Photo empruntée sur Google, appartenant au site dpstream.net
"Deliverance" de John Boorman. 1972. U.S.A. 1h49. Avec John Voight, Burt Reynolds, Ned Beatty, Ronny Cox, Ed Ramey, Billy Redden.
Sortie salles France: 1er Octobre 1972. U.S: 30 Juillet 1972
FILMOGRAPHIE: John Boorman est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur américain, né le 18 Janvier 1933 à Shepperton (Royaume-Uni). 1965: Sauve qui peut. 1967: Le Point de non-retour. 1968: Duel dans le pacifique. 1970: Leo the last. 1972: Délivrance. 1974: Zardoz. 1977: L'Exorciste 2. 1981: Excalibur. 1985: La Forêt d'Emeraude. 1987: Hope and Glory. 1990: Tout pour réussir. 1995: Rangoon. 1998: Le Général. 2001: Le Tailleur de Panama. 2003: In my Country. 2006: The Tiger's Tail.
Précurseur du survival pur et dur, Délivrance est une plongée en enfer à rude épreuve, autant pour le témoignage du spectateur lourdement éprouvé que pour nos héros incessamment livrés à une épreuve d'endurance. Alors qu'une rivière est sur le point de rendre l'âme depuis que l'homme eut décidé d'y construire un barrage, quatre citadins s'empressent de lui rendre un dernier hommage pour la parcourir en canoë. Ainsi, ce qui s'annonçait comme un week-end idyllique va rapidement virer en périple cauchemardesque après que l'un d'eux subira un viol par deux rednecks locaux. Ayant riposté en légitime défense et tué l'un des tortionnaires, nos héros useront de patience, constance et bravoure pour déjouer la vengeance d'un ennemi invisible planqué au sein de la forêt. Alors qu'ils tentent désespérément de descendre la rivière pour rejoindre la ville, dame nature les soumet également à une épreuve de survie sur les violents rapides et en amont des montagnes rocailleuses. Survival cauchemardesque au confins de l'horreur, drame psychologique à l'intensité dramatique rigoureuse, Délivrance délivre un constat implacable sur la nature de l'homme contraint ici de renouer avec son instinct primitif pour tenter de survivre dans une nature hostile.
Si bien que cette rivière bafouée par notre irrévérence semble se venger de notre arrogance pour prendre en otage quatre innocents et les confronter à un ultime combat contre la mort. Quand bien même un autochtone déficient leur corsera la situation pour tenter lui aussi de les éradiquer ! De manière jusqu'au-boutiste mais sans jamais céder à une quelconque complaisance, John Boorman livre un récit d'aventures d'une violence âpre (viol crapuleux à l'appui !) où l'ambiance horrifique, sous-jacente mais aussi palpable, nous saisit littéralement à la gorge. Epaulé d'un scénario et d'un casting sans faille, son intensité singulière découle également de son saisissant réalisme ainsi que de la passionnante évolution des personnages au caractère bien distinct. De paisibles citadins qui n'auront de cesse de se mesurer à leur propre éthique afin de décider communément s'ils se débarrassent d'un cadavre encombrant ou à contrario se livrent à la police et ainsi justifier leur légitime défense. Livré à la solitude et démunis par la déveine, ces derniers recourent à la pugnacité pour surmonter peur et courage en se délayant des pires situations, alors que l'expiation peut parfois conduire au suicide chez l'un d'eux.
Voyage au bout de l'enfer
Désespéré et impitoyable, dérangeant et éprouvant, Délivrance innove le genre survival pour lui offrir ses lettres de noblesse avec l'intelligence d'un scénario acéré (on peut par ailleurs y déceler une métaphore sur la guerre du Vietnam dont Cimino empruntera quelques éléments pour Voyage au bout de l'enfer). Pour parachever, l'intensité psychologique des personnages torturés (ils sortiront à jamais traumatisés de leur expérience !) culmine au constat d'amertume sur notre sauvagerie lorsque l'homme est confronté à une épreuve de légitime défense, et sur notre incapacité à braver le déchaînement de mère nature. Un cauchemar écolo dont on ne sort pas indemne sous l'impulsion d'un célèbre banjo animé par la rouerie.
4èx
Fantastique survival ! la pierre angulaire qui fut le démarrage de nombre de copies par la suite beaucoup moins réussies, à part quelques exceptions ( "Sans retour" de Walter Hill) un des dix meilleurs films du genre pour moi et de John Boorman, l'un de ses 3 meilleurs films avec "Zardoz" et "le point de non retour". continue comme ça Bruno, ton site est passionnant a lire, dommage que tu sois pas dans la région parisienne je t'inviterais pour un de mes futurs podcast sur le cinéma de genre.
RépondreSupprimerMerci à toi Atreyu et merci pour l'invitation ;)
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