vendredi 17 août 2018

Mutant / Forbidden World. Grand Prix du Public, Prix des Effets-Spéciaux au Rex de Paris.

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site lesineditsvhs.blogspot.com

d'Allan Holzman. 1982. U.S.A. 1h17 (1h22, Director's Cut). Avec Jesse Vint, Dawn Dunlap, June Chadwick, Linden Chiles, Fox Harris. Produit par Roger Corman.

Sortie salles France: 15 Décembre 1983

FILMOGRAPHIEAllan Holzman est un réalisateur, monteur, producteur, scénariste américain né en 1946 à Baltimore, Maryland, U.S.A. 1982: Mutant. 1985: Out of Control. Grunt ! The Wrestling Movie. 1987: Programmed to kill. 1991: Intimate Stranger (télé-film). 1996: Survivors of the Holocaust (télé-film). 1998: Old Man River. 2002: Sounds of Memphis (télé-film). 2003: JonBenet Messages from the Grave. 2004: Invisible Art/Visible Artists. 2007: Gullah. 2009: C-C-Cut. 2009: My Marilyn. 2010:  Invisible Art/Visible Artists. 2011: Sheldon Leonard's Wonderful Life.


1980/1981, Contamination et Inseminoid se disputent successivement la mise sur les écrans afin de concurrencer le succès de Ridley ScottAlien. En 1981, Roger Corman, déjà producteur de la très sympathique Galaxie de la terreurrenoue avec la science-fiction horrifique en recrutant un jeune réalisateur néophyte, Allan Holzman. Présenté au Festival du film fantastique de Paris, Mutant  remporte au final le Grand Prix du Public et celui des Effets-spéciaux, quand bien même au fil des ans cette série B au budget limité et incarnée par des acteurs de seconde zone gagne rapidement la ferveur du public au point de le sacrer meilleur ersatz d'Alien ! Le PitchDans une galaxie lointaine, très lointaine... A bord d'un vaisseau spatial, une équipe de scientifiques tentent de combattre un métamorphe carnivore fruit de leurs expériences douteuses pour préserver la Terre de la famine. Changeant d'apparence corporelle au fil de son évolution, le spécimen Subject 20 devient de plus en plus hostile envers ses accueillants si bien que les cadavres s'amoncellent sans répit.


Revoir Mutant quelques décennies plus tard dans une version HD immaculée relève d'une aubaine inespérée tant cette production intègre accumule généreusement les situations cauchemardesques avec une fulgurance formelle ensorcelante. Et donc comment réussir une production fauchée par le biais d'un scénario éculé, qui plus est incarné par des acteurs cabotins à la trogne pour autant aimable ? Melting-pot de références empruntées aux succès horrifiques des années 70 et 80, Mutant séduit sans modération à travers un cache-cache insolent entre une équipe de scientifiques (au rabais) et un monstre hybride tapi dans les corridors de leur cocon spatial. Ainsi, avec peu de moyens, Allan Holzman  réussit l'exploit de transfigurer son métrage tant et si bien que rien n'est laissé au hasard à travers son souci du détail aussi bien technique que visuel. Tant auprès de sa photo flamboyante tout droit sortie d'une BD indocile, de ces têtes d'affiche irrésistiblement stéréotypées, de ces décors futuristes évocateurs, de sa partition entêtante au synthé (transcendant au passage un superbe clip érotique) que de ses effets gores très soignés déployant toujours plus de séquences hard à faire rougir  nos artisans transalpins. Arrosez le tout d'une ambiance davantage glauque eu égard des exactions du métamorphe affamé de chair humaine, et vous obtenez un trépidant survival qu'une poignée de scientifiques tente de déjouer avec une sobriété irrésistiblement cocasse.


Or, si le scénario prosaïque n'invente rien, la mise en scène à la fois maladroite et inspirée réussit le prodige de scander chaque situation de danger avec un goût pour la provocation d'une horreur tantôt scabreuse (l'idée démentielle d'exterminer la créature à l'aide de cellules cancéreuses, il fallait oser !). Et donc à travers son rythme vigoureux oscillant action, érotisme léché et horreur gorasse  sous l'impulsion de protagonistes bonnards enchaînant les bourdes, Mutant euphorise sans lâcher prise. Et pour parachever, le final incongru se décline en anthologie lorsque le chercheur azimuté (mon personnage attitré de par sa verve et sa gestuelle à grossir le trait caricatural !) Spoil ! se sacrifie afin d'annihiler le monstre. Par conséquent, atteint d'une tumeur inopérable, ce dernier sollicitera l'un de ses adjoints de lui éventrer l'estomac (sans anesthésie s'il vous plait !) afin de lui soutirer son cancer pour le bazarder dans la gueule du métamorphe ! Une séquence ubuesque hallucinée générant autant le dégoût par son gore crapoteux que l'hilarité pour son sarcasme aléatoire ! Fin du Spoil.


Condensé de science-fiction horrifique exploitant lestement les grands succès de l'époque (même Star Wars y est singé en prologue !), Mutant demeure le prototype idéal de la série B du samedi soir. De par son (très) attachant casting entouré de comédiennes dénudées (anciens modèles du mag  Penthouse !), son gore décomplexé cracra et ses péripéties débridées toujours plus folingues ! On est d'autant plus sensible à sa beauté plastique un brin baroque qu'Allan Holzman est parvenu avec autant d'habileté que de savoir-faire à nous dépayser à travers une scénographie stellaire de bric et de broc. Pétri d'affection pour le genre, Mutant est un amour de série B comme on n'en fait plus à l'ère du tout numérique ! Et bon sang que ce genre de pépite nous manque !

* Bruno
21.08.23. 5èx. Vostfr. 473
17.08.18. 
27.01.12. (387)

La Chronique de la Galaxie de la Terreurhttp://brunomatei.blogspot.fr/…/la-galaxie-de-la-terreur.ht…
La Chronique des Monstres de la Merhttp://brunomatei.blogspot.fr/…/06/les-monstres-de-la-mer.h…

RécompensesGrand Prix du PublicPrix des Effets-Spéciaux au festival du film fantastique au Rex à Paris en 1982.

jeudi 16 août 2018

PIRANHAS 2, LES TUEURS VOLANTS

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdtoile.com

"Piranha Part Two: The Spawning" de James Cameron et Ovidio G. Assonitis (non crédité). 1981. U.S.A/Hollande/Italie. 1h35. Avec Tricia O'Neil, Steve Marachuk, Lance Henriksen, Ricky Paull Goldin

Sortie salles France: 5 Janvier 1983 (Int - 13 ans). U.S: 5 Novembre 1982. Italie: Décembre 1981.

FILMOGRAPHIE: Ovidio Gabriel Assonitis est un homme d'affaires, scénariste, réalisateur et producteur indépendant, né le 18 janvier 1943. 1974 : Beyond the Door (co-réalisé avec Robert Barrett, scénariste). 1977 : Tentacules. 1979 : The Visitor. 1981 : Desperate Moves. 1981 : Piranha 2 : Les Tueurs volants (co-réalisé avec James Cameron, co-scénariste).
James Francis Cameron est un réalisateur, scénariste et producteur canadien, né le 16 Août 1954 à Kapuskasing (Ontario, Canada). 1978: Kenogenis (court-métrage). 1981: Piranhas 2, les Tueurs Volants. 1984: Terminator. 1986: Aliens, le Retour. 1989: Abyss. 1991: Terminator 2. 1994: True Lies. 1997: Titanic. 2003: Les Fantomes du Titanic. 2005: Aliens of the Deep. 2009: Avatar.


Si on excepte 2/3 séquences gores timidement sympas (avec une touche latine pour les gros plans sur les chairs déchiquetées), ses FX plutôt convaincants et un cadre édénique radieux (une station balnéaire jamaïcaine), il n'y a rien à sauver de ce naufrage aquatique d'une platitude exaspérante. Un navet démanché auquel James Cameron et Ovidio G. Assonitis s'y sont disputés la réalisation avec une inspiration en berne. Quand au scénario étique et son concept saugrenu, on ne peut que se lamenter de ses fariboles un brin décomplexées (seconds-rôles ballots en sus pour tenter d'amuser la galerie). En revanche, sa splendide affiche continue de nous faire fantasmer !

* Bruno
3èx

mercredi 15 août 2018

THE KEEPING HOURS

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Karen Moncrieff. 2018. U.S.A. 1h35. Avec Lee Pace, Carrie Coon, Sander Thomas, Ray Baker, Amy Smart, Julian Latourelle, Ana Ortiz co.

Sortie salles U.S: 24 Juillet 2018 (vod)

FILMOGRAPHIE: Karen Moncrieff est une réalisatrice, scénariste, productrice et actrice américaine, né le 20 Décembre 1963 à Sacramento, Californie. 2018: Escaping the Madhouse: The Nellie Bly Story (téléfilm).  2018: The Girl in the Bathtub (téléfilm).  2018: 13 Reasons Why (TV Series) (2 episodes).  2018: The Quad (série TV: 1 episode). 2017: The Keeping Hours. 2014: Les enfants du péché: Nouveau départ (Téléfilm). 2013 The Trials of Cate McCall.  2006: The Dead Girl. 2004 Touching Evil (série TV). 2003: Six feet under (série TV: 1 episode). 2002: Blue Car.


Synopsis: Après avoir divorcé, un couple tente de se reconstruire grâce au témoignage du fantôme de leur jeune fils disparu tragiquement 7 ans plus tôt dans un accident de voiture. 

Si un second visionnage s'avère tout à fait dispensable et que l'émotion s'y perd en cours de route, faute d'une intrigue sans véritable surprise (notamment au niveau de son final dramatique d'une intensité atone), The Keeping Hours est un honnête DTV jouant la carte de l'intimisme mystique  avec sobriété et sensibilité. On apprécie donc à travers ce parti-pris infiniment prude (absence de tension éprouvante et d'esbroufe horrifique au profit du drame psychologique) le jeu dépouillé du couple Lee Pace / Carrie Coon assez convaincant dans leur désagrément moral en quête de rédemption. Enfin, les fervents catholiques devraient beaucoup apprécier son message spirituel résolument optimiste, pour ne pas dire lénifiant.

* Bruno

mardi 14 août 2018

UPGRADE

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Leigh Whannell. 2018. U.S.A. 1h40. Avec Logan Marshall-Green, Betty Gabriel, Harrison Gilbertson, Richard Anastasios, Rosco Campbell, Richard Cawthorne.

Sortie salles France: Inconnue. Australie: 14 Juin 2018. U.S: 1er Juin 2018

FILMOGRAPHIE: Leigh Whannell est un réalisateur, scénariste et producteur australien né le 17 Janvier 1977 à Melbourne, Victoria. 2015: Insidious 3. 2018: Upgrade.


La nouvelle chair ! 
Si Leigh Whannell se fit connaître avec son premier essai, l'inoffensif Insidious 3 (ça n'engage que moi), il vient sacrément de redresser la barre en terme d'originalité, voir même de novation avec Upgrade. Tant et si bien qu'il vient d'inventer le "cyber vigilante-movie" avec autant de dérision caustique que de réalisme hardcore (les quelques séquences gores qui parsèment la vendetta s'avèrent incroyablement percutantes par le biais d'FX optimaux). Car à travers le schéma canonique d'une banale histoire de vengeance (à la suite d'une agression l'ayant rendu tétraplégique et après avoir assisté à l'assassinat de sa femme, Grey décide de se venger avec l'aide d'un savant lui ayant transplanté une puce informatique douée d'intelligence et de fonction motrice dans sa colonne vertébrale), Leigh Whannell ne cesse de renouveler l'action avec une inventivité jouissive.  Notamment au niveau de la surveillance aérienne des drones que les méchants contournent à l'aide de pare-feux, de deux poursuites - lisibles- en voiture et des gadgets électroniques de certains antagonistes transformés en arme humaine ! Alternant l'intensité dramatique d'une 1ère partie d'un réalisme poignant et la fulgurance d'images surréalistes d'une avancée technologique, Upgrade  crédibilise son univers dystopique pas si éloigné de Blade Runner (certains panoramas urbains nous le rappellent, et ce même si les moyens sont ici largement plus discrets et limités).


Ainsi, le cheminement criminel du justicier s'avère non seulement constamment captivant (il est habité d'une voix informatique lui dictant ses faits et gestes et aiguillant son corps doué de vélocité tout en l'incitant à mieux anticiper ses prochaines actions) mais il s'enrichit en prime d'une enquête policière afin de retrouver le véritable responsable d'un mystérieux contrat. Upgrade abordant les thématiques si inquiétantes de l'intelligence informatique, des univers virtuels (se confiner dans la fantaisie parce que la vie réelle, déshumanisée, est devenue un fardeau) et surtout de la fusion entre l'homme et la machine (façon Robocop, voir plus précisément Tetsuo) sous couvert de divertissement alarmiste. A l'instar de son étonnant épilogue d'une audace nihiliste qui risquera sans doute de déplaire à une frange de spectateurs trop habitués à la convenance du happy-end. Au niveau du casting, outre la photogénie d'un méchant chafouin assez détestable (Benedict Hardie) et la trouble présence du chercheur équivoque (Harrison Gilbertson provoque une inquiétude sous-jacente dans sa posture timorée), on retrouve avec bonheur l'excellent Logan Marshall-Green (sosie de Tom Hardy auquel il serait bien capable de lui voler la vedette un jour futur !) dans celui d'une victime vindicative se fondant dans le corps d'un humanoïde avec une gestuelle habilement irrégulière. Et si ses premières confrontations musclées semblent effleurer sur le moment le ridicule, le caractère jouissif de ces techniques de combat et surtout son profil de "cyber humain" expérimental parviennent au final à nous convaincre grâce à l'ingénieux alibi d'une intelligence informatique en voie d'indépendance.


"Quand l'homme devient machine, et vice-versa."
Mené sans temps mort au fil d'une investigation crépusculaire semée d'éclairs de violence tranchés, Upgrade détonne diablement dans sa combinaison d'action gore et d'enquête policière nous alarmant en background sur les dangers d'une cyber-intelligence (et des loisirs virtuels) en ascension d'asservissement. Un thriller d'anticipation rondement mené donc si bien que Leigh Whannell s'avère particulièrement inspiré dans sa fonction de visionnaire défaitiste et que Logan Marshall-Green porte le métrage sur ses épaules, entre pugnacité orgueilleuse et humanisme torturé en perdition morale. 

* Bruno

lundi 13 août 2018

UNE SI GENTILLE PETITE FILLE

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site gigglepedia.com

"Cauchemares/Cathy's Curse" de Eddy Matalon. 1977. France/Canada. 1h31. Avec Alan Scarfe, Randi Allen, Dorothy Davis, Beverly Murray, Sylvie Lenoir, Roy Witham.

Sortie salles France: 3 Août 1977. Canada: 30 Juillet 1977

FILMOGRAPHIEEddy Matalon est un producteur, réalisateur et scénariste français, né le 11 septembre 1934 à Marseille. 1954 : À propos d'une star. 1966 : Le Chien fou. 1968 : Quand la liberté venait du ciel. 1968 : Spécial Bardot. 1970 : L'Île aux coquelicots coréalisé avec Salvatore Adamo. 1970 : Trop petit mon ami. 1975 : La Bête à Plaisir sous le pseudonyme de Jack Angel. 1977 : Une si gentille petite fille. 1978 : Teenage Teasers. 1978 : Black-Out à New York. 1979 : Brigade mondaine: La secte de Marrakech. 1980 : T'inquiète pas, ça se soigne. 1983 : Prends ton passe-montagne, on va à la plage. 1993 : Deux doigts de meurtre. 1994 : De Serge Gainsbourg à Gainsbarre de 1958 - 1991.


Production franco-canadienne réalisée par un cinéaste de seconde zone originaire de Marseille (on lui doit d'ailleurs le sympathique et oublié New-York Blackout et quelques comédies franchouillardes au rabais), Une si gentille petite fille se fit connaître auprès des vidéophiles lors de son exploitation Vhs à l'orée des années 80. Editée par IRIS télévision, sa jaquette locative à l'illustration maléfique accrocheuse m'avait d'ailleurs beaucoup fasciné durant mes premiers pas au vidéo du coin. Série B au budget limité surfant sur les succès de l'Exorciste et la Malédiction, l'intrigue relate la possession démoniaque d'une fillette après qu'elle eut découvert une poupée au fond d'un grenier. Venant d'emménager avec ses parents dans une vétuste demeure au passé tragique (le beau-père de sa mère et la fille de celui-ci périrent dans un incendie à la suite d'un accident de voiture), Cathy possède la faculté de déclencher des forces surnaturelles en intentant à la tranquillité de sa mère dépressive, d'un vieillard geôlier et d'une medium. Les forces démoniaques s'enchaînant autour d'eux dans une série d'humiliations, d'hallucinations et d'incidents criminels. 


En dépit d'un pitch minimaliste sans surprise exploitant à tout va nombre de péripéties grand-guignolesques, et du manque de cohérence de certains personnages (particulièrement la mère borderline parfois difficilement convaincante lorsqu'elle assiste aux pouvoirs occultes de sa fille), Une si gentille petite fille dégage pour autant un charme horrifique assez glauque (à l'instar de cette fameuse situation d'ébriété que le vieillard encaisse dans une série d'épreuves hallucinatoires). Son climat inquiétant et sa partition musicale aussi lugubre qu'atmosphérique appuyant l'aspect délétère de ce cas d'enfant diabolique que la petite Randi Allen retransmet avec un charisme assez magnétique. On peut d'ailleurs s'amuser de son insolence effrontée et de ses réparties grossières lorsqu'elle se met à insulter son entourage dans un esprit de provocation goguenard. Eddy Matalon se chargeant de cumuler ses exactions à rythme assez métronomique pour rendre le récit constamment divertissant, à défaut d'originalité narrative et de brio technique.


Prioritairement réservé à la génération 80 ayant été bercée par sa location Vhs, Une si gentille petite fille demeure un sympathique plaisir coupable, aussi mineur et facile soit son parti-pris racoleur. Outre quelques séquences saugrenues gentiment réussies (alors que d'autres effleurent parfois le ridicule sous l'impulsion d'une bande-son outrancière), on retient surtout le visage angélique de Randi Allen (assez dérangeante dans sa trouble innocence bafouée) et son ambiance horrifique malsaine symptomatique des années 70. Ses défauts précités lui ajoutant d'ailleurs un charme naïf assez attachant. 

Bruno
13.08.18. 3èx
25.11.16. 208 vues

vendredi 10 août 2018

Meurtres à la Saint-Valentin / My Bloody Valentine. Uncut Version.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cultreviews.com

de George Mihalka. 1981. Canada. 1h33 (Uncut). Avec Paul Kelman, Lori Hallier, Neil Affleck, Keith Knight, Alf Humphreys, Cynthia Dale, Helene Udy, Rob Stein, Thomas Kovacs, Terry Waterland, Carl Marotte...

Sorti en France le 10 Mars 1982. U.S.A: 11 Février 1981.

FILMOGRAPHIE: George Mihalka (1953 en Hongrie - ) est un réalisateur et producteur québécois.    
1980 : Pick-up Summer, 1981 : Meurtres à la St-Valentin (My Bloody Valentine) 1982 : Scandale, 1983 : Le Voyageur (The Hitchhiker) (série TV) 1985 : The Blue Man (TV) 1986 : Adventures of William Tell (TV)1988 : Hostile Takeover, 1987: Midnight Magic, 1988 : Le Chemin de Damas, 1988 : Crossbow (série TV) 1989 : Straight Line, 1990 : Wish You Were Here (série TV) 1991 : The Final Heist (TV) 1992 : Scoop (série TV) 1992 : Psychic, 1993 : La Florida, 1994 : Relative Fear, 1995 : Bullet to Beijing, 1995 : Deceptions II: Edge of Deception, 1996 : Windsor Protocol (TV) 1996 : L'Homme idéal, 1998 : Thunder Point (TV) 1999 : Omertà - Le dernier des hommes d'honneur (série TV) 2000 : Haute surveillance (série TV) 2000 : Dr Lucille - La remarquable histoire de Lucille Teasdale (Dr. Lucille) (TV) 2001 : Watchtower, 2001 : "Undressed" (1999) TV Series, 2002 : Galidor: Defenders of the Outer Dimension (série TV) 2005 : Charlie Jade (série TV) 2005 : Les Boys IV.
                                         

Sorti en pleine vogue du psycho-killer natif d'Halloween et de Vendredi 13Meurtres à la St-Valentin s'attelle à l'académisme pour emprunter le schéma du film de Sean S. Cunningham. Là encore, le succès en salles est au rendez-vous à la surprise générale des créateurs alors que Meurtres à la St-Valentin sort en version hélas tronquée de ses effets sanglants partout dans le monde. Pour autant, sa réputation d'honnête divertissement horrifique va gentiment accroître au fil des ans. Or, tant en France qu'Outre-Atlantique, ce fort sympathique whodunit n'eut jamais l'honneur de voir le jour dans sa version rigoureusement intégrale. Chose réparée aujourd'hui chez nos voisins ricains à l'occasion de ses sorties Dvd et Blu-ray certifiée Uncut. Et cela change la donne !

Le PitchLe jour de la St-Valentin, lors d'un bal local, cinq mineurs se retrouvent coincés dans leur carrière à la suite d'une violente explosion. Seul, un survivant, Harry Warden, est parvenu à s'extraire des décombres. Depuis, chaque année, il décide de se venger des jeunes étudiants qui auront l'audace de renouveler la fête des amoureux durant la sauterie promotionnelle. 


Lorsque l'on assiste pour la première fois à la version non censurée de Meurtres à la St-Valentin, on est heureux de constater avec une certaine stupeur la teneur malsaine de ces homicides graphiques ! Les nombreux meurtres qui émaillent l'intrigue s'avérant incisifs dans leur violence gore, non exempts d'inventivité dans l'art et la manière de décimer la prochaine victime. Pioche perforant un sein ou un gosier, femme empalée par la bouche d'un robinet, écorchement d'un coeur bien frais, pratique de cannibalisme, tranchage de bras en guise d'épilogue sardonique, tête vivante ébouillantée dans une marmite ou transpercée de clous, et enfin corps brûlé dans une lessiveuse. Ainsi, grâce à cette surenchère épique au stylisme morbide, Meurtres à la St-Valentin se pare d'une texture autrement plus insolente. Par cette occasion, on se rend compte que parfois un métrage bénéficie d'un ton racoleur pour rendre l'aventure plus sombre et délétère, de manière aussi à accentuer la crainte redoutée du tueur, faute de sa cruauté ostentatoire. En dehors de l'aspect fun des FX artisanaux, on retrouve les clichés habituels du psycho-killer routinier avec son meurtrier exterminant de manière méthodique une victime tous les quarts d'heure. Notamment la caricature impartie aux étudiants stéréotypés, du dragueur insolent au plaisantin farceur, de l'aguicheuse au rondouillard médiateur, du flic protecteur au fameux tenancier sollicité à mettre en garde tous ces garnements risquant un grave danger.

                                         

Pour autant, ces protagonistes s'avèrent moins superficiels que de coutume même si une sirupeuse amourette entre trois amants viennent légèrement ternir l'esprit mature de leur posture héroïque (notamment si je me réfère à sa formidable dernière partie claustro de plus de 30 mns). Ainsi, durant les 2/3 du récit, le cheminement balisé ne fera donc que dépeindre les réunions amicales et étreintes amoureuses de nos jeunes étudiants pendant qu'un tueur les décimera un à un lors d'exactions grands-guignolesques. Quand bien même ses 38 dernières minutes, plus vigoureuses à travers son suspense haletant et son atmosphère nocturne agréablement insécure, confinera l'essentiel de l'action dans l'environnement opaque d'une ancienne mine. Une dernière partie atmosphérique car utilisant judicieusement ses corridors lugubres à l'ambiance inquiétante tout en distillant un suspense latent aussi immersif que captivant. L'aspect patibulaire du meurtrier n'est pas non plus à négliger si bien qu'il ajoute un charme singulier à son accoutrement vestimentaire (alors qu'il aurait pu sombrer dans le ridicule). Affublé d'une combinaison de mineur, d'un casque de lampiste sur la tête et d'un masque à gaz constamment imposé sur son visage, sa présence obscure nous inspire fascination, appréhension et révolte, notamment de par sa détermination si fourbe à décimer un à un tous les étudiants en liesse sans faire preuve de concession.


Réalisé sans génie particulier mais honnêtement troussé et plein de charme car sincère, 1er degré et efficace si bien que l'action rebondit agréablement lors de sa dernière partie confinée dans un huis-clos caverneux, Meurtres à la St-Valentin mérite l'attention des fans, aussi mineur soit-il (jeu de mot à l'appui). Quand bien même ses effets-gores audacieux au sein de sa version Uncut vont permettre d'y insuffler une aura malsaine étonnamment couillue en guise de cerise sur le gâteau sanguin. Enfin, le concept inédit d'ironiser sur la fête sirupeuse des amoureux est savoureusement détourné au profit d'un humour noir caustique (rictus outrancier à l'appui en guise de clin d'oeil morbide faisant écho avant le lever de rideau). 

*Bruno
19.04.24. 4èx
10/08/18
19.03.11 (382 vues)

jeudi 9 août 2018

LE JUSTICIER DE MINUIT

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Ten to Midnight" de Jack Lee Thomson. 1982. U.S.A. 1h41. Avec Charles Bronson, Lisa Eilbacher, Andrew Stevens, Gene Davis, Geoffrey Lewis, Wilford Brimley, Robert F. Lyons, Bert Williams, Iva Lane, Ola Ray, Kelly Preston.

Sortie salles France: 13 Juillet 1983 (Int - 18 ans). U.S: 11 Mars 1983

BIO: Jack Lee Thomson, de son vrai nom John Lee Thompson, est un réalisateur, scénariste et producteur britannique né le 1er août 1914 à Bristol (Royaume-Uni), décédé le 30 août 2002 à Sooke (Canada). Avec 47 longs-métrages, le cinéaste aborda tous les genres avec plus ou moins de bonheur dont certains sont qualifiés de chefs-d'oeuvre. Pour ses titres les plus notoires, on peut citer Les Canons de Navarone, Les Nerfs à vif, la Conquête de la planète des singes, la Bataille de la Planète des singes, le Bison Blanc, l'Empire du Grec, Monsieur St-Yves, Passeur d'hommes et Happy Birthday (son unique incursion dans le slasher). Il signera en outre une illustre série de films d'action particulièrement violents, le "vigilante movie" parmi son acteur fétiche Charles Bronson (Le Justicier de Minuit, l'Enfer de la Violence, la Loi de Murphy, le Justicier braque les dealers, le Messager de la mort et Kinjite, sujets tabous).


"La meilleure façon de se venger d'un ennemi est de ne pas lui ressembler". 
Un an après le second volet d'Un Justicier dans la ville, et en attendant son 3è opus cartoonesque toujours réalisé par Michael WinnerCharles Bronson renoue avec son rôle de vindicateur meurtrier dans le Justicier de Minuit. Interdit au moins de 18 ans à l'époque, cette solide série B créa son p'tit effet auprès du public particulièrement friand de thriller horrifique si bien que Jack Lee Thompon (les Canons de Navarone, les Nerfs à Vif) parvient efficacement à gérer suspense policier et angoisse inquiétante jusqu'au dénouement d'une rare brutalité. Un psychopathe sème la terreur dans une contrée ricaine en assassinant de jeunes innocentes. Sa particularité est d'y perpétuer ses meurtres à l'arme blanche dans son plus simple appareil ! L'inspecteur Léo Kessler s'efforce de le faire coffrer quel qu'en soit les moyens mis en oeuvre. Après les éclairs de violence expéditifs des 3 premiers opus Death WishCharles Bronson perdure la tradition d'une justice individuelle en s'accoutrant d'un rôle de flic véreux délibéré à envoyer dans la chambre à gaz un psychopathe.


Ca commence fort avec un préambule poisseux largement influencé par le slasher si bien que notre tueur entièrement dévêtu épie par la vitre d'un camping-car un couple en coït avant de les trucider de sang froid. On se surprend d'ailleurs de la verdeur des mises à mort (pour autant hors-champs !) sur les victimes sauvagement poignardées ou éventrées au couteau et auquel la tenue du tueur, dépouillée de vêtements, accentue son caractère trouble/nauséeux. Maîtrisant habilement son intrigue car tout à fait inspiré, notamment auprès du caractère attachant de ses personnages assez spontanés (le duo  Laurie Kessler / Paul McAnn en éveil sentimental), Jack Lee Thompson nous dépeint ensuite une captivante enquête criminelle que l'inspecteur Leo Kessler régente avec son collègue en herbe, Paul Mc Cann afin d'appréhender le tueur affublé d'un solide alibi. Tant et si bien que durant ses premiers homicides, Warren Stacey s'était entre temps réfugié dans une salle de ciné face au témoignage d'une caissière et de deux spectatrices, avant, pendant et après la projection du film. Spoil ! Alors qu'un troisième assassinat est déjà perpétré, et tandis que Mc Cann roucoule avec la fille de l'inspecteur, Kessler tente de fabriquer des preuves pour mieux compromettre son criminel. Fin du Spoil


A travers cette fraude couillue, Jack Lee Thompson aborde les pratiques illégales d'un notable inspecteur pour tenter de culpabiliser fissa son criminel. A savoir, falsifier une preuve contre sa déontologie et pratiquer sans état d'âme l'oppression morale en persécutant quotidiennement le présumé coupable. Et les deux individus de s'atteler au jeu mesquin du chat et de la souris (avec comme point commun: la vengeance !) avant que le détraqué ne se résigne une ultime fois à intenter à une vie innocente. La traque finale de ces derniers culminant  Spoil ! avec le massacre de trois infirmières sauvagement poignardées dans un appartement auquel Laurie Kessler s'y était réfugiée. Un final horrifique étonnamment intense et terrifiant rehaussée d'une violence escarpée de par son réalisme sordide, ses cadrages inventifs et la dextérité du montage. Enfin, pour parachever dans la provocation avec un goût aigre dans la bouche (suffit d'écouter le score tragique du générique de fin pour appuyer l'erreur morale de Kessler influencé par sa haine !), le réalisateur poussera le bouchon plus loin dans la dérogation auprès d'un épilogue radical adepte d'une violence expéditive. Fin du Spoil. Outre l'affrontement tendu (voir également railleur) entre Kessler et le tueur, et la dramaturgie imparable du récit résolument horrifique lors de sa 1ère et dernière partie d'un réalisme tranchant, le Justicier de Minuit est d'autant mieux scandé d'une partition électro/pop/disco typique des eighties.


Réalisé avec solide efficacité de par son rythme haletant, son concept incongru (un gynophobe entièrement nu au moment de ses exactions) son ambiance inquiétante et sa plaidoirie imputée à la démence (du point de vue perfide de l'avocat !) et aux droits juridiques du présumé coupable, Le Justicier de Minuit aborde le psycho-killer de manière aussi brutale que finalement réactionnaire (le flic perdant son sang-froid lors d'une ultime seconde de bravade). Le charisme terriblement magnétique de notre indéfectible Charles Bronson se disputant l'autorité parmi l'ombrageux Gene Davis (le frère de Brad Davis !) en inoubliable psychopathe monolithique (contrastant avec une musculature d'airain) s'affrontant dans une psychologie viciée, perfide et insidieuse. Si bien que sa morale douteuse militant en prime pour l'auto-défense fera une fois encore jaser (ou mieux, fantasmer) une frange du public déjà bien ébranlé par cet inhabituel condensé de Vigilante movie et de Psycho-killer (qui tâche !). Et pour la génération 80, sachez que le spectacle superbement mené n'a pas pris une ride, notamment auprès de sa densité atmosphérique surfant avec le malsain !  

P.S: A noter la courte apparition de la chanteuse Jeane Manson dans le rôle d'une prostituée ! (poitrine dénudée à l'appui s'il vous plait !)

Box office France: 578 000 entrées

* Bruno
09.08.18. 5èx
20.03.12 (305 vues)

mercredi 8 août 2018

LE SANCTUAIRE

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site silverferox.blogspot.fr

"La Chiesa / The Church" de Michele Soavi. 1989. 1h42. Italie. Avec Barbara Cupisti, Tomas Arana, Hugh Quarshie, Giovanni Lombardo Radice, Asia Argento, Feodor Chaliapin Jr, Antonella Vitale.

Sortie salles Italie: 10 Mars 1989

FILMOGRAPHIE: Michele Soavi est un réalisateur italien né le 3 Juillet 1957 à Milan, (Italie). 1985: The Valley (vidéo). 1985: Le Monde de l'horreur (Documentaire). 1987: Bloody Bird. 1989: Le Sanctuaire. 1991: La Secte. 1994: Dellamorte Dellamore. 2006: Arrivederci amore, ciao. 2008: Il sangue dei vinti.


Deux ans après s'être fait remarqué avec Bloody Bird, slasher onirique récompensé du Prix de la Peur à Avoriaz, le néophyte Michele Soavi aborde cette fois-ci l'horreur gothique avec Le Sanctuaire  produit par son maître influent Dario Argento. Modeste série B entièrement conçue sur l'efficacité d'un florilège d'évènements horrifico-occultes que des protagonistes tentent (infructueusement) de déjouer au sein d'une cathédrale maudite, le Sanctuaire fait notamment appel au survival lors de sa seconde partie aussi fertile en péripéties morbides que Soavi met parfois en image avec stylisme pictural. Et donc si l'intrigue somme toute simpliste (à la suite d'une malédiction ancestrale, des victimes d'hérésie sont réveillés des siècles plus tard par l'inadvertance d'un bibliothécaire au sein d'une cathédrale en rénovation) n'est guère originale et s'influence même d'une certaine manière de la fameuse Forteresse Noire de Michael Mann dans le "défoulement" des forces du Mal (un plan symbolique y est d'ailleurs carrément piqué au gré d'un éclairage bleuté !), Michele Soavi renouvelle l'action dans de multiples trajectoires sinueuses. 


Notamment en exploitant brillamment le cadre tentaculaire, si délétère, d'une cathédrale jonchée de souterrains et pièces secrètes en proie à l'influence du Mal. Véritable pochette surprise où horreur, gore et fantastique communient avec une insolence parfois abrupte (certaines scènes chocs sont d'une verdeur viscérale), le Sanctuaire fascine et inquiète mutuellement dans son panel de situations souvent hallucinatoires si bien que les protagonistes à la merci du Mal s'avèrent impuissants à départager la réalité de la chimère. D'une recherche visuelle pléthorique (notamment auprès son prologue moyenâgeux volontiers cruel, malsain et épique lors de châtiments intentés contre des métayers sans défense !), le Sanctuaire baigne dans un délire morbide idoine sous l'impulsion du score sépulcrale (et éclectique) du groupe Goblin accompagné de Keith Emerson (illustre compositeur d'Inferno d'Argento). 


En dépit du sentiment parfois foutraque qu'insufflent certains protagonistes monomanes et de son récit fourre-tout multipliant sans modération les séquences horrifiques ou ombrageuses avec une invention parfois incongrue (une des victimes mordues par un gros poisson carnassier, une autre violée par un bouc humain), le Sanctuaire embrasse l'épouvante gothique avec souci d'immersion crépusculaire. Soavi, très impliqué dans ses travaux formels (notamment à l'aide de sa réalisation tarabiscotée ou subjective), nous offrant une forme de trip émotionnel où la fascination morbide gagne toujours plus du galon. Et si le caractère brouillon de l'intrigue avait gagné à être plus substantielle, le spectacle bigarré décuplant les incidents meurtriers mérite largement le détour si bien que Soavi y imprime sa personnalité latine avec un goût prononcé pour l'onirisme morbide.

Bruno
5èx

mardi 7 août 2018

La Féline (Cat People)

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Paul Schrader. 1982. U.S.A. 1h58. Avec Nastassja Kinski, Malcolm McDowell, John Heard, Annette O'Toole, Ruby Dee, Ed Begley Jr, Scott Paulin, Frankie Faison, Ron Diamond, Lynn Lowry.

Sortie salle France: 8 Septembre 1982. U.S: 2 Avril 1982

FILMOGRAPHIEPaul Schrader est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 22 Juillet 1946 à Grand Rapids (Michigan). Blue Collar: 1978. 1979: Hardcore. 1980: American Gigolo. 1982: La Féline. 1985: Mishima. 1987: Light of Day. 1988: Patty Hearts. 1990: Etrange Séduction. 1992: Light Sleeper. 1994: Witch Hunt (télé-film). 1997: Touch. 1997: Affliction. 1999: Les Amants Eternels. 2002: Auto Focus. 2005: Dominion. 2007: The Walker. 2008: Adam Resurrected. 2013 : The Canyons. 2014 : La Sentinelle. 2016 : Dog Eat Dog. 2017 : Sur le chemin de la rédemption. 2021 : The Card Counter. 


"L'amour a fait d'elle une bête érotique". 
Etrange film que cette Féline, remake (ou plutôt variation !) du chef-d'oeuvre (contrairement éthéré) de Jacques Tourneur. Car en abordant avec une certaine ambiguïté les thèmes de l'inceste et du refoulement sexuel, Paul Schrader entreprend un film fantastique à la charge érotique invariante sous l'impulsion charnelle de Nastassja KinskiIrena retrouve son frère Paul après de longues années d'absence. Passées les retrouvailles, celui-ci tente rapidement de la convaincre qu'une malédiction les unis. Spoil ! Parce que leurs ancêtres accordaient le sacrifice d'enfants à des panthères, les âmes infantiles grandissaient dans le coeur et le corps de ces félins pour peu à peu devenir des humains. Ainsi, afin d'éviter la prochaine métamorphose, le frère et la soeur devaient avoir une relation incestueuse. Fin du Spoil. Irena, déconcertée par ces révélations improbables repousse les avances de son frère. Le lendemain, une jeune prostituée est sauvagement blessée par un animal dans une chambre d'hôtel. A la vue de cette version modernisée assez trouble et sulfureuse, voir parfois  spectaculaire, le cinéaste adopte un parti-pris démonstratif à contre-emploi de son modèle de suggestion. Si bien qu'en l'occurrence les quelques scènes chocs qui jalonnent le récit s'avèrent d'un réalisme intense à défaut du racolage bon marché (la métamorphose, l'arrachage du bras ou l'éviscération de la panthère concoctés par de superbes FX de Tom Burman !). Quand bien même l'érotisme qui en émane est décuplé par la posture électrisante d'une Nastassja Kinski mise à nu !


Sa silhouette lascive magnétisant l'écran dans une fragilité candide, de par sa personnalité timorée et torturée à s'éveiller aux autres puis tenter de percer le mystère qui entoure sa filiation maudite. Car en quête identitaire et de désir sexuel, Irena est profondément troublée par les allégations de son frère compromis par une étrange malédiction. Quand bien même sa romance toujours plus ardente et passionnelle auprès d'un vétérinaire de zoo l'accule à passer à l'acte sexuel afin d'y perdre sa virginité. Mais à quel prix ? Tant et si bien que cette troublante relation entre eux découle sur une étrange rédemption répressive où la passion des sentiments ne peut toutefois se résoudre à les séparer. Ainsi, à travers ses plages fantasmagoriques stylisées accentuées de l'entêtant score de Giorgio Moroder (les images chimériques s'avèrent d'une flamboyance ensorcelante), La Féline fascine et séduit parmi l'élément perturbateur de l'inceste et du désir torride qu'instille le triangle amoureux. La présence patibulaire du génial Malcolm McDowell (une fois de plus habité par son rôle équivoque de dominateur !) renforçant le climat insolite que Schrader parvient avec élégance à mettre en images (photo léchée en sus). Notamment auprès de sa première partie tantôt macabre illustrant ses virées nocturnes et exactions meurtrières avec machisme condescendant (ses nuits de débauche avec de jeunes prostituées). Le second acte aussi captivant se focalise enfin vers l'initiation sexuelle d'Irena prise entre le dilemme de son instinct primitif et son amour irrépressible pour son amant. Ce qui nous vaudra d'ailleurs une originale transformation de la belle en bête avant d'osciller entre le crépuscule d'une traque urbaine et d'un ultime coït mélancolique.


"Femme en cage". 
Troublante métaphore sur l'emprise sexuelle par le biais d'un amour interdit, réflexion sur la perte de virginité par le biais d'une angoisse du désir, de l'engagement et de la passion, La Féline transfigure le portrait névrosé d'une jeune vierge assujettie à sa malédiction ancestrale. Objet de désir et de fantasme, Natassja Kinski  irradie l'écran de sa beauté aussi bien virginale que concupiscente. Cette charge érotique constante, son climat diaphane inusité et l'efficacité de son script à la fois couillu et vénéneux élevant La Féline au Classique du Fantastique contemporain (quasi impénétrable).

Gaïus
07/08/18. 6èx
02.07.12. 5èx (209 vues)

lundi 6 août 2018

PARASITE

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinematerial.com

de Charles Band. 1982. U.S.A. 1h25. Avec Cheryl Smith, Demi Moore, Cherie Currie, Vivian Blaine, Scott Thomson.

Sortie salles France: 28 Juillet 1982. U.S: 12 Mars 1982

FILMOGRAPHIECharles Band est un producteur de cinéma, réalisateur et scénariste américain, né le 27 décembre 1951 à Los Angeles.1973 : Last Foxtrot in Burbank. 1977 : Crash!. 1982 : Parasite
1983 : Metalstorm. 1984 : Trancers. 1985 : The Dungeonmaster. 1986 : L'Alchimiste. 1990 : Synthoïd 2030 (vidéo). 1990 : Meridian : Le Baiser de la Bête (vidéo). 1991 : Trancers II. 1992 : Doctor Mordrid. 1993 : Prehysteria!. 1993 : Dollman vs. Demonic Toys (vidéo). 1996 : Le Cerveau de la famille. 1997 : Mystery Monsters. 1997 : Hideous!. 1997 : The Creeps. 1999 : Blood Dolls. 2000 : NoAngels.com (vidéo). 2002 : Pulse Pounders. 2003 : Puppet Master: The Legacy (vidéo). 2004 : Dr. Moreau's House of Pain (vidéo). 2005 : Decadent Evil (vidéo). 2005 : Doll Graveyard. 2005 : The Gingerdead Man. 2006 : Petrified (vidéo). 2006 : Evil Bong. 2007 : Ghost Poker. 2007 : Decadent Evil II (vidéo). 2011 : Killer Eye: Halloween Haunt


Hit video des années 80 sous la bannière étoilée Hollywood video, Parasite est une modeste série B  peu ambitieuse comme de coutume chez l'habitué des séries Z, Charles Band. Exploité à sa sortie  salles en 3D (relief argentique à l'ancienne !), Parasite conjugue timidement science-fiction post-apo et horreur gore, faute d'un pitch étique peu embarrassé par les invraisemblances (notre héros toujours en vie après l'explosion de son estomac, il fallait oser !) et les ellipses. A savoir qu'un médecin porteur d'un terrible parasite tente de trouver un sérum pour l'annihiler. Pour cela, afin de lui prélever du sang, il doit retrouver la trace d'un autre parasite dérobé par un gang. Egaré dans une petite bourgade désertique, il tente de se débarrasser de ces loubards et d'un étrange homme en noir travaillant pour le gouvernement. C'est alors qu'il se lie d'amitié avec un tenancier et une jeune fille solitaire. Baignant dans le cadre désertique d'un climat solaire irrespirable, Parasite séduit la vue si j'ose dire auprès de l'amateur de nanars attentif au soin apporté aux décors limités, faute de son budget low-cost.


Truffé de séquences inutiles mais pour autant assez sympas et ludiques (les loubards hyper cabotins s'adonnant aux récurrentes bastons auprès des citadins), Parasite insuffle une charmante fantaisie auprès de la posture excentrique de ces antagonistes jouant les méchants avec un sérieux involontairement cocasse. Quand bien même le duo héroïque formé par Robert Glaudini (il possède un charisme flegmatique saillant en dépit de sa posture inexpressive) et Demi Moore, assez convaincante en faire-valoir prévenante, parviennent à nous impliquer dans leurs enjeux de survie  d'une cause humanitaire. Et donc grâce à son aspect visuel relativement accrocheur, ces petits détails techniques délirants (les armes lasers, les mutations du parasite !) et à sa foule de personnages assez cartoonesque (leur chassé-croisé vire à la loufoquerie), Parasite emporte l'adhésion. Tout du moins chez l'inconditionnel de plaisir coupable sensible à la sincérité de l'auteur respectant la série B candide avec un second degré assumé. Et pour pimenter le récit avare en surprise et au suspense timoré (la quête redondante du scientifique à retrouver le parasite meurtrier inspire pour autant un côté attachant dans sa posture atone et soumise), Charles Band procède à d'étonnants FX artisanaux pour parfaire quelques séquences chocs parfois très impressionnantes. A l'instar du parasite s'extirpant de la tête d'une victime ou d'un autre s'ôtant de l'estomac du héros (les 2 séquences étant filmées en gros plan gorasse). 


Nanar bonnard assez immersif dans sa tentative de rationaliser un univers post-apo au sein d'un contexte horrifique, Parasite tire parti de son budget précaire grâce à l'intégrité de Charles Band confectionnant une aimable petite série B d'un charme naïf étonnamment cinégénique. 

Gaïus
2èx

Box Office France: 283 141 entrées

vendredi 3 août 2018

CONTAMINATION


de Luigi Cozzi (Lewis Coates). 1980. Italie/Allemagne. 1h35. Avec Ian McCulloch, Louise Marleau, Marino Masé, Siegfried Rauch, Gisela Hahn, Carlo De Mejo, Carlo Monni.

Sortie salles France: 15 Juillet 1981. Italie: 2 Août 1980

FILMOGRAPHIE: Luigi Cozzi est un réalisateur et scénariste italien, né le 7 Septembre 1947 à Busto Arsizio (Italie). 1969: Le Tunnel sous le monde. 1973: Il Vicino di casa. 1975: L'Assassino è costretto ad uccidere ancora. 1976: Dedicato a una stella. 1976: La Portiera nuda. 1979: Starcrash. 1980: Contamination. 1983: Hercule. 1985: Les Aventures d'Hercula. 1988: Turno di notte (série tv). 1988: Nosferatu à Venise. 1989: Sinbad of the seven seas. 1989: Le Chat Noir. 1989: Paganino Horror. 1991: Dario Argento: Master of Horror. 1997: Il Mondo di Dario Argento 3: Il museo degli.  orrori di Dario Argento (video).

                                         

Gros hit des vidéos-club sous la bannière étoilée d'Hollywood Video, Contamination demeure l'un des classiques bisseux des années 80 que les fans de gore se sont empressés de louer grâce à l'aspect dégueulbif de sa jaquette explicite. Surfant sur le succès d'Alien réalisé un an au préalable, Luigi Cozzi en extirpe un jouissif ersatz transalpin dans sa manière ostentatoire d'étaler complaisamment une horreur cracra. Si bien qu'en l'occurrence, parmi l'appui stylisé du ralenti, les estomacs des victimes explosent leurs viscères au contact d'un acide découlant d'un oeuf étranger. Ainsi, à partir d'un argument incongru d'invasion extra-terrestre délibérée à conquérir notre planète, le réalisateur réexploite l'une des séquences anthologiques d'Alien (le xenomorphe s'extirpant de la cage thoracique de John hurt !) pour en extraire une anticipation horrifique beaucoup plus gore, et ce en réitérant cette mise à mort par intermittence. Entouré d'aimables seconds couteaux du ciné Bis (l'attachant trio badin Ian McCulloch, Louise Marleau, Marino Masé), Contamination  conjugue aventure exotique (leur expédition en Amérique du Sud afin de démanteler la société de café), suspense légèrement oppressant (la panique - assez peu crédible dans ses effets grossiers - de Stella recroquevillée dans sa salle de bain à proximité d'un cocon) et horreur cinglante (les corps déchiquetés volant en éclat parmi l'insistance du zoom au ralenti !).


Et si le récit s'avère linéaire, voir tracé d'avance, il est toutefois contrebalancé par l'efficacité de sa réalisation assez soignée (notamment au niveau de sa structure narrative ponctuée d'humour quant aux rapports contradictoires entre le colonel Stella et l'imbécile heureux Tony), un sens du rythme soutenu et le charisme familier (enfin pour les fans) des acteurs bisseux jouant les investigateurs héroïques avec autant de simplicité que de dérision. En prime, l'aspect niais de leurs répliques et l'humour lourdingue couramment prononcé par le cabotin Marino Masé irriteront facilement le spectateur lambda insensible aux productions Z. Pour autant, cette posture grossièrement pittoresque renforce le charme naïf, le second degré de l'entreprise "low-cost" conçue pour divertir l'aficionado d'une horreur à la fois crapoteuse et incongrue. Ainsi, les scènes gores spectaculaires font mouche de par leur aspect artisanal à dépeindre sans complexe les boyaux fraîchement fumés des victimes moribondes, quand bien même l'apparition finale du fameux cyclope impressionne franchement par son aspect éminemment délétère, visqueux, viscéral ! Face à cette icone monstrueuse résolument glauque, et grâce à un habile montage et à la conviction des protagonistes transis d'émoi, Luiggi Gozzi parvient à nous immerger dans un cauchemar malsain lors de son dernier quart-d'heure. Un point d'orgue homérique et hypnotique rehaussé d'FX artisanaux étonnamment convaincants si bien que l'on se surprend de sa vigueur réaliste.


L'invasion vient de Mars
Classique bisseux des années 80 au pouvoir de fascination morbide inextinguible, Contamination  préserve son attrait bonnard en jouant principalement sur l'effet "révulsif/appréhensif" de l'oeuf extraterrestre aussi blafard que méphitique. L'aspect verdâtre de sa physionomie s'exacerbant au tempo d'une respiration gutturale imprégnant toute la pellicule. Et les Goblin de parachever ces intonations macabres idoines parmi l'impact entêtant d'un score électro imprimé dans chaque mémoire !

* Gaïus
03.08.18. 7èx
29.07.13. (104 vues)

Luigi Cozzi

jeudi 2 août 2018

SILENT NIGHT BLOODY NIGHT / DEATHHOUSE

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.fr

"Night of the Dark Full Moon" de Theodore Gershuny. 1972. U.S.A. 1h25. Avec Patrick O'Neal, James Patterson, Mary Woronov, Astrid Heeren, John Carradine, Walter Abel.

Sortie salles U.S: Novembre 1972

FILMOGRAPHIETheodore Gershuny est un réalisateur américain né le 30 Octobre 1933 à Chicago, décédé le 16 Mai 2007 à New-York. 1988-1990: Monsters (TV Series: 2 episodes). 1985-1987 Histoires de l'autre monde (TV Series: 5 episodes). 1985 Stephen King's Golden Tales (Video: segment "Strange Love"). 1973 Sugar Cookies. 1972 Silent night Bloody night. 1970 Kemek.


Rareté aussi oubliée que mésestimée en dépit de sa résurrection en Dvd chez l'éditeur Bach Films et de sa disponibilité en Blu-ray Outre-Atlantique; Silent night bloody night (à ne pas confondre avec le slasher Silent night Deadly Night natif des années 80 !) est une véritable perle horrifique comme on en voit peu de nos jours. Car imprégné d'une ambiance mortifère tangible au sein d'une demeure gothique chargée en silence, mystères et secrets inavoués,  Silent Night... est ce que l'on prénomme un pur film d'ambiance hérité de l'horreur Old school des Seventies (pellicule granuleuse à l'appui). Le réalisateur soignant son cadre domestique terriblement inquiétant avec l'appui de protagonistes équivoques; notamment auprès de leur charisme patibulaire si bien que l'on peine à éprouver une certaine compassion à l'un d'entre eux. Au niveau de l'intrigue assez confuse au premier abord (notamment au niveau de sa chronologie historique), l'auteur nous illustre la transaction d'une demeure de sinistre réputation qu'un petit fils s'efforce de revendre en compagnie de son avocat. Au préalable, quelques décennies plus tôt, son grand-père mourra immolé par le feu dans de mystérieuses circonstances. S'agit-il d'un suicide ou d'un crime prémédité sachant qu'au même moment une présence dans la maison y composa une mélodie au piano ? Alors que l'avocat et sa maîtresse profitent de l'isolement de la bâtisse pour y séjourner une nuit, un tueur échappé d'un asile rode aux alentours. 


A travers un récit assez vrillé et douloureux au niveau de sa dramaturgie abrupte,  Theodore Gershuny y instaure un climat horrifique résolument ensorcelant au fil d'une investigation latente assez avare en indices. La fille du maire et le petit-fils du défunt propriétaire s'épaulant mutuellement à tenter de percer le mystère qui entoure la fameuse demeure restée trop longtemps inoccupée (un sentiment d'abandon et d'isolement que le réalisateur retranscrit à merveille à travers ses cadrages tarabiscotés et ses silences pesants). Quand bien même un tueur au téléphone y terrorise la police, une secrétaire et le bourgmestre avant de passer à l'acte criminelle (on apprécie d'ailleurs l'impact percutant - bien que habilement suggéré - du 1er double meurtre brutalement perpétré à la hache !). Ainsi, si l'intrigue ne fait pas preuve d'un rythme nerveux en privilégiant la caractérisation intimiste de ses personnages, la manière scrupuleuse dont le réalisateur s'efforce de consolider un climat d'insécurité perméable autour d'eux nous instille curiosité et sentiment de fascination irrépressible. A l'instar de son long flash-back tourné en sépia au gré d'un éclairage surexposé nous dévoilant des convives aussi égrillards que grossiers autour d'une table culinaire. Et ce avant qu'une explosion de violence n'y vienne semer le trouble et le chaos cauchemardesque. Autant dire que cette réminiscence à la fois glauque et malsaine fait office d'anthologie d'une horreur pestilentielle, notamment de par son réalisme expérimental. Quand bien même son surprenant final assez baroque (notamment auprès de l'accoutrement vestimentaire, victorien, d'un des protagonistes) nous laisse sur un sentiment d'impuissance, de malaise et de douce mélancolie. 


Psycho-killer crépusculaire préfigurant les tueurs au téléphone icônifiés dans Black Christmas et l'incroyable Terreur sur la Ligne, Silent Night Bloody Night conjugue avec une certaine originalité les thèmes de la famille dysfonctionnelle et de la hantise pour renchérir tourment et appréhension au sein d'une demeure gothique transie d'une présence démoniale. A découvrir d'urgence pour tous les amoureux de film d'ambiance sépulcrale native d'un ciné indépendant aussi discret et personnel qu'audacieux. 

Dédicace à Sandra Hameau

Gaïus