriarty, naturel de présence lambda en paternel malléable !) et son fils turbulent (Ricky Addison Reed, d'un charisme typiquement agaçant dans sa posture morveuse !) enchaînent sans réserve jusqu'à ce que l'arrivée d'un chasseur de nazi leur inculque sa discipline. L'inattendu Samuel Fuller se prêtant au jeu du grand-père héroïque (c'est lui qui incite le duo à l'affrontement des vampires !) avec une dérision irrésistible comme le souligne ses stratégies d'attaques et subterfuges de survie ! A ce titre, la seconde partie trépidante multiplie les péripéties horrifiques et l'humour badin à un rythme métronomique tant et si bien que l'on éprouve beaucoup de plaisir à la cohésion amicale de cette équipée improbable ! Mais aussi ludique et sympathique soit leur initiation épique, Les Enfants de Salem alterne le bon et le moins bon lorsque Larry Cohen s'entiche de maladresses (l'incohérence comportementale de certains personnages), de faux raccords et d'effets spéciaux cheap issus d'une série Z !


Entre le plaisir coupable et l'intégrité d'une série B atmosphérique, les Enfants de Salem constitue une drôle de curiosité oubliée dans sa facture bisseuse d'horreur cartoonesque (on peut d'ailleurs prêter une allusion aux E.C Comics) et d'aventures fringantes que mènent fougueusement notre trio de comédiens décomplexés. A redécouvrir avec une vibrante nostalgie sous l'impulsion de son superbe score entêtant !

02.12.16. 4èx
07.06.11.

jeudi 1 décembre 2016

JIANG-HU. Grand Prix, Gerardmer 94

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

"The Bride with white hair" de Ronny Yu. 1993. Hong-Kong. 1h32. Avec Brigitte Lin. Leslie Cheung. Elaine LuiJi. Kit Ying Lam. Eddy Ko

Sorti en France en Dvd le 7 Février 2005. Corée du Sud: 25 September 1993

FILMOGRAPHIE: Ronny Yu Yan-tai (chinois: 于仁泰) est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur chinois né en 1950 à Hong Kong. 1979 : Cheung laap cheing ngoi. 1980 : La Justice d'un flic. 1981 : Xun cheng ma. 1981 : Jui gwai chat hung. 1984 : Ling qi po ren. 1985 : Si yan zi. 1986 : L'Héritier de la violence. 1988 : S.O.S. maison hantée. 1989 : Gwang tin lung foo wooi. 1991 : Qian wang 1991. 1992 : Wu Lin sheng dou shi. 1992 : Huo tou fu xing. 1993 : Bai fa mo nu zhuan II. 1993: Jiang-Hu. 1995 : Ye ban ge sheng. 1997 : Magic warriors. 1998 : La Fiancée de Chucky. 1999 : Chasing Dragon. 2001 : Le 51e État. 2003 : Freddy contre Jason. 2006 : Le maître d'armes. 2008 : Fear Itself (TV). 2013 : Saving General Yang.


Si Ronny Yu se fit surtout connaître auprès du public français avec La Fiancée de Chucky, le 51è Etat et Freddy contre Jason, il fut quelques années au préalable la révélation de Gérardmer si bien qu'ils lui attribuèrent leur fameux Grand Prix pour son splendide Jiang-Hu. Spectacle homérique plein de fureur et de magie noire, de sang et de larmes, Jiang-Hu s'inspire de la trame de Romero et Juliette pour mettre en relief l'histoire d'amour impossible entre une sorcière et un guerrier émérite. Compromis par la rivalité de leurs clans, Lien et Zhuo décident in fine de quitter leur famille pour s'exiler et vivre paisiblement leur liaison amoureuse. Mais le chef sorcier du clan de Lien aussi ivre d'amour pour elle va tout mettre en oeuvre pour détruire leur relation.


En combinant les genres du Wu xia pian (film de sabre), du fantastique, de l'horreur, de la romance et de la féerie, Jiang-Hu est une merveille formelle de chaque instant. Tant pour le soin esthétique de sa scénographie baroque (à l'instar des immenses sculptures de pierre implantées dans le palais de Zhuo) et de sa photo onirique (sa nature crépusculaire et sa rivière d'Eden !) que de ses affrontements belliqueux où les corps à corps aériens insufflent une vélocité vertigineuse ! Outre son action chorégraphique d'une vigueur étourdissante comme l'accentue notamment le dynamisme du montage, Jiang-Hu amorce surtout une magnifique histoire d'amour au fil de son odyssée guerrière auquel un combattant finit par se compromettre au choix cornélien après avoir chéri sa maîtresse farouche. En abordant les thèmes de la jalousie, de la traîtrise et surtout de la suspicion, Ronny Yu joue brillamment sur l'ambiguïté de leurs rapports amoureux après que des membres du clan de Zhuo furent retrouvés massacrés (par l'éventuelle dulcinée). Sous l'impulsion de leur discorde sentimentale en perdition vient se greffer l'impériosité machiavélique d'un autre amant adepte de magie noire. Un leader hybride redoutablement mesquin si bien qu'il se partage son corps avec sa cruelle soeur jumelle. D'un charisme diabolique dans leurs apparences exubérantes, ces derniers instaurent une aura horrifique irrésistiblement ensorcelante au fil de leurs exploits surnaturels ! Ronny Yu s'en donnant à coeur joie pour transfigurer des combats au sabre (disputés au sol et dans les airs) avec l'appui d'effets spéciaux insensés !


Fleur de sang
Poème féerique prônant les valeurs de l'amour, de la confiance et de l'espoir derrière l'absurdité d'un conflit guerrier avide d'autocratie, Jiang-Hu transcende les genres disparates évoqués plus haut sous une forme aussi baroque que débridée. Il en émane un spectacle épique d'une flamboyance lyrique quand bien même son intensité dramatique en berne nous laisse une note amère quant à l'éventuelle rédemption du couple infortuné. 

B-M. 3èx

Récompenses: Prix du Meilleur film, Fantafestival 1994
Grand Prix à Gérardmer, 1994

mercredi 30 novembre 2016

BLOOD RAGE

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site stuffpoint.com

"Nightmare at Shadow Woods" de John Grissmer. 1983/87. U.S.A. 1h24. Avec Louise Lasser, Mark Soper, Marianne Kanter , Julie Gordon , Jayne Bentzen.

Inédit en salles en France et en vhs. U.S: Juin 1987

FILMOGRAPHIE: John Grissmer est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1955. 1977: False Face. 1987: Blood Rage.


Tourné en 1983 mais sorti 4 ans plus tard dans un cercle restreint de salles US alors qu'en France il resta inédit, notamment sous support Vhs et Dvd, Blood Rage fait parti du bas du panier des slashers des années 80 en dépit de son gore festif. Dans un drive-in, un couple se fait assassiner à la machette par un jeune adolescent. Afin de se déculpabiliser, ce dernier accuse son frère jumeau, Todd, particulièrement fragile et influençable. Après 10 ans d'internement en psychiatrie, celui-ci parvient à s'échapper pour se venger de son frère. Terry profite alors de cette aubaine pour accumuler les meurtres et continuer de lui faire porter le chapeau. Une intrigue bas de plafond dénuée d'une once tension et de suspense que John Grissmer (cinéaste méconnu si bien qu'il est signataire de 2 uniques métrages) filme avec une maladresse poussive, à l'instar de son casting bovin dénué d'expression. Outre sa galerie de pimbêches effarouchées surjouant sans complexe, la prestance ridicule du tueur jovial incarné par Mark Soper enfonce un peu plus le métrage vers les cimes du navet si bien que les situations grotesques s'accumulent sans modération, et ce jusqu'au final indigent d'une durée rébarbative de 20 mns lorsque le tueur se met à courser sa dernière victime atone. Seule point positif à épargner de ce naufrage, une série de bravoures gores confectionnées en latex que le maquilleur Ed French (Cauchemar à Daytona Beach / Exterminator 2) parvient à façonner avec un réalisme parfois percutant !


Un navet branquignol donc (pardon pour les fans s'ils me lisent mais ça n'engage que moi !) qui pourrait néanmoins contenter une frange de cinéphiles irréductibles.

mardi 29 novembre 2016

THE MONSTER

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org

de Bryan Bertino. 2016. U.S.A. 1h31. Avec Zoe Kazan, Ella Ballentine, Scott Speedman

FILMOGRAPHIE: Bryan Bertino est un réalisateur américain né le 17 Octobre 1977 à Crowley, Texas, USA.
2016: The Monster. 2014 Mockingbird. 2008 The Strangers.


Malgré les bonnes intentions du réalisateur (renouer avec la suggestion d'une horreur adulte et privilégier la densité humaine de ses personnages reclus), The Monster est une série B ratée sombrant toujours un peu plus dans la léthargie. Faute à une réalisation trop maladroite pour imposer un suspense lattent en perte de vitesse et à la cohésion de survie redondante d'une mère et de sa fille brimées par la menace d'une créature de prime abord invisible (le réalisateur différant au maximum son apparition tant escomptée). Quand à l'éclatement de la cellule familiale surlignée au travers de multiples flash-back, le réalisateur se laisse un peu influencer par le pathos quant au profil avilissant d'une mère alcoolique en quête de rédemption. Spoil ! Le monstre étant au final la métaphore de son double maléfique que la fille en initiation héroïque parviendra à combattre après avoir pardonné à sa mère sa démission parentale. Fin du Spoil.


Calme plat
En dépit d'une photo crépusculaire soignée et du charisme parfois impressionnant de la créature lors d'une attaque aussi meurtrière que cinglante (je me suis d'ailleurs remémorer le prologue sanglant du Loup-garou de Londres), The Monsters est incapable d'insuffler une quelconque tension autour de son huis-clos exigu (une voiture / une ambulance) instaurée à proximité d'une nature forestière, et ce en dépit de la bonne volonté des comédiens perfectibles (leurs expressions horrifiées ou lamentées s'avérant régulièrement un peu trop outrées ou pas assez spontanées). Dommage et on comprend donc aisément pour quelles raisons cette production mineure bannie des salles internationales soit promulguée au rayon DTV.

E-B