mercredi 4 décembre 2013

Rabid Dogs / les Chiens enragés / Cani arrabbiati

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site midnight.blogcu.com

de Mario Bava. 1974. Italie. 1h36. Avec Riccardo Cucciolla, Don Backy, George Eastman, Lea Lander, Maurice Poli.

FILMOGRAPHIE: Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie).
Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo.
1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).

 
"Rabid Dogs : le mal roule à découvert".
Resté dans les tiroirs durant plus de 23 ans pour des raisons juridiques - la faillite du producteur survenue avant la fin du tournage - Rabid Dogs s’exhume de l’oubli en 1996, grâce à Léa Landeler, actrice du film, qui en rachète les droits. Sommet du polar poisseux, rappelant les exactions fielleuses des malfrats de La Rançon de la Peur, Rabid Dogs ne manque pas d’audace pour embarquer le spectateur dans un road movie aride et fiévreux. Après avoir assassiné un convoyeur et dérobé le magot, un trio de criminels prend en otage une femme, un homme et son fils malade à bord d’une voiture. C’est le début d’une virée cauchemardesque, sillonnant l’autoroute et la province pour le prix de leur survie. Frénétique, sadique, terriblement pervers. Ces mots me viennent instinctivement à l’esprit pour définir ce huis clos infernal, brut de décoffrage.

Avec ces trognes d’ahuris écervelés, puant la sueur et déversant sans répit leur verve railleuse sur leurs victimes, Rabid Dogs dresse le portrait d’antagonistes minables, tributaires de leurs bas instincts.

Huis clos tendu à l’extrême, enfermé dans l’habitacle exigu d’une voiture où la chaleur d’un soleil écrasant épuise les corps, Mario Bava prend le pari risqué de maintenir l’intérêt du spectateur sur un unique itinéraire routier. Pour relancer la tension sans jamais l’étioler, il enchâsse des rebondissements imprévus, forçant parfois les personnages à sortir du véhicule pour croiser des quidams dont l’intrusion renforce l’angoisse. En braquant sa caméra de façon presque obsessionnelle sur les visages odieux des malfrats, Bava crée un sentiment de claustration physique et mentale. Le spectateur, pris en otage lui aussi, suffoque dans l’air vicié d’urine, d’alcool et de sang.

Humiliée, violentée, la femme otage est réduite à l’état d’esclave, soumise aux sévices de machistes incapables de canaliser leurs pulsions psychotiques. Dans cette ambiance de folie latente, la tension ne redescend jamais, rythmée par les vicissitudes que les victimes doivent endurer sans trêve. Une inquiétude rampante s’immisce aussi : atteindront-ils leur destination ? Et à quel prix ?

Oppressant, malsain, dérangeant, Rabid Dogs est une épreuve de force, amorale et frontale, qui dénonce sans fard la déchéance de la nature humaine. Car ici, presque tous les personnages, otages ou passants, sont dominés par la cupidité, la lâcheté ou la corruption. Il en émane un road movie erratique, insolent et trivial, où le nihilisme suinte jusqu’à l’os… pour culminer dans une dernière image, insoutenable.

— le cinéphile du cœur noir

Dédicace à Ciné-Bis-Art
04.12.13. 2èx

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