Sortie salles France: 21 Janvier 1981. U.S: 10 Avril 1980
Le pitch : une éminente journaliste, Karen White, doit rencontrer le mystérieux Eddie Quist, soupçonné de meurtre. La rencontre a lieu dans un sex-shop ; confinée dans une cabine, Karen se retrouve face à lui. Vision d’horreur. Panique. Elle appelle à l’aide. Un véhicule de police patrouillait non loin ; un agent intervient, tire, et abat froidement l’assaillant. Traumatisée, amnésique, Karen est envoyée avec son époux dans un centre de thérapie sous l’autorité du Dr George Waggner.
Sorti la même année que Le Loup-Garou de Londres, Hurlements partage avec son jumeau une certaine parité d’intentions : esprit sarcastique, humour noir (satire de l’addiction carnivore, reflet de l’instinct sauvage enfoui en chaque homme), contexte moderne pour ressusciter une figure mythique, et effets spéciaux révolutionnaires aussi bluffants que percutants.
Si ce joyau de série B demeure aussi envoûtant, c’est autant pour sa maîtrise formelle que pour ses scènes chocs, parfois cruelles (les morts inopinées de deux personnages marquants), et pour la caractérisation ironique d’antagonistes retors — à l’image du Dr Waggner, campé avec aplomb par Patrick Macnee, psychologue bienveillant en apparence, qui aide ses patients à canaliser leurs pulsions… meurtrières. Car nos loups-garous, depuis l’avènement de la civilisation moderne, sont contraints de réprimer leur instinct de chasseurs pour se contenter de consommer du bétail. Mais les plus anarchistes d’entre eux bafouent ces règles pour céder à leur besoin primal de chair humaine.
Visuellement, les décors champêtres d’une forêt embrumée, la photographie saturée d’azur et d’oranges transfigurent l’ensemble en un crépuscule fantastique, à la lisière du rêve.
Aussi simple que solidement construite, la narration diffuse une angoisse envoûtante, surtout durant les séquences nocturnes, portée par une partition intense de Pino Donaggio. Les FX artisanaux — jamais gratuits — émergent du parcours des personnages en quête de vérité. La transformation d’Eddie en lycanthrope, lente, progressive, reste un moment d’anthologie : un modèle de réalisme, une scène saisissante, contemplée par une victime catatonique, fascinée, terrorisée.
Le climat d’épouvante, renforcé par le désarroi des héroïnes en investigation, s’intensifie au fil des hurlements surgis du fond de la forêt — autant d’échos d’une présence invisible mais tapie. Outre cette ambiance ouatée, capiteuse, presque sensuelle, surgit une scène restée célèbre : l’étreinte torride des amants infidèles sous une pleine lune.
Les comédiens, principaux et seconds couteaux (les briscards John Carradine, Dick Miller, Kevin McCarthy, l’envoûtante et provocante Belinda Balaski, ou encore le placide Patrick Macnee) offrent une belle alchimie dans cette galerie de personnages tantôt rassurants, tantôt cyniques, notamment au sein de la colonie. Quant à Dee Wallace — que je n’ai jamais trouvée aussi charmante et glamour — elle vole presque la vedette, incarnant avec justesse la fragilité d’une amnésique en proie au surnaturel avant son ultime hurlement poignant, résonnant comme un cri du cœur inoubliable.
Pour la petite anecdote personnelle : Hurlements fut mon tout premier film d’horreur vu en salle, un mardi après-midi de congé scolaire, en compagnie de ma tante. Un traumatisme fascinatoire inégalé — à l’exception peut-être de Frayeurs et L’Exorciste.
14/08/17.
Récompense: Prix de la Critique à Avoriaz 1981
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