lundi 5 décembre 2011

MOTHER'S DAY

           

de Darren Lynn Bousman. 2010. U.S.A. 1h52. Avec Deborah Ann Woll, Shawn Ashmore, Lisa Marcos, Patrick John Flueger, Frank Grillo, Jaime King, Tony Nappo, Rebecca De Mornay, Warren Kole, Matt O'Leary.

Sortie en salles en France : prochainement.  U.S: non daté

FILMOGRAPHIE: Darren Lynn Bousman est un réalisateur et scénariste américain, né le 11 Janvier 1979 à Overland Park, dans le Kansas. 2005: Saw 2. 2006: Repo ! The Genetic Opera. 2006: Saw 3. 2007: Saw 4. 2011: Mother's Day


En 1980, la firme Troma nous offra l'un de ses fleurons les plus jouissifs et représentatifs avec le sardonique Mother's Day. Une farce cynique imbibée d'humour noir d'après les exactions meurtrières d'un duo de frangins influencés par leur maman dérangée. Trente ans plus tard, Darren Lynn Bousman s'écarte de l'esprit décalé et cartoonesque de son précurseur pour nous livrer un faux remake (il ne reprend que la filiation meurtrière des psychopathes) beaucoup plus prononcé dans l'irascibilité d'une ultra violence parfois insupportable. Un couple organise une fête amicale dans le nouveau foyer qu'ils viennent d'acquérir. Le soir même de la party, trois frères armés font brutalement irruption dans la maison, persuadés d'être encore les propriétaires de leur ancienne demeure vendue aux enchères. Alors que l'un d'eux est grièvement blessé, les malfaiteurs décident d'appeler leur mère pour clarifier la situation. 
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Mis en image par un réalisateur lucratif ayant exploité à trois reprises une saga horrifique usée jusqu'à la corde (Saw), Mother's day démarre sur les chapeaux de roue avec un trio de braqueurs résolus à se planquer dans leur ancienne demeure mais en l'occurrence logée par un couple de nouveaux propriétaires. En pleine soirée festive, les individus unis par les liens du sang n'auront pas d'autre choix que de prendre en otage toute l'assemblée avant que leur génitrice ne vienne réglementer les opérations en cours. Pour épicer l'intrigue, une forte somme d'argent attribuée aux malfaiteurs est potentiellement planquée dans la demeure par les nouveaux propriétaires soupçonnés d'adultère. Sans une once de répit, Mother's Day, réactualisation moderne d'une famille de dégénérés asservis par leur matriarche, nous entraîne dans un éprouvant huis-clos où chacun des protagonistes subira diverses humiliations et sévices corporels. Mis en scène sur un rythme surmené, Darren Lynn Bousman se distingue d'une trame orthodoxe par un enchaînement ininterrompu de péripéties et coups de théâtre inopinés tout en y insufflant un certain cynisme auprès de la caractérisation d'une famille au vitriol refoulée par l'infécondité.


A travers la structure d'un récit indocile multipliant les épreuves de force pour nos otages contraints de s'offenser en guise de survie, leur confrontation est sévèrement endurée par une déontologie immorale. En coexistant dans un environnement davantage régi par la barbarie et la folie, le désespoir de nos otages déboussolés les engagera fatalement vers leur nature véreuse. Ainsi, la jalousie, la colère et la haine vont être les éléments déclencheurs afin de leur privilégier un instinct de survie autonome. Sans concession aucune, le réalisateur redouble de verdeur et de cruauté auprès de la frêle destinée des otages constamment menacés à trépasser dans la seconde qui suit par les tortionnaires, mais aussi par leur propre agissement. A ce titre, la dernière partie culmine au bain de sang paroxystique lorsque nos derniers survivants décideront une ultime fois de s'opposer à leur ravisseur pour les affronter dans une rancoeur primitive. Et on peut dire que cette famille de rejetons éduqués par la névrose d'une ravisseuse de bambins s'avère plutôt difficile à éradiquer tant leur animosité émane d'une rage expéditive. Si chaque interprète réussit honorablement à convaincre malgré leur trogne souvent imberbe, Rebecca De mornay diffuse une certaine densité déshumanisée dans son profil psychologique lourdement galvaudé par la stérilité maternelle. Castratrice et méprisable de par sa posture glaciale et son regard azur impassible, la blonde symbolise la mégère égoïste obnubilée par l'éducation parentale. Une célibataire esseulée incapable de gérer une famille exemplaire dans la tradition puritaine et terrifiée à l'idée de vieillir dans la solitude.


Les enfants de la violence !
A travers l'efficacité d'un rythme infaillible mené à bout de course, Mother's Day illustre avec un esprit forcené une violence primitive au sein d'un train fantôme multipliant allers-retours de revirements rocambolesques. Hormis un épilogue à peine grotesque pour la survie d'un(e) des antagonistes et certains clichés éculés (service de police en dérangement en période cruciale, rivaux increvables et redondance d'affrontements au corps à corps), cet oppressant concentré d'ultra violence joue hargneusement avec les nerfs du spectateurs. D'autre part, il se révèle de loin le meilleur film d'un auteur en demi-teinte, une bombe à retardement conçue pour exploser votre petite lucarne !

Bruno
05.12.11
       

vendredi 2 décembre 2011

Les Chiens de Paille / Straw Dogs (2011)

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Rod Lurie. 2011. U.S.A. 1h49. Avec James Marsden, Kate Bosworth, Alexander Skarsgard, James Woods, Rhys Coiro, Dominic Purcell, Willa Holland.

Sortie en salles en France: 9 Novembre 2011.  U.S: 16 Septembre 2011

FILMOGRAPHIE: Rod Lurie est un réalisateur, scénariste et producteur et acteur israélien né le 15 mai 1962 en Israel. 1998: 4 Second Delay. 1999: Situation critique. 2000: Manipulations. 2001: Le Dernier Château. 2002: The Nazi. 2007: Resurrecting The Champ. 2008: Le Prix du Silence. 2011: Les Chiens de Paille.


40 ans après le chef-d'oeuvre traumatique de Sam Peckinpah, un réalisateur modeste d'origine israélienne s'accorde la gageure de remaker un modèle d'ultra violence stigmatisant l'instinct meurtrier enfoui en tout un chacun. Or, au vu du traitement de la violence intelligemment exploité par Peckinpah, il était difficile de concevoir qu'une version contemporaine allait pouvoir à nouveau honorer une montée en puissance de la haine d'une intensité inégalée. 

SynopsisUn couple de jeunes mariés se retire dans une contrée bucolique au moment où la jeune épouse, Amy, vient d'hériter de la maison de ses parents. Sur place, David engage des ouvriers afin de réparer la toiture d'une grange. Mais l'un d'eux se révèle être l'ex petit ami de sa femme. Alors que le mari tente de rédiger un scénario pour le cinéma, Amy semble s'ennuyer de sa condition conjugale. En prime, l'ambiance faussement amicale entre les travailleurs et David est sournoisement tendue. Un matin, le scénariste se laisse convier par le groupe à une partie de chasse dans la forêt environnante. Mais Charlie profite de l'absence de celui-ci pour retrouver Amy restée seule dans sa demeure. 
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En étant le plus honnête possible pour ma lourde appréhension à me porter garant face à cette version remaniée d'un authentique chef-d'oeuvre resté dans toutes les mémoires; la gageure amorcée par le réalisateur Rod Lurie relevait d'une mission suicidaire (euphémisme) quand son ascendant eut atteint la perfection avec l'adaptation d'un roman aussi dense, burné et incisif. Et pourtant, par je ne sais quel miracle improbable ce remake s'en tire haut la main avec les honneurs. Avec en prime une certaine forme de respect pour son modèle. De prime abord, j'ai été spontanément convaincu par la prestance des comédiens, en particulier nos deux héros endossés par James Marsden et Kate Bosworth interprétant avec sobriété naturelle le rôle équivoque d'époux contrariés par leur confiance et d'une absence autoritaire maritale. Le couple accordant beaucoup de crédit psychologique, de dimension humaine à tenter de nous convaincre sans cabotinage aucun leur susceptible relation dépréciée par des machistes revanchards, véreux, alcoolos, décervelés. James Woods, presque méconnaissable en paternel tyrannique tuméfié par l'alcool étant absolument abjecte d'orgueil putassier. Il se révèle résolument impressionnant lors de ces brutaux accès de violence "irascible" lorsqu'un quidam simplet tente d'effleurer une allusion lubrique avec sa fille racoleuse. Alexander Skarsgard, très impressionnant par sa robustesse physique et le naturel de sa force tranquille, apportant également pas mal d'intensité et une certaine ambigüité dans sa moralité licencieuse entachée d'une conscience tourmentée lorsqu'il observe avec soupçon d'embarras le viol d'Amy perpétré par l'un de ses acolytes.


Quant à la mise en scène étonnamment appliquée, elle s'attache à nous décrire sans esbroufe ni élitisme la confrontation insidieuse entre ce groupe d'ouvriers obnubilé par le décolleté parfois sciemment racoleur d'Amy, et David, davantage irrité par leur désinvolture et provocation virile. Ainsi, avec une efficacité exponentielle, le cheminement tortueux de chacun de nos protagonistes nous est dépeint avec un réalisme malaisant, sans artifice ludique, avec cette volonté absolue d'y rationaliser cette fatale réaction en chaine de la montée en puissance de la violence. C'est cette dimension psychologique octroyée à chacun des personnages finement dessinés qui rend ce remake si captivant, tour à tour oppressant, insupportable de tension lorsque la violence se déchaine sans pouvoir la stopper. D'abord, le viol laconique et dérangeant réussit à provoquer un malaise diffus d'une manière somme toute viscérale alors que le réalisateur ne s'y attarde pas pour ne pas sombrer dans la complaisance. Ainsi, avec l'effet de suggestion, il permet d'exacerber son intensité auprès des clameurs bouleversées de la victime et surtout les regards quelque peu éhontés mis en exergue sur les trognes de nos bourreaux crapuleux. Quand au fameux point d'orgue aussi escompté que furieusement redouté, il déploie avec beaucoup d'intelligence un déchaînement de brutalité d'une acuité perturbante, insolente, traumatique, intolérable. C'est cette déchéance de l'animosité humaine, cet endoctrinement d'une haine infiniment contagieuse qui dérange tant à travers ce fracas d'images bestiales, insalubres, hideuses, insidieuses, préjudiciables. Les chiens de Paille, version contemporaine, souhaitant toujours dénoncer une réflexion sur notre instinct meurtrier inhérent, sur l'aliénation de cette violence transmissible à autrui par l'influence d'hommes galvaudés par leur égo, leur orgueil, leur perversité égrillarde. Cette spirale de la folie véritablement tangible nous emprisonnant à corps perdu dans une claustration confinant au vertige (jusqu'au malaise viscéral pour les plus sensibles d'entre nous).

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History of violence
Evidemment, si tout cela fut préalablement traité avec plus de pertinence, de brio et de virtuosité auprès d'un cinéaste notoire au sommet de son art, épaulé qui plus est de comédiens transis aux gueules burinées, ce remake respectueux s'avère à mon goût digne de son modèle en s'écartant à tous prix des  produits opportunistes et formatés conçus pour épater le spectateur voyeur avide de violence ludique. Les chiens de Paille, version 2011, n'étant aucunement le vulgaire remake débauché et prétentieux d'y  exploiter un spectacle gentiment barbare. Si bien que l'endurance de l'épreuve à la fois morale et physique ressentie ici demeure si percutante, acérée, vénéneuse, furibonde, nauséeuse qu'il est rigoureusement impossible d'en sortir indemne. Un second traumatisme donc que cette pellicule de l'infortune nécrosée par la rigidité de cette intensité psychologique intolérable. 

Pour public averti.

mercredi 30 novembre 2011

THE THING

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Matthijs van Heijningen. 2011. U.S.A. 1h43. Avec Mary Elizabeth Winstead, Joel Edgerton, Ulrich Thomsen, Eric Christian Olsen, Adewale Akinnuoye-Agbaje. 

Sortie salles France: 12 Octobre 2011. U.S: 14 Octobre 2011

FILMOGRAPHIE: Matthijs van Heijningen est un réalisateur et scénariste néerlandais, né en 1965. 
2011: The Thing


S'attaquer au remake/préquelle afin d'émuler un monument du cinéma horrifique n'était pas une mince gageure. Et pourtant, Matthijs van Heijningen s'en sort honnêtement avec son premier long-métrage même s'il n'apporte rien au chef-d'oeuvre de Carpenter. Esthétiquement soigné (joli cadre scope, photo épurée pour transfigurer son décor hivernal) et pourvu d'effets-spéciaux parfois impressionnants (si l'on évacue certains CGI perfectibles et trop grossiers), The Thing nouvelle version prend l'alibi de la préquelle pour tenter de se différencier de son modèle. Pourtant, à l'exception de son prologue et du final en porte-à-faux, la narration n'apporte pas vraiment d'idées nouvelles en continuant de surfer sur la peur paranoïde des survivants (et ce en dépit du plombage dentaire que la chose ne peut répliquer et de recruter le rôle principal à un personnage féminin). Si bien évidemment le film n'atteint jamais le degré d'intensité anxiogène magnifiquement suggéré avec son modèle, une certaine tension est néanmoins savamment distillée durant le cheminement narratif, et avant que les conventions ne viennent un peu désamorcer sa poursuite finale. Enfin, et pour contenter le public de la nouvelle génération, le film insiste plus sur le caractère palpitant des attaques cinglantes commises par la chose. Et à ce niveau, il faut admettre que l'on reste captivé par ses interventions hostiles où le côté spectaculaire et violent des affrontements nous saisissent parfois de stupeur (les FX laissent exprimer visions d'effrois du monstre tentaculaire dans une imagerie gore assez réaliste !). A travers son concept éculé du survival en vase clos, on reste donc facilement impliqué par les attitudes désoeuvrées de nos nouveaux occupants combattant maladroitement la menace insidieuse du métamorphe !


Correctement réalisé, incarné par des gueules d'acteur au charisme mature (sans compter la sobriété circonspecte de Mary Elizabeth Winstead !) et mené sans temps morts, The Thing 2011 s'érige en série B du samedi soir où l'action importe plus que la suggestion. Si on déplore donc sa facilité à s'incliner vers le pur divertissement, Matthijs van Heijningen livre un solide spectacle à l'ancienne où l'efficacité des altercations communie avec l'insolence de la chose.  

Dédicace à Pascal Frezzato

27.01.14. 2èx
Bruno Matéï


FRIGHT NIGHT


de Graig Gillespie. 2011. U.S.A. 1h46. Avec Anton Yelchin, Colin Farrell, David Tennant, Christopher Mintz-Plasse, Toni Collette, Imogen Poots, Dave Franco, Reid Ewing, Emily Montague, Chelsea Tavares.

Sortie en salles en France le 14 Septembre 2011. U.S: 19 Août 2011.

FILMOGRAPHIE: Graig Gillespie (né le 1er Septembre 1967) est un réalisateur et producteur australien de séries T.V et longs-métrages.
2007: Une fiancée pas comme les autres
2007: Mr Woodcock
2009-2010: United States of Tara (série TV)
2010: My Generation (série TV, pilote)
2011: Fright Night
2011: Film Fiend (série TV)


Charlie Brewster voit sa vie prendre une bonne tournure : il est apprécié dans son lycée et sort avec la fille la plus convoitée. Il est tellement cool qu'il se permet de se foutre de la gueule de son meilleur ami. Cependant les ennuis arrivent lorsque Jerry emménage près de chez lui. Il à l'air super cool mais en réalité quelque chose cloche chez lui. Le problème c'est que personne ne semble s'en rendre compte, surtout pas la maman de Charlie. Après avoir observé les étranges activités de Jerry, Charlie réalise que Jerry est un vampire. Comme personne ne le croit, Charlie décide de se débarrasser du monstre par lui-même..


Un remake qui a la bonne idée de ne pas copier-coller et se démarquer de l'original en privilégiant une violence plus acérée ainsi qu'une action échevelée à contrario d'un humour incisif qui faisait tout le sel du film original. Malheureusement, la sauce ne prend pas, faute à des personnages ternes déployant le minimum syndical, des situations archi rebattues, une abondance vaine d'effets chocs grand-guignolesques en CGI et un scénario aussi plat qu'une andouillette déprimée de sa condition.
En prime, le traitement émis sur les personnages, particulièrement celui de Peter Vincent, a de quoi faire pleurer les puristes qui vouaient une affection toute particulière à Roddy Mc Dowell dans le film d'origine. Son modèle étant toujours en l'occurrence une véritable merveille du teen movie horrifique aussi pittoresque que trépidant.

Un produit de consommation routinier vite oublié qui pourra peut-être séduire les moins de 15 ans.



Critique personnelle du film d'origine:
http://brunomatei.blogspot.com/2011/09/vampires-vous-avez-dit-vampire-fright.html



mardi 29 novembre 2011

WATERWORLD


de Kevin Reynolds. 1995. 2h15. U.S.A. Avec Kevin Costner, Jeanne Tripplehorn, Dennis Hooper, Tina Majorino, Gérard Murphy, Chaim Girafi, Rick Aviles, Zitto Kazann, Leonardo Cimino, Zakes Mokae.

Sortie en salles en France le 25 Octobre 1995. U.S: 28 Juillet 1995

FILMOGRAPHIE: Kevin Reynolds est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 17 Janvier 1952 à San Antonion, Texas.
1985: Une Bringue d'enfer. Histoires Fantastiques (Epis, vous avez intérêt à me croire). 1988: La Bête de Guerre. 1991: Robin des Bois, prince des voleurs. 1993: Rapa Nui. 1995: Waterworld. 1998: 187 Code Meurtre. 2002: La Vengeance de Monte Cristo. 2006: Tristan et Yseult.


Avec un budget faramineux de 175 millions de dollars, Waterworld était prédisposé à remporter un succès considérable dans son alliage de cascades et d'action post-nuke hérités de l'entreprise Mad-Max. A l'arrivée, le film se solde par un échec public et critique des plus cinglants qu'Hollywood ait jamais enregistré ! Avec le recul, ce blockbuster trépidant est loin d'avoir mérité son statut de purge défraîchie car il se révèle en l'occurrence beaucoup plus abordable et jouissif qu'à l'époque de sa sortie. En l'an 2500, la terre a été engloutie par les océans. Seul une poignée de survivants tentent de résister contre les hordes de barbares enrôlés par le pirate Deacon. Un baroudeur solitaire va se retrouver mêler à cette guérilla pour tenter de protéger la vie d'une mère et sa fille accoutrée d'un tatouage inscrit sur le dos. Ce dessin révélant en vérité un itinéraire codé pour rejoindre la contrée de Dryland.
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Revoir aujourd'hui Waterworld prouve à quel point le temps peut parfois permettre de restaurer des injustices et remettre les pendules à l'heure. Ce qui frappe de prime abord avec cette aventure futuriste lorgnant sans complexe du côté de Mad-Max, c'est son pitch astucieux fondé sur le dépaysement azur d'un univers aquatique. En suggérant que la terre est devenue un vaste océan déserté d'urbanisation et de présence humaine, Kevin Reynolds nous agrémente d'une nature maritime photogénique accentuée par une superbe photographie aux nuances bleutées. Sans répit, l'action échevelée embraye avec une première séquence d'anthologie particulièrement dantesque ! Alors qu'une petite communauté de survivants est installée sur un village flottant appelé "atoll", des mercenaires motorisés, armés jusqu'au dents, décident de forcer les barrages de la ville pour extirper une fillette accoutrée d'un tatouage dorsal en guise de carte au trésor.  Auparavant, un homme nommé Mariner s'était rendu dans l'atoll le temps d'une tractation de troc. Capturé et emprisonné par les résidents après qu'ils aient pu découvert sa véritable identité mutante, celui-ci va profiter de la rixe pour pouvoir se défaire de ses chaînes avec l'aide d'Hélen et de sa fille convoitée, Enola. S'ensuit un florilège d'affrontements trépidants, véritables morceaux de bravoure virtuoses gérés dans un amoncellement de cascades et péripéties haletantes ou l'action lisible rivalise d'inventivité pour épurer au maximum le caractère épique des affrontements. Ce moment d'adrénaline pure est apte à figurer dans les plus belles séquences d'action des années 90 et peut rivaliser sans rougir avec les séquences inégalées de Mad Max 2 de Georges Miller.


La suite du récit simplifie la donne avec la traversée en voilier de Mariner, accompagné de ces deux survivantes. Pour dédramatiser la violence émanant de la barbarie d'un climat belliqueux mais aussi rameuter tous les publics, Kevin Reynolds introduit l'humour avec certaines répliques cocasses exprimées par une fillette désinvolte, s'évertuant à provoquer l'impassible Mariner. Un machiste à l'autorité drastique bafouant sans restriction la gente féminine parmi la présence de ces deux sauvageonnes. De manière intermittente, notre trio va devoir user de courage et subterfuge pour se mesurer à la rencontre impromptue de quidams perfides naviguant aveuglement sur les mers à bord de chalutiers customisés. Et cela jusqu'à ce que Deacon, épaulé par ses comparses, ne vienne refaire surface pour s'empresser de kidnapper la gamine afin de pouvoir décoder le fameux tatouage occultant une contrée inexplorée. Dans celui du héros iconique, Kevin Costner se tire honorablement d'un rôle austère de guerrier aguerri plutôt antipathique mais finalement valeureux et clément. Tandis que l'impayable Dennis Hopper rivalise de cabotinage mesquin dans sa caricature ironique de corsaire mégalo. Le point d'orgue renouant avec l'action bondissante d'un affrontement avec Mariner, seul contre tous, ayant réussi à pénétrer au sein du gigantesque navire afin de sauver la vie d'Enola. Si l'action parfois improbable et expéditive se révèle moins intense que prévue pour braver nos hordes de pirates excentriques, la séquence explosive s'avère assez démesurée dans les moyens déployés !


Scandé par le score épique de James Newton Howard, Waterworld puise sa force dans son efficacité d'un récit adroitement mené rehaussé d'un savoir faire technique irréprochable. Que ce soit l'armada des incroyables décors déployés avec créativité, les costumes excentriques, les accessoires primitifs et l'affluence de moult figurants sortis tout droit d'une bande dessinée. Kevin Reynolds cultivant sa simplicité narrative au service d'une série B de luxe nantie d'un dépaysement exotique fulgurant. En l'occurrence, on peut enfin adouber la sincérité du réalisateur d'avoir su porter à l'écran un divertissement post-apo n'ayant pas à rougir avec la franchise Mad-Max

29.11.11.  4
Bruno matéï

lundi 28 novembre 2011

LA GUERRE EST DECLAREE. Grand Prix à Cabourg, Prix du Jury au festival Paris cinema.


de Valérie Donzelli. 2011. France. 1h40. Avec Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, César Desseix, Gabriel Elkaïm, Brigitte Sy, Elina Lowensohn, Michèle Moretti, Philippe Laudenbach, Bastien Bouillon.

Sortie en salles en France le 31 Août 2011

FILMOGRAPHIE: Valérie Donzelli est une actrice, scénariste et réalisatrice française, née le 2 Mars 1973 à Epinal. 2008: Il fait beau dans la plus belle ville du monde (court). 2009: La Reine des Pommes. 2010: Madeleine et le facteur (court). 2011: La Guerre est déclarée. 2012: Main dans la main


Un hymne à la vie, à l'amour, à l'espoir
Deux ans après sa comédie romantique, la Reine des Pommes, l'actrice et réalisatrice Valérie Donzelli s'empare d'un sujet grave avec son deuxième long-métrage en abordant la pathologie infantile.  Si bien que les parents du film interprétés par celle-ci et Jérémie Elkaïm ont la particularité d'avoir réellement vécu cette situation avec leur propre enfant âgé de 18 mois. Durant une soirée festive, Juliette tombe follement amoureux de Romeo. Rapidement, le couple en émoi décide d'entreprendre la naissance d'un enfant. Durant les premiers mois, les parents remarquent auprès d'Adam un comportement équivoque. Après diagnostic médical, celui-ci est atteint d'une tumeur du cerveau. Un long combat pour la vie est entamé par Romeo et Juliette pour la sauvegarde de leur chérubin.  Double succès public et critique à sa sortie, primé de diverses récompenses dans l'hexagone et nominé aux Césars et Oscars 2012, La Guerre est déclarée est une oeuvre miraculeuse touchée par la grâce. Le genre de petit film modeste dénué d'illustres acteurs et porteur d'un thème délicat à deux doigts de faire sombrer le navire dans le mélo à la fois lacrymal et pompeux. Valérie Donzelli, actrice, scénariste et réalisatrice, nous dépeignant sous le feu des projecteurs son parcours fougueux du combattant communément entrepris avec son amant pour se mesurer au malheur.


Ainsi, atteint d'une grave tumeur encéphale, le petit Adam est contraint avec le soutien de ses géniteurs d'entamer divers examens médicaux, chimiothérapie puis opération de la dernière chance pour tenter d'annihiler la maladie. Avec une vitalité cuisante et une poésie naturaliste, la réalisatrice nous entraîne sans complaisance au coeur même de la douleur, en interne de ce combat inespéré fustigeant deux amants préalablement épanouis mais aujourd'hui engagés à inhiber la maladie de leur descendance. Quand bien même les grands-parents et l'entourage amical s'embourbent dans un ton alarmiste, faute d'une contrariété difficilement gérable lorsqu'il s'agit de redouter l'interminable diagnostic d'une innocence sacrifiée par la maladie. A travers une mise en scène créative et flamboyante transcendant la fragilité de l'existence et le prestige du temps présent, la Guerre est déclarée est un chant d'amour dédié à la verve des sentiments. Un tourbillon vertigineux auprès des moments troubles de notre scepticisme frappé par un malheur injustifié. De cette vitalité florissante, l'aventure de romeo et juliette nous ait traité à travers un florilège d'émotions écorchées vives émaillées d'envolées lyriques et musicales. Et donc, ce qui ressort de cette aventure aussi bien singulière que cruciale, c'est la manière optimiste dont est illustrée le cheminement tortueux des héros souhaitant par leur complicité amoureuse se battre jusqu'à la fin du marathon pour pouvoir vaincre la mort. La caractérisation psychologique de ces derniers force inévitablement admiration, dignité et empathie dans leur bataille hargneuse à daigner coûte que coûte transcender la dichotomie du défaitisme et de l'optimisme.


La musique de mon coeur.
Hymne à la vie contre l'insolence (si perfide) de la maladie incurable illustrée ici à l'instar d'un feu d'artifice auprès des sentiments galvanisants, La Guerre est déclarée s'édifie en spectacle fulminant à travers son optimisme radical. La fraîcheur naturelle et la spontanéité des jeunes interprètes frappés de plein fouet par l'infortune exacerbant sa gravité narrative au gré de leurs expressions contradictoires aussi bouleversantes et déchirantes que capiteuses et exaltantes. Il ressort donc de cette oeuvre radieuse le sentiment suprême de nous convaincre que notre existence demeure une divinité qu'il faut savoir savourer au creux même de nos parcours les plus ardus ou nébuleux. Oeuvre  dure mais lumineuse auprès de son acuité humaine fébrile, La Guerre est Déclarée est un message d'espoir universel auquel l'allégresse s'avère le carburant pour vaincre la détresse morale. 

Dédicace à ceux qui ont perdu l'espoir.

* Bruno

RécompensesGrand Prix au Festival de Cabourg.
Prix du JuryPrix du Public et Prix des Blogueurs au Festival Paris Cinéma.
Nominé aux Césars et Oscars 2011.

Box-Office507 615 entrées en trois semaines d'exploitation.

28.11.11



samedi 26 novembre 2011

DERRIERE LES MURS


Tout ça pour ça !

Epoque vétuste de l'entre-deux-guerres soigneusement retranscrite sous une superbe photographie aux teintes voluptueuses, comédiens sobres dont une Laetitia Casta surprenant de naturel blême, suspense diffus, mystère entretenu avec parcimonie pour au bout du compte se retrouver face à une intrigue futile. Bourré de bonnes intentions dans sa tentative de renouver avec l'habile suggestion afin de susciter l'angoisse et l'incertitude, Derrière les Murs est un joli raté finalement rébarbatif, longuet et sans intérêt. Quand au niveau de l'angoisse présagée, elle se révèle franchement inexistante.
C'est fort dommage car les motivations ombrageuses de notre protagoniste ne manquait pas d'attrait dans ses états d'âme torturés. Juste avant une rémission cathartique engagée dans une chute risible conçue sur un simulacre de vacuité.

Néanmoins, pour les plus patients d'entre vous, le film peut se suivre avec un intérêt constant malgré son début laborieux et un rythme lent parfois décourageant. Mais attention à la révélation finale qui en calmera plus d'un !

Encore un essai franchouillard entretenu sur du vide.



jeudi 24 novembre 2011

Outsiders

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Outsiders" de Francis Ford Coppola. 1983. U.S.A. 1h54 (Director's Cut). Avec C. Thomas Howell, Matt Dillon, Ralph Macchio, Patrick Swayze, Rob Lowe, Emilio Estevez, Tom Cruise, Glenn Withrow, Diane Lane, Leif Garret, Darren Dalton.

Sortie en salles en France le 7 Septembre 1983. U.S: 29 Mars 1983

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Francis Ford Coppola est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 7 Avril 1939. 1963: Dementia 13. 1966: Big Boy. 1968: La Vallée du Bonheur. 1969: Les Gens de la pluie. 1972: Le Parrain. 1974: Conversation Secrète. Le parrain 2. 1979: Apocalypse Now. 1982: Coup de coeur. 1983: Outsiders. Rusty James. 1984: Cotton Club. 1986: Peggy Sue s'est mariée. 1987: Jardins de Pierre. 1988: Tucker. 1989: New-York Stories. 1990: Le Parrain 3. 1992: Dracula. 1996: Jack. 1997: L'Idéaliste. 2007: l'Homme sans âge. 2009: Tetro. 2011: Twixt.


La même année que Rusty James, Francis Ford Coppola continue de rendre hommage à toute une génération des années 50 d'après un second roman de Susan Hilton. Portrait chétif d'une jeunesse en perdition, Outsiders nous dévoile en prime le talent de jeunes interprètes devenus depuis des stars notoires (Tom Cruise, Ralph Macchio, Rob Lowe, Patrick Swayze, Emilio Estevez, Diane Lane ou encore Matt Dillon). Le PitchA la fin des années 50, Ponnyboy et Johnny sont deux jeunes marginaux issus de la bande des Greasers. A la suite d'une bagarre avec la bande rivale des Soc, Johnny blesse mortellement l'un d'eux. Contraints de fuir la police, ils se réfugient dans une église abandonnée avec la complicité de leur leader Dallas. Mais un gigantesque incendie mettant en péril de jeunes enfants va bouleverser leur destin à travers leur instinct d'héroïsme. 
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Francis Ford Coppola nous livre ici sa "fureur de Vivre" à travers le portrait fébrile de deux jeunes délinquants livrés à eux mêmes, faute de parents décédés ou démissionnés de leur fonction pédagogique. Parmi l'image paternelle du leader inflexible représenté par Dallas, Ponnyboy et Johnny n'ont que l'appui de cet acolyte afin de pouvoir survivre dans un univers régi par la violence du phénomène des bandes rivales. Car issus des quartiers défavorisés, les Greasers sont amenés à défier la bande des Socs, de jeunes bourgeois orgueilleux aussi arrogants mais desservis par leur tempérament altier. Après le meurtre tragique d'un des membres des Soc, Johnny et  Ponyboy vont devoir quitter leur commune pour se confiner vers une contrée bucolique en interne d'une église désaffectée. Spoil ! Recherchés par la police, ils vont réussir malgré tout à bluffer la population en portant secours à de jeunes enfants emprisonnés dans un gigantesque incendie. Pour autant, à cause de son courage exemplaire de leur avoir sauvé la vie, Johnny sera sévèrement brûlé au 3è degré pour se retrouver en soin intensif à la suite de graves blessures. Quand bien même Ponnyboy et Dallas, plus motivés que jamais dans la rancune, se préparent à la prochaine rixe engagée avec ceux des Soc. Fin du Spoil.


De par sa poésie lyrique transcendant le crépuscule d'une nature flamboyante, le réalisateur témoigne d'une profonde tendresse pour ces deux protagonistes fustigés, totalement démotivés de leur condition de délinquant notoire. Des gamins au bord du marasme car en perte de repères, songeant à une vie plus paisible et harmonieuse où la gangrène de la violence en serait exclue de leur quotidien éculé. Mais au sein de cette époque à la fois virile, machiste et rebelle où la loi du plus fort s'avère sans cesse embrasée par les rivalités sociales musclées, difficile de trouver un semblant de rémission pour pouvoir retrouver un équilibre social. Ces gamins épris de romance chimérique à travers les écrits de Autant en emporte le vent sont endossés par C. Thomas Howell et surtout Ralph Macchio. Deux acteurs néophytes nantis de fragilité humaine eu égard de leur sensibilité candide alternant aigreur et désespoir et espoir de rédemption. Quand bien même le novice Matt Dillon en impose à l'écran dans celui du leader dur à cuire au charisme distingué. Ancien taulard avide de reconnaissance mais finalement tout aussi vulnérable que ses comparses puisque désorienté d'une mort inéquitable qu'il ne parvient pas à canaliser dans sa condition rebelle.


Hormis un final un peu trop vite expédié à mon sens, Outsiders décrit avec sensibilité le portrait d'une jeunesse esseulée éclipsant leur innocence par un machisme séditieux. Si le film pâti parfois d'un manque d'émotion lors de certaines relations intimes, il reste un témoignage poignant d'une génération en effervescence, en quête perpétuelle d'un héros paternel. 

Box Office France: 1 476 505 entrées

*Bruno
14.04.20
24.11.11


COWBOYS ET ENVAHISSEURS



Quelle déception ! Et c'est bien dommage, partant d'un concept aussi génial (affilier le western classique et la science-fiction belliqueuse). La faute à un scénario fourre-tout, inintéressant auquel évolue une pleïade de personnages creux engagés dans des scènes d'action mollassones dénuées d'intensité épique. Ca démarrait plutôt bien et réunir sur un plateau Daniel Craig et Harrison Ford avait de quoi rassurer le spectateur. Mais le soufflet retombe rapidement !
Bref, on s'ennuie pas mal devant ce blockbuster faisant office de pétard mouillé.
Stoppé au bout d'1h40 (sur 2H15 pour l'extented version)


Par contre, l'actrice aux yeux verts (Olivier Wilde en m'étant renseigné), bon dieu, quelle canon !



mardi 22 novembre 2011

BLACKTHORN


de Mateo Gil. 2011. Espagne/France/Bolivie/U.S.A. 1h45. Avec Sam Shepard, Luis Bredow, Nikolaj Coster-Waldau, Padraic Delaney, Fernando Gamarra, Maria Luque, Dominique McElligott.

Sortie en salles en France le 31 Août 2011. U.S: 7 octobre 2011

FILMOGRAPHIE: Mateo Gil est un réalisateur et scénariste espagnol né le 23 septembre 1972 à Las Palmas de Gran Canaria.
1994: Antes del beso (court). Sone que te mataba (court). 1996: Como se hizo 'tesis' (doc). 1998: Allanamiento de morada (court). 1999: Jeu de rôles. 2006: Scary Stories (épisode Spectre). 2008: Dime que yo (court). 2011: Blackthorn.


Pour son second long-métrage, le réalisateur espagnol s'engage dans la voie du western vintage, à situer quelque part entre le cinéma flamboyant de John Ford pour son lyrisme des grands espaces et celui de Sam Peckinpah pour mettre en valeur le mythe du cow-boy vieillissant dépassé par une époque en mutation.
Pour rappeler l'achèvement d'un duo marginal entré dans la légende, le leader Butch Cassidy aurait été tué en 1908 selon certains historiens, alors que d'autres évoquent qu'il serait mort de vieillesse vers 1945 aux Etats-Unis.

Considéré comme mort, le célèbre Butch Cassidy vit des jours paisibles dans une ferme en Bolivie, en compagnie d'une jeune indienne. Prénommé James Blackthorn, il décide de quitter ce pays étranger pour rejoindre sa terre natale et tenter de retrouver un fils qu'il n'a jamais vu. Sur sa route, il rencontre un jeune ingénieur pourchassé par une horde d'espagnols auquel il vient de leur soutirer une forte somme d'argent. Les deux hommes décident de faire équipe pour tenter d'échapper à leurs oppresseurs. 
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En remaniant la conclusion tragique invoquée dans la version de George Roy Hill, Mateo Gil suggère en l'occurrence que Butch Cassidy a réussi à prendre la fuite contre les autorités après avoir mis fin à la vie de son acolyte, le Kid, mortellement blessé par balle. Alors que son amie Etta Place a décidé de le quitter d'un commun accord pour protéger la vie de leur futur bambin, Butch Cassidy décide de se retirer en Bolivie durant 20 ans. Mais son âge vieillissant rattrapé par la nostalgie d'un passé révolu, la quête de retrouver un fils qu'il n'a jamais connu et le désir intrinsèque de retrouver sa contrée natale vont le pousser à revenir vers ses propres racines. Durant son trajet amorcé, les démons du passé vont toutefois le forcer à entamer une dernière chevauchée quand il décide de s'affilier avec un jeune ingénieur. Ce fuyard sournois est en faite pourchassé par des boliviens après leur avoir dérobé l'argent d'une mine pour laquelle il travaillait.


Mateo Gil évoque à travers l'incroyable destin d'un hors la loi notoire, la fin de vie de ce fantôme esseulé, réfugié au fin fond d'une ferme de Bolivie. Dans ses vastes étendues arides et désertées de présence humaine, Butch Cassidy s'interroge sur son passé meurtrier et sa vie de fuyard arrogant.
Après avoir appris la mort de son ancienne compagne atteinte de tuberculose, il décide de partir à la recherche d'un fils qu'il n'a jamais eu l'aubaine de rencontrer. Humanisé par la maturité d'un âge avancé et teinté de remord sur un passé épique confronté à la tragédie, le cow-boy autrefois téméraire et aujourd'hui devenu un quidam fatigué. Un homme solitaire profondément ennuyé d'une existence terne et désanchantée, malgré la compagnie futile d'une jeune indienne compatissante. Sa dernière chevauchée avec un bandit maladroit va finalement le convaincre que la vie qu'il avait mené préalablement ne peut plus renouer avec les prises de risques intrépides et bondissantes perpétrées contre l'ordre et la loi. Après avoir subi cette dernière chevauchée sanglante et déloyale, blackthorn se débarrasse une ultime fois de ses influences meurtrières pour partir vers une contrée paisible mais indécise.

Dans un rôle magnifique d'anti-héros dépassé par une époque fluctuante, Sam Shepard illumine de sa frêle présence un personnage aigri, davantage fragilisé par son humanisme empathique. Sa mélancolie sous-jacente émanant d'un amour éperdu mais renoué avec la grâce présagée d'un enfant va l'entraîner vers une forme de repentance lénifiante.


Dans de superbes décors naturels clairsemés (la poursuite du désert de sel est d'une splendeur immaculée !) et la clarté d'une photographie limpide, Blackthorn est un splendide western intimiste  scrutant sensiblement le profil d'un bandit rongé par la culpabilité. Le talent singulier de Sam Shepard et l'ambiance élégiaque ancrée dans un style documentaire nous confinent vers un western crépusculaire d'une époque obsolète et aux horizons incertaines. 
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Bruno 
22.11.11 

lundi 21 novembre 2011

l'Emprise. Antenne d'Or, Avoriaz 1983.


"The Entity" de Sidney J. Furie. 1981. U.S.A. 2h05. Avec Barbara Hershey, Ron Silver, David Labiosa, George Coe, Margaret Blye, Jacqueline Brookes, Richard Brestoff, Michael Alldredge, Raymond Singer, Allan Rich.

Sortie en salles en France le 23 Février 1983. U.S: 4 Février 1983

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sidney J. Furie est un réalisateur, scénariste et producteur canadien, né le 28 Février 1933 à Toronto, en Ontario (Canada). 1959: A Dangerous Age. 1961: Le Cadavre qui tue. The Snake Woman. 1964: La Poupée Sanglante. 1965: Icpress, danger immédiat. 1966: L'Homme de la Sierra. 1970: L'Ultime Randonnée. 1978: Les Boys de la compagnie C. 1981: l'Emprise. 1986: Aigle de Fer. 1987: Superman 4. 1988: Aigle de Fer 2.  1991: La Prise de Beverly Hills. 1995: Aigle de Fer 4. 1997: Les Rapaces. 1997: Les Enragés. 2000: Jeu Mortel. Nuit Infernale. 2003: Détention. 2004: Direct Action. 2005: American Soldiers. 2006: The Veteran (télé-film).


Ce film est l'histoire romancée d'un incident réel qui a eu lieu à Los Angeles, en Californie, en Octobre 1976. Pour les chercheurs, c'est l'un des cas les plus extraordinaires de l'histoire de la parapsychologie. 
La vraie Carla Moran vit aujourd'hui au Texas avec ses enfants. 
Les attaques, moins fréquentes et moins intenses... continuent.

D'après un roman éponyme de Frank De Felitta (Audrey Rose), Sidney J. Furie nous élabore en 1981 un troublant cas de hantise inspiré d'un fait-divers. Récompensé à Avoriaz de l'Antenne d'or, l'Emprise peut se targuer de figurer auprès des meilleurs films de hantise. Si bien qu'il doit beaucoup de son attrait effrayant grâce à la mise en scène avisée de Furie optant pour un réalisme sans fard et à la prestance criante de vérité de Barbara Hershey justement couronnée du prix d'interprétation féminine au festival susmentionné.  Le pitchUne nuit, une mère de famille se fait sexuellement agresser par une présence invisible dans sa chambre. Après cet incident imbitable, une seconde agression toute aussi violente auprès des sévices sexuels se produit le lendemain. Quelques jours plus tard, en se rendant à son travail, elle perd le contrôle de son véhicule sans pouvoir le maîtriser.  Démunie et terrifiée à l'idée de retourner chez elle, elle consulte un éminent psychiatre pour tenter de comprendre les aboutissants de ses multiples agressions. Avec un argument aussi ridicule et grotesque, l'Emprise aurait pu facilement sombrer dans la gaudriole zédifiante si un réalisateur estimable ainsi qu'une actrice sobrement expressive ne s'étaient réunis pour tenter de nous convaincre de la cause inexpliquée d'un phénomène surnaturel. Et si 30 ans plus tard l'Emprise s'avère toujours aussi terrifiant, inquiétant et oppressant, c'est dans sa sobre conviction à nous illustrer sans esbroufe le destin improbable d'une mère de famille harcelée par une entité lubrique.


La première partie, habilement entrecoupée de scènes-chocs jamais racoleuses, nous décrit donc avec intensité psychologique le calvaire de Carla, victime de viols réguliers commis dans sa demeure familiale. Le sentiment d'angoisse sous-jacent émanant de l'anxiété de Carla, car redoutant une nouvelle attaque cinglante, étant parfaitement insufflé à l'esprit du spectateur, communément témoin de l'intrusion du surnaturel dans son quotidien. Quand au caractère incisif des séquences d'agression perpétrées contre la victime, elles se révèlent rigoureuses de réalisme plutôt malsain. L'efficacité des effets-spéciaux est d'autant mieux exploitée à bon escient, à contrario d'une surenchère grand-guignolesque pour essayer d'authentifier les exactions d'un ectoplasme. Ainsi, cette menace insidieuse s'avère d'autant plus frénétique qu'en l'occurrence le surnaturel se permet d'agresser physiquement la même victime réduite à l'objet sexuel ! De par sa nature vériste, Sidney J. Furie privilégie ensuite la psychologie de son héroïne lors de séances de psychothérapie amorcées avec le psychiatre Sneiderman (Ron Silver, épatant de sobriété à travers son esprit à la fois circonspect et cartésien). La psyché rationnelle du corps psychiatrique tentera évidemment de convaincre Carla que ses agressions sexuelles ne sont que le fruit d'un refoulement. Car en remuant dans son passé auprès d'un père incestueux et d'un échec sentimental avec un amant juvénile, Sneiderman tentera vainement ramener à la raison la névrose de Carla. Ainsi, ces moments intimistes inscrits dans un cadre thérapeutique  accentueront la poignante détresse de cette patiente fragile, d'autant plus démunie de ne pouvoir convaincre son entourage.

                                      

Spoiler ! La seconde partie alimentera ensuite son potentiel surnaturel en se focalisant sur les points de vue de parapsychologues. Si bien qu'une équipe de scientifiques spécialisés dans l'occultisme vont apporter leur soutien afin d'épauler Carla. Afin de prouver que cette abstraction n'est pas une projection psychique de sa part, une expérience jamais pratiquée dans le domaine ésotérique nous conduira dans un vaste hangar afin de reconstituer grandeur nature la demeure de Carla. Leur but étant de daigner emprisonner l'entité grâce à de l'Hélium liquide pour tenter de la geler si cette chose possédait une masse solide. L'armada technologique imputé de manière disproportionnée dans sa tentative inusité d'appréhender l'entité paranormale impressionne autant qu'elle nous questionne sur leur stratégie à la limite du grotesque. Pour autant, Sidney J. Furie réfute à nous convaincre que le surnaturel existe bel et bien, si bien qu'il laisse libre choix au spectateur de distiller le doute et l'interrogation face aux vicissitudes d'une femme apparemment saine d'esprit. De son côté, le psychiatre Sneiderman épris de compassion pour elle tentera d'endiguer cette folle entreprise paranormale pour la protéger d'un éventuel incident mortel. Fin du SpoilerOn peut enfin insister sur le jeu fébrile de Barbara Herschey particulièrement poignante et émouvante dans un rôle épineux de victime martyrisée par un bourreau sans visage. Celle-ci oscillant l'humanité chétive avec une force de caractère dans sa quête rédemptrice d'y balayer son imbitable cauchemar.


Proprement effrayant lors de ces attaques cinglantes d'une cause surnaturelle, l'Emprise demeure un parangon d'effroi transcendé de la densité psychologique de ces protagonistes et d'une ambiance anxiogène aussi bien fascinante qu'inquiétante. Par le biais de l'option "fait-divers" mis en exergue au terme du métrage (hormis sa brève conclusion paradoxalement grotesque et maladroite), ce grand moment de trouille parvient également à nous questionner sur la spiritualité d'une entité immatérielle. Passionnant et hypnotique, notamment sous l'impulsion d'une bande son tonitruante, ce modèle d'appréhension peut sans rougir trôner auprès de ses homologues notoires, La Maison du Diable, Trauma, La Maison des Damnés, l'Enfant du Diable et les Innocents.

*Bruno
Dédicace à Aurore Drossart
21.11.11.   5èx

Récompense: Antenne d'or au festival d'Avoriaz en 1983 et Prix d'interprétation Féminine à Barbara Hershey..