Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Zack Snyder. 2011. U.S.A. 2h07 (version longue). Avec Emily Browning, Abbie Cornish, Jena Malone, Vanessa Hudgens, Jamie Chung, Carla Gugino, Michael Adamthwaite, Danny Bristol, Scott Glenn, Jon Hamm, Oscar Isaac...
Sortie en France le 31 Mars 2011, U.S.A le 24 Mars 2011
FILMOGRAPHIE: Zack Snyder est un réalisateur, scénariste et acteur américain né le 1er mars 1966 à Green Bay, Wisconsin (États-Unis). 2004 : L'Armée des morts (Dawn of the Dead). 2007 : 300. 2009 : Watchmen. 2010 : Le Royaume de Ga'hoole : La Légende des gardiens (Legend of the Guardians: The Owls of Ga'Hoole). 2011 : Sucker Punch. 2012 : Superman: Man of Steel. 2016 : Batman v Superman : L'Aube de la justice (Batman v Superman: Dawn of Justice). 2017 : Justice Leaguenote 1 - (version de Whedon). 2021 : Zack Snyder's Justice League - (version Snyder Cut). 2021 : Army of the Dead. 2023 : Rebel Moon - Partie 1 : Enfant du Feu. 2024 : Rebel Moon - Partie 2 : L'Entailleuse.
(mea-culpa:) Plus qu'un film, une philosophie existentielle.
Partagé entre la séduction et la déception au 1er visionnage (alors qu'un ami me l'avait fortement recommandé à renfort d'insatiables dithyrambes), il m'eut fallut patienter plus de 12 ans pour retenter l'expérience (à un moment aléatoire qui plus est) afin d'apprécier à sa juste valeur ce monstrueux morceau de pellicule autant inscrit dans la démesure homérique que dans la fragilité pour le profil imparti à la cause féministe en voie de surpassement de soi. Si bien que dans le cadre du film d'action épique où tout y est permis s'y chevauchent par le truchement du rêve (échappatoire à une réalité sordide) les composantes de la romance (déchue), de la science-fiction, de la Fantasy, de la violence belliqueuse (plus précisément le film de guerre), du film musical (surtout dans la version longue) et du drame. Sucker Punch nous étourdissant les sens (mirettes, ouïe, encéphale) parmi l'efficacité (pour ne pas dire l'audace) d'un concept musical (les numéros de danse que nous ne verrons jamais ouvertement tout en rendant hommage en filigrane au music-hall) avec une puissance émotionnelle inusitée. Eu égard de la mine déconfite, hagarde, sans voix que nous exprimions dans la finalité du déroulement du générique de fin. Tout du moins auprès de ma sensibilité ballotée durant tout ce périple ne ressemblant à nulle autre aventure de par son acuité formelle, symbolique pour autant numérisée. Et là aussi on peut parler de tour de force technique d'un réalisme immersif si stupéfiant, si dépaysant que l'on aimerait à jamais rejoindre cette armée de rebelles en jupes courtes plus que jamais remontées à bloc (ça pétarade à tout va au sein d'une action TOUJOURS lisible !) faute de leur condition d'exclusion.
Jack Snyder nous livrant à mon sens le plus beau métrage de sa carrière tant il déclare sa flamme à cette cause féministe avec intelligence, audace, sincérité indéfectible auprès de la fragilité démunie de ses héroïnes des temps modernes en apprentissage frondeur. Car sous couvert de métaphore fantasmagorique auprès des délires internes d'une orpheline ballerine s'imaginant son propre univers hyperbolique afin de s'échapper de sa geôle, et pour y transcender sa condition à la fois soumise et torturée,
Jack Snyder, habité par une ambition morale à feu et à sang, aligne à rythme métronome les séquences d'anthologie toutes plus ébouriffantes les unes que les autres au fil de missions chevaleresques rigoureusement décomplexées, stylées, zélées, débridées. Tout en prenant soin de ne jamais omettre la dimension humainement fragile de ses patientes internées par une gente masculine misogyne, machiste, abusive, pour ne pas dire haïssable. Ainsi, en nous immergeant de plein fouet dans son univers hybride d'une beauté stylisée sans égale, le spectateur est embarqué dans un jeu de rôle plus intelligent que les apparences si bien que le moindre détail narratif et visuel prime au fil d'un cheminement à suspens davantage épineux, risqué, cruel d'où le sens du sacrifice y prendra tout son sens lors de son final inoubliable. Quant aux actrices sexy mais nullement vulgaires, elles se prêtent admirablement au jeu de l'action belliciste avec un charisme typé, une foi morale aussi déterminée qu'indécise. Car outre son hymne à cette cause féminine plongée dans le rêve le plus exaltant et cauchemardesque qui soit, le message essentiel de
Snyder sous-tend une réflexion mystique sur le pouvoir chimérique des anges, leur faculté innée, délibérée à nous observer pour nous protéger et ainsi forger notre propre destin (à condition d'être à leur écoute; et donc de croire à l'improbable, l'invisible, pourtant bien présent si l'on reste attentif) en dépassant nos affres de l'échec, de la solitude, de l'égarement, de la désillusion. Croire en soi en somme.
Spectacle absolu de décadence à travers sa mélancolie d'une beauté funeste.
Divertissement hybride ébouriffant d'impact émotionnel à travers son hymne à l'évasion vers d'autres mondes, entre fulgurance visuelle et dramaturgie vériste aussi bien fébrile que rugueuse, Sucker Punch est peut-être l'un des films d'action les plus beaux, les plus ténébreux, les plus jouissifs et insensés jamais réalisés au sein d'une chorégraphie musicale terriblement vertigineuse. D'où l'emprise irrépressible que génère l'héroïne infantile Babydoll à travers notre sensibilité torturée aussi rêveuse que pessimiste avec, comme message salvateur, de croire en soi à condition de se battre contre nos démons.
Pensée particulière pour Luke...
*Bruno
02.04.11.
08.12.23. 2èx. Vostfr
Ci-joint ma chronique de 2011:
Attendu depuis plus d'un an par une horde de fans surexcités à l'idée du projet (en résumé, dans un monde fantastique, un trio sexy de donzelles armées jusqu'aux dents ont décidé de dépuceler la gente masculine à coups de mitraillettes dégénérés et de sabre acéré !), le nouveau film scénarisé pour la première fois par Zack Snyder accuse une sévère divergence du côté des critiques bien pensantes ! Attendu au tournant pour voir enfin aboutir l'accomplissement d'une oeuvre personnelle d'un auteur polémique, Sucker Punch attise la curiosité, délie les traditionnels préjugés et engendrent les critiques assassines n'y voyant qu'un énième blockbuster dans la tradition culinaire du genre. Alors que du côté du public, une flopée de spectateurs téméraires sans influence eurent vécu un formidable divertissement fun et débridé, beaucoup plus profond et intelligent qu'il n'y parait.
Synopsis: Baby Doll et sa soeur sont les souffre-douleur d'un beau-père incestueux alors que leur mère vient de décéder. Après que celui-ci eut découvert que seules les deux filles pourront bénéficier du versement testamentaire légué par leur mère, il décide de punir l'une d'elle en la battant violemment. Témoin de la posture moribonde de sa soeur, Baby Doll, éprise d'une haine vindicative s'empare d'une arme à feu et tire en direction de son beau-père. Malheureusement, sa soeur sévèrement touchée par la balle meurtrière s'écroule. Contrainte de se retrouver dans un asile psychiatrique à la suite d'une magouille financière, la jeune orpheline coupable d'homicide va s'inventer à présent un monde imaginaire afin de trouver la force de combattre et de retrouver sa liberté en tentant de s'évader avec la complicité de ces acolytes féminines.
Je dois avouer qu'après avoir assisté à la projection de Sucker Punch, quelques heures à peine alors que je me décide de divulguer mes impressions à chaud, me laisse dans un futile état de doute et de frustration. Non pas que le film m'eut déçu, bien au contraire, mais qu'il alterne dans ma psyché dérouté un sentiment persistant d'émotions troublées, désorientées, irritées, déstructurées pour finalement m'apercevoir après le douloureux acte final que le personnage héroïque de Baby Doll reste ancré dans mon esprit pour me hanter sur ma façon d'envisager mon propre avenir. Mais aussi sur l'influence spéculative que peut exercer sur ma conscience une jeune fille chimérique au passé fustigé, reflet de mes réminiscences indociles et éhontées. Ce flamboyant concentré de fantasy échevelée, de tendresse innocente, d'action débridée et surtout de quête existentielle sur le sens du courage abouti de mon point de vue personnel à une oeuvre foisonnante hybride, baroque, imparfaite, insolite, hors norme, d'une fragilité insoupçonnée !
Le préambule à l'ambiance superbement gothique, filmée à la manière d'un mini-clip et rythmé par un célèbre tube de Eurythmics amorce dès le départ une empathie certaine auprès de notre jeune héroïne condamnée à se retrouver jusqu'aux restants de ces jours dans un asile psychiatrique pour y être lobotomisée. Présentation glauque des lieux désaturés accentuant l'aliénation mentale des malades ainsi que la noblesse de personnages perfides avant l'entrée en scène d'un gigantesque décor de salle de théâtre des années 50 ! C'est après avoir fait connaissance avec les commanditaires régissant cette sordide hiérarchie et ses femmes esclaves soumises que Baby Doll décidera de combattre ses faiblesses, sa peur, sa timidité en s'inventant un monde imaginaire. Mais dans son univers irréel se dédouble également celui de sa propre réalité perçue dans le refuge putassier de ce centre médical ! Celui de l'asile transformé dans son esprit en bordel de luxe pour la clientèle de vieillards embourgeoisés. Un réseau de prostitution (lieu perverti influencé par le caractère incestueux du beau-père putanesque) auquel la directrice de l'établissement ordonnera à Baby Doll de se préparer à un cours de danse artistique inscrit dans la sensualité pour appâter cette gente masculine. Ainsi, dans un maelström d'images cinglantes furieusement spectaculaires dont la virtuosité technique indiscutable appâte systématiquement la vue et l'ouïe du spectateur désorienté, Zack Snyder nous invite aux rêves introspectifs de notre jeune héroïne accompagnée de farouches guerrières impliquées dans les combats de front tous plus belliqueux les uns que les autres. Univers post-apocalyptique de guerre mondiale auquel des zombies lobotomisés sont déployés en masse, époque ancestrale moyenâgeuse gouvernée par un dragon ailé ou ville futuriste régie par des cyborgs argentés se succèdent à chaque nouvelle leçon de danse magistralement chorégraphiée dans le délire fantasmé de la psyché de notre héroïne évasive.
Cette idée insolite, séduisante et originale faisant intervenir en lieu et place d'un show de danse sexy un clip actionner survitaminé possède toutefois son revers de médailles. Les séquences très spectaculaires impliquant des icônes pernicieuses de monstres hérités de la Fantasy ou du jeu-vidéo manquent cependant d'une certaine densité pour l'intensité dramatique. Car les combats incessants que mènent l'héroïne et ses guerrières rebelles au travers de son imaginaire refoulé ne permettent pas de s'impliquer pleinement dans l'action et l'aventure intrépide. Dans le sens émotionnellement parlant puisque l'ennemi envisagé et redouté change à chaque fois d'identité et de lieu et surtout qu'il est éludé d'un véritable enjeu dramatique malgré les indices concourus. Ne subsiste alors que le côté fun et outrancier de l'action survoltée et des décors dantesques incroyablement décharnés.
Je regrette aussi que Baby Doll ne démontre jamais au spectateur ses véritables talents d'artiste innée, chorégraphiant ses pas de danse sur un air musical envoûté d'Eurythmics ou de Bjork ! Régulièrement, durant la projection, je me suis dit que cette fois-ci nous allons avoir droit à une séquence d'anthologie accès sur la sensualité épurée d'une jeune fille photogénique ! Malheureusement, mon espoir fantasmé ne sera jamais exaucé et Zack Snyder gardera la cadence du caractère ultra spectaculaire pour ses scènes d'actions festives et jouissives (telle la séquence faisant intervenir un dragon démesuré en plein donjon moyenâgeux, proprement impressionnante et fascinante d'imagerie épique !) avant la dernière demi-heure d'une riche intensité dramatique.
C'est cette dernière partie particulièrement dure et sombre auprès des conflits humains que le récit adopte une ampleur dramatique soudainement austère. Depuis le début, on s'était rendu compte de la portée métaphysique du script et que toute cette équipée féministe pleine de bruit et de fureur investie à travers l'esprit tourmenté d'une jeune fille esseulée constitue un véritable cri du coeur asséné aux défavorisés des athées. De ceux qui ont la malchance de ne pouvoir trouver la foi en la création de son propre monde. Que chacun est maître de son destin, qu'il suffit de trouver la clef qui est en soi pour pouvoir se libérer de nos démons carnassiers, nos craintes tant redoutées et d'affronter avec risque notre nouvel univers matérialisé. Sucker Punch souhaitant aussi nous convaincre que les anges existent, sous quelque forme qu'il se représente et que nous possédons tous cette entité bienfaitrice à nos côtés, prête à nous épauler ou favoriser si l'on veut bien se prendre la peine de croire à nos rêves les plus insensés. A moins que le devoir de sacrifice nous rappelle à la raison et nous transforme soi même en ange purificateur afin de pouvoir sauver la vie de celui ou celle que l'on chéri.
Dans le rôle de Baby doll, la jeune Emilie Browning insuffle une séduction probante dans une composition en demi-teinte d'héroïne aussi téméraire, combative que chétive et angoissée, à deux doigts de la vulnérabilité. Doté d'un charisme troublant dans sa physiologie blême et pastel, la comédienne confirmée semble habitée par sa prestance militante pour la quête identitaire, la foi au courage et au dépassement de soi.
Submergé d'une BO rock endiablée et louablement interprété par des jeunes comédiennes aussi attachantes et survoltées que fragiles et anxiogènes, Sucker Punch est un spectacle atypique d'une richesse cérébrale dans sa philosophie existentielle et d'une acuité parfois bouleversante lors de sa dernière partie élégiaque. Dans tous les cas, cette oeuvre insolite est l'exemple type du blockbuster intelligent qui ose proposer au spectateur quelque chose de singulier et de viscéral auprès de son humanité torturée, au risque de dérouter et de laisser certains spectateurs dubitatifs par son esbroufe quelque peu gratuite.
Dédicace à LUKE MARS (l'ange d'une destinée ?!)
02.04.11
*Bruno
à 11:58:00
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1 commentaire:
luke2 avril 2011 à 23:50
ÉNORME CRITIQUE! J'en ai quasi pleuré, qui me va droit au cœur et me colle le frison. Il est vrai que le film souffre de nombreux défauts, mais le voyage intérieur que l'on vit grâce à BABYDOLL n'en reste pas moins d'une intensité extraordinaire. Je suis ému de voir que quelqu'un a su voir le film dans le film, je pensais être fou!
En revanche, je constate qu'on a une interprétation différente des faits (la danse de BABYDOLL),ce qui est finalement normal puisque c'est sa propre souffrance personnelle que l'on projette dans BABYDOLL, cela en fait du coup un film encore plus dense pour moi. J'y est projeté ma propre expérience, mes souffrances étant jeune et le besoin d'aller au cinéma pour m'évader, m'échapper et tenir le coup, m'enfuir ailleurs comme l'héroïne de cette bombe.
Je suis marqué par ce film et ce de façon indélébile et encore plus par la petite notation que tu as ajouté à coté de la dédicace.
Merci et tu me pousse à continuer à aller au cinéma TOUS les jours. En ce sens, mon ange, protecteur, celui de mes valeurs cinématographique, c'est bien toi Bruno!
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