jeudi 19 janvier 2017

Le Beau-Père. Grand Prix de la Critique, Cognac 88

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

"The Stepfather" de Joseph Ruben. 1987. U.S.A. 1h30. Avec Terry O'Quinn, Jill Schoelen, Shelley Hack, Charles Lanyer, Stephen Shellen, Stephen E. Miller, Robyn Stevan.

Sortie salles France: 1er Juin 1988. U.S: 23 Janvier 1987

FILMOGRAPHIE: Joseph Ruben est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né en 1951 à Briarcliff, Manor, New-York. 1974: The Sister-in-Law. 1976: Lâche-moi les baskets. 1977: Joyride. 1978: Our Winning Season. 1980: Gorp. 1984: Dreamscape. 1987: Le Beau-Père. 1989: Coupable Ressemblance. 1991: Les Nuits avec mon Ennemi. 1993: Le Bon Fils. 1995: Money Train. 1998: Loin du Paradis. 2004: Mémoire Effacée. 2013: Penthouse North.


Responsable du sympathique Dreamscape, Joseph Ruben renchérit ses ambitions 3 ans plus tard avec le Beau-Père justement récompensé du Grand Prix de la Critique à Cognac. Bien connu des cinéphiles durant la sacro-sainte décennie 80, ce petit thriller horrifique bougrement efficace s'est taillé une aura de culte lors de son exploitation Vhs. Tant pour l'originalité de son intrigue inspirée d'un fait-divers des années 50 que de son ambiance à la fois vénéneuse et débridée quelque peu incongrue. Le PitchObsédé à l'idée de fonder une vraie famille, Jerry Blake est un dangereux sociopathe derrière son masque d'agent immobilier. Alors qu'il vient de trucider sa nouvelle maîtresse et ces enfants, il rejoint une autre contrée afin de fonder un nouveau foyer avec une inconnue divorcée. Mais la fille de cette dernière voit d'un mauvais oeil l'attitude obséquieuse du beau-père. Réalisé avec savoir-faire dans sa faculté d'y distiller une ambiance malsaine sous-jacente autour des extravagances du serial-killer conservateur, le Beau-père constitue une diabolique satire sur le conformisme d'une famille modèle. 


Par sa présence charmeuse faussement affable et rassurante, Terry O'Quinn se délecte à se glisser dans la peau d'un manipulateur aux multiples visages (il change de coiffure et de tenue vestimentaire, s'improvise une moustache pour parfaire une nouvelle identité) et aux pulsions psychotiques difficilement maîtrisables (ses crises d'hystérie dans la cave). Franchement terrifiant lorsqu'il s'attelle à l'acte criminel, l'acteur insuffle un charisme inquiétant assez magnétique à travers son jeu de regard tour à tour cynique, pervers, faussement affable. En belle-fille suspicieuse aussi angoissée que lucide, Jill Schoelen surprend agréablement dans son profil nubile à s'interroger sur sa véritable personnalité en faisant preuve d'une étonnante maturité afin de convaincre son entourage. Avec un peu moins de conviction mais tout à fait à sa place en mère aimante, Shelley Hack (héroïne de la série TV Drôles de Dames) endosse l'épouse candide avec une paisible sensualité avant de s'effrayer de la véritable identité de son amant. Ce qui nous amène vers un final d'une rare violence si bien que Joseph Ruben fait preuve d'un réalisme tranché pour mettre en exergue les confrontations sanglantes entre victimes et bourreau confinés au sein du cocon familial. Une conclusion anthologique véritablement épeurante que les fans de frissons n'ont jamais oublié sitôt le générique clos. 


Portrait craché d'une famille modèle
Alternant l'enquête policière par le biais d'un détective pugnace et les discordes familiales sensiblement anxiogènes, Le Beau-père affiche une étonnante efficacité au fil d'un récit charpenté ponctué de contrecoups abrupts, et ce sans céder à la gratuité d'un gore badin (aussi brutale soit l'iconographie meurtrière ! ). Un thriller insolent habilement réalisé donc (dynamisme du montage en sus) dans une facture ludique de série B et au jeu d'acteurs plutôt détonnant pour l'échange des rapports familiaux compromis par la fourberie, la duperie et le simulacre. 

*Bruno
07.02.23. 5èx. vf

Note (wikipedia): Le film est basé sur l'histoire vraie dans les années 1950 de John List (1925-2008) qui tua sa femme et ses enfants et s'installa dans une autre famille.

Récompenses:
1987 : Festival international du film de Catalogne Meilleure actrice Jill Schoelen
1988 : Festival du film policier de Cognac, Grand Prix de la Critique.

mercredi 18 janvier 2017

LA TAULARDE

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site dunnozmovie.wordpress.com

de Audrey Estrougo. 2016. France. 1h38. Avec Sophie Marceau, Suzanne Clément, Anne Le Ny, Eye Haidara, Marie-Sohna Condé, Carole Franck, Marie Denarnaud.

Sortie salles France: 14 Septembre 2016 (interdit aux - de 12 ans)

FILMOGRAPHIE: Audrey Estrougo est une réalisatrice et scénariste française. 2007 : Regarde-moi. 2008 : Encore un printemps. (documentaire). 2011 : Toi, moi, les autres. 2014 : Une histoire banale. 2016 : La Taularde. 2017 : Héroïnes (mini série - 3 x 52min).


Film choc s'il en est de par son intensité latente puis exponentielle, la Taularde aborde avec un réalisme documenté l'univers carcéral du point de vue féministe. Par amour pour son mari, Mathilde Leroy décide de prendre sa place en prison après lui avoir permis de s'évader. Alors qu'elle tente de s'insérer dans cet univers sans foi ni loi, elle reste sans nouvelles de ce dernier. Sans misérabilisme ni racolage, la réalisatrice Audrey Estrougo nous assène un coup de poing dans l'estomac pour décrire la quotidienneté d'une taularde en remise en question depuis le silence de son époux. En évitant les clichés du genre carcéral mainte fois traités au préalable de manière souvent ostentatoire, Audrey Estrougo parvient à nous immerger dans cet enfer de détention grâce à la personnalité de sa mise en scène proche d'un style de Pialat ! Autant dire que cette réalisatrice plutôt discrète (si bien que j'ignore l'éventuel label de ses oeuvres antécédentes) me parait brillamment douée pour sa maestria d'une caméra inventive (jamais voyeuriste !) en adoptant le parti-pris d'autopsier les profils de détenues sans effet de manche. Par extension, avec une vérité humaine brut de décoffrage !


L'intensité psychologique qui émane des divergences morales entre elles et des surveillantes s'avérant parfois difficilement supportable (bien que l'on énumère une seule séquence brutale quasi suggérée du hors-champs !) alors que son climat malsain, quasi irrespirable, nous jugule de manière sous-jacente. Habituée aux rôles plutôt glamour, Sophie Marceau casse son image docile avec une remarquable sobriété si bien qu'elle s'affiche à l'écran sans fard pour mettre en exergue un jeu viscéral de dégénérescence morale depuis sa désillusion d'un amour tronqué. Le film illustrant avant tout de quelle façon cette détenue en herbe de prime abord taiseuse et courageuse va lentement céder à la révolte, l'infantilisme et à la haine parmi l'influence de son entourage séditieux en quête de reconnaissance et parmi l'autorité arrogante de gardiennes parfois intransigeantes. Outre l'intensité de sa présence à la fois fragile et déterminée (comme celle de se procurer un portable afin de contacter son mari), les autres seconds-rôles qui l'accompagnent ou la molestent s'avèrent tous sidérants d'authenticité, notamment par leur charisme buriné confondant de naturel ! Pour faire simple, on croirait réellement avoir à faire à de réelles détenues purgeant leur peine entre deux claps de tournage ! On peut autant prôner le jeu impérieux des geôlières quotidiennement impliquées malgré elles dans des conflits d'autorité et de caprice entre taulardes si bien que la réalisatrice s'attarde notamment à souligner leur fragilité tantôt dépressive à gérer leur situation professionnelle au sein d'un climat pernicieux.


Descente aux enfers anxiogène dans les tréfonds d'un milieu carcéral exclusivement féminin, La Taularde prend aux tripes et émeut sous le pilier de sa dramaturgie émotionnelle qu'Audrey Estrougo maîtrise avec virtuosité et dextérité dans son souci documenté de dépeindre la déchéance animale de ces détenues. Sans jamais s'apitoyer sur leur sort précaire, La Taularde constitue un cri d'alarme contre toute hiérarchie pénitentiaire si bien que l'on ne sort pas indemne de son amère constat d'échec.  

B-M 

Audrey Estrougo

mardi 17 janvier 2017

POLICE PYTHON 357

                                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

d'Alain Corneau. 1976. France. 2h01. Avec Yves Montand, Simone Signoret, François Périer, Stefania Sandrelli, Mathieu Carrière, Vadim Glowna, Claude Bertrand

Sortie salles France: 31 Mars 1976

FILMOGRAPHIE: Alain Corneau, né le 7 août 1943 à Meung-sur-Loire (Loiret) et mort le 30 août 2010 dans le 13e arrondissement de Paris, est un réalisateur français de cinéma.
1974 : France société anonyme. 1976 : Police Python 357. 1977 : La Menace. 1979 : Série noire.
1981 : Le Choix des armes. 1984 : Fort Saganne. 1986 : Le Môme. 1989 : Nocturne indien. 1991 : Tous les matins du monde. 1995 : Le Nouveau Monde. 1997 : Le Cousin. 2000 : Le Prince du Pacifique. 2002 : Stupeur et tremblements. 2005 : Les Mots bleus. 2007 : Le Deuxième Souffle. 2010: Crime d'amour.


Classique du polar français réalisé par un maître du genre, Police Python 357 continue de nous passionner 40 ans après sa sortie grâce au brio circonspect de sa mise en scène et à l'ossature de son scénario qu'Alain Corneau et Daniel Boulanger ont rédigé avec une science du suspense émoulu. Tombé naïvement sous le charme d'une photographe italienne, l'inspecteur Marc Ferrot se retrouve mêlé à une machination à la suite de la découverte de son cadavre. A partir d'une romance fétide qu'éprouvent indépendamment un flic et un commissaire, l'intrigue vénéneuse convoque une confrontation au sommet lorsque ce dernier dépité par son crime passionnel se résout à culpabiliser son partenaire après avoir honnêtement tenté de se livrer à la police. Par lâcheté donc, il décide in extremis de sauver sa peau grâce à l'influence de son épouse et des preuves qui tendraient à inculper Ferrot durant leur dernier passage chez le domicile de la victime. Parmi l'intensité de ses enjeux humains partagés entre remord, trahison et crainte d'être alpagués, Police Python 357 insuffle l'empathie auprès de l'inspecteur Ferrot s'efforçant durant son cheminement investigateur à démasquer l'assassin de sa maîtresse.


Seulement, ses empreintes laissées par inadvertance sur les lieux du crime vont inévitablement le forcer à déroger à la légalité, quand bien même quelques témoins oculaires lui porteront préjudice lors des confrontations que Ferrot doit prochainement approuver sous sa hiérarchie policière. Dans son rôle de flic infortuné, éperdument amoureux d'une aguicheuse immature, Yves Montand impose sobrement une présence aussi désespérée que vaillante partagée entre douleur, dépit et perte de l'être aimé avant de se compromettre à l'illégalité de dernier ressort. De par sa corruption à falsifier des preuves afin de taire sa fausse culpabilité et sa détermination à identifier le coupable sous l'impulsion d'une légitime défense. En commissaire impliqué dans la tourmente du crime d'amour, François Périer maîtrise un caractère flegme pour sa fonction improvisée d'amant jaloux incité par sa couardise de sacrifier un innocent, quand bien même Simone Signoret provoque une étrange compassion dans sa situation à la fois adultère et véreuse avant de susciter une émotion poignante quant à la tournure dramatique d'un revirement. En adjoint studieux déterminé à boucler l'enquête sous l'autorité de son supérieur Ferrot, Mathieu Carrière exacerbe les enjeux de pouvoir lorsque ce dernier commence à le suspecter sans y déceler l'issue des confrontations tendues.


Polar noir passionnant dans les tenants et aboutissants cérébraux de notre trio maudit empêtré dans une relation d'adultère au vitriol (les spectateurs comprendront d'autant mieux si je me réfère à une séquence clef restée dans les annales !), Police Python 357 est également illuminé par le charisme de sa distribution (à l'ancienne) que Montand domine avec une virilité finalement héroïque, quand bien même le choeur composé par George Delerue continue de nous hanter dans sa tonalité funèbre. Du grand cinéma !

B-M. 3èx

Récompense: Meilleur montage pour Marie-Josèphe Yoyotte, César 77.

vendredi 13 janvier 2017

THE BIRTH OF A NATION. Grand Prix du Jury, Prix du Public, Sundance 2016.

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allociné.fr

de Nate Parker. 2016. U.S.A. 1h59. Avec Nate Parker, Armie Hammer, Mark Boone Junior, Colman Domingo, Aunjanue Ellis, Dwight Henry

Sortie salles France: 11 Janvier 2017. U.S: 7 Octobre 2016

FILMOGRAPHIENate Parker, né à Norfolk le 18 novembre 1979 (37 ans), est un acteur et réalisateur américain.


Applaudi au Festival de Sundance tant et si bien qu'il remporte le Grand Prix du Jury et le Prix du Public, The Birth of a nation relate l'histoire vraie du prêcheur noir Nat Turner qui incita des esclaves noirs à l'insurrection le 21 Août 1831. Alors que l'année dernière l'oscarisé 12 Years a slave avait également abordé le sujet de l'esclavage aux Etats-Unis, et ce bien avant la guerre de sécession, Nat Parker, acteur et réalisateur néophyte, s'avère à mon sens plus sincère dans sa démarche parfois maladroite (beaucoup lui reprochent une réalisation académique !) pour authentifier un personnage historique s'étant forgé sa notoriété auprès d'une idéologie vindicative. Sans céder à la facilité du pathos et de la complaisance pour l'intensité des torture habilement filmées (hors-champs en sus pour certains moments aussi éprouvants), The Birth of a nation captive par petites touches en prenant soin de décrire la destinée de ce prêcheur dont la réputation résonnera jusqu'à l'abolition de l'esclavage.


De son enfance à l'âge adulte, nous nous immergeons dans la quotidienneté de sa condition soumise avant sa prise de conscience de contester des sévices innommables infligés sur des noirs (potentiellement) indisciplinés, et sa nouvelle interprétation des versets de la Bible qu'il dictait instinctivement afin d'apaiser les rancoeurs de ses pairs. Prenant son temps à narrer son histoire, notamment par le biais d'un romance que partage le héros avec une jeune esclave, Nat Parker croit fermement à la progression dramatique de son récit (aussi prévisible soit-il) pour faire naître une émotion empathique jamais programmée (même si on peut parfois juger un brin appuyée son score musical dans la sonorité cérémonielle des choeurs religieux). Au-delà de la puissance émotionnelle du fait divers dénonçant à nouveau la haine et la barbarie du racisme, The Birth of a Nation renforce sa modeste authenticité auprès du jeu dépouillé de seconds-rôles au charisme saillant. Outre le talent de ses derniers communément impliqués dans une opposition ethnique, Nat Parker, acteur, porte le film sur ses épaules dans son témoignage humaniste d'esclave docile peu à peu rongé par une auto-justice qu'une doctrine religieuse finit par lui enseigner (on peut d'ailleurs prêter un brin de métaphore au mouvement punitif de Daesh bien que le porte parole n'est ici en rien fanatisé). Ce qui donne lieu au terme à quelques séquences d'affrontements sanglants modérément chorégraphiés si bien que Nat Parker ne s'attarde pas sur l'aspect homérique du carnage. On peut également souligner le soin formel imparti à sa reconstitution historique (le comté rural de Virginie) éclairé d'une photo limpide et d'un cadre solaire parfois teinté d'onirisme (comme en témoigne les visions mystiques de Nat lors de son introspection morale ou les couchers de soleil voilant les champs de coton).


Inévitablement poignant, intense et bouleversant parmi la juste mesure de séquences intimistes et d'autres révoltantes réalisées avec tact et pudeur (à l'instar de l'humilité du final cruel où la suggestion prime alors qu'on nous évoque l'image d'après un nouvel épisode belliqueux de l'histoire de l'esclavage), The Birth of a nation n'a pas volé ses récompenses à Sundance en dépit d'un certain scandale qui entoure le passé du réalisateur et du scénariste que certaines critiques se sont relayées pour un motif sans doute péjoratif. Il en émane une première oeuvre imparfaite mais autrement sincère et essentielle pour la gravité de son thème si actuel, et rien que pour cela, The Birth of a nation mérite à mon sens la dignité en ces temps médiévaux d'intolérance et de racisme galopant. 

B-M

Spoilers ! La rébellion qui dura presque 48 heures causa la mort de plus de 60 esclavagistes, semant la peur dans tout le pays. En représailles, des centaines d'africains, esclaves ou non, furent assassinés. Le corps de Nat Turner fut écorché et démembré. Sa peau servit à coudre des reliques et sa chair, à faire de la graisse. Ceci afin de décourager les émules. Fin du Spoiler.

Récompenses: Festival du film de Sundance 2016: sélection « U.S. Dramatic Competition »
Grand prix du jury
Prix du public

jeudi 12 janvier 2017

FUTUR IMMEDIAT: LOS ANGELES 1991

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site lavisqteam.fr

"Alien Nation" de Graham Baker. 1988. U.S.A. 1h31. Avec James Caan, Mandy Patinkin, Terence Stamp, Kevyn Major Howard, Leslie Bevis, Peter Jason, Conrad Dunn.

Sortie salles France: 8 Février 1989. U.S: 7 Octobre 1988

FILMOGRAPHIE: Graham Baker est un réalisateur, producteur et scénariste américain.
1981: La Malédiction Finale. 1984: Impulse. 1988: Futur Immédiat, Los Angeles 1991. 1990: The Recruit. 1991: Ni dieu ni maître (Born to Ride). 1999: Beowulf


Série B mineure d'anticipation musclée qui fit les beaux jours des cinéphiles des années 80, Futur Immédiat: Los Angeles 1991 exploite le Buddy Movie en vogue depuis les récents succès de 48 Heures et de l'Arme Fatale ! Si l'intrigue d'une affligeante banalité (2 flics que tout oppose tentent de remontrer une filière de la drogue) ne réserve aucune surprise quant au cheminement stéréotypé, son centre d'intérêt se trouve dans sa formule impartie aux codes du Buddy Movie. A savoir, la communion d'un duo improbable par le biais du choc des cultures qu'incarnent un flic et un extra-terrestre en initiation amicale. Aussi banal soit son pitch digne d'un épisode d'Hollywood Night, Futur Immédiat... parvient tout de même à apporter une touche d'originalité à travers son thème universel, l'invasion extra-terrestre.


Insérés dans la société américaine depuis quelques années, ces aliens sont toutefois victimes de racisme auprès d'une frange de citadins quand bien même les plus véreux se portent garant pour collaborer à l'odieux trafic d'une drogue aussi addictive que destructrice ! Les consommateurs éprouvant après injection des pulsions de violence démesurées, quand bien même une overdose peuvent les soumettre à une mutation surhumaine ! A la suite de la mort de son collègue lors d'un règlement de compte sanglant avec des braqueurs "aliens", le détective Sykes décide de faire équipe avec l'humanoïde Samuel Francisco afin de faciliter son investigation. Inscrit dans la décontraction et un second degré assumé, Graham Baker accorde beaucoup d'attention à la familiarisation de ce duo policier que forment respectivement James Caan (parfaitement à l'aise dans son rôle bourru de flic irascible mais loyal) et Mandy Patinkin (aussi attachant en adjoint humaniste, studieux et inopinément héroïque !). Quand bien même Terence Stamp, quasi méconnaissable à travers sa trogne volumineuse, leur dispute sobrement la vedette dans une posture égotiste de magnat de la drogue. En dépit de sa minceur narrative, ce B movie agréablement troussé est notamment transcendé par ces réparties (gentiment) cocasses que James Caan se prend malin plaisir à improviser afin de désinhiber son acolyte.


Emaillé de quelques gunfights percutants (son prologue explosif particulièrement jouissif et chorégraphié !) et d'une haletante poursuite automobile, Futur Immédiat: Los Angeles 1991 cultive une irrésistible sympathie dans sa simplicité et son efficacité à jumeler les genres (polar, action, comédie, science-fiction) sous l'autorité d'un duo bonnard très attachant. Tout à fait crédible quant à l'iconographie de nos extra-terrestres implantés sur terre, on peut enfin louer le soin des maquillages (simples mais pleinement convaincants !) issus de l'écurie Stan Winston

B-M

Récompense: Saturn Award du meilleur film de science-fiction, par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 1990.

mercredi 11 janvier 2017

THE GIRL WITH ALL THE GIFTS

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site IMDB

de Colm McCarthy. 2016. Angleterre/U.S.A. 1h51. Avec Gemma Arterton, Sennia Nanua, Glenn Close, Paddy Considine, Anamaria Marinca, Dominique Tipper.

Sortie salles Angleterre: 23 Septembre 2016

FILMOGRAPHIEColm McCarthy est un réalisateur et scénariste anglais né le 16 Février 1973 à Edinburgh. Scotland, UK. 2004: Baldy McBain (télé-film). 2010: Outcast. 2016: The Girl with All the Gifts.


Réalisateur néophyte signataire d'un télé-film et d'un long-métrage relativement passé inaperçu (Outcast), Colm McCarthy surprend agréablement avec The Girl With all the Gifts en empruntant brillamment le thème éculé des infectés. Dans un monde dystopique, les membres d'une base militaire tentent de se prémunir contre la menace d'infectés affamés de chair humaine. Dirigeant une petite classe d'enfants contaminés mais doués de conscience et de sensibilité, l'institutrice Miss Justiniau essaie de les éduquer avec l'espoir de les humaniser, quand bien même le docteur Caldwell ne songe qu'à les expérimenter afin de trouver un vaccin qui pourrait sauver l'humanité. Mais l'assaut impromptu d'une armée d'infectés contraignent quelques survivants ainsi que le sujet Mélanie à s'échapper de la base pour sillonner les vestiges du centre urbain. 


Récit d'anticipation horrifique inspirée de 28 jours (et semaines) plus tard, The Girl with all the gifts renoue avec un Fantastique adulte et ambitieux comme on en voit peu dans le paysage conventionnel. Colm McCarthy s'efforçant d'authentifier son contexte post-apo par le biais d'une atmosphère de désolation, quand bien même la ténuité de sa partition envoûtante insuffle une aura poétique assez capiteuse sous l'impulsion d'une héroïne juvénile complexe. Immersif donc pour l'esthétisme blafard de son climat feutré et captivant quant au cheminement de survie que nos héros arpentent fiévreusement, The Girl with all the gifts parvient à renouveler les codes du film d'infectés grâce à des rebondissements habiles ! Telle cette menace inédite d'infection fongique en instance de mutation (une bactérie provenant d'un champignon) puis celle d'une nouvelle génération d'enfants livrés à l'état primitif mais potentiellement aptes à une nouvelle postérité. On est d'autant plus fasciné par la morphologie inhabituelle des infectés, tantôt hiératiques lorsqu'ils sont privés d'odeur humaine, tantôt erratiques lorsqu'une victime s'y trouve à proximité. On est notamment impressionné par le charisme inédit de leur rictus carnassier mimant leur insatiabilité avec une émotion animale ! Outre la vigueur de quelques séquences d'angoisses parfaitement maîtrisées (le soldat dans l'épicerie), The Girl with all the gifts privilégie intelligemment l'étude caractérielle de ses personnages en divergence morale (principalement la biologiste et l'institutrice) sous le témoignage amiteux d'une adolescente futée que Sennia Nanua endosse avec une constance dépouillée (prix d'interprétation féminine à Catalogne !).


Sans jamais se laisser tenter par l'actionner bourrin que nombre de prods horrifiques se sont vulgairement fourvoyées (si on élude ses 20 premières minutes échevelées), The Girl with all the gifts renoue avec un cinéma à l'ancienne (identitaire/intimiste/novateur/climatique) par son parti-pris d'immerger le spectateur dans une aventure humaine aussi pessimiste qu'en demi-teinte. A l'instar de de son épilogue binaire littéralement bipolaire ! Une oeuvre marquante et sensible pour le traitement infligé aux enfants, la plus originale jamais traitée sur le thème rebattu des infectés ! 

B-D

mardi 10 janvier 2017

BLASTFIGHTER, L'EXECUTEUR

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site nanarland.com

de Lamberto Bava. 1984. Italie. 1h29. Avec Mike Miller, Patrick O'Neil Jr, Michael Sopkiw, Valentina Forte, George Eastman, Stefano Mingardo, Ottaviano Dell'Acqua, Michele Soavi.

Sortie salles France: 14 Novembre 1984. Italie: 25 Juillet 1984

FILMOGRAPHIE: Lamberto Bava est un réalisateur et un scénariste italien né le 3 avril 1944 à Rome. Il est le fils de Mario Bava. 1980 : Baiser macabre (+ scénariste) , 1983 : La Maison de la terreur, 1984 : Apocalypse dans l'océan rouge, 1985 : Demons (+ scénariste),1986 : Demons 2 (+ scénariste),1991 : Body puzzle, 1991 : La Caverne de la Rose d'Or : La Princesse Rebelle, 1992 : La Caverne de la Rose d'Or : La Sorcière Noire, 1993 : La Caverne de la Rose d'Or : La Reine des Ténèbres, 1994 : La Caverne de la Rose d'Or : L'Empereur du Mal, 1994 : Desideria et le prince rebelle, 1996 : La Caverne de la Rose d'Or : Le Retour de Fantaghirò, 1996 : La Légende d'Alisea, 1997: La Princesse et le Pauvre, 1998 : Caraibi, 2001 : L'impero, 2006 : Ghost son.


Surfant sur le succès notoire de Rambo, Lamberto Bava nous livre avec Blastfighter sa version transalpine sous couvert de manifeste écolo anti chasse. Après avoir purgé une peine de 10 ans de prison pour s'être fait justice auprès de l'assassin de sa femme, Tiger Sharp retourne dans sa ville natale. Confronté à la provocation de chasseurs sans vergogne, il finit par les brimer lors d'une partie de chasse. Alors que sa fille vient lui régler des comptes pour l'avoir lâchement abandonné après la mort de sa mère, Tiger est contraint de la protéger depuis la rancoeur des braconniers. Ce pitch canonique surfant sur Délivrance et Rambo compile à rythme métronomique un florilège de situations prévisibles entre un héros invincible (Mike Miller, plutôt inexpressif dans son regard azur) et des méchants décervelés ultra caricaturaux.


Adoptant son sujet au sérieux, Lamberto Bava nous livre donc une série Z truffée de maladresses et de clichés par le biais d'un survival haletant. Sur ce dernier point, Blasfighter s'avère plutôt généreux puisqu'il enchaîne sans répit des bravoures homériques fondées sur le principe payant de Rambo. A savoir une chasse à l'homme de longue haleine inscrite dans la déloyauté si bien que notre héros seul contre tous usera de subterfuges pour tenter de s'en sortir vivant. Et pour perdurer dans l'inspiration de Rambo, le cadre forestier des règlements de compte est efficacement exploitée par l'entremise d'un panorama montagneux. Seulement, si la plupart des épigones transalpins du même tonneau continuent de nous amuser et de nous faire vibrer par leur aspect irrésistiblement ringard (humour involontaire en sus), Blasfighter ne possède pas cette même aura, cette même innocence, faute d'une dramaturgie trop appuyée que l'on voit venir à des kilomètres, et d'un manque flagrant d'intensité pour les enjeux de survie (notamment ces rapports sirupeux entre Tiger et sa fille). Néanmoins, les inconditionnels de bisserie d'exploitation devraient sans doute y trouver leur compte grâce à son action en roue libre culminant vers une dernière partie gentiment débridée (l'usage escompté de la fameuse arme révolutionnaire du héros).


Sympathique par son esprit Bis typiquement transalpin (à l'instar de son score entraînant concocté par Tommie Baby) mais beaucoup trop naïf, contracté et prévisible pour combler nos attentes.

B-M