de John Woo. 1992. Hong-Kong. 2h07. Avec Chow Yun-fat, Tony Leung Chiu-wai, Teresa Mo, Philip Chan, Philip Kwok, Anthony Won.
Sortie salles France: 16 Juin 1993 (Interdit aux - de 16 ans). Hong-Kong: 16 Avril 1992
FILMOGRAPHIE: John Woo (吴宇森 en chinois, Wú Yǔsēn en hànyǔ pīnyīn) est un réalisateur
chinois, né le 1er mai 1946 à Guangzhou (Canton), Chine. 1974 : Les Jeunes Dragons. 1974 : Le Maître de Taekwondo. 1975 : Princesse Chang Ping. 1976 : Ching, le Fantastique Mandchou. 1977 : Les As de la cambriole. 1978 : Follow the Star. 1979 : La Dernière Chevalerie. 1979 : Millionnaires d'un jour. 1981 : Rendez-vous avec le diable. 1981 : La Course à l'emploi. 1982: Laughing Times.
1984 : The Time You Need a Friend. 1985 : Run Tiger Run . 1986 : Les Larmes d'un héros . 1986 : Le Syndicat du crime. 1987 : Le Syndicat du crime 2. 1989 : The Killer. 1989 : Just Heroes. 1990 : Une balle dans la tête. 1991 : Les Associés. 1992 : À toute épreuve. 1993 : Chasse à l'homme. 1996 : Broken Arrow. 1997 : Volte-face. 2000 : Mission impossible 2. 2002 : Windtalkers. 2003 : Paycheck
2008: Les Trois Royaumes. 2010: Le Règne des assassins. 2014 : The Crossing.
1992 : année charnière pour le cinéma d’action, tant À toute épreuve demeure, pour beaucoup, le plus grand film du genre jamais tourné - inégalé, si l’on excepte Mad Max 2 et son héritier furieux, Fury Road (d'autres évoqueront, à raison Piège de Cristal). Véritable apocalypse de règlements de comptes sanglants et de pyrotechnie déchaînée, À toute épreuve aligne les moments d’anthologie à un rythme métronomique jusqu’à son point d’orgue : une prise d’otages dantesque au cœur d’un hôpital. Théâtre de sang et de ruines, où s’affrontent flics et truands dans une guérilla urbaine sans issue.
Le pitch : Alors qu’il tente d’arrêter des trafiquants d’armes dans un salon de thé, le policier Tequila abat accidentellement l’un de ses collègues. Ronger par le remords, il jure de venger sa mort en traquant le chef de réseau, Wong. Contraint de collaborer avec un policier infiltré entre deux clans, il découvre qu’une cargaison d’armes est dissimulée dans les sous-sols d’un hôpital. Une bataille sans pitié s’y prépare, tandis qu’éclate une prise d’otages.
Pur délire d’action survolté, À toute épreuve marque l’apogée du style John Woo, qui transcende chaque fusillade par le tranchant d’un montage au rasoir - justement récompensé aux Hong Kong Film Awards 1993. Modèle d’efficacité, le film pousse l’ultra-violence à son paroxysme, porté par deux héros casse-cou qui repoussent sans cesse les limites du possible. Mention spéciale à Chow Yun-Fat, flic cool à l’allumette éternelle, incarnation du charisme absolu. À ses côtés, Tony Leung Chiu-Wai, infiltré ballotté entre deux mondes, partage la vedette avec une intensité toute en retenue et en bravoure. Ensemble, ils crèvent l’écran : corps lancés dans le chaos, armes dégainées avec grâce, ils plongent tête la première dans un maelström de poussière, de feu, de verre brisé, de tôle froissée et de plomb incandescent. Chaque explosion devient une danse, chaque tir une note dans la symphonie du carnage.
Si le scénario classique n’étonne guère par sa trajectoire, Woo en transcende les conventions par la vélocité de sa caméra, son sens du cadre et du rythme. L’action, lisible et chorégraphique, devient un ballet mortel d’une précision hypnotique. L’infiltration de Tequila et Tony dans l’entrepôt d’armes, puis l’assaut final - quarante-cinq minutes d’extase pyromane - composent un sommet de tension et de virtuosité. Woo multiplie les variations de décor - salon de thé, hangar, yacht, puis hôpital - pour relancer sans cesse la frénésie et le second degré des situations.
Spectacle apocalyptique et survival belliqueux, À toute épreuve atteint dans sa seconde partie un orgasme cataclysmique digne des grandes fresques guerrières. Sa réputation d’Everest du genre n’est pas usurpée : quelques décennies après, le film demeure furieusement épique, jubilatoire, débridé, démesuré - un feu d’artifice d’artisanat pur, sans numérique ni fioritures. À couper le souffle, vous dis-je.
— le cinéphile du cœur noir




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