mercredi 30 novembre 2016

BLOOD RAGE

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site stuffpoint.com

"Nightmare at Shadow Woods" de John Grissmer. 1983/87. U.S.A. 1h24. Avec Louise Lasser, Mark Soper, Marianne Kanter , Julie Gordon , Jayne Bentzen.

Inédit en salles en France et en vhs. U.S: Juin 1987

FILMOGRAPHIE: John Grissmer est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1955. 1977: False Face. 1987: Blood Rage.


Tourné en 1983 mais sorti 4 ans plus tard dans un cercle restreint de salles US alors qu'en France il resta inédit, notamment sous support Vhs et Dvd, Blood Rage fait parti du bas du panier des slashers des années 80 en dépit de son gore festif. Dans un drive-in, un couple se fait assassiner à la machette par un jeune adolescent. Afin de se déculpabiliser, ce dernier accuse son frère jumeau, Todd, particulièrement fragile et influençable. Après 10 ans d'internement en psychiatrie, celui-ci parvient à s'échapper pour se venger de son frère. Terry profite alors de cette aubaine pour accumuler les meurtres et continuer de lui faire porter le chapeau. Une intrigue bas de plafond dénuée d'une once tension et de suspense que John Grissmer (cinéaste méconnu si bien qu'il est signataire de 2 uniques métrages) filme avec une maladresse poussive, à l'instar de son casting bovin dénué d'expression. Outre sa galerie de pimbêches effarouchées surjouant sans complexe, la prestance ridicule du tueur jovial incarné par Mark Soper enfonce un peu plus le métrage vers les cimes du navet si bien que les situations grotesques s'accumulent sans modération, et ce jusqu'au final indigent d'une durée rébarbative de 20 mns lorsque le tueur se met à courser sa dernière victime atone. Seule point positif à épargner de ce naufrage, une série de bravoures gores confectionnées en latex que le maquilleur Ed French (Cauchemar à Daytona Beach / Exterminator 2) parvient à façonner avec un réalisme parfois percutant !


Un navet branquignol donc (pardon pour les fans s'ils me lisent mais ça n'engage que moi !) qui pourrait néanmoins contenter une frange de cinéphiles irréductibles.

mardi 29 novembre 2016

THE MONSTER

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org

de Bryan Bertino. 2016. U.S.A. 1h31. Avec Zoe Kazan, Ella Ballentine, Scott Speedman

FILMOGRAPHIE: Bryan Bertino est un réalisateur américain né le 17 Octobre 1977 à Crowley, Texas, USA.
2016: The Monster. 2014 Mockingbird. 2008 The Strangers.


Malgré les bonnes intentions du réalisateur (renouer avec la suggestion d'une horreur adulte et privilégier la densité humaine de ses personnages reclus), The Monster est une série B ratée sombrant toujours un peu plus dans la léthargie. Faute à une réalisation trop maladroite pour imposer un suspense lattent en perte de vitesse et à la cohésion de survie redondante d'une mère et de sa fille brimées par la menace d'une créature de prime abord invisible (le réalisateur différant au maximum son apparition tant escomptée). Quand à l'éclatement de la cellule familiale surlignée au travers de multiples flash-back, le réalisateur se laisse un peu influencer par le pathos quant au profil avilissant d'une mère alcoolique en quête de rédemption. Spoil ! Le monstre étant au final la métaphore de son double maléfique que la fille en initiation héroïque parviendra à combattre après avoir pardonné à sa mère sa démission parentale. Fin du Spoil.


Calme plat
En dépit d'une photo crépusculaire soignée et du charisme parfois impressionnant de la créature lors d'une attaque aussi meurtrière que cinglante (je me suis d'ailleurs remémorer le prologue sanglant du Loup-garou de Londres), The Monsters est incapable d'insuffler une quelconque tension autour de son huis-clos exigu (une voiture / une ambulance) instaurée à proximité d'une nature forestière, et ce en dépit de la bonne volonté des comédiens perfectibles (leurs expressions horrifiées ou lamentées s'avérant régulièrement un peu trop outrées ou pas assez spontanées). Dommage et on comprend donc aisément pour quelles raisons cette production mineure bannie des salles internationales soit promulguée au rayon DTV.

E-B

lundi 28 novembre 2016

BLANCHE NEIGE

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site subscene.com 

"Snow White: A Tale of Terror" de Michale Cohen. 1997. U.S.A. 1h40. Avec Sigourney Weaver, Sam Neill, Monica Keena, Taryn Davis, Gil Bellows, Brian Glover, David Conrad.

Sortie salles U.S: 24 Août 1997

FILMOGRAPHIE: Michael Cohen est un réalisateur, scénariste et producteur américain
2015: Sacrifice. 1997 Blanche-Neige: Le plus horrible des contes. 1994 Le profiler. 1992 Interceptor


Inédit en salles chez nous, Blanche Neige constitue une sympathique déclinaison horrifique du célèbre conte des Frères Grimm. Visuellement et techniquement assez soigné, l'intrigue se concentre sur la rivalité sournoise d'une belle-mère avide de jeunesse et de pouvoir et d'une jeune princesse sévèrement molestée par cette dernière. Egarée dans la forêt à la suite d'une tentative d'assassinat, Blanche Neige rencontre 7 métayers marginaux au fond d'une grotte. Avec leur soutien, elle va tenter de regagner son royaume avant que la méchante reine n'emploie un nouveau subterfuge pour l'éradiquer. Ponctué de péripéties parfois spectaculaires et plutôt bien troussées (la chute des arbres, l'effondrement de la terre dans la crevasse, son final haletant), Blanche Neige parvient sans peine à maintenir l'intérêt sous l'impulsion spontanée de sa distribution. Que ce soit Sam Neil en Lord prévenant, Sigourney Weaver en diabolique mégère et Monica Keena d'un naturel assez charismatique dans sa fonction affirmée de Blanche Neige. Si l'horreur des situations aurait gagné à être un peu plus prononcée, le traitement réservé à certains personnages ne manque pas d'audace (les fameux nains réduits ici à des marginaux revêches si bien que l'on craint une tentative de viol pour notre héroïne malmenée !) quand bien même d'autres moments font preuve d'intensité crapuleuse, comme le souligne l'intervention fétide de la sorcière se délectant de son machiavélisme criminel auprès de Blanche Neige.


B-M

jeudi 24 novembre 2016

A Toute Epreuve / Lashou shentan / Hard Boiled

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site lesjeuxdescancre.canalblog.com

de John Woo. 1992. Hong-Kong. 2h07. Avec Chow Yun-fat, Tony Leung Chiu-wai, Teresa Mo, Philip Chan, Philip Kwok, Anthony Won.

Sortie salles France: 16 Juin 1993 (Interdit aux - de 16 ans). Hong-Kong: 16 Avril 1992

FILMOGRAPHIEJohn Woo (吴宇森 en chinois, Wú Yǔsēn en hànyǔ pīnyīn) est un réalisateur
chinois, né le 1er mai 1946 à Guangzhou (Canton), Chine. 1974 : Les Jeunes Dragons. 1974 : Le Maître de Taekwondo. 1975 : Princesse Chang Ping. 1976 : Ching, le Fantastique Mandchou. 1977 : Les As de la cambriole. 1978 : Follow the Star. 1979 : La Dernière Chevalerie. 1979 : Millionnaires d'un jour. 1981 : Rendez-vous avec le diable. 1981 : La Course à l'emploi. 1982: Laughing Times.
1984 : The Time You Need a Friend. 1985 : Run Tiger Run . 1986 : Les Larmes d'un héros . 1986 : Le Syndicat du crime. 1987 : Le Syndicat du crime 2. 1989 : The Killer. 1989 : Just Heroes. 1990 : Une balle dans la tête. 1991 : Les Associés. 1992 : À toute épreuve. 1993 : Chasse à l'homme. 1996 : Broken Arrow. 1997 : Volte-face. 2000 : Mission impossible 2. 2002 : Windtalkers. 2003 : Paycheck
2008: Les Trois Royaumes. 2010: Le Règne des assassins. 2014 : The Crossing.


1992: date charnière du cinéma d'action si bien qu'A toute épreuve est reconnu par les fans comme le plus grand film du genre jamais réalisé et toujours inégalé ! (si on excepte Mad-Max 2 et le phénomène, Mad-Max Fury Road). Spectacle apocalyptique de règlements de comptes sanglants et de pyrotechnies tous azimuts, A toute Epreuve multiplie les moments anthologiques à rythme métronomique jusqu'au point d'orgue d'une prise d'otages instaurée au coeur d'un hôpital. Le théâtre de sang d'une guérilla urbaine entre flics et truands impossibles à éradiquer. Le PitchAlors qu'il tente d'appréhender des trafiquants d'arme dans un salon de thé, le policier Tequila tue accidentellement l'un de ses collègues. Rongé par le remord, il se jure de venger sa mort en s'efforçant de retrouver les traces du leader Wong. Contraint de faire équipe avec un policier infiltré chez deux gangs, leur investigation finit par les mener dans les sous-sols d'un centre hospitalier d'où est confiné une cargaison d'armes. Une bataille sans pitié est sur le point de s'engager entre la pègre et la police au moment même où une prise d'otages vient d'éclater.


Pur divertissement d'action dégénérée si bien que John Woo se surpasse à transfigurer la prochaine rixe explosive par le dynamisme d'un montage à couper au rasoir (justement récompensé lors des Hong Kong Film Awards 1993), A toute Epreuve constitue un modèle d'efficacité par son ultra-violence disproportionnée que deux héros casse-cou s'efforcent de repousser ! Mention spéciale au jeu viril de Chow Yun-fat (allumette au bec en sus !) se glissant dans la peau d'un flic avec un charisme de "cool attitude". Infiltré ballotté entre deux clans ennemis, Tony Leung Chiu-wai lui partage dignement la vedette en acolyte aussi burné dans ses prises de risques suicidaires. Notre duo crevant l'écran dans leur extrême agilité à manier leur calibre et à se projeter tête baissée contre leurs adversaires dans un fracas de poussières, de fumée, de bois éclatés, de vitres brisées, de tôles froissées et de projectiles métalliques ! Quand bien même les corps embrasés par les flammes se propulsent dans les airs à l'instar d'un véritable film de guerre. Et si le pitch assez classique ne cultive pas de surprises quant à son évolution tracée d'avance, John Woo parvient à transcender ses conventions de par la vélocité de sa caméra filmant l'action lisible tel un ballet chorégraphique, et un sens aigu du suspense latent (l'infiltration de Tequila et Tony à débusquer l'entrepôt d'armes avant le carnage escompté d'une durée orgasmique de 45 mns !) que ces derniers insufflent progressivement au fil d'une initiation amicale. Outre l'inventivité sans cesse renouvelée des fusillades déjantées, John Woo relance l'action (et le second degré des situations) dans de multiples directions en exploitant les cadres restreints d'un salon de thé, d'un hangar, d'un yacht puis enfin d'un fameux centre hospitalier (épicentre d'une hécatombe humaine !).


Spectacle apocalyptique de survival belliqueux si je me réfère surtout à sa seconde partie faisant office de cataclysme, A toute Epreuve n'a pas volé sa réputation d'Everest du genre si bien que quelques décennies plus tard il reste toujours aussi furieusement épique, jouissif, jubilatoire, débridé, démesuré au sein d'un parti-pris artisanal (exit le numérique) de pyrotechnie formaliste. A couper le souffle vous dis ! 

B-M. 3èx

mercredi 23 novembre 2016

La Féline/ Cat People

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site doctormacro.com  

de Jacques Tourneur. 1942. U.S.A. 1h13. Avec Simone Simon, Kent Smith, Tom Conway, Jane Randolph, Jack Holt, Alan Napier, Elizabeth Dunne.

Sortie salles France: 1er Juillet 1970. U.S: 6 Décembre 1942

FILMOGRAPHIE: Jacques Thomas, dit Jacques Tourneur est un réalisateur français, né à Paris 12e, le 12 novembre 1904 et mort à Bergerac (Dordogne) le 19 décembre 1977 (à 73 ans). 1931 : Tout ça ne vaut pas l'amour ou Un vieux garçon. 1933 : Toto ou Son Altesse voyage. 1933 : Pour être aimé. 1934 : Les Filles de la concierge. 1939 : They All Come Out. 1939 : Nick Carter, Master Detective. 1940 : Phantom Raiders. 1941 : Doctors Don't Tell. 1942 : La Féline. 1943 : Vaudou. 1943 : L'Homme-léopard. 1944 : Jours de gloire. 1944 : Angoisse. 1946 : Le Passage du canyon. 1947 : La Griffe du passé ou Pendez-moi haut et court. 1948 : Berlin Express. 1949 : La Vie facile. 1950 : Stars in my Crown. 1950 : La Flèche et le Flambeau. 1951 : L'enquête est close. 1951 : La Flibustière des Antilles. 1952 : Le Gaucho. 1953 : Les Révoltés de la Claire-Louise. 1955 : Le juge Thorne fait sa loi. 1955 : Un jeu risqué. 1956 : L'Or et l'Amour. 1957 : Rendez-vous avec la peur. 1957 : Poursuites dans la nuit. 1958 : La Cible parfaite. 1959 : Tombouctou. 1959 : La Bataille de Marathon. 1960 : Passage secret coréalisé avec George Waggner. 1961 : Fury River. 1963 : Le croque-mort s'en mêle. 1965 : La Cité sous la mer.


Grand classique des années 40 ayant influencé le Fantastique éthéré sous l'égide de la suggestion, la Féline demeure 80 ans après sa sortie un diamant noir toujours aussi étincelant ! De par la prestance divine d'une Simone Simon habitée par l'affres de la persécution et le brio d'une mise en scène entièrement focalisée sur son profil schizo. Le PitchPersuadée d'être la descendante d'une malédiction séculaire, Irena refuse les avances sexuelles de son nouveau mari car craignant de se métamorphoser en panthère noire par le principe de l'amour. Ce dernier lui sollicite alors de consulter un psychiatre qu'elle acquiesce timidement. Mais c'est avec l'intrusion d'Alice, meilleure amie de son époux, qu'Irena finit par sombrer dans une démence schizophrène.  


Cette trame à la fois intrigante et captivante, Jacques Tourneur l'illustre sous le ressort d'une étude caractérielle en perdition morale. Car entièrement dédié au profil psychologique de son héroïne accablée du poids du doute et de l'infortune, La Féline juxtapose drame et épouvante avec la subtilité d'un climat immatériel. Baignant dans un somptueux noir et blanc envoûtant (comme l'illustre brillamment ses jeux d'ombre esquissés sur les murs d'une piscine afin de diluer la tension !), son cheminement narratif insuffle une montée du suspense quant à la quête identitaire d'une (anti-) héroïne potentiellement tributaire de l'auto-suggestion. Jacques Tourneur laissant planer ambiguïté et doute sur ses éventuels agissements hostiles et criminels en retardant le plus possible la résolution identitaire (l'apparition redoutée donc de la panthère noire à moins qu'il ne s'agit de celle du zoo !). Par l'entremise d'une douloureuse histoire d'amour où s'entremêlent les sentiments houleux de déception, de colère et de jalousie, La Féline provoque l'empathie auprès de cette épouse livrée à elle même car abdiquée de tout son entourage. Spoil ! La malédiction emportant finalement la mise si bien que l'on se surprend de l'amertume cruelle du final imparti à la vengeance et au sens du sacrifice (notamment ce rapport prémonitoire avec une statue médiévale). Fin du Spoil 


Métaphore sur la défloraison dans sa crainte du désir, de l'engagement et de la passion, La Féline bénéficie d'une rigueur émotionnelle retorse par son refus du racolage car trop disposé à dresser le portrait chétif d'une âme candide vouée à la damnation. Un chef-d'oeuvre intemporel d'une aura trouble et vénéneuse quant à la stature magnétique de Simone Simon combattant son démon interne avec une hantise viscérale !

*Bruno
4èx

mardi 22 novembre 2016

SONNY BOY

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site vhscollector.com

de Robert Martin Carroll. 1989. U.S.A. 1h44. Avec David Carradine, Paul L. Smith, Brad Dourif, Conrad Janis, Sydney Lassick, Alexandra Powers.

Sortie salles U.S: 26 Octobre 1990

FILMOGRAPHIE: Robert Martin Carroll est un réalisateur et producteur américain.
1989: Sonny Boy. 2000: Baby Luv.


Film culte auprès d'une communauté de vidéophiles ayant eu l'opportunité de le louer dans leur video de quartier, Sonny Boy constitue une perle rare de cinéma subversif si bien qu'elle fut banni de nos salles chez nous, et ce en dépit de sa récente programmation au Festival Hallucinations Collectives de Lyon le 27 mars 2016. Prenant pour thème la maltraitance infantile sous le vernis d'une famille dysfonctionnelle, Sonny Boy est une oeuvre choc aussi incisive et vitriolée que son binôme Bad Boy Bubby ! Enlevé par un marginal après que ce dernier eut assassiné ses parents, un jeune bambin est recueilli par un couple de laissés-pour-compte vivant reclus dans le désert. Eduqué à l'instar d'un animal sauvage durant sa jeunesse, Sonny parvient à l'âge adulte à sortir de sa geôle le temps d'une escapade urbaine que deux compères familiaux ont eu l'audace de détacher de ses chaînes. Particulièrement craintifs par son apparence primitive, les citadins de la région vont user de provocation et d'influence communautaire pour le lyncher parmi la complicité policière.


A la croisée de Frankenstein et de l'Enfant Sauvage, Sonny Boy fait office d'expérience atypique dans son brassage des genres (action, western, comédie, horreur, romance, conte de fée) et d'une émotion hybride qu'on ne voit jamais venir ! Car aussi déjantées, frénétiques, insolentes et décalées soient ses situations viciées, Sonny Boy fait preuve d'une étonnante fragilité lorsque derrière ses outrances se cache la tendresse d'une misère humaine. Car ayant subi quotidiennement humiliations et sévices par des parents décérébrés et des riverains réactionnaires, Sonny devient l'esclave d'une brimade sociétale au sein d'une Amérique profonde gangrenée par l'ignorance, l'alcool et la fascination des armes (l'auto-défense étant le principal moteur de leur justification expéditive). Avec ses portraits fantaisistes de personnages extravagants animés par l'autorité, la perversité, le mensonge, la manipulation et la soumission, Sonny Boy insuffle un climat de douce hystérie caustique comme le souligne les rapports houleux du duo parental que forment le ventripotent Paul L. Smith (l'inoubliable tenancier de Midnight Express !) et David Carradine (à contre emploi dans un rôle exubérant de travelo maternel !). Les seconds-rôles ne sont pas non plus en reste si je me réfère aux profils mesquins du duo trivial Brad Dourif Sydney Lassick. Mais la palme du comédien le plus empathique reste inévitablement la prestance mutique de Michael Boston se glissant dans la peau d'un souffre-douleur avec une pudeur souvent poignante (pour ne pas dire bouleversante !). Rehaussé d'un score aussi suave que mélancolique (si on écarte ses airs jovials de banjo hérités de Délivrance !) lorsque la caméra ausculte attentivement ses sentiments de crainte, d'espoir (celle de l'amour avec une charmante inconnue), de pitié et de haine, Sonny Boy provoque le désarroi avec une vigueur dramatique jamais démonstrative.


Fou ! ... oui, il est fou... comme nous tous ! ... Enfermés dans notre différence comme dans une immense solitude... 
Plaidoyer pour le droit à la différence, manifeste pour la pédagogie parentale et la communication, hymne à la liberté et au désir d'aimer, Sonny Boy fait preuve d'une insolence décomplexée pour nous dépeindre une société rétrograde aux frontières de la démence, si bien qu'un orphelin en éveil sentimental tente timidement de s'y faire une place auprès d'une main secourable. Il en émane une oeuvre magnifique assez difficilement discernable dans son alliage émotionnel mais dont les images poétiques ou cauchemardesques laissent en mémoire un conte cruel sur la condition humaine non exempt d'espoir. 

Dédicace à Isabelle Paillard et Eugène Rocton

B-M. 2èx



de Rolf De Heer. 1993. Australie/italie. 1h52. Avec Nicholas Hope, Claire Benito, Ralph Cotterill, Carmel Johnson, Syd Brisbane, Nikki Price, Norman Kaye, Paul Philpot, Peter Monaghan, Natalie Carr.

Sortie en salles en France le 1 novembre 1995. U.S: 26 Avril 2005

FILMOGRAPHIERolf De Heer est un réalisateur, producteur, scénariste et compositeur australien d'origine néerlandaise, né le 4 Mai 1951 à Heemskerk (Pays-Bas).
1984: Sur les ailes du tigre. 1988: Encounter at Raven's Gate. 1991: Dingo. 1993: Bad Boy Bubby.
1996: La Chambre Tranquille. 1997: Epsilon. 1999: Dance me to My Song. 2001: Le Vieux qui lisait des romans d'amour. 2002: The Tracker. 2003: Le Projet d'Alexandra. 2006: 10 canoës, 150 lances et 3 épouses.


En 1995 sort dans une quasi indifférence un long métrage australien d'un réalisateur d'origine néerlandaise. Inondé de récompenses dans divers festivals du monde entier, Bad Boy Bubby va rapidement gagner au fil du bouche à oreille un statut d'ovni hybride, dérangeant et sordide, auquel l'humanité innocente de son protagoniste va ébranler le spectateur ! Bubby est un homme de 35 ans vivant reclus comme un animal dans un foyer familial parmi l'autorité d'une mégère incestueuse. Emprisonné, maltraité et rendu esclave, il est acculé à y rester cloîtré en compagnie d'un chat de gouttière. Un jour, jalousé des retrouvailles inespérées avec son père alcoolique, il décide de se rebeller et franchir les extérieurs industriels de sa bâtisse.


Eprouvant, profondément malsain et dérangeant, la première demi-heure de Bad Boy Bubby rivalise de déviance dans son environnement restreint du foyer insalubre, là où quelques cafards rampent sur le sol parmi la présence d'un chat séquestré dans une cage. La mère de Bubby, tortionnaire perverse, abuse sexuellement de son rejeton inculte et lui impose la journée de rester assis sur une chaise durant ses absences prolongées. Parfois même, elle lui pratique l'étouffement en lui bouchant la bouche et le nez ! Pour sortir de sa baraque, elle se déplace en ville avec l'aide d'un masque à gaz afin de feindre à son fils que la vie urbaine est empoisonnée à proximité des bâtiments industriels. Abruti par une existence sans compassion, sans amour et sans notion de Bien et de Mal, Bubby perdure son ennui alors que son seul loisir est d'asphyxier un chat domestique en guise de curiosité morbide. Sur ce point, ces séquences dérangeantes extrêmement crues et choquantes sont d'un réalisme si effrayant que l'on peine à s'imaginer s'il s'agit d'un véritable chat volontairement maltraité afin de mieux ébranler le spectateur ! C'est avec l'arrivée inopinée de son père alcoolique que Bubby décide de s'extérioriser en adoptant son attitude de débauche sexuelle auprès de sa mère. SPOILER !!! Après les avoir étouffé durant leur sommeil par vengeance, Bubby va enfin pouvoir découvrir le nouveau monde urbain tant redouté ! Fin du SPOILER


Après nous avoir fait vivre dans un souci documentaire (comparable au climat ombrageux de Eraserhead de Lynch) le sordide quotidien d'un homme réduit à l'état primitif, le réalisateur nous dirige lentement vers sa quête initiatique. Il d'agit donc d'illustrer le profil d'un quidam arriéré (comparable au monstre de Frankenstein dans sa pudeur innocente) rencontrant au hasard des rues la jungle des marginaux, des intégristes, des artistes bénévoles et des handicapés dystrophiés. Durant ce parcours d'un homme autrefois refoulé et molesté, Rolf De Heer filme de façon corrosive le portrait poignant d'un être esseulé perdu au milieu d'une cité urbaine où les citadins occupent leur temps à chercher un intérêt métaphysique à leur existence. A la manière d'un poème illustrant de manière décalée l'absurdité de l'existence humaine, Bad Boy Bubby est un magnifique récit initiatique vers le chemin de la raison et de la rédemption. En fustigeant la religion responsable du fondamentalisme, le film est également un hymne à la liberté la plus autonome ainsi qu'à l'épanouissement de l'amour. Dans celui du clochard fasciné par les merveilles du monde, Nicholas Hope époustouffle par son jeu naturel au regard empli d'innocence. Durant son cheminement fantasque, il cristallise donc un message de tolérance pour le droit à la différence, une fraternité pour la condition des exclus et aussi une quête identitaire pour l'accomplissement de sa postérité.



Choquant, déstabilisant, glauque, voir malsain dans sa première partie, le film de Rolf De Heer adopte une mise en scène singulière inscrite dans la crudité pour dépeindre avec sensibilité un univers aliénant et débauché. Caustique, désincarné, débridé, poétique, drôle et profondément bouleversant, de par l'interprétation fébrile d'un acteur au jeu infantile, Bad Boy Bubby est un ovni anti-conformiste transcendant le portrait d'un homme en ascension car découvrant peu à peu les nouveaux repères de son existence. Un chef-d'oeuvre dédié aux laissés pour compte, aux marginaux et aux athées et une déclaration d'amour à la banalité de notre existence inscrite dans le temps présent. 

Récompenses: Prix Spécial du Jury à la Mostra de Venise en 1993.
Prix du Meilleur Réalisateurmeilleur scénariomeilleur montage et meilleur acteur pour Nicholas Hope lors des Australian Film Institute Awards en 1994.
Prix du Meilleur Film, Meilleur Acteur, Meilleure Mise en scène au Festival du film de Seattle en 1994.
Prix du Public, Prix RFM, Prix des Etudiants, Prix Spécial du Jury au Festival d'action et d'Aventures de Valenciennes en 1995.
Prix Très Spécial à Paris en 1995

lundi 21 novembre 2016

COMANCHERIA

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Hell or High Water". 2016. U.S.A. 1h43. Avec Jeff Bridges, Chris Pine, Ben Foster, Gil Birmingham, Christopher W. Garcia, Marin Ireland, Katy Mixon.

Sortie salles France: 7 Septembre 2016. U.S: 12 Août 2016

FILMOGRAPHIE: David McKenzzie est un réalisateur anglais, né le 10 Mai 1966 à Corbridge.
2002: The Last Great Wilderness. 2003: Young Adam. 2005: Asylum. 2008: My name is Hallam. 2009: Toy Boy. 2010: Perfect Sense. 2011: Rock'n'Love. 2014: Les Poings contre les murs. 2016: Comancheria.


Dans la lignée du cinéma des frères Cohen, un excellent polar à la croisée des genres (western, road movie, film de casse, drame social et comédie se télescopent sans fioriture) tirant parti de sa vigueur par son ossature narrative leste et posée, par le brio de sa mise en scène épurée et par un jeu charismatique d'acteurs virils à la densité psychologique en retenue (mention spéciale à Chris Pin même si le monstre Jeff Bridges n'a rien à lui envier !).