mercredi 23 mars 2016

EDWARD AUX MAINS D'ARGENT. Oscar du Meilleur Maquillage, 1991.

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site chuckyg.com

"Edward Scissorhands" de Tim Burton. 1990. U.S.A. 1h45. Avec Johnny Depp, Winona Ryder, Dianne Wiest, Anthony Michael Hall, Alan Arkin, Kathy Baker, Robert Oliveri, Vincent Price.

Sortie salles France: 10 Avril 1991. U.S: 14 Décembre 1990

FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie. 1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie. 2014: Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine's Home for Peculiar Children.


Après nous avoir surpris avec Beetlejuice et Batman, Tim Burton transcende son talent de conteur baroque à travers Edward aux mains d'argent, merveille d'émotions d'une fulgurance féerique. L'intrigue retraçant avec beaucoup de fantaisies puis une gravité exponentielle les vicissitudes d'une créature humaine affublée de cisailles en guise des mains. Autrefois créé par un inventeur de génie, ce dernier mourut avant même de lui substituer de véritables poignes. Après avoir visitée l'antre de son château, une commerciale en esthétique décide de l'adopter au sein de sa famille depuis son isolement. Rapidement, les voisins du quartier affluent afin de faire connaissance avec l'étrange phénomène. Abordant avec acuité les thèmes de l'intolérance, du préjugé, du racisme et du fanatisme religieux, Edward aux mains d'argent milite pour le droit à la différence sous l'impulsion d'une impossible romance. Car si Edward fascine irrémédiablement son entourage par ses talents artistiques de sculpteur en horticulture et en coiffure; la jalousie, la rancoeur et la couardise de seconds rôles vont l'entraîner vers le lynchage communautaire. 


Variation moderne de Frankenstein pour l'innocence du monstre féru de maladresses à différencier les valeurs du bien et du mal en l'absence parentale, et pour sa condition criminelle, Edward aux mains d'argent traduit en seconde partie un goût pour la romance pure sous le pilier d'un onirisme enchanteur. Les flocons de neiges et les sculptures de glaces ornementales faisant office de symbole d'espoir pour la correspondance des amants maudits. Emaillé d'instants irrésistibles de cocasserie pour l'acclimatation malhabile d'Edward au sein d'une société conformiste fondée sur le paraître (les caprices et les idées préconçues des voisines ont également leur part de responsabilité pour la déchéance colérique de ce dernier), l'intrigue finit par céder à une dramaturgie toujours plus inquiétante lorsque la fille des Boggs finit par lui éprouver des sentiments en dépit de la jalousie de son compagnon. Winona Ryder endossant avec pudeur du regard en émoi une fille touchée par la grâce amoureuse dans sa fragile élégance. Oscillant la maladresse et le talent pictural dans sa posture excentrique de monstre infantile, Johnny Depp livre sans doute l'un de ses rôles les plus prégnants tant il parvient par l'appui du mimétisme et du regard candide à provoquer une intense émotion au fil de son insertion sociale. Ce dernier se confrontant à un concours de circonstances infortunées depuis son influence manipulable et son handicap tactile.  


Joyaux noir aussi baroque que cruel pour la situation galvaudée du monstre, conte de noël d'un onirisme enchanteur pour la romance singulière du couple, Edward aux mains d'Argent célèbre les notions de candeur et de pureté avec une émotion toujours plus rigoureuse. Soutenu par l'élégie évocatrice de Danny Elfman, ce manifeste pour le droit à la différence oppose brillamment le blanc et le noir lorsque l'amour se retrouve bafoué par l'intolérance, l'ignorance et la jalousie. Un chef-d'oeuvre d'une grande fragilité humaine.  

Dédicace à Audrey Dupuis

mardi 22 mars 2016

L'ANNEE DU DRAGON

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site cityonfire.com

"Year of the Dragon" de Michael Cimino. 1985. U.S.A. 2h14. Avec Mickey Rourke, John Lone, Ariane Koizumi, Leonard Termo, Victor Wong, Dennis Dun, Raymond J. Barry
                         
Sortie salles France: 13 novembre 1985. U.S: 16 août 1985

FILMOGRAPHIE: Michael Cimino est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 3 février 1939 à New-York.
1974: Le Canardeur. 1978: Voyage au bout de l'enfer. 1980: La Porte du Paradis. 1985: L'Année du Dragon. 1987: Le Sicilien. 1990: La Maison des Otages. 1996: The Sunchaser. 2007: Chacun son cinéma - segment No Translation Needed.


Grand polar des années 80 qui redora le blason de Michael Cimino après le four financier de la Porte du Paradis, l'Année du Dragon lui est l'occasion de tailler une carrure antipathique à un héros réactionnaire. Souhaitant à tous prix alpaguer un baron de la drogue au sein du quartier de Chinatown, Stanley White nous est décrit comme un capitaine ingrat inscrit dans l'individualisme. Un chien fou aux méthodes expéditives qui entraînera des dommages collatéraux auprès de son entourage, quand bien même son rôle d'époux infidèle le réduit au goujat incorrigible. C'est d'ailleurs durant ce désordre conjugal qu'il extériorise sa colère sur le terrain avant de se réconforter maladroitement dans les bras d'une séduisante journaliste.


Dans une subtile structure narrative et à la manière d'un opéra aux accents musicaux lyriques, Michael Cimino dépeint la situation chaotique d'une cité urbaine lorsque les trafics et exactions de triades sont savamment planifiées. Au sein de cette pègre intouchable commanditée par le magnat Joey Tai, Stanley White s'est juré de nettoyer les quartiers de cette vermine en provoquant orgueilleusement son ennemi juré. Prenant grand soin d'ausculter le profil torturé d'un flic sur la dérive, Michael Cimino accorde beaucoup de crédit à nous familiariser avec ses quotidiennetés conjugales afin de renforcer l'intensité des enjeux et de nous avertir sur sa responsabilité morale des conséquences criminelles qu'il subira. Par son égoïsme à ne pouvoir se remettre en question ("J'aimerai devenir un type sympa mais je sais pas comment faire !" s'exclamera-t'il dans la conclusion), sa prétention et son arrogance à provoquer la mafia, émanent une série d'affrontements punitifs dont White et Tai en seront les principaux garants. Dans sa fonction irritable de flic rageur, Mickey Rourke explose une fois de plus l'écran pour endosser la carrure pugnace d'un justicier aux confins de la folie. Sa constance d'éradiquer à tous prix les trafiquants donnant lieu à des pugilats sanglants que Cimino coordonne avec virtuosité. Une violence âpre insufflant par ailleurs une intensité dramatique rigoureuse quant au sacrifice des innocents ! Par son rythme haletant mais aussi ses plages d'accalmie prônant la caractérisation fébrile et tourmentée des protagonistes, l'Année du Dragon amorce son terrain sous le pivot d'une dimension humaine désespérée.


Chemin de croix d'un jeune loup suicidaire dans sa soif de justice et de vengeance, l'Année du dragon transfigure avec brio imperturbable le portrait peu recommandable d'un représentant de l'ordre sur le fil du rasoir. Par le biais de sa déchéance morale, sa responsabilité assumée et son courage burné, Michael Cimino y dénonce l'impossible déracinement du terrorisme mafieux implanté sur un territoire étranger. D'un réalisme opaque dans sa facture aussi épique que poignante, ce chef-d'oeuvre du polar séduit également par son éclatante modernité (à l'instar de l'énergie rageuse de ses séquences d'action). 

lundi 21 mars 2016

BEETLEJUICE. Oscar du Meilleur Maquillage, 1989.

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site legrandaction.com

de Tim Burton. 1988. U.S.A. 1h32. Avec Alec Baldwin, Geena Davis, Michael Keaton, Winona Ryder, Jeffrey Jones, Catherine O'Hara, Glenn Shadix

Sortie salles France: 14 décembre 1988. U.S: 30 Mars 1988

FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie. 1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie. 2014: Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine's Home for Peculiar Children.


Comédie horrifique débridée animée par l'insolence de Michael Keaton dans sa fonction expansive d'exorciste de l'au-delà, Beetlejuice emprunte le thème de la hantise avec une imagination cartoonesque. Fraîchement décédé, un couple tente vainement d'effrayer les nouveaux occupants de leur ancienne demeure. Grâce au manuel des jeunes décédés, ils décident d'invoquer l'aide d'un exorciste, Beetlejuice ! Pour son second long-métrage, Tim Burton perdure dans la comédie loufoque en abordant les thèmes du deuil, de la hantise et de l'existence après la mort. Un argument horrifique académique que le cinéaste renouvelle brillamment par son énergie communicative, sa flamboyance visuelle cartoonesque, sa cadence musicale, la galerie bigarrée des revenants et le ressort des gags macabres.


En l'occurrence, si les fantômes tentent d'effrayer ses occupants pour retrouver l'harmonie de leur tranquillité, ces derniers finissent par se familiariser à leurs pitreries impromptues tant nos spectres farceurs redoublent d'outrance dans leurs stratégies exubérantes. Sous le pilier d'une mécanique du rire bien rodée, Beetlejuice parvient notamment à cristalliser un univers macabro-féerique par l'entremise d'une dimension parallèle invoquée à l'au-delà. Le couple de fantômes ne cessant de voguer d'un univers à l'autre pour mieux gérer leur nouvelle condition immortelle et avant d'invoquer l'aide de l'exorciste Beetlejuice. Parmi la galerie festive des protagonistes qu'endossent fougueusement le couple de fantômes, la famille Deetz et leurs invités, Tim Burton prend soin de dessiner avec tendresse le portrait fragile d'une ado rebelle en quête identitaire. C'est d'ailleurs grâce à sa solitude et à son idéologie morbide qu'elle parvient à déceler les apparitions fantomatiques pour y entretenir facilement une complicité amicale afin de s'extraire de sa dépression. Enfin, pour pimenter l'intrigue riche en situations irrésistiblement grotesques (la séquence musicale du repas reste le moment le plus déjanté !), Beetlejuice impose notamment sa personnalité sous l'impulsion survitaminée de Michael Keaton. Ce dernier s'en donnant à coeur joie à adopter la défroque insalubre d'un trublion d'outre-tombe aussi perfide et impudent que pervers et mal élevé.


Par le biais d'un pitch sommaire que l'on connait par coeur, Tim Burton l'exploite efficacement sous alibi parodique afin de renouveler un Fantastique baroque. Si ces péripéties en pagaille instaurée dans le huis-clos domestique tirent parti de leur insolence par l'insolite des provocations horrifiques, la posture décalée des comédiens exacerbe l'esprit décomplexé de ce divertissement sans prétention. Un très bon dérivatif à la hantise de la mort. 

Dédicace à Pauline Quinterne

vendredi 18 mars 2016

MARY REILLY

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.com

de Stephen Frears. 1996. U.S.A. 1h48. Avec Julia Roberts, John Malkovich, George Cole, Michael Gambon, Kathy Staff, Glenn Close, Michael Sheen

Sortie salles France: 17 Avril 1996. U.S: 23 Février 1996

FILMOGRAPHIE: Stephen Frears, est un réalisateur et producteur britannique, né le 20 juin 1941 à Leicester. 1968 : The Burning. 1971 : Gumshoe. 1979 : Bloody Kids. 1984 : The Hit. 1985 : My Beautiful Laundrette. 1987 : Prick Up Your Ears. 1987 : Sammy et Rosie s'envoient en l'air. 1988 : Les Liaisons dangereuses. 1990 : Les Arnaqueurs. 1992 : Héros malgré lui. 1993 : The Snapper. 1996 : Mary Reilly. 1996 : The Van. 1998 : The Hi-Lo Country. 2000 : High Fidelity. 2000 : Liam. 2002 : Dirty Pretty Things. 2005 : Madame Henderson présente. 2006 : The Queen. 2009 : Chéri. 2010 : Tamara Drewe. 2012 : Lady Vegas : Les Mémoires d'une joueuse. 2014 : Philomena. 2015 : The Program. 2016 : Florence Foster Jenkins.


Honteusement oublié et discrètement reconnu à sa sortie, Mary Reilly aborde le thème éculé de la lutte du Bien et du Mal parmi un jeu d'acteurs à son apogée. Loin de remaker les classiques de Fleming et de Mamoulian, le réalisateur anglais Stephen Frears y apporte sa touche personnelle par le biais d'une romance équivoque qu'entretiennent secrètement Jekyll et sa gouvernante. Traumatisée durant son enfance par les sévices d'un père alcoolique, Mary Reilly tente d'oublier son passé en occupant son poste de gouvernante chez la demeure du Dr Jekyll. Alors que ce dernier est sur le point d'héberger un mystérieux hôte du nom de Mr Hyde, Mary lui confie ses blessures secrètes. Peu à peu, une complicité amicale s'installe entre eux avant que Mr Hyde ne vienne bouleverser la donne dans son instinct dépravé. Baignant dans un climat blafard irrésistiblement envoûtant au sein d'un quartier londonien du 19è siècle, Mary Reilly prend soin d'authentifier sa reconstitution historique parmi le cadre inquiétant d'une vaste demeure occultant de terribles expériences. Entièrement bâti sur la caractérisation psychologique des deux amants galvaudés, Stephen Frears analyse ces portraits torturés, partagés entre la fougue de leurs sentiments et l'instinct de perversité.


Par ces rapports troubles de soumission mêlés de confiance, le réalisateur accorde plus d'intérêt à ausculter les états d'âme de Mary Reilly, sensiblement attirée par le comportement aguicheur de Mr Hyde. Julia Roberts insufflant sobrement dans une posture placide et timorée une dimension humaine ambiguë depuis son parti-pris de protéger un éventuel assassin. Son passé martyr refaisant surface sous les provocations licencieuses de Hyde, Mary se laisse voguer à un jeu implicite de masochisme. Par le biais de son comportement ambivalent oscillant pudeur et fantasme sexuel (notamment à travers la chimère du rêve nocturne), Stephean Frears ose renouveler le célèbre roman de Stevenson sous l'impulsion d'un amour salvateur. Jekyll et Hyde étant tous deux compromis par leurs sentiments amoureux, leur confrontation contradictoire engendre un jeu de pouvoir et de soumission entre les ressorts du Bien et du Mal. Mis en scène de main de maître avec beaucoup de suggestion et une cruauté parfois graphique (les sordides châtiments de Mary infligés durant son enfance, le passage à tabac d'une fillette par Hyde, la mort d'un de ses amis à coup de canne), Mary Reilly dilue une atmosphère anxiogène subtilement diffuse au fil de la dérive destructrice des amants. Outre la prestance aussi fragile que constante d'une Julia Roberts sans fard, le film cultive une intensité vénéneuse autour de la performance virile de John Malkovich. Ce dernier endossant par un habile jeu de regards magnétique la fonction autodestructrice d'un chercheur s'efforçant de dissocier le bien du mal afin d'en démystifier leurs causes.


Jeu de miroir diaphane pour la romance masochiste des amants en quête de rédemption, Mary Reilly continue d'explorer les thèmes sulfureux de l'instinct pervers et la fascination du Mal par le biais d'une trouble complicité que John Malkovitch et Julia Roberts immortalisent fébrilement. Une oeuvre cérébrale passionnante élevant le genre fantastique avec une rare dignité, à redécouvrir d'urgence !  

jeudi 17 mars 2016

MARS ATTACKS !

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr

de Tim Burton. 1996. U.S.A. 1h45. Avec Jack Nicholson, Glenn Close, Annette Bening, Pierce Brosnan, Danny DeVito, Martin Short, Sarah Jessica Parker, Michael J. Fox, Rod Steiger, Tom Jones, Lukas Haas, Natalie Portman, Jim Brown, Lisa Marie, Sylvia Sidney, Paul Winfield, Pam Grier, Jack Black, Joe Don Baker, O-Lan Jones, Christina Applegate.

Sortie salles France: 26 février 1997. U.S: 13 décembre 1996

FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie.
1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie. 2014: Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine's Home for Peculiar Children.


Parodie des films de science-fiction des années 50 inspiré d'un jeu de cartes à collectionner de 1962, Mars Attacks se permet en outre un joli pied de nez au patriotisme d'Emmerich lorsque Independance Day sorti en fanfare la même année. Des martiens venus de Mars tentent d'entrer en contact avec le doyen des Etats-Unis. Alors que l'armée sur le qui-vive solutionne l'affront, le président opte pour l'accueil pacifiste. A tort, si bien que ces derniers n'ont comme seule ambition de détruire notre planète afin de la conquérir. Comédie débridée se moquant ouvertement des valeurs américaines avec une dérision caustique, Mars Attacks conjugue l'action pétaradante et les gags burlesques avec une inventivité exubérante. Sous l'impulsion extravertie d'une distribution de stars hétérogènes (on y croise même le chanteur Tom Jones), l'intrigue linéaire n'est qu'un prétexte pour Burton à singer une invasion extra-terrestre pour mieux se railler de l'idiocratie ricaine.


Que ce soit les élus politiques, l'armée réactionnaire, la contre-culture de la communauté "peace and love" ou encore le fanatisme de la religion, chacune de ses institutions bien pensantes volent en éclat sous les ricanements des E.T. Caricaturant sans modération le tempérament vaniteux des représentants politiques et de l'armée dans leur fonction martiale, Tim Burton privilégie également la valeur morale de deux personnages candides, introvertis et placides (une grand-mère et son p'tit fils timoré prochainement aptes à sauver le monde de manière aléatoire) souvent répudiés par leur entourage comme des laissés-pour-compte. Outre cette galerie de personnages fantasques, patriotiques et doux rêveurs, Mars Attacks tire parti de son ressort jouissif grâce aux exactions persifleuses de nos E.T faméliques. Affublé d'un cerveau surdimensionné que leur petit corps supporte nativement, ces derniers complotent leurs stratégies d'attaques parmi la motivation sardonique de subterfuges à répétition. Le peuple américain étant considéré à leurs yeux comme des êtres naïfs aussi influençables que manipulables. Emaillé de moments surréalistes insufflant un climat biscornu (le camouflage d'un martien dans une posture féminine au déhanchement dégingandé !), voir parfois même dérangeant (leurs expérimentations douteuses pratiquées sur quelques cobayes humains), Tim Burton cultive de temps à autre une poésie baroque fortuite pour mieux nous détourner !


Satire cinglante du patriotisme américain, pamphlet parodique évoquant le danger du nucléaire, Mars Attacks ! renouvelle l'invasion extra-terrestre dans un esprit déluré de bande-dessinée au vitriol. Outre la posture irrésistible de nos martiens gausseurs numériquement convaincants, le film séduit également par sa vigueur musicale. Tant par le thème entêtant orchestré par Danny Elfman que les bruitages éclectiques de sa bande-son survoltée ! (notamment l'impact strident des armes lasers). Jouissif au possible dans une décontraction assumée ! 

mercredi 16 mars 2016

SLEEPY HOLLOW. Oscar de la Meilleure Direction Artistique, 2000.

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site timburton.wikia.com

de Tim Burton. 1999. U.S.A/Allemagne. 1h45. Avec Johnny Depp, Christina Ricci, Miranda Richardson, Michael Gambon, Christopher Walken, Marc Pickering, Casper Van Dien, Jeffrey Jones, Richard Griffiths, Ian McDiarmid, Michael Gough, Steven Waddington, Christopher Lee, Lisa Marie, Martin Landau, Ray Park.

Sortie salles France: 9 Février 2000. U.S: 19 Novembre 1999

FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie.
1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie. 2014: Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine's Home for Peculiar Children.


Délibéré à rendre hommage au cinéma gothique italien et à la Hammer Films avec une ambition avisée, Tim Burton emprunte la nouvelle homonyme de Washington Irving afin de parfaire un conte horrifique d'une fulgurance formelle (photo désaturée à l'appui). 1799. Un mystérieux assassin surnommé le cavalier sans tête s'en prend à de paisibles villageois dans la contrée de Sleepy Hollow. Issu de New-York, le détective Ichabod Crane est enrôlé afin de prouver son talent scientifique pour démasquer l'identité du meurtrier. Son enquête l'amène à fréquenter une galerie de magistrats particulièrement équivoques au moment même où le cavalier sans tête redouble d'exactions sanglantes. Par le biais d'un scénario retors opposant le surnaturel à la rationalité du complot, Tim Burton rend hommage à l'épouvante séculaire pour le dépoussiérer avec une fraîcheur fringante.



De par la vigueur des scènes d'action remarquablement chorégraphiées (que ce soit les poursuites en fiacre ou à cheval et les pugilats), l'efficacité des séquences gores multipliant les décapitations percutantes et la posture maladroite du détective aussi perspicace que pittoresque. Johnny Depp réussissant à donner chair à sa fonction pleutre avec un soupçon d'exubérance subtilement modeste. On est donc loin de ses mimiques outrées prochainement aperçues dans des métrages lucratifs (la saga des Pirates des Caraïbes, Dark Shadows, Lone Rangers, Alice au pays des merveilles). Dans celui du méchant iconique à l'animosité cruelle, Christopher Walken lui prête la vedette avec un charisme saillant par sa physionomie effrayante (dentition acérée et regard azur injecté de haine). On est également impressionné par sa robustesse et son agilité lorsque ce dernier dénué de tête alpague froidement sa victime (enfant compris !) pour y collectionner ses macabres trophées. Bourré d'illustres seconds-rôles au charisme buriné (Christopher Lee, Martin Landeau, Michael Gambon, Jeffrey Jones, Richard Griffiths, Ian McDiarmid, Michael Gough), Sleepy Hollow déclare sa flamme aux classiques de l'épouvante parmi l'affable complicité de tous ces vétérans. Quant aux gentes dames s'opposant des sentiments de tendresse, de jalousie et de rancoeur, Christina Ricci et Miranda Richardson se disputent la vedette avec une séduction vénéneuse.


Formellement renversant, si bien que Tim Burton transfigure la campagne brumeuse et les habitacles domestiques à l'instar de tableaux picturaux, Sleepy Hollow oscille l'onirisme féerique (notamment par l'entremise des songes d'Ichabod) et le gothisme macabre sous un ressort narratif bourré de suspense, rebondissements et faux coupables. Avec un brio technique impressionnant et parmi la complicité de sa distribution prestigieuse, Sleepy Hollow parvient à susciter mystère et angoisse sous l'impulsion de la superstition locale et d'une sorcellerie perfide. Tour à tour fascinant et ensorcelant, une des plus belles réussites de son auteur à ranger aux côtés de sa monstrueuse parade, Batman, le défi et du cruel conte de fée, Edward aux mains d'argent.

mardi 15 mars 2016

HARDCORE

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site 2or3thingsiknowaboutfilm.blogspot.com

de Paul Schrader. 1979. U.S.A. 1h47. Avec George C. Scott, Peter Boyle, Season Hubley, Dick Sargent, Leonard Gaines, Dave Nichols, Larry Block, Gary Graham, Ilah Davis

Sortie salles France: 2 Mai 1979 (Interdit aux - de 18 ans). U.S: 9 Février 1979.

FILMOGRAPHIE: Paul Schrader est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 22 Juillet 1946 à Grand Rapids (Michigan).
1978: Blue Collar: 1979: Hardcore. 1980: American Gigolo. 1982: La Féline. 1985: Mishima. 1987: Light of Day. 1988: Patty Hearts. 1990: Etrange Séduction. 1992: Light Sleeper. 1994: Witch Hunt (télé-film). 1997: Touch. 1997: Affliction. 1999: Les Amants Eternels. 2002: Auto Focus. 2005: Dominion. 2007: The Walker. 2008: Adam Resurrected.


Drame psychologique abordant les thèmes de la pornographie underground et du rigorisme parmi le témoignage du paternel investigateur, Hardcore nous dévoile l'envers du décor lorsqu'une jeune adolescente disparaît afin de devenir esclave sexuelle derrière l'écran. Après avoir vainement embauché un détective véreux, Jak Van Dorn décide de mener lui même son enquête afin de retrouver sa fille en vie. Plongé dans un monde obscur qu'il n'a jamais côtoyé, son parcours l'amène à fréquenter la clientèle au sein des clubs SM et Sex-shops diffusant parfois des projections privées de films ultra violents. Tourné à la fin des années 70, Hardcore aborde le libéralisme de la pornographie à son expansion. Car c'est durant cette période sulfureuse que les productions X ont droit de diffusion dans les salles spécialisées tout comme l'émergence florissante des Sex-shop. A l'instar d'une enquête policière, l'intrigue prend son temps à relater le difficile périple d'un père, catholique pratiquant plongé malgré lui dans un univers de dépravation sexuelle après avoir été témoin des ébats de sa fille lors d'une projection super 8.


Par l'entremise du porno underground, Paul Schrader ose aborder avec sérieux la légende urbaine des fameux Snuff-movies que certains désaxés s'échangeraient sous le manteau lors d'une stricte confidentialité. A cette époque en vogue de la libre circulation du X, Schrader y dénonce le laxisme et l'impuissance de la police à démasquer les auteurs de pédophilie lorsque des filles mineures sont enrôlées de force pour tourner dans des productions sans fiche identitaire. Si la mise en scène parfois maladroite manque de subtilité à exploiter son sujet et d'intensité dramatique (notamment pour les rapports conflictuels entre le père et sa fille), Hardcore suscite l'intérêt quant à la déliquescence irascible du paternel contraint d'observer les pratiques sexuelles les plus perverses. Par le biais de ce personnage puritain qu'endosse brillamment le vétéran George C. Scott, son parcours moral tend à décliner vers des accès de violence incontrôlées, notamment en osant molester une jeune prostituée venue lui prêter main forte pour retrouver les auteurs de l'éventuel kidnapping. Mieux encore, Schrader met en appui les conséquences dramatiques de sa morale rigoriste sachant Spoil ! que sa fille ne fut finalement jamais enlevée par un quelconque réseau. C'est ce que le final nous dévoile brièvement lorsque cette dernière osera avouer à son paternel qu'elle claqua la porte du domicile depuis l'éthique conservatrice de ce dernier. Fin du Spoil. L'émancipation de la femme et la liberté sexuelle étant notamment à cette époque en pleine révolution.


Hormis quelques scories dénaturant parfois le réalisme de situations scabreuses, la caricature de certains seconds-rôles (principalement le détective privé grossièrement incarné par Peter Boyle) et son sujet pas totalement abouti, Hardcore ne manque pas de déranger pour fustiger l'industrie mafieuse d'un porno autonome et l'influence qu'elle peut engendrer chez sa clientèle déviante. Portant le film à bout de bras, l'immense George C. Scott parvient en outre à se tailler une carrure équivoque dans sa posture de voyeur vindicatif avant sa remise en question religieuse pour l'amour filial.