jeudi 28 août 2014

THE ROVER

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de David Michôd. 2014. Australie. 1h42. Avec Guy Pearce, Robert Pattinson, Scoot McNairy, Susan Prior, Anthony Hayes, David Field, Jamie Fallon.

Sortie salles France: 4 Juin 2014. U.S: 20 Juin 2014

FILMOGRAPHIE: David Michôd est un réalisateur australien.
2010: Animal Kingdom. 2014: The Rover.


Après s'être fait révélé par Animal Kingdom, un premier film déjà bien maîtrisé, le cinéaste australien David Michôd nous revient 4 ans plus tard avec un western post-apo sortant des sentiers battus. The Rover s'improvisant en odyssée funèbre que deux anti-héros vont parcourir à travers les étendues désertiques de l'Australie. Alors qu'il vient de se faire dérober sa voiture par un trio de malfrats, Eric n'a comme unique ambition de récupérer son bien, quand bien même au fil de son périple il rencontre l'un des frères du gang, Reynolds, grièvement blessé. Senti trahi, ce dernier décide de faire équipe avec l'inconnu pour l'aider à récupérer son véhicule et mettre la main sur son frangin. Oeuvre atypique baignant dans un climat de désolation cafardeux, The Rover nous plonge au sein d'un univers dystopique 10 ans après l'écroulement de l'Australie. C'est ce que nous annonce le générique d'ouverture sans savoir précisément ce qui a pu engendrer une situation économique aussi déplorable. Car dans cette contrée solaire en décrépitude, une poignée de survivants tentent encore de s'y faire une place quand bien même l'armée perpétue quelques missions afin de dénicher les malfrats les plus dangereux.


Outre son climat morose particulièrement palpable et la dissonance de sa partition inquiétante, The Rover frappe d'emblée par l'attitude ambiguë des protagonistes. Le cinéaste nous caractérisant des marginaux le plus souvent sans vergogne car livrés à leur indépendance et déshumanisés de leur existence miséreuse où l'engrenage de la violence leur portera de lourdes conséquences. A l'instar de notre anti-héros principal décrit comme un solitaire inflexible à l'agressivité incontrôlée car sévèrement marqué par un passé tragique. Son seul point d'attache, sa voiture qu'un trio a malencontreusement volé après l'embardée de leur camion. On est d'autant plus interloqué par l'immoralité d'Eric à assassiner froidement certains innocents pour la quête dérisoire d'un véhicule à essence. Spoiler !!! Néanmoins, son bien matériel nous révélera au final un secret d'ordre affectif qu'il s'était résigné à récupérer afin de respecter une tâche. Fin du SpoilerAvec l'intervention de Reynolds, un jeune adulte influent quelque peu déficient, Eric va réapprendre à le considérer, à lui trouver un regain d'empathie au fil de leurs confidences et de leur relation compromises par les ripostes ennemies. Contraints de s'entraider au sein de ce no man's land primitif, Eric improvise la figure paternelle pour soutenir la fragilité de Reynolds mais se dirigent d'un pas hésitant vers une destinée tragique par leur raisonnement vindicatif. Avec son scénario déroutant multipliant les situations impromptues d'altercations sanglantes envers rivaux sans vocation, The Rover sème la paranoïa et la désillusion jusqu'à l'apogée d'une confrontation dérisoire Spoiler !!! (la culpabilité d'Eric laissant transparaître en désespoir de cause une larme de remord !) Fin du Spoiler.


A History of Violence
Avec la prestance intense d'un duo d'acteurs burinés (en démarche de fantôme errant, Guy Pearce hypnotise l'écran d'un regard frigide, quand bien même Robert Pattinson, quasi méconnaissable, époustouffle dans sa fragilité de gamin désorienté), The Rover inflige la sinistrose d'une dystopie avec une dimension atmosphérique prégnante. Par le biais d'un schéma narratif complètement aléatoire, il ne cesse de dérouter et de surprendre pour mettre en exergue la responsabilité de la violence engendrant un règlement de compte irascible où l'innocence paiera une fois de plus le lourd tribut.    

Bruno Matéï

    mercredi 27 août 2014

    LES VAMPIRES DU DR DRACULA (La marca del Hombre-lobo)

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

    de Enrique Lopez Eguiluz. 1968. Espagne. 1h34. Avec Paul Naschy, Manuel Manzaneque, Dyanik Zurakowska, Aurora de Alba, Julian Ugarte, José Nieto.

    Sortie salles Espagne: 29 Juillet 1968

    FILMOGRAPHIE: Enrique Lopez Eguiluz est un réalisateur espagnol, né en 1930 à Madrid, décédé le 9 Mai 1997.
    1965: Pascualin. 1965: La Pandilla. 1966: En Andalucía nació el amor. 1966: Chantaje a un asesino.
    1968: Agonizando en el crimen. 1968: Les Vampires du Dr Dracula. 1970: El Santo contre les tueurs de la Mafia.


    Fer de lance de l'âge d'or du fantastique ibérique, Les Vampires du Dr Dracula inaugure notamment la première apparition du personnage de Waldemar Daninski endossé par Paul Naschy. Ancien catcheur et culturiste, cet acteur en pleine ascension se fera une spécialité à réinterpréter à l'écran son monstre favori, le loup-garou, durant une série de 12 films ! Inédit en salles en France mais aujourd'hui exhumé de l'oubli par l'éditeur Artus Films, Les Vampires du Dr Dracula est une aberration de tous les instants. Rien que le scénario improbable est à lui seul une plaisanterie au confins de la parodie. Frappé par la malédiction d'une morsure de loup-garou, le comte Waldemar Daninski sème la mort autour de lui mais se résigne à ne plus commettre d'exactions dès qu'il retrouve son apparence humaine. Pour cela, il fait appel à un ami et sa fiancée afin de le forcer à l'embrigader au fond d'une crypte. En dernier ressort, ils font tout de même appel à un illustre docteur et sa compagne pour tenter de le guérir de sa lycanthropie. Mais rien ne se déroulera comme prévu !


    Egalement attaché au poste de scénariste, Paul Naschy s'est sans doute inspiré d'un de ses films cultes de la Universal des années 30, j'ai nommé Frankenstein rencontre le loup-garou. Car à partir d'un pitch aussi rocambolesque que grotesque, il fait ici intervenir deux icônes de l'épouvante vintage, le loup-garou et le vampire, pour les voir finalement s'affronter lors d'un mémorable baroud d'honneur. Si dans la première partie, Waldemar Daninski joue le rôle d'un monstre assoiffé de sang et de violence, une pirouette scénaristique va l'amener à reconsidérer sa condition erratique de lycanthrope pour s'opposer à un ennemi particulièrement mesquin, un vampire hautain résigné à lui soutirer sa fiancée ! Bourré d'incohérences dans la réaction des personnages auquel les comédiens en font des tonnes pour provoquer émoi et élans de bravoure, Les Vampires du Dr Dracula entremêle des sous-intrigues saugrenues pour voir s'affronter à l'écran non pas un, mais deux loups-garous, quand bien même un couple de vampires y est invité pour semer leur contamination auprès des proches de Waldemar ! Ridicule et hilarant, à l'instar des dialogues ineptes que nos comédiens récitent avec le plus grand sérieux, le film réussit toutefois à nous apprivoiser par sa sincérité à nous offrir un spectacle aussi ludique que flamboyant ! Sur ce point, les Vampires du Dr Dracula s'avère une indéniable réussite esthétique n'ayant rien à envier aux travaux baroques de Mario Bava dans ces éclairages polychromes de toute beauté. Que ce soit l'architecture de l'intérieur du château, sa crypte poussiéreuse parfois chargée de néons rouges ou l'illustration nocturne d'une forêt azur, son gothisme raffiné et la rutilance de sa photographie engendrent souvent un onirisme éclatant !


    Une aberration filmique faisant office de miracle !
    Imbécile en diable et proprement aberrant dans son scénario fourre-tout, Les Vampires du Dr Dracula pallie ses nombreuses failles par une sincérité évidente, un amour immodéré à tailler un récit d'épouvante où se bousculent les monstres de notre enfance. La naïveté des comédiens gesticulant à tout va des comportements outrés et surtout l'onirisme insolite qui se détache de certaines séquences (la danse du vampire en amont d'une passerelle brumeuse pour attiser sa compagne) renforcent l'euphorie que nous procure généreusement ce nanar festif ! 

    Remerciement à Artus Films.
    Bruno Matéï

    mardi 26 août 2014

    Simetierre / Pet Sematary. Prix du Public, Avoriaz 1990.

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site team-hush.org

    de Mary Lambert. 1989. U.S.A. 1h43. Avec Dale Midkiff, Denise Crosby, Fred Gwynne, Miko Hughes, Brad Greenquist, Blaze Berdahl.

    Sortie salles France: 17 Janvier 1990. U.S: 21 Avril 1989

    FILMOGRAPHIE: Mary Lambert est une réalisatrice américaine, née le 13 Octobre 1951 à Helena, Arkansas (Etats-Unis). 1977: Rapid Eye Movements. 1987: Siesta. 1989: Bobby Brown his Prerogative (dtv). 1989: Simetierre. 1991: Grand Isle. 1992: Simetiere 2. 1994: Dragstrip Girl (télé-film). 1996: Le Visage du Mal (télé-film). 1997: Le Prix du Désir (télé-film). 1999: Clubland. 2000: In Between. 2000: Cercle Fermé. 2001: Strange Frequency (télé-film). 2001: Les Sorcières de Halloween 2 (télé-film). 2005: Urban Legend 3: Bloody Mary. 2008: The Attic. 2011: Mega Python vs. Gatoroid.


    Poème mortifère sur l'injustice et la peur de la mort, Simetierre aborde le genre horrifique avec une intelligence rare afin de décrire la descente aux enfers d'une famille incapable d'accepter l'idée de trépasser. D'après un célèbre roman de Stephen King, Simetierre tire parti d'une idée fort originale pour renouveler le mythe du zombie et engendrer une réflexion sur la souffrance aussi physique que morale. Louis Creed, Rachel et leurs deux enfants emménagent dans leur nouvelle demeure bucolique située à proximité d'une route dangereuse, des camions circulant à grande vitesse. Chaudement accueilli par leur voisin de pallier, ce dernier propose rapidement au père de famille de lui faire visiter un cimetière pour animaux, quand bien même à quelques mètres de là une autre nécropole d'origine indienne possède la faculté de ressusciter les morts ! Il aura fallu qu'un évènement tragique intente à la vie du chat de la famille Creed pour que Louis se laisse tenter par l'expérience de  la résurrection !  Baignant dans un climat funèbre perpétuellement palpable, glacial et lancinant,  Simetierre aborde le sujet de la mort sans inhibition, à l'instar de la cruelle malédiction qui s'abattra sur la famille Creed. Confrontés à une succession de deuils improvisés, ceux-ci sont caractérisés comme des citoyens égoïstes, apeurés et capricieux lorsque le fardeau de la mort les mesurent à leur douleur intrinsèque.


    C'est d'abord leur fille possessive Ellie qui voue une obsession morbide pour la survie de son chat, terrifiée à l'idée qu'un jour il puisse lui être soutiré par la faucheuse. Pendant ce temps, Louis, éminent médecin, est déjà fragilisé par la mort d'un de ses patients, quand bien même ce dernier lui revient sous l'apparence d'un zombie pour l'avertir de ne pas franchir la zone du cimetière indien. Quand à sa femme Rachel, elle reste perturbée par un épisode de son enfance lorsqu'elle devait surveiller l'état dégénératif de sa soeur souffrante du cancer. Hantée par son apparence émaciée et sa lente agonie, elle espérait finalement qu'elle meurt dans les plus brefs délais afin d'apaiser sa souffrance d'assister à son épouvantable déchéance physique. Spoiler !!! Après la mort inopinée de leur chat, il aura fallu que le fils cadet des Creed meurt accidentellement, écrasé sous les roues d'un camion, pour que le paternel se résigne à braver la loi du repos éternel, et donc de le ressusciter ! Fin du Spoiler. Le problème est que lorsque le défunt revient à la vie, c'est pour importuner les vivants de sa triste condition d'estropié hanté par l'imprécation. A travers cet argument fantastique particulièrement fascinant car posant notamment la question spirituelle de l'existence de la vie au-delà de la mort, Simetierre met à l'épreuve le courage d'une famille accablée par le deuil mais ayant la possibilité d'en violer le fondement afin pactiser avec le surnaturel !


    Vivre pour mourir
    Regorgeant de séquences impressionnantes d'une rude intensité émotionnelle (la dégénérescence corporelle de Zelda, la tragédie accidentelle du petit Gage et ses houleuses funérailles, sa vengeance implacable auprès de sa propre famille), Simetierre transplante le drame psychologique dans le cadre d'une horreur éprouvante jamais racoleuse. Il y émane une descente aux enfers implacable de par sa cruauté requise et son ironie macabre, notamment auprès de la mort insupportable d'un bambin, de sa nouvelle condition de victime récalcitrante et de l'exutoire du sacrifice qui s'ensuit ! La mort, omniprésente, n'étant à la fois qu'un rappel spirituel, une fatalité, une catharsis afin d'abréger à jamais les souffrances du défunt. 

    * Bruno
    4èx

    Récompense: Prix du Public au Festival d'Avoriaz, 1990


    lundi 25 août 2014

    Soudain... Les Monstres / The Food of the Gods. Licorne d'Or au Rex de Paris.

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site todoelterrordelmundo.blogspot.com

    de Bert I. Gordon. 1977. U.S.A. 1h28. Avec Marjoe Gortner, Pamela Franklin, Ralph Meeker, Jon Cypher, Ida Lupino, John McLiam.

    Sortie salles France: 18 Mai 1977. U.S: 18 Juin 1976

    FILMOGRAPHIE: Bert I. Gordon est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 24 Septembre 1922 à Kenosha, Winsconsin, Etats-Unis). 1955: King Dinosaur. 1957: Beginning of the end. 1957: The Cyclops. 1957: The Amazing Colossol Man. 1958: Attack of the Puppet People. 1958: War of the Colossal Beast. 1958: Earth vs. the Spider. 1960: The Boys and the Pirates. 1960: Tormented. 1962: L'Epée Enchantée. 1965: Village of the Giants. 1966: Picture Mommy Dead. 1970: How to succeed with sex. 1972: Necromancy. 1973: Le Détraqué. 1976: Soudain... Les Monstres. 1977: L'Empire des Fourmis Géantes. 1981: Burned at the Stake. 1982: Let's do it ! 1985: The Big Bet. 1990: Satan's Princess.


    Spécialiste du thème du gigantisme, Bert I. Gordon réalise avec Soudain... Les Monstres son film le plus notoire, à l'instar de sa Licorne d'Or décernée par le festival du Rex de Paris. Une prestigieuse récompense même s'il faut toutefois avouer que cet incroyable délire morbide regorge de clichés et de personnages caricaturaux bien que l'on éprouve beaucoup de sympathie pour eux. Qui plus est, l'aspect cheap de certains effets-spéciaux (les guêpes géantes confectionnées en plastique, le coq en latex) témoigne d'un visuel obsolète quand bien même la simplicité de son scénario le confine au huis-clos inspiré de la Nuit des Morts-vivants. Mais alors qu'est-il passé par la tête des membres du jury parisien pour prôner une série B aussi saugrenue alors qu'une génération de cinéphiles continuent de l'applaudir ? C'est d'abord le concept du pitch délirant qui attise autant notre amusement que notre fascination car voir débouler devant nos yeux des animaux atteints de gigantisme après avoir ingurgité un produit toxique s'avère aussi enthousiasmant qu'incroyablement impressionnant. Oui mais alors comment peut-on croire à pareille situation improbable si les effets-spéciaux archaïques s'avèrent fauchés ? En faisant intervenir en second acte de véritables animaux, en l'occurrence notre rongeur quadrupède, le Rat ! Et de nous faire croire de sa taille disproportionnée par des procédés techniques assez efficaces. Et à ce niveau surréaliste, le divertissement fonctionne à plein régime ! 


    Et si à certains moments, on perçoit bien les maquettes d'une voiture, d'une maison ou d'une caravane afin de camoufler leur taille anormale, à d'autres situations, le réalisateur exploite des trucages autrement astucieux lorsqu'il combine dans le même cadre personnage et animal en situation d'affrontements ou de défense ! Ce réalisme parfois saisissant atteindra d'ailleurs son apogée lors de l'ultime assaut quand nos protagonistes sont réunis sur le toit d'une maison engloutie d'eau, quand bien même les rats tentent de s'agripper aux murs afin d'éviter la noyade. Si l'aspect sommaire de l'intrigue (un groupe de survivants se réunissent dans une ferme pour se protéger du danger et tenter de trouver des solutions de survie) et certaines situations incohérentes font un peu tâche (notamment certains rapports de discorde entre eux), le réalisateur parvient néanmoins à insuffler une vigoureuse efficacité, tout du moins durant une bonne moitié de métrage fertile en actions horrifiques. De par ces attaques récurrentes du rat contre l'homme faisant intervenir moult péripéties - surtout lorsque nos survivants sont séparés en groupe - alors qu'un leader courageux redouble de ruse pour essayer de les combattre (notamment le projet de faire exploser un barrage). En prime, le caractère sanglant des agressions ajoute une certaine intensité cruelle lorsque les victimes tentent vainement de se débattre contre l'animal. Le climat malsain, omniprésent, demeurant factuel, dérangeant, étrangement fascinant de voir débouler à l'écran l'improbable !


    Ainsi, sous couvert d'argument écolo militant contre les dangers de la pollution, Soudain... les Monstres y transcende une série B redoutablement fun, jubilatoire, fascinante, ludique dès que le rongeur entre en scène. D'autre part, il se dégage une réelle empathie auprès de la complicité amicale de nos protagonistes en proie à l'insensé, voire aussi à travers leur rapport de divergence rehaussé de l'amabilité de seconds couteaux bien connus des amateurs (Marjoe Gortner et Pamela Franklin pour ne citer que les plus illustres). Enfin, et en me répétant sciemment, ce divertissement typiquement bisseux tire évidemment  parti de son attraction et de sa puissance fascinatoire en la présence du rat comparable ici à une taille de sanglier afin d'y provoquer l'effroi. Et à ce niveau d'intensité formelle, cette formidable série B est à marquer d'une pierre blanche d'autant plus renforcée aujourd'hui de son aspect rétro bougrement sympathique. Une référence. 

    *Bruno
    02.05.24. 6èx. Vostfr

    RécompenseLicorne d'Or au Festival international du film Fantastique de Paris en 1977

      vendredi 22 août 2014

      NOS ETOILES CONTRAIRES (The Fault in Our Stars)

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site tfios-lovers.tumblr.com

      de Josh Boone. 2014. U.S.A. 2h06. Avec Shailene Woodley, Ansel Elgort, Nat Wolff, Willem Dafoe, Laura Dern, Sam Trammell, Lotte Verbeek.

      Sortie salles France: 20 Août 2014. U.S: 6 Juin 2014

      FILMOGRAPHIE: Josh Boone est un réalisateur et scénariste américain, né le 5 avril 1979 à Virginia Beach (Etats-Unis).
      2013: Stuck in Love. 2014: Nos Etoiles Contraires. 2014: Pretenders.


      Teen movie dramatique ciblant donc prioritairement le public adolescent, Nos Etoiles Contraires traite du thème grave et délicat de la maladie du cancer avec la légèreté de la comédie romantique. Dans le cadre d'une association de soutien pour les malades de tumeur, Hazel Grace fait la rencontre de Augustus Waters, à peine remis de son cancer. Entre eux va débuter une histoire d'amour passionnelle quand bien même la maladie peut les rattraper à tous moments ! 
      Afin d'éviter toute forme de misérabilisme, Josh Boone compte sur la fraîcheur spontanée des deux amants déployant une belle complicité dans leur relation amoureuse bâtie sur la confiance, la solidarité et l'espoir d'une potentielle guérison. Afin de dédramatiser leur situation de grabataire, ils s'échangent avec pragmatisme une verve pittoresque pour profiter du bonheur de l'instant présent.


      Jouant avec l'humour des situations de légèreté (notamment leur liaison amicale entretenue avec un jeune ado souffrant de cécité), Nos Etoiles Contraires réussit inévitablement à nous attendrir à travers leur tendre complicité tout en alternant avec des moments plus dramatiques lorsque le désespoir les rappellent à la raison d'une pathologie cruelle. Sur ce point, la difficile montée des marches d'Hazel pratiquée dans la demeure d'Anne Franck s'avère le moment le plus bouleversant dans sa sobriété requise, le réalisateur évitant d'appuyer sur la corde sensible de l'apitoiement. Alors que l'instant d'après, l'étreinte d'un baiser face à une foule attendrie va décrédibiliser d'un coup toute son intensité dramatique ! Durant plus de deux heures, c'est donc le quotidien d'Hazel et Augustus qui nous est décrit dans leur inlassable épreuve de survie, quand bien même le témoignage parental est également mis en valeur pour soutenir la jeune fille de son fardeau cancéreux. C'est à mi-parcours que le réalisateur souhaite subitement renverser les rôles (et relancer la machine à émotion !) puisqu'un évènement aléatoire va rappeler à l'ordre l'un des deux amants confronté à une irrémédiable injustice. Tragédie de la maladie et romance à l'eau de rose nous sont donc narrés avec la lourdeur de bons sentiments pour ébranler le spectateur et l'entraîner dans une dérive lacrymale qui en terrassera plus d'un. Cet abus de pathos et cette surdose d'effets larmoyants sont néanmoins palliés par la prestance naturelle des comédiens souvent épatants de charme et de spontanéité ! En particulier, l'étoile montante Shailense Woodley (inoubliable dans le magnifique The Spectacular Now !) endossant avec vérité humaine, fougue, bravoure mais aussi affliction une jeune malade en sursis !


      Inévitablement bouleversant, voir déchirant évoqueront les plus sensibles, Nos Etoiles Contraires ne manque pourtant pas d'humour, de tendresse et de vent de fraîcheur pour évoquer la maladie du cancer sans le cliché trivial du misérabilisme. Paradoxalement, le réalisateur se laisse pourtant voguer dans la facilité des bons sentiments en tirant complaisamment sur notre corde sensible. A l'instar de son final funéraire beaucoup trop surchargé en pathos dans ces allégations publiques ou à la lecture d'une lettre intime ! Mais que les fans de romance édulcorée se rassurent (en priorité les pré-pubères et adolescentes), le spectacle plein de charme en chavirera plus d'un dans sa spirale d'émotions rudes !

      Bruno Matéï


      jeudi 21 août 2014

      Dreamscape. Corbeau d'Or au Festival de Bruxelles, 1985

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

      de Joseph Ruben. 1984. U.S.A. 1h39. Avec Dennis Quaid, Max Von Sydow, Christopher Plummer, Eddie Albert, Kate Capshaw, David Patrick Kelly, George Wendt.

      Sortie salles France: 14 Juin 1985. U.S: 15 Août 1984

      FILMOGRAPHIE: Joseph Ruben est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né en 1951 à Briarcliff, Manor, New-York. 1974: The Sister-in-Law. 1976: Lâche-moi les baskets. 1977: Joyride. 1978: Our Winning Season. 1980: Gorp. 1984: Dreamscape. 1987: Le Beau-Père. 1989: Coupable Ressemblance. 1991: Les Nuits avec mon Ennemi. 1993: Le Bon Fils. 1995: Money Train. 1998: Loin du Paradis. 2004: Mémoire Effacée. 2013: Penthouse North.


      Sortie en salles à quelques mois d'intervalle des Griffes de la Nuit, Dreamscape empreinte la même thématique du rêve par le biais d'un télékinésiste prêtant main forte aux personnes souffrants de cauchemars pathologiques. Si bien qu'à l'aide d'un procédé scientifique révolutionnaire, Alex Gardner réussit à s'infiltrer dans le cerveau du patient pour le guérir de sa terreur nocturne. Recruté par le docteur Paul Novotny, il doit également se confronter à la rivalité d'un autre expert apte à pénétrer dans les rêves, Tommy Ray. Ce dernier étant complice d'une conspiration afin de nuire au président des Etats-Unis. Avec modestie, Joseph Ruben réalise ici une série B réjouissante de par son concept original d'interférence humaine au coeur du songe. Si la première demi-heure s'avère un peu trop sage en terme d'expérimentation (épauler un patient à retrouver sa libido sexuelle par ex !), la suite s'avère toujours plus stimulante lorsque Alex doit par exemple essayer de faire disparaître les cauchemars horrifiants d'un garçon perturbé. Ou pire encore, lorsqu'il doit tenter de protéger le président des Etats-Unis d'un assassinat prémédité quand bien même des tueurs sont lancés à ses trousses.


      Déployant non sans ironie nombres d'idées fantasques, comme celle de l'intrusion frauduleuse d'Alex au sein du sommeil de sa collègue pour exaucer un fantasme sexuel, Dreamscape profite également de son imagerie horrifico-fantastique par le biais de l'activité psychique. A l'instar d'une aventure trépidante, notre héros se retrouve donc plongé dans l'imaginaire du patient où n'importe quelle phobie surnaturelle puisse se matérialiser par auto-suggestion ! Si certains FX cheaps peuvent aujourd'hui prêter à sourire (les apparitions en stop motion du serpent géant !), le soin imparti aux décors de désolation permettent de nous immerger dans un univers post-apo plutôt photogénique. Alors qu'à d'autres moments, on se croirait plongé dans l'abysse d'une quatrième dimension (l'escalade d'un immense escalier dégingandé qu'Alex et l'enfant arpentent autour d'un néant opaque sans repère spatial !). Et pour corser l'intrigue et intensifier les situations de mise en péril, un antagoniste sans vergogne s'avère redoutablement insidieux pour parfaire ses ambitions meurtrières et provoquer son ennemi juré, Alex ! Qui plus est, l'idée géniale de pouvoir s'introduire dans le rêve d'un autre et assassiner le sujet durant son sommeil reste l'argument le plus jouissif, quand bien même un complot politique décuple l'enjeu d'une course contre la montre pour la sauvegarde du président.


      Entouré des solides prestances du sympathique Dennis Quaid et du génial gouailleur Janes DeVries que l'on adore détester, mais aussi d'éminents seconds-rôles au charisme burriné (Christopher Plummer, Max Von Sydow), sans compter la voluptueuse Kate Capshaw, Dreamscape est une sympathique série B à travers son alliage de fantastique, d'humour, de romance, d'action et d'espionnage politique. Il y émane un spectacle davantage captivant auprès de ces enjeux stratégiques, d'autant plus sobre et jamais ostentatoire qu'il exploite intelligemment un scénario retors ! 

      Récompense: Corbeau d'Or au Festival International du Film Fantastique de Bruxelles, 1985

      *Bruno
      26.01.23. 4èx

      mardi 19 août 2014

      Birdy. Grand Prix du Jury, Cannes 85.

                                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site listal.com

      d'Alan Parker. 1984. U.S.A. 2h00. Avec Nicolas Cage, Matthew Modine, John Harkins, Sandy Baron, Karen Young, Bruno Kirby.

      Sortie salles France: 22 Mai 1985. U.S: 21 Décembre 1984

      Récompenses: Grand Prix du Jury, Cannes 1985
      Prix du Public au Festival International du film de Varsovie, 1987
      Top Ten Films: National Board of Review Awards, 1984

      FILMOGRAPHIE: Alan Parker, né Alan William Parker le 14 Février 1944 à Islington, Londres, est un réalisateur, compositeur, scénariste et producteur anglais. 1975: The Evacuees (télé-film). 1976: Bugsy Malone. 1978: Midnight Express. 1980: Fame. 1982: l'Usure du Temps. 1982: Pink Floyd the Wall. 1984: Birdy. 1987: Angel Heart. 1988: Mississippi Burning. 1990: Bienvenue au Paradis. 1991: The Commitments. 1994: Aux bons soins du Dr Kellogg. 1996: Evita. 1999: Les Cendres d'Angela. 2003: La Vie de David Gale.


      Tiré du roman de William Wharton, ancien vétéran américain de la seconde guerre mondiale, Birdy, le film, se permet d'en modifier le contexte historique pour le déplacer à l'époque des années 60, décennie lourdement compromise par le conflit Vietnamien. Synopsis: Après avoir été gravement blessé au visage par un bombardement, Al Columbato retourne dans son pays et rejoint son ami d'enfance, Birdy. Placé à l'hôpital car profondément marqué par la guerre, il s'est résigné à rester dans le mutisme pour fuir la réalité. Avant d'être prochainement muté dans un institut psychiatrique, Al tente en dernier ressort de le ramener à la raison. Si Alan Parker nous ébranla déjà avec l'inoubliable drame carcéral, Midnight Express et le trip clippesque, Pink Floyd the wall, Birdy marqua également de son empreinte le spectateur happé par la puissance de son intensité émotionnelle. 


      Hymne à la liberté, réquisitoire contre le traumatisme de la guerre, plaidoyer pour le droit à la différence, Birdy est un poème universel sur la quête éperdue d'un monde idéaliste. Car à travers la passion obsessionnelle d'un adolescent féru de volatiles lui même destiné à voler de ses propres ailes, Birdy nous démontre à quel point l'univers qui nous entoure peut s'avérer lâche et cruel chez les êtres les plus candides. C'est ce que nous illustre Alan Parker avec souci d'humanisme à travers le portrait de deux amis indéfectibles prochainement désunis pour rejoindre les troupes américaines et perdre leur innocence. Alternant flash-back de leurs 400 coups et présent d'une triste réalité (celle de leur traumatisme psychologique post-vietnam, quand bien même Al tente par tous les moyens de sauver de la démence son camarade), Birdy bouscule nos émotions de par la description documentée d'une passion (trop) dévorante (celle des volatiles et de se confondre dans leur existence au point d'envisager de véritablement voler !). Ainsi, à travers la séparation amicale de Birdy et d'Al recrutés en soldat, la guerre du Vietnam est aussi là pour nous rappeler qu'elle priva de leur liberté et de leur rêve des milliers de jeunes recrues non préparés à combattre au front pour s'y sacrifier. Outre sa réflexion sur la passion pouvant engendrer chez les esprits les plus introvertis un trouble de personnalité, Birdy transcende une magnifique histoire d'amitié inscrite dans la fidélité. Car leur cohésion bâtie sur la confiance, la tolérance et le respect est également un espoir afin de ramener à la raison Birdy prisonnier de sa déchéance mentale ! 


      Soutenu de la partition sensitive de Peter Gabriel transcendant une intensité émotionnelle ingérable, et endossé par deux illustres comédiens criants de vérité humaine, Birdy est un grand moment de cinéma lyrique ! Un chef-d'oeuvre de fragilité touché par la grâce d'un onirisme prude. Celui de fantasmer un idéal de liberté épargnée de toute souffrance, en accord avec l'harmonie de la nature et de la cause animale ! Inoubliable est un euphémisme si bien que Birdy est le crève-coeur d'une rédemption amicale même si l'ironie finale du saut de l'ange nous rappelle à notre réalité quotidienne ! 

      A mon ami de coeur Pascal Clabaut.

      Dédicace à Daniel Aprin

      Bruno Matéï
      3èx