lundi 1 octobre 2012

HARD CANDY

Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr

de David Slade. 2006. U.S.A. 1h43. Avec Ellen Page, Patrick Wilson, Sandra Oh, Jennifer Olmes, Gilbert John.

Sortie salles France: 27 Septembre 2006. U.S: 14 Avril 2006

FILMOGRAPHIE: David Slade est un réalisateur britannique, né le 26 Septembre 1969 au Royaume Uni.
2005: Hard Candy
2007: 30 Jours de Nuit
2010: Twilight - Chapitre 3: Hésitation
2011: R.E.M (TV)
2012: The Last Voyager of Demeter. Daredevil reboot


Pour sa première réalisation, le british David Slade nous confronte à un huis-clos suffocant et tendu pour une variation contemporaine du Petit Chaperon Rouge. Hard Candy nous illustrant de manière éprouvante la confrontation psychologique entre un potentiel pédophile et une gamine vindicative de 14 ans, délibéré à punir un meurtrier d'enfant. Au sein de sa demeure familiale, Jeff Kohlver, photographe notoire, est kidnappé par une adolescente préalablement rencontrée sur le net. Du haut de ses quatorze ans, Hayley Stark va tenter par tous les moyens de faire avouer à ce potentiel tortionnaire le meurtre de la petite Donna Mauer. S'ensuit une sempiternelle confrontation entre les deux sujets, où victime et bourreau vont fusionner pour nous interpeller sur leur véritable motivation.


Atmosphère lourde et feutrée en interne d'un pavillon classieux auquel deux individus vont devoir s'affronter dans une lutte à mort, Hard Candy n'est pas le genre de divertissement docile conçu pour épater le spectateur afin d'alterner rebondissements et suspense oppressant. En effet, même si la notion de suspense est probante, ce thriller psychologique particulièrement malsain et dérangeant privilégie surtout l'ambiguïté, l'interrogation afin de laisser planer le doute au spectateur sur la véritable identité des protagonistes. L'idée judicieuse invoquée dans le film est d'avoir daigné inverser les rôles impartis puisque la victime traditionnelle se révèle en l'occurrence une tortionnaire à la vergogne  douteuse alors que le monstre a cette fois-ci endossé la place du souffre-douleur. La force brutale de Hard Candy, outre son caractère psychologique trouble et déstabilisant renforcé par une réalisation rigoureuse, puise dans le réalisme cru d'un calvaire interminable où la castration tient une place de choix ! Un jeu perfide et masochiste où une ado de 14 ans a décidé d'humilier et punir un éventuel assassin d'enfant. A bout de course, le point d'orgue révélateur ira jusqu'au bout de son ambition vindicative pour démasquer enfin le véritable profil imparti aux protagonistes. Un épilogue glaçant par sa moralité subversive puisque les exactions illicites allouées à une mineur intransigeante (véritable ange de la vengeance des martyrs infantiles !) provoquent le désarroi face à tant de barbarie imposée.
Dans le rôle ambivalent d'une justicière expéditive, la comédienne juvénile Ellen Page se révèle très impressionnante en tyran inflexible alors que son habileté psychologique nous désarçonne pour un si jeune âge. Son jeu outrancier et sadique face aux tortures infligées à son otage impose néanmoins auprès du spectateur une interrogation sur sa potentielle pathologie mentale. Pour la victime molestée, Patrick Wilson inspire de prime abord une impression vertueuse par sa bonhomie, sa prestance élégante et son intelligence érudite. Il insuffle ensuite une empathie inévitable face à son calvaire imposé mais ne cesse de nous questionner sur sa conviction persuasive à supplier son innocence.


Aux confins du marasme par sa claustration imposée et l'intensité qui émane des enjeux, Hard Candy est un thriller psychologique d'une verdeur et d'un réalisme jusqu'au-boutiste pour en sortir indemne. Violent et perturbant mais aucunement complaisant, sa densité psychologique rehaussée par le jeu épidermique des comédiens ne cesse de nous interpeller car la notion de Bien et de Mal est ici à reconsidérer. En résulte une oeuvre choc monolithique qui déroge les lois de la bienséance avec dextérité et refus d'esbroufe. A réserver néanmoins à un public averti et responsable pour son caractère malsain (d'où l'interdiction imposée au moins de 16 ans).

01.10.12. 2èX
Bruno Matéï


 

vendredi 28 septembre 2012

ROBOCOP

Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinecri.artblog.fr

de Paul Verhoeven. 1987. U.S.A. 1h43. Avec Peter Weller, Nancy Allen, Miguel Ferrer, Ray Wise, Paul McCrane, Kurtwood Smith, Dan O'Herlihy, Michael Gregory, Ronny Cox, Lee de Broux.

Sortie salles France: 20 Janvier 1988. U.S: 17 Juillet 1987

FILMOGRAPHIEPaul Verhoeven est un réalisateur néerlandais, né le 18 Juillet 1938 à Amsterdam.
1971: Business is business. 1973: Turkish Delices. 1975: Keetje Tippel. 1977: Le Choix du Destin. 1980: Spetters. 1983: Le Quatrième Homme. 1985: La Chair et le Sang. 1987: Robocop. 1990: Total Recall. 1992: Basic Instinct. 1995: Showgirls. 1997: Starship Troopers. 2000: l'Homme sans Ombre. 2006: Black Book.


Deux ans après son chef-d'oeuvre médiéval, La Chair et le Sang, Paul Verhoeven change de registre avec Robocop pour s'ériger vers l'actionner destroy sous couvert d'anticipation alarmiste. Gros succès public et critique à sa sortie, ce monument d'ultra violence et de satire politique reste en l'occurrence incroyablement jouissif, spectaculaire et d'un cynisme ébouriffant ! A travers la vengeance d'un flic préalablement massacré par une milice extrémiste et destitué de son identité par sa propre hiérarchie pour se substituer en machine à tuer, Paul Verhoeven s'autorise tous les excès afin de décrire un monde futuriste régi par une criminalité en effervescence. Cette société déclinante est ici représentée par l'OCP, un conglomérat militaro-industriel et commercial ayant une certaine influence pour gérer la police de détroit. Dehors, c'est l'anarchie la plus complète ! La délinquance et la criminalité ont envahi les quartiers et les flics souvent pris pour cible envisagent de faire grève. C'est au cours d'une mission de routine qu'Alex Murphy et sa collègue Anne Lewis vont se retrouver pris à parti avec les terroristes du leader Clarence Boddicker dans un entrepôt industriel. Murphy est lâchement exécuté, pour ne pas dire massacré sous les balles des tireurs alors qu'Anne survit de ses blessures. Après le rapatriement du corps, un des membres de l'OCP se charge de transplanter le corps du policier en cyborg mi-homme, mi-machine. Mais de manière confuse, la mémoire de Murphy va peu à peu se réveiller pour lui rappeler l'être humain qu'il était au préalable.


Sous couvert de divertissement ultra efficient et furieusement barbare, Robocop caricature une charge contre les médias ainsi que les travers d'une multinationale corrompue par le vice et la cupidité. Alors que dehors, les criminels et prolétaires incultes (car abreuvés de séries TV, pubs débilitantes et pages d'infos éhontées) évoluent dans la déshumanisation d'un univers factice. Comme ce financier licencié qui aura décidé de braquer sa succursale en exigeant le dernier modèle d'une voiture flambant neuf. En pourfendeur sarcastique, Verhoeven décrit notamment une société de consommation démagogique, tributaire de sa technologie moderne, de son armement sophistiqué, tentant par tous les moyens de se transcender avec dommage collatéral. Dans cet avenir pessimiste où l'éthique n'a plus aucune morale, nos capitalistes tentent de s'accaparer du pouvoir par esprit de mégalomanie. C'est donc sans vergogne qu'ils décident de profaner l'identité d'un cadavre de flic pour mieux contrecarrer la criminalité. D'une façon nouvelle, Paul Verhoeven traite aussi du mythe de Frankenstein ou plus précisément de Metropolis avec sa créature asservie par son maître chanteur. De l'être humain ici réduit à l'état de machine à tuer dans une société dépravée où sexe, drogue et alcool sont devenus les seuls hobby. Avec une certaine émotion empathique, la dernière partie nous dévoile justement l'aspect humaniste de cet homme déchu en quête identitaire, à la recherche de son passé, mais finalement engagé dans la justice expéditive pour se venger de ses tortionnaires.


Novateur pour son inventivité technique et d'une ultra violence ébouriffante, Robocop est un sommet de nihilisme où l'homme objet est aujourd'hui destiné à devenir un modèle technologique belliqueux sous la mainmise de sa démocratie. Bourré d'humour sardonique et baignant dans un cynisme au vitriol, ses thèmes de l'insécurité criminelle et d'une hiérarchie policière impuissante préfigurent l'état régressif de notre société actuelle.

La critique de Robocop 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/02/robocop-2.html

28.09.12. 5èx
B-M

mercredi 26 septembre 2012

Breakfast Club

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdclassik.com

"The Breakfast Club" de John Hughes. 1985. U.S.A. 1h37. Avec Judd Nelson, Perry Crawford, Anthony Michael Hall, Emilio Estevez, John Kapelos, Paul Gleason, Molly Ringwald, Ally Sheedy, Ron Dean, Tim Gamble.

Sortie salles France: 11 Septembre 1985. U.S: 15 Février 1985

FILMOGRAPHIE: John Hughes est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 18 Février 1950 à Lansing (Michigan, Etats-Unis), mort le 6 Août 2009 d'une crise cardiaque à New-York. 1984: Seize bougies pour Sam. 1985: The Breakfast Club. 1985: Une Créature de rêve. 1986: La Folle Journée de Ferris Bueller. 1987: Un Ticket pour deux. 1988: La Vie en plus. 1989: Uncle Buck. 1991: Le P'tite Arnaqueuse.

"...Ces enfants sur lesquels tu craches alors qu'ils essaient de refaire le monde n'ont que faire de tes conseils. Ils savent très bien ce qu'ils font..." David Bowie


Don't you
Film culte de toute une génération, chef-d'oeuvre du Teen movie à son avènement, Breakfast Club traverse sans réserve les décennies de par son thème existentiel sur le malaise d'une jeunesse en quête de repères. Car à travers la journée de retenue de cinq adolescents rebelles mais au caractère bien distinct, John Hughes nous décrit de prime abord leur relation conflictuelle pour culminer vers une thérapie de groupe. Ainsi, sous la surveillance d'un prof castrateur; trois lycéens: un intello, un sportif et un délinquant se partagent une journée de "colle" parmi la présence d'une introvertie excentrique et d'une allumeuse notoire. Au fil de leur raillerie, brimades et provocations, les 5 étudiants vont peu à peu apprendre à se connaître, extérioriser leurs blessures les plus préjudiciables et ainsi changer à jamais leur destin.


Quand tu deviens adulte, ton coeur meurt
De par l'attachante complicité de cinq comédiens juvéniles se livrant à nu face caméra, la dimension humaine qui émane de chacun d'eux émeut, bouleverse, ébranle le spectateur. L'identification émanant naturellement de notre propre vécu. Jalonné de dialogues ciselés et de blagues potaches impayables, le cheminement narratif de Freakfast Club illustre surtout le malaise universel de cette époque pubère sur le fil du rasoir. Les relations parentales conflictuelles, l'influence insolente des camarades de classe et le comportement orgueilleux des adultes plongeant nos adolescents dans l'interpellation. Et pour occulter ce mal-être intrinsèque flirtant avec le désarroi, quoi de plus profitable que de feindre sa véritable identité pour se forger une carapace afin de mieux se mesurer à la suprématie des autres (les parents inculquant à leurs enfants la doctrine élitiste du dépassement de soi !). Mais  lorsque cinq adolescents épris de liberté se retrouvent cloîtrés dans une salle de lycée afin de rédiger une dissertation sur leur identité; les prises de becs dérisoires, les préjugés et leurs prises de conscience solidaires auront décidé de lever le voile sur leur véritable profil. A la question inhérente soulevée dans le film : Qui pensez vous être ? Je vous laisse la réponse de l'"intello" du club ! Cher Mr Vernon, nous avons entièrement mérités d'être collés tout un samedi. Mais à quoi bon écrire une dissert sur la façon dont nous nous voyons ? Vous nous avez déjà catalogués selon les termes et les définitions qui vous arrangent le plus. Le fait est que nous avons tous en nous un intello, un athlète, une folle, une princesse et un criminel. Cela répond-il à votre question ? Bien à vous, le club des lève-tôt.


Une seule rencontre suffit pour changer la vie
Scandé d'une sensibilité prude émouvante, Breakfast Club transcende le portrait fragile de cinq adolescents inhibés d'une société arriviste. L'incommunicabilité, la démission parentale et cette morale élitiste repliant un peu plus ceux-ci dans le confinement. Car ce qui nous bouleverse ici émane du sentiment inéquitable d'une jeunesse déboussolée livrée à sa propre conscience lors d'une période immature de puberté. Avec modestie, John Hughes livre donc l'un des plus lucides constats sur la névrose adolescente. Transcender la peur de l'autre par l'amitié et la cohésion fraternelle afin de pouvoir s'émanciper. Car sous pivot psychanalytique de cinq gamins avides d'amour et de considération émane un portrait intimiste d'une bouleversante tendresse à travers leur initiation à la sagesse, à la connaissance et à l'estime de soi dans leur complexité identitaire. 
26.09.124èx
B.M


mardi 25 septembre 2012

Le Ciel peut attendre (Heaven Can Wait). Golden Globe du Meilleur Film, 1978.

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site hollywood70.com

de Warren Beatty. 1978. U.S.A. 1h41. Avec Warren Beatty, James Mason, Julie Christie, Jack Warden, Charles Grodin, Dyan Cannon, Buck Henry, Vincent Gardenia, Joseph Maher, Hamilton Camp.

Sortie salles France: 13 Décembre 1978. U.S.A: 28 Juin 1978

FILMOGRAPHIE: Warren Beatty (Henry Warren Beatty) est un acteur, scénariste, producteur et réalisateur américain, né le 30 Mars 1937 à Richmond, Virginie. 1978: Le Ciel peut attendre. 1981: Reds. 1990: Dick Tracy. 1998: Bullworth. 


Remake du Défunt Récalcitrant réalisé en 1941 et adapté d'une pièce de Harry Segall, le Ciel peut attendre est la première réalisation de l'acteur bellâtre Warren Beatty. Une comédie surprenante de par son ton sarcastique et l'aisance à laquelle l'acteur/réalisateur s'y emploie pour nous esbaudir à l'aide d'un pitch désopilant. Ainsi, en dépit d'un montage un peu désordonné, l'histoire ludique du Ciel peut attendre traite de la vie après la mort lorsque Joe Pendleton, joueur de football américain, est contraint de rejoindre par erreur le paradis à la suite d'un accident de circulation. Avec l'approbation d'un guide spirituel, Joe peut rester sur terre quelques temps pour prendre l'apparence d'un milliardaire fraîchement décédé mais pas encore découvert, Mr Farnsworth. Incompétent dans la nouvelle peau d'un nanti pour diriger ses finances, Joe/Mr Farnsworth commence à troubler son entourage auprès de son comportement erratique. Mais sa passion immodérée pour le football et l'arrivée de la charmante Betty Logan vont notamment chambouler les anciennes habitudes du milliardaire. Ce canevas particulièrement cocasse est un prétexte à déployer une multitude de quiproquos et situations improbables souvent irrésistibles. En guise d'exemple farfelu, Mme Farnsworth, épouse orgueilleuse et infidèle, entreprend depuis longtemps une liaison avec Tony Abbott. Ensemble, ils complotent une série de tentatives de meurtres maquillés en accident pour se débarrasser du mari gênant. Mais par malchance, leurs exactions meurtrières se soldent lamentablement par une déroute !


Alors que Mme farsworth est au bord de la crise de nerf, son amant essaie de relativiser la défaite pour pouvoir élaborer une prochaine manigance. Autre exemple échevelé, Joe Pendleton (Mr Farnsworth donc !) dirige en l'occurrence sa hiérarchie d'une manière si puérile et antinomique que son discours est énoncé à l'instar d'une véritable partie de football face à son assemblée décontenancée ! Même topo pour les majordomes de sa nouvelle demeure familiale, écoutant par le trou de la serrure les bavardages récurrents de Joe adressés à une personne invisible (le guide spirituel est uniquement perceptible aux yeux du réincarné !). Ces situations rocambolesques donnent souvent lieux à des fou-rires incontrôlés, d'autant plus que la complicité fringante des comédiens s'en donnent à coeur joie ! Tant auprès de Dyan Cannon absolument irrésistible dans la peau d'une épouse irascible que de l'impayable Charles Grodin en amant flegme aussi sournois dans ses démarches machiavéliques. En prime d'autres seconds rôles aussi attractifs et attachants, Warren Beatty détonne à endosser le rôle désinhibé d'un défunt récalcitrant dont la verve et l'abattage font toujours illusion. Enfin, la charmante Julie Christie s'alloue d'un rôle romantique pour s'acheminer vers l'idylle après avoir découvert le nouveau visage du milliardaire subitement altruiste ! Pour ce faire, l'épilogue attendrissant ne manque pas de poésie en nous affectant sans mièvrerie pour ces nouvelles retrouvailles escomptées.


Hormis sa facture obsolète et sa mise en scène parfois elliptique, le Ciel peut attendre demeure une vraie comédie débridée plutôt espiègle si bien que la plupart des gags restent en l'occurrence bougrement hilarants. Sa ferveur décapante émanant des comédiens décomplexés renforçant la fantaisie expansive de cette comédie fantastique occasionnant notamment un regard fructueux sur le thème de la réincarnation, une réflexion existentielle sur notre identité (intimement liée à notre enveloppe corporelle) et notre instinct à sillonner la voie du bien ou du mal.  

Récompenses: Golden Globe du Meilleur Film, 1978
Oscar de la Meilleure Direction Artistique, 1978
Saturn Award du Meilleur Film Fantastique, 1979

Remerciement à l'Univers Fantastique de la Science-Fiction
25.09.12
Bruno Matéï


lundi 24 septembre 2012

Le Cimetière des Morts-Vivants (5 tombe per un medium)

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Horreur.net

de Massimo Pupillo. 1965. 1h26. Italie. Avec Walter Brandi, Mirella Maravidi, Barbara Steele, Alfredo Rizzo, Riccardo Garrone, Luciano Pigozzi, Tilde Till, Ennio Balbo, Steve Robinson, René Wolf.

FILMOGRAPHIEMassimo Pupillo est un réalisateur, scénariste et producteur italien, né le 7 Janvier 1929 à San Severo. 1961: Teddy, l'orsacchiotto vagabondo (doc). 1965: 5 Tombes pour un médium (le cimetière des morts-vivants). 1965: Vierges pour le bourreau. 1965: La Vendetta di Lady Morgan. 1968: Django le taciturne. 1970: Giovane Italia, Giovane Europa - Marternick (télé-film). 1970: L'Amore, questo Sconosciuto. 1980: Sajana, l'audace impresa


1965 est l'année où Massimo Pupillo a enchaîné successivement Vierges pour le Bourreau et l'oeuvre vintage qui nous intéresse aujourd'hui, le Cimetière des Morts-vivants. Relativement peu connu du public et occulté depuis pas mal de décennies, cette série B transalpine fleure bon le gothisme vétuste de par son décor de château hanté et son atmosphère mystérieuse entretenue en mode lattente. Ainsi, parmi son esthétisme du noir et blanc prononcé et l'icone magnétique Barbara Steele, le Cimetière des morts-vivants ressemble à s'y méprendre à un vieil ouvrage que l'on aime feuilleter auprès d'un récit interlope. Le pitchAprès avoir reçu une lettre de Jeronimus Hauff, Albert Kovac, adjoint d'un notaire, se rend dans son château pour une affaire de succession. Sur place, il rencontre la fille et la femme de ce riche propriétaire adepte d'expériences occultes. Or, Jeronimus Hauff est décédé de manière accidentelle il y a un an déjà ! L'atmosphère particulièrement tendue dans la demeure inquiète Albert Kovac, notamment lorsqu'il apprend que le lieu familial fut autrefois un lazaret afin d'accueillir les lépreux lors de la peste de 1400.


Mystère diffus et suspense sous-jacent demeurent les ingrédients majeurs de cette modeste production afin de mettre en valeur une horreur sobre (renforcée par sa photo monochrome). Et ce en dépit du point d'orgue haletant illustrant de manière explicite les états pestiférés des victimes de la peste (focale variable sur les plaies vitriolées !) par l'entremise de maquillages futiles mais crédibles. Par conséquent, cette intrigue criminelle conjuguée efficacement au fantastique occulte s'avère suffisamment adroite et structurée pour laisser planer doute et manigances auprès des principaux témoins. De par le caractère sournois des protagonistes suspicieux, la quête de vérité d'Albert Kovac se décline en une énigme délétère émaillée de morts terrifiantes et d'indices intrigants (l'eau s'atrophiant sans raison !), et ce sous l'emprise diabolique d'esprits frappeurs ! A titre d'originalité bienvenue, un élément naturel purificateur y jouera un rôle primordial afin de contrecarrer les forces du mal ! Parmi la présence mystique de l'obscur Jeronimo, certains spectateurs pourront peut-être établir la comparaison avec le personnage de Robert Miles (Patrick MaGee) vu dans le sympathique Chat Noir de Lucio Fulci pour ses pratiques occultes perpétrées dans un cimetière diaphane. On peut aussi évoquer le personnage de Ashley (Bruce Campbell) rendu célèbre dans Evil-Dead lorsque Albert découvre les travaux ésotériques de Jeronimo par le truchement d'un phonographe. On retrouve d'ailleurs un peu ce même sentiment d'insécurité et d'atmosphère macabre savamment distillée au sein d'un manoir où certaines armoires regorgent de cranes humains ainsi qu'une rangée de mains sectionnées. 


De par sa réalisation soignée, ses acteurs convaincants et un scénario plutôt captivant, le Cimetière des Morts-vivants demeure une bonne surprise suffisamment efficace pour entretenir l'attention d'un suspense lattent. Son atmosphère palpable, la présence secondaire de la scream queen Barbara Steele ainsi que sa comptine mélancolique (innocemment fredonnée) renforçant l'aspect fascinant de son gothisme épuré. Pour info subsidiaire, on préférera son titre initial, 5 tombes pour un médium, beaucoup plus pertinent que son homologue lucratif adoubé chez nous. 

Un grand merci à Artus Films ^^
*Bruno
24.09.12



vendredi 21 septembre 2012

TYRANNOSAUR. Prix Spécial du Jury, Sundance 2011

Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com

de Paddy Considine. 2011. Angleterre. 1h32. Avec Peter Mullan, Olivia Colman, Eddie Marsan, Paul Popplewell, Ned Dennehy, Samuel Bottomley, Sally Carman.

Sortie salles France: 25 Avril 2012

Récompenses: Dinard 2011: Grand Prix du Jury, Meilleur Scénario
BIFA 2011: Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleure Actrice
Sundance 2011: Prix Spécial du Jury, Meilleur Réalisateur, Meilleur Acteur, Meilleure Actrice

FILMOGRAPHIE: Paddy Considine est un acteur et réalisateur anglais né le 5 Septembre 1974.
2011: Tyrannosaur


Pour une première réalisation, le britannique Paddy Considine s'emploie au drame social pour nous relater la chronique aigrie d'un quinquagénaire irascible issue d'une banlieue défavorisée. Après la mort de sa femme diabétique, Joseph noie sa solitude dans l'alcool et les rixes de voisinage. Mais un jour, alors qu'il se balade dans une rue commerciale, il fait la rencontre d'une vendeuse de vêtement, Hannah. Catholique pratiquante vouée à l'espoir et l'amour de Dieu, cette épouse molestée est tributaire d'un mari tyrannique et pervers. Ensemble, ils vont apprendre à se connaitre, s'apprivoiser, s'entraider malgré la dureté d'une existence intransigeante. Climat blafard d'une banlieue défavorisée livrée au chômage, l'alcoolisme et la violence, alors que les voisins lambdas tentent d'imposer leur loi, Tyrannosaur  illustre de manière abrupte le portrait d'un couple en perdition. Sans pathos et avec un réalisme sordide parfois difficile, c'est de prime abord la trajectoire esseulée d'un quidam à bout de souffle qui nous ait conté, un individu rongé par la haine de l'injustice dans son environnement défavorisé. Tandis qu'au fil d'une rencontre entretenue avec une femme battue, Joseph va peu à peu renouer avec un regain d'humanité dans son cheminement hasardeux émaillé d'incidents compromettants.


A travers cette romance ardue auquel nos protagonistes sont constamment brimés par un climat insécuritaire et où les provocations ne cessent de les ébranler, Paddy Considine distille néanmoins l'espoir, le dévouement, le désir, l'attachement que chaque individu recèle au plus profond de son âme. Quelque soit notre condition d'être déchu ou sur le fil du rasoir, une parcelle d'optimisme, un regain d'empathie envers une personne intègre, cette envie soudaine de s'affirmer et d'avancer vers une horizon incandescente peuvent expier tous les pêchers du monde. Avec intensité austère, le réalisateur exprime donc le combat perpétuel qu'un quidam déboussolé puisse rencontrer à un moment fatal de son existence. C'est à dire daigner s'accepter et tenter contre vents et marée de se dépêtrer de l'infortune par ce besoin éprouvé de tendresse. Le visage buriné et d'une animosité innée, Peter Mullan impressionne de sa présence robuste, de son regard en demi-teinte à deux doigts de commettre un drame irréparable. A la manière d'un tyrannosaure (alors que le terme est ironiquement impartie à sa défunte !), ce laissé-pour-compte chargé de haine alterne poussés de violence incontrôlée et remise en question existentielle pour son affliction inconsidéré aux yeux de la société. En femme humiliée pourvue d'une indulgence désespérée, Olivia Colman magnétise chaque séquence de sa présence candide et se révèle bouleversante de fragilité pour tenter d'apprivoiser mais aussi accepter un erratique au bord du gouffre.


D'une violence parfois difficile mais jamais ostentatoire, Tyrannosaur est une oeuvre puissante, un drame social éprouvant car inscrit dans le désarroi pour ausculter le portrait à fleur de peau de deux écorchés vifs. Deux quidams à deux doigts de faire naufrage dans leur monde intolérant mais finalement gagnés par la rage de survivre par leur malheur imposé. Et pour authentifier cette romance épineuse, Peter Mullan et Olivia Colman (LA révélation !) livrent communément une interprétation d'une rare verdeur émotionnelle ! Sans toutefois négliger la présence cinglante de seconds rôles criant de vérité par leur trogne fracassée.

21.09.12
BM

jeudi 20 septembre 2012

POSSEDEE (THE POSSESSION)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site sadgeezer.com

de Ole Bornedal. U.S.A/Canada. 1h32. Avec Jeffrey Dean Morgan, Kyra Sedgwick, Natasha Calis, Grant Show, Madison Davenport, Rob LaBelle, Jay Brazeau, Quinn Lord, John Cassini.

Sortie salles France: 26 décembre 2012. U.S: 31 Août 2012

FILMOGRAPHIE: Ole Bornedal est un réalisateur danois né le 26 Mai 1959.
1994: Le Veilleur de Nuit. 1997: Le Veilleur de Nuit. 2003: Dina. 2007: The Substitute. 2010: Just another love story. 2012: Possédée.


Y'a t-il un exorciste chez Rabbi Jacob ? (ou comment préfigurer au plus vite son Flop 1, 2012 !)

Clyde et Stephanie Brenek ne voient pas de raison de s’inquiéter lorsque leur fille cadette Em devient étrangement obsédée par un petit coffre en bois acheté lors d’un vide grenier. Mais rapidement, son comportement devient de plus en plus agressif et le couple suspecte la présence d’une force malveillante autour d’eux. Ils découvrent alors que la boîte fut créée afin de contenir un Dibbuk, un esprit qui habite et dévore finalement son hôte humain.

Une énième déclinaison de l'Exorciste pour une prod de luxe estampillée Raimi. Les clichés se ramassent à la pelle, les situations prévisibles sont tellement redondantes qu'elles provoquent inévitablement un ennui dépressif et l'ambiance horrifique tente d'intensifier l'intrigue par un score élégiaque
tout en sobriété. Le réal s'évertue comme il peut à privilégier la dimension humaine des parents divorcés de la petite Emi, en vain. Et cela en dépit de la bonne volonté des comédiens pour sauver les meubles. En prime, à titre d'originalité, introduire une légende juive par l'entremise d'une boite de pandore pour relancer la franchise sataniste sombre ici dans le ridicule. Un ou deux effets chocs sont peut-être à épargner de ce naufrage mercantile, parodie involontaire et véritable insulte au cinéma d'horreur transgressif. Mieux vaut se replonger pour la 10è fois dans les climats funestes ou malsains de l'Antéchrist d'Alberto De Martino ou encore du méconnu et mélancolique Emilie, l'enfant des Ténèbres de Massimo dallamano.

20.09.12
Bruno Matéï

http://brunomatei.blogspot.fr/2011/03/lantechrist-antichrist.html

http://brunomatei.blogspot.fr/2011/05/emilie-lenfant-des-tenebres-il.html