de Jean Jacques Beinex. 1986. France. 1h56/3h01. Avec Jean-Hugues Anglade, Béatrice Dalle, Gérard Darmon, Consuelo de Haviland, Clémentine Célarié, Jacques Mathou, Claude Aufaure.
Sortie salles France: 9 Avril 1986 (Int - de 16 ans)
FILMOGRAPHIE: Jean-Jacques Beineix, né le 8 octobre 1946 à Paris est un réalisateur, dialoguiste, scénariste et producteur de cinéma français. 1977 : Le Chien de M. Michel (court-métrage). 1980 : Diva. 1983 : La Lune dans le caniveau. 1986 : 37°2 le matin. 1989 : Roselyne et les Lions. 1992 : IP5 : L'île aux pachydermes. 2001 : Mortel transfert
Film culte de la génération 80 ayant rassemblé plus de 3,6 millions de spectateurs en salles, 37°2 le Matin demeure aujourd'hui une légende cinéma français sous l'impulsion d'un couple d'acteurs au diapason (alors qu'il s'agit de la toute première apparition de Béatrice Dalle du haut de ses 22 ans !) et d'un réalisateur aussi bien ambitieux, qu'inventif et audacieux à retranscrire sa fureur de vivre contemporaine. Ce dernier nous d'illustrant avec une fulgurance onirique et un parti-pris baroque la tragédie romantique de Zorg et Betty communément épris de passion dévorante dans une désinvolture outrancière (et donc sans modération !) au point d'y perdre la raison. Betty, trop jeune et instable, émotive et si fragile sombrant peu à peu Spoil ! dans une démence irrécupérable à la suite d'un tragique incident maternel Fin du Spoil. Comédie bipolaire dans sa palette d'émotions dichotomiques oscillant drôleries décalées et dramaturgie impermanente, 37°2 le Matin distille un vent de fraîcheur et de liberté sémillants au travers des escapades sentimentales de Zorg et Betty livrés à nu (aussi bien d'un ordre corporel que moral) face à une caméra elle-même gagnée par l'ivresse de leurs désirs !
D'un réalisme cru auprès des sautes d'humeur, caprices et crises d'hystérie que Béatrice Dalle insuffle avec instinct viscéral et névralgie troubles, le climat sensiblement ombrageux régi autour du couple dérange et fascine de manière sensitive si bien que l'actrice habitée par son rôle anxiogène nous immerge en interne de ses intimes contrariétés avec une acuité à la limite du supportable (du moins chez le public le plus fragile, son interdiction aux moins de 16 ans étant à mon sens justifiée lors de sa sortie). Outre la prestance écorchée vive des acteurs plus vrais que natures et souvent filmés dans leur plus simple appareil au sein de leur quotidienneté oisive et insouciante (et ce sans se livrer à un voyeurisme complaisant !), 37°2 le Matin fait voler en éclat les codes du genres avec un brio auteurisant adepte des ruptures de ton. Celui de la maîtrise de Jean Jacques Beinex extrêmement scrupuleux et inspiré à contempler l'évolution du couple fusionnel et de nous chavirer à travers leurs ébats aussi torrides que pétulants lors d'un maelstrom d'émotions dont la mise en scène folingue et énergique semble animée par la même fougue passionnelle de ces amants maudits.
La légende de Zorg et Betty
Furieusement érotique, drôle et décalé, voir par moments hilarant (notamment au niveau des personnages secondaires particulièrement exubérants - explosif boute-en-train Gérard Darmon ! - ), débridé et truffé d'insolence (noire), puis cédant en alternance et de manière progressive à une dramaturgie susceptible sans se prêter à une caricature prévisible, 37° 2 le Matin est touché par la grâce de Jean-Hugues Anglade (même s'il s'avère un chouilla moins convaincant lors des passages les plus graves) et surtout de la divine Béatrice Dalle littéralement ensorcelante de naturel, de pureté et de beauté fringante; et ce avant de nous anéantir la raison lors de sa déliquescence mentale en perdition. Du grand cinéma fantasque et poétique aussi bien épuré que burné car nous transfigurant une romance vitriolée à fleur de peau sous l'impulsion d'un des plus beaux couples du cinéma marginal ! Inoubliable et terriblement éprouvant au point de le vivre comme un traumatisme personnel. A Aurélie.
Bruno Dussart.
4èx
Récompenses:
Festival des films du monde de Montréal 1986 : Grand Prix des Amériques et prix du film le plus populaire du festival
Césars 1987 : meilleure affiche pour Christian Blondel, avec un portrait de Béatrice Dalle, réalisé par le photographe Rémi Loca
Prix 1987 de la société des critiques de Boston : meilleur film en langue étrangère
Festival international du film de Seattle 1992 : prix Golden Space Needle du meilleur réalisateur (également décerné pour IP5)
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