Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allociné.fr
de Nate Parker. 2016. U.S.A. 1h59. Avec Nate Parker, Armie Hammer, Mark Boone Junior, Colman Domingo, Aunjanue Ellis, Dwight Henry
Sortie salles France: 11 Janvier 2017. U.S: 7 Octobre 2016
FILMOGRAPHIE: Nate Parker, né à Norfolk le 18 novembre 1979 (37 ans), est un acteur et réalisateur américain.
Applaudi au Festival de Sundance tant et si bien qu'il remporte le Grand Prix du Jury et le Prix du Public, The Birth of a nation relate l'histoire vraie du prêcheur noir Nat Turner qui incita des esclaves noirs à l'insurrection le 21 Août 1831. Alors que l'année dernière l'oscarisé 12 Years a slave avait également abordé le sujet de l'esclavage aux Etats-Unis, et ce bien avant la guerre de sécession, Nat Parker, acteur et réalisateur néophyte, s'avère à mon sens plus sincère dans sa démarche parfois maladroite (beaucoup lui reprochent une réalisation académique !) pour authentifier un personnage historique s'étant forgé sa notoriété auprès d'une idéologie vindicative. Sans céder à la facilité du pathos et de la complaisance pour l'intensité des torture habilement filmées (hors-champs en sus pour certains moments aussi éprouvants), The Birth of a nation captive par petites touches en prenant soin de décrire la destinée de ce prêcheur dont la réputation résonnera jusqu'à l'abolition de l'esclavage.
De son enfance à l'âge adulte, nous nous immergeons dans la quotidienneté de sa condition soumise avant sa prise de conscience de contester des sévices innommables infligés sur des noirs (potentiellement) indisciplinés, et sa nouvelle interprétation des versets de la Bible qu'il dictait instinctivement afin d'apaiser les rancoeurs de ses pairs. Prenant son temps à narrer son histoire, notamment par le biais d'un romance que partage le héros avec une jeune esclave, Nat Parker croit fermement à la progression dramatique de son récit (aussi prévisible soit-il) pour faire naître une émotion empathique jamais programmée (même si on peut parfois juger un brin appuyée son score musical dans la sonorité cérémonielle des choeurs religieux). Au-delà de la puissance émotionnelle du fait divers dénonçant à nouveau la haine et la barbarie du racisme, The Birth of a Nation renforce sa modeste authenticité auprès du jeu dépouillé de seconds-rôles au charisme saillant. Outre le talent de ses derniers communément impliqués dans une opposition ethnique, Nat Parker, acteur, porte le film sur ses épaules dans son témoignage humaniste d'esclave docile peu à peu rongé par une auto-justice qu'une doctrine religieuse finit par lui enseigner (on peut d'ailleurs prêter un brin de métaphore au mouvement punitif de Daesh bien que le porte parole n'est ici en rien fanatisé). Ce qui donne lieu au terme à quelques séquences d'affrontements sanglants modérément chorégraphiés si bien que Nat Parker ne s'attarde pas sur l'aspect homérique du carnage. On peut également souligner le soin formel imparti à sa reconstitution historique (le comté rural de Virginie) éclairé d'une photo limpide et d'un cadre solaire parfois teinté d'onirisme (comme en témoigne les visions mystiques de Nat lors de son introspection morale ou les couchers de soleil voilant les champs de coton).
Inévitablement poignant, intense et bouleversant parmi la juste mesure de séquences intimistes et d'autres révoltantes réalisées avec tact et pudeur (à l'instar de l'humilité du final cruel où la suggestion prime alors qu'on nous évoque l'image d'après un nouvel épisode belliqueux de l'histoire de l'esclavage), The Birth of a nation n'a pas volé ses récompenses à Sundance en dépit d'un certain scandale qui entoure le passé du réalisateur et du scénariste que certaines critiques se sont relayées pour un motif sans doute péjoratif. Il en émane une première oeuvre imparfaite mais autrement sincère et essentielle pour la gravité de son thème si actuel, et rien que pour cela, The Birth of a nation mérite à mon sens la dignité en ces temps médiévaux d'intolérance et de racisme galopant.
B-M
Spoilers ! La rébellion qui dura presque 48 heures causa la mort de plus de 60 esclavagistes, semant la peur dans tout le pays. En représailles, des centaines d'africains, esclaves ou non, furent assassinés. Le corps de Nat Turner fut écorché et démembré. Sa peau servit à coudre des reliques et sa chair, à faire de la graisse. Ceci afin de décourager les émules. Fin du Spoiler.
Récompenses: Festival du film de Sundance 2016: sélection « U.S. Dramatic Competition »
Grand prix du jury
Prix du public
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