de Jacques Tourneur. 1942. U.S.A. 1h13. Avec Simone Simon, Kent Smith, Tom Conway, Jane Randolph, Jack Holt, Alan Napier, Elizabeth Dunne.
Sortie salles France: 1er Juillet 1970. U.S: 6 Décembre 1942
Grand classique des années 40 ayant influencé le Fantastique éthéré sous l'égide de la suggestion, la Féline demeure 80 ans après sa sortie un diamant noir toujours aussi étincelant ! De par la prestance divine d'une Simone Simon habitée par l'affres de la persécution et le brio d'une mise en scène entièrement focalisée sur son profil schizo. Le Pitch: Persuadée d'être la descendante d'une malédiction séculaire, Irena refuse les avances sexuelles de son nouveau mari car craignant de se métamorphoser en panthère noire par le principe de l'amour. Ce dernier lui sollicite alors de consulter un psychiatre qu'elle acquiesce timidement. Mais c'est avec l'intrusion d'Alice, meilleure amie de son époux, qu'Irena finit par sombrer dans une démence schizophrène.
Cette trame à la fois intrigante et captivante, Jacques Tourneur l'illustre sous le ressort d'une étude caractérielle en perdition morale. Car entièrement dédié au profil psychologique de son héroïne accablée du poids du doute et de l'infortune, La Féline juxtapose drame et épouvante avec la subtilité d'un climat immatériel. Baignant dans un somptueux noir et blanc envoûtant (comme l'illustre brillamment ses jeux d'ombre esquissés sur les murs d'une piscine afin de diluer la tension !), son cheminement narratif insuffle une montée du suspense quant à la quête identitaire d'une (anti-) héroïne potentiellement tributaire de l'auto-suggestion. Jacques Tourneur laissant planer ambiguïté et doute sur ses éventuels agissements hostiles et criminels en retardant le plus possible la résolution identitaire (l'apparition redoutée donc de la panthère noire à moins qu'il ne s'agit de celle du zoo !). Par l'entremise d'une douloureuse histoire d'amour où s'entremêlent les sentiments houleux de déception, de colère et de jalousie, La Féline provoque l'empathie auprès de cette épouse livrée à elle même car abdiquée de tout son entourage. Spoil ! La malédiction emportant finalement la mise si bien que l'on se surprend de l'amertume cruelle du final imparti à la vengeance et au sens du sacrifice (notamment ce rapport prémonitoire avec une statue médiévale). Fin du Spoil
Métaphore sur la défloraison dans sa crainte du désir, de l'engagement et de la passion, La Féline bénéficie d'une rigueur émotionnelle retorse par son refus du racolage car trop disposé à dresser le portrait chétif d'une âme candide vouée à la damnation. Un chef-d'oeuvre intemporel d'une aura trouble et vénéneuse quant à la stature magnétique de Simone Simon combattant son démon interne avec une hantise viscérale !
*Bruno.
4èx
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