lundi 22 août 2016

GREYSTOKE, LA LEGENDE DE TARZAN

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com 

"Greystoke: The Legend of Tarzan, Lord of the Apes" de Hugh Hudson. 1984. Angleterre. 2h15. Avec Christophe Lambert, Ralph Richardson, Ian Holm, James Fox, Andie MacDowell, Cheryl Campbell, Ian Charleson, Nigel Davenport.

Sortie salles France: 3 Octobre 1984. U.S: 30 Mars 1984

FILMOGRAPHIEHugh Hudson est un réalisateur britannique né le 25 août 1936 à Londres.
1981 : Les Chariots de feu. 1984 : Greystoke, la légende de Tarzan. 1985 : Révolution. 1989 : Le Carrefour des Innocents. 1995 : Lumière et Compagnie (Doc). 1999 : My Life So Far. 2000 : Je rêvais de l'Afrique. 2016: Altamira.


Hymne à la vie, à la faune et à la flore dans son cadre le plus humble et authentique, Greystoke, la Légende de Tarzan transcende toutes les versions portées à l'écran d'après le célèbre roman d'Edgar Rice Burroughs. A contre-emploi d'une lignée de divertissements de séries B immortalisées par l'acteur Johnny Weissmuler, Greystoke imprime avec sa mise en scène classieuse une aventure flamboyante sous l'impulsion d'un souffle romanesque tantôt bouleversant. Si la première partie épique condense en 50 minutes la jeunesse primitive de notre héros éduqué par les singes en forêt africaine, le second acte plus grave bifurque vers le drame existentiel lorsque John Clayton est accueilli dans la riche propriété de son grand-père aristocrate.


Outre sa petite romance partagée avec Miss Jane Porter et sa grande amitié nouée avec Philippe D'Arnot, John s'efforce de trouver un centre d'intérêt à sa nouvelle condition humaine depuis le comportement matérialiste de l'homme esclave de son confort. Réflexion sur notre cupidité humaine à cultiver le profit sous toutes ses coutures et en exploitant les plus faibles, Greystoke se porte également garant de la cause animale lorsque la haute bourgeoisie se soumet d'empailler des animaux pour les exhiber fièrement dans leurs musées d'histoire. Irrespectueux et meurtrier envers l'animal, l'homme moderne se dévoile sous les yeux de Greystoke comme un charlatan mégalo dénué de sens moral. Au-delà des comédiens notoires issus de l'ancienne (Ralph Richardson; Ian Holm) et la nouvelle génération (la sémillante Andie MacDowell du haut de ses 26 ans !), Christophe Lambert constitue LA révélation du film tant celui-ci parvient à donner chair à l'homme-singe avec une vérité humaine aussi vibrante que bouleversante. Tant pour son talent du mimétisme primal que de son expressivité mélancolique à travers la chaleur de son regard candide.


Avec ses décors grandioses de forestation sauvage et l'architecture baroque d'un royaume monarque; Greystoke établit un saisissant contraste entre l'ancienne et notre nouvelle civilisation. A travers le témoignage candide d'un homme singe pétri de valeurs et déférence pour sa famille (celle des primates), Greystoke tend à faire écho à la citation de Ghandi ("on reconnait la grandeur d'une nation à la manière dont elle traite les animaux") pour fustiger la cruauté de l'homme moderne envers son descendant. Une oeuvre magnifique émaillée d'intenses fragments dramatiques sous l'impulsion lyrique du thème classique de John Scott et du jeu viscéral de Christophe Lambert.  

B-M. 3èx

vendredi 19 août 2016

LA MOUCHE NOIRE

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site alamy.com

"The Fly" de Kurt Neumann. 1958. U.S.A. 1h35. Avec Vincent Price, David Hedison, Patricia Owens, Herbert Marshall, Charles Herbert, Kathleen Freeman.

Sortie salles: 29 Août 1958

FILMOGRAPHIE: Kurt Neumann est un réalisateur, producteur et scénariste américain d'origine allemande, né le 5 Avril 1908 à Nuremberg, décédé le 21 Août 1958. 1932: Mon copain le roi. 1935: Solitude. 1937: Espionage. 1939: Island of lost men. 1945: Tarzan et les amazones. 1946 : Tarzan et la Femme léopard. 1947: Tarzan et la Chasseresse. 1950 : Le Kid du Texas. 1950 : Vingt-quatre heures chez les Martiens. 1952: Le Fils d'Ali Baba. 1956: L'Attaque du Fort Douglas. 1958: La Mouche Noire. 1958 : Machete. 1959 : Watusi. 1959 : Counterplot.


Bien avant le chef-d'oeuvre bouleversant de Cronenberg, Kurt Neumann s'était approprié en 1958 de la nouvelle de George Langelaan pour transposer à l'écran les expériences amorales d'un scientifique convaincu de pouvoir sauver le monde de la famine et de la pollution grâce à un désintégrateur ! Ou plus communément appelé de nos jours "téléportation" dans le but de substituer nos traditionnels moyens de locomotion. Après avoir tenté l'expérience sur un chat (désintégré dans l'espace !) et un cochon d'Inde, il décide de servir de cobaye afin de parfaire son ambition et la promulguer au monde. Seulement, au moment d'entrer dans la machine, une mouche s'y est incidemment invitée ! La suite, vous la connaissez, du moins pour ceux ayant déjà découvert la version (organique) de Cronenberg. Ce pitch aussi improbable que débridé, Kurt Neumann nous le conte avec souci informatif par l'entremise d'un long flash-back.


L'épouse du savant ayant été contrainte de le sacrifier selon sa dernière volonté, elle finit par se confesser à la police afin de leur expliquer les conséquences tragiques de l'invention. De par la spontanéité des comédiens aussi rigoureux dans leur émoi et désarroi et sa structure narrative militant la suggestion en retardant au possible l'effet de surprise d'une vision d'effroi, La Mouche Noire nous plonge dans une intrigue ombrageuse où le suspense maintient l'attention. Le savant ayant durant la quasi totalité du métrage un drap noir sur la tête afin de préserver à son épouse son horrible métamorphose, nous nous amusons de notre curiosité voyeuriste sous le joug de l'expectative. Bien que les effets-cheaps feront aujourd'hui sourire le public, la posture aussi convaincante qu'attachante de chacun des interprètes parviennent à les transcender si bien que nous croyons à l'infortune de ce scientifique davantage gagné par la déroute alors que son épouse bouleversée tente vainement de le rassurer. Outre l'aspect captivant de sa narration convergeant à une issue dramatique, on se surprend également de la tournure délirante d'une "chasse à mouche blanche" que nos héros effectuent à perdre haleine dans la maison et le jardin (lors de la transmission de matière, la tête humaine du savant fut transplantée sur l'insecte aujourd'hui en liberté !).


Intriguant, délirant et cauchemardesque (à l'instar de son point d'orgue anthologique d'une cruauté viscérale encore perturbante !), La Mouche Noire continue de perdurer son petit pouvoir de fascination sous l'impulsion de comédiens loquaces (notamment Vincent Price dans un second rôle avenant !) et d'une efficacité narrative signalant en sous texte les dérives technologiques. A redécouvrir avec un oeil aussi distrait que diligent !

B-M. 3èx

jeudi 18 août 2016

POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site actionmovie.kronosline.com 

"Per un pugno di dollari" de Sergio Leone. 1964. Italie. 1h36. Avec Clint Eastwood, Gian Maria Volontè, Sieghardt Rupp, Wolfgang Lukschy, Marianne Koch, José Calvo, Joseph Egger, Antonio Prieto.

Sortie salles France: 16 Mars 1966. Italie: 12 Septembre 1964.

FILMOGRAPHIE: Sergio Leone est un réalisateur, scénariste et producteur italien, né le 3 Janvier 1929 à Rome, décédé le 30 Avril 1989.
1959: Les Derniers Jours de Pompéi, 1960: Sodome et Gomorrhe, 1961: Le Colosse de Rhodes, 1964: Pour une poignée de Dollars, 1965: Et pour quelques Dollars de plus, 1966: Le Bon, la Brute et le Truand, 1968: Il Etait une fois dans l'Ouest, 1971: Il était une fois la Révolution, 1973: Mon Nom est Personne (co-réalisé avec Tonino Valerii), 1975: Un Génie, deux Associés, une Cloche (co-réalisé avec Damiano Damiani), 1984: Il Etait une fois en Amérique, 1989: Les 900 jours de Leningrad (inachevé).


Succès international célébrant l'avènement du Western Spaghetti,  Pour une poignée de dollars fut sifflé par les critiques françaises de l'époque lui reprochant sans doute sa violence et son sadisme au sein d'un climat poisseux de dégénérescence immorale. A l'instar du massacre lâchement perpétré par Ramon et ses sbires contre les Baxter ou lors de leur passage à tabac infligé sur l'homme sans nom. S'inspirant d'un classique d'Akira Kurosawa, Yojimbo, Pour une poignée de dollars dépeint avec stylisme singulier (entendez par là, pour le genre !) la confrontation ardue entre deux clans de contrebandiers quand bien même un étranger américain viendra s'immiscer entre eux pour y semer la zizanie et réparer justice auprès de la population et du gouvernement.


Dans un rôle taillé sur mesure, Clint Eastwood crève l'écran dans sa carrure placide de redresseur de tort inscrit dans la loyauté et la bravoure. Nanti d'un charisme viril à travers l'intensité d'un regard reptilien, il magnétise ses rivaux lors de duels déjà emphatiques (zooms sur les regards en sueur, plans larges et iconiques de tronches insalubres aux yeux perçants) que Sergio Leone peaufinera avec d'autres westerns plus emblématiques (Et pour quelques dollars de plus, Il était une fois la Révolution, Le Bon, la Brute et le Truand et surtout le légendaire et inoxydable Il Etait une fois dans l'Ouest). Dosant efficacement humour noir, drame et action sous l'impulsion de subterfuges qu'exécute en catimini l'Etranger, Pour une poignée de dollars enchaîne les attaques et contre-attaques entre clans avant que ces derniers ne cernent la cause de leur discorde. Fort d'une violence réaliste inhabituelle pour le genre, et outre sa galerie de trognes burinées que les seconds-rôles se partagent de façon viciée, la présence cynique de Gian Maria Volontè renforce à merveille le climat putassier du cadre asséché de l'action ! Littéralement habité par sa prestance impudente, l'acteur se prête au jeu du leader sans vergogne avec une expressivité sadique. Outre le soin imparti à la structure narrative et à l'esthétisme vétuste du climat de désolation (photo sépia à l'appui), Sergio Leone convoque également le maestrio Ennio Morricone pour parfaire l'émotion des enjeux humains. Ce dernier composant avec une ambition sans retenue diverses mélodies par l'entremise d'un lyrisme tantôt solennel, tantôt enjoué.


Bien que Pour une poignée de dollars s'avère le western spaghetti le moins réussi de sa filmographie, Sergio Leone est tout de même parvenu avec ce premier essai à créer et imposer son style si bien que les duels archétypaux qui empiètent parfois l'intrigue font déjà preuve d'une vibrante intensité émotionnelle ! Un classique du genre avant-gardiste dont les effluves du temps ne semblent avoir aucune emprise.  

B-M

mercredi 17 août 2016

IN THE DEEP / 47 METERS DOWN

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Johannes Roberts. 2016. U.S.A. 1h29. Avec Matthew Modine, Mandy Moore, Claire Holt, Santiago Segura, Yani Gellman, Chris J. Johnson, Axel Mansilla.

Inédit en salles en France. Sortie Dtv France: 28 Septembre 2017

FILMOGRAPHIE: Johanne Roberts est un réalisateur, producteur, scénariste américain, né le 24 Mai 1976 à Cambridge. 2016: In the Deep. 2016 The Door. 2012 Storage 24. 2011 Roadkill (TV Movie). 2010: F.  2005 Forest of the Damned. 2004 Darkhunters. 2004: Hellbreeder. 2002/II Alice. 2001: Sanitarium (Video).


Uniquement disponible en Dtv sur notre territoire, In the Deep emprunte la démarche modeste d'une série B pour exploiter à nouveau la peur du requin. En villégiature au Mexique, deux soeurs décident de partir en croisière avec des inconnus rencontrés la veille d'une soirée festive. Pour contempler d'un peu plus près les requins, ces derniers les sollicitent à descendre au fond de l'océan à l'aide d'une cage d'observation. Mais un incident technique contraint les plongeuses à y rester embrigadées en attendant les secours. Alors que les requins sont à l'affût, leur masque de plongée commence à manquer d'oxygène. Sous le principe du survival tendu et oppressant, Johanne roberts surprend habilement dans sa capacité à décupler les situations de danger sans faire preuve d'esbroufe. Si les dix premières minutes présagent le pire dans ses clichés éculés (le dépit amoureux que l'une des héroïnes éprouve, la fiesta arrosée qui s'ensuit pour opérer le deuil), la suite embraye rapidement vers des enjeux de survie à couper le souffle (au sens littéral du terme !).


Fort d'une idée aussi ingénieuse que singulière (embrigader deux plongeuses dans une cage d'acier à plus de 50 mètres de profondeur alors que des requins accourent !), le réalisateur s'avère redoutablement inspiré pour faire monter la pression anxiogène d'une menace binaire (celle des requins et de l'oxygène en instance de ravitaillement). Qui plus est, l'utilisation d'authentiques requins à l'écran nous immerge dans l'action avec un réalisme cauchemardesque ! Nos deux héroïnes démunies s'efforçant de se triturer les méninges afin de solutionner leur espoir d'évasion tout en redoublant de vigilance pour l'hostilité des squales. Véritable descente aux enfers marins, In the Deep dépayse en diable afin d'extérioriser une angoisse viscérale permanente lorsque nos survivantes s'efforcent de s'épauler et de relever les défis avec une stoïcité teintée de désespoir. Spoiler ! Ces dernières s'évertuant à moult reprises à s'extirper de leur geôle pour ratisser quelques mètres de hauteur afin de communiquer aux matelots leur pourcentage (déclinant) d'oxygène ! Fin du Spoiler. En maintenant une perpétuelle pression durant leur épreuve de force (notamment ce risque d'azote contracté dans le sang causant ainsi des hallucinations), Johanne Roberts pousse le vice jusqu'au bout pour culminer vers un final couillu aussi palpitant qu'escarpé (au risque de déconcerter une partie du public).


Filmant l'immensité de l'océan comme un enfer aquatique privé de tous repères, In the Deep immerge de plein fouet le spectateur dans une épreuve de survie aussi haletante que suffocante. Exploitant intelligemment son concept original d'embrigadement restreint à l'intérieur même d'un grand bleu sans échappatoire, Johanne Roberts recourt à un réalisme acerbe pour osciller angoisse et terreur sous l'impulsion solidaire d'héroïnes en perdition (sobre talent des comédiennes fondé sur une expression viscérale ). Une excellente petite surprise donc que les amateurs de requins-tueurs auraient tort de zapper !

B-M

mardi 16 août 2016

JACK L'EVENTREUR

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site alchetron.com

"Jack the Ripper" de Robert S. Baker et Monty Berman. 1959. Angleterre. 1h24. Avec Lee Patterson, Eddie Byrne, Betty McDowall, Ewen Solon, John Le Mesurier, Garard Green.

Sortie salles France: 10 Août 1960

FILMOGRAPHIE:  Robert S. Baker est un producteur, réalisateur et directeur photo britannique né le 17 octobre 1916 et mort le 30 septembre 2009.
1949 : Melody Club co-réalisé avec Monty Berman. 1950 : Blackout. 1952 : 13 East Street. 1953 : The Steel Key. 1956 : L'ennemi invisible. 1959 : Jack l'Éventeur co-réalisé avec Monty Berman. 1960 : The Siege of Sidney Street co-réalisé avec Monty Berman. 1961 : Les Chevaliers du démon co-réalisé avec Monty Berman. 1961 : Le Secret de Monte Cristo co-réalisé avec Monty Berman.
Monty Berman est un producteur, réalisateur et directeur photo britannique né le 26 mars 1905 et mort le 14 juin 2006. 1959 : Jack l'Éventeur coréalisé avec Robert S. Baker. 1961 : Les Chevaliers du démon (The Hellfire Club) coréalisé avec Robert S. Baker. 1961: Le Secret de Monte Cristo.


Alors qu'ils venaient de produire la même année le chef-d'oeuvre de John Gilling, l'Impasse aux Violences, Robert S. Baker et Monty Berman repassent derrière la caméra pour mettre en scène les exactions d'un des plus illustres serial-killers de l'histoire criminelle, Jack l'Eventreur ! Filmé dans un noir et blanc sépulcrale, cette réactualisation surprend de prime abord par sa violence réaliste (son prélude aussi angoissant que percutant !) même si le contre-champ est de rigueur. De par les expressions de terreur que les victimes laissent en exergue sur leur visage et la manière âpre, cinglante, impassible dont le tueur fait preuve pour les trucider ! En se replaçant dans le contexte de l'époque, on se surprend encore aujourd'hui de l'aspect cru des mises à mort quand bien même les auteurs parviennent à écarter le racolage parmi l'effet de suggestion ! Le stylisme imparti aux cadrages obliques lorsque le tueur passe à l'action insufflant en outre une étonnante modernité à la réalisation.  On se surprend aussi du brio d'une direction d'acteurs très expressifs dans leur posture autoritaire (le personnel policier, le gérant de l'hôpital, le directeur du cabaret) ou lubrique (les prostituées ainsi qu'une novice fragile aussi influençable que vulnérable).



Jack l'Eventreur, tueur misogyne adepte du scalpel s'en prend donc aux prostituées du quartier populaire de Whitechapel en cette époque victorienne. Mais juste avant de perpétrer son rituel morbide, une question est proférée à chacune des victimes ! Etes-vous Mary Clarke ? Répondant par la négation, elles finissent étranglées, égorgées ou éventrées dans les rues les plus malfamées du quartier. Alors que la populace sombre rapidement dans une paranoïa collective depuis l'incompétence de la police, l'inspecteur O'Neill tente d'élucider l'affaire avec l'appui de sa compagne Anne Ford. A partir d'une trame convenue, le duo Baker/Berman parvient à renouveler l'intérêt des exactions de Jack l'Eventreur grâce à l'audace de sa résolution criminelle (que seul le spectateur connaîtra !) et à l'identité de l'assassin divulguée en toute dernière partie. Outre son effet de surprise imparti aux tenants et aboutissants de ce dernier, Jack l'Eventreur fascine irrémédiablement grâce à la maîtrise d'une réalisation s'efforçant de rendre le plus réaliste possible une situation de crise rendue ingérable parmi les mentalités archaïques. A l'instar de la posture irascible d'un magistrat trop imbu de sa personne pour se juger de son incompétence ou celle décervelée des habitants de Whitechapel proclamant la loi du talion de la manière la plus expéditive. Ce climat de paranoïa populaire, cette décadence humaine (la clientèle dépravée du cabaret) et cette appréhension permanente du danger sont rehaussés d'une atmosphère diaphane d'un Whitechapel enveloppé de brouillard.


Affichant modernité technique, audace conceptuelle et efficacité narrative afin de dépoussiérer les exactions sordides du tueur sous le ressort d'un réalisme étonnamment malsain (en tenant compte également du contexte de l'époque), Jack l'Eventreur fascine par son climat vénéneusement pervers ! Un authentique classique d'une horreur rétro délicieusement sulfureuse alors que le hors-champ est toujours de mise ! 

B-M. 4èx

lundi 15 août 2016

THE WAVE

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com 

"Bølgen" de Roar Uthaug. 2015. 1h44. Norvège. Avec Kristoffer Joner, Thomas Bo Larsen, Fridtjov Såheim, Ane Dahl Torp, Jonas Hoff Oftebro, Edith Haagenrud-Sande, Arthur Berning

Sortie salles France: 27 Juillet 2016. Norvège: 28 Août 2015.

FILMOGRAPHIERoar Uthaug est un réalisateur, scénariste et producteur norvégien, né le 25 août 1973 à Lørenskog dans le comté d'Akershus. 2006: Cold Prey. 2008: Cold Prey 2. 2009: Le Secret de la montagne bleue. 2012: Dagmar : L'Âme des vikings. 2012: The Wave. 2018: Tomb Raider.


S'étant fait connaître auprès du public français grâce à de sympathiques séries B plutôt bien torchées (Cold Prey 1 et 2, Dagmar), le réalisateur norvégien Roar Uthaug semble s'essayer à tous les genres si on en juge son dernier-né, The Wave. Surfant sur le genre catastrophe sans faire preuve d'esbroufe et encore moins de surenchère, Roar Uthaug exploite la menace d'un Tsunami en plein coeur d'une vallée norvégienne. Après l'éboulement d'une montagne dans un lac, un père de famille tente désespérément de retrouver les siens au milieu des décombres. Situés à l'autre bout du hameau, sa femme et son fils sont parvenus à s'isoler avec un survivant dans le sous-sol d'un hôtel en dépit de la montée des eaux. Un pitch simpliste, éculé, sans surprise que le cinéaste exploite néanmoins avec une évidente efficacité. De par les situations de survie que nos protagonistes sont contraints de surpasser en se disputant leurs sentiments de vaillance et de désespoir, et les tentatives de sauvetage de dernier ressort.


Focalisant l'essentiel de l'intrigue sur la cohésion familiale du géologue Kristian Eikjord, Roar Uthaug parvient à nous attacher à leur caractérisation démunie sous l'impulsion de comédiens modestement expansifs. Sa facture série B de souche norvégienne ajoutant au charme de l'entreprise si bien que les interprètes s'avèrent inconnus du public français. Suspense, tension, asphyxie (la claustration en apnée de la mère et du fils) se chevauchent donc avec assez de succès pour nous impliquer émotionnellement à la précarité des protagonistes en porte-à-faux. Quand à la séquence catastrophe aussi escomptée que redoutée, le cinéaste mise sur la qualité d'effets spéciaux numériques et l'habileté du découpage pour provoquer l'effroi, notamment en insistant sur l'affolement d'une foule de masse après leur départ furtif en véhicule ! Sous le pilier de quelques séquences spectaculaires très convaincantes, The Wave s'inscrit donc dans une logique de réalisme plutôt que d'exploiter tous azimuts des séquences racoleuses aussi vaines que gratuites (remembre 2012 !). Au-delà de la fulgurance graphique impactée par le Tsunami, Roar Uthaux met également en lumière (crépusculaire) des images de cauchemars sitôt la résultante du chaos ! A l'instar des déambulations nocturnes de notre héros serpentant les chemins de traverse au sein de carcasses de voitures et de cadavres.


Sans aucune prétention puisque refusant de céder à la facilité d'une action redondante, Roar Uthaux respecte le cahier des charges du genre en n'oubliant jamais de faire vivre ses personnages d'un humanisme fébrile. Un sympathique divertissement un peu plus convaincant que les produits standards du Blockbuster ricain.    

B-M

Récompenses: Kosmorama, Festival du film international de Trondheim 2016 :
Meilleur montage pour Christian Siebenherz
Meilleure production pour Martin Sundland et Are Heidenstrom
Meilleur acteur dans un second rôle pour Kristoffer Joner

vendredi 12 août 2016

La Louve Sanguinaire / la louve se déchaîne / La Lupa Mannara

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site todoelterrordelmundo.blogspot.com

de  Rino Di Silvestro. 1976. Italie. 1h39. Avec Annick Borel, Frederick Stafford, Howard Ross, Tino Carraro, Andrea Scotti, Elio Zamuto, Dagmar Lassander, Ollie Reynolds, Karen Carter.

Sortie salles France: 1982 (Int - 18 ans). Italie: 18 Mars 1976

FILMOGRAPHIE: Rino Di Silvestro (1932-2009) est un réalisateur, scénariste et acteur italien. 1985: Les nuits chaudes de Cléopâtre. 1984 À seize ans dans l'enfer d'Amsterdam. 1980 Bello di mamma. 1979 Baby Love. 1976 Les déportées de la section spéciale SS. 1976 La louve sanguinaire. 1974 Prostituzione. 1973 La vie sexuelle dans une prison de femmes.


Plus connu auprès des fantasticophiles lors de son exploitation en Vhs sous la bannière Super Video Production, la Louve Sanguinaire fait office d'ovni dans son alliage d'horreur gothique, d'érotisme racoleur et de Rape and Revenge. Typiquement transalpin de par l'illustration des meurtres graphiques, La Louve Sanguinaire baigne dans une ambiance macabre aussi trouble que malsaine, et ce, en dépit d'un scénario itératif plutôt prévisible mais jamais ennuyeux. Le PitchHantée par des cauchemars nocturnes horrifiants, Daniella s'imagine lycanthrope les soirs de pleine lune à moins qu'elle ne soit la véritable réincarnation d'une ancêtre sacrifiée sur le bûcher il y a de cela 200 ans. Depuis l'arrivée de sa soeur et de son nouvel amant au domicile paternel, Daniella épie jalousement leurs ébats sexuels nocturnes. Souffrant de sexophobie depuis son agression brutale à l'âge de 15 ans, elle finit par se laisser influencer par des pulsions meurtrières incontrôlées. 


Empruntant la thématique du loup-garou chez un sujet féminin (un parti-pris identitaire rarement abordé dans le genre), la Louve Sanguinaire s'imprègne d'un climat onirico-macabre singulier si bien que le réalisateur issu de l'écurie Bis accumule sans relâche des séquences d'érotisme polisson et de gore outrancier (zoom grossier à l'appui façon Fulci !). L'ambiance d'étrangeté qui en émane (à l'instar du climat blafard et feutré régi en interne de l'hôpital parmi le témoignage d'une patiente nympho), sa partition musicale quelque peu envoûtée et surtout le jeu inquiétant de l'actrice Annick Borel, gesticulant et vociférant des insanités telle une possédée, instaurent une aura quasi ineffable au fil d'une narration fustigeant la gente masculine. Les mâles étant pour la plupart réduits ici à des phallocrates férus de luxure lorsque Daniella les séduit dans son plus simple appareil. Physiquement molestée après s'être laissée aguichée, celle-ci finit par s'adonner à une riposte primitive depuis la hantise de son agression infantile et de ses visions de sorcière lycanthrope. Seul, un cascadeur philanthrope lui invoquera amour et déférence lors d'un dernier acte encore plus baroque et déroutant qu'au préalable. Car empruntant la démarche du Rape and Revenge au sein du cadre fictif d'un décor de cinéma (un village western), La louve Sanguinaire renchérit dans la violence crue (la séquence scabreuse du viol et le meurtre qui s'ensuit) après nous avoir dupé avec la passion des sentiments et avant de nous dérouter lors d'un épilogue aussi banal qu'à nouveau insolite.


Série B d'exploitation surlignant sans modération la dérive schizophrène d'une féministe sexuellement refoulée car traumatisée par un viol, La Louve Sanguinaire cultive un jeu de provocations putassières comme seuls les italiens ont le secret. A mi-chemin entre l'érotisme et l'épouvante ostentatoires, cette curiosité émaillée de détails saugrenus est à prescrire aux inconditionnels si bien que son ambiance baroque parvient fréquemment à nous ensorceler sous l'impulsion névralgique de l'étonnante Annick Borel habitée par ses pulsions désaxées. A découvrir. 

*Bruno. 4èx
03.11.23. Version Italienne stfr