lundi 2 janvier 2017

DEEPWATER

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine

"Deepwater Horizon" de Peter Berg. 2016. U.S.A. 1h47. Avec Mark Wahlberg, Kurt Russell, Dylan O'Brien, Gina Rodriguez, Kate Hudson, John Malkovich, Ethan Suplee.

Sortie salles France : 12 octobre 2016. U.S: 30 septembre 2016

FILMOGRAPHIEPeter Berg est un réalisateur, acteur, producteur, scénariste, compositeur américain né le 11 mars 1962 à New York.1998 : Very Bad Things. 2003 : Bienvenue dans la Jungle.
2004 : Friday Night Lights. 2007 : Le Royaume. 2008 : Hancock. 2012 : Battleship. 2013 : Du sang et des larmes. 2016 : Deepwater. 2016 : Traque à Boston.


Retraçant avec minutie la pire catastrophe pétrolière des Etats-Unis, à savoir la plate-forme Deepwater Horizon qui explosa le 20 Avril 2010 et entraîna la mort de 11 employés, Deepwater redore le blason du genre avec un réalisme insubmersible ! Aux antipodes du divertissement conventionnel conçu pour épater la galerie en mode ostentatoire (2012, San Andreas, aussi bonnard soit-il !), Deepwater nous ébranle les mirettes lors de ses séquences d'incendies en ébullition instaurées sur une plate-forme échappant au contrôle de ses experts. Mark Wahlberg monopolisant l'écran avec un sobre humanisme dans sa fonction d'ingénieur en chef en initiation héroïque. Par le biais (symbolique) de ce personnage aussi fragile que pugnace, Peter Berg honore les notions de courage et de bravoure lors d'une situation d'extrême danger que l'on redoute perdue d'avance !


Car si le désespoir, le doute et la peur de trépasser (la posture névralgique d'Andrea Fleytas) peut nous être fatal lors d'un contexte de survie aussi déloyal, la rage de s'en sortir, la détermination de croire en soi et à l'espoir peuvent modifier votre destin avec un optimisme insoupçonnée ! Si la première partie dépouillée prend son temps à nous caractériser les principaux témoins et responsables de la tragédie en distillant notamment un suspense sous-jacent quant à la catastrophe escomptée, la seconde partie émotionnellement éprouvante nous donne le vertige dans son maelstrom d'images cauchemardesques inspirées de l'Enfer ! Car durant cette endurance physique et morale où s'élève l'instinct de survie, une poignée de mutilés éreintés de fatigue, de stress et d'angoisse vont tenter de s'extirper de l'aveuglant brasier en se fiant de prime abord à leur libre-arbitre. Outre l'extraction fulgurante du pétrole de son réservoir, le souci du détail imparti à la prolifération des incidents techniques et l'esprit faillible de ces hommes réduits à la solitude et à l'impuissance sont habilement mis en exergue dans un déploiement de bravoures JAMAIS gratuites !


En adoptant le genre avec maturité et un brio technique effleurant la perfection, Deepwater est une référence du cinéma catastrophe dans son parti-pris humanitaire de vanter les ressorts psychologiques des personnages en perdition et dans son humble témoignage conféré à ses 11 victimes sacrifiées (ne ratez pas le pré-générique final plutôt poignant !). 

B-M 

Histoire (Wikipedia): L'explosion de Deepwater Horizon désigne une explosion et un incendie considérable déclarés, le 20 avril 2010, sur la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon. Elle coule deux jours plus tard, et repose désormais par 1 500 m de fond. Avant ces événements, 115 personnes étaient présentes sur la plateforme. Parmi celles-ci, 11 personnes ont d'abord été portées disparues puis déclarées officiellement décédées. En outre, 17 blessés ont été recensés parmi les personnes rapatriées sur le continent.

Plusieurs fuites ont été produites lors de l'explosion, libérant le pétrole de son réservoir. Selon Lamar McKay, directeur pour les États-Unis de British Petroleum, le dernier dispositif de sécurité associé à la foreuse a lâché, rendant non opérationnelle la coupure de sécurité et les autres barrières empêchant le flux de pétrole de se vider dans la me

vendredi 30 décembre 2016

JUSQU'EN ENFER

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine

"Drag Me to Hell" de Sam Raimi. 2009. U.S.A. 1h39. Avec Alison Lohman, Justin Long, Lorna Raver, Dileep Rao, David Paymer, Adriana Barraza.

Sortie salles U.S: 27 Mai 2009. U.S: 29 Mai 2009

FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis. 1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.


Après avoir changé de registre et rameuté un public plus large avec sa splendide trilogie Spiderman, Sam Raimi renoue à ses premiers amours avec Jusqu'en Enfer. Un divertissement horrifique en forme de clin d'oeil à Evil-Dead si bien que les séquences démoniaques s'enchaînent sans répit sous la maîtrise d'une réalisation chiadée comme seul Raimi a le secret. Après avoir refusé un prêt auprès d'une gitane prochainement expulsée de son foyer, la jeune banquière Christine Brown est sujette à sa terrible vengeance. Persécutée par le démon Lamia, elle tente de se faire épauler auprès d'un médium afin d'endiguer la conjuration. Dès lors, un combat entre elle et les forces du Mal s'engage quand bien même son petit ami tente de la rassurer dans son esprit cartésien. Sous couvert d'une satire mordante sur l'intolérance de la finance et de la compétition, Sam Raimi nous revient en grande pompe dans son art inégalable de façonner la frousse avec une ironie irrésistiblement sardonique.


Fort d'une mise en scène aussi inventive que fringante, Jusqu'en Enfer redouble d'efficacité à enchaîner les séquences d'anthologie (l'incroyable agression dans le parking impose une frénésie visuelle à couper le souffle !) pour ébranler son héroïne prise à parti avec des forces surnaturelles. A travers son épreuve de force physique (ses agressions avec l'entité invisible) et morale (ses hallucinations récurrentes) qu'elle doit encourir pour sa survie, l'intrigue multiplie les situations de stress, d'angoisse et de terreur avec un réalisme ébouriffant (si on épargne l'effet raté d'une séquence gore en CGI). Raimi parvenant une fois de plus à nous embarquer à bord d'une montagne russe avec une vigueur émoulue et l'appui de seconds-rôles finement dessinés. Outre l'impact jouissif des séquences-chocs incessamment surprenantes et inattendues (à l'instar de son épilogue aussi couillu qu'hétérodoxe !), Jusqu'en enfer bénéficie d'un travail sur le son (strident !) pour scander le déchaînement des forces occultes et d'une solide distribution pour rehausser la dramaturgie des évènements. Que ce soit le jeu dépouillé de Dileep Rao en médium à la fois studieux et prévoyant, le charisme iconique de Lorna Raver en gitane fielleuse, la posture rassurante de Justin Long en amant prévenant et surtout le charme chétif d'Alison Lohman en victime parano continuellement malmenée mais en initiation vaillante dans sa délibération de déjouer le démon Lamia et de s'affirmer auprès de son boss afin de récolter un poste supérieur.


Roublard en diable et mené de main de maître, Jusqu'en Enfer constitue une récréation diablement réjouissante dans son lot de séquences chocs effrénées impeccablement charpentées. Car aussi improbable soit son argument démoniaque, la carrure humaine taillée auprès de l'héroïne faillible et la vigueur des évènements cinglants qu'elle encaisse fébrilement nous scotche au siège pour nous convaincre de l'artillerie occulte. 

B-M. 2èx

jeudi 29 décembre 2016

Les Raisins de la Colère

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"The Grapes of Wrath" de John Ford. 1940. U.S.A. 2h09. Avec Henry Fonda, Jane Darwell, John Carradine, Charley Grapewin, Dorris Bowdon, Russell Simpson, O. Z. Whitehead, John Qualen.

Sortie salles France: 31 Décembre 1947. U.S: 15 Mars 1940

FILMOGRAPHIE SELECTIVEJohn Ford, (John Martin Feeney), est un réalisateur et producteur américain, né le 1er février 1894 à Cape Elizabeth près de Portland (Maine) et mort le 31 août 1973 à Palm Desert (Californie). 1928 : Napoleon's Barber. 1932 : Tête brûlée. 1934 : La Patrouille perdue.
1939 : La Chevauchée fantastique. 1939 : Sur la piste des Mohawks. 1940 : Les Raisins de la colère.
1941 : Qu'elle était verte ma vallée. 1942 : La Bataille de Midway. 1946 : La Poursuite infernale.
1948 : Le Massacre de Fort Apache. 1949 : La Charge héroïque. 1950 : Le Convoi des braves.
1950 : Rio Grande. 1952 : L'Homme tranquille. 1953 : Mogambo. 1955 : Ce n'est qu'un au revoir.
1956 : La Prisonnière du désert. 1960 : Le Sergent noir. 1960 : Alamo, réalisateur de la 2e équipe
1962 : L'Homme qui tua Liberty Valance. 1962 : La Conquête de l'Ouest. 1963 : La Taverne de l'Irlandais. 1964 : Les Cheyennes. 1976 : Chesty: A Tribute to a Legend (documentaire)


Grand Classique des années 40, les Raisins de la Colère valu à l'illustre John Ford un Oscar pour le talent de sa mise en scène quand bien même Jane Darwell remporta celui du Meilleur Second Rôle Féminin pour son profil de matriarche au grand coeur. Photographié dans un splendide noir et blanc au jeu d'ombres et lumière expressionnistes, Les Raisins de la colère relate avec souci documenté l'épreuve de survie d'une famille de métayers ricains chassés de leur terre durant la Grande Dépression. Alors que Tommy vient de sortir de prison après avoir purgé 4 ans pour homicide, il retrouve sa famille dans une situation si précaire qu'ils doivent s'exiler vers la contrée Californienne. Manifeste contre la misère humaine et l'exploitation ouvrière, ce road movie rural imprime dans l'esprit du spectateur un sentiment intolérable d'injustice face au témoignage démuni de la famille Joad. Le film ne cessant d'illustrer avec une grande pudeur leur errance itinérante dans un pays en crise ne laissant nulle répit à ceux qui tenteraient de refonder un semblant de vie décente.


Ce poids de la sinistrose qui irrigue les pores du récit ne cède jamais au racolage ou au misérabilisme grâce au réalisme de sa reconstitution sociale et au charisme buriné d'une distribution poignante. L'immense Peter Fonda menant sa communauté parentale avec un humanisme à la fois pugnace et désespéré depuis qu'il enchaîne les infortunes au mépris d'une police aussi dictatoriale que véreuse. Ce portrait vérité de la crise économique de 29 qui engendra l'explosion du chômage (et la cupidité des institutions bancaires) s'avère proprement surréaliste face au discrédit de toutes ces familles affamées, violées de leur territoire, pour être ensuite parquées dans des taudis insalubres en se soumettant à une hiérarchie inéquitable. Par le biais du personnage de Tommy, John Ford insuffle à son portrait fragile une intensité dramatique en crescendo du fait de son caractère frondeur à s'attirer les ennuis au point d'être contraints d'abdiquer sa famille. Spoil ! Le film oscillant au final l'amertume et l'espoir quant à la destinée esseulée de ce laissé-pour-compte et la routine de sa famille que "Ma" (la matriarche) se résigne à poursuivre vers l'endurance Fin du Spoil.


Drame social d'une dureté âpre dans son réalisme glauque émanant d'un impitoyable pessimisme, Les Raisins de la Colère perce finalement vers l'optimisme lors de sa conclusion en demi-teinte afin de mettre en exergue l'initiation de survie d'une famille en perdition gagnée par le désir de persévérer et de s'affirmer pour la dignité. Un chef-d'oeuvre d'une puissance visuelle et émotionnelle que John Ford nous imprime avec une étonnante discrétion ! 

B-M. 3èx

mercredi 28 décembre 2016

LE REGNE DU FEU

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site dpstream.net

"Reign of Fire" de Rob Bowman. 2002. 1h42. Avec Christian Bale, Matthew McConaughey, Izabella Scorupco, Gerard Butler, Scott Moutter, David Kennedy, Alexander Siddig, Ned Dennehy.

Sortie salles France: 21 Août 2002

FILMOGRAPHIE: Rob S. Bowman est un réalisateur et producteur de télévision américain, né le 15 mai 1960 à Wichita Falls, Texas aux États-Unis. 1993: Airborne. 1998: The X-Files, le film. 2002: Le Règne du feu. 2005: Elektra


Sous le moule d'une série B de luxe, Rob Bowman redore le blason du blockbuster grand public avec l'intelligence d'un script redoutablement efficace. Dans un monde post-apo, Quinn Abercromby et sa confrérie de survivants tentent de se prémunir contre l'offensive de dragons dans leur forteresse de pierre. Alors qu'une attaque vient de leur porter préjudice depuis la maraude d'un de leurs acolytes à s'emparer d'une récolte, une escouade d'itinérants en fourgons militaires leur sollicite l'hospitalité sous l'impériosité de Denton Van Zan. D'abord réticent, Quin accepte le compromis quand bien même le baroudeur stoïque se vante d'être un tueur de dragon. S'efforçant consciencieusement de soigner le cadre réaliste d'un univers post-apo inspiré d'une scénographie médiévale, Rob Bowman parvient à crédibiliser sa situation improbable littéralement fantasmatique (certains plans faisant office de fresque picturale). A savoir le cataclysme nucléaire du 21è siècle engendré par l'hostilité d'une invasion de dragons au coeur de la capitale londonienne.


Avec ses FX numériques étourdissants de précision pour le design des dragons, et de fluidité pour leurs envolées épiques, le Règne du Feu fascine sans fards si bien que les séquences spectaculaires s'agencent au cheminement narratif sous le pilier d'une confrontation humaine assez tendue. Christian Bale et Matthew McConaughey (qu'on croirait sorti de Mad-Max 2 !) se disputant sobrement la vedette lors d'un point de vue antinomique. L'un préconisant l'alliance des deux camps afin de mieux détruire les dragons, l'autre privilégiant prévention et vigilance pour éviter la bravoure suicidaire des pertes humaines. Ces rapports de force instaurés durant toute l'aventure parviennent à captiver si bien que ces deux hommes vaillants et communément autoritaires vont prendre conscience de leurs erreurs humaines au fil des stratégies offensives puis finalement se respecter en assumant leur responsabilité. Au-delà de cette étude caractérielle bâtie sur le doute, le tort, le pardon et la fraternité, Le Règne du Feu imprime sur une photo désaturée un furieux spectacle sous l'impulsion vertigineuse de dragons plus vrais que nature (à l'instar de cette incroyable chasse en plein ciel perpétrée avec des hommes volants !). On peut même prétendre qu'il s'agit sans doute des sauriens les plus réalistes que l'on ai vu au cinéma avec l'autre exploit Le Dragon du lac de Feu de Matthew Robbins. Le final explosif et sacrificiel s'avérant d'une fulgurance visuelle aussi fascinante qu'hypnotique, notamment lorsque Bowman s'attarde à zoomer sur le charisme carnassier de l'animal !


B movie post-nuke où la fantasy se jumelle scrupuleusement au profit d'une densité narrative et formelle (décorum moyenâgeux et créatures mythologiques criants d'authenticité !), Le Règne du Feu instaure sans aucune prétention un divertissement retors aussi intelligent que mature dans son refus racoleur. Une excellente surprise au succès inévitablement modeste !

B-M. 3èx

Récompense: Prix des effets visuels au Festival international du film de Catalogne

mardi 27 décembre 2016

Lemora / Lemora: a child's tale of supernatural

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site gremlinshavepictures.blogspot.com

"Lemora: a child's tale of supernatural" de Richard Blackburn. 1973. U.S.A. 1h25. Avec Lesley Gilb, Cheryl Smith, William Whitton, Steve Johnson, Hy Pyke, Maxine Ballantyne, Parker West, Richard Blackburn.

Sortie US: Mai 1975

FILMOGRAPHIE: Richard Blackburn est scénariste, acteur et réalisateur américain
1973: Lemora. 1987: Histoires de l'autre monde (série TV - 1 épisode). 


En majorité peu connue des cinéphiles hormis sa discrète exploitation Vhs à l'orée des années 80 sous l'étendard Scherzo (merci Christophe Gans), Lemora est l'unique oeuvre de Richard Blackburn, scénariste entre autre de Eating Raoul. Sombré dans l'oubli et inédit en salles en France, ce conte horrifique nous entraîne par la main dans la psyché tourmenté de la candide Lila. A la manière d'un rêve abscons, le spectateur est emporté, comme notre héroïne, au sein d'un carnaval ubuesque parmi la fréquentation de monstres, sorcière et vampires. A titre anecdotique, le rôle du révérend est incarné par le réalisateur lui-même. Le pitchDans les années 30, un gangster supprime son épouse et son amant dans leur chambre d'hôtel. Sur la route du retour, l'homme s'égare sur une route sans fin. Lila, sa fille, reçoit une lettre de la part de Lemora lui sollicitant de venir la rejoindre afin de retrouver son père mourant. Elle part à la rencontre de cette étrange inconnue et se retrouve embarquée dans un monde onirico-cauchemardesque. Métaphore sur la crise identitaire d'une adolescente vertueuse depuis son enseignement catholique, Lemora est un conte irrationnel d'un baroque stylisé (photo flamboyante à l'appui). Fascinée et dérangée par l'accueil maternel de Lemora parfois accompagnée d'enfants orphelins, Lila n'aura de cesse de la fréquenter avec une confiance davantage dubitative depuis son attitude obséquieuse, quand bien même, à proximité du bois, des créatures mi-monstres, mi-humaines tentent d'entrer dans le cocon familial pour l'assassiner.


Perturbée par la corruption criminelle de son père et en perte de repères au sein d'un univers nonsensique, Lila s'imagine donc ce refuge insolent peuplé de monstres gouailleurs et de vampires insidieux. Analogie de ses démons internes si bien que durant son errance psychologique elle s'initie à la perversité masculine et féminine à travers leur sexualité équivoque. C'est notamment une manière irrationnelle d'extérioriser ses doutes et ses craintes de se confronter à la réalité de la mort (Lemora, contrairement immortelle l'incitant à la vie éternelle) puis celle de devenir futur objet de désir sexuel. Si Lemora constitue une expérience à la fois irrésistiblement envoûtante et charnelle, il le doit à son atmosphère crépusculaire à la lisière du conte de fée (l'arsenal de vampires, hommes-loups, sorcière, ogre des bois, climat nocturne fantasmagorique, échos animaliers dans la nature champêtre) et de l'horreur gothique (les magnifiques chambres domestiques de la bâtisse héritées d'une épouvante archaïque). Qui plus est, sa distribution méconnue au charisme magnétique nous laisse pantois de fascination face à ces visages étrangement pénétrants. Troublante Lemora de par son jeu de regard aussi pâle et sévère qu'étrangement placide, Lesley Gilb crève l'écran si bien que nous ne sommes pas prêts d'oublier sa silhouette ténébreuse, nouvelle icone d'une vampirella à la fois secrète et bourrue. Attachante, chétive, innocente et doucement fascinée par cette théâtralisation morbide, Cheryl Smith parvient à nous immerger dans ses angoisses pubères avec un sobre naturel. 

                                          

Lila et le miroir des ombres
Oeuvre atypique indéchiffrable, récit initiatique et métaphysique, allégorie sur la perte de l'innocence et la dualité du Bien et du Mal, Lemora s'édifie en rêve irrationnel à l'aide d'une fulgurance visuelle prégnante. En effet, rarement au cinéma le sentiment d'évasion et d'abandon (à l'instar des sublimes Let's Scare Jessica to death et de Valérie au pays des merveilles) n'aura été aussi perçu aussi sensoriel dans l'esprit du spectateur embarqué dans un conte à l'aura macabre perméable. Il y émane une perle rare, une expérience parfois dérangeante et abstraite, un Alice au vitriol étrangement vénéneux de par son pouvoir de séduction feutrée. Et c'est donc aussi culte (au sens éthymologique) qu'incontournable.

*Bruno
21.11.22
27.12.16
08.12.11



lundi 26 décembre 2016

LES BRONZES FONT DU SKI

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Patrice Lecomte. 1979. France. 1h23. Avec Michel Blanc, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier,
Gérard Jugnot, Josiane Balasko, Thierry Lhermitte, Dominique Lavanant, Maurice Chevit, Bruno Moynot.

Sortie salles France: 22 Novembre 1979.

FILMOGRAPHIE: Patrice Leconte est un réalisateur, scénariste et metteur en scène français né le 12 novembre 1947 à Paris. 1971 : Blanche de Walerian Borowczyk (assistant réalisateur). 1976 : Les Vécés étaient fermés de l'intérieur. 1978 : Les Bronzés. 1979 : Les bronzés font du ski. 1981 : Viens chez moi, j'habite chez une copine. 1982 : Ma femme s'appelle reviens. 1983 : Circulez y a rien à voir. 1985 : Les Spécialistes. 1987 : Tandem. 1989 : Monsieur Hire. 1990 : Le Mari de la coiffeuse. 1991 : Contre l'oubli. 1993 : Tango. 1994 : Le Parfum d'Yvonne. 1995 : Lumière et Compagnie. 1996 : Ridicule. 1996 : Les Grands Ducs. 1998 : Une chance sur deux. 1999 : La Fille sur le pont. 2000 : La Veuve de Saint-Pierre. 2001 : Félix et Lola. 2002 : Rue des plaisirs. 2002 : L'Homme du train. 2004 : Confidences trop intimes. 2004 : Dogora : Ouvrons les yeux. 2006 : Les Bronzés 3. 2006 : Mon meilleur ami. 2008 : La Guerre des miss. 2011 : Voir la mer. 2012 : Le Magasin des suicides. 2014 : Une promesse. 2014 : Une heure de tranquillité.


Succès en salles (il comptabilise 1 535 781 entrées), Les Bronzés font du Ski est un fleuron de la comédie populaire au même titre que le génialement barré, le Père-Noël est une ordure. On peut d'ailleurs avouer sans regret qu'il dépasse largement son modèle (beaucoup trop timoré à mon goût) dans la générosité de ses gags d'autant plus inventifs et percutants. Multi rediffusé sur nos chaines hertziennes et câblées, sa mécanique de drôlerie s'avère si bien rodée que l'on peut enchaîner les révisions avec la même appétence. En dépit d'une intrigue futile (nos vacanciers du 1er opus étant délocalisés vers une station de ski du Val d'Isère lors de nouvelles retrouvailles) prétexte à quiproquos, rapports de force conjugaux (Bernard/Nathalie, Jérôme/Gigo) et intimidations machistes (Bernard/Gilbert), Patrice Leconte parvient à enchaîner sans modération les gags sous l'impulsion d'une troupe du Splendid au diapason de leur carrière !


L'extrême bonne humeur des comédiens, leur complicité de camaraderie et la manière naturelle dont ils s'expriment à l'écran (à contre emploi de la diction théâtre de 99% de la comédie française donc !) nous suscitent une fougueuse sympathie dans leur profil volontairement extravagant à provoquer ou railler sans complexe son prochain. D'ailleurs, par leur posture empotée (Jean-Claude Dusse/Michel Blanc en dragueur complexé, Nathalie Morin/Josianne Balasko en skieuse novice), manipulatrice, (Popeye/Thierry Lhermitte en exploiteur sans vergogne car sans domicile fixe) ou contrairement héroïque (Jérôme Tarayre/Christian Clavier en skieur pro faussement émérite) émanent des situations catastrophiques aussi désopilantes que déjantées (Jean-Claude Duss coincé sur son télésiège durant toute une nuit, Bernard urinant dans la serrure de la portière du véhicule du voisin). On peut enfin citer à titre d'anthologies la séquence de la foulure du bras chez Nathalie que Popeye, Gigi et Bernard vont tenter de soulager, des ébats lubriques d'un trio de suédois entendus dans leur refuge, ou encore de l'hospitalité de paysans locaux incitant nos bronzés à la dégustation d'une "foune" puis d'une liqueur d'échalote.


Avec bientôt 40 ans d'âge au compteur, les Bronzés font du Ski peut entrer au panthéon des comédies populaires les plus hilarantes du cinéma français si bien que 90% de ses gags s'avèrent toujours aussi frais, et ce même quand on en connaît la chute ou la teneur de ces réparties ciselées ! A titre subsidiaire, on peut également vanter le refrain décontracté de sa chanson gentiment follingue intervenant à plusieurs bribes du récit ! Bref, un immense éclat de rire !

B-M. 3èx