jeudi 28 février 2013

MEURTRES SOUS CONTROLE (God Told Me To). Prix Spécial du Jury à Avoriaz, 1977

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site torrentbutler.eu

de Larry Cohen. 1976. U.S.A. 1h30. Avec Tony Lo Bianco, Deborah Raffin, Sandy Dennis, Sylvia Sidney, Sam Levene, Robert Drivas, Mike Kellin, Richard Lynch.

Sortie salles France: 11 Juillet 1979. U.S: Novembre 1976

Distinction: Prix Spécial du Jury à Avoriaz en 1977

FILMOGRAPHIE: Larry Cohen est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 15 Juillet 1941. Il est le créateur de la célèbre série TV, Les Envahisseurs.
1972: Bone, 1973: Black Caesar, Hell Up in Harlem, 1974: Le Monstre est vivant, 1976: Meurtres sous contrôle, 1979: Les Monstres sont toujours vivants, 1982: Epouvante sur New-York, 1985: The Stuff, 1987: La Vengeance des Monstres, Les Enfants de Salem, 1990: l'Ambulance.
- Comme Producteur: Maniac Cop 1/2/3.
- Comme Scénariste: Cellular, Phone Game, 3 épisodes de Columbo.


Deux ans après son cultissime Le monstre est Vivant, Larry Cohen continue d'ébranler le public avec beaucoup plus d'impertinence et de provocation dans Meurtres sous contrôle, couronné lui aussi du Prix Spécial du Jury à Avoriaz. Partant d'un pitch scabreux ciblant les doctrines religieuses, cette série B filmée à la manière d'un reportage puise sa force dans l'originalité d'un scénario d'une audace inouïe ! En pleine agglomération new-yorkaise, une multitude d'assassinats gratuits sont commis sur des piétons par des tireurs isolés ! Ces tueurs déterminés ont tous comme point commun d'avoir perpétré leurs actes sous l'allégeance d'une divinité. Puisqu'au moment de leur interpellation, chacun s'est contenté de déclarer: Dieu me l'a ordonné ! Enquêtant sur cette vague de crimes incontrôlés, le lieutenant Peter J. Nicholas part à la découverte d'une horrible révélation !


Film choc à l'atmosphère glauque et dérangeante, Meurtres sous contrôle et le genre d'ovni hybride habité par une entité malfaisante. Pour renforcer son climat de malaise anxiogène, la mise en scène très réaliste exploite judicieusement ses décors urbains pour nous plonger dans les bas fonds new-yorkais peuplé de marginaux et d'individus névrosés ! D'ailleurs, les premiers massacres imposés par les tueurs fous frappent le spectateur, épris de stupeur par son réalisme cinglant pris sur le vif ! Culpabilisant méthodiquement la responsabilité de ces meurtres à Dieu, un sentiment d'inquiétude commence à s'insinuer lentement dans notre esprit au fil de l'investigation policière du lieutenant pratiquant. Sa détermination à daigner découvrir la vérité sur une potentielle conjuration évangélique va notamment lui permettre de renouer avec son étrange passé. Une quête identitaire en somme auquel son enquête va peu à peu remettre en doute sa foi suprême pour l'existence de Dieu. En réalisateur frondeur, Larry Cohen remet donc en cause les croyances religieuses et aborde une réflexion métaphysique sur l'origine de l'existence, le fanatisme ainsi que l'idéologie du bien et du mal. Jalonné de revirements effrayants et de visions oniriques infernales, Meurtres sous contrôle illustre de manière âpre la descente aux enfers d'un homme discrédité de sa véritable identité, car soudainement confronté à une destinée athée.


Habité par la prestance transie d'émoi du méconnu Tony Lo Bianco, Meurtres sous contrôle est un bad trip agnostique auquel le spectateur semble, comme son protagoniste, le cobaye d'une révélation mystique régie par le mal. Dérangeant, malsain et véritablement troublant, ce film culte n'a rien perdu de sa puissance évocatrice, d'autant plus que son thème religieux se révèle plus que d'actualité dans ces moments de discorde obscurantiste.

28.02.13. 3èx
Bruno Matéï


mercredi 27 février 2013

PEUR SUR LA VILLE

                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site archives.hauts-de-seine.net

d'Henri Verneuil. 1974. France/Italie. 2h04. Avec Jean Paul Belmondo, Charles Denner, Adalberto Maria Merli, Jean Martin, Lea Massari, Rosy Varte, Catherine Morin, Jean-François Balmer, Roland Dubillard.

Sortie salles France: 9 Avril 1975

FILMOGRAPHIE: Henry Verneuil (de son vrai nom Achod Malakian) est un réalisateur et scénariste  français d'origine arménienne, né le 15 Octobre 1920 à Rodosto, décédé le 11 Janvier 2002 à Bagnolet.
1951: La Table aux crevés. 1952: Le Fruit Défendu. 1952: Brelan d'As. 1953: Le Boulanger de Valorgue. 1953: Carnaval. 1953: l'Ennemi public numéro 1. 1954: Le Mouton a 5 pattes. 1955: Les Amants du Tage. 1955: Des Gens sans importance. 1956: Paris, palace Hôtel. 1957: Une Manche et la belle. 1958: Maxime. 1959: Le Grand Chef. 1959: La Vache et le Prisonnier. 1960: l'Affaire d'une Nuit. 1961: Le Président. 1961: Les Lions sont lâchés. 1962: Un Singe en Hiver. 1963: Mélodie en sous-sol. 1963: 100 000 Dollars au Soleil. 1964: Week-end à Zuydcoote. 1966: La 25è Heure. 1967: La Bataille de San Sebastian. 1969: Le Clan des Siciliens. 1971: Le Casse. 1972: Le Serpent. 1975: Peur sur la ville. 1976: Le Corps de mon ennemi. 1979: I comme Icare. 1982: Mille Milliards de Dollars. 1984: Les Morfalous. 1991: Mayrig. 1992: 588, rue du Paradis.


Gros succès populaire de l'époque, (près de 4 millions d'entrées dans l'hexagone !), Peur sur la Ville est un thriller vertigineux sublimé par la présence de notre Bebel national. L'acteur pugnace multipliant des risques inconsidérés pour l'entreprise de ces cascades non doublées. Opposé à la présence charismatique de l'acteur interlope Adalberto Maria Merli en maniaque borgne, leur confrontation s'avère une incessante course poursuite à travers l'urbanisation de la banlieue parisienne. Produit entre la France et l'Italie, on sent l'inspiration giallesque de son intrigue criminelle illustrant les exactions d'un tueur ganté sexuellement refoulé, et donc délibéré à supprimer les femmes émancipées. Sous couvert de sa pathologie misogyne, Henry Verneuil en profite pour dresser un regard social sur la liberté sexuelle de l'époque lorsque les films pornographiques en ascension envahissaient certaines salles de cinéma.


Pour corser l'investigation policière menée par le commissaire Letellier et épaulé de son bras droit Moissac (Charles Denner, parfait de sobriété en inspecteur flegme), une autre traque leur ait notamment imposée afin d'alpaguer un dangereux braqueur en fuite. A ce titre, l'interminable poursuite échevelée amorcée par nos flicards à travers les ruelles parisiennes bondées d'automobilistes et de piétons demeure un modèle d'efficacité ! Car tentant d'interpeller successivement deux individus en fuite au même instant, l'action redouble d'intensité pour compromettre à nos héros deux itinéraires contradictoires. Un dilemme inespéré jusqu'au moment où Letellier, épris de vengeance, décide de se rétracter pour finalement interpeller le braqueur criminel ! En casse-cou stoïque, Jean Paul Belmondo s'élance également sur les toitures des immeubles, accourt à travers les galeries marchandes et bondit sur les rames de métro avec une persuasion suicidaire ! Passé ce florilège de séquences vertigineuses réalisées avec souci de réalisme et extrême rigueur, Henry Verneuil continue de susciter une angoisse sous-jacente sous le mode opératoire du suspense progressif afin de parfaire les inévitables provocations délétères d'un tueur plutôt finaud.


Rythmé du score haletant d'Ennio Morricone et déployant avec une rare efficacité nombre de péripéties cinglantes lors d'une mise en scène avisée, Peur sur la Ville constitue un classique du thriller et du polar. Un concentré d'action, de suspense et d'angoisse réfutant l'esbroufe gratuite et redoublant d'intensité de par son réalisme inflexible. Enfin, Henri Verneuil n'oublie pas pour autant d'ajouter une certaine dérision chez la verve du duo formé par Bebel et Denner auquel les dialogues ciselés de Francis Veber font mouche. 

27.02.13. 3èx
Bruno Matéï


mardi 26 février 2013

RUE BARBARE

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site board.bloodsuckerz.net

de Gilles Béhat. 1984. France. 1h47. Avec Bernard Giraudeau, Christine Boisson, Bernard-Pierre Donnadieu, Michel Auclair, Jean Pierre Kalfon, Corinne Dacla, Nathalie Courval, Jean Pierre Sentier,  Jean Claude Dreyfus, Jean-Claude Dreyfus, Jean-Claude Van Damme (figurant, scène d'arrivée dans la police).

Sortie salles France: 4 Janvier 1984

FILMOGRAPHIE:  Gilles Béhat (Gilles Marc Béat) est un réalisateur et acteur français, né le 3 Septembre 1949 à Lille (Nord).
1978: Haro. 1981: Putain d'histoire d'amour. 1984: Rue Barbare. 1985: Urgence. 1986: Charlie Dingo. 1986: Les Longs Manteaux. 1988: Le Manteau de Saint-Martin. 1990: Dancing Machine. 1994: Le Cavalier des nuages. 1997: Un Enfant au soleil. 2000: Une Mère en colère. 2009: Diamant 13.


Enorme succès (surprise !) à sa sortie (4,5 millions d'entrées en France !), Rue Barbare provoqua un tollé de la part des critiques bien pensantes, n'y voyant (comme de coutume) qu'un pseudo film d'action se complaisant dans une violence putassière en règle. D'après un roman de David Goodis, Gilles Béhat ne cache pas son inspiration au film de Beinex, la Lune dans le Caniveau, pour transcender le climat insolite d'une banlieue crépusculaire fréquentée par des voyous sans vergogne. Ce qui frappe d'emblée quand on revoit aujourd'hui Rue Barbare, c'est l'onirisme stylisé qui émane d'un quartier glauque totalement livré à la délinquance criminelle. Une véritable faune de rockers délurés occupant les sous-sols des immeubles ou scrutant les ruelles borgnes pour agresser, violer, assassiner les plus démunis sous l'allégeance du leader Matt. Au coeur de cette jungle urbaine en décrépitude, un ancien voyou aujourd'hui reconverti décide de porter secours à une jeune asiatique molestée. Son assistance va sévèrement contrarier son ex ami Matt qui eut envisagé de kidnapper la gamine.


La grandiloquence théâtrale des dialogues, le comportement erratique des marginaux et l'atmosphère fantasmatique qui imprègne le récit nous désarçonnent par son ton résolument décalé, pour ne pas dire atypique. Ainsi, grâce au naturel décomplexé des interprètes, Rue Barbare attise un pouvoir de fascination irrémédiable ainsi qu'une empathie octroyée à l'errance désenchantée d'un ancien rebelle contrarié par la repentance et la vengeance. Un homme solitaire co-habitant parmi la présence de sa famille et de son épouse au sein d'un appartement sordide, mais épris d'affection pour une ancienne idylle corrompue. Pour incarner ce rôle, Bernard Giraudeau réussit admirablement à insuffler une densité humaine mêlée de désespoir lors de ses décisions indécises à prémunir son honneur et sa tendresse impartie aux deux femmes. En compagne esseulée assujettie à l'autorité de Matt, Christine Boisson incarne un superbe portrait de femme versatile au caractère bien trempé, notamment auprès d'une sensualité torride à travers sa silhouette longiligne. En mafieux corrompu par sa haine orgueilleuse, l'imposant Jean Pierre Donnadieu magnétise l'écran d'une manière insidieuse afin d'imposer son autorité déloyale à ses sbires désoeuvrés. Tous les autres seconds rôles qui jalonnent le récit accordent autant de crédit et adoptent également une posture extravagante (parfois caricaturale aussi !) dans leur condition dépravée de délinquants en perdition. Pour parachever, un dernier mot sur l'ultime confrontation physique allouée aux deux antagonistes qui aura fait couler tant d'encre à l'époque de sa sortie. Un combat de corps à corps d'une sauvagerie inouïe car perpétré à mains nues, coup de chaîne, barre de fer et poing américain ! Point d'orgue chorégraphique de violence barbare à l'intensité plutôt crue et sanguinolente ! (les visages tuméfiés transpirent de sang et de sueur).


Soutenu de la musique envoûtante de Bernard Lavilliers, Rue Barbare est un film inclassable illustrant d'une manière toute personnelle l'insécurité envahissante des quartiers défavorisés, là où toute présence policière demeure illusoire. Son onirisme poétique et l'ambiance insolite qui s'y dégagent préservent une oeuvre étrange ancrée dans les années 80 auquel son look rétro dégage un charme proprement singulier. 

A Pascal...
26.02.13
Bruno 


vendredi 22 février 2013

Dadgmar: L'âme des Vikings / Flukt / Escape

                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site alapoursuitedu7emeart.over-blog.net

de Roar Uthaug. 2012. Norvège. 1h18. Avec Isabel Christine Andreasen, Ingrid Bolso Berdal, Milla Olin, Hallvard Holmen, Kristian Espedal.

FILMOGRAPHIE: Roar Uthaug est un réalisateur, scénariste et producteur norvégien, né le 25 Août 1973 à Lorenskog dans le comté d'Akershus en Norvège. 1994: En aften i det gronne. 1996: DX13036. 1998: A fistful of kebab. 2002: Regjeringen Martin. 2006: Cold Prey. 2009: Le secret de la Montagne Bleue. 2012: Flukt.


Uniquement connu dans l'hexagone pour son dyptique Cold Prey, excellents slashers norvégiens à l'ambiance réfrigérante, Roar Uthaug s'essaye au genre médiéval avec Flukt (en français: l'échappée). Film d'aventures épique sublimé par la splendeur de ces décors naturels dans une photo immaculée, le réalisateur emprunte à nouveau le schéma du survival pour retracer la traque impitoyable d'une orpheline poursuivie par une leader pugnace et ses sbires barbares.
Le pitch: Après avoir massacré sous ses yeux sa famille qui tentait de fuir la peste noire, la guerrière Dagmar prend en otage son unique survivante, Signe, jeune fille de 19 ans. Avec l'aide du rejeton de la mégère, Signe réussit à se défaire de son cordage pour prendre communément la fuite à travers bois. Le début d'une traque sans relâche commence afin de retrouver en vie la petite Frigg et sacrifier la fugitive.


Ainsi, à travers un script entièrement consacré à la quête vengeresse, Roar Uthaug entreprend un film d'aventures haletant dont l'intensité émotionnelle s'avère l'une de ses qualités prégnantes. Car si l'histoire se révèle assez simpliste, la densité psychologique des personnages motivés par la haine et la rancune y apporte une dimension humaine ambivalente. Véritable réflexion sur la vengeance, Flukt demeure ainsi une odyssée homérique où les bons et les méchants ne font plus qu'un à travers leur psychisme tourmenté. Et si de prime abord, la prédatrice nous apparaît comme une guerrière barbare éludée de vergogne, son passé torturé nous permettra de mieux comprendre ses tenants et aboutissants actuels. Du point de vue de la jeune victime incessamment poursuivie, Signe empruntera le même cheminement vindicatif tout en préservant toutefois une humilité de par son humanisme déchu. Or, cette confrontation intense inscrite dans la tragédie convergera vers une traque palpitante jalonnée de sauvages altercations entre rivaux, mais aussi de moments intimistes pleins de pudeur. C'est dans cette relation amicale et maternelle entretenue avec Signe et Frigg que le réalisateur instaure une inévitable empathie pour ces filles démunies. Et donc, avec une émotion candide, les thèmes des valeurs familiales, de la solidarité, de la confiance et du respect d'autrui nous sont abordés du point de vue de l'innocence bafouée.


D'un réalisme âpre et d'une sauvagerie épique, Flukt est surtout une aventure humaine inscrite dans la dignité féminine pour le refus de subvenir à une barbarie régressive. L'intensité émotionnelle des personnages incessamment confrontés à la notion de bien et de mal parachevant un survival initiatique compromis à la fraternité et à la quête familiale.

*Bruno
22.02.13

jeudi 21 février 2013

La Nuit des vers géants (Squirm)


"Squirm" de Jeff Lieberman. 1976. U.S.A. 1h33. Avec Don Scardino, Patricia Pearcy, R.A. Dow, Jean Sullivan, Peter MacLean, Fran Higgins.

FILMOGRAPHIE: Jeff Lieberman est un réalisateur et scénariste américain, né en 1947 à Brooklyn, New-York. 1972: The Ringer (court-métrage). 1976: Le Rayon Bleu. 1976: La Nuit des Vers géants. 1980: Doctor Franken (télé-film). 1981: Survivance. 1988: Meurtres en VHS. 1994: But... Seriously (télé-film). 1995: Sonny Liston: The Mysterious life and death of a champion (télé-film). 2004: Au service de Satan.


Plutôt discret et peu lucratif, Jeff Lieberman aura tout de même marqué une génération de cinéphiles avec trois séries B mineures mais plutôt originales, attachantes, captivantes, immersives, dépaysantes. Et si Survivance reste à ce jour son film le plus convaincant (en priorité au niveau de son ambiance anxiogène littéralement magnétique), notre petit maître du fantastique eut entrepris en 1976 (la même année que l'étonnant le Rayon Bleu), une production fauchée au concept délirant. Imaginez un peu une invasion de vers gluants (le titre français est tout à fait trompeur pour laisser sous entendre qu'ils sont atteints d'une taille irréelle !) après qu'un orage eut entraîné une panne d'électricité dans une bourgade champêtre. Plusieurs pylônes ayant été saccagés par la violence de la tempête, certains câbles s'y sont détachés pour extraire des décharges électriques sur le sol terreux. Dès lors, les vers sont atteints de folie meurtrière ! Mais bien avant cette inévitable invasion, un jeune couple sera témoin d'étranges évènements en lien direct avec les vers ! Avec un pitch aussi improbable que saugrenu, la Nuit des vers géants joue la carte de la pantalonnade grand guignolesque avec une conviction pittoresque (et c'est d'ailleurs parfois même délibéré !). La psychologie sommaire des comédiens déversant des tirades incohérentes laisse souvent place à un humour involontaire particulièrement attrayant. Tels ses multiples entretiens que nos deux héros sont contraints d'établir avec le shérif du coin pour tenter de le convaincre que les morts inexpliqués sont bien la cause d'une attaque de lombrics ! 


Un cliché éculé qui fonctionne encore au second degré grâce au surjeu des acteurs franchement (et étonnamment) attachants. Il y a aussi l'apparition grotesque d'un troisième personnage, un paysan déficient empli de jalousie maladive pour la compagne du héros. Un élément perturbateur finalement véreux occasionnant des conflits puérils impartis au triangle amoureux. Entre une conquête amoureuse et la découverte macabre de cadavres décharnés, il faut avouer qu'il ne s'y passe pas grand chose, nos trois témoins déambulant dans une campagne hostile durant une journée solaire. Pour autant, on ne s'ennuie jamais grâce à la bonhomie de ces protagonistes se prêtant au jeu du délire outré avec une conviction avenante lors de leur investigation fantaisiste bâti sur l'amateurisme. Il faudra ainsi attendre la nuit pour que l'attaque escomptée ait enfin lieu (les vers ne supportant pas la lumière du jour !) lors d'un final de 30 minutes aussi jouissif que très impressionnant ! Mais bien avant ces bravoures anthologiques résolument visqueuses, quelques estocades horrifiantes retiennent l'attention comme cette séquence explicite illustrant en mode focale des vers s'infiltrant sous la peau du visage de l'arriéré du village ! Un effet viscéral très efficace auquel les maquillages supervisés par Rick Backer s'avèrent particulièrement spectaculaires de par son réalisme épidermique. Et pour renforcer le caractère crédible de cette répugnante invasion, le réalisateur n'hésitera pas à utiliser de véritables invertébrés déployés en masse afin d'y provoquer une stupeur viscérale chez le spectateur. Ainsi, et j'insiste à nouveau, l'ultime demi-heure échevelée illustrant des milliers de lombrics s'infiltrant dans les parois des maisons et du bar du coin demeure infiniment fascinante à travers ses visions cauchemardesques vues nulle part ailleurs ! Effet répugnant garanti ! 


Les vers étaient gluants cette nuit-là !
Maladroit, naïf et sciemment simpliste à travers son parti-pris de B movie du samedi soir, mais irrésistiblement attachant et bougrement bonnard pour les cintrés de nanar débridé, La nuit des vers géants constitue une perle du genre auquel certaines séquences couillues ne manquent pas d'y provoquer une véritable révulsion viscérale ! Très fun, voir jouissif donc si bien qu'à la revoyure la Nuit des vers géants s'avère encore plus charmeur qu'à l'époque de sa location VHS. Qu'on s'le dise ! 

*Bruno
18/06/21
21.02.13. 4èx

                                          

mercredi 20 février 2013

BAD TASTE

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site myscreens.fr

de Peter Jackson. 1987. Nouvelle Zélande. 1h31. Avec Peter Jackson, Terry Potter, Pete O'Herne, Craig Smith, Mike Minett, Doug Wren.

Sortie salles France: 24 Août 1988. Nouvelle-Zélande: Décembre 1987

Récompense: Prix du Public Fantafestiva, 1989
Prix Spécial Gore au festival du film fantastique de Paris, 1989

FILMOGRAPHIE: Sir Peter Robert Jackson est un réalisateur, producteur et scénarise néo-zélandais, né le 31 Octobre 1961 à Pukerua Bay, North Island (Nouvelle-Zélande).
1987: Bad Taste. 1989: Les Feebles. 1992: Braindead. 1994: Créatures Célestes. 1995: Forgotten Silver. 1996: Fantômes contre fantômes. 2001: Le Seigneur des Anneaux. 2002: Les Deux Tours. 2003: Le Retour du Roi. 2005: King-Kong. 2009: Lovely Bones. 2012: Le Hobbit: un voyage inattendu. 2013: Le Hobbit: la Désolation de Smaug. 2014: Le Hobbit: Histoire d'un aller et retour.


Dans un petit hameau, une invasion extra-terrestre décime toute la population. Une équipe de mercenaires est déployée sur les lieux pour éradiquer ces envahisseurs d'un nouveau genre !
Tourné durant 4 ans avec l'aide de fidèles acolytes pour la modique somme de 11 000 dollars, le premier film du néo-zélandais oscarisé est un hommage parodique au cinéma gore et à la science-fiction archaïque. Avec un maximum d'efficacité, notre jeune débutant Peter Jackson réussit à créer un univers singulier dans un florilège d'action incessante et de gore outrancier. Eludant miraculeusement la redondance, la mise en scène agressive, filmée caméra à l'épaule et exploitant le zoom récursif, se révèle particulièrement inventive quand il s'agit de confronter nos héros à moult rixes contre des humanoïdes apathiques. L'action débridée se renouvelant au coeur d'une scénographie éclectique (une falaise, un jardin, une maison familiale, une route nationale, une forêt) que nos héros arpentent à l'instar d'une logistique militaire. Des mercenaires pugnaces donc délibérés à canarder de façon enjouée les zombies androïdes à l'aide de leurs mitraillettes et d'un lance-roquette !


Le lieu peu commun d'un village montagnard de la Nouvelle-Zélande participe notamment au caractère dépaysant de cette drôle d'invasion extra-terrestre confinée au sein d'une demeure familiale. Proche de l'esprit cartoonesque (préfigurant déjà les excès comiques de Brain Dead) et baignant dans un mauvais goût assumé (le festin organisé autour d'une bouillie verdâtre !), Peter Jackson rivalise d'idées grotesques pour nous amuser avec sa sarabande d'E.T cannibales adeptes de chair fraîche ! Avec de faibles moyens, il réussit adroitement à bricoler des effets gores vomitifs aussi spectaculaires qu'incongrus (Dekner se ceinturant le haut de la tête pour éviter que sa cervelle dégouline, le mouton explosé à coup de lance-roquette ou encore les multiples assauts sanguinaires perpétrés à la tronçonneuse !). Par ailleurs, la maquette élaborée pour simuler l'envol spatial de la maison se révèle bluffante de réalisme ! On peut également saluer l'originalité impartie à la confection des E.T quand ceux-ci décident de révéler leur véritable apparence lors d'un point d'orgue à nouveau belliqueux. Avec l'aide de masques en latex flexibles, leur physionomie monstrueuse provoque un effet de surprise inopiné et détonnant ! Enfin, les acteurs amateurs dénués de charisme renforcent le côté réaliste et décalé de l'entreprise et nous communiquent une spontanéité désinhibée.


Drôlement gore, insolite, décomplexé et mené à un rythme effréné, le premier métrage Z de Peter Jackson est un nanar atypique, véritable ovni culte dédié au gore vomitif sous le moule d'une anticipation académique. Débordant de trouvailles visuelles et d'insolence putassière, il n'a rien perdu de sa vigueur et de sa fantaisie déjantée !

20.02.13. 3èx
Bruno matéï



mardi 19 février 2013

Popeye

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site royalbooks.com

de Robert Altman. 1980. U.S.A. 1h36. Avec Robin Williams, Shelley Duvall, Paul L. Smith, Paul Dooley, Ray Walston, Wesley Ivan Hurt.

Sortie salles U.S: 12 Décembre 1980

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Robert Altman est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 20 Février 1925 à Kansas City dans le Missouri, décédé le 20 Novembre 2006 à Los Angeles. 1970: Mash. 1970: Brewster McCloud. 1971: John McCabe. 1972: Images. 1973: Le Privé. 1975: Nashville. 1976: Buffalo Bill et les Indiens. 1977: Trois Femmes. 1978: Un Mariage. 1979: Quintet. 1980: Popeye. 1982: Health. 1982: Reviens Jimmy Dean, reviens. 1987: Beyond Therapy. 1990: Vincent et Théo. 1992: The Player. 1993: Short Cuts. 1994: Prêt à porter. 1999: Cookie's Fortune. 2000: Dr T et les Femmes. 2001: Gosford Park. 2003: Company. 2006: The Last Show.


Véritable ovni dans la carrière du vénérable Robert Altman, Popeye est la transposition cinématographique du célèbre personnage de bande dessinée créé par Elzie Crisler Segar en 1929. Succès public rentable mais contesté par une majorité de la critique de l'époque, cette comédie lunaire totalement décalée fait aujourd'hui office de curiosité couillue pour son alliage d'insolence et d'extravagance en roue libre. Or, desservi d'un scénario aseptisé mais rattrapé par un humour débridé particulièrement effréné, le film de Robert Altman divisera sans doute encore une partie du public, irrité ou autrement amusé des pitreries infantiles de Popeye et de ses acolytes. Le pitch: Le marin solitaire Popeye débarque dans une petite ville côtière et fait la connaissance d'Olive, une femme éprise d'affection pour la terreur du quartier: Brutus. Leur relation de prime abord amicale attise la colère et la jalousie de ce dernier. Au fil de leur relation, les deux tourtereaux découvrent un bébé abandonné, planqué dans un panier d'osier. Doué de prescience, le bambin est rapidement enlevé par un transfuge de Brutus qui voit là l'opportunité de débusquer un fabuleux trésor caché sous l'océan. 


Comédie pittoresque à l'esprit cartoonesque euphorisant, Popeye doit son attrait sympathique grâce en priorité à l'excentricité de ses personnages tous plus saugrenus les uns que les autres. La reconstitution soignée allouée au village folklorique, les numéros musicaux chantonnés avec allégresse et les séquences de baston improvisées autour d'un ring ou dans une taverne assurant un spectacle festif souvent entraînant. Agrémenté d'une jolie photo sépia, le film séduit d'autant plus par son esthétisme rétro si bien qu'il parvient majoritairement à contenter le public au gré d'un rythme fertile en gags burlesques, calembours et bagarres homériques. Ainsi, on a souvent l'impression d'assister à un dessin animé live résolument désinhibé à travers son sens de dérision insatiable. Et pour renforcer ce sentiment déjanté, la verve impayable (et sciemment inaudible) de l'acteur Robin Williams ainsi que le charme filiforme de Shelley Duvall parviennent à donner chair à des personnages gaffeurs tout droits sortis de la fameuse bande dessinée. Enfin, dans le rôle de Brutus, l'impressionnant Paul L. Smith (Midnight Express, Mort sur le Grill, Sonny Boy) cabotine de manière furibonde afin de parfaire un antagoniste mastard particulièrement sarcastique.


Irritant pour les uns à travers son esprit décalé trop foutraque et par sa minceur narrative, enthousiasmant pour les autres de par son ton irrésistiblement folingue ainsi que la caricature cartoonesque impartie aux protagonistes déjantés, Popeye demeure un ovni atypique dans l'univers cinématographique des adaptations BD. Une oeuvre maudite mal aimée, aujourd'hui complètement sombrée dans l'oubli, faute de sa liberté de ton aussi déroutante qu'inusitée et de sa réputation injustement galvaudée. A réhabiliter d'urgence donc, au risque de persérverer à déplaire une partie du public réfractaire aux projets aussi personnels que burnés.

*Bruno
19.02.13. 3èx