jeudi 3 novembre 2016

INCIDENTS DE PARCOURS

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Monkey Shines" de George A. Romero. 1988. U.S.A. 1h52. Avec Jason Beghe, John Pankow, Kate McNeil, Joyce Van Patten, Christine Forrest, Stephen Root, Stanley Tucci, Janine Turner.

Sortie salles France: 25 Janvier 1989

FILMOGRAPHIE: George Andrew Romero est un réalisateur, scénariste, acteur, auteur américain, né le 4 Février 1940 à New-York. 1968: La Nuit des Morts-vivants. 1971: There's Always Vanilla. 1972: Season of the Witch. 1973: The Crazies. 1977: Martin. 1978: Zombie. 1981: Knightriders. 1982: Creepshow. 1985: Le Jour des Morts-vivants. 1988: Incidents de parcours. 1990: Deux Yeux Maléfiques. 1992: La Part des Ténèbres. 2000: Bruiser. 2005: Land of the Dead. 2008: Diary of the Dead. 2009: Survival of the Dead. 2011: Deep Red.


Thriller horrifique d'une grande intensité psychologique autour des thèmes de la télépathie, la mégalomanie (l'orgueil de l'homme jouant à l'apprenti sorcier), l'exploitation animale (la vivisection) et notre instinct animal (notre nature délétère), Incidents de Parcours décuple son pouvoir de fascination sous l'impulsion d'une narration vitriolée d'une rare originalité. Devenu tétraplégique à la suite d'un accident, Allan établit la connaissance amiteuse d'un capucin, Ella, que son acolyte Geoffrey lui a offert pour lui prêter assistance. Peu à peu, une étrange relation irascible s'instaure entre eux depuis que Geoffrey continue d'expérimenter sur l'animal un sérum à base de cerveau humain afin d'altérer ses gênes.Variation tacite de la Planète des Singes si je me réfère à l'insurrection du capucin délibéré à transcender notre intelligence par le biais de l'autorité, de la domination et de la vengeance, Incidents de parcours nous entraîne dans un troublant jeu de pouvoir entre l'animal et son maître communément capables de communiquer par télépathie depuis l'expérimentation d'une potion frelatée.


D'un réalisme détonnant dans sa mis en scène studieuse si bien que le capucin se fond dans le corps d'un vrai comédien dans une posture rebelle en apprentissage criminel, Incidents de parcours distille un climat malsain redoutablement vénéneux par le biais d'un cheminement narratif vertigineux. Car si de prime abord, la relation amicale entamée entre eux s'avère gentiment ludique et que l'ambiance sereine préfigure une forme de divertissement convenu (clichés inévitables à l'appui), la tournure cauchemardesque des évènements converge à un vigoureux jeu de soumission entre l'animal et Allan littéralement envahi par la haine de sa compagne. Cette dernière étant inconsciemment déterminée (par l'effet du sérum) à prendre sa revanche sur l'homme depuis sa condition esclave ! A savoir, l'instrument de vivisection de chirurgiens sans vergogne qu'expérimentent Geoffrey ainsi que son adjoint fureteur. Parvenant à pénétrer à l'intérieur de l'esprit du singe par sa faculté mentale, Allan emmagasine toute sa colère interne et parvient même à visionner ses moindres déplacements lors de ses escapades nocturnes. Par le biais de ce sérum dérivé du cerveau humain, Ella finit donc par adopter nos sentiments perfides de tricherie, de vice, de trahison et de méchanceté engendrées par notre nature autocrate.


Epreuve de force à la fois corporelle et morale entre un tétraplégique et un primate, Incidents de Parcours transcende de manière bougrement singulière une réflexion sur l'instinct bestial de l'homme ("c'est ça le diable, c'est l'instinct" déclare Allan) et sa nature orgueilleuse à daigner exploiter plus faible qu'autrui. Passionnant, intense et immersif lorsque Allan et Ella ne font (cérébralement) plus qu'un jusqu'à s'entredéchirer pour un enjeu de survie, Incidents de parcours provoque un malaise psychologique quant à notre condition infortunée (l'influence du Mal sur notre raison !) sous couvert d'argument fantastique métaphysique. Une perle rare aussi ensorcelante que dérangeante, à redécouvrir d'urgence ! 

4èx

mercredi 2 novembre 2016

L'INCONNU DU NORD EXPRESS

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

"Strangers on a Train" d'Alfred Hitchcock. 1951. U.S.A. 1h37 (US)/1h39(Angleterre). Avec Farley Granger, Ruth Roman, Robert Walker, Marion Lorne, Leo G. Carroll, Patricia Hitchcock, Jonathan Hale.

Sortie salles France: 9 Janvier 1952. U.S: 3 Juillet 1951

FILMOGRAPHIE: Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur et scénariste anglo américain, né le 13 Août 1899, décédé le 29 Avril 1980.
1935: Les 39 Marches. 1936: Quatre de l'Espionnage. Agent Secret. 1937: Jeune et Innocent. 1938: Une Femme Disparait. 1939: La Taverne de la Jamaique. 1940: Rebecca. Correspondant 17. 1941: Soupçons. 1942: La 5è Colonne. 1943: l'Ombre d'un Doute. 1944: Lifeboat. 1945: La Maison du Dr Edward. 1946: Les Enchainés. 1947: Le Procès Paradine. 1948: La Corde. 1949: Les Amants du Capricorne. 1950: Le Grand Alibi. 1951: L'Inconnu du Nord-Express. 1953: La Loi du Silence. 1954: Le Crime était presque parfait. Fenêtre sur cour. 1955: La Main au Collet. Mais qui a tué Harry ? 1956: l'Homme qui en savait trop. Le Faux Coupable. 1958: Sueurs Froides. 1959: La Mort aux Trousses. 1960: Psychose. 1963: Les Oiseaux. 1964: Pas de Printemps pour Marnie. 1966: Le Rideau Déchiré. 1969: l'Etau. 1972: Frenzy. 1976: Complot de Famille.


Enième classique du thriller dirigé par le maître inégalé du suspense, L'inconnu du Nord-Express doit beaucoup de sa vigueur et de son pouvoir de fascination grâce au roman de Patricia Highsmith qu'Hitchock retranscrit sur pellicule avec sa maestria traditionnelle (le meurtre par strangulation saisissant de réalisme feutré, la chute du briquet dans l'égout, la tentative d'assassinat du père de Bruno, l'altercation musclée entre l'assassin et la victime communément piégés entre les chevaux d'un manège détraqué, le forain tentant d'y stopper le mécanisme en se faufilant sous le carrousel, etc...). Nanti d'un scénario aussi pervers que redoutablement machiavélique, l'Inconnu du Nord-express alterne suspense et tension sous l'impulsion d'une confrontation ardue entre un tueur sans vergogne et une victime subordonnée à son odieux chantage. Durant son voyage ferroviaire, le champion de tennis Guy Haisnes fait l'étrange connaissance de Bruno Anthony. Ce dernier lui proposant avec enthousiasme le compromis d'un échange de meurtres. A savoir supprimer l'épouse de Guy en instance de divorce contre l'assassinat du père de Bruno qu'il déteste immodérément. Conscient d'avoir affaire à un fou, Guy met un terme à la conversation au moment même où le train arrive à destination. Durant sa sortie précipitée, il omet son briquet sur la table que Bruno s'est empressé de dérober pour tenir lieu de preuve. Quelques jours plus tard, Bruno passe véritablement à l'acte si bien que l'épouse de Guy est retrouvée étranglée à proximité d'une fête foraine. 


Ce pitch déjanté d'une audace incongrue est notamment l'occasion de dresser le portrait glaçant d'un assassin psychotique avide de notoriété car désespérément solitaire depuis une démission parentale. Et pour incarner ce rôle désaxé, Robert Walker crève littéralement l'écran avec un désarmant naturel dans sa posture aussi décontractée qu'erratique. A l'instar de cette séquence à la fois intense et dérangeante lorsqu'il propose à une sexagénaire de lui simuler une strangulation face au témoignage d'une jeune fille ressemblant à la victime ! Par le biais de cette spectatrice intriguée par son comportement transi, Hitchcock décuple un intense malaise, notamment face au témoignage distingué des hôtes particulièrement gênés du numéro morbide. Assurément, l'une des séquences les plus impressionnantes et troubles quant au comportement pathologique du tueur incapable de refréner ses pulsions depuis sa réminiscence criminelle. On peut également vanter la densité psychologique impartie à la maîtresse de Guy (Ruth Roman, criante d'élégance épurée !) car soupçonnant avec désarroi et amertume l'éventuelle culpabilité de cet inconnu en concertation avec son propre amant. Quant à Guy Haisnes perpétuellement malmené par ce maître-chanteur mais s'efforçant dignement de se dépêtrer de la conjuration, Hitchcock le caractérise avec vibrante émotion sous l'impulsion sentencieuse du charismatique Farley Granger. 



Chef-d'oeuvre de suspense d'une perversité vénéneuse si bien que l'intensité des enjeux culmine vers un épilogue incroyablement catastrophiste, l'Inconnu du Nord-Express scande un fabuleux numéros d'acteurs dans leur caractérisation fébrile d'une tourmente criminelle. 

3èx 

mardi 1 novembre 2016

LES DEMONS DU MAIS. Prix du Meilleur film fantastique, Bruxelles 84.

                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrorfreaknews.com

"Children of the Corn/Horror Kid" de Fritz Kiersch. 1984. U.S.A. 1h32. Avec Peter Horton, Linda Hamilton, Robby Kiger, Anne Marie McEvoy, John Franklin, Courtney Gains, R. G. Armstrong.

Sortie salles France: 30 Janvier 1985

FILMOGRAPHIE: Fritz Kiersch est un réalisateur et scénariste américain né en 1951 à Alpine, Texas. 1984 : Les Démons du maïs. 1985 : Quartier chaud. 1987 : Winners Take All. 1988 : Gor. 1989 : Under the Boardwalk. 1992 : Into the Sun. 1995 : The Stranger. 1997 : Crayola Kids Adventures: Tales of Gulliver's Travels. 2006 : Surveillance. The Hunt


Série B oubliée des années 80 d'autant plus méprisée par les critiques dès sa sortie, les Démons du Maïs obtint pourtant le succès commercial en Amérique du Nord puisqu'il rapporta 14 568 000 $ contre un budget de 3 000 000 $. D'après un roman de Stephen King, l'intrigue linéaire quelque peu confuse n'est pas le point fort du métrage, à l'instar d'une direction d'acteurs maladroite, d'FX aujourd'hui cheaps et d'une caractérisation naïve des personnages. Pour le synopsis, un couple en villégiature se retrouve pris au piège au sein d'un village fantôme entièrement régi par des enfants tueurs. Ces derniers ayant sacrifié leurs parents sous l'allégeance du porte-parole Isaac afin d'invoquer leur Dieu au milieu d'un champs de maïs. Dès lors, dans un instinct de survie, le couple tente de leur échapper tout en contrecarrant en dernier recours les ambitions occultes des garnements. Ce pitch interlope dénué de surprise (en dehors de son final haletant et explosif !) parvient miraculeusement à impliquer le spectateur dans une étrange incantation de masse proférée par des enfants irresponsables.


Métaphore sur l'intégrisme, les Démons du Maïs bénéficie de quelques séquences-chocs percutantes (son prologue meurtrier plutôt déjanté, le meurtre d'un jeune adulte dans le champs de Maïs et l'accident automobile qui s'ensuit) et d'une ambiance d'étrangeté assez malsaine (comme le souligne l'appréhension du pompiste confiné dans sa station service et prochainement livré au lynchage) derrière le thème du sectarisme. Le réalisateur s'efforçant de distiller un climat ombrageux au sein d'une bourgade bucolique soumise aux forces du Mal depuis que les enfants se sont jurer d'y accueillir un Dieu sauveur ! Sous l'impulsion d'une bande-son vigoureuse (le souffle explicite du vent fouettant les épis de maïs !) et d'un score envoûtant de choeurs maléfiques, les Démons du Maïs fascine avec assez de réalisme quant à la description de cette confrérie ésotérique plutôt singulière (et ce en dépit d'une structure narrative émaillée d'ellipses). Si le couple formé par Peter Horton et Linda Hamilton (son rôle le plus efféminé de sa carrière !) manque d'épaisseur psychologique dans leur posture gogo parfois incohérente, ces derniers y manifestent tout de même de la volonté à se fondre dans la peau de victimes molestées si bien que l'on s'attache finalement à leur condition démunie, notamment parmi leur ressort humaniste de se confier auprès de deux enfants candides. Qui plus est, on peut également prôner la figuration infantile des seconds-rôles inhospitaliers (d'autant plus affublés d'armes blanches acérées !) sous le pilier de deux leaders perfides se disputant la prise du pouvoir. Sur ce point, l'inquiétant John Franklin se taille une carrure patibulaire de "petit homme" dans celui d'Isaac avec une mine contorsionnée, quand bien même son partenaire rouquin Courtney Gains se glisse dans le personnage instable de Malachai avec une expression révoltée.


Série B mineure pâtissant d'un script prémâché et d'une caractérisation approximative des personnages, Les Démons du Maîs constitue pourtant un fort sympathique divertissement horrifique par son climat d'étrangeté prégnant et la bonhomie du couple Burton/vicky en proie à une hostilité infantile au charisme délétère. 

3èx

Récompense: Prix du meilleur film fantastique au Festival international du film fantastique de Bruxelles, 1984.

Note (Wikipedia): La Finlande et l’Islande ont interdit le film sur leur territoire lors de sa sortie parce qu’il était jugé trop violent.

lundi 31 octobre 2016

The descent, Part 2

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Jon Harris. 2009. Angleterre. 1h34. Avec Shauna Macdonald, Natalie Mendoza, Gavan O'Herlihy, Anna Skellern, Krysten Cummings, Joshua Dallas.

Sortie salles France: 14 Octobre 2009. Angleterre: 2 Décembre 2009

FILMOGRAPHIE: Jon Harris (né le 11 juillet 1967 à Sheffield en Angleterre) est un monteur et réalisateur britannique. 2009: The Descent 2.


4 ans après le succès public et critique de The Descent, Jon Harris, monteur de son modèle, entreprend pour la première fois de sa carrière de passer derrière la caméra avec The Descent, Part 2.
Pour info subsidiaire, le pitch de cette nouvelle mouture s'inspire du final alternatif US. 

Synopsis:  Devenue amnésique, Sarah accepte à nouveau de retourner dans la grotte depuis l'espoir des secouristes à retrouver d'éventuels rescapés. Mais les créatures aussi sanguinaires restent à l'affût du moindre intrus.

Reprenant à peu de choses près le même schéma narratif qu'au préalable (stratégies de survie d'une équipe de secouristes contre les agressions récursives des "Crawlers"), cette séquelle parvient pourtant à se démarquer de la routine sans excès de zèle. De par le savoir-technique d'une réalisation un peu mieux maîtrisée que son modèle (les confrontations barbares entre assaillants et victimes s'avérant cette fois-ci plus lisibles), la spontanéité des comédiens habités par la pugnacité (avec toujours cette louable louange pour la cause féminine) et quelques idées retorses renforçant en prime en dernière partie une intensité dramatique inopinément poignante.


Si bien qu'en empruntant les thèmes de la bravoure, de la rédemption et du sacrifice, Jon Harris développe intelligemment la relation divergente de deux personnages à nouveau mis à l'épreuve dans leurs sentiments contradictoires de courage, de loyauté et de solidarité. Et si une ou deux invraisemblances et certaines facilités (l'idée saugrenue des menottes pour empêcher une protagoniste de fuir) nuisent un tantinet à la crédibilité de situations (en suspens), l'énergie toujours plus épique des péripéties ainsi que ses habiles rebondissements traduisent une intensité barbare n'ayant point à rougir de son modèle. Qui plus est, exploitant à nouveau avec attention la scénographie crépusculaire de sa grotte tentaculaire, Jon Harris relance efficacement l'action des enjeux belliqueux vers des directions familières parfois inexplorées parmi l'appui d'un nouvel allié somme toute farouche. Et comme le veut la loi traditionnelle des séquelles à succès, cette seconde partie préconise la surenchère dans son lot de pugilats aussi homériques que teigneux (nullement gratuits !) si bien que le gore craspec s'avère généreux en diable entre deux jump scares tétanisants. Et à ce niveau furibond on est toujours plus comblés par le déchainement de violence primale qui en découle.


Sous couvert de série B ludique honorablement réalisée et menée avec assez de tempérament pour à nouveau compromettre de plein fouet le spectateur dans des situations d'autant plus connues, The Descent 2 ne déçoit nullement en optant le parti-pris d'une esbroufe belliqueuse une nouvelle fois abrupte et en y développant intelligemment l'étude caractérielle, Spoil ! principalement au niveau de deux emblèmes féminins fin du Spoil. Le tout en éludant une seconde fois le fameux happy-end de circonstance qui risque de faire grincer des dents le spectateur le plus vulnérable. Formidable séquelle donc n'omettant qui plus est jamais l'émotion auprès de son intensité dramatique en crescendo, à voir absolument. 

*
Bruno
25.11.23. 
3èx. Vostfr. 


                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Neil Marshall. 2005. Angleterre. 1h40. Avec Shauna Macdonald, Natalie Mendoza, Alex Reid, Saskia Mulder, MyAnna Buring, Nora-Jane Noone

Sortie salles France: 12 Octobre 2005. U.S: Angleterre: 8 Juillet 2005

FILMOGRAPHIENeil Marshall, né le 25 mai 1970 à Newcastle upon Tyne en Angleterre au Royaume-Uni, est un réalisateur, scénariste, monteur et producteur britannique.
2002: Dog Soldiers. 2005: The Descent. 2008: Doomsday. 2010: Centurion.


Considéré aujourd'hui comme une référence des années 2000, The Descent n'a pas usurpé sa réputation de modèle du survival horrifique alors qu'il s'agissait de la seconde réalisation du British Neil MarshallA la suite d'un accident routier qui aura valu la perte de son époux et de sa fille, Sarah décide un an plus tard de se réunir avec ses amies le temps d'un week-end afin d'y explorer pour une première fois une grotte. Alors que les difficultés s'amoncellent au fil de leur parcours semée d'embûches, une menace beaucoup plus létale va les emmener droit en enfer ! A partir d'un concept original de claustration plus vraie que nature (même si l'unité de la grotte avait déjà été traité dans le très Bis Le Monstre Attaque), le cinéaste est parvenu à allier oppression et terreur avec un hyper réalisme à couper au rasoir si bien que nos nerfs seront mis à rude épreuve ! Sur ce point, la première partie fustigeant l'épreuve physique de nos alpinistes rampant hardiment dans les conduits et escaladant les parois rocheuses nous provoque déjà un sentiment viscéral d'insécurité à perdre haleine !


Dédié à la cause féminine, notamment afin de mettre en exergue l'endurance et la résilience de ces héroïnes en herbe, le cinéaste s'est entouré du charisme sauvage et sensuel de comédiennes au caractère bien trempé. Nous sommes donc ici aux antipodes de la potiche décervelée traditionnellement coursée par le tueur sans vergogne ! A travers leurs rapports de force parfois en contradiction, Marshall a l'habileté d'y inclure une transfuge au sein du groupe si bien que sa lâcheté quelque peu équivoque nous provoque une certaine empathie si je me réfère à son courage primal lorsqu'elle affronte sauvagement les créatures (les "Crawls" aura décidé de les nommer Marschall). Par le biais de leur caractère bien distinct ou résistance morale et bravoure physique trépignent d'audace malgré leur effroi de trépasser, The Descent développe une intensité dramatique perpétuellement rigoureuse au fil d'un cheminement de survie jusqu'au-boutiste ! Le cinéaste recourant à une violence graphique d'une brutalité inouïe afin de renchérir dans l'ultra réalisme acéré, quand bien même il n'hésitera jamais à sacrifier ses héroïnes les plus téméraires ! Exploitant à merveille chaque recoin et chambres des grottes à l'instar d'un dédale sans repères, Marschall en extirpe une éprouvante épreuve de survie sous l'impulsion d'une spartiate aux confins de la folie.


Un ticket pour l'enfer dans les entrailles d'une grotte sans échappatoire !
Fort d'un climat de claustration aussi irrespirable que belliqueux n'accordant aucun répit à ces victimesNeil Marshall est parvenu à renouer avec une horreur irascible, digne héritière des pellicules insalubres des Seventies, pour décupler la terreur pure. C'est sans compter sur la vigueur démunie des comédiennes criantes d'animosité dans leur parcours sanguinaire contre la menace insidieuse que The Descent nous agrippe à la gorge sous l'impulsion fragile du magnifique thème (à la fois lourd et élégiaque !) de David Julyan. Un classique incontournable. 

3èx


vendredi 28 octobre 2016

ABIMES

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"Below" de David Twohy. 2002. U.S.A. 1h45. Avec Holt McCallany, Bruce Greenwood, Matthew Davis, Olivia Williams, Scott Foley, Zach Galifianakis, Jason Flemyng, Dexter Fletcher, Nick Chinlund, Andrew Howard.

Sortie salles France: 30 Juillet 2003. U.S: 11 Octobre 2002

FILMOGRAPHIEDavid Twohy est un réalisateur et scénariste américain, né le 18 octobre 1955 à Los Angeles (États-Unis). 1992 : Timescape. 1996 : The Arrival. 2000 : Pitch Black. 2002 : Abîmes.
2004 : Les Chroniques de Riddick. 2009 : Escapade fatale. 2013 : Riddick.


Par le réalisateur des sympathiques Timescape / The Arrival et des excellents Pitch Black et sa suite les Chroniques de Riddick, Abîmes explore très efficacement l'unité de lieu du huis-clos marin sous l'impulsion de péripéties et rebondissements redoutablement haletants. Les séquences homériques redoublant d'intensité grâce à la faculté du réal à exploiter les corridors du sous-marin avec souci du détail technique et d'immersion vertigineuse ! D'un réalisme à toutes épreuves, David Twohy s'est même permis d'utiliser un véritable sous-marin de la Seconde Guerre mondiale (l'USS Silversides !) afin de renforcer le caractère crédible des situations au sein de son décorum aussi longuet qu'étroit.


Alors que le sous-marin USS Tiger Shark vient de repêcher à son bord trois rescapés britanniques, un destroyer allemand les ciblent à l'aide de grenades anti-sous-marines. Depuis cet incident ayant causé quelques dommages matériels, d'étranges évènements intentent à la tranquillité de l'équipage au point que ces derniers insinuent une cause surnaturelle. Leur ancien capitaine ayant été préalablement tué lors d'une circonstance accidentelle restée en suspens, certains des membres agitent le remord de n'avoir pu le secourir quand bien même d'autres préfèrent taire leur secret. A travers ce pitch simpliste mais efficient embrayant en seconde partie sur une investigation en ascension, Abîmes recourt à un Fantastique éthéré comme le souligne les rares apparitions fantomatiques que certains passagers croient entrevoir. Dosant habilement l'action des revirements par le biais d'incidents techniques meurtriers, Abîmes imprime d'autant mieux un climat anxiogène aussi inquiétant que palpitant à travers le pilier solidaire de personnages discrédités par la paranoïa. Sur ce point, on peut saluer la distribution solide composée d'acteurs de seconde zone au charisme viril quand bien même Olivia Williams tente d'amadouer la clientèle machiste avec une spontanéité vaillante. Si le caractère prévisible de sa révélation finale n'apporte pas vraiment de surprise quant à l'identité du coupable et de ses éventuels complices, sa réalisation toujours aussi appliquée et les évènements dramatiques en crescendo perdurent dans la tension parmi une vénéneuse aura d'angoisse.


Fort d'une réalisation classieuse exploitant à merveille le cadre claustro d'un sous-marin de toutes les peurs et dangers, Abîmes symbolise la série B intelligente par excellence, notamment dans sa faculté retorse de provoquer l'angoisse parmi l'art de suggestion, de manière à nous faire constamment douter de l'irrationalité des évènements. 

mercredi 26 octobre 2016

SING STREET

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site leblogtvnews.com

de John Garney. 2016. Irlande. 1h46. Avec Ferdia Walsh-Peelo, Aidan Gillen, Jack Reynor, Maria Doyle Kennedy, Lucy Boynton, Kelly Thornton, Kyle Bradley Donaldson

Sortie salles France: 26 Octobre 2016. Irlande: 17 Mars 2016

FILMOGRAPHIE: John Carney, né en 1972 à Dublin, est un réalisateur et scénariste irlandais de films pour le cinéma et la télévision. 1996 : November Afternoon. 1999 : Park. 2001 : La Vie à la folie. 2006 : Once. 2006 : Bachelors Walk Christmas Special (téléfilm). 2009 : Zonad. 2012 : The Rafters. 2013 : New York Melody. 2016 : Sing Street (également producteur).


Révélé par l'excellent Once, comédie musicale romantique taillée dans la pudeur, John Carney renoue avec ces trois genres dans Sing Street, et au final de nous offrir un conte de fée aussi sémillant que tendre lorsqu'un ado décide de former un groupe (les Sing Street !) afin de conquérir sa dulcinée. Plaçant le cadre de son action dans le Dublin des années 80, Sing Street constitue également un hommage passionnel envers cette décennie marquée par l'avènement du video-clip outre-atlantique et de la starisation de groupes baroques comme pouvaient l'incarner The Cure (look gothico-psychédélique, coiffure arachnéenne, fard au visage, liner aux yeux, rouge à lèvre) et Duran Duran (style autrement efféminée et clips sexy provocateurs). C'est d'ailleurs à travers ses stars notoires que le jeune Conor et ses musiciens comptent s'identifier afin d'aviver la modernité de la pop rock et de la New-Wave, et ce en dépit de l'homophobie régnante chez le corps enseignant et dans la cour du lycée.


Par leur initiation mélomane et leur ambition de bricoler des video-clips en camescope Vhs, Sing Street dégage une poésie galvanisante où nostalgie et féerie s'harmonisent en toute simplicité. Sous la fougue attendrissante de comédiens pleins de charme et de naturel, Sing Street se laisse gagner par une sensibilité prude en perpétuelle ascension si bien que l'on est partagé entre sourires et larmes sans pouvoir régir nos émotions ! Tant pour les séances de concert extrêmement stimulantes dans leur sonorité entraînante parmi la foule en liesse que pour les relations amicales et sentimentales que se partagent Conor avec ses acolytes, son frère et sa compagne. Au-delà de cette fureur de liberté et de la passion du premier émoi romantique que les acteurs extériorisent sans racolage sentimental, John Carney en profite notamment pour égratigner le conservatisme religieux depuis que notre héros est envoyé dans un établissement catholique emminemment drastique. A ce titre, outre sa fulgurance enjouée, la dernière séquence musicale s'avère redoutablement jouissive pour son pied de nez conféré à la caste religieuse. En combinant tous ces thèmes sociaux au sein de l'époque sacro-sainte des eighties en innovation musicale (principalement la new-wave et la nouvelle vague du pop-rock anglais), le réalisateur parvient à cristalliser une intrigue simple fondée sur le ressort des sentiments et l'ardent désir de se libérer du conformisme. Là encore, l'ultime séquence anthologique inscrite dans une rédemption libertaire et amoureuse insuffle une acuité incontrôlée dans son alliage d'émotions contradictoires (expressions de joie et de tendresse nous convergeant irrésistiblement au vertige des larmes !).


Bain de jouvence pour sa métaphore impartie à l'affranchissement, à la volonté de la réussite et à l'anticonformisme, Sing Street transfigure la comédie musicale avec un atout de séduction aussi puissant qu'inexplicable (on peut d'ailleurs évoquer la locution précieuse "magie du cinéma" !). Tant pour le rythme entêtant de ses tubes en sédition que de la bonhomie des comédiens surprenants de tempérance dans leur caractérisation rebelle et humaniste. Un anti-dépresseur tenant presque du miracle quant à sa simplicité narrative et à l'exploitation retorse de ses clichés pour l'un des meilleurs films de l'année 2016. 

Dédicace à Pascal Frezzato

mardi 25 octobre 2016

THE DESCENT

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Neil Marshall. 2005. Angleterre. 1h40. Avec Shauna Macdonald, Natalie Mendoza, Alex Reid, Saskia Mulder, MyAnna Buring, Nora-Jane Noone

Sortie salles France: 12 Octobre 2005. U.S: Angleterre: 8 Juillet 2005

FILMOGRAPHIENeil Marshall, né le 25 mai 1970 à Newcastle upon Tyne en Angleterre au Royaume-Uni, est un réalisateur, scénariste, monteur et producteur britannique.
2002: Dog Soldiers. 2005: The Descent. 2008: Doomsday. 2010: Centurion.


Considéré aujourd'hui comme une référence des années 2000, The Descent n'a pas usurpé sa réputation de modèle du survival horrifique alors qu'il s'agissait de la seconde réalisation du British Neil Marshall. A la suite d'un accident routier qui aura valu la perte de son époux et de sa fille, Sarah décide un an plus tard de se réunir avec ses amies le temps d'un week-end afin d'y explorer pour une première fois une grotte. Alors que les difficultés s'amoncellent au fil de leur parcours semée d'embûches, une menace beaucoup plus létale va les emmener droit en enfer ! A partir d'un concept original de claustration plus vraie que nature (même si l'unité de la grotte avait déjà été traité dans le très Bis Le Monstre Attaque), le cinéaste est parvenu à allier oppression et terreur avec un hyper réalisme à couper au rasoir si bien que nos nerfs seront mis à rude épreuve ! Sur ce point, la première partie fustigeant l'épreuve physique de nos alpinistes rampant hardiment dans les conduits et escaladant les parois rocheuses nous provoque déjà un sentiment viscéral d'insécurité à perdre haleine !


Dédié à la cause féminine, notamment afin de mettre en exergue l'endurance et la résilience de ces héroïnes en herbe, le cinéaste s'est entouré du charisme sauvage et sensuel de comédiennes au caractère bien trempé. Nous sommes donc ici aux antipodes de la potiche décervelée traditionnellement coursée par le tueur sans vergogne ! A travers leurs rapports de force parfois en contradiction, Marshall a l'habileté d'y inclure une transfuge au sein du groupe si bien que sa lâcheté quelque peu équivoque nous provoque une certaine empathie si je me réfère à son courage primal lorsqu'elle affronte sauvagement les créatures (les "Crawls" aura décidé de les nommer Marschall). Par le biais de leur caractère bien distinct ou résistance morale et bravoure physique trépignent d'audace malgré leur effroi de trépasser, The Descent développe une intensité dramatique perpétuellement rigoureuse au fil d'un cheminement de survie jusqu'au-boutiste ! Le cinéaste recourant à une violence graphique d'une brutalité inouïe afin de renchérir dans l'ultra réalisme acéré, quand bien même il n'hésitera jamais à sacrifier ses héroïnes les plus téméraires ! Exploitant à merveille chaque recoin et chambres des grottes à l'instar d'un dédale sans repères, Marschall en extirpe une éprouvante épreuve de survie sous l'impulsion d'une spartiate aux confins de la folie.


Un ticket pour l'enfer dans les entrailles d'une grotte sans échappatoire !
Fort d'un climat de claustration aussi irrespirable que belliqueux n'accordant aucun répit à ces victimes, Neil Marshall est parvenu à renouer avec une horreur irascible, digne héritière des pellicules insalubres des Seventies, pour décupler la terreur pure. C'est sans compter sur la vigueur démunie des comédiennes criantes d'animosité dans leur parcours sanguinaire contre la menace insidieuse que The Descent nous agrippe à la gorge sous l'impulsion fragile du magnifique thème (à la fois lourd et élégiaque !) de David Julyan. Un classique incontournable. 

3èx