Un psychopathe sème la terreur dans une contrée ricaine en assassinant de jeunes innocentes à l’arme blanche… dans son plus simple appareil. L’inspecteur Leo Kessler s’efforce de le coffrer, quels que soient les moyens.
Après les éclairs de violence expéditive des Death Wish, Bronson perpétue la tradition d’une justice personnelle, incarnant cette fois un flic véreux prêt à tout pour envoyer dans la chambre à gaz un maniaque impuni.
Ça commence fort, avec un préambule poisseux clairement influencé par le psycho-killer : notre tueur, entièrement nu, épie par la vitre d’un camping-car un couple en plein coït avant de les trucider de sang-froid. Les meurtres, bien que hors champ, n’en restent pas moins saisissants de violence crue : poignardés, éventrés - la nudité du tueur accentue son caractère nauséeux, trouble, dérangeant.
Inspiré et habile, Jack Lee Thompson maîtrise son intrigue, nourrie par des personnages attachants et spontanés (le duo Laurie Kessler / Paul McAnn apporte une touche de fraîcheur sentimentale). L’enquête, captivante, est régentée par un Bronson implacable et son jeune collègue, Paul McCann, face à un tueur affublé d’un alibi en béton : lors de ses meurtres, Warren Stacey s’était réfugié dans une salle de cinéma, avec témoins à l’appui avant, pendant et après la projection…
A travers une fraude couillue, Thompson interroge la légitimité d’une justice illégale, incarnée par un inspecteur notable prêt à tout pour neutraliser un monstre. Persécutions, pressions morales, preuves trafiquées… Le jeu du chat et de la souris peut commencer - mesquin, cruel, avec la vengeance en point de convergence. Jusqu’à ce que le psychopathe récidive, une ultime fois.
Le massacre final : une séquence d’une intensité rare, horrifique, terrifiante, rehaussée par le réalisme sordide, les cadrages tranchants, la nervosité du montage. Et pour clore le tout sur un goût amer (le score tragique du générique pèse de tout son poids sur l’erreur morale de Kessler, aveuglé par la haine), le réalisateur enfonce le clou avec un épilogue radical.
Au-delà de l’affrontement tendu - parfois railleur - entre Kessler et le tueur, et de la dramaturgie implacable, notamment dans ses première et dernière parties aux relents tranchants de réalisme, Le Justicier de Minuit se distingue aussi par sa bande-son électro/pop/disco typique des eighties.
Réalisé avec une redoutable efficacité - rythme haletant, concept incongru (un gynophobe nu comme un ver), ambiance poisseuse et réflexion trouble sur la folie criminelle et les droits juridiques du coupable - Le Justicier de Minuit explore la figure du psycho-killer avec une brutalité frontale et une résonance réactionnaire : ce flic qui perd pied dans un dernier geste de bravade. Le charisme magnétique de Bronson se heurte à la présence ombrageuse de Gene Davis (frère de Brad Davis !), inoubliable psychopathe monolithique, silhouette sculptée dans l’acier, perversité glaciale en bandoulière.Une morale douteuse, militante, prônant à demi-mot l’auto-défense... De quoi faire jaser — ou fantasmer - une frange du public déjà bien secouée par cet inhabituel cocktail de vigilante movie et de psycho-killer bien gras. Et pour les enfants des années 80, sachez-le : ce spectacle tendu comme un nerf n’a pas pris une ride, surtout du côté de son atmosphère viciée flirtant dangereusement avec le malsain.
P.S. : À noter la courte apparition de la chanteuse Jeane Manson dans le rôle d’une prostituée (poitrine dénudée à l’appui, s’il vous plaît !).
Box office France: 578 000 entrées
* Bruno
09.08.18. 5èx
20.03.12 (305 vues)
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