mardi 2 août 2016

KEEPER. Grand prix du Jury au Festival Premiers Plans d'Angers.

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Guillaume Senez. 2015. France/Belgique. 1h34. Avec Kacey Mottet Klein, Galatéa Bellugi, Catherine Salée, Sam Louwyck, Laetitia Dosch.

Sortie salles France: 16 Mars 2016. Belgique: 9 Mars 2016

FILMOGRAPHIE: Guillaume Senez est un réalisateur et scénariste de double nationalité belge et française, né à Uccle (Belgique) en 1978. 2015: Keeper.


Drame social abordant le thème de la maternité pubère sans effet de pathos, Keeper fait l'effet d'un électrochoc si bien que son réalisateur en herbe (d'origine franco-belge) capte les émotions de ses jeunes acteurs avec une vérité humaine proche du cinéma de Cassavetes et de Pialat ! Multi récompensé dans divers festivals, Keeper nous immerge de plein fouet dans l'univers adolescent d'un couple en perdition morale vis à vis de leur prochaine responsabilité parentale. Maxime et Mélanie filent le grand amour du haut de leurs 15 ans, au moment même où cette dernière lui annonce qu'elle est enceinte. Perplexe mais attiré à l'idée de devenir père, Maxime lui propose de garder l'enfant malgré la tare de leur situation scolaire et la crainte d'affronter l'autorité parentale. Constamment tiraillés entre l'envie d'abandonner et de préméditer leur destin conjugal, ils s'efforcent maladroitement de s'épauler jusqu'au moment propice de l'accouchement.


A la manière d'un docu-vérité, Guillaume Senez inscrit sur pellicule un drame psychologique d'une rare justesse de ton, de par sa direction d'acteurs plus vrais que nature insufflant une pudeur bouleversante et la maîtrise sidérante d'une réalisation au plus près des tourments intrinsèques des personnages. Kacey Mottet Klein endossant avec une spontanéité naïve un ado dubitatif rapidement influencé par l'espoir d'un avenir professionnel payant (celui de devenir gardien de foot) et l'optimisme d'une paternité en apprentissage. Epoustouflante de naturel vertueux et pétillante de fraîcheur, Galatéa Bellugi crève l'écran pour s'imposer une toute première fois devant la caméra de Guillaume Senez ! Celle d'instaurer la fragilité d'une adolescente timorée extrêmement lunatique quant à son futur statut maternel et ses décisions de dernier ressort. Outre la posture réaliste de ses acteurs juvéniles se disputant la mise de leur futur bambin avec une émotivité malingre, les seconds-rôles pédagogues et ceux exerçant l'autorité parentale suscitent avec autant de rigueur leur fonction de mentor parmi l'influence d'une mégère habitée par l'échec conjugal (la maman défaitiste de Mélanie !).


Sans jamais juger ses ados immatures hantés par le doute et la crainte de l'échec, le remord, la colère puis la tristesse de la félonie, Guillaume Senez saisit leurs expressions intimistes sans céder aux clichés du misérabilisme. Abordant les thèmes de la maternité et de l'avortement de leur point de vue irresponsable, Keeper extériorise une palette d'émotions écorchées vives comme le souligne les déchirantes confrontations humaines (celle du couple mais aussi des parents) où les nerfs sont mis à rude épreuve. Spoiler ! A l'instar de l'amertume de sa conclusion pessimiste littéralement inconsolable Fin du Spoiler engendrant au final une leçon de vie que bien des ados devraient sagement méditer... 

B.M

Récompenses:
    Grand prix du Jury au Festival Premiers Plans d'Angers
    Prix d'interprétation féminine et prix du Jury au Festival international du film de Marrakech
    Label Europa Cinemas au Festival international du film de Locarno
    Prix du Jury Jeunes au Festival du film français d'Helvétie
    Prix de la critique au Festival international du film francophone de Namur
    Mention spéciale du Jury au Festival du film de Varsovie
    Young Talent Award au FilmFest Hamburg
    Prix spécial du jury au Festival international du premier film d'Annonay

lundi 1 août 2016

Mimic

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Guillermo Del Toro. 1997. U.S.A. 1h45. Avec Mira Sorvino, Jeremy Northam, Alexander Goodwin, Giancarlo Giannini, Charles S. Dutton, Josh Brolin, Alix Koromzay.

Sortie salles France: 24 Septembre 1997. U.S: 22 Août 1997.

FILMOGRAPHIE: Guillermo Del Toro est un réalisateur, scénariste, romancier et producteur américain, né le 9 Octobre 1964 à Guadalajara (Jalisco, Mexique). 1993: Cronos. 1997: Mimic. 2001: l'Echine du Diable. 2002: Blade 2. 2004: Hellboy. 2006: Le Labyrinthe de Pan. 2008: Hellboy 2. 2013: Pacific Rim. 2015: Crimson Peak.


SYNOPSIS (Wikipedia): Une terrible épidémie transmise par des cafards ravage Manhattan, plusieurs milliers d'enfants sont contaminés et condamnés. Une action chimique étant impossible à cause de la résistance de ces insectes, le seul moyen est alors de trouver une arme biologique. Le seul espoir pour New York est de faire appel à une brillante entomologiste et généticienne : le Docteur Susan Tyler. Grâce à ses « judas » (insectes génétiquement modifiés), elle va pouvoir combattre et éradiquer ces cafards porteurs de la maladie. Trois ans passent et plus de maladie. Mais quelque chose de bien pire attend New-York. Un remède bien plus dévastateur que le mal.


Une excellente série B de film de monstre dont on reconnait bien là la pate gothique de Guillermo Del Toro auprès de savoir-faire technique, narratif, formel. On est surpris du jeu convaincant de Mira Sorvino avec sa bouille gentiment timorée, surtout lorsque celle-ci joue à contre-emploi une posture autrement héroïque lors de la seconde partie "survival". Photo et décors caverneux splendides, suspense bien géré, action homérique matinée de frissons, violence escarpée (n'importe qui peut trépasser, même auprès de bambins) et surtout des créatures cafardeuses absolument fascinantes dans leur condition génétiquement modifiée. 

Les +: Son thème écolo fustigeant les mutations génétiques.
           L'implication spontanée des comédiens soutenue par le minois candide de Mira Sorvino.
           La physionomie humaine des cafards mutants.
           Le sort dramatique de certains protagonistes
           Un rythme soutenu au gré d'une action horrifique émaillée d'agressions animales.

Les -: Des FX numériques parfois ratés mais dans l'ensemble rien de franchement répréhensible. 
           
*Bruno
23.10.23. 4èx

vendredi 29 juillet 2016

La Grande Vadrouille

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Gérard Oury. 1966. France/Angleterre. 2h05. Avec Louis de Funes, Bourvil, Terry-Thomas, Claudio Brook, Mike Marshall, Marie Dubois, Pierre Bertin, Andréa Parisy, Mary Marquet, Benno Sterzenbach, Paul Préboist, Henri Génès, Colette Brosset.

Sortie salles France: 8 Décembre 1966

FILMOGRAPHIE: Gérard Oury (Max-Gérard Houry Tannenbaum) est un réalisateur, acteur et scénariste français né le 29 avril 1919 à Paris, décédé le 20 Juillet 2006 à Saint-Tropez.
1960: La Main Chaude. La Menace. 1962: Le Crime ne paie pas. 1965: Le Corniaud. 1966: La Grande Vadrouille. 1969: Le Cerveau. 1971: La Folie des Grandeurs. 1973: Les Aventures de Rabbi Jacob. 1978: La Carapate. 1980: Le Coup du Parapluie. 1982: L'As des As. 1984: La Vengeance du Serpent à Plumes. La Joncque (inachevé). 1987: Levy et Goliath. 1989: Vanille Fraise. 1993: La Soif de l'or. 1996: Fantôme avec chauffeur. 1999: Le Schpountz.


Multi diffusé à la TV depuis sa sortie triomphante en salles si bien qu'il engrangea 17 millions de spectateurs, La Grande Vadrouille perdure son pouvoir de séduction 50 ans après sa confection. Réalisé par le maître du genre Gérard Oury, ce dernier continue de se surpasser après nous avoir comblé avec sa comédie rocambolesque, Le Corniaud, réalisé un an plus tôt. Recrutant à nouveaux ses deux acteurs fétiches, De Funès et Bourvil, la Grande Vadrouille allie avec une générosité sans égale aventures et comédie sous un sombre contexte de l'occupation en 1942. On peut d'ailleurs constater une certaine audace de la part de son auteur à se prêter au jeu de la dérision afin de dédramatiser le conflit meurtrier de la seconde guerre mondiale. Le PitchA Paris, trois aviateurs anglais rescapés d'un bombardement allemand vont tenter d'accéder à la zone libre avec l'appui d'un peintre en bâtiment (Bourvil) et d'un chef d'orchestre (De Funes). Incessamment pourchassés par les troupes allemandes et le major Achbach durant un périple jonché d'imprévus, ils vont user de subterfuges et bravoures pour s'y planquer avant d'accéder à la liberté.  


Nanti d'un scénario charpenté aussi inventif que débridé, la Grande Vadrouille multiplie à un rythme effréné gags, rebondissements, péripéties et quiproquos sous l'impulsion d'un duo antinomique aussi empoté que vaillant. Louis De Funes endossant avec son humeur capricieuse un héros vaniteux particulièrement égotiste même s'il perdure sa mission avec un courage insoupçonné. Beaucoup plus sobre dans sa fonction humaniste de faire-valoir, Bourvil insuffle une bonhomie fragile comme le démontre ses sentiments pour Juliette. Durant son cheminement infortuné avec Stanislas, il usera aussi de découragement et d'insoumission face à l'orgueil incorrigible de ce dernier. Autour de leurs tribulations improbables, les seconds-rôles féminins (Juliette, sœur Marie-Odile et Germaine) leur prêtent main forte avec une complicité finaude quand bien même les antagonistes (quelques officiers de passage, le soldat loucheur et surtout le ventripotent major Achbach) déambulent tous azimuts avec une autorité infructueuse. Enfin, nos trois fugitifs brittish s'investissent aussi fougueusement dans la partie de cache-cache en se raillant parfois de l'attitude hébété de nos héros franchouillards. Outre les morceaux d'anthologie hilarants que Gérard Oury transcende avec une originalité sans cesse renouvelée (le numéro inversé de la chambre d'hôtel semant la confusion chez les locataires, la scène du ronflement qui s'ensuit), les multiples itinéraires qu'arpentent nos héros sont valorisés de décors naturels à la beauté champêtre (photo flamboyante à l'appui). Ajouter à cela un thème musical aussi triomphal que gracieux et vous obtenez la recette miracle d'une comédie d'aventures aussi exaltantes qu'endiablées qu'il est impossible de récuser.


B.M. 3èx

NOTE WIKIPEDIA:
Avec plus de 17 millions de spectateurs lors de son exploitation en salles, le film a été pendant plus de trente ans le plus grand succès cinématographique sur le territoire français, toutes nationalités confondues (avant d'être dépassé par Titanic en 1998), et pendant plus de quarante ans le plus grand succès d'un film français sur le territoire français, avant d'être dépassé par Bienvenue chez les Ch'tis de Dany Boon en avril 2008. Cependant, en proportion de la population française de l'époque, La Grande Vadrouille reste devant tous les autres films français avec 34 % des Français qui sont allés voir ce film, contre 31 % pour Bienvenue chez les Ch'tis.

Récompenses: Italie
        1966 : Prix du meilleur film étranger au festival du film de Taormina
        1967 : David di Donatello du meilleur producteur étranger pour Robert Dorfmann, décerné par                      l'Académie du cinéma italien
         Allemagne de l'Ouest:
        1977 : Golden Screen du meilleur film étranger

jeudi 28 juillet 2016

LE PETIT MONDE DE DON CAMILLO

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site kebekmac.blogspot.com

de Julien Duvivier. 1952. France/Italie. 1h45. Fernandel, Jean Debucourt, Gino Cervi, Sylvie, Vera Talchi, Franco Interlenghi.

Sortie salles France: 4 Juin 1952. Italie: 28 Mars 1952


                    "Il y a des personnes qui marquent nos vies, même si cela ne dure qu'un moment.
                     Et nous ne sommes plus les mêmes.
                     Le temps n'a pas d'importance mais certains moments en ont pour toujours."

Gros succès commercial en France si bien que Julien Duvivier envisagea la même année d'y tourner une suite, Le Petit monde de Don Camillo oppose la réunion fulminante de deux acteurs en acmé: Fernandel et le comédien italien Gino cervi. D'après un roman de Giovanni Guareschi, l'intrigue puise son ressort burlesque dans l'inimitié intarissable que se disputent un curé de campagne, Don Camillo, et un maire en herbe, Peppone, au sein de leur village Brescello. Communément obtus, arrogants, provocateurs et insolents au point d'en venir parfois aux mains, ces derniers se chamaillent quotidiennement au mépris de leur divergence politique. Peppone symbolisant un communiste martial ayant comme ambition l'inauguration d'une "maison du peuple" (une bibliothèque, une salle des fêtes, une salle de cinéma, une salle de repos, etc...) quand bien même Don Camillo tente de lui négocier une transaction afin de se partager un "jardin d'enfants". Au coeur de leur discorde, un couple d'amoureux versatiles finit par leur conjurer de les marier depuis l'opposition de leur famille (faute de leur statut social incompatible).


Comédie pittoresque menée tambour battant sous l'impulsion de deux tempéraments vantards, le Petit monde de Don Camillo constitue de prime abord un fabuleux numéro de "grandes gueules". Sans désir de provoquer un rire hilarant traditionnellement fondé sur les gags à répétition, Julien Duvivier compte plutôt sur la scrupuleuse description d'un village en ébullition sociale et sur la verve fantaisiste de Don Camillo aussi étroitement fidèle à la parole du Christ qu'à l'adversité amicale de son acolyte Peppone pour susciter l'amusement. Si Gino Cervi se prête spontanément au jeu machiste du maire communiste avec un bagout goguenard, Fernandel lui dispute la vedette avec un peu plus d'exubérance dans sa fonction ecclésiastique de prêtre caractériel. Incapable de réprimer ses nerfs et ses émotions face à un rival redoublant de sournoiserie et subterfuge pour emporter la mise, Don Camillo brave sa déontologie chrétienne avec un aimable anticonformisme ! (Jésus se résout d'ailleurs à lui pardonner chacune de ses impertinences !). Outre cette complicité d'acteurs impayables fondés sur un rapport de force orgueilleux, le Petit monde de Don Camillo n'est pas qu'une simple lutte des classes et un pied de nez au conservatisme. Il est également l'occasion pour son réalisateur de créer un univers champêtre digne de la Province de Pagnol ! Ce climat ensoleillé inscrit dans un noir et blanc limpide nous remémore nos vacances estivales sous l'impulsion pétulante de seconds-rôles aussi chaleureux qu'acariâtres (comme le souligne le couple orageux Gina/Mariolino). Si certains gags insufflent tout de même une drôlerie expansive, c'est l'omniprésence d'un "sourire convivial" qui domine nos émotions avant de se laisser chavirer par l'instant de tendresse particulièrement émouvant d'un "au-revoir" amiteux !


Une fable sur le sens de l'amitié et le progressisme. 
Bijou de cocasserie, d'émotions et de tendresse fondés sur l'espièglerie d'un duo de brimeurs susceptibles, le Petit monde de Don Camillo renoue également avec nos émotions d'enfance lorsque Julien Duvivier s'attarde avisamment à décrire la cohésion cordiale d'une démographie rurale en mutation sociale.  

B.M

FILMOGRAPHIE: Julien Duvivier est un réalisateur français, né le 8 octobre 1896 à Lille et mort le 29 octobre 1967 à Paris.
1967: Diaboliquement vôtre.  1963 Chair de poule. 1962 Le diable et les 10 commandements. 1962 La chambre ardente. 1960 Boulevard. 1960 La grande vie. 1959 Marie-Octobre. 1959 La femme et le pantin. 1957 Pot Bouille. 1957 L'homme à l'imperméable. 1956 Voici le temps des assassins... 1955 Marianne de ma jeunesse. 1954 L'affaire Maurizius. 1953 Le retour de Don Camillo. 1952 La fête à Henriette. 1952 Le petit monde de Don Camillo. 1951 Sous le ciel de Paris. 1950 Dernier témoin. 1949 Au royaume des cieux. 1948 Anna Karénine. 1946 Panique. 1944 Destiny (uncredited). 1944 L'imposteur. 1943 Untel père et fils. 1943 Obsessions. 1942 Six destins. 1941 Lydia. 1939 La charrette fantôme. 1939 La fin du jour. 1938 Toute la ville danse. 1938 Marie-Antoinette (uncredited)
1937 Un carnet de bal. 1937 Pépé le Moko (a film by). 1937 L'homme du jour. 1936 La belle équipe
1936 Le golem. 1935 La bandera. 1935 Golgotha. 1934 Maria Chapdelaine. 1934 Le paquebot Tenacity. 1933 La machine à refaire la vie. 1933 Le petit roi. 1933 La tête d'un homme. 1932 La Vénus du collège. 1932 Poil de carotte. 1932 Die fünf verfluchten Gentlemen. 1932 Allo Berlin? Ici Paris ! 1931 Les cinq gentlemen maudits. 1931 David Golder. 1930 Au bonheur des dames. 1930 La vie miraculeuse de Thérèse Martin. 1929 Maman Colibri. 1929 Le miracle de la mer. 1928 Le tourbillon de Paris. 1927 L'homme à l'Hispano. 1927 Le mystère de la tour Eiffel. 1927 Le mariage de Mademoiselle Beulemans. 1927 Révélation. 1925 Poil de carotte. 1925 L'abbé Constantin. 1924 L'oeuvre immortelle. 1924 Coeurs farouches. 1924 Credo ou la tragédie de Lourdes. 1924 La machine à refaire la vie. 1923 Le reflet de Claude Mercoeur. 1922 Der unheimliche Gast. 1922 L'ouragan sur la montagne. 1922 Les Roquevillard. 1922 L'agonie des aigles (co-director). 1921 Le logis de l'horreur. 1920 La reincarnation de Serge Renaudier. 1919: Le Prix du sang

mardi 26 juillet 2016

COLONIA. Prix du Public, Valenciennes 2016.

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Florian Gallenberger. 2015. Allemagne. 1h50. Avec Emma Watson, Daniel Brühl, Michael Nyqvist, Julian Ovenden.

Sortie salles France: 20 Juillet 2016. Allemagne: 18 Février 2016. 

FILMOGRAPHIEFlorian Gallenberger est un réalisateur allemand né le 23 Février 1972 à Munich. 2001: Honolulu. 2004: Schatten der Zeit. 2009: John Rabe, le juste de Nankin (John Rabe). 2015: Colonia.


Prenant pour contexte historique les conditions de vie inhumaines d'un camp de prisonnier sous le régime de Pinochet, Colonia emprunte le schéma du thriller pour mieux contourner les clichés usuels du film de prison. 1973. Lena, hôtesse de l'air, vit le grand amour avec Daniel, un activiste politique allemand engagé contre la dictature de Pinochet. Au moment d'un coup d'état perpétré par les sbires chiliens du général, Daniel est embrigadé dans la Colonia Dignidad pour cause d'espionnage. Ce camp de prisonniers tenu secret par la police locale est dirigé par Paul Schäfer, un prédicateur pervers adepte des tortures et sévices sexuels. Depuis que les comparses de Daniel refusent de lui porter assistance, et pour tenter de le sauver, Lena s'engage à infiltrer la colonie en se faisant passer pour une religieuse. 


Sous le pilier de la force des sentiments, Florian Gallenberger exploite assez efficacement une romance passionnelle afin de justifier l'épreuve de force d'une héroïne juvénile confinée dans une secte religieuse. En évitant judicieusement la violence racoleuse de scènes de torture souvent tributaires du drame carcéral, le réalisateur préconise la mise en place d'un suspense latent quant aux tentatives désespérées des amants de se reconnaître (hommes et femmes sont départagés en deux camps) avant leur espoir d'évasion. Baignant dans une ambiance malsaine méphitique sous l'autorité d'une doctrine religieuse sans vergogne, Colonia traduit un climat d'insécurité à la lisière de la folie comme le souligne le comportement laxiste des prisonniers lobotomisés par leur gourou. Par le biais du jeu machiavélique de ce dernier, l'acteur Michael Nyqvist se glisse dans la peau du tortionnaire avec sa trogne vérolée. Au jeu de regard vicié se dispute une animosité bestiale lorsqu'il exerce de lui même une violence punitive sur femmes et enfants, ou lorsqu'il ordonne à ses disciples de leur perpétrer humiliations verbales et châtiments corporels en guise d'expiation. Ce personnage vil, couard et sournois parvient à provoquer le malaise par son autorité castratrice et la mesquinerie de ses pulsions déviantes. Quant à nos amants en perdition s'efforçant de se retrouver et de dépasser leur peur par un jeu de stratège perfide, ils se partagent la vedette avec une sobriété assez poignante. Emma Watson provoquant sans complaisance émotion empathique et force morale dans sa condition soumise quand bien même Daniel brühl insuffle un autoritaire jeu de simulacre en se fondant dans la peau d'un benêt décérébré. 


Sans laisser de souvenir impérissable, Colonia structure par le principe du survival un efficace suspense qui ira crescendo jusqu'au final d'une intensité haletante. Parvenant à s'extraire de la redite du drame carcéral sous l'appui d'une mise en scène et d'une distribution solides, Florian Gallenberger exploite certaines facilités et clichés en s'appuyant sur le mode ludique du thriller et la véracité du fait-divers. Un parti-pris à résonance universelle lorsqu'il s'agit de dénoncer inlassablement barbarie et corruption politique sous l'autocratie d'un général chilien tristement célèbre. 

A la mémoire des victimes de Colonia Dignidad.

Dédicace à Frederic Serbource

B.M

LA REALITE HISTORIQUE
Spoiler ! Colonia Dignidad était un camp de torture de la police secrète chilienne. Des centaines de détenus y furent interrogés, tués et enterrés. En presque 40 ans, seulement 5 personnes de cette secte ont réussi à s'échapper. Les photos sorties clandestinement de Colonia Dignidad ont été publiées mondialement créant un énorme scandale. Cependant, rien ne changea au Chili. Paul Schäfer ne fut mis en accusation qu'à la fin du régime de Pinochet pour être finalement arrêté en Argentine en 2004. Ni le général Pinochet, ni les employés de l'ambassade d'Allemagne ne furent tenu responsables de leur collaboration avec Paul Schäfer. Paul Schäfer fut condamné à 33 ans de prison pour des milliers d'actes d'abus sexuels sur enfants ainsi que pour d'autres crimes. Il est mort en prison à Santiago en 2010. Fin du Spoiler.

lundi 25 juillet 2016

LA CHOSE

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site diaryofamoviemaniac.wordpress.com

"Something Evil", téléfilm de Steven Spielberg. 1972. U.S.A. 1h19. Avec Sandy Dennis, Darren McGavin, Ralph Bellamy, Jeff Corey, Johnny Whitaker, John Rubinstein.

Diffusion TV U.S: 21 janvier 1972. France: 1987 sur la chaîne La Cinq.

FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis).
1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre. 2012: Lincoln. 2015: Le Pont des Espions. 2016: Le bon gros géant.


Diffusé chez nous sur la Cinq en 1987, La Chose est le second téléfilm de Steven Spielberg alors qu'un an au préalable fut tourné son premier essai, Duel, qui allait remporter le Grand Prix à Avoriaz en 73. Prenant pour thèmes la hantise et la possession, La Chose privilégie dès le départ une certaine suggestion quant aux effets diaboliques d'une entité persécutant une mère et ses deux enfants au sein de leur foyer bucolique. Le mari souvent absent étant occupé à gérer le tournage d'un film. Chargé d'un climat d'inquiétude permanent, l'intrigue se concentre sur la caractérisation démunie de cette dernière témoin malgré elle de phénomènes paranormaux toujours plus brutaux. Pleurs d'enfant durant la nuit à proximité de la grange, morts accidentelles d'un couple d'amis, cauchemar nocturne de son rejeton sont les principaux vecteurs qui vont engendrer chez Marjorie une paranoïa en chute libre malgré l'égide d'un pentacle accroché au seuil de la maison.


Grâce à la sobriété des comédiens particulièrement cohérents dans leur posture perplexe, démuni ou erratique (les crises de violence de Marjorie), La Chose parvient à créer un climat d'insécurité feutré qui ira crescendo jusqu'à une révélation des plus dérangeantes. D'ailleurs, quelques minutes au préalable, une séquence effrayante nous eut déjà ébranlé avec une découverte singulière confinée dans la cuisine. Mis en scène avec maîtrise et sans esbroufe, Steven Spielberg renoue donc avec une horreur éthérée pour provoquer l'angoisse en insistant sur la psychologie torturée de son héroïne en perdition morale. Prônant l'existence du diable si on est un fervent catholique, Spielberg oppose sa victime vulnérable à la rationalité de son époux difficilement influençable lorsqu'il s'agit de prouver l'existence occulte. Grâce à ce personnage terre à terre néanmoins empathique auprès de sa femme, La Chose parvient d'autant mieux à crédibiliser les moments surnaturels, notamment lorsqu'il doit faire face à ses interrogations comme le souligne l'apparition de la tache lumineuse relevée sur un négatif.


Efficacement mené et servi par une distribution sans fard (mention spécial pour le charisme dépressif de Sandy Dennis !), La Chose parvient à susciter une angoisse palpable parfois dérangeante au fil d'une énigme dramatique dédiée à l'existence du diable. Un excellent téléfilm à redécouvrir avec intérêt chez les amateurs de Fantastique épuré si bien que Spielberg privilégie à tous prix l'intelligence du non-dit par le pouvoir de suggestion.

vendredi 22 juillet 2016

LA FOLIE DES GRANDEURS

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Gérard Oury. 1971. France/Italie/Allemagne de l'Ouest/Espagne. 1h49. Avec Louis de Funès, Yves Montand, Alice Sapritch, Karin Schubert, Alberto de Mendoza, Gabriele Tinti, Paul Preboist.

Sortie salle France: 8 décembre 1971.

FILMOGRAPHIE: Gérard Oury (Max-Gérard Houry Tannenbaum) est un réalisateur, acteur et scénariste français né le 29 avril 1919 à Paris, décédé le 20 Juillet 2006 à Saint-Tropez.
1960: La Main Chaude. La Menace. 1962: Le Crime ne paie pas. 1965: Le Corniaud. 1966: La Grande Vadrouille. 1969: Le Cerveau. 1971: La Folie des Grandeurs. 1973: Les Aventures de Rabbi Jacob. 1978: La Carapate. 1980: Le Coup du Parapluie. 1982: L'As des As. 1984: La Vengeance du Serpent à Plumes. La Joncque (inachevé). 1987: Levy et Goliath. 1989: Vanille Fraise. 1993: La Soif de l'or. 1996: Fantôme avec chauffeur. 1999: Le Schpountz.


Gros succès à sa sortie en salles (il enregistre 5 563 160 entrées en France), La Folie des Grandeurs allie avec une alchimie détonante la comédie burlesque et l'aventure rocambolesque sous l'impulsion d'un duo inattendu (De Funes/Montand) depuis la disparition précipitée de Bourvil un 23 septembre 1970. Déjà responsable d'immenses succès (Le Corniaud, la Grande Vadrouille, Le cerveau), Gérard Oury continue de parfaire son savoir-faire pour la comédie populaire avec le soutien de Yves Montand étonnamment à l'aise dans un rôle à contre-emploi de valet (faussement) empoté et servile. Ce dernier se prêtant avec ironie sournoise au jeu de soumission auprès de son ministre cupide et fourbe que De Funes incarne avec sa spontanéité fulminante. Réputé comme l'un des plus grands acteurs comiques français, celui-ci nous offre traditionnellement un numéro de pantomime et de réparties avec une énergie galvanisante si bien que l'on s'étonne toujours de sa ferveur olympique à se fondre dans la peau d'un personnage (principalement un maître-chanteur) irrésistiblement outrancier. Outre le duo pétulant qu'il forme avec son faire-valoir Ives Montand, La Folie des Grandeurs bénéficie également de la présence de seconds-rôles s'en donnant à coeur joie dans l'extravagance (à l'instar d'Alice Sapritch et de son célèbre numéro de strip-tease) ou dans la séduction (Karin Schubert magnétisant l'écran de ses yeux azur dans une fonction suave de souveraine gagnée par ses sentiments !).


Truffé de gags (visuels et verbaux), de quiproquos et de rebondissements à répétition lors d'une dernière partie aussi échevelée qu'imprévisible, La Folie des grandeurs cultive sa frénésie comique grâce également aux enjeux stratégiques qu'une foule de seconds-rôles vont tenter de comploter afin d'accéder au pouvoir. Epousant la démarche d'un suspense en ascension pour la condition incertaine de nos deux héros et la romance secrète impartie entre Blaze et la reine d'Espagne, la Folie des Grandeurs gagne en densité grâce à l'efficacité d'un scénario bien huilé inspiré de la pièce de théâtre Ruy Blas de Victor Hugo. Déchu de ses fonctions par la reine, Don Salluste, ministre cupide détesté par la population, décide de se venger d'elle en élaborant secrètement une conjuration avec l'aide de son neveu César. Ce dernier refusant sa transaction, il imagine alors un plan machiavélique pour compromettre son valet Blaze dans une relation d'adultère. Ce pitch perfide faisant notamment intervenir deux motifs vindicatifs (celle de Salluste et de don César) cumule les situations burlesques et revirements avec une énergie exubérante ! Gérard Oury maîtrisant également le cadre historique de ses décors en costumes et de ses vastes déserts avec la flamboyance d'une photo sépia.


La vraie comédie commence là où commence l'éternité. 
Comédie d'aventures intrépides menée à 100 à l'heure par un duo impayable ainsi qu'une poignée de seconds-rôles diablotins, La Folie des Grandeurs perdure son attrait comique parmi l'incroyable brio de Gérard Oury se surpassant une fois de plus à parfaire un spectacle haut en couleurs au rythme entêtant du thème héroïque de Polnareff ! A l'image du film, un score proprement inoubliable !  

B.M. 4èx