mardi 17 octobre 2017

LE CLAN DES SICILIENS

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Henri Verneuil. 1969. France/Italie. 2h05. Avec Jean Gabin, Alain Delon, Lino Ventura, Irina Demick, Yves Lefebvre, Marc Porel, Elisa Cegani, Amedeo Nazzari, Danielle Volle, Philippe Baronnet.

Sortie salles France: 5 Décembre 1969

FILMOGRAPHIE: Henry Verneuil (de son vrai nom Achod Malakian) est un réalisateur et scénariste  français d'origine arménienne, né le 15 Octobre 1920 à Rodosto, décédé le 11 Janvier 2002 à Bagnolet. 1951: La Table aux crevés. 1952: Le Fruit Défendu. 1952: Brelan d'As. 1953: Le Boulanger de Valorgue. 1953: Carnaval. 1953: l'Ennemi public numéro 1. 1954: Le Mouton a 5 pattes. 1955: Les Amants du Tage. 1955: Des Gens sans importance. 1956: Paris, palace Hôtel. 1957: Une Manche et la belle. 1958: Maxime. 1959: Le Grand Chef. 1959: La Vache et le Prisonnier. 1960: l'Affaire d'une Nuit. 1961: Le Président. 1961: Les Lions sont lâchés. 1962: Un Singe en Hiver. 1963: Mélodie en sous-sol. 1963: 100 000 Dollars au Soleil. 1964: Week-end à Zuydcoote. 1966: La 25è Heure. 1967: La Bataille de San Sebastian. 1969: Le Clan des Siciliens. 1971: Le Casse. 1972: Le Serpent. 1975: Peur sur la ville. 1976: Le Corps de mon ennemi. 1979: I comme Icare. 1982: Mille Milliards de Dollars. 1984: Les Morfalous. 1991: Mayrig. 1992: 588, rue du Paradis.


Triomphe en salles à sa sortie avec plus de 4 821 585 entrées, le Clan des Siciliens est la réunion de talents hors-pair qu'Henri Verneuil s'est permis de recruter parmi lesquels Jean Gabin, Alain Delon et Lino Ventura, et ce afin de parfaire un polar de l'ancienne école. Production franco-italienne, le cinéaste s'entoure également de la contribution d'Ennio Morricone pour transfigurer une mélodie élégiaque restée dans toutes les mémoires. Un thème métronomique que l'on entend tout le long du récit car collant si bien aux sobres déplacements d'une mafia partagée entre son orgueil professionnel et la rancune d'un code d'honneur conjugal bafoué. A peine évadé de prison, Roger Sartet propose à son ami sicilien de dévaliser une bijouterie avec l'accord du patriarche Vittorio. Réticent de prime abord, ce dernier finit par céder au vu de son alléchant casse notamment lorsque Roger lui annonce qu'il possède la topographie de la bijouterie. Mais une idée plus judicieuse amène Vittorio à reconsidérer leur plan. 


Film policier d'une distinction impériale si je me réfère au jeu dépouillé des 3 monstres sacrés cités plus haut, Le Clan des Siciliens constitue un grand moment de cinéma sous l'autorité infaillible d'Henri Verneuil érigeant, une fois n'est pas coutume (pointe d'ironie !), un modèle de mise en scène. Notamment auprès de l'épicentre du suspense, un fameux détournement d'avion qu'imposera la famille Manalese avec un flegme imperturbable si bien qu'aucune violence n'est imputée aux passagers (à l'exception d'un seul un brin zélé que Roger corrigera d'un coup de pied !). Une séquence d'anthologie d'une subtile intensité par sa coordination professionnelle réfutant tout dérapage criminel sous le pilier d'un habile montage à couper au rasoir. Outre la solidité de l'intrigue à la structure symétrique et un rebondissement aussi retors que dérisoire quant à la déroute du clan mafieux (une simple trahison d'adultère), Henri Verneuil transcende sa mise en scène au cordeau avec l'appui de ses trois immenses acteurs d'un charisme viril qu'on ne retrouve plus dans le cinéma mainstream. Ventura/Delon/Gabin jouant le jeu du chat et de la souris pour la mise du pouvoir dans une posture à la fois impassible, caractérielle et bourrue.


Chef-d'oeuvre du polar français emprunt d'une touche transalpine auprès de l'intense mélodie du maestro Morricone et chez ses seconds-rôles photogéniques (outre les frères de la famille Manalese au regard torve, on est aussi sensible à l'implication véreuse et fragile de la soeur de Roger, et à celle compromise dans une adultère aléatoire !), Le Clan des Siciliens perdure son pouvoir de séduction et de fascination, de par sa narration plausible (on croit dur comme fer au casse du siècle !) et le romantisme (tragique) qu'insuffle le trio divergeant, Delon/Gabin/Ventura. Du grand art ! 

Bruno Dussart
3èx

lundi 16 octobre 2017

POUR 100 BRIQUES T'AS PLUS RIEN

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Edouard Molinaro. 1982. France. 1h22. Avec Daniel Auteuil, Gérard Jugnot, Anémone, Jean-Pierre Castaldi, François Perrot, Paul Barge, Georges Géret, Darry Cowl.

Sortie salles France: 12 Mai 1982

FILMOGRAPHIE: Edouard Molinaro est un réalisateur et scénariste français, né le 13 Mai 1928 à Bordeaux, en Gironde, décédé le 7 Décembre 2013 à Paris.1958: Le Dos au mur. 1959: Des Femmes disparaissent. 1959: Un Temoin dans la ville. 1960: Une Fille pour l'été. 1961: La Mort de Belle. 1962: Les Ennemis. 1962: Les 7 Pêchers capitaux. 1962: Arsène Lupin contre Arsène Lupin. 1964: Une Ravissante Idiote. 1964: La Chasse à l'Homme. 1965: Quand passent les faisans. 1967: Peau d'Espion. 1967: Oscar. 1969: Hibernatus. 1969: Mon Oncle Benjamin. 1970: La Liberté en Croupe. 1971: Les Aveux les plus doux. 1972: La Mandarine. 1973: Le Gang des Otages. 1973: L'Emmerdeur. 1974: L'Ironie du sort. 1975: Le Téléphone Rose. 1976: Dracula, père et fils. 1977: L'Homme pressé. 1978: La Cage aux Folles. 1979: Cause toujours... tu m'intéresses ! 1980: Les Séducteurs. 1980: La Cage aux Folles 2. 1982: Pour 100 briques t'as plus rien... 1984: Just the way you are. 1985: Palace. 1985: L'Amour en douce. 1988: A gauche en sortant de l'ascenseur. 1992: Le Souper. 1996: Beaumarchais, l'insolent. 1996: Dirty Slapping (court-métrage).


Comédie populaire des années 80 dirigée par le spécialiste du genre, Edouard MolinaroPour 100 briques t'as plus rien s'avère irrésistible de drôlerie sous l'impulsion du duo pétulant Gérard Jugnot/Daniel Auteuil incarnant des braqueurs de banque à la p'tite semaine avec une fringance saillante. Licencié de son emploi de serrurier, Sam propose avec son comparse Paul de braquer une banque en guise de survie. Après un entrainement intensif dans le logement de la petite amie de Sam, ces derniers décident de passer à l'action. Complètement improbable car multipliant les situations saugrenues (ah cette fameuse transaction avec le personnel bancaire !) autour d'une prise d'otages que 2 braqueurs endimanchés dirigent avec (une fantaisiste) détermination, Pour 100 braques t'as plus rien ne s'embarrasse nullement de crédibilité afin de privilégier les facéties déjantées de nos braqueurs redoublants de maladresses et d'utopie pour parfaire leur dessein.


Truffé de gags désopilants grâce à l'inventivité d'idées politiquement incorrectes et de situations grotesques tournant autour de l'appât du gain sous l'autorité du duo survolté Jugnot/Auteuil, Pour 100 briques t'as plus rien transpire la sincérité (assortie d'une générosité) pour amuser le spectateur immergé dans une action fertile en rebondissements. Outre la fougue expansive de nos deux illustres acteurs s'en donnant à coeur joie dans les effronteries délinquantes et criminelles (notamment la fausse mort de Sam !), et des seconds-rôles aussi convaincants dans leur fonction de victime en sursis, on peut notamment compter sur l'aplomb spontané d'Anémone se fondant dans le corps d'une otage avec un bagout décomplexé ! Plusieurs séquences délirantes émanant de son impertinence à débriefer la situation de crise à la police et aux médias tout en se concertant avec les malfrats. Sam, dragueur invétéré, n'hésitant pas à l'accoster afin de mieux parvenir à ses fins cupides. 


Divertissement mineur sans prétention mené à 100 à l'heure, Pour 100 briques t'as plus rien ne manque ni de drôlerie, ni d'audaces ni d'originalité pour pasticher une improbable prise d'otages sous l'impulsion de comédiens pétris de ferveur et de complicité amicale dans leur fonction vénale. Un antidépresseur d'une efficacité en roue libre !

Eric Binford.
3èx

vendredi 13 octobre 2017

MORTS SUSPECTES

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Coma" de Michael Crichton. 1978. U.S.A. 1h53. Avec Geneviève Bujold, Michael Douglas,
Elizabeth Ashley, Rip Torn, Richard Widmark, Lois Chiles.

Sortie salles France: 28 Juin 1978. U.S: 6 Janvier 1978

FILMOGRAPHIE: Michael Crichton est un écrivain, scénariste, producteur et réalisateur américain, né le 23 Octobre 1942, décédé le 4 Novembre 2008 à Los Angeles. 1972: Pursuit (télé-film inédit en France). 1973: Mondwest. 1978: Morts Suspectes. 1979: La Grande Attaque du Train d'or. 1981: Looker. 1984: Runaway, l'évadé du futur. 1989: Preuve à l'appui (Physical Evidence).


Thriller médical diablement ficelé sous l'autorité du maître du genre; l'écrivain et réalisateur Michael Crichton (on lui doit le sympathique Runaway, l'évadé du Futur, le formidable La Grande Attaque du train d'or et les génialement visionnaires Mondwest et Looker !), Morts Suspectes (on lui préfère son titre US plus concis et pertinent) est une machine à suspense haletante sous l'impulsion d'une Geneviève Bujold omniprésente dans sa fonction investigatrice. Médecin chef dans un éminent hôpital, Susan Wheeler s'inquiète de nombreux cas inexpliqués de comas durant toute l'année écoulée. Toujours plus suspicieuse à l'idée d'une conspiration depuis la mort subite de son amie d'enfance, elle tente de convaincre son compagnon que sa paranoïa n'est nullement le fruit de son imagination. S'efforçant scrupuleusement, avec réalisme et dextérité, à retranscrire la lente dérive morale de l'héroïne en proie à une paranoïa grandissante quant à son interrogation sur ses morts cérébrales inexpliquées, Morts Suspectes joue de prime abord la carte de la suggestion avec souci documenté. Il s'agit d'ailleurs à mon sens de la meilleure partie du récit dans son art de cultiver  angoisse est inquiétude sous-jacentes (tant auprès des maigres indices que des énigmes en suspens que l'héroïne s'efforce de reconstituer) sans avoir recours aux traditionnelles ficelles du genre.


L'amant de Susan (que campe sobrement le jeune Michael douglas), en proie aux chamailleries conjugales avec cette dernière, cultivant notamment une certaine densité à l'intrigue quant à sa perplexité de se laisser convaincre par elle en crise parano, quand bien même le spectateur est peut-être en droit de lui suspecter une éventuelle complicité auprès des trafics de cadavres. Intrigant et subtilement anxiogène quant aux portraits chafouins d'autres membres médicaux redoublants de vigilance et d'interrogation sur le rôle accusateur de Susan, Morts Suspectes distille un suspense progressif au fil des stratégies illégales de celle-ci délibérée à découvrir le fin mot de l'énigme avec une audace vaillante. La seconde partie, beaucoup plus haletante et nerveuse mais pour autant conventionnelle dans sa trajectoire de survie éculée, décuple suspense et tension lors d'une course-poursuite tentaculaire que Susan prolonge avec autant de pugnacité que de crainte et désarroi. Exploitant astucieusement les décors hospitaliers constituées de chambres froides, corridors, sous-sols et conduits que l'héroïne ne cesse de parcourir afin de déjouer l'ennemi et repérer le nid du poison (le fameux monoxyde carbone !), Michael Crichton ne laisse aucun répit au spectateur plongé dans un survival médical certes plutôt classique dans ce second acte (même si l'anticipation pointe agréablement le bout de son nez !) mais pour autant redoutablement efficace et réservant en dernier ressort un éprouvant rebondissement lorsque Susan risque de trépasser sur la table d'opération.


Formidable machine à suspense impeccablement menée et agrémentée de quelques péripéties particulièrement tendues, Morts Suspectes emprunte les thèmes de la corruption médicale au profit de savants fous cupides au sein d'un contexte moderne tristement actuel. Renforcé d'une solide distribution (principalement Geneviève Bujold plutôt viscérale dans son jeu parano et ses bravoures physiques), ce petit classique des seventies reste donc plus de 4 décennies plus tard toujours aussi palpitant et captivant en dépit de quelques scories. 

Bruno Dussart
3èx

jeudi 12 octobre 2017

MAIS OU EST DONC PASSEE LA 7E COMPAGNIE ?

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Robert Lamoureux. 1973. France. 1h29. Avec Jean Lefebvre, Pierre Mondy, Aldo Maccione,
Robert Lamoureux, Pierre Tornade, Jacques Marin, Marcelle Ranson-Hervé, Érik Colin.

Sortie salles France: 13 Décembre 1973

FILMOGRAPHIERobert Lamoureux est un acteur, humoriste, auteur dramatique, réalisateur, poète, parolier et scénariste français, né le 4 janvier 1920 à Paris et décédé le 29 octobre 2011 à Boulogne-Billancourt. 1960 : Ravissante. 1960 : La Brune que voilà. 1973 : Mais où est donc passée la septième compagnie ? 1974 : Impossible... pas français. 1975 : On a retrouvé la septième compagnie. 1975 : Opération Lady Marlène. 1977 : La Septième Compagnie au clair de lune.


Juin 1940. A la suite de la capture de la 7è compagnie par les allemands, trois soldats réfugiés dans une forêt tentent d'échapper à l'ennemi avec l'aide du lieutenant Duvauchel, rescapé d'un crash d'avion. Au fil de leur escapade semée d'heureuses et mauvaises rencontres, puis dans un concours de circonstances aléatoires, ils parviennent in extremis à libérer leur compagnie. 


Comédie troupière d'une rare indigence et platitude par son cheminement routinier, Mais ou est donc passé la 7è compagnie ? est à mon sens l'une des plus racoleuses arnaques du cinéma français ! Faute d'une réalisation académique peu inspirée, d'un scénario linéaire exploitant fort maladroitement péripéties cocasses, gags adipeux et rebondissements ballots, et d'aimables têtes d'affiche batifolant dans leur accoutrement militaire avec une verve crédule. Seule la présence furtive de Jacques Marin dans le rôle d'un épicier collabo eut parvenu à m'arracher quelques sourires lors d'une séquence de racket alimentaire perpétrée par nos trois franchouillards déguisés en allemands.


Insipide, soporifique et déprimant alors que deux autres suites verront le jour avec plus (le 2è opus) ou moins (le 3è) de succès commercial.

Eric Binford.

mercredi 11 octobre 2017

37°2 LE MATIN

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Jean Jacques Beinex. 1986. France. 1h56/3h01. Avec Jean-Hugues Anglade, Béatrice Dalle, Gérard Darmon, Consuelo de Haviland, Clémentine Célarié, Jacques Mathou, Claude Aufaure.

Sortie salles France: 9 Avril 1986 (Int - de 16 ans)

FILMOGRAPHIE: Jean-Jacques Beineix, né le 8 octobre 1946 à Paris est un réalisateur, dialoguiste, scénariste et producteur de cinéma français. 1977 : Le Chien de M. Michel (court-métrage). 1980 : Diva. 1983 : La Lune dans le caniveau. 1986 : 37°2 le matin. 1989 : Roselyne et les Lions. 1992 : IP5 : L'île aux pachydermes. 2001 : Mortel transfert


Film culte de la génération 80 ayant rassemblé plus de 3,6 millions de spectateurs en salles, 37°2 le Matin demeure aujourd'hui une légende cinéma français sous l'impulsion d'un couple d'acteurs au diapason (alors qu'il s'agit de la toute première apparition de Béatrice Dalle du haut de ses 22 ans !) et d'un réalisateur aussi bien ambitieux, qu'inventif et audacieux à retranscrire sa fureur de vivre contemporaine. Ce dernier nous d'illustrant avec une fulgurance onirique et un parti-pris baroque la tragédie romantique de Zorg et Betty communément épris de passion dévorante dans une désinvolture outrancière (et donc sans modération !) au point d'y perdre la raison. Betty, trop jeune et instable, émotive et si fragile sombrant peu à peu Spoil ! dans une démence irrécupérable à la suite d'un tragique incident maternel Fin du Spoil. Comédie bipolaire dans sa palette d'émotions dichotomiques oscillant drôleries décalées et dramaturgie impermanente, 37°2 le Matin distille un vent de fraîcheur et de liberté sémillants au travers des escapades sentimentales de Zorg et Betty livrés à nu (aussi bien d'un ordre corporel que moral) face à une caméra elle-même gagnée par l'ivresse de leurs désirs !


D'un réalisme cru auprès des sautes d'humeur, caprices et crises d'hystérie que Béatrice Dalle insuffle avec instinct viscéral et névralgie troubles, le climat sensiblement ombrageux régi autour du couple dérange et fascine de manière sensitive si bien que l'actrice habitée par son rôle anxiogène nous immerge en interne de ses intimes contrariétés avec une acuité à la limite du supportable (du moins chez le public le plus fragile, son interdiction aux moins de 16 ans étant à mon sens justifiée lors de sa sortie). Outre la prestance écorchée vive des acteurs plus vrais que natures et souvent filmés dans leur plus simple appareil au sein de leur quotidienneté oisive et insouciante (et ce sans se livrer à un voyeurisme complaisant !), 37°2 le Matin fait voler en éclat les codes du genres avec un brio auteurisant adepte des ruptures de ton. Celui de la maîtrise de Jean Jacques Beinex extrêmement scrupuleux et inspiré à contempler l'évolution du couple fusionnel et de nous chavirer à travers leurs ébats aussi torrides que pétulants lors d'un maelstrom d'émotions dont la mise en scène folingue et énergique semble animée par la même fougue passionnelle de ces amants maudits.


La légende de Zorg et Betty
Furieusement érotique, drôle et décalé, voir par moments hilarant (notamment au niveau des personnages secondaires particulièrement exubérants - explosif boute-en-train Gérard Darmon ! - ), débridé et truffé d'insolence (noire), puis cédant en alternance et de manière progressive à une dramaturgie susceptible sans se prêter à une caricature prévisible, 37° 2 le Matin est touché par la grâce de Jean-Hugues Anglade (même s'il s'avère un chouilla moins convaincant lors des passages les plus graves) et surtout de la divine Béatrice Dalle littéralement ensorcelante de naturel, de pureté et de beauté fringante; et ce avant de nous anéantir la raison lors de sa déliquescence mentale en perdition. Du grand cinéma fantasque et poétique aussi bien épuré que burné car nous transfigurant une romance vitriolée à fleur de peau sous l'impulsion d'un des plus beaux couples du cinéma marginal ! Inoubliable et terriblement éprouvant au point de le vivre comme un traumatisme personnel.    

A Aurélie.
Bruno Dussart.
4èx

Récompenses:
Festival des films du monde de Montréal 1986 : Grand Prix des Amériques et prix du film le plus populaire du festival
Césars 1987 : meilleure affiche pour Christian Blondel, avec un portrait de Béatrice Dalle, réalisé par le photographe Rémi Loca
Prix 1987 de la société des critiques de Boston : meilleur film en langue étrangère
Festival international du film de Seattle 1992 : prix Golden Space Needle du meilleur réalisateur (également décerné pour IP5)

mardi 10 octobre 2017

LA PLANETE DES SINGES: SUPREMATIE

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site allocine.fr

"War for the Planet of the Apes" de Matt Reeves. 2017. U.S.A. 2h20. Avec Andy Serkis, Woody Harrelson, Judy Greer, Karin Konoval, Steve Zahn, Toby Kebbell.

Sortie salles France: 2 Août 2017. U.S: 14 Juillet 2017

FILMOGRAPHIE: Matt Reeves est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 27 Avril 1966 à Rockville Centre (Etats-Unis). 1993: Future Shock (segment "Mr. Petrified Forrest"). 1996: Le Porteur. 2008: Cloverfield. 2010: Laisse moi entrer. 2014: La Planète des Singes: l'Affrontement.


Dernier chapitre de la seconde franchise de la Planète des Singes, La Planète des singes: Suprématie relate, comme le laissait supposer la conclusion de sa 2è partie, l'épineux conflit que vont se disputer à nouveau un groupe d'humains et les singes repliés dans une immense forêt. A savoir César et ses fidèles acolytes rapidement pris à parti contre le despotisme du colonel McCullough à la tête d'une armée belliqueuse dénuée de vergogne. Toujours réalisé par Matt Reeves (responsable du second volet), celui-ci adopte aujourd'hui une mise en scène plus posée et autrement ambitieuse dans son souci circonspect de mettre en place l'intrigue et ses personnages sous le pilier d'une densité psychologique aussi intense que poignante. Tant auprès de la caractérisation fébrile mais aussi fragile de César en proie à la soumission et au venin de la haine (au point d'en faire une vengeance personnelle et de se résoudre à la solitude afin de préserver les siens !), que du colonel McCullough avide d'éradiquer les singes et donc d'asseoir sa réputation notable auprès de ses sbires impliqués dans un contexte (extrêmement précaire) de survie d'humanité.


Prenant son temps à planifier les bases de son intrigue à travers un cheminement d'errance que César et quelques comparses sillonnent de prime abord au coeur d'une nature réfrigérante (les images photogéniques distillent un dépaysement onirique parmi de vastes étendues enneigées et d'un panorama montagneux), Matt Reeves crédibilise son univers dystopique et ses héros de chair et de sang avec une émotion poignante d'une sobriété épurée (les singes numérisés sont encore plus criants d'expression humaine qu'autrefois et la fillette rescapée qu'ils entraînent avec eux ne manque pas de maturité à travers son regard enfantin découvrant compassion et différence de l'autre !). Le film adoptant par son aspect dépouillé et grave un réalisme blafard au sein du paysage formaté du blockbuster grand public. Car à travers cet inépuisable enjeu de survie que se compromettent singes et humains, La Planète des singes: suprématie surprend par son climat sombre et cafardeux d'où pointe un sentiment de désespoir sous-jacent (mais toujours plus perméable, notamment à travers l'ambiguïté de César luttant contre sa dichotomie de la haine et de l'indulgence !). Tant et si bien que le récit âpre et tendu (notamment sa seconde partie plus cruelle quant à l'asservissement des singes faisant naître ensuite une stratégie d'évasion) ne fait qu'énoncer l'éternelle déchéance morale des guerres mondiales entraînant inévitablement dans leur déchéance criminelle des instincts de suprématie, d'intolérance, de haine et de racisme (notamment sous couvert de la loi du plus fort).


"Tout pouvoir est violence"
Grand spectacle épique à l'émotion aussi bien contenue que fragile (son final mélancolique laisse extraire un afflux émotionnel bouleversant !), La Planète des singes: Suprématie surprend par son parti-pris modeste et adulte (les scènes d'action impressionnantes ne se destinent pas à renchérir bêtement dans la gratuité car dépendantes des motivations des personnages) à mettre en exergue une bataille aussi bien physique que morale entre un colonel couard (au final honteux de son statut de "perdant" et de dictateur !) et un primate fourbu par la violence (contagieuse) d'un monde d'inégalité qu'il peine au final à en saisir le sens. De ce message de tolérance désespérée émane donc une conclusion fragile emprunte de lyrisme si bien qu'elle  laisse derrière nous un sentiment d'amertume d'une vibrante émotion quant à l'avenir indécis (pour ne pas dire insoluble de l'homme). Reste enfin en mémoire le visage meurtri (et flegme) de son porte-parole, une icone contemplative, un symbole humanitaire rongé par la peine: César.

Eric Binford

La chronique des 2 précédents volets:
Planète des singes, les origines: http://brunomatei.blogspot.com/2011/08/la-planete-des-singes-les-origines-rise.html
Planète des Singes: l'affrontement (l'): http://brunomatei.blogspot.fr/2014/08/la-planete-des-singes-laffrontement.html

lundi 9 octobre 2017

MA FEMME S'APPELLE REVIENS

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr

de Patrice Leconte. 1982. 1h25. France. Avec Michel Blanc, Anémone, Xavier Saint-Macary, Christophe Malavoy, Catherine Gandois, Pascale Rocard, Michel Rivard.

Sortie salles France: 27 Janvier 1982

FILMOGRAPHIE: Patrice Leconte est un réalisateur, scénariste et metteur en scène français né le 12 novembre 1947 à Paris. 1971 : Blanche de Walerian Borowczyk (assistant réalisateur). 1976 : Les Vécés étaient fermés de l'intérieur. 1978 : Les Bronzés. 1979 : Les bronzés font du ski. 1981 : Viens chez moi, j'habite chez une copine. 1982 : Ma femme s'appelle reviens. 1983 : Circulez y a rien à voir. 1985 : Les Spécialistes. 1987 : Tandem. 1989 : Monsieur Hire. 1990 : Le Mari de la coiffeuse. 1991 : Contre l'oubli. 1993 : Tango. 1994 : Le Parfum d'Yvonne. 1995 : Lumière et Compagnie. 1996 : Ridicule. 1996 : Les Grands Ducs. 1998 : Une chance sur deux. 1999 : La Fille sur le pont. 2000 : La Veuve de Saint-Pierre. 2001 : Félix et Lola. 2002 : Rue des plaisirs. 2002 : L'Homme du train. 2004 : Confidences trop intimes. 2004 : Dogora : Ouvrons les yeux. 2006 : Les Bronzés 3. 2006 : Mon meilleur ami. 2008 : La Guerre des miss. 2011 : Voir la mer. 2012 : Le Magasin des suicides. 2014 : Une promesse. 2014 : Une heure de tranquillité.


Très loin de rivaliser avec ses précédentes réussites que formaient fougueusement Les Vécés étaient fermés de l'intérieur, Les Bronzés, Les bronzés font du ski et Viens chez moi, j'habite chez une copine; Ma femme s'appelle reviens est une comédie terriblement plate, bâclée et sans surprise, faute d'un scénario indigent qui ne raconte rien (ou pas grand chose). Le pitch s'étirant sur seule ligne: épris d'amitié, un jeune médecin et une photographe s'épaulent mutuellement à la suite de leur rupture conjugale difficilement gérable. Se rapprochant amoureusement, le couple finit toutefois par renoncer depuis le retour de l'ex amant de cette dernière. Rarement, voir jamais drôle (quelques scènes nous arrachent plutôt les sourires) et privilégiant un climat sentimental folichon, Ma Femme s'appelle reviens se repose essentiellement sur les épaules de Michel Blanc et d'Anémone formant spontanément un couple empoté aussi charmant qu'attendrissant. Et donc chez les nostalgiques des années 80, la comédie amiteuse reste pour autant agréable à suivre d'un oeil distrait.


Bruno Matéï