Photo empruntée sur Google, appartenant au site alamy.com
"The Fly" de Kurt Neumann. 1958. U.S.A. 1h35. Avec Vincent Price, David Hedison, Patricia Owens, Herbert Marshall, Charles Herbert, Kathleen Freeman.
Sortie salles: 29 Août 1958
FILMOGRAPHIE: Kurt Neumann est un réalisateur, producteur et scénariste américain d'origine allemande, né le 5 Avril 1908 à Nuremberg, décédé le 21 Août 1958. 1932: Mon copain le roi. 1935: Solitude. 1937: Espionage. 1939: Island of lost men. 1945: Tarzan et les amazones. 1946 : Tarzan et la Femme léopard. 1947: Tarzan et la Chasseresse. 1950 : Le Kid du Texas. 1950 : Vingt-quatre heures chez les Martiens. 1952: Le Fils d'Ali Baba. 1956: L'Attaque du Fort Douglas. 1958: La Mouche Noire. 1958 : Machete. 1959 : Watusi. 1959 : Counterplot.
Bien avant le chef-d'oeuvre bouleversant de Cronenberg, Kurt Neumann s'était approprié en 1958 de la nouvelle de George Langelaan pour transposer à l'écran les expériences amorales d'un scientifique convaincu de pouvoir sauver le monde de la famine et de la pollution grâce à un désintégrateur ! Ou plus communément appelé de nos jours "téléportation" dans le but de substituer nos traditionnels moyens de locomotion. Après avoir tenté l'expérience sur un chat (désintégré dans l'espace !) et un cochon d'Inde, il décide de servir de cobaye afin de parfaire son ambition et la promulguer au monde. Seulement, au moment d'entrer dans la machine, une mouche s'y est incidemment invitée ! La suite, vous la connaissez, du moins pour ceux ayant déjà découvert la version (organique) de Cronenberg. Ce pitch aussi improbable que débridé, Kurt Neumann nous le conte avec souci informatif par l'entremise d'un long flash-back.
L'épouse du savant ayant été contrainte de le sacrifier selon sa dernière volonté, elle finit par se confesser à la police afin de leur expliquer les conséquences tragiques de l'invention. De par la spontanéité des comédiens aussi rigoureux dans leur émoi et désarroi et sa structure narrative militant la suggestion en retardant au possible l'effet de surprise d'une vision d'effroi, La Mouche Noire nous plonge dans une intrigue ombrageuse où le suspense maintient l'attention. Le savant ayant durant la quasi totalité du métrage un drap noir sur la tête afin de préserver à son épouse son horrible métamorphose, nous nous amusons de notre curiosité voyeuriste sous le joug de l'expectative. Bien que les effets-cheaps feront aujourd'hui sourire le public, la posture aussi convaincante qu'attachante de chacun des interprètes parviennent à les transcender si bien que nous croyons à l'infortune de ce scientifique davantage gagné par la déroute alors que son épouse bouleversée tente vainement de le rassurer. Outre l'aspect captivant de sa narration convergeant à une issue dramatique, on se surprend également de la tournure délirante d'une "chasse à mouche blanche" que nos héros effectuent à perdre haleine dans la maison et le jardin (lors de la transmission de matière, la tête humaine du savant fut transplantée sur l'insecte aujourd'hui en liberté !).
Intriguant, délirant et cauchemardesque (à l'instar de son point d'orgue anthologique d'une cruauté viscérale encore perturbante !), La Mouche Noire continue de perdurer son petit pouvoir de fascination sous l'impulsion de comédiens loquaces (notamment Vincent Price dans un second rôle avenant !) et d'une efficacité narrative signalant en sous texte les dérives technologiques. A redécouvrir avec un oeil aussi distrait que diligent !
B-M. 3èx
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