jeudi 26 décembre 2013

Le Bal des Vampires / The Fearless Vampire Killers or pardon me, but your teeth are in my neck

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

de Roman Polanski. 1967. U.S.A/Angleterre. 1h48. Avec Jack MacGowran, Roman Polanski, Sharon Tate, Alfie Bass, Jessie Robins, Ferdy Mayne, Iain Quarrier.

Sortie salles France: 1er Avril 1968. U.S: 13 Novembre 1967. Angleterre: Février 1967

FILMOGRAPHIE: Roman Polanski est un réalisateur, producteur, comédien, metteur en scène de théâtre et d'opéra et scénariste franco-polonais américain. Il est né le 18 Août 1933 à Paris.
1962: Le Couteau dans l'eau. 1965: Répulsion. 1966: Cul de sac. 1967: Le Bal des Vampires. 1968: Rosemary's Baby. 1971: Macbeth. 1972: Week-end of a champion. 1972: Quoi ? 1974: Chinatown. 1976: Le Locataire. 1979: Tess. 1986: Pirates. 1988: Frantic. 1992: Lunes de fiel. 1994: La Jeune fille et la mort. 1999: La 9è porte. 2002: Le Pianiste. 2005: Oliver Twist. 2010: The Ghost Writer. 2011: Carnage. 2013: La Vénus à la fourrure.

 
"Le Bal des Ombres Rieuses".
Chef-d'œuvre parodique, Le Bal des Vampires conserve intact son pouvoir ensorcelant grâce à l’esthétisme gothique hérité de la Hammer et à l’excentricité de personnages baignés dans la maladresse ou la mesquinerie. En confrontant l’horreur à la comédie, Roman Polanski orchestre une satire délicieusement ludique, tout en respectant les codes sacrés du puriste cinéphile. À travers ses paysages enneigés aux teintes immaculées, ses architectures décaties et sa forteresse en clair-obscur, Le Bal des Vampires devient une invitation au dépaysement — un voyage au bout de la nuit sous l’allégeance du comte Krolock. Là même où s’organise un bal annuel, danse macabre à laquelle une assemblée de morts-vivants s’extirpe lentement de ses cercueils, répondant à l’invitation comme à un rite ancestral.

Sur un scénario éculé — un professeur et son assistant tentent de sauver une jeune femme des griffes d’un vampire — Polanski échappe à la redite grâce à la verve insolente d’une succession de gags, dont les situations débordent d’audace : drague homosexuelle improvisée, stratégies coquines d’un aubergiste incapable de réprimer ses pulsions, et cet épilogue sardonique annonçant froidement la propagation du Mal à travers le monde.

C’est surtout dans les mésaventures de ses deux héros que le film déclenche une sympathie irrésistible. Abronsius, congelé par deux fois, se retrouve coincé dans l’embrasure d’une fenêtre menant à la crypte, tandis qu’Alfred, éternel étourdi, peine à affronter Krolock et son fils Herbert. L’aventure gagne en démesure à travers la galerie des seconds rôles hauts en couleur : l’aubergiste juif, tiraillé entre une midinette nocturne et sa femme bedonnante ; Herbert, vampire efféminé improvisant une lecture poétique pour séduire Alfred ; ou l’attardé Koukol, bossu au rictus large, fidèle larbin du maître. En comte Krolock, Ferdy Mayne se régale à parodier Christopher Lee avec une élégance amusée.

Et puis il y a cette bonhomie des deux chasseurs de vampires, malhabiles mais profondément unis dans une complicité presque filiale, et le charme étrangement sensuel de Sarah — Sharon Tate y dégage un magnétisme troublant. Le Bal des Vampires embrasse une forme d’héroïsme cocasse, presque absurde, pour enrayer la menace vampirique.

"Le Château aux Rires Maudits".
Merveille esthétique de tous les instants, rappelant les plus beaux fleurons de la Hammer, Le Bal des Vampires insuffle aussi une charge érotique, discrète mais tenace, en la personne lumineuse de Sharon Tate. En parodiant le mythe du vampire avec tendresse et irrévérence, Polanski rend hommage au genre avec drôlerie, mais aussi avec une infinie douceur pour ses personnages — comme ce moment suspendu où Alfred, transi, ose enfin déclarer sa flamme à Sarah, au cœur du bal costumé. Un classique inoxydable à la fraîcheur exaltante.


*Bruno

26.12.13. 4èx

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