mardi 31 juillet 2012

28 Jours plus tard / 28 Days later

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site listal.com

de Danny Boyle. 2002. Angleterre. 1h53. Avec Cillian Murphy, Naomie Harris, Megan Burns, Brendan Gleeson, Christopher Eccleston, Alex Palmer, Bindu De Stoppani, Jukka Hiltunen, David Schneider.

Sortie salles France: 28 Mai 2003. U.S: 27 Juin 2003

FILMOGRAPHIE: Danny Boyle est un réalisateur Britannique, né le 20 Octobre 1946 à Manchester. 1994: Petits Meurtres entre amis. 1996: Trainspotting. 1997: Une Vie moins Ordinaire. 2000: La Plage. 2002: 28 Jours plus tard. 2004: Millions. 2007: Sunshine. 2008: Slumdog Millionaire. 2010: 127 Hours. 2013: Trance. 2015: Steve Jobs.


"Rage et solitude : 28 Jours plus tard".
Précurseur du film d’infectés moderne (si l’on met de côté le pizzaiolo Avion de l’Apocalypse !), renouveau d’une vague de zombies sous amphétamines, 28 Jours plus tard inaugure une trilogie post-apo. Si son influence remonte à Romero, Danny Boyle se révèle assez habile, inspiré, tatillon et intègre pour livrer une terrifiante descente aux enfers, où la dignité humaine vacille. 

Le pitch : une association pour la cause animale force l’entrée d’un laboratoire pour libérer des chimpanzés voués à la vivisection. Contaminé par la rage, le premier singe libéré lacère le cou d’un sauveteur. Vingt-huit jours plus tard, la quasi-totalité des humains est balayée par ce virus du sang, poussant les infectés à s’entretuer dans une frénésie incontrôlable. Jim, rescapé d’un coma, croise quelques survivants pour affronter ensemble cette menace carnassière.

À partir de cet argument usé - une poignée de survivants cherchant refuge dans un monde dévasté - Boyle dénonce dès son prologue l’embrasement religieux et la folie guerrière de l’homme. Par le truchement d’images d’archives télévisées, le malaise s’installe : il met à nu la barbarie de civils livrés à l’anarchie. Catastrophique miroir tendu à la violence urbaine galopante, avant qu’un primate contaminé n’entraîne l’humanité dans une furie aveugle. La photo, rugueuse, trouble, désaturée, exploitée en caméra DV pour accentuer la facture documentaire, dépayse le spectateur, immergé dans une solitude splendide : un pays vidé de sa chair. Ce climat post-apo, soigneusement authentique, distille une décrépitude implacable : rares survivants cloîtrés dans des appartements abandonnés, cadavres empilés sous la traque de hordes agressives flairant la moindre proie. C’est Jim, ex-blessé à peine tiré de son hôpital déserté, qui croise un père et sa fille, puis une femme farouche. Ensemble, ils s’aventurent vers l’inconnu, quête de havre fragile au milieu des ruines.


Avec pudeur, Boyle imprègne ses personnages d’une humanité palpable, désespérément vivante au cœur du chaos. Pour amplifier cette insécurité rampante, certaines attaques fulgurantes déchirent l’écran, frénétiques, d’une vigueur tétanisante. La mise en scène, personnelle, entretient cette peur viscérale et cet isolement oppressant qui pèsent sur les épaules des héros - jusqu’à ce qu’un escadron de militaires extrémistes les prenne en otage après un accueil trompeur. En crescendo, la mise en scène jusque-là dépouillée bascule dans l’action et l’horreur, avec des scènes éprouvantes. En prime, la partition magistrale - Boyle, Godspeed You! Black Emperor, John Murphy - scande une ambiance mortuaire, tandis que les héros affrontent la dictature militaire et les infectés tapis dans l’ombre du château. Le scénario, d’une efficacité implacable, joue sur la peur, le doute, la mort toujours imminente, forgeant une empathie précieuse pour ces êtres ballottés dans un no man’s land précaire. Jusqu’à ce point d’orgue où la folie primitive des militaires dévoile un machisme obscène, humiliant la femme par le viol et la domination.


"28 Jours pour dévorer le monde: Une ambiance pestilentielle à couper au rasoir." 
Si 28 Jours plus tard surclasse sans peine tous ses ersatz à venir, c’est autant par la densité humaine de ses figures que par son atmosphère de désolation qui cloue le spectateur au siège. Cette compassion désenchantée, infusée dans une élégie urbaine et naturelle, soutient une exode étrangement muette. Réaliste, âpre, tendu, désespéré, viscéralement humain, dépressif et parfois poétique (la traversée des chevaux !), cet incontournable du genre imprime un souvenir sensoriel, magnétique, comme hérité du documentaire. Ni plus ni moins qu’un classique.

*Bruno
16.10.23. 3èx
31.07.12. 


Info Erratum ! http://www.erreursdefilms.com/sf/voir-toutes-les-erreurs-28-jours-plus-tard-28JP.html

Récompenses: Prix du meilleur film britannique lors des Empire Awards en 2003.
Prix de la meilleure photographie lors des Prix du cinéma européen en 2003.
Prix du meilleur réalisateur lors du festival Fantasporto en 2003.
Prix du meilleur film étranger lors du Festival international du film fantastique de Neuchâtel en 2003.
Saturn Award du meilleur film d'horreur en 2004.


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