mardi 31 décembre 2013

LES BRASIERS DE LA COLERE (Out of the Furnace)

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site lyricis.fr

de Scott Cooper. 2013. U.S.A/Angleterre. 1h56. Avec Christian Bale, Casey Affleck, Willem Dafoe, Woody Harrelson, Forest Whitaker, Zoë Saldana, Sam Shepard, Boyd Holbrook.

Sortie salles France: 15 Janvier 2014. U.S: 6 Décembre 2013

FILMOGRAPHIE: Scott Cooper est un réalisateur, scénariste et acteur américain, né en 1970 à Abingdon, Virginia, U.S.A.
2009: Crazy Heart. 2013: Les Brasiers de la colère



Soit comme un loup blessé qui se tait pour mourir. Et qui mord le couteau, de sa gueule qui saigne.

Quatre ans après la ballade mélancolique de Crazy Heart, Scott Cooper revient nous confirmer son talent de metteur en scène avec Les Brasiers de la Colère. Avec ses têtes d'affiche aux gueules burinées, ce drame fiévreux emporte tout sur son passage dans sa plongée immersive de l'âme humaine, vers un voyage au bout de l'enfer. Car c'est bien l'ombre du chef-d'oeuvre de Michael Cimino qui plane sur le récit pour mettre en relief la situation indécise de prolétaires impliqués dans un concours de circonstances malchanceuses. On retrouve ici le même décor industriel auquel des ouvriers y exercent leur fonction, la partie de chasse improvisée chez un braconnier subitement rattrapé par sa pitié pour l'animal, et enfin le comportement suicidaire d'un vétéran traumatisé par la guerre. Ce personnage magnifiquement incarné par Casey Affleck va d'ailleurs devenir le pivot dramatique, l'élément déclencheur d'une vendetta implacable. Avec une dimension humaine scrupuleuse, Scott Cooper s'intéresse à dépeindre les états d'âme de braves frangins issus de l'Amérique profonde. L'aîné, Russell, est un ouvrier courageux toujours plus contrarié par l'état de santé d'un père moribond, quand bien même la déchéance morale de son cadet va l'amener à reconsidérer son jugement. Ancien vétéran martyrisé par la guerre d'Irak, Rodney est incapable de se réinsérer dans la société afin d'exercer, à l'instar de son frangin, un travail d'employé dans la métallurgie. Pour canaliser sa colère et se faire un peu d'argent, il fréquente les combats de rue clandestins sous l'entremise de John Petty. Alors que Russel se retrouve à séjourner en prison pour la responsabilité d'un accident mortel, Rodney s'empresse de rencontrer des adversaires autrement plus pugnaces afin de rembourser ses dettes et tourner la page.


Voilà en gros ce que nous rapporte le postulat auquel la thématique de la vengeance va distiller son poison durant le cheminement psychologique d'un personnage. Car Les Brasiers de la Colère raconte avec simplicité la déchéance vindicative d'un homme inconsolable, partagé entre sa sa colère de l'injustice et sa volonté de réparer ses erreurs. Avec intensité, Scott Cooper brosse le portrait d'un ouvrier digne mais contraint d'assumer moralement sa responsabilité d'un accident meurtrier. Son soutien auprès d'un paternel gravement malade, sa douloureuse rupture sentimentale et le comportement erratique d'un frère traumatisé par les horreurs de la guerre vont aussi l'amener à reconsidérer sa vie et celle de l'équité. Après sa tragédie du deuil familial, va t'il persévérer dans ses pulsions de haine pour pourchasser un animal sans vergogne (Woody Harrelson, habité par la mort !), ou à contrario, y renoncer avec le bénéfice de la prudence ? Si dans la première partie, on devine rapidement la tragédie qui se dessine, la suite des évènements reste logiquement prévisible (car irréversible !) dans sa tournure poisseuse afin de mettre en exergue la dérive psychologique d'un homme assailli par ses démons (Christian Bale, transi de tourments dans son questionnement !). Qui plus est, l'incroyable densité des seconds rôles mis en cause, le soin circonspect imparti à la mise en scène et le réalisme brutal qui en découle nous conditionnent en état d'hypnose, jusqu'au point d'orgue rédempteur ou défaitiste.


La bête tue de sang froid
Avec extrême sobriété, Scott Cooper vise juste et simplement pour redorer les lettres de noblesse du cinéma. Celui d'un film d'acteurs au diapason où la fêlure des personnages insuffle une incroyable vérité (in)humaine et où l'intensité dramatique converge à l'introspection d'un justicier en perdition. Bouleversant avec ce qu'il faut de juste retenue afin d'éviter l'apitoiement sentimental, Les Brasiers de la Colère renoue magistralement avec l'épopée du western sauvage et désenchanté. 

31.12.13
Bruno Matéï


2 commentaires:

  1. Hate de le voir en lisant ton papier ! dommage que tu n'habites pas sur Paris, je t'aurais déja inviter a participer à mon podcast sur le cinéma de genre, "Génération Kult" (dont tu peux écouter les émissions sur soundcloud.com et mon blog) , vu ton sens critique. Qui sait, si un jour tu passes par Paris, tu es le bienvenue !

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  2. En tous cas, merci beaucoup pour l'invitation Atreyu, ça me touche particulièrement ^^

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