Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com
de David Michôd. 2014. Australie. 1h42. Avec Guy Pearce, Robert Pattinson, Scoot McNairy, Susan Prior, Anthony Hayes, David Field, Jamie Fallon.
Sortie salles France: 4 Juin 2014. U.S: 20 Juin 2014
FILMOGRAPHIE: David Michôd est un réalisateur australien.
2010: Animal Kingdom. 2014: The Rover.
Après s'être fait révélé par Animal Kingdom, un premier film déjà bien maîtrisé, le cinéaste australien David Michôd nous revient 4 ans plus tard avec un western post-apo sortant des sentiers battus. The Rover s'improvisant en odyssée funèbre que deux anti-héros vont parcourir à travers les étendues désertiques de l'Australie. Alors qu'il vient de se faire dérober sa voiture par un trio de malfrats, Eric n'a comme unique ambition de récupérer son bien, quand bien même au fil de son périple il rencontre l'un des frères du gang, Reynolds, grièvement blessé. Senti trahi, ce dernier décide de faire équipe avec l'inconnu pour l'aider à récupérer son véhicule et mettre la main sur son frangin. Oeuvre atypique baignant dans un climat de désolation cafardeux, The Rover nous plonge au sein d'un univers dystopique 10 ans après l'écroulement de l'Australie. C'est ce que nous annonce le générique d'ouverture sans savoir précisément ce qui a pu engendrer une situation économique aussi déplorable. Car dans cette contrée solaire en décrépitude, une poignée de survivants tentent encore de s'y faire une place quand bien même l'armée perpétue quelques missions afin de dénicher les malfrats les plus dangereux.
Outre son climat morose particulièrement palpable et la dissonance de sa partition inquiétante, The Rover frappe d'emblée par l'attitude ambiguë des protagonistes. Le cinéaste nous caractérisant des marginaux le plus souvent sans vergogne car livrés à leur indépendance et déshumanisés de leur existence miséreuse où l'engrenage de la violence leur portera de lourdes conséquences. A l'instar de notre anti-héros principal décrit comme un solitaire inflexible à l'agressivité incontrôlée car sévèrement marqué par un passé tragique. Son seul point d'attache, sa voiture qu'un trio a malencontreusement volé après l'embardée de leur camion. On est d'autant plus interloqué par l'immoralité d'Eric à assassiner froidement certains innocents pour la quête dérisoire d'un véhicule à essence. Spoiler !!! Néanmoins, son bien matériel nous révélera au final un secret d'ordre affectif qu'il s'était résigné à récupérer afin de respecter une tâche. Fin du Spoiler. Avec l'intervention de Reynolds, un jeune adulte influent quelque peu déficient, Eric va réapprendre à le considérer, à lui trouver un regain d'empathie au fil de leurs confidences et de leur relation compromises par les ripostes ennemies. Contraints de s'entraider au sein de ce no man's land primitif, Eric improvise la figure paternelle pour soutenir la fragilité de Reynolds mais se dirigent d'un pas hésitant vers une destinée tragique par leur raisonnement vindicatif. Avec son scénario déroutant multipliant les situations impromptues d'altercations sanglantes envers rivaux sans vocation, The Rover sème la paranoïa et la désillusion jusqu'à l'apogée d'une confrontation dérisoire Spoiler !!! (la culpabilité d'Eric laissant transparaître en désespoir de cause une larme de remord !) Fin du Spoiler.
A History of Violence
Avec la prestance intense d'un duo d'acteurs burinés (en démarche de fantôme errant, Guy Pearce hypnotise l'écran d'un regard frigide, quand bien même Robert Pattinson, quasi méconnaissable, époustouffle dans sa fragilité de gamin désorienté), The Rover inflige la sinistrose d'une dystopie avec une dimension atmosphérique prégnante. Par le biais d'un schéma narratif complètement aléatoire, il ne cesse de dérouter et de surprendre pour mettre en exergue la responsabilité de la violence engendrant un règlement de compte irascible où l'innocence paiera une fois de plus le lourd tribut.
Bruno Matéï
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