lundi 9 février 2015

HONEYMOON

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site rhinoshorror.com

de Leigh Janiak. 2014. U.S.A. 1h27. Avec Rose Leslie, Harry Treadaway, Ben Huber, Hanna Brown

Sortie US uniquement en Vod: 12 Septembre 2014

FILMOGRAPHIE:  Leigh Janiak est un réalisateur et scénariste américain.
2014: Honeymoon


Première réalisation de Leigh Janiak après sa sélection officielle à Gérardmer 2015, Honeymoon relate la lune de miel d'un couple d'amoureux dans un chalet champêtre. En plein milieu de la nuit, Paul surprend sa compagne Bea égarée dans la forêt. Prétextant une crise de somnambulisme, le couple tente d'oublier cet étrange incident. Mais au fil des jours, Paul commence à suspecter l'humeur versatile de son épouse, notamment ses pertes de mémoire inexpliquées. 


Production indépendante au budget minimaliste et constitué essentiellement de deux acteurs (si on épargne le 1er quart-d'heure !), Leigh Janiak emprunte la voie du huis-clos à partir d'un concept horrifique subtilement amené et à l'intersection de la science-fiction (les flashs de lumières aveuglantes que Paul observe de la fenêtre de sa chambre en cours de nuit !). Accordant toute son importance à la caractérisation humaine des deux protagonistes, Honeymoon puise sa force dans la remise en question du couple d'amoureux pris à parti avec une situation improbable et ne cessant de se contredire pour la quête de vérité. S'attardant dans un premier temps à surligner leur rapport affectueux dans des moments intimistes de tendresse et de vivacité, nous nous éprenons inévitablement de compassion avant que leur déchéance morale ne viennent nous tourmenter par leur discorde quotidienne toujours plus fébrile. Autour des ces rapports houleux, un climat anxiogène se fait toujours plus pesant lorsque Paul va rapidement déceler que le comportement farouche de son épouse risque de nuire à son état mental (notamment sa défaillance cognitive). Grâce au jeu naturel des comédiens alternant la fraîcheur de leur complicité et la contraction de la méfiance, l'intrigue suggère une inquiétude toujours plus tangible au fil de péripéties de plus en plus pessimistes. Tout l'intérêt résidant dans son suspense progressif et le climat oppressant d'observer méticuleusement leur déchéance morale face à une énigme inexpliquée. En prime, par le biais du refus du happy-end et un désir jusqu'au-boutiste de confronter ces amants au seuil de la folie, le point d'orgue, cauchemardesque et viscéral (une séquence malsaine pourrait d'ailleurs évoquer aux fans du genre un moment anthologique d'X-tro, sans compter son image finale !) risquera d'en dérouter plus un. 


En dépit d'un final irrésolu laissé en suspens (une manière autrement audacieuse d'entretenir le mystère !) et risquant de diviser une partie du public, Honeymoon s'avère suffisamment captivant, anxiogène et cauchemardesque par l'esthétisme de sa nature en demi-teinte (sérénité et opacité de la flore se confondent pour perdre nos repères !), et surtout par sa subtile mise en scène préconisant l'intensité d'un jeu d'acteurs inscrits dans la fougue des sentiments et l'emprise paranoïaque. Une découverte intéressante, honnête échantillon d'un Fantastique éthéré. 

Remerciement à Jacques Coupienne
Bruno Matéï


vendredi 6 février 2015

LE MANOIR DE LA TERREUR (The Blancheville Monster - Horror Castle - Horror - Demoniac)

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrorpedia.com

d'Alberto De Martino. 1963. Italie/Espagne. 1h27. Avec Gérard Tichy, Leo Anchoriz, Ombretta Colli, Helga Liné, Iran Eory, Vanni Materassi, Francisco Moran.

Sortie Salles Italie: 6 Juin 1963. Espagne: 18 Mai 1964.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Alberto De Martino est un réalisateur et scénariste italien, né le 12 Juin 1929 à Rome.
1962: Les 7 Gladiateurs. 1963: Persée l'Invincible. 1963: Le Manoir de la Terreur. 1964: Le Triomphe d'Hercule. 1964: Les 7 Invincibles. 1966: Django tire le premier. 1967: Opération frère Cadet. 1968: Rome contre Chicago. 1969: Perversion. 1972: Le Nouveau Bosse de la Mafia. 1974: L'Antéchrist. 1977: Holocaust 2000


Inédit en salles en France mais sorti en Vhs au début des années 80 sous le titre Demoniac, Le Manoir de la terreur est ce que l'on peut citer une "perle gothique" du cinéma transalpin que l'éditeur Artus Films nous fait l'honneur d'exhumer via une édition Dvd de qualité. Prévenons tout de suite les amateurs néophytes de ne pas confondre avec le sympathique nanar Le Manoir de la Terreur réalisé en 1981 par Andréa Bianchi, puisqu'en l'occurrence il s'agit d'une oeuvre préalablement tournée en 1963 sous l'égide du vénérable Alberto De Martino (l'Antéchrist, Holocaust 2000). Accompagné de son ami, Emily part rendre visite à son frère auquel il est devenu propriétaire d'un château depuis la mort accidentelle de son père lors d'un incendie. Sur place, outre l'accueil froid de son confrère, elle établit la rencontre suspicieuse du majordome, de la gouvernante et du nouveau praticien. Un soir, des hurlements se font écho dans la nuit ! Son père serait finalement en vie secrètement caché dans l'enceinte du château, quand bien même Emilie va se retrouver confrontée au sacrifice pour le compte d'une prédiction ! 


Véritable bijou du Bis Gothique injustement méconnu et déconsidéré à son époque, Le Manoir de la Terreur fait la part belle à l'univers d'Edgar Allan Poe par son atmosphère lugubre ensorcelante régie autour de monuments historiques, et pour certains thèmes judicieux exploités au cinéma de cette époque (je pense particulièrement à Roger Corman pour La Chute de la Maison Usher et à L'Enterré Vivant). Transfiguré par un superbe noir et blanc contrastant avec l'architecture du manoir situé à proximité d'une abbaye en ruine et d'une chapelle, la nature environnante est également à l'appel pour nous enivrer dans sa facture étrangement poétique (à l'instar de cette forêt décharnée ou des songes obsédants fantasmés par Emilie !). Avec une volonté de styliser le cadre gothique, Alberto De Martino y compose parfois des tableaux d'un onirisme enchanteur (Emilie, hypnotisée par le monstre, traverse durant la nuit, telle un fantôme vêtu de blanc, une allée du château pour rejoindre l'abbaye et y contempler sa tombe !). Outre l'intensité de son climat ombrageux auquel le film baigne avec volupté, Le Manoir de la Terreur est rehaussé d'une intrigue criminelle machiavélique brouillant les pistes à souhait pour mieux nous égarer dans un dédale de faux coupables et simulacres. Alberto De Martino se délectant à nous manipuler dans la caractérisation insidieuse de protagonistes cachottiers tout en utilisant les ressorts dramatiques de victimes tourmentées et molestées. Alors que durant sa dernière partie davantage oppressante, les rôles vont subitement s'inverser pour enfin lever le voile sur le véritable traître et percer le mystère entourant la prophétie des Blackford. 


Sobrement interprété par des comédiens au charisme aristocratique jusqu'aux moindres seconds-rôles (je ne suis pas prêt d'oublier la posture rigide et le regard reptilien de la gouvernante endossée par Helga Liné) et réalisé avec brio dans l'esthétisme gothique d'un noir et blanc immaculé, Le Manoir de la Terreur se permet surtout de fignoler un suspense retors autour d'une conspiration habilement détournée ! Un des plus beaux trésors de la bannière Artus Films et sans nul doute un des meilleurs films de son auteur. 

Remerciement à Artus Films
Bruno Matéï


jeudi 5 février 2015

LE CHAT A 9 QUEUES (Il gatto a nove code)

                                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site pariscine.com

de Dario Argento. 1971. France/Allemagne/Italie. 1h51. Avec Karl Malden, James Franciscus, Cinzia de Carolis, Catherine Spaak, Pier Paolo Capponi, Horst Frank, Rada Rassimov.

Sortie salles France: 11 Août 1971. Italie: 11 Février 1971

FILMOGRAPHIE: Dario Argento est un réalisateur et scénariste italien né le 7 septembre 1940, à Rome (Italie). 1969: l'Oiseau au plumage de Cristal, 1971: Le Chat à 9 queues, Quatre mouches de velours gris, 1973: 5 Jours à Milan, 1975, Les Frissons de l'Angoisse, 1977: Suspiria, 1980: Inferno, 1982: Ténèbres, 1985: Phenomena, 1987: Opera, 1990: 2 yeux Maléfiques, 1993: Trauma, 1996: Le Syndrome de Stendhal, 1998: Le Fantome de l'Opéra, 2001: Le Sang des Innocents,2004: Card Player, 2005: Aimez vous Hitchcock ?, 2005: Jennifer (épis Masters of Horror, sais 1), 2006: J'aurai leur peau (épis Masters of Horror, sais 2), 2006: Mother of Tears, 2009: Giallo, 2011: Dracula 3D.


"Un chat à neuf queues est un instrument de torture - un fouet - composé d'un manche de bois de 30 à 40 cm de long auquel sont fixées neuf cordes ou lanières de cuir d'une longueur qui varie de 40 à 60 cm dont chaque extrémité mobile se termine par un nœud."

Deuxième volet de sa trilogie animalière, le Chat à 9 queues possède une facture américaine imposée par son distributeur de même nationalité depuis l'énorme succès de l'Oiseau au plumage de Cristal, Argento étant chargé de recruter deux acteurs dont ses choix se porteront sur Karl Malden et James Franciscus. Mais ce n'est pas tout, alors que le cinéaste souhaitait à l'origine l'actrice italienne Tina Aumont pour endosser un des premiers rôles, son producteur réfute sa proposition pour lui imposer l'illustre Catherine Spaak. C'est aussi en raison de ces discordes qu'Argento ne porte pas trop dans son coeur le Chat à 9 QueuesAprès la découverte d'un gardien assassiné dans un institut de recherche génétique, un aveugle et un journaliste décident de s'associer pour enquêter sur cet homicide ainsi que le mystérieux vol d'un dossier concernant des chromosomes exclusifs. Alors que d'autres meurtres compliquent leur investigation, de potentiels suspects et l'indice d'une médaille commencent à porter leur fruit. 


Si on peut facilement admettre que Le Chat à 9 Queues s'avère en effet le plus faible de la trilogie, l'intrigue (inaboutie) s'avère suffisamment ombrageuse, parfois tendue (le dernier tiers multipliant rebondissements alertes dans une progression du suspense maîtrisée !), émaillé de meurtres stylisés (les strangulations sont très impressionnantes dans leur crudité assumée !) ou spectaculaires (l'éviction d'une victime sur les rails d'un train, la chute d'une autre dans le couloir câblé d'un ascenseur) et parfaitement interprétée (Malden et Franciscus se complètent à merveille dans leur fonction d'investigateurs scrupuleux) pour emporter l'adhésion. Et cela en dépit de conventions du genre policier, d'un humour potache dispensable et d'un rythme parfois défaillant, principalement sa première partie un peu trop conformiste (à l'instar de cette poursuite urbaine inutile perpétrée contre une patrouille de policiers). Au-delà de l'originalité de son énigme (le concept scientifique du gêne Y double permettant de démasquer plus facilement les assassins violents !) évoluant autour des tabous homosexuels et incestueux et multipliant potentiels coupables et fausses pistes, on retiendra surtout du Chat à 9 queues ces 45 dernières minutes savamment palpitantes dans ses péripéties accordées et son suspense infaillible. A l'instar de cette visite nocturne empruntée dans le caveau d'un cimetière, ou lors de la traque du tueur imposée sur les toits d'un immeuble ! Des séquences angoissantes, violentes et réalistes dont le clou de la cruauté culmine avec le kidnapping d'une fillette molestée devant nos yeux ! 


En dépit de ses défauts précités (notamment ce rythme sporadique d'une enquête en dent de scie) et du manque de motivation de la réalisation (même si l'on reconnait en intermittence la patte du maestro), le Chat à 9 queues s'avère néanmoins attachant, atmosphérique et davantage captivant, comme le souligne le sublime score de Morricone avec candeur mélancolique. 

Bruno Matéï
3èx

Ci-dessous, les chroniques des 2 autres volets:
Oiseau au Plumage de Cristal (l'): http://brunomatei.blogspot.com/2011/12/loiseau-au-plumage-de-cristal-luccello.html

mercredi 4 février 2015

L'HOMME QUI RETRECIT (The Incredible Shrinking Man)

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmsduparadoxe.com

de Jack Arnold. 1957. U.S.A. 1h21. Avec Grant Williams, Randy Stuart, April Kent, Paul Langton, Raymond Bailey, William Schallert.

Sortie salles France: 17 Mai 1957. U.S: Avril 1957

Récompenses: Prix Hugo du meilleur film en 1958.

FILMOGRAPHIE: Jack Arnold est un réalisateur américain, né le 14 Octobre 1916, décédé le 17 Mars 1992.
1950: With These Hands. 1953: Le Crime de la semaine. 1953: Filles dans la nuit. 1953: Le Météore de la nuit. 1954: l'Etrange Créature du lac noir. 1955: La Revanche de la créature. 1955: Tornade sur la ville. 1955: Tarantula. 1955: Crépuscule Sanglant. 1956: Faux Monnayeurs. 1957: l'Homme qui Rétrécit. 1957: Le Salaire du Diable. 1958: Le Monstre des abîmes. 1958: Madame et son pilote. 1959: Une Balle signé X. 1960: La Souris qui rugissait. 1961: l'Américaine et l'amour. 1964: Pleins phares. 1969: Hello Down There. 1975: The Swiss Conspiracy.


Grand classique de la science-fiction au pouvoir de fascination prégnant, à l'instar du Voyage Fantastique de Richard Fleischer, L'Homme qui Rétrécit relate les vicissitudes de Scott Carey, un homme subitement atteint de miniaturisation après avoir été incidemment aspergé d'un pesticide et après être passé sous un nuage radioactif en mer. Ayant effectué divers examens pour se rassurer, les médecins impuissants n'ont aucun recours pour le soigner. Confiné dans une maison miniature que son épouse a aménagé à l'intérieur de leur foyer, Scott finit par rencontrer l'hostilité du chat, faute de son rétrécissement régressif, et se retrouve coincé dans la cave après leur altercation. Destiné à survivre dans ce gigantesque endroit caverneux, il va tenter par tous les moyens de regagner l'issue de secours pour alerter son épouse, et en dépit de sa dégénérescence physique. 


Film d'aventures fertile en rebondissements et redoutablement efficace dans sa succession de revirements cauchemardesques, (l'inondation dans la cave, l'escalade des escaliers, le piège à rat, puis les affrontements périlleux entrepris avec un chat ou une araignée rendus géants sous les yeux du héros), L'Homme qui rétrécit redouble d'intensité et de réalisme face à son concept délirant de miniaturisation humaine. A l'aide d'effets spéciaux simplistes mais souvent adroits et parfois très impressionnants, le film réussit à alterner l'amusement et l'inquiétude exponentielle lorsque le héros, toujours plus petit, est contraint de survivre dans un nouvel environnement qu'il ne reconnait plus. Notamment lorsqu'il est confronté à cette loi du plus fort lorsque la taille de l'ennemi, disproportionnée, profite de sa prétention physique pour mieux écraser le plus faible ! Jouissif en diable par son action trépidante et ses trucages délirants de maquettes grandioses, mais également pessimiste et abrupt dans le cheminement désespéré du héros toujours plus infime, l'Homme qui Rétrécit amène une réflexion spirituelle sur notre place dans l'univers lorsqu'un nouveau monde s'ouvre à nous. Par le courage, la persévérance et le dépassement de soi d'affronter des épreuves de survie, notre héros finit pas accepter son destin dans sa condition infinitésimale, avec comme éthique existentielle que l'incroyablement petit et l'incroyablement grand sont étroitement liés au cercle de l'infini.  


Chef-d'oeuvre écolo fustigeant les dangers de la radioactivité et celle de la pollution, plaidoirie pour le droit à la différence, réflexion métaphysique sur notre poste dans l'univers, l'Homme qui Rétrécit épouse autant la carte du divertissement roublard à travers ces morceaux d'anthologie aussi réalistes qu'intenses, et auprès de la dimension humaine du héros livré à une solitude finalement optimiste (perdurer au-delà du néant par l'infiniment petit !). 

Bruno Matéï
3èx

mardi 3 février 2015

Baron Blood / Baron Vampire /Gli orrori del castello di Norimberga

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Wikipedia

de Mario Bava. 1972. Italie/Allemagne de l'Ouest. 1h38 (Italie) / 1h30 (U.S.A.). Avec Joseph Cotten, Elke Sommer, Massimo Girotti, Rada Rassimov, Antonio Cantafora, Umberto Raho, Luciano Pigozzi.

Sortie salles Italie: 25 Février 1972

FILMOGRAPHIE: Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non crédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt et Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).


Un an après son chef-d'oeuvre la Baie Sanglante, Mario Bava retourne au gothique avec Baron Blood  inspiré de l'Homme au masque de cire et du Fantôme de l'Opéra. Tourné en 5 semaines dans la région d'Autriche, l'intrigue relance les exploits criminels du sinistre Baron Otto Van Kleist depuis qu'un couple osa invoquer des incantations dans son manoir historique par le biais d'un parchemin. Autrefois réputé pour avoir agi comme un tortionnaire sadique auprès des villageois, sa dernière victime, une sorcière, promis de s'y venger avant de périr sur le bûcher. Accueilli par son oncle dans un château prochainement mis aux enchères, Peter Kleist et sa nouvelle compagne Eva Arnold sont les nouveaux témoins des exactions du baron avant d'élaborer une stratégie de défense parmi l'entremise d'une médium. Ce drôle de scénario brassant également certains éléments du Masque du Démon et de la Chambre des Tortures  pâti un peu de situations conventionnelles auprès de la visite guidée des protagonistes et ces poursuites exercées entre le tueur et la victime. 


Non exempt d'incohérence (comment le baron peut-il changer à sa guise d'apparence physique ? N'était-il pas condamné à souffrir sous son visage difforme ?), Mario Bava parvient pourtant à maintenir un suspense sur l'identité du fantôme tout en continuant de fignoler à merveille l'ambiance crépusculaire d'un manoir gothique saturé d'éclairages surréalistes. Passé maître dans l'art d'y transcender une scénographie macabro-sensuelle, le cinéaste montre une fois de plus l'étendue de son talent dans un souci esthétique prégnant. En prime, il est amusant de contempler le faciès vérolé du fameux baron ressemblant à s'y méprendre à une tarte à pizza auprès de sa physionomie génialement putrescente rongée par les siècles de l'âge ! Soutenu d'un score rétro de Stelvio Cipriani typiquement latin, Baron Blood réussit donc à fasciner dans une certaine mesure et à entretenir l'intérêt à travers ce climat funèbre parfois endeuillé de morts brutales car émanant d'instruments de torture (le cercueil garni de pointes acérées faisant son petit effet de répulsion). Et si l'intrigue piétine un tantinet par quelques sautes de rythme vite pardonnables, la bonhomie attachante des personnages, le cheminement délirant du dénouement et surtout l'icone morbide du personnage du Baron permettent de nous distraire dans une facture Bis inhabituelle de la part du maître transalpin car d'un modernisme visuel et expressif aussi audacieux que singulier. 


Indubitablement attachant, ludique et fascinant, tout du moins pour l'amateur éclairé, Baron Blood  dégage un délicieux parfum vintage auprès de son icone torturée et de son architecture alambiquée  quant au château autrichien faisant office de rôle à part entière, car filmé sous toutes les coutures avec un art consommé de l'inventivité baroque. Sans compter sa nature et ce village fantasmatiques (splendide poursuite nocturne nappée de brume) où plane par ailleurs l'entité d'une sorcière crevant l'écran par sa présence transie. A réhabiliter.  

*Bruno
10.02.24. 4èx

lundi 2 février 2015

NIGHT CALL (Nightcrawler)

                                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site utopolis.fr

de Dan Gilroy. 2014. U.S.A. 1h57. Avec Jake Gyllenhaal, Rene Russo, Riz Ahmed, Ann Cusack, Bill Paxton, Kevin Rahm, Kathleen York.

Sortie salles France: 26 Novembre 2014. U.S: 31 Octobre 2014

FILMOGRAPHIE: Dan Gilroy est un scénariste et réalisateur américain, né le 24 Juin 1959 à Santa Monica, Californie.
2014: Night Call


Plongée abrupte dans la noirceur de l'âme humaine, Night Call retrace l'ascension fulgurante d'un journaliste néophyte en quête du scoop le plus sordide pour accéder à la notoriété. Habité par la soif de pouvoir et totalement dénué de vergogne, il finit par outrepasser la légalité afin de surpasser la concurrence et concrétiser sa future entreprise. Epaulé d'un jeune stagiaire indécis, il va l'entraîner dans une descente aux enfers au péril de leurs vies ! Thriller poisseux à glacer le sang dans sa thématique axée sur le statut des médias et rehaussé d'une ambiance crépusculaire des plus envoûtantes (toute l'action se déroulant quasiment de nuit !), Night Call redouble de provocations dans sa peinture acide des effets pervers du journalisme avide de sensationnalisme pour entretenir l'audimat et régir leur management.


Dérive meurtrière d'un sociopathe opportuniste dans ses ambitions professionnelles, le film témoigne d'une aura malsaine aussi inconfortable que fascinante lorsqu'il retrace le cheminement nocturne de deux journalistes en herbe contraints de transactionner sur des stratégies illégales afin de remporter le gain le plus juteux. Comme celle de déplacer le corps d'une victime afin d'accéder à un meilleur angle visuel, falsifier des preuves éloquentes sur l'identité de dangereux criminels en liberté, ou encore mettre en danger les vies d'autrui pour mieux privilégier la récompense du scoop faramineux ! Du point de vue de la hiérarchie audiovisuelle, la manipulation et le simulacre sont également de la partie lorsqu'une directrice en perte de vitesse recommande à ses confrères de travestir l'information afin de maintenir le spectateur dans une situation de peur et d'expectative. Par le biais de ces dérives cupides où l'éthique de chacun des témoins est à remettre en cause, et à travers l'objectif d'une caméra complice, la mise en scène de la violence est réajustée sur le principe du "spectacle" pour mieux appâter le voyeurisme des spectateurs. Avec son regard exorbité et son apparence faussement affable, Jake Gyllenhaal vampirise l'écran pour incarner un arriviste habité par le cynisme et le narcissisme. L'intensité de son jeu délétère et la persuasion de son intelligence retorse exacerbant avec trouble émotion la caricature d'un maître-chanteur habité par le Mal.


Les Faucons de la Nuit
Portrait caustique imparti à l'itinéraire licencieux d'un journaliste désaxé, Night Call dresse également le triste constat d'une société opportuniste victime de sa déchéance morale, faute d'une concurrence impitoyable où tous les coups sont permis et d'une inflation de violence urbaine en roue libre. Un thriller intense incroyablement fascinant dans son métissage d'aura de souffre, d'ambiance ténébreuse et d'émotion sardonique ! 

Bruno Matéï

La critique de Ruuffet Nelly
Un thriller haletant qui pousse toujours + loin dans l'exploration des instincts les + bas de la société moderne du "tout tout de suite" où tout est bon pour glaner le meilleur scoop, même s'il faut pour cela travestir les informations ! Ce qui est terrifiant dans ce film, c'est tout particulièrement l'idéologie consumériste exposée au grand jour, incarnée par un Jake Gyllenhaal en forme olympique. Ses yeux semblent lui sortir des orbites et quand il part dans ses discours théoriques on sent son sang se glacer dans nos veines ! Son débit s'accélère, on a l'impression que son visage va exploser de désir, un désir insatiable d'argent et de toujours + d'adrénaline, même s'il en vient par devoir sacrifier son propre collaborateur; les multiples maladresses et hésitations de ce dernier ne le rendent que + attachant, ce qui rend le dénouement encore + cruel ! Un thriller cinglant dont la dernière réplique achève vraiment tant elle est énoncée froidement par cet obsédé de l'image... une obsession qui donne le tournis, tellement qu'elle fait même presque flipper la présentatrice de KWLA, qui en finit elle aussi par adhérer aux discours de ce néophyte ayant grimpé les échelons à une vitesse vertigineuse ! Leur échange de regard dans la pénombre vers la fin du film est vraiment très réussi, presque aucun mot n'est échangé, c'est froid et pourtant on sent l'excitation des 2 reporters. D'ailleurs, comme tu l'as bien noté, l'ambiance crépusculaire du film est géniale, on en oublie presque que quasi tout le film se passe la nuit ! On ne s'ennuie pas une seule seconde, les poursuites en voitures sont démentes mais ça n'entame en rien la fascination malsaine que nous éprouvons à l'égard de Lou Bloom. Notre oeil épouse les mouvements de la caméra, nous devenons un oeil médiatique, voyeur comme les spectateurs des infos choc, mais bien entendu le réalisateur nous envoûte pour mieux nous faire réfléchir sur les travers du culte de l'image

Récompenses:
American Film Institute Awards 2014 : top 10 des meilleurs films de l'année
Boston Society of Film Critics Awards 2014 : réalisateur le plus prometteur pour Dan Gilroy
Los Angeles Film Critics Association Awards 2014 : meilleure actrice dans un second rôle pour Rene Russo (2e place)
National Board of Review Awards 2014 : top 2014 des meilleurs films
National Society of Film Critics Awards 2015 : meilleure actrice dans un second rôle pour Rene Russo (3e place)
New York Film Critics Online Awards 2014 : réalisateur le plus prometteur pour Dan Gilroy
San Diego Film Critics Society Awards 2014 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur
Meilleur acteur pour Jake Gyllenhaal
Meilleur acteur dans un second rôle pour Mark Ruffalo
Meilleure actrice dans un second rôle pour Rene Russo
Meilleur scénario original pour Dan Gilroy
Meilleure photographie pour Robert Elswit
Meilleure musique de film pour James Newton Howard
Vancouver Film Critics Circle Awards 2015 : meilleur acteur pour Jake Gyllenhaal

vendredi 30 janvier 2015

SPIDER-MAN 2

                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site screenrant.com

de Sam Raimi. 2004. U.S.A. 2h07. Avec Tobey Maguire, Kirsten Dunst, James Franco, Alfred Molina, Rosemary Harris, J.K. Simmons, Lucy Liu.

Sortie salles France: 14 Juillet 2004. U.S: 30 Juin 2004

FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis.
1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.


Second volet d'une trilogie à succès, Spider-man 2 s'avère indubitablement le meilleur volet de la série. Que ce soit en terme d'action anthologique au service de l'intrigue et de caractérisation humaine finement auscultée, le spectacle de Sam Raimi s'avère en tous point de vue éclatant de virtuosité dans une structure narrative passionnante. Cette fois-ci, Spider-man doit combattre Octopus, un savant ayant réussi à créé 4 bras mécaniques soudés à son corps et manipulés par son cerveau. Alors que Harry Osborn, meilleur ami de Peter Parker, souhaite se venger auprès de spider-man depuis la mort de son père, Mary-Jane Watson est sur le point de se marier. Partagé entre le désir de la reconquérir et son devoir héroïque, Peter finit envisage de mener une vie paisible avant que sa conscience et les conseils avisés de ses proches ne le rappellent à la raison. 


Sous couvert de film de super-héros trépidant déployant moult rixes urbaines entre Octopus (nouvel ennemi tentaculaire hyper charismatique !) et Spider-man, Spider-man 2 séduit surtout par sa nature romantique où l'amour s'avère le centre d'intérêt de Peter Parker, notamment pour préserver sa muse contre l'ennemi. Puisque livré à un choix cornélien, il doit aujourd'hui se confronter au choix moral de son statut de super-héros lorsque celle qu'il a toujours aimé est sur le point de se consacrer à une nouvelle vie sentimentale. Réflexion sur le dépassement et la confiance en soi (Peter perd ses pouvoirs à partir du moment où il commence à dénigrer son destin héroïque), sur la notion de héros (quitte à sacrifier un rêve, doit-il consacrer toute son existence à combattre l'ennemi pour protéger les innocents après s'être rendu coupable de la mort de son oncle ?) et sur l'influence du Mal du point de vue du rival (Octopus, dépassé par ses ambitions scientifiques, se retrouve esclave de sa machine avant que son intelligence ne le rappelle à une noble réflexion !), Spider-man 2 privilégie le portrait de personnages en conflit intrinsèque. A l'instar d'Harry Osborn envahi par sa rancoeur afin de venger l'honneur de son père (alors qu'il découvrira bientôt que son meilleur ami s'avère Spider-man ! ), et à l'exemple de Mary-Jane Watson espérant au fond d'elle que Peter lui avouera enfin ses sentiments. Cette densité impartie à la contrariété des personnages s'avère donc le pilier émotionnel de l'intrigue sans que le spectacle homérique de Sam Raimi ne pâtisse d'un manque de rythme dans les pugilats belliqueux. Les scènes d'action hyper vigoureuses et inventives s'avérant à couper le souffle, de par la fluidité technique mais aussi l'agilité des comédiens en roue libre ! 


Projet ambitieux de blockbuster intelligent alternant caractérisation psychologique et corps à corps dantesques entre super-héros stoïques, Spider-man 2 fait autant la part belle au lyrisme et à l'émotion empathique dans la force sentimentale de deux amants compromis au dilemme cornélien. Un spectacle aussi grandiose dans la démesure (les FX numériques sont ahurissants de réalisme à l'instar de l'assaut du métro et des envolées aériennes de Spider-man !) qu'intimiste dans la force de l'amour et la foi en l'accomplissement de soi ! 

Bruno Matéï
2èx