vendredi 22 décembre 2023

Top 17 / Flop 2023

 1: Ex-aecquo


2: Ex-aecquo  

                 
3: Ex-aecquo


4: Ex-aecquo

                                                                                                                             
Quatuor de Coups de coeur: 

                      

              
      Dans le désordre: 






Bonus: 



FLOP 2023











The Hunt

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Craig Zobel. 2020. U.S.A. 1h30. Avec Betty Gilpin, Ike Barinholtz, Emma Roberts, Hilary Swank, Justin Hartley, Glenn Howerton, Amy Madigan.

Sortie salles France: 22 Juin 2020

FILMOGRAPHIE: Craig Zobel est un réalisateur et producteur américain. Great World of Sound (2007). Compliance 2012. Les Survivants 2015. The Hunt (2020).


Quel réjouissant jeu de massacre que cette chasse à l'homme où les rôles vont subitement s'inverser en la présence d'une guerrière farouche aussi fûtée qu'impitoyable. Craig Zobel relançant sans cesse l'intrigue méchamment escarpée par la déviation d'un cheminement imprévisible truffé de rebondissements et surtout de faux semblants que l'on ne voit pas arriver. Qui plus est, fort d'une mise en scène percutante dirigeant avec brio chorégraphié ses scènes d'action ultra violentes où le gore explose à n'importe quel recoin, The Hunt est d'autant plus jouissif en la présence laconique de l'actrice Betty Gilpin magnétisant l'écran avec un aplomb, un trouble expressif, une force tranquille iconique. De quoi faire la nique à nos héroïnes intrépides Ripley, Sarah Connor et consort auprès de son art du self défense redoutablement incisif (pour ne pas dire à couper au rasoir). 

Satire (oh combien) mysantrope où les thématiques sociales (immigration, cause animale, individualisme, égoisme, déshumanisation), économiques (malbouffe, vente libre des armes), politiques (racisme, élitisme de classe) passent au crible de la dérision sardonique (proche d'un Tex Avery vitriolé), The Hunt culmine son festoyant survival autour d'une confrontation féministe explosive (impossible de ne pas songer à Kill Bill "in the kitchen") en rehaussant la simplicité si fallacieuse de son intrigue beaucoup plus finaude qu'en apparence. Et ce en jouant à nouveau admirablement avec le subterfuge, la manipulation morale afin de mieux duper son adversaire martial en proie au doute et à la suspicion.

*Bruno

mercredi 20 décembre 2023

Thanksgiving

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Eli Roth. 2023. U.S.A. 1h46. Avec Patrick Dempsey, Ty Olsson, Gina Gershon, Gabriel Davenport, Karen Cliche, Nell Verlaque, Rick Hoffman, Jalen Thomas Brooks, Addison Rae.

Sortie salles France: 29 Novembre 2023 (Int - 16 ans)

FILMOGRAPHIE: Eli Roth est un réalisateur américain, né le 18 Avril 1972 à Boston. 2002: Cabin Fever. 2006: Hostel. 2007: Thanksgiving (faux trailer). 2007: Hostel 2. 2009: Nation's Pride - Stolz der Nation (trailer). 2013: The Green Inferno. 2015: Knock Knock. 2018 : Death Wish. 2018 : La Prophétie de l'horloge. 2023 : Thanksgiving : La semaine de l'horreur. 2024 : Borderlands. 

Hommage aux psycho-killers des années 90 (Scream en tête, indubitablement, Urban Legend et consorts) sous couvert d'une satire caustique sur le consumérisme (le prologue borderline est très réussi !) et la déshumanisation des réseaux sociaux, Thanksgiving compte à tous prix sur sa pléthore de scènes chocs résolument gorasses pour tenir en haleine le spectateur peu motivé de prime abord par son intrigue poussive. Le point le plus répréhensible de cette sympathique série B émanant de l'attrait fadasse des personnages pas franchement attachants dans leur fonction de victimes éplorées ou d'investigateurs en herbe s'efforçant maladroitement de remonter la piste du tueur avec l'appui d'une police aussi infructueuse. Qui plus est, nanti d'un charisme somme toute ordinaire à travers leur psychologie aussi sommaire que démunie, Eli Roth semble adopter ce parti-pris pour coller au plus près de l'ambiance et du charme candides de ces petites séries B horrifiques dénuées de prétention. 

Or, plus le temps passe, plus le métrage devient davantage agréable à suivre, avec en intermittence 1 à 2 séquences flippantes particulièrement réussies auprès de la montée d'un suspense oppressant instauré au sein d'endroits exigus. Eli Roth prenant également constamment malin plaisir à élaborer ses séquences chocs avec une inventivité sans cesse renouvelée et un attrait probant pour le spectacle des poursuites infernales et estocades tranchées que l'on observe entre appréhension, dérision tacite et fascination morbide. Et s'il ne laissera pas de traces indélébiles auprès du sous-genre tant éculé, on garde toutefois en mémoire un divertissement sardonique bonnard de par son rythme particulièrement bien géré allant crescendo au fil d'une révélation identitaire assez réussie (bien que je l'ai personnellement deviné) et plutôt cohérente quant aux tenants et aboutissants du tueur tributaire de sa vendetta en roue libre (euphémisme). 

*Bruno
Vostfr

lundi 18 décembre 2023

Fantômes en Fête / Scrooged

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Richard Donner. 1988. U.S.A. 1h41. Avec Bill Murray, Karen Allen, David Johansen, John Glover, Carol Kane, Alfre Woodard, Bobcat Goldthwait, Robert Mitchum.

Sortie salles France: 21 Décembre 1988

FILMOGRAPHIE: Richard Donner (Richard Donald Schwartzberg) est un réalisateur et producteur américain, né le 24 Avril 1930 à New-York. 1961: X-15. 1968: Sel, poivre et dynamite. 1970: l'Ange et le Démon. 1976: La Malédiction. 1978: Superman. 1980: Superman 2 (non crédité - Richard Lester). 1980: Rendez vous chez Max's. 1982: Le Jouet. 1985: Ladyhawke, la femme de la nuit. 1985: Les Goonies. 1987: l'Arme Fatale. 1988: Fantômes en Fête. 1989: l'Arme Fatale 2. 1991: Radio Flyer. 1992: l'Arme Fatale 3. 1994: Maverick. 1995: Assassins. 1996: Complots. 1998: l'Arme Fatale 4. 2002: Prisonnier du temps. 2006: 16 Blocs. 2006: Superman 2 (dvd / blu-ray).


Discours sur la dichotomie de l'égoïsme et de la générosité par le truchement d'un conte de Noël plutôt décalé, Fantômes en Fête est une formidable friandise acidulée largement dominé par la présence de l'irrésistible Bill Murray omniprésent à l'écran. Celui-ci s'en donnant à coeur joie en directeur de chaine intransigeant à travers ses réparties aussi détendues que tranchées avant de céder à la remise en question depuis l'intrusion de 3 fantômes délibérés à lui remémorer son passé galvaudé afin de lui offrir une seconde chance. Parfois grave à travers sa dramaturgie mélancolique inscrite dans le passé et nappé de tendresse pour les rapports équivoques entre la délicieuse Karen Allen (le sourire le plus généreux des stars ricaines) et Bill Muray littéralement amoureux mais conflictuels, Fantômes en Fête inclut en cerise sur le gâteau l'argument fantastique pour renforcer son humour débridé (parfois noir). Richard Donner achevant de clôturer son manifeste pour l'altruisme auprès d'une étreinte musicale de masse faisant écho à la dimension féerique de Noël. Tout bien considéré, un spectacle bonnard plein d'émotions, d'humour, de méchanceté et de bons sentiments.


*Bruno
3èx

mercredi 13 décembre 2023

L'Animal

                                           
                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Claude Zidi. 1977. France. 1h40. Avec Jean-Paul Belmondo, Raquel Welch, Charles Gérard, Julien Guiomar, Aldo Maccione, Dany Saval, Raymond Gérôme, Henri Génès, Jane Birkin, Johnny Hallyday, Claude Chabrol, Yves Mourousi, Mario David, Jacques Alric, Henri Attal, Josiane Balasko, Maurice Auzel, Maurice Bénichou.

Sortie salles France: 5 Octobre 1977

FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.
1971 : Les Bidasses en folie. 1972 : Les Fous du stade. 1973 : Le Grand Bazar. 1974 : La moutarde me monte au nez. 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre. 1975 : La Course à l'échalote. 1976 : L'Aile ou la Cuisse. 1977 : L'Animal. 1978 : La Zizanie. 1979 : Bête mais discipliné. 1980 : Les Sous-doués. 1980 : Inspecteur la Bavure. 1982 : Les Sous-doués en vacances. 1983 : Banzaï. 1984 : Les Ripoux. 1985 : Les Rois du gag. 1987 : Association de malfaiteurs. 1988 : Deux. 1989 : Ripoux contre ripoux. 1991 : La Totale ! 1993 : Profil bas. 1997 : Arlette. 1999 : Astérix et Obélix contre César. 2001 : La Boîte. 2003 : Ripoux 3. 2011 : Les Ripoux anonymes, série coréalisée avec son fils Julien Zidi.


Comédie ultra light bâtie sur la popularité de Bebel totalement en roue libre dans un double rôle antinomique (acteur homosexuel contraint d'être doublé par son sosie, un cascadeur en requête sentimentale en la personne de Raquel Welch), l'Animal triompha en salles lors de sa sortie (3 157 789 entrées !) à la grande joie de l'acteur qui cumulait des années plus tôt de récurrents échecs (le Corps de mon ennemi, l'Alpagueur). Et si on a largement connu Claude Zidi plus inspiré, voir beaucoup plus appliqué derrière sa casquette de maître de la comédie populaire, la bonne humeur qui se dégage des situations aussi folingues qu'outrancières, l'incroyable sex-appeal de Raquel Welch (euphémisme !) irradiant l'écran à chaque seconde, le dépaysement du vaudeville exotique exploitant sans cesse les décors d'un cinéma cartoonesque et surtout la bonhomie exubérante de Belmondo s'en donnant à coeur joie dans les mimiques et gesticulations endiablées (jusqu'à la lourdeur lors des passages les moins pittoresques) achèvent de rendre ce divertissement fréquemment sympathique. 


En prime d'assister à un panel de séquences impressionnantes faisant intervenir de dangereux félins (tigre / lion) ou de témoigner de cascades les plus couillues et improbables (celle aérienne lorsque Bebel fige ses jambes sur les ailes d'un avion donne clairement le vertige), l'Animal fleure bon la comédie décomplexée sous l'impulsion d'une frétillante partition de Vladimir Cosma qui nous manque tant aujourd'hui auprès de nos comédies contemporaines autrement opportunistes, pour ne pas dire dénuées d'innocence. Ainsi, outre ses moult défauts cabotins, voirs quelque peu ridicules parfois, on pardonne facilement ces effets de manche grossiers pour préserver au final un souvenir assez chaleureux d'après cet hommage à la série B aussi bricolée qu'attachante. En se remémorant enfin chez les nostalgiques ses fameuses séances que l'on savourait avec nos parents lors du "film du Dimanche soir" que TF1 diffusait de façon hebdomadaire. Et puis à titre subsidiaire il y a la présence secondaire d'Aldo Macione (et d'autres figurants devenus notoires par la suite) en cinéaste néophyte s'efforçant d'y parfaire un film d'action Bisseux avec son accent italien irrésistible. A prioriser votre séance "rétro" lors des fêtes de fin d'année. 


*Bruno
2èx

vendredi 8 décembre 2023

Sucker Punch

                                              
                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Zack Snyder. 2011. U.S.A. 2h07 (version longue). Avec Emily Browning, Abbie Cornish, Jena Malone, Vanessa Hudgens, Jamie Chung, Carla Gugino, Michael Adamthwaite, Danny Bristol, Scott Glenn, Jon Hamm, Oscar Isaac...

Sortie en France le 31 Mars 2011, U.S.A le 24 Mars 2011

FILMOGRAPHIE: Zack Snyder est un réalisateur, scénariste et acteur américain né le 1er mars 1966 à Green Bay, Wisconsin (États-Unis). 2004 : L'Armée des morts (Dawn of the Dead). 2007 : 300. 2009 : Watchmen. 2010 : Le Royaume de Ga'hoole : La Légende des gardiens (Legend of the Guardians: The Owls of Ga'Hoole). 2011 : Sucker Punch. 2012 : Superman: Man of Steel. 2016 : Batman v Superman : L'Aube de la justice (Batman v Superman: Dawn of Justice). 2017 : Justice Leaguenote 1 - (version de Whedon). 2021 : Zack Snyder's Justice League - (version Snyder Cut). 2021 : Army of the Dead. 2023 : Rebel Moon - Partie 1 : Enfant du Feu. 2024 : Rebel Moon - Partie 2 : L'Entailleuse. 

                                      (mea-culpa:) Plus qu'un film, une philosophie existentielle.

Partagé entre la séduction et la déception au 1er visionnage (alors qu'un ami me l'avait fortement recommandé à renfort d'insatiables dithyrambes), il m'eut fallut patienter plus de 12 ans pour retenter l'expérience (à un moment aléatoire qui plus est) afin d'apprécier à sa juste valeur ce monstrueux morceau de pellicule autant inscrit dans la démesure homérique que dans la fragilité pour le profil imparti à la cause féministe en voie de surpassement de soi. Si bien que dans le cadre du film d'action épique où tout y est permis s'y chevauchent par le truchement du rêve (échappatoire à une réalité sordide) les composantes de la romance (déchue), de la science-fiction, de la Fantasy, de la violence belliqueuse (plus précisément le film de guerre), du film musical (surtout dans la version longue) et du drame. Sucker Punch nous étourdissant les sens (mirettes, ouïe, encéphale) parmi l'efficacité (pour ne pas dire l'audace) d'un concept musical (les numéros de danse que nous ne verrons jamais ouvertement tout en rendant hommage en filigrane au music-hall) avec une puissance émotionnelle inusitée. Eu égard de la mine déconfite, hagarde, sans voix que nous exprimions dans la finalité du déroulement du générique de fin. Tout du moins auprès de ma sensibilité ballotée durant tout ce périple ne ressemblant à nulle autre aventure de par son acuité formelle, symbolique pour autant numérisée. Et là aussi on peut parler de tour de force technique d'un réalisme immersif si stupéfiant, si dépaysant que l'on aimerait à jamais rejoindre cette armée de rebelles en jupes courtes plus que jamais remontées à bloc (ça pétarade à tout va au sein d'une action TOUJOURS lisible !) faute de leur condition d'exclusion. 


Jack Snyder
nous livrant à mon sens le plus beau métrage de sa carrière tant il déclare sa flamme à cette cause féministe avec intelligence, audace, sincérité indéfectible auprès de la fragilité démunie de ses héroïnes des temps modernes en apprentissage frondeur. Car sous couvert de métaphore fantasmagorique auprès des délires internes d'une orpheline ballerine s'imaginant son propre univers hyperbolique afin de s'échapper de sa geôle, et pour y transcender sa condition à la fois soumise et torturée, Jack Snyder, habité par une ambition morale à feu et à sang, aligne à rythme métronome les séquences d'anthologie toutes plus ébouriffantes les unes que les autres au fil de missions chevaleresques rigoureusement décomplexées, stylées, zélées, débridées. Tout en prenant soin de ne jamais omettre la dimension humainement fragile de ses patientes internées par une gente masculine misogyne, machiste, abusive, pour ne pas dire haïssable. Ainsi, en nous immergeant de plein fouet dans son univers hybride d'une beauté stylisée sans égale, le spectateur est embarqué dans un jeu de rôle plus intelligent que les apparences si bien que le moindre détail narratif et visuel prime au fil d'un cheminement à suspens davantage épineux, risqué, cruel d'où le sens du sacrifice y prendra tout son sens lors de son final inoubliable. Quant aux actrices sexy mais nullement vulgaires, elles se prêtent admirablement au jeu de l'action belliciste avec un charisme typé, une foi morale aussi déterminée qu'indécise. Car outre son hymne à cette cause féminine plongée dans le rêve le plus exaltant et cauchemardesque qui soit, le message essentiel de Snyder sous-tend une réflexion mystique sur le pouvoir chimérique des anges, leur faculté innée, délibérée à nous observer pour nous protéger et ainsi forger notre propre destin (à condition d'être à leur écoute; et donc de croire à l'improbable, l'invisible, pourtant bien présent si l'on reste attentif) en dépassant nos affres de l'échec, de la solitude, de l'égarement, de la désillusion. Croire en soi en somme. 


Spectacle absolu de décadence à travers sa mélancolie d'une beauté funeste.
Divertissement hybride ébouriffant d'impact émotionnel à travers son hymne à l'évasion vers d'autres mondes, entre fulgurance visuelle et dramaturgie vériste aussi bien fébrile que rugueuse, Sucker Punch est peut-être l'un des films d'action les plus beaux, les plus ténébreux, les plus jouissifs et insensés jamais réalisés au sein d'une chorégraphie musicale terriblement vertigineuse. D'où l'emprise irrépressible que génère l'héroïne infantile Babydoll à travers notre sensibilité torturée aussi rêveuse que pessimiste avec, comme message salvateur, de croire en soi à condition de se battre contre nos démons. 

Pensée particulière pour Luke...

*Bruno
02.04.11.
08.12.23. 2èx. Vostfr

                                                                         Ci-joint ma chronique de 2011:

Attendu depuis plus d'un an par une horde de fans surexcités à l'idée du projet (en résumé, dans un monde fantastique, un trio sexy de donzelles armées jusqu'aux dents ont décidé de dépuceler la gente masculine à coups de mitraillettes dégénérés et de sabre acéré !), le nouveau film scénarisé pour la première fois par Zack Snyder accuse une sévère divergence du côté des critiques bien pensantes ! Attendu au tournant pour voir enfin aboutir l'accomplissement d'une oeuvre personnelle d'un auteur polémique, Sucker Punch attise la curiosité, délie les traditionnels préjugés et engendrent les critiques assassines n'y voyant qu'un énième blockbuster dans la tradition culinaire du genre. Alors que du côté du public, une flopée de spectateurs téméraires sans influence eurent vécu un formidable divertissement fun et débridé, beaucoup plus profond et intelligent qu'il n'y parait.

Synopsis: Baby Doll et sa soeur sont les souffre-douleur d'un beau-père incestueux alors que leur mère vient de décéder. Après que celui-ci eut découvert que seules les deux filles pourront bénéficier du versement testamentaire légué par leur mère, il décide de punir l'une d'elle en la battant violemment. Témoin de la posture moribonde de sa soeur, Baby Doll, éprise d'une haine vindicative s'empare d'une arme à feu et tire en direction de son beau-père. Malheureusement, sa soeur sévèrement touchée par la balle meurtrière s'écroule. Contrainte de se retrouver dans un asile psychiatrique à la suite d'une magouille financière, la jeune orpheline coupable d'homicide va s'inventer à présent un monde imaginaire afin de trouver la force de combattre et de retrouver sa liberté en tentant de s'évader avec la complicité de ces acolytes féminines.

Je dois avouer qu'après avoir assisté à la projection de Sucker Punch, quelques heures à peine alors que je me décide de divulguer mes impressions à chaud, me laisse dans un futile état de doute et de frustration. Non pas que le film m'eut déçu, bien au contraire, mais qu'il alterne dans ma psyché dérouté un sentiment persistant d'émotions troublées, désorientées, irritées, déstructurées pour finalement m'apercevoir  après le douloureux acte final que le personnage héroïque de Baby Doll reste ancré dans mon esprit pour me hanter sur ma façon d'envisager mon propre avenir. Mais aussi sur l'influence spéculative que peut exercer sur ma conscience une jeune fille chimérique au passé fustigé, reflet de mes réminiscences indociles et éhontées. Ce flamboyant concentré de fantasy échevelée, de tendresse innocente, d'action débridée et surtout de quête existentielle sur le sens du courage abouti de mon point de vue personnel à une oeuvre foisonnante hybride, baroque, imparfaite, insolite, hors norme, d'une fragilité insoupçonnée !
                             
Le préambule à l'ambiance superbement gothique, filmée à la manière d'un mini-clip et rythmé par un célèbre tube de Eurythmics amorce dès le départ une empathie certaine auprès de notre jeune héroïne condamnée à se retrouver jusqu'aux restants de ces jours dans un asile psychiatrique pour y être lobotomisée. Présentation glauque des lieux désaturés accentuant l'aliénation mentale des malades ainsi que la noblesse de personnages perfides avant l'entrée en scène d'un gigantesque décor de salle de théâtre des années 50 ! C'est après avoir fait connaissance avec les commanditaires régissant cette sordide hiérarchie et ses femmes esclaves soumises que Baby Doll décidera de combattre ses faiblesses, sa peur, sa timidité en s'inventant un monde imaginaire. Mais dans son univers irréel se dédouble également celui de sa propre réalité perçue dans le refuge putassier de ce centre médical ! Celui de l'asile transformé dans son esprit en bordel de luxe pour la clientèle de vieillards embourgeoisés. Un réseau de prostitution (lieu perverti influencé par le caractère incestueux du beau-père putanesque) auquel la directrice de l'établissement ordonnera à Baby Doll de se préparer à un cours de danse artistique inscrit dans la sensualité pour appâter cette gente masculine. Ainsi, dans un maelström d'images cinglantes furieusement spectaculaires dont la virtuosité technique indiscutable appâte systématiquement la vue et l'ouïe du spectateur désorienté, Zack Snyder nous invite aux rêves introspectifs de notre jeune héroïne accompagnée de farouches guerrières impliquées dans les combats de front tous plus belliqueux les uns que les autres. Univers post-apocalyptique de guerre mondiale auquel des zombies lobotomisés sont déployés en masse, époque ancestrale moyenâgeuse gouvernée par un dragon ailé ou ville futuriste régie par des cyborgs argentés se succèdent à chaque nouvelle leçon de danse magistralement chorégraphiée dans le délire fantasmé de la psyché de notre héroïne évasive.
Cette idée insolite, séduisante et originale faisant intervenir en lieu et place d'un show de danse sexy un clip actionner survitaminé possède toutefois son revers de médailles. Les séquences très spectaculaires impliquant des icônes pernicieuses de monstres hérités de la Fantasy ou du jeu-vidéo manquent cependant d'une certaine densité pour l'intensité dramatique. Car les combats incessants que mènent l'héroïne et ses guerrières rebelles au travers de son imaginaire refoulé ne permettent pas de s'impliquer pleinement dans l'action et l'aventure intrépide. Dans le sens émotionnellement parlant puisque l'ennemi envisagé et redouté change à chaque fois d'identité et de lieu et surtout qu'il est éludé d'un véritable enjeu dramatique malgré les indices concourus. Ne subsiste alors que le côté fun et outrancier de l'action survoltée et des décors dantesques incroyablement décharnés.
                                       
Je regrette aussi que Baby Doll ne démontre jamais au spectateur ses véritables talents d'artiste innée, chorégraphiant ses pas de danse sur un air musical envoûté d'Eurythmics ou de Bjork ! Régulièrement, durant la projection, je me suis dit que cette fois-ci nous allons avoir droit à une séquence d'anthologie accès sur la sensualité épurée d'une jeune fille photogénique ! Malheureusement, mon espoir fantasmé ne sera jamais exaucé et Zack Snyder gardera la cadence du caractère ultra spectaculaire pour ses scènes d'actions festives et jouissives (telle la séquence faisant intervenir un dragon démesuré en plein donjon moyenâgeux, proprement impressionnante et fascinante d'imagerie épique !) avant la dernière demi-heure d'une riche intensité dramatique.

C'est cette dernière partie particulièrement dure et sombre auprès des conflits humains que le récit adopte une ampleur dramatique soudainement austère. Depuis le début, on s'était rendu compte de la portée métaphysique du script et que toute cette équipée féministe pleine de bruit et de fureur investie à travers l'esprit tourmenté d'une jeune fille esseulée constitue un véritable cri du coeur asséné aux défavorisés des athées. De ceux qui ont la malchance de ne pouvoir trouver la foi en la création de son propre monde. Que chacun est maître de son destin, qu'il suffit de trouver la clef qui est en soi pour pouvoir se libérer de nos démons carnassiers, nos craintes tant redoutées et d'affronter avec risque notre nouvel univers matérialisé. Sucker Punch souhaitant aussi nous convaincre que les anges existent, sous quelque forme qu'il se représente et que nous possédons tous cette entité bienfaitrice à nos côtés, prête à nous épauler ou favoriser si l'on veut bien se prendre la peine de croire à nos rêves les plus insensés. A moins que le devoir de sacrifice nous rappelle à la raison et nous transforme soi même en ange purificateur afin de pouvoir sauver la vie de celui ou celle que l'on chéri.
                               
Dans le rôle de Baby doll, la jeune Emilie Browning insuffle une séduction probante dans une composition en demi-teinte d'héroïne aussi téméraire, combative que chétive et angoissée, à deux doigts de la vulnérabilité. Doté d'un charisme troublant dans sa physiologie blême et pastel, la comédienne confirmée semble habitée par sa prestance militante pour la quête identitaire, la foi au courage et au dépassement de soi.

Submergé d'une BO rock endiablée et louablement interprété par des jeunes comédiennes aussi attachantes et survoltées que fragiles et anxiogènes, Sucker Punch est un spectacle atypique d'une richesse cérébrale dans sa philosophie existentielle et d'une acuité parfois bouleversante lors de sa dernière partie élégiaque. Dans tous les cas, cette oeuvre insolite est l'exemple type du blockbuster intelligent qui ose proposer au spectateur quelque chose de singulier et de viscéral auprès de son humanité torturée, au risque de dérouter et de laisser certains spectateurs dubitatifs par son esbroufe quelque peu gratuite.

Dédicace à LUKE MARS (l'ange d'une destinée ?!)

02.04.11
*Bruno 
                                        
à 11:58:00  
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1 commentaire:

luke2 avril 2011 à 23:50
ÉNORME CRITIQUE! J'en ai quasi pleuré, qui me va droit au cœur et me colle le frison. Il est vrai que le film souffre de nombreux défauts, mais le voyage intérieur que l'on vit grâce à BABYDOLL n'en reste pas moins d'une intensité extraordinaire. Je suis ému de voir que quelqu'un a su voir le film dans le film, je pensais être fou!
En revanche, je constate qu'on a une interprétation différente des faits (la danse de BABYDOLL),ce qui est finalement normal puisque c'est sa propre souffrance personnelle que l'on projette dans BABYDOLL, cela en fait du coup un film encore plus dense pour moi. J'y est projeté ma propre expérience, mes souffrances étant jeune et le besoin d'aller au cinéma pour m'évader, m'échapper et tenir le coup, m'enfuir ailleurs comme l'héroïne de cette bombe.
Je suis marqué par ce film et ce de façon indélébile et encore plus par la petite notation que tu as ajouté à coté de la dédicace.
Merci et tu me pousse à continuer à aller au cinéma TOUS les jours. En ce sens, mon ange, protecteur, celui de mes valeurs cinématographique, c'est bien toi Bruno!

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mercredi 6 décembre 2023

Killers of the Flower Moon

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Martin Scorsese. 2023. U.S.A. 3h29. Avec Leonardo DiCaprio, Robert De Niro, Lily Gladstone, Jesse Plemons, Tantoo Cardinal, Scott Shepherd, Jason Isbell, William Belleau, Cara Jade Myers, John Lithgow, Brendan Fraser.

Sortie salles France: 18 Octobre 2023

FILMOGRAPHIE: Martin Scorsese est un réalisateur américain né le 17 Novembre 1942 à Flushing (New-york). 1969: Who's That Knocking at my Door, 1970: Woodstock (assistant réalisateur), 1972: Bertha Boxcar, 1973: Mean Streets, 1974: Alice n'est plus ici, 1976: Taxi Driver, 1977: New-York, New-York, 1978: La Dernière Valse, 1980: Raging Bull, 1983: La Valse des Pantins, 1985: After Hours, 1986: La Couleur de l'Argent, 1988: La Dernière Tentation du Christ, 1990: Les Affranchis, 1991: Les Nerfs à vif, 1993: Le Temps de l'innocence, 1995: Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain, 1995: Casino, 1997: Kundun, 1999: Il Dolce cinema -prima partie, A Tombeau Ouvert, 2002: Gangs of New-York, 2003: Mon voyage en Italie (documentaire), 2004: Aviator, 2005: No Direction Home: Bob Dylan, 2006: Les Infiltrés,  2008: Shine a Light (documentaire), 2010: Shutter Island. 2011: Hugo Cabret. 2013 : Le Loup de Wall Street. 2016 : Silence. 2019 : The Irishman. 2023 : Killers of the Flower Moon. 

Pas un chef-d'oeuvre mais du vrai et grand cinéma en dépit de sa durée injustifiée (on aurait pu sucrer 30 à 45 minutes de bavardages sur 3h30 de métrage) même si Martin Scorsese a raison de prendre son temps pour planter, développer son intrigue et ses personnages innommables qui nécrosent le récit. Et c'est bien dommage car le rythme nécessairement lent s'y fait (peut-être trop) ressentir durant toute la pellicule faute de cette durée disproportionnée pas si fructueuse que cela (sur ce point je rejoins à 100% Tommy). 

Magnifiquement interprété tous azimuts, c'est à mes yeux Di Caprio qui emporte la palme de l'acteur le plus expressif tant il semble littéralement habité, pénétré, transi par son personnage véreux à la fois inculte, torturé, influençable, vil, servile, pour ne pas dire pathétique au final. Il explose l'écran à chaque recoin d'autant plus qu'il est omniprésent face caméra.

Le score monocorde (tel un battement de coeur perpétuel) sied à merveille à l'ambiance vénéneuse de l'intrigue fétide militant pour la cause indienne avec un réalisme réfrigérant, insolent. 

La mise en scène constamment virtuose de Scorsese fait le job avec une inspiration circonspecte tant il maîtrise tous les pores de son (gros) bébé avec un art consommé de la perfection. 

Et c'est évidemment à ne pas rater même si tous les spectateurs n'en sortiront point comblés si bien que l'on reste captivé sans céder à la passion.

*Bruno

Vostfr

Love Actually

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Richard Curtis. 2003. Angleterre/U.S.A/France. 2h15. Avec Hugh Grant, Liam Neeson, Emma Thompson, Laura Linney, Alan Rickman, Martine McCutcheon, Bill Nighy, Colin Firth, Andrew Lincoln, Keira Knightley, Chiwetel Ejiofor, Rowan Atkinson, Kris Marshall, Heike Makatsch.

Sortie salles France: 3 Décembre 2003

FILMOGRAPHIERichard Curtis est un réalisateur, scénariste, et producteur néo-zélando-britannique, né le 8 novembre 1956 à Wellington (Nouvelle-Zélande). 2003 : Love Actually. 2009 : Good Morning  England. 2013 : Il était temps (About Time). 

Un bonheur capiteux de chaque instant que ce conte de Noël placé sous le signe de la romance la plus candide, la plus émoustillante, la plus frétillante, la plus décomplexée aussi, parfois. 

2h15 de tendresse. d'humour, d'insouciance, d'une pointe de tracas, de remise en doute et (d'une avalanche) de sentiments qui nous donne la furieuse envie d'étreindre son prochain quelque soit l'issue envisagée. 

En suffisant d'oser, de se lancer car le courage c'est d'avoir peur mais d'affronter quand même la (délicate) situation potentiellement casse-gueule. 

Un cadeau de Noël avant l'heure en somme même si le hasard n'existe pas si bien qu'Estelle Denis et son équipe me l'ont suggéré en éveillant ma curiosité par média interposé avec une foi inébranlable. 

Immense merci à vous au point de ne jamais omettre ce Mardi 5 Décembre 2023 au moment du déjeuner.

On pleure beaucoup, davantage en roue libre, mais c'est tout le temps au nom de la joie, de l'espoir et du bonheur. 

Le métrage aurait pu durer 3h00 qu'on ne s'en serait jamais plaint tant on en redemande encore et toujours d'avoir trop précipitamment quitter ces personnages choraux (pléiade de stars à la fête !) soumis à leurs nouveaux périples dans un ultime élan de tendresse mélancolique.

Il n'est jamais trop tard, alors maintenant je sais. Je sais enfin ce que signifie un conte de Noël conçu pour déclarer sa flamme aux romantiques dans la simplicité d'une poésie ingénue.

Les bons sentiments ont beau pleuvoir on est tellement ailleurs, parmi eux, au sein de l'écran, qu'on ne cherche pas à évaluer ses menus défauts puisqu'on se sent si en accord avec eux.

*Bruno.

vf