mardi 24 juillet 2012

CARNAGE (Prime Cut)


Photo empruntée sur Google, appartenant au site esbilla.wordpress.com

de Michael Ritchie. 1972. U.S.A. 1h27. Avec Lee Marvin, Gene Hackman, Angel Tompkins, Gregory Walcott, Sissy Spacek, Janit Baldwin, William Morey, Clint Ellison, Howard Platt, Les Lannom, Eddie Egan.

Sortie salles U.S: 28 Juin 1972

FILMOGRAPHIE: Michael Ritchie est un réalisateur américain, né le 28 Novembre 1938 à Waukesha, dans le Wisconsin, décédé le 16 Avril 2001 à New-York.
1967: La Course à la Vérité (télé-film). 1969: La Descente Infernale. 1972: Carnage. 1972: Votez Mc Kay. 1975: Smile. 1976: La Chouette Equipe. 1977: Les Faux Durs. 1979: An Almost Perfect Affair. 1980: l'île Sanglante. 1980: Divine Madness ! 1981: Student Bodies. 1983: The Survivors. 1985: Fletch aux Trousses. 1986: Femme de Choc. 1986: Golden Child. 1988: Parle à mon psy, ma tête est malade. 1989: Autant en emporte Fletch. 1989: La Nuit du Défi. 1993: Complot meurtrier contre une pom-pom girl (télé-film). 1994: Les Robberson enquêtent. 1994: La Révélation. 1997: Comfort Texas (télé-film). 1997: La Guerre des Fées. 2000: The Fantasticks.


Réalisé par un cinéaste éclectique aimable faiseur de séries B, Michael Ritchie élabore en 1971 un de ces premiers métrages et sans doute le plus maîtrisé dans le genre policier, ici violent et parfois tendu. Il est dommageable que cette série B remarquablement troussée et dominée par l'illustre prestance de deux monstres sacrés du cinéma (Lee Marvin et Gene Hackman) soit sombrée malencontreusement dans l'oubli.

Un tueur de la mafia et ses coéquipiers vont tenter de récupérer l'argent fraudé d'un trafiquant de drogue et de prostitution, planqué derrière l'entreprise d'un abattoir bauvin du Kansas. Mary Ann doit en effet à son supérieur de Chicago plus de 500 000 dollars. Les deux hommes vont se provoquer sans intimidation et se confronter à une guerre de clans en pleine campagne rurale. 


A partir d'une trame linéaire éludée de surprises, Michael Ritchie exploite au possible le cadre bucolique de champs de cultivation auquel deux clans mafieux vont devoir s'y planquer pour récupérer un butin d'un demi million de dollars. Avec l'efficience d'une narration lestement structurée dans une mise en scène solide et la présence fébrile de deux mafieux obtus, Carnage est un excellent polar jalonné d'action cinglante et de plages intimistes sur la considération féministe. En effet, Devlin, tueur au grand coeur alarmé par la condition sordide infligée aux jeunes prostituées de Mary Ann, va prendre sous son aile l'une d'entre elles (Sissy Spacek à son tout jeune
âge de beauté candide !) en guise d'acompte. Une façon insolente d'inciter ce dernier à livrer l'argent pour leur prochaine transaction établie au sein d'une foire commerciale bondée de riverains. A ce titre, l'aspect glauque et réaliste d'une séquence clef interpelle les esprits quand une poignée d'esclaves sexuelles sont retrouvées droguées, allongées sur des stands de paille afin d'exposer leur corps dénudé devant une foule de pervers nantis. Bien évidemment, leur rencontre escomptée va aboutir à un sanglant règlement de compte au cours duquel les hommes de main de Mary Ann ne vont pas hésiter à sortir les fusils pour exécuter Devlin et ses complices.


Michael Ritchie exploite habilement son environnement champêtre de champs de mais et de tournesols que nos protagonistes vont devoir traverser pour contrecarrer l'antagoniste. Ces scènes de courses poursuites haletantes et fertiles sont parfaitement coordonnées dans une mise en scène rigoureuse comme cette traque à bout de souffle envisagée à Devlin et sa compagne, tentant désespérément d'échapper aux entrailles d'une moissonneuse batteuse !
Sans instant de répit, et entre deux séquences intimes d'idylle (notamment les retrouvailles de Devlin avec son ancienne maîtresse, se révélant en l'occurrence l'épouse hautaine de Mary Ann !), Carnage est rehaussé par la présence majeure de deux leaders à forte tête, respectivement incarnés par nos briscards Lee Marvin et Gene Hackman. Leur affrontement pugnace émaillé de dérision caustique dans leur verve insolente donne lieu à des séquences percutantes de gunfight, notamment avec l'impact explosif déployé par les fusils à pompe de leurs adjoints !


D'une grande efficacité dans sa narration linéaire et captivant par ses enjeux encourus, Carnage est un petit classique du polar rugueux des années 70. Le cadre insolite de son ambiance rurale et l'humour parfois décalé résultant de certaines situations extravagantes renforcent son aspect anticonformiste d'une oeuvre militante pour la cause animale. Car ici l'homme dépravé et anthropophage s'en distingue par la monstruosité cupide de sa propre mégalomanie.

24.07.12
Bruno Matéï



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire