lundi 21 avril 2014

LA MORT AU LARGE (L'Ultimo Squala)

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site ayay.co.uk

de Enzo G. Castellari. 1981. Italie. 1h28. Avec James Franciscus, Vic Morrow, Joshua Sinclair, Giancarlo Prete, Micaela Pignatelli.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Enzo G. Castellari est un réalisateur, scénariste, acteur, monteur et producteur italien, né le 29 Juillet 1938 à Rome (Italie).
1967: Je vais, je tire et je reviens. 1968: Django porte sa croix. 1968: 7 Winchester pour un massacre. 1968: Tuez les tous... et revenez seul ! 1973: Le Témoin à abattre. 1976: Keoma. 1977: Une Poignée de salopards. 1977: Action Immédiate. 1979: La Diablesse. 1979: Les Chasseurs de Monstres. 1981: La Mort au Large. 1982: Les Nouveaux Barbares. 1982: Les Guerriers du Bronx. 1983: Les Guerriers du Bronx 2. 1987: Striker. 1987: Hammerhead. 1997: Le Désert de Feu.


Profitant du filon commercial des 2 premiers opus des Dents de la mer, Enzo G. Castellari nous rend ici sa copie Z dans la pure tradition du Bis transalpin. Reprenant le même schéma narratif que ces modèles, La Mort au Large illustre à nouveau les vicissitudes de touristes d'une station balnéaire, pris à parti avec un dangereux requin ! Et pas des moindres, puisqu'aux dires du chasseur Ron Hamer, il s'agirait du plus gros poisson jamais aperçu durant toute sa carrière. Lui et l'écrivain Peter Brenton décident d'entreprendre une traque en mer afin d'éradiquer l'animal et depuis que le maire a refusé l'annulation des festivités d'un concours de voiliers !


Avec ses personnages ultra caricaturaux blablatant leurs répliques impayables dans une posture contractée, ses situations rebattues et son budget dérisoire, la Mort au large ne peut compter que sur l'efficacité du montage et de l'action récurrente pour stimuler le divertissement. Afin d'alpaguer le requin, c'est donc sur les stratégies de quelques protagonistes que le réalisateur compte focaliser son intrigue en l'émaillant de morts spectaculaires. De manière autonome, ils vont donc parcourir la mer à bord de leur bateau, quand bien même le maire de la ville décide de le traquer en hélicoptère ! Ce qui nous vaut un bel effet gore assez spectaculaire et plutôt efficace dans son effet minimaliste (suspendu dans le vide car agrippé au patin de l'hélicoptère, l'homme se fera arracher les jambes par la mâchoire du squale !). Du côté des médias, un journaliste véreux au plus près de l'affaire profite également de l'évènement pour s'attirer la notoriété et en soudoyant un chasseur de requin un peu trop zélé (là encore, l'agression du requin laisse en exergue une mort grand-guignolesque du plus bel effet !). Afin de pallier ses moyens dérisoires, Enzo G. Castellari utilise notamment le stock-shot traditionnel pour substituer les rares apparitions du faux requin, mais aussi la maquette pour certaines séquences aquatiques (comme celle du crash de l'hélicoptère ou lors du final explosif).


Avec l'attachante bonhomie de comédiens de seconde zone au charisme viril (James Franciscus / Vic Morrow) et la fantaisie involontaire de situations de panique, La Mort au Large joue la carte de l'exploitation sous un format modeste de série B. A l'instar du savoir-faire rudimentaire de son auteur mais tout à fait appliqué à rendre une copie Z des plus divertissantes. Ajouter à cela un score entêtant suscitant la menace et vous obtenez la déclinaison la plus ludique de Jaws. Un nanar aujourd'hui notoire qui aura d'ailleurs fait de l'ombre au futur projet des Dents de la mer 3 puisque ayant dépassé ses recettes commerciales en terme d'entrées ! 

Bruno Matéï
4èx


vendredi 18 avril 2014

BRAINDEAD (Dead Alive). Grand Prix à Avoriaz, 1993.

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site kraders.wordpress.com

de Peter Jackson. 1992. 1h44. Nouvelle Zélande. Avec Timothy Balme, Diana Penalver, Elizabeth Moody, Ian Watkin, Brenda Kendall.

Sortie salles France: 27 Avril 1993

FILMOGRAPHIE: Sir Peter Robert Jackson est un réalisateur, producteur et scénarise néo-zélandais, né le 31 Octobre 1961 à Pukerua Bay, North Island (Nouvelle-Zélande).
1987: Bad Taste. 1989: Les Feebles. 1992: Braindead. 1994: Créatures Célestes. 1995: Forgotten Silver. 1996: Fantômes contre fantômes. 2001: Le Seigneur des Anneaux. 2002: Les Deux Tours. 2003: Le Retour du Roi. 2005: King-Kong. 2009: Lovely Bones. 2012: Le Hobbit: un voyage inattendu. 2013: Le Hobbit: la Désolation de Smaug. 2014: Le Hobbit: Histoire d'un aller et retour.


Réputé comme le film le plus gore de tous les temps, Braindead se complaît toujours plus dans l'absurdité avec une fougue et un sens de l'invention débridés ! Après avoir été contaminée par un singe mutant ramené d'Indonésie, la mère de Lionel se transforme peu à peu en zombie et finit par transmettre son virus à d'autres habitants de la région. Souhaitant préserver sa vie, Lionel la planque à l'intérieur de sa cave parmi trois autres macchabées. Mais l'arrivée désinvolte de son oncle et d'une ribambelle d'invités vont semer la zizanie dans la maison quand ils vont tenter de se défendre contre ces zombies dopés aux stimulants ! Puisant son inspiration dans les comédies burlesques du temps du muet (celles de Buster KeatonLaurel et Hardy ou encore Charlie Chaplin pour la romance impartie au couple de héros) et des bobines trash déjantées des eighties (Evil-dead, Ré-animator, Street Trash, Frères de Sang, etc), Peter Jackson nous concocte un film hardgore nonsensique et semble avoir été dopé aux amphétamines pour nous avoir conçu autant de situations incongrues (le repas du pudding entre invités chez la mère de Lionel, le couple de zombies en coït procréant un mort-né vivant, la balade en poussette de ce dernier dans le parc familier, le pasteur expert en karaté pour démembrer les zombies du cimetière !). 


Récompensé du dernier Grand Prix à Avoriaz en 1993, Braindead peut se targuer d'être le mastodonte du gore décomplexé où rire et action se disputent sans relâche. L'incroyable énergie qui se dégage de la mise en scène de Jackson (abus de cadrages obliques et de zooms grossiers afin d'accentuer son caractère grand-guignolesque !), l'extravagance des personnages erratiques et l'horreur déployée à grands renforts d'hectolitres de sang nous plongent dans un carnaval horrifique toujours plus frénétique. A l'instar de ces 35 dernières minutes, anthologie du carnage vomitif contrebalancé par une dérision aussi morbide que pittoresque. Sur ce point, comment oublier le massacre commis à la tondeuse à gazon que Lionel exécute avec une démesure infernale ! Et si aujourd'hui Braindead n'a rien perdu de sa vitalité dans son pouvoir récréatif, c'est notamment grâce à l'habileté d'effets-spéciaux artisanaux bluffants de réalisme ! Certaines séquences compilées en temps réel s'avèrent d'ailleurs si impressionnantes qu'on se demande comment les techniciens ont pu réussir à entreprendre de tels prodiges dans leur souci du détail gore !


Le chant du cygne du gore à l'ancienne
Jouissivement gore et délirant par son esprit cartoonesque, Braindead est le grand huit d'une horreur ricanante culminant son apogée dans une dernière orgie apocalyptique ! Le redécouvrir 20 ans après sa sortie prouve à quel point la mise en scène virtuose de l'insatiable Jackson était en avance sur son temps et que l'ère du numérique n'a pas encore surpassé cette bacchanale de tous les excès ! 

Bruno Matéï
3èx

RécompensesGrand prix, Prix des Effets Spéciaux, Prix de la Critique au Festival du film fantastique d'Avoriaz 1993 
Meilleurs effets spéciaux au Festival international du film de Catalogne en 1992.
Silver Scream Award au Festival du film fantastique d'Amsterdam 1993.
Meilleur film et meilleurs effets spéciaux à Fantasporto, 1993.
Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur (Timothy Balme) et meilleur scénario aux New Zealand Film and TV Awards en 1993.


jeudi 17 avril 2014

Le Silence des Agneaux / The Silence of the Lambs. Oscar du Meilleur Film, 1992

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site sites.psu.edu

de Jonathan Demme. 1991. U.S.A. 1h58. Avec Jodie Foster, Anthony Hopkins, Scott Glenn, Ted Levine, Anthony Heald, Diane Baker, Kasi Lemmons, Brooke Smith.

Sortie salles France: 10 Avril 1991. U.S: 30 Janvier 1991

FILMOGRAPHIE: Jonathan Demme est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 22 Février 1944 à Long Island. 1974: 5 Femmes à abattre. 1975: Crazy Mama. 1976: Fighting Mad. 1977: Handle with Care. 1979: Meurtres en cascade. 1980: Melvin and Howard. 1984: Swing Shift. 1984: Stop Making Sense. 1986: Dangereuse sous tous rapports. 1987: Swimming to Cambodia. 1988: Famous all over Town. 1988: Veuve mais pas trop. 1991: Le Silence des Agneaux. 1992: Cousin Bobby. 1993: Philadelphia. 1995: Murder Incorporated. 1998: Beloved. 2002: La Vérité sur Charlie. 2004: Un Crime dans la Tête. 2008: Rachel se marie.


Grand classique du thriller moderne au même titre que son homologue Seven, Le Silence des Agneaux remporta tous les suffrages auprès de la critique et du public grâce en priorité à la rigueur d'un scénario charpenté et à une confrontation psychologique en acmé. Couronné de 5 oscars dont celui du meilleur film, Le Silence des Agneaux doit autant sa renommée grâce au duo improbable formé par Jodie Foster et Anthony Hopkins. Si bien qu'une agent du FBI doit collaborer avec un dangereux tueur en série pour tenter d'en appréhender un autre lâché en pleine nature. Cet entretien psychologique qu'amorce Clarice Starling avec le Dr Hannibal Lecter laisse en exergue des confrontations d'une grande intensité émotionnelle si bien que cet anthropophage se joue malin plaisir à fouiller dans l'esprit torturé de la jeune inspectrice. En échange de précieuses informations afin de localiser le tueur Buffalo Bill (Ted Levine est également effrayant en tueur androgyne frustré par sa sexualité !), Clarice est donc contrainte de lui divulguer un traumatisant secret antérieur. Celui d'avoir été témoin d'hurlements d'agneaux abattus sous ses yeux lorsqu'elle fut enfant. Depuis, ces nuits sont régulièrement hantées par ces plaintes moribondes, et donc le fait de tenter de retrouver vivante la dernière victime du tueur pourrait peut-être lui permettre de mettre un terme à ces cauchemars nocturnes. 


Ainsi, leur relation psychologique fondée sur la psychanalyse et la requête d'informations capitales finit donc par les rapprocher dans une confiance mutuelle teintée d'affection. C'est la une des grandes originalités du récit permettant d'entretenir un rapport équivoque entre l'intégrité d'une inspectrice audacieuse et la manipulation d'un éminent psychiatre d'une intelligence singulière mais tributaire de ses démons. Dominé par la performance glaçante d'Anthony Hopkins (sa 1ère apparition reste dans toutes les mémoires !), l'acteur se fond dans la peau du serial-killer de manière magnétique de par sa posture monolithique rehaussée d'un regard impassible figé dans le vide. Il en émane une aura malsaine insaisissable par son esprit de persuasion et sa démence anthropophage ! Avec fragilité humaine, Jodie Foster incarne une inspectrice en herbe perspicace et pugnace, à l'instar de son franchissement au repère de Buffalo Bill (ce qui nous vaut un final terrifiant bâti sur la peur du noir !). En alternance, elle nous insuffle également une émotion anxiogène éprouvante lorsqu'elle se laisse gagner par des souvenirs douloureux (la mort brutale de son père, la terreur des agneaux sur le point de trépasser) et lorsqu'elle doit faire face à sa survie de manière autonome (son fameux face à face avec Buffalo). 


"La plus grande révélation est le silence" 
A la fois bouleversant, tendu et terrifiant, éprouvant, malsain et perturbant à travers sa mise en scène sobrement documentée, Le Silence des Agneaux puise sa force dans sa dimension dramatique, dans l'intelligence du scénario ramifié et dans le pouvoir de suggestion imparti à la psychanalyse et à sa scénographie morbide (notamment cette découverte d'un corps putrescent dans la morgue où l'on extrait de sa bouche un cocon d'insecte). Enfin, l'oeuvre génialement vénéneuse n'aurait peut-être pas gagné son galon de pur chef-d'oeuvre sans la complicité incongrue du duo Starling/Lecter à marquer d'une pierre blanche. Un couple sulfureux bâti sur le rapport d'influence et de considération que Jodie Foster et Anthony Hopkins retransmettent avec une ambivalence infiniment trouble. Et ce jusqu'à sa conclusion irrésolue à l'aura de souffre et au pouvoir émotionnel terriblement déstabilisants. Du grand art pour le genre avec l'étrange impression de découvrir une oeuvre mutante à chaque révision (il faut d'ailleurs privilégier la VO pour son attrait vériste à la limite du reportage).   

*Bruno
04.01.23. 5èx

Récompenses: Oscar 1992 du Meilleur Film, Oscar du Meilleur Acteur (Anthony Hopkins), Oscar de la Meilleure Actrice (Jodie Foster), Oscar du Meilleur Réalisateur (Jonathan Demme), Oscar du Meilleur Scénario: Ted Tally.
Prix Edgar-Allan-Poe du Meilleur Scénario, Ted Tally

    mercredi 16 avril 2014

    SEVEN

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de David Fincher. 1995. U.S.A. 2h07. Avec Brad Pitt, Morgan Freeman, Kevin Spacey, Gwyneth Paltrow, R. Lee Ermey, Richard Roundtree, John C. McGinley.

    Sortie salles France: 31 Janvier 1996. U.S: 22 Septembre 1995

    FILMOGRAPHIE: David Fincher est un réalisateur et producteur américain, né le 28 Août 1962 à Denver (Colorado). 1992: Alien 3. 1995: Seven. 1997: The Game. 1999: Fight Club. 2002: Panic Room. 2007: Zodiac. 2008: L'Etrange histoire de Benjamin Button. 2010: The Social Network. 2011: Millénium. 2014: Gone Girl.


    Ernest Hemingway a écrit: "le monde est beau et vaut qu'on se batte pour lui". 
    La seconde partie, je suis d'accord.

    Référence absolue du genre (avec son acolyte le Silence des Agneaux), Seven fut autant un succès commercial que critique lors de sa sortie. Le revoir aujourd'hui prouve à quel point David Fincher a entrepris avec son 2è long-métrage une oeuvre proche de la perfection, à l'instar du travail méthodique accompli par John Doe, un tueur inspiré des 7 pêchers capitaux. A sept jours de la retraite, l'inspecteur Somerset est contraint de résoudre une affaire criminelle particulièrement difficile avec l'aide du jeune recru, David Mills. Ensemble, ils vont tenter de mettre la main sur l'un des tueurs les plus retors et machiavéliques ayant comme seul ambition de parfaire son chef-d'oeuvre ! Thriller morbide d'une noirceur nihiliste, Seven réexploite l'investigation criminelle et la traque au serial-killer avec un goût prononcé pour l'amertume. De par l'aigreur d'un flicard sclérosé, fatigué d'avoir eu à régler des affaires sordides dans un monde gangrené par le pêcher, et par l'éthique amorale d'un criminel studieux entièrement soumis à l'autorité de Dieu. Avec son climat pluvieux inscrit dans la morosité, David Fincher annonce la couleur blafarde d'une cité urbaine entièrement soumise à l'arrogance du tueur auquel deux inspecteurs sur le qui-vive redoubleront d'effort afin de déjouer son prochain homicide. Sans jamais verser dans une quelconque complaisance, Fincher joue la carte de la suggestion car nous ne verrons jamais de quelle manière explicite le tueur accomplit ses exactions.


    C'est dans la résultante du crime et dans la version des faits exposés que Seven laisse gambader notre imaginaire vers un abîme d'ignominies. Que ce soit le châtiment invoqué à la gourmandise (l'obèse mort étouffé par sa propre bouffe !), à la paresse (la lente agonie d'un drogué avachi sur son lit durant 365 jours !), à l'orgueil (le visage d'une jolie femme lacérée au couteau) ou à la luxure (le jeu sexuel du godemiché perforant !), les tortures infligées sur chacune des victimes nous sont remémorées avec force et détails par les témoins, médecins ou complices éventuels (tel celui contraint de collaborer au pêcher de la luxure !). Sans compter sur la sagacité de notre duo d'inspecteurs ! Outre la rigueur géométrique d'une mise en scène virtuose (la poursuite impromptue dans l'immeuble du tueur culminant vers le centre urbain), David Fincher élabore une montée en puissance du suspense qui atteindra son apogée lors d'un final apocalyptique. La tension graduelle dont John Doe sait faire preuve pour intimider les inspecteurs lors de son escorte en véhicule redouble d'acuité lorsque ce dernier osera leur avouer ses deux plus beaux méfaits. Cette dernière partie anthologique distille un tel climat de malaise si bien que le Mal en personne semble y être le principal instigateur. On peut d'ailleurs établir une filiation avec l'aura malsaine d'une entité maléfique qui imprégnait la pellicule de Friedkin dans le fameux Exorciste, notamment cette analogie entre l'inspecteur Somerset et le père Damien Karras puisque tous deux gagnés par une non-croyance ! Qui plus est, le tueur venu de nulle part (John Doe est une fausse identité !) souhaite y laisser son empreinte et transmettre son rituel biblique à tous les dégénérés de la terre !


    "La peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance"
    Chef-d'oeuvre de suspense et de tension dévoilant un regard sinistré sur la nature humaine, Seven demeure notamment un fabuleux numéro d'acteurs que Kevin Spacey monopolise avec autant de tranquillité apathique que de cynisme impassible ! Vertigineux jusqu'au malaise viscéral !

    Bruno Matéï
    3èx

    Récompenses:
    Meilleur film et meilleur scénario au festival Fantasporto,1996.
    Saturn Awards du meilleur scénario et du meilleur maquillage en 1996.
    MTV Movie Awards du meilleur film et du meilleur méchant (Kevin Spacey) en 1996.
    Hochi Film Award du meilleur film étranger en 1996.
    Empire Awards du meilleur film et du meilleur acteur (Morgan Freeman) en 1997.
    Prix du public du meilleur film étranger aux prix Sant Jordi du cinéma en 1997.
    Blue Ribbon Award du meilleur film étranger en 1996.

    mardi 15 avril 2014

    LAST DAYS OF SUMMER (Labor Day)

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    de Jason Reitman. U.S.A. 1h51. Avec Kate Winslet, Josh Brolin, Gattlin Griffith, Tobey Maguire, James Van Der Beek, Clark Gregg, Brooke Smith.

    Sortie salles France: 30 Avril 2014. U.S: 31 Janvier 2014

    FILMOGRAPHIE: Jason Reitman est un réalisateur, producteur et scénariste canadien, né le 19 Octobre 1977 à Montréal.
    2005: Thank You for Smoking. 2007: Juno. 2009: In the Air. 2011: Young Adult. 2013: Last days of Summer


    Cinéaste canadien révélé par Juno, In the Air et Young Adult, Jason Reitman n'en finit plus de nous surprendre avec son cinquième long-métrage adapté d'un best-seller de Joyce Maynard.
    Romance éperdue à la sensibilité prude, de par l'humanisme chétif de ses personnages, Last Days of summer relate la destinée amoureuse d'un couple en berne condamné à l'expectative. L'histoire d'amour impossible entre un évadé de prison et une jeune femme timorée, vivant recluse dans sa demeure parmi l'attention de son jeune fils. De prime abord, Jason Reitman s'attache à retranscrire la tendre relation qui unit cette mère et son enfant quand le père a démissionné de ses fonctions pour entreprendre une existence plus conforme à ses espérances. Taciturne et introvertie, car perturbée par un lourd passé, Adele ne croit plus en l'amour depuis son divorce jusqu'au jour où un étranger quelque peu menaçant décide de séjourner dans son foyer afin de fuir la police. Au fil leurs entretiens journaliers, Adele et le jeune Henry vont peu à peu se laisser attendrir par la bienséance de l'individu prodiguant confiance et respect d'autrui. Également tributaire d'un grave passé au secret inavouable, ce dernier finit par s'identifier à la fragilité sentencieuse de la jeune femme au point d'en tomber amoureux. De son côté, l'adolescent délaissé de sa mère commence à s'interroger sur les réelles motivations de l'inconnu, quand bien même sa mauvaise fréquentation avec une jeune adolescente va prolonger sa remise en question.


    Avec sa mise en scène épurée éludée de fioriture, Jason Reitman filme cette romance élégiaque de manière gracile, à l'image de cette nature bucolique qui environne nos héros. Outre la densité des enjeux incertains, l'intensité du récit émane surtout de la sincérité des comédiens que le cinéaste filme avec maturité et refus de sentimentalisme. La manière limpide à laquelle il nous conte son histoire dédiée aux tourments nous implique dans une émotion vulnérable qu'un suspense exponentiel va venir renforcer dans sa toute dernière partie. Sans chercher à manipuler gratuitement les mécanismes de la tension, Jason Reitman exacerbe en point d'orgue un dénouement des plus précaires dans son mode du thriller et sublime au passage une profonde histoire d'amour. En abordant les thèmes de la famille, de l'infidélité, de la démission parentale, SPOILER ! de l'erreur judiciaire, du deuil infantile FIN DU SPOILER et du fragile passage à l'adolescence, Last Days of summer traite ses réflexions à travers l'affliction d'amants désavoués d'un lourd passé SPOILER ! mais auquel la patience finira par vaincre leur déveine FIN DU SPOILER. Du point de vue de la puberté, le personnage d'Henry observe cette nouvelle relation avec inquiétude et interrogation, avant de comprendre les sens de l'amitié et de l'équilibre familial bâtis sur la confiance, le respect, la tolérance et l'amour.


    "Il faut une infinie patience pour attendre toujours ce qui n'arrive jamais". 
    Admirablement dirigé et servi par un trio de comédiens d'une dignité humaine bouleversante, Last Days of summer rejette la sinistrose afin de renouer avec l'épopée romanesque et démontre que le sentiment amoureux reste l'élément le plus aléatoire et cathartique de notre destinée. A vos mouchoirs mesdames !

    Bruno Matéï

    vendredi 11 avril 2014

    La Mouche 2 / The Fly 2

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviegoods.com

    de Chris Wallas. 1989. U.S.A. 1h45. Avec Eric Stoltz, Daphne Zuniga, Lee Richardson, John Getz, Frank C. Turner, Ann Marie Lee, Gary Chalk.

    Sortie salles France: 26 Avril 1989. U.S: 10 février 1989

    FILMOGRAPHIE: Chris Wallas est un réalisateur américain, né en 1955 à Chicago, Illinois, U.S.A.
    1989: La Mouche 2. 1990: Les Contes de la Crypte (Série TV, épisode: Till Death). 1992: Psychose Meurtrière.


    Trois ans après le succès de La Mouche, remake plus humaniste/organique/romantique/discursif que le classique de Kurt NeumannChris Wallas entreprend une séquelle afin d'exploiter le filon commercial. Pure série B à nouveau bâtie sur les thèmes de la téléportation et de la mutation génétique, La Mouche 2 réussit à entretenir l'intérêt grâce prioritairement à la bonne volonté de son réalisateur néophyte et des comédiens en herbe particulièrement crédibles. Et ce en dépit d'un accueil public et critique plutôt défaitiste lors de sa sortie controversée. Le pitch: Cinq ans après les évènements dramatiques qui coûtèrent la vie à Seth Brundle, sa compagne accouche d'un enfant physiquement ordinaire mais à la croissance anormale. Elevé par le docteur Bartok et sujet à divers expériences pour déjouer une éventuelle mutation, Martin Brundle doit tenter dès son plus jeune âge de déchiffrer les secrets de la téléportation préalablement étudiée par son père. Utilisé comme cobaye et épié dans son foyer factice, il ne tarde pas à découvrir qu'il est le fruit d'une machination. Pourvu d'une certaine efficacité dans son cheminement narratif dénué de temps mort et mené avec savoir-faire par son action encourue, La Mouche 2 ne s'embarrasse ni de réflexion métaphorique ni d'intensité dramatique (en dépit de la scène anthologique du chien moribond) pour tenter de concourir avec son modèle. Or, de par son intrigue futile dénuée de surprises, le film aurait pu rapidement sombrer dans la séquelle standard si les comédiens n'avaient su faire preuve d'éloquence.


    Et bien que son scénario s'articule autour des secrets de la téléportation pour renouer avec les transformations génétiques auquel le héros tentera de trouver une solution à sa dégénérescence, l'implication des acteurs ainsi que son savoir-faire technique pallient en partie son manque d'ambition. Si bien que dominé par la présence juvénile d'Eric Stolz, le comédien parvient à insuffler une réelle fragilité dans sa condition de victime gagnée par la maladie, alors qu'un peu plus tard, sa métamorphose le conduira en monstre vindicatif afin de réprimander ses oppresseurs. Reflet de son adolescence, la pudeur et l'innocence qu'il nous véhicule de prime abord culmine d'ailleurs vers une séquence véritablement poignante, pour ne pas dire insupportable, lorsqu'il doit faire face à l'agonie de son compagnon canin réduit à la difformité monstrueuse ! (une séquence éprouvante d'une rigueur dramatique quasi insupportable par son réalisme escarpé). Epaulé de la jeune Beth Logan auquel ils finissent par amorcer une liaison amoureuse, Daphne Zuniga joue avant tout sur son charme corporel pour nous convaincre mais sait aussi se montrer sincère dans sa compassion portée à Martin. Quand à Lee Richardson il incarne avec hypocrisie l'autorité d'un leader mégalo dénué de vergogne pour la vie humaine car trop avide de cupidité pour parfaire son entreprise professionnelle. Pour clore l'interprétation, si les rôles secondaires impartis aux méchants s'avèrent parfois caricaturaux, leur exubérance renforce le caractère ludique des situations, à l'instar des effets gores gratuits mais spectaculaires qui émanent des agressions de la mouche ! Et même si on aurait préféré une créature plus mobile lors de ses déplacements et exactions meurtrières elle parvient néanmoins à fasciner sous l'impulsion d'FX artisanaux rigoureusement soignés, stylisés même, mais aussi inventifs. 


    Dénué d'ambition, La Mouche 2 joue honnêtement la carte de l'exploitation dans son format traditionnel de série B du samedi soir. Sauvé par la prestance attachante des comédiens et de l'efficacité de sa réalisation d'autant plus novice, le film bénéficie en outre d'effets-spéciaux artisanaux saillants et d'une action homérique parfois débridée (gore à l'appui, particulièrement lors de sa dernière partie effrénée parfaitement menée). Une séquelle franchement sympathique donc, en toute humilité, dégageant aujourd'hui un charme rétro que les nostalgiques accueilleront avec une émotion gratifiante nullement réservée. 

    La Chronique de la Mouche: http://brunomatei.blogspot.fr/…/la-mouche-prix-special-du-j…

    *Bruno
    01.04.23. 4èx

    jeudi 10 avril 2014

    THE MIST

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    de Frank Darabont. 2007. U.S.A. 2h07. Avec Thomas Jane, Marcia Gay Harden, Laurie Holden, Andre Braugher, Toby Jones, William Sadler, Jeffrey DeMunn.

    Sortie salles France: 27 Février 2008. U.S: 21 Novembre 2007

    FILMOGRAPHIE: Frank Darabont est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur de cinéma américain, d'origine hongroise, né en France le 28 Janvier 1959 à Montbéliard (Doubs).
    1990: Enterré vivant (télé-film). 1994: Les Evadés. 1999: La Ligne Verte. 2001: The Majestic. 2007: The Mist.
    SERIES TV: 2007: Raines (saison 1 épisode 1). 2007: The Shield (saison 6 épisode 6). 2010: The Walking Dead (saison 1 épisode 1). 2013: Mob City (4 épisodes).


    Adapté d'une nouvelle de Stephen King, The Mist (la brume) relate l'épreuve de force d'un groupe d'individus pris à parti avec des insectes mutants planqués sous un épais brouillard. Calfeutrés dans un supermarché afin de se prémunir de la menace externe, une fanatique religieuse encore plus pernicieuse va semer la zizanie au sein de leur communauté ! Par le réalisateur de La Ligne Verte et des Evadés, rien ne nous laissait présager que Frank Darabont allait élever le genre horrifique à son niveau le plus abrupt, dans le sens où The Mist transcende un cauchemar ultra réaliste où sa dramaturgie est mise à rude épreuve ! Car ici, le thème éculé de l'insecte mutant venu d'une autre planète est réexploité dans un contexte contemporain afin de renforcer la véracité des évènements vécus. Avec l'aide d'effets spéciaux numériques plutôt convaincants et une horreur viscérale éprouvante, The Mist distille un vrai malaise et implique intimement le spectateur dans une situation de claustration des plus névrosées !


    A travers les sentiments de peur et de panique, le réalisateur dénonce le fanatisme religieux invoqué par une intégriste et sa capacité à endoctriner les personnes les plus influentes vers l'expiation. En s'attardant sur l'évolution des personnages en constante remise en question et aux rapports de force contradictoires, il traite notamment de notre incommunicabilité et l'impossible alliance de pouvoir s'adapter à une situation alerte. Ces affrontements récurrents que nos protagonistes se disputent pour l'enjeu de survie et celui de la liberté nous amènent donc à une étude psychologique sur la peur, la lâcheté qui en émane et notre folie paranoïaque. Avec cette dynamique de groupe en perpétuelle divergence, il nous démontre que l'homme est asservi depuis toujours par le culte religieux et les stratégies politiques, principales engeances des conflits de nos sociétés. Alors qu'au sein de ce microcosme, les plus solidaires et les plus érudits vont devoir disserter en catimini afin de trouver une solution fructueuse pour sortir de la crise. Avec l'efficacité de sa réalisation studieuse et le jeu argumenté des comédiens, Frank Darabont n'oublie jamais le sens du genre horrifique en émaillant son intrigue d'agressions sanglantes que les insectes perpétuent quand elles réussissent à s'infiltrer dans le supermarché. Avec son intensité exponentielle et ses mises à mort inopinées, le réalisateur n'y va pas avec le dos de la cuillère pour illustrer notamment des altercations ultra violentes entre nos protagonistes en perdition. Quand bien même son point d'orgue apocalyptique va venir nous accabler d'émotion pour l'audace impartie au sens du sacrifice, notamment le cynisme nihiliste qui s'en extrait, même si une issue de secours est finalement promulguée !


    "Quoi de plus inhumain qu'un sacrifice humain ?"
    Avec The Mist, Frank Darabont a signé une pierre angulaire du genre horrifique et transcendé par la même occasion l'une des meilleures adaptations de Stephen King. Son ambition jusqu'au-boutiste à avoir su exploiter la peur, le malaise et la terreur dans un contexte purement psychologique (les vrais monstres restent humains !) est d'autant plus bouleversante que sa conclusion nous laisse dans un état de déprime injustifiable (il s'agit d'ailleurs à mes yeux d'une des fins les plus effroyables du cinéma !).  

    Bruno Matéï
    2èx 

    mercredi 9 avril 2014

    Hitcher. Grand Prix du Jury, Cognac 86.

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

    "The Hitcher" de Robert Harmon. 1986. U.S.A. 1h37. Avec C. Thomas Howell, Rutger Hauer, Jennifer Jason Leigh, Jeffrey DeMunn, John M. Jackson.

    Sortie salles France: 25 Juin 1986. Sortie salles U.S: 21 Février 1986

    FILMOGRAPHIE: Robert Harmon est un réalisateur américain. 1986: Hitcher. 1993: Cavale sans issue. 1996: Gotti (télé-film). 2000: The Grossing. 2002: Astronauts (télé-film). 2002: Le Peuple des Ténèbres. 2004: Highwaymen. 2004: Ike: opération overlord (télé-film). 2005: Stone Cold (télé-film). 2006: Jesse Stone: Night Passage (télé-film). 2006: Jesse STone: Death in paradise (télé-film). 2007: Jesse Stone: Sea Change (télé-film). 2009: Jesse Stone: Thin Ice (télé-film). 2010: Jesse Stone: sans remords (télé-film). 2010: Une lueur d'espoir (télé-film). 2012: Jesse Stone: Benefit of the Doubt (télé-film).


    Desservi par son échec commercial et comparé à l'époque comme un vulgaire plagiat de Duel, Hitcher a tout de même convaincu les membres du Jury de Cognac pour lui avoir décerné trois récompenses ! C'est également au fil des décennies que cette série B nerveusement emballée s'est taillée une réputation de film culte auprès d'une frange de cinéphiles. Ainsi, le redécouvrir de nos jours prouve à quel point l'oeuvre modeste de Robert Harmon redouble toujours d'efficacité dans son alliage de thriller inquiétant, suspense et action sur fond d'atmosphère irréelle. Car grâce à l'attrait ésotérique du postulat et le jeu nuancé de l'intrigant Rutger Hauer, Hitcher effleure les cimes du fantastique par l'entremise du climat  envoûté ! Tant auprès de son décor de désert californien magnifiquement éclairé d'horizons crépusculaires que de son score mélancolique de Mark Isham oh combien capiteux ! Même si l'allusion à Duel s'avère inévitable, Hitcher possède suffisamment de personnalité (marginale) pour se démarquer du chef-d'oeuvre de Spielberg en nous dévoilant ouvertement les rapports équivoques du meurtrier et de sa victime. Par conséquent, après avoir embarqué un autostoppeur sur son trajet de convoyage, un étudiant se retrouve pris au piège par cet étrange inconnu délibéré à le harceler jusqu'à ce que l'un d'eux trépasse. Si le jeune Jim Halsey réussit fissa à s'en débarrasser après l'avoir éjecté de son véhicule, l'étranger réussit toujours à rebrousser chemin pour le pourchasser sans répit, tel le jeu du chat et de la souris. Spoil ! Pire encore, il réussit à l'accuser des meurtres de touristes qu'il perpétue lâchement sur la campagne californienne jusqu'à ce que la police décide de lui entamer une traque sans relâche. Fin du Spoil.


    Là où le récit gagne en revirement intense émane des enjeux du héros à tenter de témoigner de son innocence face à la police. Car non seulement Jim doit redoubler de bravoure pour déjouer les stratagèmes du psychopathe, mais il doit notamment faire face aux patrouilles de l'ordre lancées sans relâche à ses trousses ! Ce qui nous vaut d'ailleurs de belles cascades automobiles que Robert Harmon exécute avec souci chorégraphique. Outre le dynamisme du récit fertile en rebondissements et allusions macabres (à une facilité improbable près lorsque la serveuse du snack décide subitement de prêter main forte au présumé coupable), Hitcher doit également beaucoup à la prestance insidieuse de ces interprètes. En particulier Rutger Hauer incarnant ici un tueur étrangement placide habité par le cynisme et le non-dit ! De par son regard mesquin inscrit dans l'arrogance et la provocation, l'acteur véhicule un pouvoir d'attraction d'autant plus énigmatique que nous ne connaîtrons jamais les vraies motivations de sa belligérance, si bien qu'il parvient toujours par on ne sait quel miracle à retrouver la trace de son adversaire ! C. Thomas Howell lui partage sobrement la vedette avec une pugnacité mêlée de désespoir car toujours plus tourmenté à tenter de mettre un terme à cette traque dénuée de logique ! L'acteur réussit donc honorablement à imposer ses marques pour exprimer sentiments d'amertume et rancoeur vindicative à l'aide d'une force d'expression subtilement poignante ! Enfin, dans celle d'une tenancière, la charmante Jennifer Jason Leigh apaise parfois la tension à travers son regain de tendresse alloué au jeune héros au point lui prêter main forte (trop facilement avouons le à nouveau !) face à l'intolérance des autorités.


    Intense et captivant autour d'une langoureuse atmosphère de déréliction implantée en désert urbain, Hitcher sait soigneusement mettre en image son format série B parmi l'efficacité d'un scénario original. Pour parachever, la confrontation opiniâtre entamée entre nos deux adversaires réserve également des moments d'intimité insaisissables. Grand classique au charme funèbre prédominant. 

    *Bruno 
    5èx. 11.02.21

    Récompenses: Grand prix du jury, Prix de la critique et Prix TF1 au Festival du film policier de Cognac, 1986.

    mardi 8 avril 2014

    MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, 2003. (The Texas Chainsaw Massacre)

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site apercucinephilia.wordpress.com

    de Marcus Nispel. 2003. U.S.A. 1h38. Avec Jessica Biel, Jonathan Tucker, Erica Leerhsen, Mike Vogel, Eric Balfour, R. Lee Ermey, David Dorfman, Lauren German.

    Sortie salles France: 21 Janvier 2004.

    FILMOGRAPHIE: Marcus Nispel est un réalisateur, producteur allemand, né le 15 avril 1963 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne.
    2003: Massacre à la Tronçonneuse. 2004: Frankenstein. 2007: Pathfinder. 2009: Vendredi 13. 2011: Conan. 2014: Backmask.


    Sorti un an avant la vague du Torture porn imposée par Saw et Hostel, Massacre à la Tronçonneuse, le remake, est d'autant plus une surprise qu'il ne joue jamais la surenchère gore, à l'instar du légendaire chef-d'oeuvre de Tobe Hooper. L'habileté de Marcus Nispel est notamment de ne pas suivre la même ligne directrice que son modèle tout en insérant quelques clins d'oeil judicieux (le prélude avec la jeune auto-stoppeuse égarée au milieu de la route, le chauffeur de camion réfutant en dernier lieu de prêter main forte à la survivante, Leatherface se coupant la jambe par accident). Louablement, le réalisateur s'épargne donc la facilité du copié-collé, ponctue le récit de rencontres impromptues et respecte le travail de Hooper en privilégiant les éléments de suggestion et de terreur poisseuse. La première partie axée sur l'attente s'avère déjà bien anxiogène dans sa confection d'une atmosphère pesante (photo sépia à l'appui !) où la tension sous-jacente laisse sous entendre un futur éclair de violence. Je songe au repère de la demeure des tueurs où le couple Erin / Kemper est fraîchement accueilli par un handicapé décati à fauteuil roulant. La première apparition de Leatherface s'avère d'ailleurs très impressionnante dans son effet de surprise aléatoire à ébranler sa première victime ! Et quand la violence se déchaîne, l'assassin dévoile l'apparence de son visage de cuir et agite sa tronçonneuse avec une hargne incontrôlée !


    En ce qui concerne les cinq protagonistes juvéniles incessamment persécutés par la famille des tueurs, là aussi le réalisateur a pris soin de leur tailler une carrure toute fragile dans leur chemin de croix livré au trépas. Des jeunes ados timorés car n'osant pas défier l'autorité d'un flic obtus, et donc toujours plus apeurés par la dramaturgie déroutante de leur situation. On peut d'ailleurs souligner le jeu névrosé de Jessica Biel multipliant les prises de risques pour sauvegarder ses amis mais aussi échapper à ses agresseurs dans sa course pour la survie ! Déjà bien secoué par la mort de l'autostoppeuse, nos touristes vont donc avoir à faire au jeu d'humiliation imposé par ce shérif sadique (l'acteur R. Lee Ermey jubile de perversité dans sa fonction policière et provoque le malaise dans ses brimades macabres !) en attendant d'être parqués dans une chaufferie, lieu de sévices où Leatherface dépèce ses victimes. A cet égard, la fameuse torture du crochet dans les côtes s'avère bien rude et se démarque un peu de son modèle en redoublant de cruauté, puisque l'une des jambes sectionnées de la victime finira par être enduite de gros sel afin de cicatriser la plaie ! L'intrusion de divers antagonistes (le couple de femmes dans la caravane, l'enfant sauvage) est notamment une bonne idée puisqu'elle ajoute une ironie sardonique à une situation cauchemardesque toujours plus contraignante, sachant que la dernière victime n'aura de cesse d'accourir à travers bois ou de se planquer dans les entrepôts pour échapper à la sentence de la tronçonneuse !


    Méchant, tendu, intense, malsain et poisseux, Massacre à la Tronçonneuse récolte la réussite du remake intelligent car respectueux de son modèle et d'autant plus terrifiant qu'il ne cède jamais au caractère sanglant de son titre évocateur ! Car ici, c'est la vigueur de sa réalisation et la rigueur de l'ultra violence qui priment afin d'exacerber une tension omniprésente, quand bien même les hurlements des victimes et le son strident de la tronçonneuse viennent renforcer l'état de panique ! 
    Une réussite plus qu'honorable, pour ne pas dire miraculeuse, car réussissant à distiller la trouille avec une trépidante efficacité ! 

    La Chronique de son modèle, Massacre à la Tronçonneuse (1974): http://brunomatei.blogspot.fr/…/massacre-la-tronconneuse-te…

    Bruno Matéï
    3èx

    lundi 7 avril 2014

    CASSE TETE CHINOIS. Prix du Jury jeune à Sarlat, 2013

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    de Cédric Klapisch. 2013. France. 1h57. Avec Romain Duris, Kely Reilly, Audrey Tautou, Cécile De France, Sandrine Holt, Flore Bonaventura.

    Récompense: Prix du Jury jeune au Festival du film de Sarlat, 2013.

    Sortie salles France: 4 décembre 2013

    FILMOGRAPHIE:Cédric Klapisch est un réalisateur, scénariste et producteur français, né le 4 Septembre 1961 à Neuilly-sur-Seine (France).
    1989: Maasaïïtis. 1991: Riens du tout. 1994: Le Péril Jeune. 1996: Chacun cherche son chat. 1996: Un air de famille. 1999: Peut-être. 2001: L'Auberge Espagnole. 2002: Ni pour ni contre. 2005: Les Poupées Russes. 2008: Paris. 2011: Ma part du Gâteau. 2013: Casse-tête chinois.


    Après l'Auberge Espagnole et Les Poupées Russes, Cédric Klapisch amorce une suite à son diptyque avec Casse-tête chinois. Titre on ne peut mieux approprié puisque le héros du film, Xavier, entreprend l'écriture de ce roman afin d'exorciser l'échec de sa rupture amoureuse. Comédie légère entièrement bâtie sur le concept amoureux, Casse Tête chinois renoue avec le vent de fraîcheur et de tendresse des précédents opus pour traiter aujourd'hui du mal-être de la quarantaine chez un père de famille. Xavier vient de rompre avec sa femme anglaise après 10 ans de vie commune. Alors qu'elle rentre à New-York parmi ses enfants, il décide également de la rejoindre et cherche un appartement pour assurer la garde de ses rejetons. Après avoir renouer contact avec son amie lesbienne Isabelle, cette dernière lui trouve une location et lui propose par la même occasion de devenir son donateur de sperme par insémination artificielle. En effet, elle aimerait devenir mère d'un enfant avec sa nouvelle compagne, Ju. Au même moment, Martine, l'ex de Xavier, lui annonce qu'elle vient lui rendre visite à New-York.


    Treize ans séparent l'Auberge Espagnole de Casse-tête Chinois et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est un réel bonheur de retrouver Xavier, Isabelle, Martine et Wendy du haut de leur quarantaine. Outre l'inventivité de sa réalisation aux touches de poésie fantaisiste, sa nouvelle réussite est une fois encore imputée au talent spontané de ces interprètes, successivement incarnés par Romain DurisCécile De FranceAudrey Tautou et Kely Reilly. Des comédiens à la bonhomie pleine de fougue réussissant à nous faire partager leur vicissitudes dans une cohésion amicale. Exit donc la caricature traditionnellement imposée dans ce genre de comédie légère si bien que Cédric Klapisch dessine ces personnages avec l'autorité de leur caractère et un jeu d'improvisation inscrit dans le naturel. En traitant avec simplicité des thèmes contradictoires de l'amour et de l'infidélité, le réalisateur scande un hymne à l'existence (et à la cohésion cosmopolite) auquel le hasard des circonstances rachète toutes les incertitudes. Emaillé de quiproquos irrésistibles (la visite des agents de l'immigration chez Xavier), de rencontres impromptues (le chauffeur de taxi molesté, sa fille asiatique compromise au mariage blanc) et de situations amusées (l'échange verbal difficilement établi entre le nouvel ami de Wendy et Xavier, ou encore l'étreinte sexuelle de ce dernier avec Martine), Casse-tête chinois réussit à combiner tendresse et humour Spoiler ! jusqu'à l'harmonie d'un happy-end renouant avec le bonheur conjugal. Fin du Spoiler. Cet épilogue d'une belle intensité émotionnelle boucle l'idéologie optimiste du réalisateur dans son audace prodiguée et nous suscite l'envie d'affronter la vie sentimentale avec autant de persuasion.  


    Léger, frais, pétillant, décomplexé et pittoresque, Casse-Tête Chinois renoue avec la verve de ces précédents modèles (même si on peut déplorer une première partie un peu laborieuse) et peut se targuer d'être un antidépresseur à tous les désillusionnés de l'amour et ceux concevant leur destinée comme scellée d'avance. Comme le prouve la vie compliquée de Xavier, les aléas de l'existence restent ouvertes et attendent de se cristalliser, quand bien même votre meilleur(e) ami(e) pourrait bien un jour bouleverser votre perplexité ! A condition d'y croire et de pratiquer le goût du risque et de l'évasion ! 

    Bruno Matéï

    vendredi 4 avril 2014

    Délivrance

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site dpstream.net

    "Deliverance" de John Boorman. 1972. U.S.A. 1h49. Avec John Voight, Burt Reynolds, Ned Beatty, Ronny Cox, Ed Ramey, Billy Redden.

    Sortie salles France: 1er Octobre 1972. U.S: 30 Juillet 1972

    FILMOGRAPHIE: John Boorman est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur américain, né le 18 Janvier 1933 à Shepperton (Royaume-Uni). 1965: Sauve qui peut. 1967: Le Point de non-retour. 1968: Duel dans le pacifique. 1970: Leo the last. 1972: Délivrance. 1974: Zardoz. 1977: L'Exorciste 2. 1981: Excalibur. 1985: La Forêt d'Emeraude. 1987: Hope and Glory. 1990: Tout pour réussir. 1995: Rangoon. 1998: Le Général. 2001: Le Tailleur de Panama. 2003: In my Country. 2006: The Tiger's Tail.


    Précurseur du survival pur et dur, Délivrance est une plongée en enfer à rude épreuve, autant pour le témoignage du spectateur lourdement éprouvé que pour nos héros incessamment livrés à une épreuve d'endurance. Alors qu'une rivière est sur le point de rendre l'âme depuis que l'homme eut décidé d'y construire un barrage, quatre citadins s'empressent de lui rendre un dernier hommage pour la parcourir en canoë. Ainsi, ce qui s'annonçait comme un week-end idyllique va rapidement virer en périple cauchemardesque après que l'un d'eux subira un viol par deux rednecks locaux. Ayant riposté en légitime défense et tué l'un des tortionnaires, nos héros useront de patience, constance et bravoure pour déjouer la vengeance d'un ennemi invisible planqué au sein de la forêt. Alors qu'ils tentent désespérément de descendre la rivière pour rejoindre la ville, dame nature les soumet également à une épreuve de survie sur les violents rapides et en amont des montagnes rocailleuses. Survival cauchemardesque au confins de l'horreur, drame psychologique à l'intensité dramatique rigoureuse,  Délivrance délivre un constat implacable sur la nature de l'homme contraint ici de renouer avec son instinct primitif pour tenter de survivre dans une nature hostile. 


    Si bien que cette rivière bafouée par notre irrévérence semble se venger de notre arrogance pour prendre en otage quatre innocents et les confronter à un ultime combat contre la mort. Quand bien même un autochtone déficient leur corsera la situation pour tenter lui aussi de les éradiquer ! De manière jusqu'au-boutiste mais sans jamais céder à une quelconque complaisance, John Boorman livre un récit d'aventures d'une violence âpre (viol crapuleux à l'appui !) où l'ambiance horrifique, sous-jacente mais aussi palpable, nous saisit littéralement à la gorge. Epaulé d'un scénario et d'un casting sans faille, son intensité singulière découle également de son saisissant réalisme ainsi que de la passionnante évolution des personnages au caractère bien distinct. De paisibles citadins qui n'auront de cesse de se mesurer à leur propre éthique afin de décider communément s'ils se débarrassent d'un cadavre encombrant ou à contrario se livrent à la police et ainsi justifier leur légitime défense. Livré à la solitude et démunis par la déveine, ces derniers recourent à la pugnacité pour surmonter peur et courage en se délayant des pires situations, alors que l'expiation peut parfois conduire au suicide chez l'un d'eux. 


    Voyage au bout de l'enfer
    Désespéré et impitoyable, dérangeant et éprouvant, Délivrance innove le genre survival pour lui offrir ses lettres de noblesse avec l'intelligence d'un scénario acéré (on peut par ailleurs y déceler une métaphore sur la guerre du Vietnam dont Cimino empruntera quelques éléments pour Voyage au bout de l'enfer). Pour parachever, l'intensité psychologique des personnages torturés (ils sortiront à jamais traumatisés de leur expérience !) culmine au constat d'amertume sur notre sauvagerie lorsque l'homme est confronté à une épreuve de légitime défense, et sur notre incapacité à braver le déchaînement de mère nature. Un cauchemar écolo dont on ne sort pas indemne sous l'impulsion d'un célèbre banjo animé par la rouerie. 

    4èx