mercredi 19 octobre 2016

LE TRIANGLE DU DIABLE


"Satan's Triangle" de Sutton Roley. 1974. U.S.A. 1h11. Avec Kim Novak, Doug McClure, Michael Conrad, Alejandro Rey, Ed Lauter

Diffusion TV U.S: 14 Janvier 1975. France: 4 Février 1979 et Novembre 1975 (un mardi soir à 20h30)

FILMOGRAPHIE: Sutton Roley est un réalisateur américain né le 19 Octobre 1922 en Pennsylvanie, USA, décédé le 3 Mars 2007 en Virginie. 1968: How to Steal the World. 1971: Sweet, Sweet Rachel (Télé-film). 1972: The Loners. 1973: Snatched (télé-film). 1974: Chosen Survivors. 1975: Le Triangle du Diable (télé-film).


Intro:                                                         Souvenir d'enfance.
Pour l'anecdote extravagante (et ce n'est nullement un canular !), c'est le seul film de ma vie de cinéphile m'ayant provoqué une RÉELLE hallucination lorsque, à la fin de la séance, je me dirigeais dans ma cuisine en y rencontrant mon père ! C'est à cet instant que j'ai subitement entrevu le visage du personnage du curé à la place de sa trogne !!! (une substitution irréelle matérialisée sous mes yeux !). Je me suis soudainement senti évasif, car psychologiquement en apesanteur face à l'étrangeté de cette vision perturbante ! Depuis cet incident unique gravé dans mon encéphale, je n'ai jamais osé l'avouer à mes parents...

Le Dimanche 4 Février 1979 (4 ans après sa 1ère programmation française) est diffusé à 18h10 sur la chaîne TF1 le télé-film Le Triangle du diable. Faute de sa projection à heure de grande écoute dans un cadre dominical, une génération de spectateurs en sort traumatisé ! (pour preuve avec mes propres aveux précités !). 42 ans plus tard, grâce à sa résurrection commerciale en Dvd (version remasteurisée svp !), je m'empresse de revoir ce classique horrifique sur mon écran 16/9 !



Pour rappel de l'intrigue, 2 gardes-côtes sont enrôlés afin de porter secours aux navigateurs d'un voilier. Sur place, alors que l'un d'eux descend sur les lieux, celui-ci découvre plusieurs cadavres disséminés à l'intérieur et en externe du bateau alors que leur mort porterait à croire qu'elle serait accidentelle. Au dernier moment, le sauveteur découvre une survivante dans la cale, Eva. Après un nouvel incident empêchant le garde-côte de remonter à bord de l'hélicoptère, il est contraint de passer la nuit avec la charmante inconnue en attendant la résurgence de son coéquipier le lendemain matin. Profondément secouée, cette dernière finit par lui expliquer les circonstances tragiques de son équipage après qu'ils eurent repêcher à bord un rescapé en soutane. 


Ce pitch alléchant réalisé par un spécialiste de séries TV parvient efficacement à nous tenir en haleine par le biais d'épisodes accidentels inquiétants ! A l'instar du corps d'une victime retrouvée dans la cale et flottant inexplicablement dans les airs, Spoil ! du regard féminin inopinément effrayant (je sous-entend le prologue mais aussi l'épilogue !) fin du Spoil ou de la croix d'un pendentif subitement disparue ! Soigneusement réalisé pour une production télévisuelle (notamment au niveau du montage où évènements du présent et du passé se télescopent sans coupure !), Le Triangle du Diable exploite le huis-clos maritime par le biais d'une ambiance anxiogène sensiblement diaphane. A l'instar de l'arrivée fortuite du prêtre surgit de nulle part et de son climat subitement tempétueux que les protagonistes s'efforcent de déjouer afin d'éviter le naufrage. Sur ce point, la réalisation parvient assez habilement à semer l'inquiétude par le biais d'une structure narrative combinant les mythes du triangle des Bermudes et du pouvoir du Diable. Sous l'impulsion d'une sobre distribution irréprochable, le Triangle du Diable n'a pas de peine à nous convaincre des divergences morales et conflits d'intérêt compromis entre la dynamique de groupe. Quand bien même le garde-côte attentif aux réminiscences d'Eva s'efforce de trouver une explication plausible à ces préalables incidents meurtriers causés en pleine bourrasque. Instaurant un suspense assez bien troussé au fil d'un cheminement machiavélique opposant surnaturel et plausibilité, le Triangle du Diable culmine son ambiguïté vers un dernier acte littéralement affolant ! Un twist final remarquablement pensé dans sa gestion d'une tension oppressante et son effet de surprise que son montage nerveux renchérit habilement sans grand-guignol !


Classique télévisuel resté dans toutes les mémoires d'une génération collapsée, Le Triangle du Diable préserve sa dimension cauchemardesque par l'entremise d'une distribution implacable et d'un climat ombrageux quelque peu dépressif. Quant à la teneur diabolique de son épilogue, il continue de hanter les spectateurs (à échelle moindre quand on a évidemment atteint la maturité !) lors d'un jeu de regards viciés terriblement dérangeants ! 

        LE SECOND TRAUMATISME TELEVISUEL DES                                                       ANNEES 70 !

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Moviecovers.com

de Jerry Thorpe. 1977. U.S.A. 1h15. Avec James Farentino, Joan Hackett, Claudette Nevins, Eugene Roche, Harrison Ford, Ann Dusenberry.

Diffusion TV, U.S: 1er Mai 1977

FILMOGRAPHIEJerry Thorpe est un réalisateur et producteur américain, né en 1926.
1957: Minuit sur le grand canal. 1968: Le Jour des Apaches. 1970: Company of Killers (télé-film). 1970: Dial Hot Line (télé-film). 1971: Lock, Stock and Barrel (télé-film). 1971: Crosscurrent (télé-film). 1972: Kung-Fu (télé-film). 1974: Smile, Jenny, You're Dead (télé-film). 1975: Antonio and the Mayor (télé-film). 1976: The Dark side of Innocence (télé-film). 1976: Laissez moi mon enfant (télé-film). 1977: Yesterday's Child (télé-film). 1977: Les Envoûtés (télé-film). 1978: The Lazarus Syndrome (télé-film). 1978: Stickin'Together (télé-film). 1978: A Question of Love (télé-film). 1979: Heaven Only Knows (télé-film). 1980: Le Noir et le Blanc (télé-film). 1983: Happy Endings (télé-film). 1986: La Fleur Ensanglantée (télé-film).


Télé-film des années 70 découvert chez nous un mardi soir dans le cadre des "Dossiers de l'Ecran", Les Envoutés traumatisa toute une génération de spectateurs impressionnés par le caractère réaliste de son thème satanique, à l'instar de son climax inoubliable faisant office de moment de trouille dérangeant. Sans doute influencé par l'Exorciste et toute la vague de films démoniaques qui suivront (La Malédiction pour citer le plus illustre), Jerry Thorpe nous relate ici la descente aux enfers de lycéennes prises à parti avec des phénomènes surnaturels. Celui de la combustion spontanée s'emparant sans raison de leurs corps pour les brûler vif ! D'une durée écourtée d'1h10, les Envoutés sous-entend une réflexion sur l'existence du Mal à travers le parcours équivoque d'un ancien prêtre délibéré à s'expier une conduite après avoir offensé Dieu. Dès lors, ressuscité d'un accident mortel, sa mission est de venir en aide aux témoins de l'emprise du diable. Ce qui l'amène à s'orienter vers un lycée exclusivement féminin à laquelle de graves incidents sont dépêchés par la direction. 


Hormis sa facture télévisuelle, Jerry Thorpe réussit avec une certaine efficacité à entretenir un suspense sous-jacent parmi les vicissitudes qui ébranlent la tranquillité des pensionnaires tout en insufflant une atmosphère diabolique par le biais de l'emprise du feu. Renforcé d'une bande-son inquiétante, la manière insidieuse dont les flammes se propagent sur le mobilier ou sur le corps enseignant provoquent un sentiment malsain, sachant qu'à plus d'une reprise, la victime ciblée se retrouve embrigadée dans une pièce verrouillée de l'intérieur ! Epaulé de comédiennes fort convaincantes dans leur rôle d'enseignantes contrariées ou de lycéennes apeurées, Les Envoutés est également dominé par le jeu énigmatique de James Farentino dans celui de Kevin Leahy, le prêtre déchu revenu de l'au-delà. Dessapé de sa soutane et d'insigne religieux (il ne croit qu'à l'existence du Mal avouera t'il à l'une des enseignantes !), il est pourtant résigné à combattre et se sacrifier pour sauver les proies innocentes des forces du Diable. Enfin, on reconnaîtra dans un second rôle l'apparition du débutant Harrison Ford dans celui d'un enseignant épris d'amour pour une jeune lycéenne. Si le récit oh combien inquiétant n'exploite pas complètement le potentiel de son sujet car empruntant les raccourcis (faute notamment d'une durée écourtée !), il est suffisamment bien conduit pour distiller une angoisse latente au fil d'une intrigue toujours plus ombrageuse que Kevin Leahy tente de démystifier. Ce qui nous conduit à son point d'orgue révélateur ayant tant traumatisé les cinéphiles de l'époque lors de cette confrontation du prêtre et de la directrice réfugiés à proximité d'une piscine ! En victime ensorcelée exprimant râles inquiétants, rictus mesquin et regard pervers, l'actrice Joan Hackett réussit à provoquer l'effroi dans sa posture cynique de possédée. Aujourd'hui encore, son apparence "envoûtée" (mais dépouillée de maquillage grand-guignolesque) nous provoque une répulsion viscérale réellement dérangeante au point de renouveler nos cauchemars nocturnes. 


En tant que film issu de la télévision, Les Envoutés reste l'une des rares réussites à avoir sur distiller avec sensibilité une angoisse malsaine plutôt dérangeante, à l'instar de son épilogue fétide resté dans les mémoires des téléspectateurs ! Une pépite à redécouvrir donc car tellement plus honorable et convaincante que la globalité des vulgaires ersatz ayant tenté d'émuler l'Exorciste et consorts

mardi 18 octobre 2016

CAPTAIN FANTASTIC. Prix de la Mise en scène, Cannes 2016.

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site comingsoon.net

de Matt Ross. 2016. U.S.A. 1h59. Avec Viggo Mortensen, George MacKay, Samantha Isler, Annalise Basso, Nicholas Hamilton, Shree Crooks, Charlie Shotwell.

Sortie salles France: 12 Octobre 2016. U.S: 29 Juillet 2016

FILMOGRAPHIEMatt Ross est un réalisateur, scénariste et acteur américain né le 3 janvier 1970 à Greenwich, Connecticut (États-Unis). 2012 : 28 Hotel Rooms. 2016 : Captain Fantastic.


Hymne à la vie et à l'enseignement dans leur richesse épurée, cantique à l'amour de l'écologie, réflexion spirituelle remettant en cause les préceptes divins, Captain Fantastic constitue un moment de cinéma en apesanteur. De par son intensité émotionnelle fulgurante illustrée sans fard ni fioriture et sa philosophie existentielle rejetant les profits du capitalisme et du consumérisme. Ou comment un père en guerre contre le système décide de le fuir pour s'exiler dans une nature sauvage en éduquant rigoureusement ses enfants dans une doctrine métaphysique. Alternant les épreuves cérébrales et missions physiques, ces derniers encourent parfois certains risques lorsqu'il s'agit par exemple d'escalader une montagne ou de chasser le chevreuil à l'aide de poignards affûtés. Spoil ! Mais à la suite du décès de son épouse et du chantage de son beau-père, Ben va devoir remettre en cause l'éthique de son éducation paternelle après avoir pris conscience de sa culpabilité morale. Fin du Spoil.


Manifeste contre le totalitarisme et l'esclavagisme de nos sociétés modernes auquel le citoyen se morfond toujours un peu plus dans le caprice du matérialisme, Captain Fantastic renoue avec le lyrisme d'un cinéma porteur de messages en ces temps sinistrés où caste religieuse et intolérance de la différence éloignent les citoyens au lieu de les rassembler. A travers le portrait hétérodoxe d'une famille de Robinsons coexistants en harmonie dans les notions d'amour, de passion, de partage et de respect, Matt Ross dépeint leur étude caractérielle parmi l'ambiguïté du père en berne. Sous l'impulsion de cette figure paternelle soucieuse d'élever ses enfants dans une philosophie primale, le cinéaste aborde les dangers du rigorisme, faute d'une pédagogie axée sur les principes de la lecture et du sport extrême, notamment afin de mieux les préparer à la cruauté de l'injustice et de la mort. Magistralement interprété par un Viggo Mortensen plein de maturité, celui-ci insuffle une vibrante émotion dans sa posture hippie adepte du bouddhisme perpétrant autour de ses rejetons l'amour et le respect de l'autre. En beau-père nanti réfutant la marginalité et la subversion, Frank Langella lui dispute la vedette avec une impériosité aussi intolérante que finalement lucide quant aux révélations de l'intrigue. Époustouflants de naturel et d'extravagance, chacun des enfants illumine l'écran de leur présence à la fois candide et mature où la cohésion familiale s'avère le maître mot de leur raison d'obtempérer.


"Le bonheur dépend de l'attitude envers la vie et de la confiance intérieure"
Grand moment de cinéma destiné à réveiller les consciences si bien que nous sommes tous concernés par notre conditionnement esclavagiste des sociétés modernes, Captain Fantastic ne cesse de mettre en lumière les effets bénéfiques d'une idéologie fondée sur l'éveil de soi même (une sagesse personnelle sans l'utopie du Dieu créateur !) plutôt que de se laisser aveugler par la pollution du consumérisme. D'une (rare) intensité bouleversante par son onirisme prude et son climat naturaliste terriblement évocateur, Captain Fantastic enivre les sens, laisse en état de choc pour nous rappeler les valeurs essentielles de la prospérité: passion et amour existentiels ! 

Récompenses:
Festival de Cannes 2016: catégorie Un Certain Regard, Prix de la mise en scène
Festival international du film de Seattle : Golden Space Needle du meilleur film.
Festival du cinéma américain de Deauville 2016: en compétition, Prix du jury et Prix du public

lundi 17 octobre 2016

DON'T BREATHE

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site nerdly.co.uk

de Fede Alvarez. 2016. U.S.A. 1h28. Avec Stephen Lang, Jane Levy, Dylan Minnette, Daniel Zovatto, Franciska Töröcsik

Sortie salles France: 5 Octobre 2016. U.S: 26 Août 2016

FILMOGRAPHIE: Fede Alvarez est un réalisateur uruguayen, né le 9 Février 1978 à Montevideo.
2009: Ataque de Panico (court-métrage). 2013: Evil-Dead. 2016: Don't Breathe.


Avec son second long-métrage, Fede Alvarez confirme tout le bien que l'on pensait de lui après nous avoir déjà ébranlé avec son excellent remake Evil-dead ! Car à partir d'un pitch élémentaire (de jeunes cambrioleurs s'introduisent par effraction chez un particulier), Don't Breathe joue la carte du suspense oppressant en renversant subitement les rôles ! De par le brio de sa mise en scène exploitant à merveille l'unité de lieu du foyer domestique réduit en chausse-trappe (et en champ de bataille !) et la performance viscérale d'acteurs spontanés dans leur fonction victimisée depuis la menace d'un ange de la mort aussi finaud qu'inébranlable. Là où l'intrigue frappe juste et imprime un cachet d'originalité, c'est dans la caractérisation de cet ancien vétéran d'Irak (Stephen Lang, impressionnant de charisme démoniaque avec sa voix gutturale !) aujourd'hui atteint de cécité et profondément traumatisé par la mort accidentelle de sa fille. Ce dernier se taillant une carrure d'exterminateur vindicatif avec une sagacité et une vélocité terrifiantes !


Car en confondant les rôles de victimes/bourreau incessamment ballottées entre eux, Fede Alvarez conçoit une sorte de train fantôme sardonique si bien que les nombreux rebondissements qui empiètent le cheminement de survie de nos anti-héros nous scotchent à notre siège de la première à la dernière minute ! Tendu en diable, notamment sous le pilier d'un climat nocturne feutré et le mutisme des situations d'extrême d'urgence (les victimes contraintes d'endiguer leur respiration depuis la présence tangible de l'aveugle), Don't Breathe renoue avec un cinéma brut de décoffrage sous le prisme du thriller adulte d'une rare cruauté ! C'est également à mon sens l'une des grandes qualités du métrage que de n'invoquer aucune concession aux victimes pourchassées et molestées depuis leur intrusion illégale chez un particulier terriblement rancunier ! Avec son ambiance d'angoisse palpable, Don't Breathe halète notre stress avec l'intelligence de relancer l'action dans des directions jamais prévisibles si bien que nous nous acheminons de surprises en surprises jusqu'au générique de fin ! (à une ou deux facilités près Spoiler ! pour le sort perfide d'une des victimes et la facture increvable du tortionnaire fin du Spoiler).


Sous couvert de divertissement commercial déjà couronné de succès (140 millions de dollars de recettes dans le monde contre un budget de 9 900 000 $ alors qu'il débute son exploitation en salles !), Fede Alvarez manipule le genre au 1er degré afin de transfigurer un thriller acerbe sous l'impulsion d'un suspense à couper au rasoir ! Sans faire preuve de racolage et grâce à ces situations censées alternant bravoures stoïques des victimes et de leur bourreau, Don't Breathe nous plaque au siège avec le réalisme d'une vigueur dramatique en chute libre. Une excellente surprise.

vendredi 14 octobre 2016

RAMBO 3

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Peter MacDonald. 1988. U.S.A. 1h41. Avec Sylvester Stallone, Richard Crenna, Marc de Jonge, Kurtwood Smith, Spýros Fokás, Sasson Gabai

Sortie salles France: 26 Octobre 1988. U.S: 25 Mai 1988

FILMOGRAPHIE: Peter MacDonald est un réalisateur, producteur de cinéma, cadreur et directeur de la photographie britannique, né à Londres. 1988: Rambo 3. 1992 : Mo' Money.
1994: L'Histoire sans fin 3: Retour à Fantasia. 1997: Supply & Demand. 1998: Légionnaire. 2000: The Extreme Adventures of Super Dave (Vidéo). 2001: L'Empire du roi-singe


Trois ans après la séquelle pétaradante Rambo 2, la mission, c'est au novice Peter MacDonad qu'incombe la tâche de prendre la relève avec un 3è opus aussi fun et encore plus débridé que son prédécesseur. Rambo 3 misant autant sur l'action improbable d'une violence belliqueuse lorsque notre (super-)héros se charge de délivrer le colonel Trautman des griffes des soviets depuis l'échec d'une mission en Afghanistan. Pourvu d'un budget encore plus élevé que son homologue (62 000 000 $ contre 44 000 000 $), Rambo 3 joue plein pot la carte du divertissement décomplexé dans son lot de bravoures explosives quasi ininterrompues si bien que John Rambo est contraint de tenter une seconde fois de libérer son acolyte Trautman afin de décupler les prises de risques inconsidérées. Fort d'une distribution cabotine n'hésitant pas à caricaturer leur fonction héroïque ou torve (Stallone compris puisque jouant les super-héros avec une aimable mine de chien battu !), Rambo 3 imprime une ambiance surréaliste afin de dynamiter le genre guerrier pour peu que l'on sache apprivoiser le spectacle au second degré.


Si l'aventure belliciste traversée de séquences homériques (la fameuse charge des moudjahidines en plein désert nous remémore le souffle épique de Lauwrence d'Arabie !) s'avère aussi creuse dans sa narration éculée (sorte de contrefaçon de Rambo 2, la Mission, les otages américains étant ici substitués par un unique prisonnier, le colonel Trautman), Rambo 3 détonne par sa générosité insolente et l'énergie de sa mise en scène (montage retors à l'appui). Rondement mené donc et adoptant un esprit bande-dessinée assumé comme le souligne la verve de ses dialogues pittoresques ainsi que la décontraction davantage prononcée de notre duo d'héros engagés au front, Rambo 3 parvient à nous impliquer dans l'action improbable avec un savoir-faire qu'on ne retrouve plus chez les Blockbuster numérisés. C'est simple, à partir du moment où John Rambo intervient en filature dans le camp soviet afin de libérer Trautman durant la nuit, les séquences d'actions s'enchaînent sans répit tout en se renouvelant par le biais de stratégies à risques que Rambo entreprend à pied, en hélicoptère ou encore à bord d'un tank. Les paysages d'Asie centrale superbement filmés assurant notamment le dépaysement si bien que le réalisateur diversifie ses décors désertiques et rocailleux au fil de stratégies d'attaques que Rambo planifie avec un héroïsme surhumain.


Inévitablement naïf pour l'échange des confrontations musclées que se disputent nos héros indestructibles et narrativement rachitique par son impression de déjà vu, Rambo 3 parvient pourtant fougueusement à divertir dans sa pyrotechnie ostentatoire où le surréalisme se mêle au délire le plus fun comme le souligne son point d'orgue anthologique ! Dominé par un Stallone cabotin mais oh combien attachant dans sa fonction iconique de super-héros, ce (second) plaisir coupable est à réhabiliter si bien qu'il semble encore plus pétulant qu'à l'époque de sa sortie !  

B-M


de Ted Kotcheff. 1982. U.S.A. 1h33. Avec Sylvester Stallone, Richard Crenna, Brian Dennehy, Bill McKinney, Jack Starrett, Michael Talbott, Chris Mulkey, John Mc Liam, Alf Humhreys, David Caruso.

Sortie en salles en France le 2 Mars 1983, U.S.A: 31 Octobre 1982.

FILMOGRAPHIETed Kotcheff est un réalisateur, producteur, acteur et scénariste canadien d'origine bulgare, né le 7 avril 1931 à Toronto (Canada).
1974: l'Apprentissage de Duddy Kravitz, 1978: La Grande Cuisine, 1982: Rambo, 1983: Retour vers l'Enfer, 1988: Scoop, 1989: Winter People, Week-end at Bernie's, 1992: Folks !

                                          

Réalisateur touche à tout, Ted Kotcheff explose le box-office en 1982 avec un film d'action révolutionnaire mettant en scène un vétéran du Vietnam de retour dans son pays mais rejeté par sa société. Le phénomène Rambo est né et son personnage iconique interprété par un Stallone en pleine ascension (la même année sort Rocky 3 !) va influencer un nombre incalculable d'ersatz à travers le monde. Retour sur un modèle du film d'action aussi jouissif et trépidant que sa première sortie officialisée 30 ans au préalable, le 31 Octobre 1982 ! John Rambo est un ancien béret vert de retour dans son pays après avoir combattu la guerre du Vietnam. Sur le sol américain, l'homme gratifié d'une médaille d'honneur est pris à parti avec un flic irascible et raciste. La tension entre les deux hommes va rapidement s'envenimer à tel point que le shérif décide de l'appréhender pour vagabondage et port illégal d'arme blanche. Au commissariat, après avoir été battu et maltraité, John Rambo parvient à s'échapper de ses assaillants pour prendre la fuite à moto en direction de la forêt montagneuse. Une chasse à l'homme est sommairement engagée !

                               

Quand on revoit 30 ans plus tard pour la énième fois cet illustre film d'action, on se rend compte à quel point ses mécaniques de suspense, de tension et d'action échevelée étaient coordonnées à leur paroxysme. Parce que Rambo constitue un concentré d'émotions fortes, de par son rythme vigoureux d'une efficacité optimale. En y combinant l'aventure, le film de guerre, le survival, l'action et l'analyse sociale, Ted Kotcheff a trouvé la formule magique pour créer un nouvel archétype du divertissement moderne. En optant comme argument la difficile réinsertion des soldats du Vietnam de retour dans leur pays, le réalisateur livre une impitoyable chasse à l'homme, faute d'une Amérique hostile envers l'étranger, car réfutant les marginaux d'apparence interlope. Après un prologue jubilatoire pour les rapports conflictuels entamés entre un flic orgueilleux et notre briscard arrêté pour vagabondage, la première partie nous converge de plein fouet au sein d'un haletant survival. Une traque improbable auquel un fugitif devra user de subterfuge et traquenards belliqueux pour sauver sa peau contre une armée de 200 soldats lancés à ses trousses. La mise en scène impeccablement maîtrisée rivalise d'adresse et d'efficacité en terme de courses poursuites incessante à travers bois d'une forêt montagneuse, transcendant ainsi la sauvagerie de ses paysages dantesques lors d'un saut dans le vide anthologique ! John Rambo, sévèrement rebelle contre l'hypocrisie condescendante des flicards, renoue avec son instinct guerrier pour reproduire la même situation de guérilla dans son pays dit civilisé. Pièges artisanaux, cachettes et camouflages de guerre sont savamment façonnés par un soldat à nouveau en guerre contre sa propre patrie.
                                    
Ce fantasme viril de l'homme inéquitablement traqué contre une armée réussit ici le prodige de contourner ses invraisemblances parmi l'agencement de situations censées et la conviction de la prestance humainement fouillée de Sylvester Stallone. En outre, les séquences d'action rondement menées et techniquement bien orchestrées éludent habilement l'outrance dans lequel elles auraient pu facilement se vautrer. A contrario, les péripéties endiablées et cascades impondérables vont louablement servir le cheminement de l'histoire avant que ne culmine un règlement de compte pyrotechnique au sein d'une urbanisation réduite à feu et à sang. Pour le coup, la chasse à l'homme inverse les rôles lorsque notre héros échappé d'une mine désaffectée décide de mener une véritable guérilla urbaine au coeur de sa paisible bourgade. Ce baroud d'honneur survitaminé déploie généreusement des séquences explosives toujours aussi spectaculaires et intenses avant de nous émouvoir lors d'un épilogue particulièrement poignant si bien que Stallone extériorise tout son potentiel dramatique. Un moment intime assez bouleversant démontrant en un laps de temps les stigmates de l'horreur inhumaine de la guerre, du traumatisme et des séquelles irréversibles assénés aux soldats du front. En pourfendeur contre l'autorité intolérante de son pays (les flicards sont constamment ridiculisés dans leur machisme primaire et arrogance déloyale), Ted Kotcheff recourt à la sobriété pour débattre son réquisitoire contre l'abus de pouvoir, l'injustice et la haine de l'autre.

                                   
Phénomènes à part entière dans le domaine du cinéma d'action contemporain, Rambo, le film, et Stallone, l'acteur, auront définitivement marqué la décennie 80 en renouvelant l'actionner sous couvert d'étude sociale. Ultra efficace et spectaculaire, haletant en diable, intense et poignant , Rambo confine au chef-d'oeuvre sans jamais perdre de vue l'humanité déchue de son personnage emblème. Un héros chevronné moralement blessé par l'irrévérence de sa terre d'accueil n'ayant aucune révérence pour la bravoure de ces anciens combattants. 

B-M


de George Pan Cosmatos. 1985. U.S.A. 1h36. Avec Sylvester Stallone, Richard Crenna, Charles Napier, Steven Berkoff, Julia Nickson-Soul, Martin Kove, George Cheung, Andy Wood, William Ghent, Voyo Goric.

Sortie en salles en France le 16 Octobre 1985. U.S: 24 Mai 1985

FILMOGRAPHIEGeorge Pan Cosmatos était un réalisateur et scénariste grec né le 4 janvier 1941 à Florence (Toscane, Italie), mort le 19 Avril 2005 à Victoria (Colombie-Britannique, Canada) d'un cancer du poumon.
1977: Le Pont de Cassandra. 1979: Bons Baisers d'Athènes. 1983: Terreur à Domicile. 1985: Rambo 2, la Mission. 1986: Cobra. 1989: Leviathan. 1993: Tombstone. 1997: Haute Trahison


En 1982, Ted Kotcheff avait su renouveler le cinéma d'action avec Rambo, charge sociale illustrant avec beaucoup d'efficacité la difficile réinsertion des vétérans du Vietnam de retour au pays américain. En prime, la notoriété de l'acteur Sylvester Stallone déjà célébrée avec les 3 premiers Rocky va définitivement asseoir le personnage sur le trône de star mondiale. George Pan Cosmatos, habile artisan de la série B, prend cette fois-ci les reines de cette nouvelle mission axée sur l'action belliqueuse au sein d'une jungle vietnamienne ! Retenu en prison pour cinq ans de travaux forcés, John Rambo est rappelé par le colonel Trautman pour obtenir une éventuelle rémission judiciaire. Pour cela et en guise de preuve, il aura pour mission de prendre des clichés de prisonniers de guerre américains retenus en pleine jungle vietnamienne. Rambo décide contre l'autorité de son supérieur de ramener en vie un otage américain. Dépité, Murdock ordonne d'abroger la mission pour laisser notre héros seul contre les les viêt-công et les alliés russes. 
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Ted Kotcheff avait su nous divertir et émouvoir avec Rambo, modèle du film d'action contemporain exacerbé par le profil aigri d'un ancien vétéran du Vietnam débouté par sa propre patrie. En 1985, fort du succès mondial entrepris avec ce classique du survival musclé, George Pan Cosmatos et ses complices, James Cameron et Sylvester Stallone (attitrés au poste de scénaristes), entreprennent une suite entièrement conçue sur la surenchère guerrière. A titre anecdotique, c'est James Cameron qui écrivit d'abord une première version du scénario à résonance politique avant que Stallone ne le remanie en privilégiant l'action homérique. Le script originel avait d'ailleurs prévu que Trautman et Rambo se retrouvent en interne d'un hôpital psychiatrique et non dans une prison fédéral comme on peut le voir en préambule de l'oeuvre. Cette fois-ci, notre réalisateur déjà responsable d'un excellent film catastrophe (Le Pont de Cassandra) et d'une série B horrifique roublarde (Terreur à Domicile était un modèle d'efficacité) concentre la totalité de son intrigue dans un florilège de bravoures ultra spectaculaires perpétrées par notre (super) héros seul contre tous ! Tout ce qui avait fait jubiler les amateurs d'action débridée dans le dernier quart d'heure de Rambo (un condensé de destruction massive au coeur d'une bourgade ricaine) se retrouve ici condensé en 1h36 de péripéties haletantes et explosions héritées de l'univers de la BD.


D'une intrigue linéaire éludée de surprise (hormis le coup de trafalgard opté par Murdock contre Rambo), George Pan Cosmatos en tire donc un pur film d'action ludique et décérébré. Et cela même s'il fustige une nouvelle fois en toile de fond social son gouvernement américain fraudant des preuves sur l'existence de survivants américains, retenus en otage en pays hostile depuis leur détention au cours des seventies. S'ensuit à un rythme effréné une succession d'évènements trépidants auquel nos antagonistes déployés en masse vont tenter par tous les moyens de capturer Rambo, seul contre tous. Courses-poursuites à pied ou en hélico, mitraillages frénétiques ou coups de flèches destructeurs à embout explosif, torture à l'ancienne sous haut voltage et épuration de villages incendiés à grands coups de roquettes ! Cette fois-ci, notre héros indestructible réduit en machine à tuer est confiné en terrain connu pour s'engager à déclarer une guerre impitoyable contre les preneurs d'otages, tout en réclamant vengeance auprès de son gouvernement, faute d'un leader bureaucrate vénal. A ce titre, le règlement de compte opposant Murdock et Rambo dans le local bureautique s'avère un moment de bravoure orgasmique, de par l'intensité des coups de mitraillettes généreusement déchargées sur les archives administratives !


Handicapé par un scénario improbable multipliant à outrance les affrontements et prises de risques saugrenues, Rambo 2 la mission s'édifie en série B bourrine à l'efficacité certaine. Rondement mené sous le score épique de Jerry Goldsmith et dominé par l'icone virile d'un Stallone plus pugnace que jamais, le divertissement belliciste réussit par miracle à transcender ses lacunes dans une décontraction décérébrée.

B-M
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Note: le film restera dans l'histoire du box-office français, ayant été le premier film à passer la barre des 500 000 entrées en 1ère semaine d'exploitation (avec 510 096 entrée pour la capitale de Paris)

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site pixshark.com

de Sylvester Stallone. 2008. Allemagne/U.S.A. 1h31. Avec Sylvester Stallone, Julie Benz, Paul Schulze, Graham McTavish, Matthew Marsden, Reynaldo Gallegos.

Sortie salles France: 6 Février 2008. U.S: 25 Janvier 2008

FILMOGRAPHIESylvester Stallone est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 6 Juillet 1946 à New-York.
1978: La Taverne de l'Enfer. 1979: Rocky 2, la Revanche. 1982: Rocky 3, l'Oeil du Tigre. 1983: Staying Alive. 1985: Rocky 4. 2006: Rocky Balboa. 2008: John Rambo. 2010: Expendables: Unité Spéciale.


Après avoir brillamment clôturé la saga Rocky avec Rocky BalboaSylvester Stallone, acteur et cinéaste, décide d'en faire de même pour la trilogie Rambo, 20 ans après le semi-échec du 3è épisode. Renouant un peu avec l'état d'esprit du premier film pour la dimension humaniste du vétéran replié sur lui même (on le retrouve reclus en Thailande entrain de chasser les cobras pour les vendre à un dresseur), John Rambo s'engage tout de même à renouer avec la voie du spectacle homérique à grand renfort d'ultra-violence jusqu'au-boutiste. C'est bien simple, jamais un film de guerre n'était allé aussi loin dans la barbarie pour dénoncer les horreurs du pays le plus totalitaire au monde (la Birmanie reste en guerre depuis plus de 60 ans en dépit de l'indifférence des médias !) et pour nous divertir de scènes d'action décoiffantes à l'efficacité optimale. Un peu comme si Rambo 2, la mission s'était incidemment retrouvé la tête plongée dans une bassine de vitriol ! Exit donc la caricature d'une bande dessinée décérébrée apte à divertir son public de 7 à 77 ans, Stallone misant sur l'ultra réalisme d'un contexte de guerre animé par l'emprise de la folie et de la haine.


A l'instar des exactions crapuleuses (et parfois diaboliquement inventives) quotidiennement perpétrées par les soldats birmans sur une population précaire d'où aucun enfant n'est épargné (Stallone refusant même le hors-champs dans ses séquences les plus innommables !). Outre le caractère poignant des états d'âme torturés de Rambo à nouveau compromis par son sens du devoir à rempiler une mission à haut risque (sauver la vie d'un groupe de missionnaires religieux pris en otage dans un village), John Rambo assume le spectacle épique d'un film de guerre habité par la frénésie de la violence. Qu'elle soit purement gratuite du point de vue des soldats Birmans ou justifiée du côté des mercenaires héroïques notamment impliqués dans une cause de survie. Dans ce maelstrom d'images apocalyptiques d'où s'extrait une sauvagerie à l'instinct primitif (Rambo arrachant de ses mains la gorge d'un geôlier !), l'intrigue conjugue mission d'infiltration, stratégies d'attaques et de défense et survival de dernier ressort avec une vigueur imperturbable ! Son pouvoir de fascination, son réalisme immersif et son sens jouissif de l'action explosive étant notamment véhiculés par l'autorité iconique de notre baroudeur une fois de plus contraint de reprendre les armes pour se donner une raison d'exister (celle de sauver la vie de son équipe et des missionnaires, en particulier un couple religieux). Et par cette occasion quasi suicidaire retrouver son blason de héros face à la considération des survivants puis peut-être renouer avec sa paix intérieure.


Un spectacle monstrueux, à feu et à sang.
Pur divertissement d'action belliqueuse où les bravoures anthologiques se succèdent à une cadence effrénée, John Rambo réussit néanmoins à justifier sa barbarie graphique (corps déchiquetés, broyés, explosés, décapités, éventrés !) pour dénoncer le contexte historique de la dictature Birmane (le film reste chez eux officiellement interdit en salles et en video au risque d'encourir 10 ans de prison ou la perpétuité pour ceux qui en braveraient le règlement). Rehaussé du score intense de Brian Tyler et de la célèbre reprise de Jerry GoldmisthSylvester Stallone en profite pour redorer la stature écorchée de sa machine à tuer, à l'instar de son épilogue bouleversant auquel Rambo renoue avec la civilisation de sa patrie.

B-M

jeudi 13 octobre 2016

Une Fille pour le Diable / To the devil a Daughter

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrorpedia.com

de Peter Sykes. 1976. Angleterre/RFA. 1h31. Avec Richard Widmark, Christopher Lee, Honor Blackman, Denholm Elliott, Michael Goodliffe, Nastassja Kinski.

Sortie salles France: 30 Mars 1977. Angleterre: 4 Mars 1976

FILMOGRAPHIE: Peter Sykes est un réalisateur et scénariste australien né le 17 juin 1939 à Melbourne (Australie) et mort le 1er mars 2006. 1968 : The Committee. 1971 : Venom. 1972 : Les Démons de l'esprit. 1973 : The House in Nightmare Park. 1973 : Steptoe and Son Ride Again. 1976 : Une fille... pour le diable. 1979 : Jesus.


Avant-dernière production de la Hammer pour leur 1er cycle, Une Fille pour le Diable porte la signature de Peter Sykes, déjà auteur de l'excellent les Démons de l'esprit pour le compte de la firme. Tiré d'un roman de Dennis Wheatley, l'intrigue surfe sur la vague des films d'horreur satanistes initiés par Rosemary's Baby et L'Exorciste alors que la Malédiction prendra le relais quelques mois plus tard après la sortie d'Une fille pour le diable. Le PitchUn écrivain, spécialiste des sciences occultes, se porte garant pour protéger la fille d'un ami, une jeune religieuse tributaire des agissements maléfiques d'un prêtre excommunié. Un combat rigoureux contre les forces du Mal s'engage entre les deux hommes. En dépit d'une réputation timorée et de conditions de tournages houleuses entre la prod et certains acteurs,  Une Fille pour le Diable surprend beaucoup dans l'ossature de son climat malsain irrésistiblement ombrageux.


Bien que son cheminement narratif s'avère parfois un peu décousu pour les enjeux diaboliques compromis avec le Lord "Astaroth", la réalisation scrupuleuse de Peter Sykes détonne par son réalisme documenté en insistant notamment sur les pouvoirs machiavéliques que la confrérie parvient à animer à distance. Outre le soin consciencieux de son atmosphère méphitique, sa distribution de prestige doit autant à la véracité des évènements énoncés que le cinéaste s'efforce d'acheminer avec force et détails inquiétants (grimoire, médaillon, signes et symboles rituels). Tant par la présence du grand Richard Widmark dans une posture héroïque contrariée, du dandy Christopher Lee, impressionnant de charisme délétère sous l'intensité d'un regard vicié, que de la compagnie candide de Nastassia Kinski, étrange de sensualité en victime déflorée. D'autres seconds-rôles sont méritoires dans leur fonction de faire-valoir (Honor Blackman, Denholm Elliott, Michael Goodliffe), communément malmenés par l'emprise invisible du Mal. Enfin, on peut aussi souligner l'audace de la Hammer d'avoir osé tolérer des séquences chocs franchement licencieuses (l'accouchement sordide pour le projet du premier baptême, la transfusion sanguine d'une élue, la vision ensanglantée d'un bébé monstrueux que Catherine s'efforce de pénétrer à l'intérieur de son vagin et le sacrifice d'un nourrisson perpétré lors du rituel final).


Un "Hammer" indécent que les bien-pensants ont tendance d'occulter pour son réalisme fétide.
Série B perfectible dans sa narration biscornue un brin prévisible, Une Fille pour le Diable extériorise pourtant un sentiment persistant de malaise environnemental de par son réalisme clinique et l'aura de souffre suintant du moindre cadre de l'écran (tant pour les décors domestiques et gothiques que des extérieurs naturels subordonnés au cérémonial occulte). Fascinant, inquiétant, incongru et dérangeant, il doit beaucoup de sa vigueur dramatique dans la coordination de séquences-chocs sulfureuses et l'autorité renfrognée d'une distribution quatre étoiles.

2èx

mercredi 12 octobre 2016

BEFORE I WAKE

                                                                                                 
                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site bom-boxoffice.over-blog.com

"Somnia" de Mike Flanagan. 2016. U.S.A. 1h37. Avec Kate Bosworth, Thomas Jane, Jacob Tremblay, Topher Bousquet, Annabeth Gish, Dash Miho.

Sortie salles France: Prochainement...

FILMOGRAPHIE: Mike Flanagan est un réalisateur américain né le 20 Mai 1978 à Salem, Massachusetts. 2016: Before I Wake. 2016: Hush. 2013: The Mirror. 2011: Absentia. 2003: Ghosts of Hamilton Street. 2001: I Still Life. 2000: Makebelieve.


Série B horrifico-fantastique toute en intimisme, Before I Wake renoue avec un cinéma mature pour honorer le genre sans céder à une facilité racoleuse dans son savant dosage de frissons et vives émotions. Dans la lignée des chefs-d'oeuvre d'un Fantastique épuré comme le caractérisent Le Cercle Infernal, l'Enfant du Diable ou encore Ne vous Retournez pas, Before i wake aborde lestement la thématique du deuil infantile sous le pivot d'un duo de comédiens dépouillés dans leur carrure parentale meurtrie. A la suite de la mort accidentelle de leur fils, le couple Hobson décide d'adopter un garçon orphelin du nom de Cody. Souffrant d'insomnie, ce dernier est terrorisé à l'idée de s'endormir depuis que ces rêves prennent vie dans la réalité. Affublé d'un don exceptionnel, Cody va bouleverser le destin de ses nouveaux parents après avoir matérialisé le fantôme de leur défunt rejeton. 


Dans son art de narrer un conte délétère sous l'impulsion énigmatique d'une autorité infantile, Mike Flanagan prend soin de développer ses protagonistes en étudiant les rapports conflictuels du couple fragile à tolérer la perte de l'être aimé. Face à leur témoignage, un enfant tributaire d'un passé traumatique doit également surmonter une double épreuve (sa hantise des cauchemars nocturnes et son deuil familial) si bien que le réalisateur oppose leurs points communs de l'angoisse et du chagrin inéquitable avec une étonnante pudeur. L'émotion jamais programmée nous saisissant en intermittence (la bouleversante projection du film en camescope !) parmi la juste mesure d'une maturité parentale ne s'apitoyant jamais sur leur sort. Jouant la carte du suspense anxiogène en la présence spectrale d'une créature famélique et d'énigmes en suspension, ce dernier nous traduit des séquences frissonnantes plutôt convaincantes dans son désir d'enchérir une terreur sournoise voguant vers la rancoeur. Baignant dans un climat d'angoisse palpable cédant parfois à un onirisme (inopinément) enchanteur (la présence incandescente des papillons nocturnes !), Before i wake condense avec une rare alchimie horreur et féerie afin de culminer vers une métaphore rédemptrice (l'amour spirituel et maternel). A ce titre, le final révélateur s'avère divinement bouleversant lorsque le cinéaste lève le voile sur le don singulier de Cody par l'entremise d'une main maternelle.


Sous le format minimaliste de la série B et parmi le parti-pris de crédibiliser son histoire surnaturelle sans pathos ni sinistrose, Mike Flanagan parvient à transfigurer un douloureux conte de fée dans son désir de conjurer les démons qui habitent les corps des personnages. Remarquablement interprété (le jeune Jacob Tremblay - révélation de Room - s'avère aussi modéré dans sa culpabilité candide !), Before i wake recourt au fantastique psychologique sous l'impulsion d'une caractérisation humaine en questionnement mystique. Une jolie réussite rehaussée d'un point d'orgue transcendant dans son acuité lyrique !

Dédicace à George Abitbol et Jean-Marc Micciche
B-M

mardi 11 octobre 2016

PHANTASM: RAVAGER

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com

de David Hartman. 2016. U.S.A. 1h27. Avec Angus Scrimm, A. Michael Baldwin, Bill Thornbury,
Reggie Bannister, Kathy Lester, Gloria Lynne Henry. Scénario et Production: Don Coscarelli.

Sortie salles US: 7 Octobre 2016

FILMOGRAPHIE: David Hartman est un réalisateur américain.
2016: Phantasm: Ravager


18 ans après Phantasm 4: Oblivion, Don Coscarelli cède sa place à un spécialiste de séries TV, David Hartman (si bien qu'il s'agit ici de son premier long-métrage) afin de parachever son illustre saga. Scénarisé et produit par le maître en personne, Phantasm: ravager relance l'intérêt des enjeux belliqueux entre Reggie et Tall Man sous le pivot d'une narration (classiquement) fourre-tout et décousue. Ayant préalablement combattu en plein désert l'homme en noir, Reggie se retrouve à nouveau confronté à lui après avoir été hébergé au domicile d'une jeune automobiliste. Ayant perdu tous repères avec la réalité, il semble acquérir le don d'ubiquité au moment même où Mike vient lui rendre visite dans un hospice pour l'avertir de sa démence. Hanté par le spectre du Tall Man, Reggie s'efforce de le convaincre que ses fantasmes ne sont pas le fruit de son imagination délurée. A travers ce pitch délibérément tortueux, nous sommes en terrain connu depuis la ligne de conduite des précédents opus s'évertuant à nous entraîner dans un univers fantasmagorique en perte de repères (illusion et réalité se télescopant jusqu'à saturation).


Inscrit dans la sincérité et le respect des codes de la saga, Phantasm: Ravager constitue une pochette surprise assez dégingandée car alternant défauts formels (FX numériques souvent désuets, réalisation digne d'un télé-film, photo stérile) et qualités narratives (situations saugrenues truffées de péripéties inventives d'où perce en intermittence une émotion poignante lors de retrouvailles familiales). A mi-chemin entre la série B et Z (n'ayons pas peur du terme péjoratif !), Phantasm: Ravager tire parti de son attrait gogo grâce à la générosité du cinéaste s'efforçant de satisfaire l'attente des fans par le biais des composantes du gore et de l'action se disputant la mise sans répit. Outre le caractère ludique des rebondissements débridés menés avec esprit bonnard, les personnages familiers qui y évoluent s'avèrent toujours aussi attachants dans leur cohésion fraternelle mais aussi empathiques pour leur âge buriné (18 ans séparent le 4è opus de ce dernier chapitre !). Sur ce dernier point, et en abordant les thèmes de la peur de l'inconnu et l'injustice de la mort sous couvert de loyauté amicale, Phantasm: Ravager transfigure le conte métaphysique (la vie n'est qu'un long rêve dont la mort nous réveille !) avec une émotion franchement poignante. A l'instar des retrouvailles chaleureuses de nos héros lors du prologue ou encore lors des adieux émouvants (j'en ai d'ailleurs versé une larme !) instaurés vers sa conclusion. Truffé de clins d'oeil au 1er volet, les spectateurs seront notamment heureux de retrouver des antagonistes secondaires dont je tairais l'indice alors que des décors (et éléments) familiers ne manquent pas non plus de titiller notre nostalgie. Quant au regretté Angus Scrimm, le monstre sacré insuffle toujours autant d'aplomb et de vigueur dans son charisme délétère avec une persuasion indéfectible !


Des retrouvailles émouvantes pour un cadeau d'adieu fantasmatique.
En brossant avec imagination et maladresse une parabole sur l'illusion existentielle (la vie n'est qu'un rêve dans un rêve !), David Hartman en extirpe par le biais du fantasme une catharsis sur l'acceptation de notre mort. Cheap en diable et inabouti (comme chacun des précédents opus !) mais suscitant un charme tangible par son esprit Bisseux, Phantasm: Ravager tire parti de sa frénésie fantaisiste dans son esprit modeste de B movie intègre. Pour conclure, ce dernier chapitre ne comblera pas toutes les attentes des fans mais il parvient néanmoins à laisser en mémoire une émotion mélancolique pour sa cantique conférée à la chimère et à l'amour de la fratrie.  

La Chronique de Phantasm: http://brunomatei.blogspot.fr/2015/05/phantasm.html
B-M