vendredi 18 août 2017

HIGHT SPIRITS

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

de Neil Jordan. 1988. Angleterre/U.S.A. 1h39 Avec Steve Guttenberg, Daryl Hannah, Peter O'Toole, Beverly D'Angelo, Liam Neeson, Martin Ferrero, Jennifer Tilly.

Sortie salles France: 18 Janvier 1989. U.S.A: 18 Novembre 1988

FILMOGRAPHIE: Neil Jordan est un réalisateur, producteur, scénariste et écrivain irlandais, né le 25 Février 1950 à Sligo. 1982: Angel. 1984: La Compagnie des Loups. 1986: Mona Lisa. 1988: High Spirits. 1989: Nous ne sommes pas des Anges. 1991: L'Etrangère. 1992: The Crying Game. 1994: Entretien avec un Vampire. 1996: Michael Collins. 1997: The Butcher Boy. 1999: Prémonitions. 1999: La Fin d'une Liaison. 2002: L'Homme de la Riviera. 2005: Breakfast on Pluto. 2007: A vif. 2009: Ondine. 2012: Byzantium. 


Echec public lors de sa discrète sortie en salles alors qu'il s'agissait de l'unique incursion de Neil Jordan dans la comédie, High Spirits conjugue avec une bonne humeur souvent expansive cocasserie et fantastique à travers le thème des esprits (farceurs). Oublié à tort depuis sa confection et peu diffusé à la TV, High Spirits empreinte le schéma de la série B décomplexée au travers d'une intrigue sommaire riche en quiproquos, incidents surnaturels et étreintes amoureuses. Neil Jordan s'appliquant avec intégrité à nous relater les vicissitudes d'une poignée de touristes débarqués au sein d'un manoir sclérosé. Le propriétaire des lieux alcoolo et au bord du suicide (que le cabotin Peter O'Toole campe avec une irrésistible dérision !) s'évertuant à séduire sa frêle clientèle par l'entremise de fantômes risibles que lui et ses comparses ont mis au point à l'aide de trucages vieux comme le monde. 


Seulement, après avoir cerné la supercherie, les hôtes vont soudainement se confronter à de véritables fantômes; quand bien même Jack Crawford va profiter de son idylle naissante avec une revenante afin de fuir son épouse acariâtre ! A travers cette intrigue simpliste plutôt redondante il faut l'avouer dans ses jeux de drague que s'échangent un couple de fantômes avec un couple d'humains, High Spirits amuse pour autant la galerie sous l'impulsion de gags pittoresques qu'une foule d'acteurs enchaînent avec exubérance contagieuse. Si la première demi-heure, la plus réussie dans sa démarche autoparodique, privilégie les situations comiques avec inventivité et vigueur effrénées, la suite s'oriente plus du côté de la romance à travers les charmants duos que forment Steve Guttenberg Daryl Hannah et Beverly D'Angelo / Liam Neeson (à ses touts débuts dans une prestance subalterne) s'efforçant mutuellement d'adhérer à l'amour surnaturel. Bien que Neil Jordan abuse de temps à autre d'une esbroufe parfois gratuite par le biais d'effets-spéciaux néanmoins réussis, on lui pardonne ses facilités tant l'insolence des évènements surnaturels nous amusent constamment avec un esprit vintage (notamment ses décors marins de carton pâte se matérialisant soudainement sous nos yeux !). 


En dépit d'un rythme parfois défaillant saupoudré de quelques longueurs et d'un scénario à la fois linéaire et sans surprise (on devine aisément l'issue finale pour les 2 couples en ascension amoureuse), High Spirits parvient à distraire avec une simplicité aussi charmante qu'attendrissante. Sa modeste réussite résidant surtout dans la complicité festive des comédiens d'une spontanéité et d'une fraîcheur galvanisantes (jusqu'aux moindres seconds-rôles pétillants de naïveté - Meg Tilly en tête ! -). Enfin, tout en s'attachant peu à peu à l'onirisme candide d'une romance improbable, on se laisse aussi enivrer par l'esthétisme gothique du vaste manoir confiné à proximité d'une nature crépusculaire. 

Bruno Dussart
3èx

jeudi 17 août 2017

ELLE S'APPELAIT SCORPION

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Joshuu sasori: Dai-41 zakkyo-bô / Female Convict Scorpion Jailhouse 41" de Shunya Ito. 1972. Japon. 1h28. Meiko Kaji, Fumio Watanabe, Kayoko Shiraishi, Yukie Kagawa.

Sortie salles Japon: 30 Décembre 1972. France: 22 April 2011 (Lyon Festival Hallucinations Collectives)

FILMOGRAPHIEShun’ya Itō (伊藤 俊也, Itō Shun’ya?) est un réalisateur japonais né le 17 Février 1937. 1972 : La femme scorpion. 1972 : Elle s'appelait scorpion. 1973 : La tanière de la bête. 1982 : Piège pour un Kidnapper. 1985 : Gray Sunset. 1988 : Labyrinth of Flower Garden. 1995 : Adieu, Nostradamus ! 1998 : Pride: The Fateful Moment.


Second volet d'une saga légendaire de 6 films et considéré comme le plus réussi, Elle s'appelait Scorpion empreinte le schéma du WIP ("women in prison") avant de bifurquer fissa vers le rape and revenge et le survival lorsqu'une poignée de prisonnières parviennent à s'échapper de leur geôle grâce à la complicité de l'indomptable Matsu. Une détenue tête de turc passée maître dans l'art de l'évasion mais pour autant molestée par ses propres rivales jouant l'indépendance à travers leur haine, leur jalousie, leur rancoeur et leur vengeance. Durant un houleux périple, elles n'auront de cesse de s'opposer à la police et aux gardiens lancés à leur trousse quand bien même les touristes d'un car vont leur servir d'otages afin de déjouer un barrage.


Sous le moule d'une série B d'exploitation alternant à rythme métronomique, sévices corporels, viols, humiliations et règlements de compte sanglants entre détenues et gynophobes (le terme est on ne peut mieux approprié !), Elle s'appelait Scorpion aurait pu sombrer dans le produit lambda si la mise en scène hyper stylisée n'avait su faire preuve d'autant de fulgurances visuelles, à mi-chemin de la bande dessinée, du western et du conte moderne. Véritable trip expérimental baignant dans un onirisme baroque, notamment de par ses décors géométriques, Elle s'appelait Scorpion se vit à l'instar d'un rêve éveillé sous la mainmise d'une anti-héroïne mutique (elle prononce à peine 3 phrases durant tout le métrage !) que campe avec pudeur la troublante Meiko Kaji. Sa présence spectrale inscrite dans le non-dit et l'intensité de son regard impassible restant une énigme chez le spectateur incapable d'en défricher sa véritable identité. Cruel, cynique et ultra violent, le récit suggère la métaphore sur l'émancipation féminine lorsque ces dernières sont traitées comme du bétail par des machistes sans vergogne. A cet égard, la ligue féministe devrait s'en réjouir puisque tous les protagonistes mâles qu'on nous présentent outrancièrement s'avèrent des ordures libidineuses n'hésitant pas d'autre part à bafouer leur déontologie pour mieux parvenir à leurs fins. Tandis que les fugitives, assoiffées de haine et de liberté, n'hésiteront pas à recourir à la vendetta expéditive durant leur traque de survie.  


Prenant à contre pied la norme du divertissement jouissif, Elle s'appelait Scorpion opte pour les ruptures de ton, l'expressionnisme baroque (photo contrastée à l'appui) et les expérimentations alambiquées afin de perdre sens et repères du spectateur embarqué dans une série B hybride quasi surnaturelle. A la lisière de la féerie macabre mais plutôt difficile d'accès, cette perle culte au pouvoir de fascination subtilement trouble et capiteux porte la signature du talent personnel de Shun’ya Itō.

Bruno Dussart
2èx

mercredi 16 août 2017

UNE MESSE POUR DRACULA

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com


"Taste the Blood of Dracula" de Peter Sasdy. 1970. Angleterre. 1h31. Avec Christopher Lee, Geoffrey Keen, Gwen Watford, Linda Hayden, Peter Sallis, Anthony Corlan, Isla Blair.

Sortie salles France: 7 Octobre 1970. U.S: 7 Juin 1970

FILMOGRAPHIEPeter Sasdy est un réalisateur britannique né le 27 mai 1935 à Budapest. 1970 : Une messe pour Dracula. 1971 : La Fille de Jack l'Éventreur. 1971 : Comtesse Dracula. 1972 : Doomwatch. 1973 : Nothing But the Night. 1975 : Evil Baby. 1983 : The Lonely Lady.


Suite directe de Dracula et les femmes, Une messe pour Dracula est le 5è volet consacré au prince des ténèbres que Peter Sasdy dirige pour la première fois sous l'égide de la Hammer. A partir d'un scénario assez faiblard mais non exempt d'originalité, à l'instar de cette séance envoûtée de messe noire plutôt malsaine et à la résurrection qui s'ensuit, Une Messe pour Dracula est transcendé par l'efficacité d'une réalisation scrupuleuse où rien n'est laissé au hasard, par sa fulgurance gothique traversée d'images picturales à damner un saint, et d'un jeu d'acteurs parfaitement impliqués dans leur périple de survie où le désarroi gagne du terrain. En gros, trois notables plutôt dévergondés (on les rencontre de prime abord dans un bordel de catins aux poitrines ouvertement opulentes) se laissent influencer par un Lord adepte d'une messe noire bien spécifique. Car au sein d'une église décatie, ce dernier a pour ambition de réanimer le prince des ténèbres parmi leur frêle complicité. Mais la séance tourne au fiasco lorsque les hôtes terrorisés à l'idée de boire le sang de Dracula cèdent à la panique quand bien même le lord s'empresse d'ingurgiter lui même la potion avant d'être pris de convulsions.


C'est alors que ces derniers se ruent sur lui pour le battre à mort. Quelques jours après le drame, et alors que chacun des coupables se confinent dans le mutisme (voir l'alcoolisme pour l'un d'entre eux) au sein de leur foyer, Dracula parvient toutefois à renaître de ses cendres en prenant possession du corps du Lord Courtley. Uniquement bâti sur la vengeance de Dracula délibéré à venger la mort de son serviteur auprès des responsables, Une messe pour Dracula parvient pour autant à captiver grâce à la corruption de ces trois criminels rongés par le remord et l'angoisse de passer sous les verrous quand bien même les seconds-rôles féminins assujettis au prince font preuve d'un charme vénéneux dans leur posture pernicieuse. Bien évidemment, chacun des trois coupables périra de manière aussi cruelle que perfide si bien que Dracula utilise à chaque fois la complicité de ses maîtresses sous l'impulsion de l'hypnose. Une fois de plus, dans sa stature ténébreuse et longiligne, Christopher Lee crève l'écran à chacune de ses apparitions spectrales. Peter Sasdy cadrant l'acteur affublé d'une longue cape noire de manière stylisée afin de rehausser l'aspect surnaturel de sa présence sépulcrale.


Série B d'exploitation transfigurée par un esthétisme flamboyant (plusieurs images picturales sont franchement sublimes sous la lumière d'une photo sépia), une réalisation efficace et le talent spontané de comédiens dandy, Une Messe pour Dracula fascine irrémédiablement au sein d'une narration classique tantôt audacieuse par son climat malsain (la longue séance de messe noire s'avère le moment le plus intense et inquiétant, notamment auprès de sa poésie macabre !), son onirisme expérimental loin d'être banal (la mort vertigineuse de Dracula !) et enfin son érotisme démonstratif (la séquence du bordel) qui lui vaudra à l'époque quelques vétilles avec dame censure. 

Bruno Dussart
2èx

mardi 15 août 2017

DEUX YEUX MALEFIQUES

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

"Due occhi diabolici / Two Evil Eyes" de George A. Romero et Dario Argento. 1990. U.S.A/Italie. 1h59. Avec Adrienne Barbeau, Ramy Zada, Bingo O'Malley, Jeff Howell, Harvey Keitel, Madeleine Potter, John Amos, Sally Kirkland, Kim Hunter.

Sortie salles France : 8 juillet 1992. États-Unis : 25 octobre 1991. Italie : 25 janvier 1990

FILMOGRAPHIE: Dario Argento est un réalisateur et scénariste italien né le 7 septembre 1940, à Rome (Italie). 1969: l'Oiseau au plumage de Cristal, 1971: Le Chat à 9 queues, Quatre mouches de velours gris, 1973: 5 Jours à Milan, 1975, Les Frissons de l'Angoisse, 1977: Suspiria, 1980: Inferno, 1982: Ténèbres, 1985: Phenomena, 1987: Opera, 1990: 2 yeux Maléfiques, 1993: Trauma, 1996: Le Syndrome de Stendhal, 1998: Le Fantome de l'Opéra, 2001: Le Sang des Innocents,2004: Card Player, 2005: Aimez vous Hitchcock ?, 2005: Jennifer (épis Masters of Horror, sais 1), 2006: J'aurai leur peau (épis Masters of Horror, sais 2), 2006: Mother of Tears, 2009: Giallo, 2011: Dracula 3D.
George Andrew Romero est un réalisateur, scénariste, acteur, auteur américain, né le 4 Février 1940 à New-York, et décédé le 16 juillet 2017 à Toronto. 1968: La Nuit des Morts-vivants. 1971: There's Always Vanilla. 1972: Season of the Witch. 1973: The Crazies. 1977: Martin. 1978: Zombie. 1981: Knightriders. 1982: Creepshow. 1985: Le Jour des Morts-vivants. 1988: Incidents de parcours. 1990: Deux Yeux Maléfiques. 1992: La Part des Ténèbres. 2000: Bruiser. 2005: Land of the Dead. 2008: Diary of the Dead. 2009: Survival of the Dead. 2011: Deep Red.


Inspiré de deux nouvelles d'Edgar Allan Poe, les maîtres de l'horreur George A. Romero et Dario Argento s'étaient réunis en 1990 pour un diptyque. A savoir la conjugaison de deux segments d'une durée de 55 minutes chacune, pour le meilleur et le moins bon. On commence donc avec le plus faible, La Vérité sur le cas de Monsieur Valdemar que George Romero nous emballe sans trop de fougue en dépit de l'originalité d'un pitch déjà beaucoup mieux traité dans le formidable Empire de la Terreur de Roger Corman (saisissante interprétation de Vincent Price en sus dans le rôle éponyme !). En gros, un couple d'amants tente d'escroquer le mari alité par le pouvoir de l'hypnose. Seulement, alors qu'ils salivent d'impatience à empocher l'héritage, ce dernier succombe prématurément à sa maladie. Ce qui remet en question le complot machiavélique des amants maudits. Au-delà du jeu parfaitement convaincant de Ramy Zada (en amant meurtrier burné) et d'Adrienne Barbeau (en complice pleutre hantée par le remord), La vérité sur le cas de Mr Valdamar peine à insuffler de l'intensité dans son récit macabre faisant intervenir au terme la figure du mort-vivant (une séquence d'autant plus fade dans son effet de surprise recherché !). Toutefois mis en scène avec un certain savoir-faire par son ambiance d'étrangeté quelque peu palpable, ce sketch se suit sans déplaisir et éveille même la stupeur lors d'une scène gore incroyablement percutante que Tom Savini transcende avec son habituel professionnalisme.


Le second sketch, le Chat Noir nous illustre la dérive meurtrière d'un photographe à sensations superbement campé par un Harvey Keitel transi de fascination morbide, et ce avant de succomber au vice le plus répréhensible ! En collaboration avec la police, il opère les clichés de victimes retrouvées sauvagement agressées sur la scène du crime mais finit peu à peu par se laisser séduire par le vertige du voyeurisme malsain ! Par l'entremise de cette déviance immorale, Savini nous concocte quelques visions horrifiques du plus bel effet ! Vivant paisiblement avec sa maîtresse, Roderick Fisher est aujourd'hui agacé par l'intrusion d'un chat que celle-ci vient d'adopter. De plus en plus soupe au lait car irrité par son omniprésence, il décide de se débarrasser de l'animal avant de sombrer dans une folie meurtrière. Original, débridé (notamment ce cauchemar éveillé que ce dernier subit durant l'époque médiévale en guise de châtiment !), pervers et sadique, Le Chat Noir est mené sur un rythme sans faille sous l'impulsion orgueilleuse d'un Harvey Keitel aussi bien détestable que couard ! Emaillé de scènes chocs une fois de plus incisives et très sanglantes, ce récit dépravé illustrant la déchéance sadique du photographe obsédé par la superstition du chat captive jusqu'à sa chute prévisible mais pour autant détonante lorsque Dario Argento y apporte à nouveau sa patte personnelle à une conclusion déjà connue. Car nonobstant une partition franchement peu inspirée, pour ne pas dire inadéquate, le Chat Noir nous entraîne dans une vénéneuse descente aux enfers parmi la compagnie secondaire de chats délétères dans leur esprit de revanche.


Si Deux yeux maléfiques n'est pas le sommet horrifique escompté de la part des deux grands maîtres, le segment du Chat Noir s'avère suffisamment ludique, audacieux, fou et surtout redoutablement pervers sous l'impulsion viciée d'Argento et Keitel en étroite complicité démoniaque.  

Eric Binford.
3èx

lundi 14 août 2017

Hurlements / The Howling. Prix de la Critique, Avoriaz 81.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemovies.fr
 
de Joe Dante. 1980. U.S.A. 1h30. Avec Dee Wallace, Patrick Macnee, Dennis Dugan, Christopher Stone, Belinda Balaski, Kevin McCarthy, John Carradine, Slim Pickens, Elisabeth Brooks, Robert Picardo.

Sortie salles France: 21 Janvier 1981. U.S: 10 Avril 1980

FILMOGRAPHIEJoe Dante (né le 28 novembre 1946 à Middletown, New Jersey) est un critique, scénariste, monteur, producteur et réalisateur américain. Son plus grand succès populaire est, à ce jour, Gremlins (1984). 1966-1975 : The Movie Orgy 1976 : Hollywood Boulevard, co-réalisé avec Allan Arkush 1978 : Piranhas (Piranha),1981: Hurlements (The Howling) 1983 : La Quatrième Dimension (Twiling Zone the Movie), troisième épisode, Its a Good Life 1984 : Gremlins 1985 : Explorers 1987 : Cheeseburger film sandwich (Amazon Women on the Moon), 5 sketches 1987 : L'Aventure Intérieure. 989 : Les Banlieusards (The 'burbs) 1990 : Gremlins 2, la nouvelle génération (Gremlins 2 The New Batch) 1993 : Panic sur Florida Beach (Matinee) 1998 : Small Soldiers 2003 : Les Looney Tunes passent à l'action (Looney Tunes : Back in Action) 2006 : Trapped Ashes , premier segment,Wraparound 2010 : The Hole. 2014: Burying the ex


Trois ans après Piranhas, démarquage semi parodique des Dents de la merJoe Dante livre avec Hurlements sa déclaration d'amour au mythe du loup-garou dépoussiéré ici dans un contexte contemporain. Saupoudré d'humour noir et de clins d'oeil, cette référence du fantastique moderne doit aussi son salut au talent respectif des maquilleurs Rob Bottin et Rick Baker car plus de 40 ans après sa sortie et son trophée à Avoriaz (Prix de la critique !), Hurlements resplendit toujours dans sa faculté de nous faire croire à l'existence du lycanthrope, sans effets de manche. Le pitchUne éminente journaliste, Karen White, doit rencontrer le mystérieux Eddie Quist soupçonné de meurtre. Après que ce dernier entrepris une rencontre dans un sex-shop, elle se retrouve confinée dans une cabine parmi sa présence. Prise de panique d'après une vision horrifiée, elle clame de l'aide ! Alors qu'un véhicule de police patrouillait à proximité, l'un des flics pointe son arme en direction de l'agression et abat froidement l'assaillant. Souffrant d'amnésie, Karen et son époux sont envoyés dans un séminaire thérapeutique sous la mainmise du Dr George Waggner.


Sorti la même année, à quelques mois d'intervalle de son homologue Le Loup-Garou de Londres, Hurlements évoque une certaine parité. Un esprit sarcastique influencé par l'humour noir (satire sur l'addiction carnivore parmi l'instinct sauvage du loup enfoui en chaque homme !), un contexte moderne afin de raviver son monstre iconique et des effets spéciaux révolutionnaires aussi bluffants que percutants. Si ce joyau de série B reste en l'occurrence aussi ensorcelant, c'est aussi bien pour sa maîtrise formelle, pour ses scènes chocs parfois cruelles (les morts inopinées de deux protagonistes) que pour la caractérisation ironique d'antagonistes sournois, à l'instar du Dr Wagner que campe avec aplomb Patrick Macnee. Un psychologue prévenant tant et si bien qu'il épaule ses patients à canaliser leurs pulsions primitives particulièrement meurtrières lorsqu'ils s'adonnent à leur instinct naturel. Car depuis l'évolution de notre civilisation moderne, nos loups-garous réactionnaires sont aujourd'hui acculés à refréner leur pulsion primale pour se contenter de consommer des bovins domestiques. Pour autant, les plus anarchistes d'entre eux bafouent leur déontologie afin de céder à leur besoin primal de chair fraîche ! D'un aspect formel, les décors champêtres d'une forêt nappée de brume ainsi que sa photo saturée de teintes azurs et orangées transfigurent simultanément une ambiance crépusculaire à l'orée de la fantasmagorie. 


Quand bien même sa structure narrative à la fois simple et efficacement contée, son angoisse envoûtante parfois palpable (surtout durant les sèquences nocturnes) et l'intensité de sa partition orchestrée par Pino Donaggio sont d'autant mieux valorisés d'FX artisanaux jamais gratuits car découlant du cheminement fouineur de nos héros en quête d'indices et de réponses. Pour cause, la métamorphose (au compte-goutte) d'Eddie transformé en lycanthrope reste un moment d'anthologie impressionnant de réalisme et de rigueur, alors même que la victime en catatonie contemple cette vision improbable avec une fascination terrifiée ! En prime, le climat angoissant émanant du comportement démuni des héroïnes en investigation s'exacerbe de beuglements perçus du fond de la forêt alors que ces dernières y redoutent une présence sous-jacente. Outre cette atmosphère ouateuse délicieusement capiteuse au sein d'une facture cinégénique, on peut également souligner le caractère torride d'une étreinte restée anthologique (les amants infidèles en coït durant une nuit de pleine lune). Enfin, comédiens notables et seconds couteaux (nos briscards John Carradine, Dick Miller et Kevin McCarthy, l'envoûtante et oh combien provocante Belinda Balaski puis enfin l'aimable Patrick MacNee) affichent une belle complémentarité dans leur talent spontané à se fondre dans des personnages tantôt rassurants, tantôt cyniques si je me réfère aux membres de la colonie. Quant à la très charmante Dee Wallace (je ne l'ai jamais vu aussi mignonne et glamour que dans ce rôle de journaliste !), elle vole quasiment la vedette à ces confrères et consoeurs dans sa posture fragile d'amnésique en proie au surnaturel. Spoil ! D'ailleurs, à travers sa dernière allégation télévisée, nous ne sommes pas prêts d'oublier son adieu salvateur sous l'écho d'un hurlement poignant étonnamment poignant et fulgurant Fin du Spoil.    


Dirigé avec soin par un cinéaste transi d'amour pour son bestiaire lycanthrope, Hurlements fait office de référence incontournable dans sa capacité à nous illustrer un conte horrifique d'une modernité étonnamment fascinante. Son charme prégnant émanant notamment de sa grande simplicité à traiter du thème lycanthrope dans l'art de le conter auprès d'une dynamique de groupe (oh combien attachante). Reste à savoir qui pourra un jour transcender, sinon égaler son talent artisanal (aussi bien auteur que techniciens !) car les chefs-d'oeuvre sont inoxydables et, à l'instar du Loup-garou de Londres mais aussi de la Nuit du Loup-garou, Hurlements n'a point à rougir de ses congénères.

Pour la p'tite anecdote personnelle, c'est le tout premier film d'horreur que j'ai pu voir dans une salle de ciné un mardi-après midi de congé scolaire en compagnie de ma tante. Un traumatisme fascinatoire inégalé (à l'exception de Frayeurs et de l'Exorciste).

*Bruno
 
25.04.12 (273 V)
14/08/17
31.07.23. 10èx

Récompense: Prix de la Critique à Avoriaz 1981

vendredi 11 août 2017

HALLUCINATIONS

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

"The Comeback" de Pete Walker. 1978. Angleterre. 1h30. Avec Jack Jones, Pamela Stephenson, David Doyle, Bill Owen, Sheila Keith.

Sortie salles Angleterre: 16 Juin 1978

FILMOGRAPHIEPete Walker est un réalisateur, scénariste et producteur britannique, né en 1939 à Brighton. 1968: l'Ecole du sexe, For men only, 1970: Cool, c'est Carol, 1971: Man of violence, Die Screaming, Marianne, 1972: Quatre dimensions de Greta, le Théâtre de l'angoisse, 1973: Tiffany Jones, 1974: Flagellations, Frightmare, 1976: The Confessionnal, Schizo, 1978: Hallucinations, 1979: Home Before Midnight, 1983: House of the long shadows.


Petit artisan brittish du B movie horrifique ayant principalement sévi dans les années 70 (si on excepte son sympathique House of the Long Shadows tourné en 83), Pete Walker réalise en 1978 l'un de ses meilleurs films avec Hallucinations. Un thriller à suspense mâtiné de psycho-killer alors que la même année sort sur les écrans son modèle du genre, Halloween. En mal de notoriété depuis 6 ans d'absence, un chanteur tente de remonter sur scène après son divorce conjugal. Séjournant dans une vieille bâtisse louée par un couple de retraités, Nick Cooper est sujet à de mystérieuses hallucinations durant certaines nuits, après quoi des gémissements infantiles lui martèlent l'esprit. Un peu plus tôt (face à notre unique témoignage !), un tueur affublé d'un masque de sorcière venait d'assassiner son ex femme dans son ancienne demeure ! Modeste série B horrifique imprégnée d'angoisse latente de par les cloisons audibles d'une demeure gothique, Hallucinations cultive un suspense soutenu par le truchement d'une intrigue simpliste pour autant efficace.


Car jonglant non sans savoir-faire avec les clichés des éventuels suspects et faux coupables et de la fameuse présence hostile prête à alpaguer sa proie, Pete Walker s'entoure notamment d'un casting tout à fait attachant afin de renchérir ce whodunit émaillé de visions putrides que n'aurait pas renié Fulci ou D'Amato ! Tant auprès de la ravissante et très sexy Pamela Stephenson en maîtresse plutôt prévenante, de David doyle (Bosley de la série TV Drôles de dames) en imprésario gentiment badin et bonnard, que de la présence de Jack Jones en chanteur vieillissant tiraillé par une psychose indécrottable. Qui plus est, les deux meurtres sauvagement exécutés face caméra s'avèrent d'une grande violence avec l'appui d'un montage ultra dynamique ne lésinant pas sur les focus de plaies entaillées. Autant dire que les visions sanglantes complaisamment étalées feront les choux gras des fans de Bis. Outre l'aspect ludique de ce psycho-killer sans prétention jouant en prime avec le thème de la hantise en soignant le cadre d'une demeure fétide, Hallucinations traduit scrupuleusement une ambiance d'insécurité et de mystère feutré sous l'impulsion fragile de notre héros en proie aux persécutions morales. Et si le final prévisible peut un brin décevoir quant à l'identité du coupable, les tenants et aboutissants ainsi que ses motivations ne manquent pas de densité dramatique Spoil ! notamment si je me réfère à l'influence que peut exercer la starisation auprès des fans. Fin du Spoil.


Efficace, agréablement mené et toujours attachant, Hallucinations laisse surtout en mémoire une ambiance horrifico-putride perméable comme seules les années 70 et 80 étaient capables d'en concevoir sous la mainmise d'un artisan intègre féru d'amour du genre. A redécouvrir ! 

Bruno Matéï
3èx

jeudi 10 août 2017

RASPOUTINE, LE MOINE FOU

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site comicartfans.com

"Rasputin, the Mad Monk" de Don Charp. 1966. Angleterre. 1h31. Avec Christopher Lee, Barbara Shelley, Richard Pasco, Francis Matthews, Suzan Farmer, Dinsdale Landen, Renée Asherson.

Sortie salles France: 28 Septembre 1966. U.S: 6 avril 1966

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Don Sharp est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur anglais d'origine australienne, né le 19 Avril 1922 à Hobart (Australie), décédé le 18 Décembre 2011.
1963: Le Baiser du Vampire. 1964: Les Pirates du Diable. 1965: La Malédiction de la Mouche. 1965: Le Masque de Fu-Manchu. 1966: Raspoutine, le moine fou. 1966: Opération Marrakech. 1966: Les 13 Fiancées de Fu Manchu. 1967: Le Grand Départ vers la lune. 1968: Les Champions. 1973: Le Manoir des Fantasmes. 1978: Les 39 marches. 1979: Le Secret de la banquise.


Un an après avoir réalisé le fort plaisant le Masque de Fu Manchu, Don Sharp reprend son acteur fétiche Christophe Lee afin d'immortaliser une nouvelle sommité diabolique ayant toutefois réellement vécue au sein de la Russie: Grigori Raspoutine. D'après un scénario d'Anthony Hinds plutôt fidèle à la réalité historique, Raspoutine, le moine fou repose largement sur les épaules du prince des ténèbres, Sir Christopher Lee. En Russie, un moine itinérant parvient à séduire la clientèle d'une taverne grâce à ces dons de guérisseurs. Grand manipulateur, notamment par sa faculté d'hypnotiser ses victimes, ce dernier a pour projet de s'introduire chez la famille d'un tsar afin d'accéder au trône. Récit horrifique d'une cruauté en roue libre quant au portrait putassier que nous offre sur un plateau d'argent Christopher Lee dans celui d'un gourou aussi bien vicié que pernicieux, Raspoutine le moine fou s'avère redoutablement efficace. De par son lot de stratégies morbides que ce dernier invoque avec un vénéneux pouvoir de séduction si bien que les jeunes innocentes, nobles dames et même souverains succombent comme des mouches à son charme reptilien jusqu'à ce que parfois mort s'ensuive.


Baignant dans une envoûtante atmosphère gothique chère aux studios Hammer (décors domestiques mais aussi nature réfrigérante) et épaulé de chaudes nuances d'une photo sépia, la mise en scène de Don Sharp s'avise pour autant de réalisme pour nous conter les méfaits sournois d'un provocateur passé maître dans l'art de la persuasion. Car en dépit de sa résistance surhumaine, le récit ne s'adonne pas aux facteurs ouvertement surnaturels pour justifier ses pouvoirs délétères et opte plutôt sur son acuité psychologique à travers l'hypnose, et ce même s'il s'alloue d'un éventuel pouvoir de guérisseur. Par le truchement de ce personnage débauché, railleur, sans vergogne, libidineux et alcoolique, Christopher Lee n'aura jamais été aussi terrifiant que dans ce personnage faussement ecclésiastique car à présent littéralement habité par le démon. Ces horribles méfaits perpétrés sur la gente tantôt féminine tantôt masculine instaurant parfois d'étonnantes conséquences dramatiques par sa simple volonté spirituelle. Ce qui nous vaudra d'ailleurs un rapport de force intense entre lui et une victime transie de remords et de haine à s'opposer désespérément à son irrépressible emprise. Sans doute la séquence la plus marquante par sa verdeur psychologique ayant comme répercussion un futur dénouement tragique.


Métaphore sur l'emprise des sectes sous l'apparat du séduisant gourou, Raspoutine le moine fou surprend par son intensité à la fois dramatique et horrifique que Christopher Lee extériorise avec un magnétisme aussi bien glaçant qu'ensorcelant. Un excellent cru "Hammer" d'après un fait divers fétide compromis d'interrogations, rumeurs et mystères irrésolus. 

Eric Binford.
2èx

La vérité historique (source WIKIPEDIA):
Grigori Efimovitch Raspoutine, par la suite Raspoutine-Novyi (en russe : Григорий Ефимович Распутин-Новый1), probablement né le 21 janvier (9 janvier) 1869 dans le village de Pokrovskoïe, est un pèlerin, mystique et guérisseur russe. Il a été le confident d'Alexandra Feodorovna, épouse de l'empereur Nicolas II, ce qui lui a permis d'exercer une forte influence au sein de la cour impériale russe, jusqu'à son assassinat, à Petrograd, dans la nuit du 29 décembre (16 décembre) 1916 au 30 décembre (17 décembre) 19162, à la suite d'un complot fomenté par des membres de l'aristocratie.

Originaire des confins de la Sibérie, il se présentait comme un strannik, un pèlerin mystique errant, et se prétendait starets et prophète. Aucune source ecclésiastique n’atteste néanmoins son appartenance à un quelconque ordre religieux, mais Raspoutine affirmait sa fidélité à l'église Orthodoxe russe. En revanche, il fut à plusieurs reprises suspecté d'appartenir à la secte des khlysts. L'hypothèse la plus généralement retenue est qu'il fut surtout un aventurier, se présentant comme pèlerin itinérant, doté d'un grand pouvoir de séduction.

En 1907, Raspoutine, qui s'est acquis une réputation comme guérisseur, est pour la première fois invité par le couple impérial au chevet de leur fils Alexis, leur unique garçon et l'héritier du trône, atteint d'hémophilie. Ce n'est que plus tard que Raspoutine devient un personnage influent, en particulier après septembre 1915. On a pu prétendre3 que Raspoutine a participé à jeter le discrédit sur la famille impériale, et qu'il a constitué l'un des éléments qui causèrent la chute des Romanov. La tsarine et sa famille ont pu le considérer comme un guérisseur, un mystique, voire un prophète, mais ses ennemis l'ont décrit comme un charlatan débauché, mû par un appétit sexuel démesuré, et même comme un espion.

Certaines zones d'ombre subsistent sur la vie et l'influence de Raspoutine, ce que l'on sait de lui est souvent basé sur des témoignages partiaux en partie alimentés par la propagande antimonarchiste, des rumeurs et des légendes.

Alors que le personnage a longtemps été diabolisé, bon nombre de personnes en Russie ont aujourd'hui de lui une opinion moins défavorable4. Quoi qu'il en soit, un mythe s'est construit autour de Raspoutine qui, de nos jours encore, continue à inspirer écrivains et artistes.